Penser la Méditerranée des deux rives : tel était l`objectif de Thierry

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Penser la Méditerranée des deux rives : tel était l`objectif de Thierry
Penser la Méditerranée des deux rives : tel était l'objectif de Thierry Fabre quand il a
conçu les Rencontres d'Averroès avec France Culture et l'Office de la Culture de Marseille.
Treize ans plus tard, ce même objectif est défendu avec une ardeur intacte par Thierry
Fabre. France Culture est resté un partenaire fidèle. Quant à l'Office, devenu entre temps
Espaceculture, il assure toujours la gestion et la coordination de la manifestation…
en lui épargnant avec sagesse toute crise de croissance !
C'est dans doute dans cette constance des objectifs et des équipes qu'il faut chercher le
succès sans cesse croissant des Rencontres. Voilà plusieurs années que 1000 personnes
assistent à chacune des tables rondes. En 2006, le passage de la Criée à l'Auditorium du
parc Chanot permettra d'en accueillir 200 de plus. Ce ne sera pas de trop pour échanger
sur un thème brûlant : « Liberté, libertés entre Europe et Méditerranée ».
La manifestation s'est par ailleurs diversifiée. Depuis 2002, une série de projections,
de rencontres littéraires et de concerts est proposée dans toute la région Paca, en amont
des débats. Après Aix, Avignon, Digne, La Garde et Martigues, trois nouvelles villes passent
ainsi « sous le signe d'Averroès » : Nice, Salon et Vitrolles.
Autre nouveauté : « Averroès junior ». La formule a été expérimentée en 2005,
en partenariat avec l'Académie Aix-Marseille, auprès de lycéens marseillais pour qu'eux
aussi « pensent la Méditerranée des deux rives ». L'essai ayant été concluant, Averroès
junior est cette année étendu à Aix, Digne, Martigues et Salon.
Mais le plus stimulant de cette longue aventure est sans conteste la création, en juin
dernier, des Rencontres sur l'autre rive, à Alger, où elles ont pris le vrai nom d'Averroès :
Ibn Rochd.
N'en déplaise aux esprits sectaires et belliqueux, la Méditerranée a un art de vivre et
de penser à défendre. Elle reste riche d'idées, de débats et d'avenir. Et ces Rencontres
en seront, pour la treizième fois, la preuve.
2 – SOUS LE SIGNE D’AVERROÈS
Elisabeth
Leuvrey :
jusqu’au bout
de la
traversée
S’il y a un film qui devait, tôt ou tard, se
retrouver « Sous le signe d’Averroès », c’est
bien La Traversée. Sa réalisatrice, Elisabeth
Leuvrey, est née en Algérie, descendante de
cinq générations de Pieds Noirs. Elle y est
retournée à plusieurs reprises au cours de ces
dernières années pour mener un travail documentaire sur la question de la mémoire, de
l’identité et de la transmission. Mais ce n’est
qu’en 2003 qu’elle a fait, pour la première
fois, le voyage en bateau. Tout de suite, les
passagers qu’elle a rencontrés lui ont donné la
certitude qu’il y a là matière à un film, un film
dans lequel son histoire familiale et ses
convictions l’engageaient de manière forte.
« Avec tous, hommes et femmes se produisait
une chose étrange que je ne parvenais pas
encore à qualifier. Et ce sentiment s’est répété
au retour » se souvient-elle. « Depuis, à
chaque traversée, entre Marseille et Alger,
entre Alger et Marseille, entre ici et là-bas, un
petit miracle s’accomplit. »
Ce petit miracle, elle a su le filmer. Des docks
aux salons, des cabines à la cafeteria. Il s’appelle
l’entre-deux. L’entre-deux rives, l’entre-deux territoires, l’entre-deux pays, l’entre-deux patries.
Car ce temps suspendu, cet espace flottant,
permet d’exprimer une parole secrète, libre de la
pression du pays d’accueil, ou de celle de sa
propre communauté.
L’un avoue : « La Kabylie, je donnerais ma vie
pour elle ! et ben, j’te dis j’y passe une semaine
et je peux plus rester... Je peux plus rester. »
L’autre dit : « Je me pose souvent la question :
de quel côté des deux rives je veux être enterré ?
» Ici se côtoient les immigrés qui retournent au
bled pour les vacances, les « trabendistes » en
quête de « bizness », les vieux « chibanis » qui
reviennent en France pour toucher leur pension,
les clandestins reconduits manu militari. Bribes
de vies. Lambeaux d’histoires. Intimité des
cabines. Immensité de la mer. Paroles poignantes. Rares sont les films qui disent aussi bien les
mille et une questions, les mille et un déchirements de l’exil et de la diaspora.
Digne
La Résistance corse
vue par
Philippe Carrèse
Corse, 1943. L’île vit sous occupation italienne. Dans un petit village de Balagne, les
Résistants préparent activement le débarquement allié. Mais ils ne sont pas tous du même
bord. Le notable Paul-Antoine est gaulliste,
Toussaint et son frère Ottone, communistes.
Chez l’occupant aussi, les esprits sont divisés.
Si l’officier est un fasciste fanatique, les
simples soldats ne pensent plus qu’à rentrer
chez eux.
