RDC: le Dr Mukwege réagit à la censure du film sur son travail Par

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RDC: le Dr Mukwege réagit à la censure du film sur son travail Par
RDC: le Dr Mukwege réagit à la censure du film sur son travail
Par RFI Publié le 04-09-2015
Le gynécologue Denis Mukwege a du mal à comprendre l'interdiction du film
qui lui est consacré par les autorités congolaises.Sébastien Bonijol/RFI
En République démocratique du Congo, le gouvernement a interdit la diffusion
du documentaire L'Homme qui répare les femmes. Ce film revient sur le travail
du docteur Denis Mukwege qui s'occupe des femmes violées dans son hôpital de
Panzi à Bukavu. Une décision qui surprend le docteur Mukwege, les autorités
ayant jugé que le film porte atteinte à l'honneur de l'armée.
Reconnu internationalement, le gynécologue congolais ne comprend pas
l'interdiction de ce film par les autorités. « Je pense que la population
congolaise a le droit de connaître son histoire, a le droit d’être informée. Et je
pense qu’il y a plusieurs façons de le faire. Et là c’est des témoignages des
acteurs de la société civile, des femmes victimes de violences sexuelles. Je crois
qu’on en peut pas éviter une répétition si en fait on a pas une mémoire collective
pour dire "plus jamais ça"... »
Le gouvernement a justifié cette interdiction en expliquant que le film « porte
atteinte à l'honneur de l'armée. » Un argument qu’a du mal à comprendre le
docteur Mukwege. « S’il y a des individus qui se comportent mal je crois qu’ils
devraient assumer les responsabilités de leurs actes. Par contre, il y a
évidemment dans l’armée congolaise des hommes compétents, valables,
patriotes. Mais s’il y a des personnes qui ont eu un comportement inacceptables
vis-à-vis de la société, être dans l’armée ne les met pas à l’abri de la justice. »
Marie Arena, députée au Parlement européen, institution qui avait notamment
décerné au docteur Mukwege le prix Sakharov en 2014, trouve elle aussi que
les raisons avancées par le gouvernement congolais sont douteuses.
« Il suffit de voir le film pour bien se rendre compte que ça ne vise pas l’armée
en particulier, mais un système qui aujourd’hui permet d’atteindre l’intégrité de
ces femmes. Et c’est surtout l’instabilité qui règne dans cette région qui rend les
femmes très vulnérables, pour qui veut faire régner la terreur dans cette région.
Et donc il y a bien entendu l’armée mais il y aussi des groupes armés, qui ne
font pas partis de l’armée officielle de la RDC. Donc ça ne vise pas
particulièrement l’armée, mais ça n’excuse pas le fait que des militaires aient
pu pratiquer ce genre d’exactions », souligne la députée.
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a demandé pour sa part au
gouvernement de Kinshasa de revenir sur sa décision d'interdire le film au
Congo tandis que Martin Kobler, chef de la Monusco, la Mission de l'ONU dans
ce pays disait sur son compte Twitter avoir été « stupéfait d'apprendre » cette
censure.
Dans un communiqué, Lambert Mende, le ministre congolais de l'Information,
assure que le gouvernement soutient les interventions salutaires du docteur
Denis Mukwege en faveur des victimes de cette barbarie inqualifiable.