LES LEÇONS DE CINÉMA D`ALAIN GAREL

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LES LEÇONS DE CINÉMA D`ALAIN GAREL
9 rue Champollion 75005 PARIS 01 43 26 70 38 V.O. sous-titrées
M° Cluny La Sorbonne, Odéon RER Luxembourg, Saint Michel www.lafilmotheque.fr
LES LEÇONS DE CINÉMA
D’ALAIN GAREL
Pour la cinquième année consécutive, la Filmothèque accueille « Les Leçons de cinéma », rendez-vous
mensuel complétant le travail de promotion et de réédition de l’œuvre des grands auteurs
cinématographiques. Alliant la rigueur de l’analyse à la convivialité du ciné-club, les séances sont
composées d’une projection d’un grand classique et d’une « leçon » confiée à Alain Garel, historien du
cinéma et spécialiste de l’analyse filmique, qui revient, images à l’appui, sur des séquences-clé de
l’œuvre. Cette démarche pédagogique vous fera pénétrer entre janvier et juin les arcanes de la création
de neuf chefs-d’œuvre : HARA-KIRI de Masaki Kobayashi, LE ROMAN D’UN TRICHEUR de Sacha Guitry, LE
CUIRASSE POTEMKINE de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein, LA FELINE de Jacques Tourneur, LA FILLE A
LA VALISE de Valerio Zurlini et LE PORT DE LA DROGUE de Samuel Fuller.
« Le Cinéma est victime d’un malentendu, relayé par la critique, qui tient au fait qu’un film est souvent réduit à
l’histoire, jamais à la façon dont il raconte cette histoire, à sa facture, facture qui, pourtant, fait sa spécificité.
C’est comme si un critique ou un historien d’art n’évoquait une œuvre picturale que par son sujet, en faisant
abstraction de la construction de la toile, du traitement de la lumière, du travail sur la couleur, de l’empâtement,
etc., c’est-à-dire de tout ce qui fait l’intérêt d’un tableau et différencie l’œuvre d’art de la « croûte ». Or, au
cinéma, comme en peinture, le sujet est anecdotique. C’est le traitement de celui-ci qui fait qu’un film appartient
effectivement au Septième Art ou n’est une « croûte » ou, traduit en jargon cinéphilique, un « navet ». Ainsi peuton reconnaître, à l’instar de peintres comme De Vinci, Caravage, Vermeer, Delacroix, Monet, van Gogh, Cézanne
ou Picasso, le statut de maître à des cinéastes tels que Dreyer, Ford, Renoir, Hitchcock, Kurosawa, Visconti ou
Kubrick. » (Alain Garel)
PROGRAMME DE JANVIER A JUIN 2014 (films étrangers présentés en v.o. sous-titrée)
Lundi 13 janvier à 20H15 :
HARA-KIRI (Seppuku) 1962 (scope N&B) 2H15 de Masaki Kobayashi avec Tatsuka
Nakadai, Rentaro Mikuni, Shima Iwashita, Akira Ishihama.
Au 17è Siècle, un "ronin", un samouraï sans maître et donc sans emploi, ayant frappé à la porte du
puissant clan Li afin de demander la permission de faire hara-kiri dans le jardin de la résidence,
raconte son histoire pendant que l’on va quérir le maître d’armes qui doit l’assister dans son
épreuve… Appartenant à la génération des cinéastes nés dans les années dix, qui avaient donc vingt
cinq-trente ans au début de la Seconde Guerre Mondiale, Masaki Kobayashi a construit un œuvre
dramatique imprégné d’une pensée humaniste proche de celle d’Akira Kurosawa, son contemporain. Premier volet d’un
diptyque, complété cinq ans plus tard par Rébellion, relevant du Jidai geki (film à costume), Hara-kiri, synonyme vulgaire
du "seppuku", terme désignant le suicide rituel qui donne son titre au film, transpose dans le passé des préoccupations
morales déjà traitées dans ses films aux sujets contemporains.
Lundi 10 février à 20H15 :
LE ROMAN D’UN TRICHEUR 1936 (N&B) 1H18 de Sacha Guitry avec Sacha
Guitry, Jacqueline Delubac, Marguerite Moreno, Pauline Carton, Rosine Deréan,
Fréhel, Roger Duchesne.
Un quinquagénaire entreprend de rédiger ses mémoires, à partir d’un fait qui, alors qu’il avait
treize ans, décida de sa vie : pour avoir volé deux sous dans la caisse de l’épicerie paternelle, il
fut privé de champignons, ce qui fit que tous les membres de sa famille moururent
empoisonnés, sauf lui… Comédien et auteur de pièces de boulevard adulé du Tout Paris, Sacha
Guitry s’est intéressé très tôt au cinéma, bien qu’il ne s’y adonnât, à l’instar de nombres d’hommes
de théâtre, qu’à partir du "Parlant". Cependant, si la moitié des films qu’il a signés entre 1930 et 1958 sont adaptés de ses
pièces, chacun d’entre eux porte témoignage, à des degrés divers, de son talent de cinéaste, a fortiori Le Roman d’un
tricheur qui, adapté de son roman ‘‘Les Mémoires d’un tricheur’’, joue avec les procédés narratifs propres au Septième
Art en adoptant une forme de construction qui était alors novatrice.