Toussaint et Ottone vont se lier avec deux de
ces troufions, d’abord pour leur soutirer des
informations nécessaires à la réussite des
parachutages, ensuite par véritable amitié. Et
puis, mêlée à tout ça, il y a Liberata, la femme
de Paul-Antoine, qui fut le premier amour de
Toussaint…
D’origine italienne, mais avec de nombreuses
accointances corses, Philippe Carrèse mène
une double carrière d’écrivain et de cinéaste.
Depuis Trois jours d’engatse en 1995, il a
publié 13 romans [très] noirs qui ont fait de
lui un des chefs de file du polar marseillais. En
tant que réalisateur, il a surtout travaillé pour
la télévision. Liberata est son premier longmétrage diffusé en salles.
Le scénario lui a été inspiré par le témoignage
de proches. La mise en scène, elle, est typiquement
« carrésienne », c’est-à-dire marquée par la
double influence du néoréalisme et du western
spaghetti. Autre singularité : le passage incessant du français au corse et à l’italien, à la fois
comme « marquage » identitaire et comme
ressort dramatique. Si on ajoute à cela des
conditions de production très particulières, on
peut affirmer sans crainte que Liberata est le
film d’un franc-tireur.
Mardi 24 octobre, 21 h
Digne - Centre culturel René Char
• « Liberata » Film de Philippe Carrèse
[France, 2005, 1 h 36], projection en
présence du réalisateur et du producteur
Thierry Afflalou.
PROJECTIONS « LA TRAVERSÉE »
Documentaire d’Elisabeth Leuvrey
[France, 2005, 55’]
• Mercredi 25 octobre, 18 h
Cinémathèque de Nice
• Jeudi 26 octobre, 17 h 30
BMVR L’Alcazar à Marseille
• Vendredi 17 novembre, 17 h 30
Collège de la Joliette Jean-Claude Izzo
à Marseille
En partenariat avec le CIDF Phocéen
Nice
Quitter, retrouver : le dur chemin
d'un monde à l'autre
Pour leur première escale à Nice, les Rencontres d'Averroès proposent un programme
foisonnant. D'abord, la projection du documentaire « La Traversée » en présence de sa
réalisatrice, Elisabeth Leuvrey ; puis une rencontre avec l'écrivain marocain Abdellah Taïa
qui, lui-même, a souhaité conclure cette soirée avec le film d'André Téchiné, « Loin ».
Si le film d'Elisabeth Leuvrey se déroule entièrement en mer, sur un bateau qui fait la ligne
Marseille-Alger [voir ci-contre], « Loin » raconte le destin de trois personnages « en souffrance »
à Tanger. Le romancier Abdellah Taïa explique ici pourquoi il se reconnait dans l'univers
d'André Téchiné.
Vous aimez les films de ce cinéaste ?
Oui. Profondément. Son univers, où le
romanesque et les mouvements de liberté
sont à chaque fois au rendez-vous, me parle,
me rappelle mon propre itinéraire, dans la
vie, vers Paris et le cinéma. Depuis que j’ai
découvert Hôtel des Amériques à l’âge de 14
ans dans une salle de cinéma populaire à
Salé, ma ville au Maroc, je me sens parfois
comme un des personnages de ses films,
entre deux mondes, face à un choix,
suspendu, perpétuellement amoureux. Loin
fait de nouveau revivre tous ces thèmes,
mais l’histoire se déroule cette fois-ci au
Maroc. À Tanger, la ville-littérature par
excellence de ce pays, la ville des trafics et
des trahisons où je suis allé pour la première
fois de ma vie en vacances avec mon grand
frère dont j’étais amoureux. Loin me donne
l’impression d’avoir été réalisé spécialement
pour moi, spectateur, écrivain. Il fait traverser à Téchiné les frontières du Sud et ce
mouvement sincère et loin des clichés vers
nous, vers moi, m’émeut à chaque fois que je
revois ce film.
que le cinéma d’André Téchiné a toujours
accordé une grande place à cette question
essentielle. Ses héros partent, quittent, abandonnent… Je les ai toujours suivis. Mieux :
dans ce chemin vers un autre monde, j’ai prié
pour eux.
ABDELLAH TAÏA, né à Salé [Maroc], en
1973, a grandi dans un quartier populaire entre
Salé et Rabat. Son père est employé dans une
bibliothèque, mais sa mère ne sait ni lire ni
écrire. Abdellah Taïa revendique clairement son
homosexualité qui, dans son pays, est passible
de prison. Il vit en France depuis 1999 et écrit
en français. Il a publié trois livres d’inspiration
très autobiographique : L’Armée du salut
[Seuil, 2006], Le Rouge du tarbouche [Séguier,
2005], et Mon Maroc [avec René de Ceccaty,
Séguier, 2000].
Vous avez spontanément proposé ce film
pour cette soirée. Pourquoi ?
Parce qu’il parle de fuite et parce qu’il
raconte de façon sensible et juste la rencontre de deux mondes. La liberté est au cœur
de ce film : celle des personnages bien sûr et
celle du réalisateur qui trouve avec ce film
un nouveau souffle. S’éloigner, c’est se voir
mieux, sans complaisance. S’éloigner, c’est
réapprendre à respirer. Les personnages de
Loin ne font que ça : réinventer leur rapport
au monde, aux autres, à la terre.
