Mathématiques 2 MP - Concours Centrale

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Mathématiques 2 MP - Concours Centrale
MP
4 heures
Calculatrices autorisées
2015
Mathématiques 2
Autour des sommes d’Euler
uοΏ½
Dans tout le problème, on note pour tout entier 𝑛 β©Ύ 1, 𝐻uοΏ½ = βˆ‘
+∞
uοΏ½=1
1
1
1
=1+ +β‹―+ .
π‘˜
2
𝑛
1
On note 𝜁 la fonction définie pour π‘₯ > 1 par 𝜁(π‘₯) = βˆ‘ uοΏ½ .
𝑛
uοΏ½=1
Le but du problème est d’étudier des séries faisant intervenir la suite (𝐻uοΏ½ ) et notamment d’obtenir une relation
+∞
𝐻u�
due à Euler qui exprime, pour π‘Ÿ entier naturel supérieur ou égal à 2, βˆ‘
à l’aide de valeurs de la
(𝑛 + 1) uοΏ½
uοΏ½=1
fonction 𝜁 en des points entiers.
I Représentation intégrale de sommes de séries
I.A –
uοΏ½
1
d𝑑
βˆ’βˆ«
converge.
𝑛
𝑑
uοΏ½βˆ’1
I.A.1)
Justifier que la série de terme général π‘ŽuοΏ½ =
I.A.2)
Montrer qu’il existe une constante réelle 𝐴 telle que 𝐻uοΏ½ = ln 𝑛 + 𝐴 + π‘œ(1). En déduire que 𝐻uοΏ½ ∼ ln 𝑛.
I.B –
Soit π‘Ÿ un entier naturel.
+∞
𝐻u�
est-elle convergente ?
(𝑛 + 1) uοΏ½
uοΏ½β©Ύ1
Pour quelles valeurs de π‘Ÿ, la série βˆ‘
+∞
𝐻u�
lorsque la série converge.
(𝑛 + 1) uοΏ½
uοΏ½=1
Dans toute la suite on notera 𝑆uοΏ½ = βˆ‘
I.C –
1
I.C.1) Donner sans démonstration les développements en série entière des fonctions 𝑑 ↦ ln(1βˆ’π‘‘) et 𝑑 ↦
1βˆ’π‘‘
ainsi que leur rayon de convergence.
I.C.2) En déduire que la fonction
π‘‘β†¦βˆ’
ln(1 βˆ’ 𝑑)
1βˆ’π‘‘
est développable en série entière sur ]βˆ’1, 1[ et préciser son développement en série entière à l’aide des réels 𝐻uοΏ½ .
I.D –
Pour tout couple d’entiers naturels (𝑝, π‘ž) et pour tout πœ€ ∈ ]0, 1[, on note
1
et
𝐼uοΏ½,uοΏ½ = ∫ 𝑑 uοΏ½ (ln 𝑑) uοΏ½ d𝑑
0
1
uοΏ½
𝐼u�,u�
= ∫ 𝑑 uοΏ½ (ln 𝑑) uοΏ½ d𝑑
uοΏ½
I.D.1)
Montrer que l’intégrale 𝐼uοΏ½,uοΏ½ existe pour tout couple d’entiers naturels (𝑝, π‘ž).
I.D.2)
Montrer que, βˆ€π‘ ∈ β„•, βˆ€π‘ž ∈ β„•βˆ— , βˆ€πœ€ ∈ ]0, 1[,
I.D.4)
π‘ž
πœ€ uοΏ½+1 (ln πœ€) uοΏ½
uοΏ½
𝐼uοΏ½,uοΏ½βˆ’1
βˆ’
.
𝑝+1
𝑝+1
π‘ž
En déduire que l’on a βˆ€π‘ ∈ β„•, βˆ€π‘ž ∈ β„•βˆ— , 𝐼uοΏ½,uοΏ½ = βˆ’
𝐼
.
𝑝 + 1 uοΏ½,uοΏ½βˆ’1
En déduire une expression de 𝐼uοΏ½,uοΏ½ en fonction des entiers 𝑝 et π‘ž.
I.E –
Soit π‘Ÿ un entier naturel non nul et 𝑓 une fonction développable en série entière sur ]βˆ’1, 1[.
I.D.3)
uοΏ½
𝐼u�,u�
=βˆ’
+∞
π‘ŽuοΏ½
converge absolument.
