Pourquoi les ouvriers rêvaient
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Pourquoi les ouvriers rêvaient
Le dossier 1 L’ÉVOLUTION DU TRAVAIL ET SES CONSÉQUENCES Histoire Première Pourquoi les ouvriers rêvaient-ils d’un Grand Soir ? À la fin du XIXe siècle, les ouvriers, révoltés par des conditions de vie souvent misérables et par l’exploitation dont ils sont victimes, rêvent d’un Grand Soir, d’une révolution. Ils imaginent un monde meilleur où ils seraient mieux traités, mieux considérés. Des chansons, des dessins, des journaux portent leurs espérances. 1 La terre promise, mai 1892 Reproduction et traduction française d’une image parue en 1891 dans un journal autrichien. À gauche, tendant le bras, Karl Marx (1818 -1883), penseur et théoricien du socialisme. 2 La chanson L’Internationale Adoptée par les révolutionnaires du monde entier, la chanson L’Internationale a retenti pour la première fois dans un café lillois, le 23 juillet 1888. « Debout ! les damnés de la terre ! Debout ! les forçats de la fin ! La raison tonne en son cratère, C’est l’éruption de la fin. 5 Du passé faisons table rase, Foule esclave, debout ! debout ! Le monde va changer de base : Nous ne sommes rien, soyons tout ! 10 C’est la lutte finale : Groupons-nous et demain, L’Internationale Sera le genre humain. […] 15 20 20 Ouvriers, paysans, nous sommes Le grand parti des travailleurs ; La terre n’appartient qu’aux hommes, L’oisif ira loger ailleurs. Combien de nos chairs se repaissent ! Premier et dernier couplets, Mais si les corbeaux, les vautours, paroles d’Eugène Pottier, juin 1871, Un de ces matins disparaissent, musique de Pierre Degeyter, Le soleil brillera toujours ! » juillet 1888. chapitre 4 Le matin du Grand Soir Entre 1880 et 1914, cette chanson connaît un succès populaire. « Les patrons qui nous horripilent Qui nous cherchent chicane et tracas, C’jour-là faudra qu’ils se tiennent tranquilles Sans quoi y aura des aléas ! 5 On les enfermera en masse Dans un’ grand’ caisse en bois sculpté Pour en faire de la ragougnasse À grands coups d’machine à boss’ler Ah !! Ah !! 10 Pendant ce temps l’orchestre jouera La valse des yeux au beurre noir Quand viendra l’matin du Grand Soir Et les huissiers, toutes ces limaces Qui nous flanquent du papier timbré 15 Ah y pourront faire la grimace Mais pour eux nous s’rons sans pitié Nous les installerons sur des chaises Et pour bien qu’ils s’avouent vaincus, Nous les pousserons dans la fournaise 20 En leur fichant l’feu au-dessus Ah !! Ah !! On leur grillera le poil sous les bras, Ce s’ra vraiment joli à voir Quand viendra l’matin du Grand Soir ! » Paroles de Bertal et Maubon, musique de Spencer. 3 La Libératrice, affiche de Steinlen pour Le Petit Sou, un journal de défense sociale, 1900 À l’arrière-plan, protégé par l’armée, le Sacré-Cœur de Montmartre abrite le Veau d’or, symbole du profit capitaliste. La démarche du dossier Situer le problème Confronter les documents Répondre au problème 1 Dans le document 2, relevez et analysez les termes désignant les ouvriers. 4 Quel idéal de société évoque le document 1 ? Sur quels indices vous appuyez-vous pour répondre ? 2 D’après le document 4, quelles catégories sociales auraient tout à craindre d’un Grand Soir ? 5 Quels vers du document 2 semblent être illustrés par l’image ? 7 Proposez d’abord votre définition du Grand Soir. Montrez ensuite, à l’aide d’exemples, que chaque document de la double page a contribué à nourrir le rêve ouvrier et ses attentes d’un monde meilleur. 3 Qu’est-ce qui, dans le document 3, permet de justifier son titre ? 6 À l’aide d’informations prises dans le document 2, proposez une interprétation de l’affiche présentée en document 3. 21 1