Liberté intime, liberté politique… Pour un
artiste, est-ce un tout ?
J’écris ce que je veux. La littérature me
permet d’oublier la peur qui hante quotidiennement mon esprit. Apprendre à construire des phrases est ma liberté ultime. Il est
hors de question de m’autocensurer. J’écris
pour dire mon monde, celui de Salé, ville des
corsaires et des fous, celui de Hay Salam, le
quartier où j’ai grandi. Je voudrais porter à
la connaissance des autres les histoires qui
m’habitent. Oui, tout dire, tout révéler. Oser
crier son intimité parce que c’est là où se
loge la vérité, dans ce rapport précieux et
unique de soi à soi. Imposer à la société sa
vision, sa sexualité et, surtout, sa singularité.
La politique officielle, les tabous, les règles,
tout cela n’existe plus pour moi. Entrer dans
les mots et les images, c’est oublier la surface
du monde et rendre compte des abîmes de
l’âme confrontée à la réalité. Il me semble
© Denis Dailleux
Mercredi 25 octobre
Nice - Cinémathèque
• 18 h - « La Traversée »
Documentaire d'Elisabeth Leuvrey,
projection en présence de la réalisatrice
[France, 2005, 55’].
• 19 h 30 - Rencontre avec Abdellah Taïa,
pour L'Armée du salut [éditions du Seuil,
mars 2006], suivie de la projection
de « Loin » Film d'André Téchiné.
Soirée présentée par Yannick Geffroy,
directeur du Département Art,
Communication, Langages de l'Université
Nice-Sophia Antipolis et Thierry Fabre,
concepteur des Rencontres d'Averroès.
3
La Garde
Marseille
La Fiancée syrienne : Sherko Fatah :
Guillermo del Toro
quand Ubu
zones de frontières, face à « la bête
s’invite à la noce
peuples en souffrance immonde »
José Manuel Fajardo :
une fantasque quête
d’universel et de liberté
« Chaque cinéaste nourrit l’espoir que son
film apportera un peu plus de tolérance. C’est
dans cet espoir que j’ai réalisé La Fiancée
syrienne, en m’inspirant de l’amour. L’amour
de la liberté et de l’esprit de liberté. L’amour
des femmes qui se battent pour préserver leur
place dans le monde. L’amour des gens qui
continuent de rêver et d’espérer » dit
l’Israélien Eran Riklis.
Pour son scénario, il est parti d’une situation
bien réelle, celle des territoires du Golan qui
appartenaient jadis à la Syrie et qu’Israël
occupe depuis 1967. Sur ce plateau prospère,
les populations autochtones, Druzes pour la
plupart, sont coupées de leur ancienne patrie
par une ligne de démarcation étanche. Si
quelques personnes sont autorisées à passer,
c’est après un parcours administratif kafkaien,
et sous escorte du Comité International de la
Croix Rouge ! Et il leur est alors définitivement interdit de revenir. Le plus souvent, c’est
pour des pèlerinages ou pour des mariages
que la porte s’entrouvre... 3 ou 4 fois l’an !
C’est un tel mariage que raconte le film.
Mona, une jeune Druze du Golan, va
convoler avec un présentateur de la télévision
syrienne, et malgré les divergences d’opinion
et les exils divers, toute sa famille a tenu à se
réunir pour ces insolites épousailles. Tous l’accompagnent jusqu’au no man’s land au bout
duquel attend le marié. Mais, patatras ! En
raison d’un « bug » administratif, Mona n’est
pas autorisée à passer.
Ce film tout en nuances et formidablement
interprété rejette toute allégeance envers un
quelconque drapeau. Il a obtenu de nombreux
prix, notamment aux Festivals de Montréal,
Locarno et Bastia.
José Manuel Fajardo est journaliste et
écrivain. Né en Andalousie en 1957, il vit
entre les Asturies et Paris, après avoir vécu au
Pays Basque espagnol. Ses romans, gourmands, ludiques et vifs, mêlent souvent plusieurs récits en un, et sont à l’image de cet
homme épris de liberté, fils d’un résistant
communiste espagnol.
Les Démons à ma porte raconte ainsi la prise
en otage, au Pays Basque, d’un journaliste
séquestré par l’ETA. Enfermé dans une cave
étouffante, éclairée en permanence par une
ampoule, cet homme est autant torturé par la
peur, la déchéance et le désespoir, que par le
passé qui resurgit, fait d’amours, de trahisons,
et de désillusions. Les Imposteurs, son précédent livre, s’amusait à recréer un roman de
flibuste, en décrivant les errances, au XVIIe
siècle, d’un mystérieux aventurier anglais et
d’un jeune Juif converti cachant ses origines.
Poussés par la mystification, ils iront aux
limites de la liberté et de l’amitié…
Mais c’est peut-être avec L’Eau à la bouche
que Fajardo dévoile le plus de lui-même.
Omar, espagnol, désormais cuisinier dans un
cabaret à Paris, remonte ses souvenirs : son
enfance dans les Asturies, les séjours en prison
de son père communiste, le Mexique, la plateforme pétrolière où il a appris à cuisiner...