(𝑛
+
1) uοΏ½
uοΏ½β©Ύ0
On suppose que pour tout π‘₯ dans ]βˆ’1, 1[, 𝑓(π‘₯) = βˆ‘ π‘ŽuοΏ½ π‘₯ uοΏ½ et que βˆ‘
1
uοΏ½=0
+∞
π‘ŽuοΏ½
.
(𝑛
+
1) uοΏ½
uοΏ½=0
Montrer que ∫ (ln 𝑑)uοΏ½βˆ’1 𝑓(𝑑) d𝑑 = (βˆ’1)uοΏ½βˆ’1 (π‘Ÿ βˆ’ 1)! βˆ‘
0
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I.F –
I.F.1)
Déduire des questions précédentes que pour tout entier π‘Ÿ β©Ύ 2,
+∞
1
𝐻u�
(βˆ’1) uοΏ½
ln(1 βˆ’ 𝑑)
=
∫ (ln 𝑑)uοΏ½βˆ’1
d𝑑
uοΏ½
(𝑛
+
1)
(π‘Ÿ
βˆ’
1)!
1βˆ’π‘‘
0
uοΏ½=1
𝑆uοΏ½ = βˆ‘
I.F.2)
Établir que l’on a alors 𝑆uοΏ½ =
I.F.3)
En déduire que 𝑆2 =
1
(βˆ’1) uοΏ½
(ln 𝑑)uοΏ½βˆ’2 (ln(1 βˆ’ 𝑑))2
∫
d𝑑.
2(π‘Ÿ βˆ’ 2)! 0
𝑑
1 1 (ln 𝑑)2
∫
d𝑑
2 0 1βˆ’π‘‘
puis trouver la valeur de 𝑆2 en fonction de 𝜁(3).
II La fonction 𝛽
II.A –
La fonction Ξ“
II.A.1) Soit π‘₯ > 0. Montrer que 𝑑 ↦ 𝑑 uοΏ½βˆ’1 𝑒 βˆ’uοΏ½ est intégrable sur ]0, +∞[.
Dans toute la suite, on notera Ξ“ la fonction définie sur ℝ+βˆ— par Ξ“(π‘₯) = ∫
+∞
𝑑 uοΏ½βˆ’1 𝑒 βˆ’uοΏ½ d𝑑.
0
On admettra que Ξ“ est de classe π’žβˆž sur son ensemble de définition, à valeurs strictement positives et qu’elle
vérifie, pour tout réel π‘₯ > 0, la relation Ξ“(π‘₯ + 1) = π‘₯Ξ“(π‘₯).
II.A.2) Soit π‘₯ et 𝛼 deux réels strictement positifs. Justifier l’existence de ∫
𝑑 uοΏ½βˆ’1 𝑒 βˆ’uοΏ½uοΏ½ d𝑑 et donner sa valeur
0
en fonction de Ξ“(π‘₯) et 𝛼 uοΏ½ .
II.B –
+∞
La fonction 𝛽 et son équation fonctionnelle
1
Pour (π‘₯, 𝑦) dans (ℝ+βˆ— )2 , on définit 𝛽(π‘₯, 𝑦) = ∫ 𝑑 uοΏ½βˆ’1 (1 βˆ’ 𝑑)uοΏ½βˆ’1 d𝑑.
0
II.B.1) Justifier l’existence de 𝛽(π‘₯, 𝑦) pour π‘₯ > 0 et 𝑦 > 0.
II.B.2) Montrer que pour tous réels π‘₯ > 0 et 𝑦 > 0, 𝛽(π‘₯, 𝑦) = 𝛽(𝑦, π‘₯).
π‘₯
II.B.3) Soient π‘₯ > 0 et 𝑦 > 0. Établir que 𝛽(π‘₯ + 1, 𝑦) =
𝛽(π‘₯, 𝑦).
π‘₯+𝑦
π‘₯𝑦
II.B.4) En déduire que pour π‘₯ > 0, 𝑦 > 0, 𝛽(π‘₯ + 1, 𝑦 + 1) =
𝛽(π‘₯, 𝑦).
(π‘₯ + 𝑦)(π‘₯ + 𝑦 + 1)
II.C –
Relation entre la fonction 𝛽 et la fonction Ξ“
Ξ“(π‘₯)Ξ“(𝑦)
On veut montrer que pour π‘₯ > 0 et 𝑦 > 0, 𝛽(π‘₯, 𝑦) =
relation qui sera notée (β„›).