Lundi 10 mars à 20H15 :
LE CUIRASSE POTEMKINE (Bronenonets Potemkine) 1925 (muet avec musique)
(N&B) 1H05 de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein avec Alexandre Antonov, Vladimir
Barsky.
En 1905, à bord du Cuirassé ‘‘Potemkine’’, la plus grosse et puissante unité de l’escadre russe de la
Mer Noire, qui croise au large d’Odessa, le refus des matelots de manger de la viande avariée
entraîne une répression féroce de la part des officiers supérieurs qui provoque une mutinerie de
l’équipage… Considéré un temps comme le plus grand film de l’histoire du cinéma, Le Cuirassé
Potemkine demeure célèbre pour une image connue de tous, celle d’un landau dévalant un escalier, y
compris par ceux qui ne l’ont pas vu. Deuxième long-métrage de son auteur, alors âgé de seulement vingt six ans, le film,
né d’une commande de l’état pour célébrer le vingtième anniversaire de la Révolution de 1905, permet à celui-ci – qui, à
l’instar de la plupart des cinéastes soviétiques de sa génération, menait une réflexion théorique sur le langage
cinématographique – de mettre en application certaines de ses théories.
Lundi 14 avril à 20H15 :
LA FELINE (Cat People) 1942 (N&B) 1H13 de Jacques Tourneur avec Simone Simon,
Kent Smith, Tom Conway, Jane Randolph, Jack Holt.
Dans Central Park, un architecte naval fait la connaissance d’une mystérieuse jeune femme – une
dessinatrice de mode, en train de croquer la panthère noire de la ménagerie – qui, originaire d’un
village serbe dont les habitants ont, au Moyen Âge, pactisé avec Satan, se croit victime d’une
malédiction... Fils de Maurice Tourneur, dont il fut l’assistant avant d’entreprendre en France une
carrière de réalisateur, Jacques Tourneur, décida, au milieu des années trente, de retourner aux États
Unis où il avait passé l’essentiel de sa jeunesse. Ayant dû recommencer de zéro, il fut pris sous contrat par M. G. M. puis
R. K. O. où il réalisa des films de genre divers, dont trois, produits par Val Lewton, qui, en dépit de leurs faibles budgets,
comptent parmi les plus belles réussites du cinéma fantastique. La Féline, le plus remarquable de tous, porte un
témoignage éloquent sur ses dons en ce domaine.
Lundi 12 mai à 20H15 :
LA FILLE A LA VALISE (La Ragazza con la valigia) 1962 (N&B) 1H51 de Valerio
Zurlini, avec Claudia Cardinale, Jacques Perrin, Luciana Angiolillo, Renato Baldini, Gian
Maria Volonte, Romolo Valli.
Abandonné, cinq jours après leur rencontre, par son amant, un playboy pour lequel elle a quitté
un emploi bien rémunéré dans une boîte de nuit, une jeune chanteuse-danseuse, Aida, tente de le
retrouver dans Parme et fait ainsi la connaissance d’un adolescent introverti, frère du séducteur
indélicat… Bien que, à l’inverse de nombre de cinéastes de sa génération dont le talent n’a été
reconnu que tardivement, Valerio Zurlini ait d’emblée été loué par la critique et reconnu par ses pairs, son œuvre,
consécutivement à quantité de projets non aboutis, n’est constitué que de huit films de long métrage tournés en vingthuit ans. Troisième de ses films, La Fille à la valise témoigne du talent de ce cinéaste sensible et cultivé, tant en ce qui
concerne la rigueur de la mise en scène que la précision de la direction d’acteurs, la générosité du traitement des
personnages, la subtilité de leurs rapports.
Lundi 10 juin à 20H15 :
LE PORT DE LA DROGUE (Pickup on South Street) 1953 (N&B) 1h20 de Samuel
Fuller avec Richard Widmark, Jean Peters, Thelma Ritter.
Dans le métro de New York, une jeune femme, "courrier" d’un réseau d’espionnage soviétique, se
fait dérober, par un minable voleur à la tire, le portefeuille dans lequel se trouve un précieux
microfilm, ce qui pose un problème aux agents du FBI qui la filaient, obligés de retrouver
rapidement l’homme… Peu de cinéastes ont fait l’objet d’autant de malentendus que Samuel Fuller
qui fut, quelque temps, la bête noire d’une certaine critique qui, occultant totalement la dimension
artistique de son œuvre, ne considéra celle-ci que sous un angle idéologique qui, totalement erroné, donnait de lui une
image négative. Le Port de la drogue, dont le choix du titre français demeure un mystère, est un de ses films qui
favorisèrent cette image, puisque tourné en pleine période anti-rouge. C’était être aveugle, car le film est d’une rare
ironie subversive et d’une incroyable créativité dans l’écriture.
(Cartes illimitées UGC et Le Pass, cartes d’abonnement Filmothèque, contremarques acceptées)
Tous les films sont présentés en copie 35 mm.