Tout en préparant les plats à sa clientèle venue
du monde entier, il évoque sa conception de la
vie dont la gastronomie est la métaphore. Il
évoque aussi l’amour aigre-doux qu’il porte à
Marina, une Roumaine dont le père fut persécuté par Ceaucescu, chanteuse et danseuse
dans le même cabaret que lui.
Les livres de José Manuel Fajardo sont parus
chez Flammarion et Métailié, et sont traduits
par Claude Bleton.
Dimanche 29 octobre, 18 h 30
La Garde - Cinéma le Rocher
• Rencontre avec l'écrivain
kurde-allemand Sherko Fatah, pour
En zone frontalière [Métailié, 2004]
& Petit oncle [Métailié, 2006],
animée par Pascal Jourdana.
En collaboration avec la librairie
Gaïa [Toulon]
• « La Fiancée syrienne »
Film d'Eran Riklis avec Hiam Abbas,
Makram Khoury & Clara Khoury
[Israël, 2005, VOST, 1 h 36],
projection suivie d'un débat avec
Thierry Fabre et un membre du Comité
International de la Croix Rouge
[sous réserve].
© Daniel Mordzinski
Sherko Fatah, né en 1964 à Berlin-Est, de père
kurde et de mère allemande, n’a cessé de
retourner en Irak pour comprendre et témoigner. Ses livres témoignent de son intérêt pour
le nord de l’Irak, à la limite de la Turquie et
de l’Iran. Le premier, En zone frontalière
[Métailié, 2004], prend les apparences d’une
fable intemporelle où passeurs et marchands
réparent avec des moyens de fortune de menus
objets, trafiquent tant qu’ils peuvent, risquent
leur vie à franchir les lignes truffées de mines
coupant en deux un territoire pourtant
commun. L’histoire s’attache à un homme, mû
à la fois par la peur et sa hardiesse, qui recherche son fils adolescent parti dans la clandestinité avec un groupe d’extrémistes islamistes. Ce
voyage reconstruira sa propre vie...
Le second récit de Sherko Fatah, Petit Oncle
[Métailié, 2006], est placé encore plus franchement sous le signe de la violence. Le narrateur, Michael, fait la connaissance d’un vieil
homme absolument muet, Petit Oncle, originaire du nord de l’Irak.
Le roman décrit d’abord le monde impitoyable des clandestins qui vivent en perpétuelle
insécurité en marge de Berlin, puis suit l’itinéraire de Michael en Irak. Remontant aux
sources du silence de Petit Oncle, il ira jusqu’à
s’enterrer dans le trou même où celui-ci s’était
naguère réfugié pour échapper aux sbires de
Saddam Hussein. Privations, peurs, humiliations, cruautés sont rendues par une écriture
sèche et distanciée, fascinante par la disparition même de toute émotion.
Les livres de Sherko Fatah sont traduits par
Olivier Mannoni.
Espagne 1944. La guerre civile s’est soldée,
cinq ans plus tôt, par la victoire des franquistes.
Carmen, une veuve récemment remariée au
très autoritaire capitaine Vidal vient rejoindre
son mari dans un poste isolé de Navarre en
compagnie de sa fille, Ofelia, âgée d’une quinzaine d’années. Vidal a pour mission de
réduire les ultimes poches de résistance, mais
il ne se doute pas que les Républicains bénéficient de complicités à l’intérieur même de sa
garnison. Dans ce climat tendu, Ofelia trouve
refuge dans un mystérieux labyrinthe peuplé
de créatures fantasmagoriques. Tandis que
l’affrontement entre résistants et franquistes se
prépare, Ofelia poursuit ses rituels magiques…
Après L’Échine du diable, c’est la deuxième
fois que Guillermo del Toro aborde la période
franquiste. Le cinéaste s’en explique ainsi :
« Le Labyrinthe de Pan traite du fascisme, de
son essence même. Pas de manière directe,
mais plutôt de façon transversale. Parce que
j’aime bien donner à réfléchir. A mes yeux, le
fascisme est une représentation de l’horreur
ultime, et c’est, en ce sens, un concept idéal
pour raconter un conte de fées destiné aux
adultes... C’est d’ailleurs pour cette raison que
le véritable monstre du film est le capitaine
Vidal, incarné par Sergi Lopez. Un monstre
bien réel comparé à ceux qui évoluent dans le
labyrinthe ! ».
Le film, qui juxtapose audacieusement
réalisme et fantastique, figurait en sélection
officielle à Cannes 2006. Il est présenté en
avant-première à l’occasion des Rencontres.
© Daniel Mordzinski
Lundi 30 octobre, 20 h 30
Marseille - Cinéma Les Variétés
• Rencontre avec José Manuel Fajardo,
pour L’Eau à la bouche
[éditions Métailié, août 2006],
animée par Pascal Jourdana.
En collaboration avec la librairie
Prado Paradis.
• Avant-première « Le Labyrinthe de Pan »
Film de Guillermo del Toro
[Espagne, 2006, VOST, 1 h 52]
avec Sergi Lopez, Ariadna Gil
& Ivana Baquero.
Projection suivie d’un débat.