Ξ“(π‘₯ + 𝑦)
II.C.1) Expliquer pourquoi il suffit de montrer la relation (β„›) pour π‘₯ > 1 et 𝑦 > 1.
Dans toute la suite de cette question on suppose π‘₯ > 1 et 𝑦 > 1.
+∞
𝑒 uοΏ½βˆ’1
II.C.2) Montrer que 𝛽(π‘₯, 𝑦) = ∫
d𝑒.
(1 + 𝑒)uοΏ½+uοΏ½
0
𝑒
On pourra utiliser le changement de variable 𝑑 =
.
1+𝑒
II.C.3) On note 𝐹uοΏ½,uοΏ½ la primitive sur ℝ+ de 𝑑 ↦ 𝑒 βˆ’uοΏ½ 𝑑 uοΏ½+uοΏ½βˆ’1 qui s’annule en 0. Montrer que
βˆ€π‘‘ ∈ ℝ+ , 𝐹uοΏ½,uοΏ½ (𝑑) β©½ Ξ“(π‘₯ + 𝑦)
II.C.4) Soit 𝐺(π‘Ž) = ∫
0
+∞
𝑒 uοΏ½βˆ’1
𝐹 ((1 + 𝑒)π‘Ž) d𝑒.
(1 + 𝑒)uοΏ½+uοΏ½ uοΏ½,uοΏ½
Montrer que 𝐺 est définie et continue sur ℝ+ .
II.C.5) Montrer que lim 𝐺(π‘Ž) = Ξ“(π‘₯ + 𝑦)𝛽(π‘₯, 𝑦).
uοΏ½β†’+∞
II.C.6) Montrer que 𝐺 est de classe π’ž1 sur tout segment [𝑐, 𝑑] inclus dans ℝ+βˆ— , puis que 𝐺 est de classe π’ž1
sur ℝ+βˆ— .
II.C.7) Exprimer pour π‘Ž > 0, 𝐺′(π‘Ž) en fonction de Ξ“(π‘₯), 𝑒 βˆ’uοΏ½ et π‘Ž uοΏ½βˆ’1
II.C.8) Déduire de ce qui précède la relation (β„›).
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III La fonction digamma
On définit la fonction πœ“ (appelée fonction digamma) sur ℝ+βˆ— comme étant la dérivée de π‘₯ ↦ ln(Ξ“(π‘₯)).
Ξ“β€²(π‘₯)
Pour tout réel π‘₯ > 0, πœ“(π‘₯) =
.
Ξ“(π‘₯)
1
III.A – Montrer que pour tout réel π‘₯ > 0, πœ“(π‘₯ + 1) βˆ’ πœ“(π‘₯) = .
π‘₯
III.B – Sens de variation de 𝝍
III.B.1) À partir de la relation (β„›), justifier que
βˆ‚π›½
est définie sur (ℝ+βˆ— )2 .
βˆ‚π‘¦
βˆ‚π›½
(π‘₯, 𝑦) = 𝛽(π‘₯, 𝑦)(πœ“(𝑦) βˆ’ πœ“(π‘₯ + 𝑦)).
βˆ‚π‘¦
III.B.2) Soit π‘₯ > 0 fixé. Quel est le sens de variation sur ℝ+βˆ— de la fonction 𝑦 ↦ 𝛽(π‘₯, 𝑦) ?
Établir que pour tous réels π‘₯ > 0 et 𝑦 > 0,
III.B.3) Montrer que la fonction πœ“ est croissante sur ℝ+βˆ— .
III.C – Une expression de πœ“ comme somme d’une série de fonctions
III.C.1) Montrer que pour tout réel π‘₯ > βˆ’1 et pour tout entier 𝑛 β©Ύ 1
uοΏ½
1
1
πœ“(1 + π‘₯) βˆ’ πœ“(1) = πœ“(𝑛 + π‘₯ + 1) βˆ’ πœ“(𝑛 + 1) + βˆ‘ ( βˆ’
)
π‘˜ π‘˜+π‘₯
uοΏ½=1
III.C.2) Soit 𝑛 un entier β©Ύ 2 et π‘₯ un réel > βˆ’1. On pose 𝑝 = 𝐸(π‘₯) + 1, où 𝐸(π‘₯) désigne la partie entière de π‘₯.