4 – SOUS LE SIGNE D’AVERROÈS
Fouad Laroui :
face au Maroc,
un trublion érudit
et implacable
Avignon
Les emmurés de
Tazmamart
En ce 10 juillet 1971, Hassan II du Maroc
donne une réception. Soudain des cadets
amenés sur les lieux par la haute hiérarchie
militaire reçoivent ordre de tirer sur l’assistance ! C’est le carnage. Le roi n’échappe à la
mort qu’en se réfugiant pendant plusieurs
heures dans les toilettes. Les putschistes vont
être rapidement jugés et exécutés. Mais le
tribunal reconnaît qu’un certain nombre de
jeunes officiers se sont trouvé mêlés au
complot de façon involontaire et ne les
condamne qu’à des peines de prison relativement légères. Ivre de vengeance, le roi les fait
alors enlever pour les mettre au secret dans un
lieu dont il niera longtemps l’existence.
Cinquante-huit hommes se retrouvent ainsi,
totalement isolés, dans des cellules de trois
mètres sur deux, avec 17 petits trous d’aération pour unique source de lumière et un
cloaque bouché en guise de toilettes. Cette
réclusion inhumaine dure 18 ans, jusqu’à ce
qu’en septembre 1991, sous la pression internationale, le roi accepte qu’on ouvre cet enfer.
Seuls 28 détenus sont encore en vie. Les
autres, frappés de démence ou de maladie,
gisent enterrés dans la cour de Tazmamart.
Un des rescapés, Ahmed Marzouki, a publié
son témoignage en 2001 sous le titre
Tazmamart, cellule 10. On le retrouve, avec
quatre de ses compagnons d’infortune, dans le
documentaire de Davy Zylberfajn qu’Utopia
projette à l’occasion des Rencontres. Le réalisateur a eu la bonne idée de filmer leur parole
loin de Tazmamart, dans des espaces domestiques chaleureux ou, plus fréquemment
encore, à l’air libre, dans des paysages ruisselants de lumière et de sérénité. Par contraste,
leur réclusion passée n’en apparaît que plus
terrible. Comment un être humain peut-il
survivre dans pareil enfer ? Ces cinq-là, qui
furent emmurés vivants, connaissent la
réponse.
Pour combattre les pesanteurs de la société
marocaine tout comme les pires situations de
cruauté ou de fanatisme, Fouad Laroui a
choisi l’humour et la dérision plutôt que le
discours politique. Né à Oujda en 1958, il a
onze ans quand son père disparaît dans les
geôles de Hassan II. « Je suis la dernière
personne à l’avoir vu. C’était le 17 avril 1969.
Il est sorti de la maison pour aller acheter le
journal, et nous ne l’avons plus revu. » Passé
par les grandes écoles françaises [Mines, Ponts
et Chaussées], il devient ingénieur. En 1989, il
quitte une carrière toute tracée et part pour
l’Europe.
Fouad Laroui publie son premier roman Les
Dents du topographe en 1996 [Julliard], la
chronique d’un jeune marocain refusant
l’ordre établi et n’éprouvant pour la « patrie »
que détachement. Suivent plusieurs livres,
dont Méfiez-vous des parachutistes [Julliard,
1999], description comique de la société
marocaine par deux personnages cocasses,
ou Tu n’as rien compris Hassan II [Julliard,
2004], un recueil de nouvelles qui résume à
merveille son regard sur l’humanité. Son
dernier ouvrage, De l’islamisme [Laffont, oct.
2006] révèle un essayiste brillant et combatif.
Cette fois, la souplesse et l’invention de son
style sont mises au service d’une réfutation du
discours intégriste, pour montrer que Le
Coran n’est pas l’ennemi de la pensée, ni de la
joie, ni de la curiosité !
Universitaire brillant, Marocain d’origine,
Français de cœur, Néerlandais de fait, Fouad
Laroui met en avant dans tous ses livres ces
trois valeurs que sont l’identité, la tolérance,
le respect de l’individu, « parce qu’elles sont
malmenées ou mal comprises dans nos pays
du Maghreb et peut-être aussi ailleurs en
Afrique et dans les pays arabes. »
Fouad Laroui avait été l’invité des 6èmes
Rencontres d’Averroès en novembre 1999
« Questions d’identité[s] ».
© P. Provily / Opale
Dimanche 5 novembre, 14 h
Avignon - Cinéma Utopia
• Rencontre avec Fouad Laroui,
pour De l’islamisme [Laffont, octobre 2006],
animée par Nathalie Esperandieu.
En collaboration avec la librairie
La Mémoire du Monde.
• « Vivre à Tazmamart »
Documentaire de Davy Zylberfajn
[France, 2004, 72’], projection en présence
du réalisateur.
Aix-en-Provence
Deux femmes
dans l’Algérie des années noires
L’escale aixoise « Sous le signe d’Averroès »
sera cette année dédiée à l’Algérie, cette
Algérie des années 90, ensanglantée par une
guerre fratricide, d’une violence aveugle,
muette et sans images. Il n’est donc pas
étonnant que la réalisatrice Djamila Sahraoui,
qui s’était jusqu’ici illustrée dans le documentaire, ait eu recours à la fiction pour évoquer
cette période noire.
Barakat ! est un road movie qui réunit deux
femmes : Amel, une jeune urgentiste dont le
mari a été enlevé [Rachida Brakni], et
Khadidja, une infirmière de son service, quinquagénaire gouailleuse qui a jadis participé à la
guerre d’indépendance [Fettouma Bouamari].
Ensemble, elles vont se lancer dans une
périlleuse recherche du disparu.
« Depuis l’enfance, j’ai une grande admiration
pour les femmes comme Khadidja, les « héroïnes
de la Libération », dit la réalisatrice. Mais il
m’intéressait de montrer que, malgré la différence de génération, Amel et elle réagissent de
la même manière dans l’adversité. Elles
avancent. Sans s’apitoyer sur elles-mêmes ! ».
Leur odyssée à travers un pays au bord du
chaos montre, au-delà du conflit lui-même, la
dureté des rapports entre les hommes et les
femmes. « Je suis convaincue que la violence
des années 90 est en partie liée à la violence
des rapports sociaux, en particulier celle que
la société exerce sur les femmes. Il faudra
qu’un jour, les hommes prennent conscience
du tort qu’ils se font à eux-mêmes en se
privant d’une moitié de la population »,
explique Djamila Sahraoui.
Barakat ! - qui signifie « ça suffit ! » - est une
prise de position contre la violence, mais aussi
contre l’amnésie. « Il y a un travail de justice
et de mémoire à faire, insiste la réalisatrice. Ce
n’est qu’après avoir raconté le passé, et jugé
les coupables, qu’on pourra passer à autre
chose. »
Lundi 6 novembre, 20 h 30
Aix-en-Provence - Cinéma Le Mazarin
« Barakat ! » Film de Djamila Sahraoui
avec Rachida Brakni & Fettouma Bouamari
[France, 2006, VOST, 1 h 34],
projection en présence de la réalisatrice.
5
Alloula
ou la science
du verbe
Salon
Marseille
Quand Chahine
célèbre Averroès
Le Liban
entre déchirements, espoirs et bombes
C’est la première fois que Salon se place
« Sous le signe d’Averroès ». Une projection
du Destin, fresque trépidante et colorée sur la
vie du philosophe andalou, allait donc de soi !
Averroès, ou plutôt Ibn Rochd, est l’incarnation parfaite de l’Islam éclairé. Né à Cordoue
en 1126, au moment où la civilisation araboandalouse atteint son plein éclat, il est
médecin, juriste et surtout philosophe, conciliant la métaphysique d’Aristote avec le monothéisme et défendant la nécessaire interaction
de la Raison et de la Révélation. Cette idée,
d’une grande audace pour l’époque, exerce
une influence majeure sur les pensées juive et
chrétienne tout au long du Moyen Age. Est-il
besoin de préciser que les obscurantistes de
son temps s’acharnent contre lui ? Et qu’ils
obtiennent du calife et son exil et la mise au
bûcher de ses ouvrages ?
L’histoire, hélas, a de fréquents bégaiements.
Aujourd’hui, les obscurantistes sont de retour
et quand, en 1996, l’Egyptien Youssef
Chahine annonce qu’il prépare un film sur
Averroès, personne ne s’y trompe : les intégristes ont obtenu l’interdiction de son film précédent, L’Émigré, et le cinéaste entend bien leur
river le bec avec ce Destin, qu’il conçoit
comme un grand film populaire. Il donne à
Cordoue des rutilances hollywoodiennes, il
fait d’Averroès un sage érudit mais aussi un
bon vivant. Il accorde à la danse, à la poésie
et aux femmes une place capitale. Il lorgne du
côté du western et de Dumas. Il fustige l’inextinguible soif de pouvoir qui se cache sous le
rigorisme religieux et lance son message : « La
pensée a des ailes. Et nul ne peut arrêter son
envol. »
A la veille des tables rondes, les Rencontres ont voulu consacrer une grande soirée
au Liban. Avec des films qui portent témoignage sur les évènements récents et disent,
de l’intérieur, la violence du traumatisme. Et en présence de la romancière et poétesse
Hyam Yared.
Mardi 7 novembre, 17 h 30
Salon - Auditorium de l’Atrium
• « Le Destin » Film de Youssef Chahine
[Egypte, 1997, 2 h 15].
Projection suivie d’un débat.
En raison de leur thématique 2006, centrée
autour de la liberté, et leur détermination à
penser, obstinément, la Méditerranée des deux
rives, les Rencontres ont décidé de consacrer
au Liban la dernière soirée « cinéma et littérature », celle qui, traditionnellement, précède
l’ouverture des tables rondes.
Contrairement à l’habitude, on n’y présentera
pas un long-métrage, mais plusieurs films
courts, qui témoignent tous, avec des sensibilités différentes, de la nouvelle donne libanaise.
Le plus long de ces films, un « 26 minutes »
intitulé « Printemps de Beyrouth, mythe ou
réalité ? », est signé par Robert Eid, un jeune
réalisateur libanais, par ailleurs chercheur en
sociologie de l’image.
Tourné, comme son titre l’indique, pendant le
Printemps de Beyrouth, c’est-à-dire au
moment où, en février 2005, dans un mouvement spontané, et par delà les barrières
confessionnelles, des milliers de jeunes
Libanais sont descendus dans la rue pour
réclamer la vérité sur l’assassinat de Rafik
Hariri.