Prouver que
0 β©½ πœ“(𝑛 + π‘₯ + 1) βˆ’ πœ“(𝑛) β©½ 𝐻uοΏ½+uοΏ½ βˆ’ 𝐻uοΏ½βˆ’1 β©½
𝑝+1
𝑛
III.C.3) En déduire que, pour tout réel π‘₯ > βˆ’1,
+∞
πœ“(1 + π‘₯) = πœ“(1) + βˆ‘ (
uοΏ½=1
1
1
βˆ’
)
𝑛 𝑛+π‘₯
III.D – Un développement en série entière
On note 𝑔 la fonction définie sur [βˆ’1, +∞[ par
+∞
𝑔(π‘₯) = βˆ‘ (
uοΏ½=2
1
1
βˆ’
)
𝑛 𝑛+π‘₯
III.D.1) Montrer que 𝑔 est de classe π’žβˆž sur [βˆ’1, +∞[.
Préciser notamment la valeur de 𝑔 (uοΏ½) (0) en fonction de 𝜁(π‘˜ + 1) pour tout entier π‘˜ β©Ύ 1.
III.D.2) Montrer que pour tout entier 𝑛 et pour tout π‘₯ dans ]βˆ’1, 1[
uοΏ½
βˆ£π‘”(π‘₯) βˆ’ βˆ‘
uοΏ½=0
𝑔 (uοΏ½) (0) uοΏ½
π‘₯ ∣ β©½ 𝜁(2)|π‘₯|uοΏ½+1
π‘˜!
Montrer que 𝑔 est développable en série entière sur ]βˆ’1, 1[.
III.D.3) Prouver que pour tout π‘₯ dans ]βˆ’1, 1[,
+∞
πœ“(1 + π‘₯) = πœ“(1) + βˆ‘(βˆ’1)uοΏ½+1 𝜁(𝑛 + 1)π‘₯ uοΏ½
uοΏ½=1
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IV Une expression de 𝑆uοΏ½ en fonction de valeurs entières de 𝜁
Dans cette partie, on note 𝐡 la fonction définie sur ℝ+βˆ— par 𝐡(π‘₯) =
βˆ‚2 𝛽
(π‘₯, 1).
βˆ‚π‘¦ 2
IV.A – Une relation entre 𝐡 et πœ“
Justifier que 𝐡 est définie sur ℝ+βˆ— .
À l’aide de la relation trouvée au III.B.1 établir que pour tout réel π‘₯ > 0
π‘₯𝐡(π‘₯) = (πœ“(1 + π‘₯) βˆ’ πœ“(1))2 + (πœ“β€²(1) βˆ’ πœ“β€²(1 + π‘₯))
En déduire que 𝐡 est π’žβˆž sur ℝ+βˆ— .
IV.B – Expression de 𝑆uοΏ½ à l’aide de la fonction 𝐡
1
IV.B.1) Montrer que pour tout réel π‘₯ > 0, 𝐡(π‘₯) = ∫ (ln(1 βˆ’ 𝑑))2 𝑑 uοΏ½βˆ’1 d𝑑.
0
IV.B.2) Donner sans justification une expression, à l’aide d’une intégrale, de 𝐡 (uοΏ½) (π‘₯), pour tout entier naturel
𝑝 et tout réel π‘₯ > 0.
(βˆ’1) uοΏ½
IV.B.3) En déduire que pour tout entier π‘Ÿ β©Ύ 2, 𝑆uοΏ½ =
lim 𝐡 (uοΏ½βˆ’2) (π‘₯).
2(π‘Ÿ βˆ’ 2)! uοΏ½β†’0+
IV.B.4) Retrouver alors la valeur de 𝑆2 déjà calculée au I.F.3.
IV.C – Soit πœ‘ la fonction définie ]βˆ’1, +∞[ par πœ‘(π‘₯) = (πœ“(1 + π‘₯) βˆ’ πœ“(1))2 + (πœ“β€²(1) βˆ’ πœ“β€²(1 + π‘₯)).
IV.C.1) Montrer que πœ‘ est π’žβˆž sur son ensemble de définition et donner pour tout entier naturel 𝑛 β©Ύ 2 la
valeur de πœ‘ (uοΏ½) (0) en fonction des dérivées successives de πœ“ au point 1.
IV.C.2) Conclure que, pour tout entier π‘Ÿ β©Ύ 3,
uοΏ½βˆ’2
2𝑆uοΏ½ = π‘Ÿπœ(π‘Ÿ + 1) βˆ’ βˆ‘ 𝜁(π‘˜ + 1)𝜁(π‘Ÿ βˆ’ π‘˜)
uοΏ½=1
β€’ β€’ β€’ FIN β€’ β€’ β€’
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