Le film lit ces événements porteurs d’espoir à
la lumière des questions cruciales qui hantent
le Liban depuis 30 ans - fragmentation identitaire, coexistence islamo-chrétienne - et souligne
que sans une douloureuse mais nécessaire
remise à plat des années de guerre civile, le
pays ne pourra véritablement se reconstruire.
Les autres films du programme ont tous été
réalisés « à chaud », pendant ou juste après
les bombardements israéliens de l’été. Deux
de ces courts-métrages, « Open your eyes » et
« Chère N. », sont signés par deux jeunes
plasticiennes libanaises, Samar Kekdy et
Chantal Bartamian. Ils sont forts et émouvants.
Très courts - entre une et trois minutes - les
derniers films du programme sont le résultat
de l’appel du collectif Cinéastes Solidaires
lancé à Paris, le 22 juillet, lors de la dernière
Biennale des Cinémas arabes. Il s’agissait
alors d’aider, de soutenir et de diffuser, des
films-témoignages réalisés sur ou pendant
l’attaque israélienne. Cette initiative a donné
naissance au portail « cinesoumoud.net »
[soumoud voulant dire en arabe, tenir bon].
Quelques-uns de ces « cinesoumoud » ont été
présentés au Sénat, puis au Festival de Lussas.
On pourra les voir à Marseille pour la
première fois.
En alternance avec toutes ces images d’actualité, la romancière et poétesse Hyam Yared
évoquera son univers. Son premier roman
« L’Armoire des ombres », qui vient de
paraître chez Sabine Wespieser, s’inscrit dans
la lignée des récits surréalistes. Elle y capte la
cocasserie, l’étrangeté du quotidien tout en
livrant une vision du monde subversive et
violente qui dit toute sa révolte devant une
société cadenassée par le poids des traditions,
et où toute tentative d’émancipation se paie
au prix fort.
Faite de tous ces éléments divers, mais complémentaires, cette soirée libanaise s’annonce
comme un prélude essentiel aux débats
d’Averroès 2006.
On mesure mal en France le tragique symbole
que fut l’assassinat d’Abdelkader Alloula par
les islamistes en 1994. Auteur, acteur et
metteur en scène de théâtre, l’homme possédait un truculent sens du verbe, une drôlerie
dévastatrice, un art de l’émotion qui lui
avaient valu une immense popularité.
De la culture populaire, il gardait la vivacité
malicieuse, l’esprit frondeur, les codes de
langages, l’éventail des gestes et des sonorités.
Au théâtre contemporain, il empruntait la
variété et la complexité des formes. Sans
jamais cesser d’être à l’écoute de la société
algérienne. En vertu de quoi, les obscurantistes
ont jugé indispensable de le faire taire !
Il est heureux qu’en cet automne, parole lui
soit doublement rendue.
Le premier spectacle, coproduit par El Gosto
Théâtre d’Alger et Système Friche Théâtre de
Marseille, a pour titre El Machina
[Le Train]. Il est présenté, en français,
à partir du 9 novembre au Théâtre de La Criée
avant de faire six escales en PACA puis un
retour à Marseille, programmé par le théâtre
Massalia à la Friche, où il sera joué en arabe.
Adaptée d’un extrait de la trilogie
« Les Généreux », la pièce est mise en scène
par Ziani Chérif Ayad, ancien directeur du
Théâtre National d’Alger, qui, à travers ce
projet « trans-rives », veut redonner son lustre
à un théâtre algérien réduit à néant pendant
les années noires. Cette période qui jeta tant
de gens sur les routes est justement au cœur
d’El Machina, le train qui emmène une fillette
atteinte d’une maladie incurable en vacances
chez son oncle, et dans lequel elle écoute les
histoires des petites gens.
Les petites gens, on les retrouve aussi dans
la lecture théâtralisée d’El Khobza [Le Pain]
que donne Jean-Claude Nieto et ses comédiens
à Vitrolles le 3 novembre. Cette fois, nous
sommes dans les années 70 et Si Ali, mari
d’Aïcha et écrivain public, a une révélation :
il doit écrire un livre qui changera le monde !
Et c’est ainsi que le brave homme va devenir
le porte-parole de personnages drôles et
pathétiques qui peuplent sa ville natale.
Avec Alloula, on est bien au cœur de la
« méditerranéité » !
• « El Khobza »
Vendredi 3 novembre, 18 h 30
Vitrolles - Bibliothèque George Sand
lecture théâtralisée [en français & arabe],
dans le cadre du projet « Théâtre des
langues » mené par Jean-Claude Nieto.
Jeudi 9 novembre, 20 h 30
Marseille - Cinéma Les Variétés
• Rencontre avec Hyam Yared pour
L’Armoire des ombres
[Sabine Wespieser, octobre 2006],
animée par Thierry Fabre.
En collaboration avec la librairie
L’Histoire de l’œil
• Projection de films courts dont
« Le Printemps de Beyrouth, mythe
ou réalité ? » de Robert Eid
[Liban, février 2005, 26’],
« Open your eyes », « Chère N. »
et les films du collectif Cinésoumoud.
Projection suivie d’un débat, en présence
de Joseph Bahout, politologue
et intervenant à la 3ème table ronde.
• « El Machina »
9 au 16 novembre à Marseille
au Théâtre National de Marseille La Criée
[en français]
18 & 19 novembre au Forum culturel
Prévert de Carros [en français & arabe]
22 au 25 novembre au Sémaphore
de Port-de-Bouc [en français & arabe]
29 novembre au 1er décembre
au Théâtre de Grasse [en français]
8 au 10 décembre à la Friche La Belle de
Mai, Marseille [en arabe]
12 & 13 décembre au Vélothéâtre d’Apt [en
français & arabe].
6 – SOUS LE SIGNE D’AVERROÈS
Martigues
L’Espagne entre
passé et éternité
Il y a 70 ans, éclatait la guerre civile espagnole. L’écrivain Rafael Chirbes et l’historien Emile Temime viendront rappeler à
quel point cet événement imprègne,
aujourd’hui encore, les esprits. Avant que
le chanteur flamenco Miguel Poveda ne
fasse entendre son sublime « cante jondo ».
Pendant le mois de novembre, par toute une
série de manifestations, la ville de Martigues
se penche sur la guerre civile espagnole et ses
conséquences qui restent encore vives
soixante-dix ans plus tard. Les Rencontres
d’Averroès ont souhaité s’inscrire dans ce
mouvement à travers une soirée au Théâtre
des Salins.
Soirée en deux temps, puisqu’elle commencera
par une rencontre avec l’écrivain Rafael
Chirbes et l’historien Emile Temime et se
poursuivra par un concert de Miguel Poveda.
Il n’est guère besoin de présenter Emile
Temime dans la région, directeur du groupe
d’histoire des migrations à l’Ecole des Hautes
Etudes en Sciences sociales, c’est aussi un
grand spécialiste de l’histoire espagnole
contemporaine. Il a publié de nombreux
ouvrages sur le sujet dont le dernier en date,
1936, la guerre d’Espagne commence [Complexe,
col. Histoire, nouvelle édition 2006], en plus
d’être une analyse minutieuse des événements,
rassemble un ensemble de récits épiques ou
terribles qui ont marqué la conscience populaire de ce pays jusqu’à nos jours.
Rafael Chirbes :
un passé sombre et obsédant
© John Foley / Opale
Tous les romans de Rafael Chirbes traitent du
franquisme. Non, les romans de Rafael Chirbes
ne parlent que de lui. Ces deux propositions sont
exactes. Car de La Belle Écriture à La Longue
Marche, de La Longue Marche à Tableaux de
chasse, c’est bien d’abord d’un portrait d’une
sale période qu’il s’agit, des années quarante au
19 novembre 1975, le jour où le dictateur
Franco meurt au terme d’une très longue agonie,
point de départ de La Chute de Madrid. Et c’est
bien pour une sorte de bilan, au-delà des désillusions, que deux hommes [Les Vieux Amis, son
dernier livre] se retrouvent un soir pour tenter de
renouer un lien ténu et fragile, trente ans après
leur lutte au coude à coude contre la dictature
franquiste.
Pourtant Rafael Chirbes refuse de se laisser
enfermer dans la posture de l’écrivain « de la
guerre civile ou du franquisme », d’être le représentant de la « génération de la transition ». Il
affirme au contraire n’écrire que sur lui, à
travers sa classe d’âge... Ses livres convoquent
ainsi de multiples personnages qui sont autant
de points de vue d’une période pleine de
cruautés, de trahisons et de mensonges, mais
c’est avant tout envers lui-même que s’adresse
l’auteur. Et si Rafael Chirbes revient sans cesse
sur les thèmes de l’amitié, du temps qui passe,
des illusions perdues, de l’amour, de l’argent et
de l’écriture, c’est avant tout parce que chacun
de ces points réveille une blessure intime en lui...
Qu’il affronte sans aucune complaisance.
Rafael Chirbes est né à Tabernes de Valldigna,
dans la province de Valence, en 1949. Après des
études d’histoire à Madrid, il se tourne vers le
journalisme et la critique littéraire. Ses romans
sont traduits en de nombreuses langues, et il est
considéré aujourd’hui comme l’un des auteurs
les plus importants d’Espagne.
Tous les livres de Rafael Chirbes sont publiés
chez Rivages.
Si la rencontre interroge un moment essentiel
de l’histoire du pays, le concert, lui, met merveilleusement en lumière l’âme profonde de
l’Espagne.
Le cante jondo
de Miguel Poveda
© Jérome Congny
Marseille
Le trio Joubran
la musique et la Palestine au cœur
Il n’est ni andalou, ni gitan, et pourtant Miguel
Poveda est un des plus grands « cantaores » de
sa génération. S’il ne dédaigne pas les rythmes
les plus festifs du flamenco, tangos ou bulerias,
c’est vraiment dans le « cante jondo », le « chant
profond », qu’il est le plus saisissant, à la fois
respectueux de la tradition, et pourtant apte à
imprimer sa marque propre.
Sa marque, c’est d’abord sa voix, qui surprend
par sa limpidité tragique. Car les cantaores qui
se mesurent au soleil noir du cante jondo ont
habituellement des voix rauques, écorchées, des
voix « gitanes ». C’est notamment le cas de son
ami Duquende, avec qui il se produit souvent.
Miguel Poveda, lui, a un chant plein et délié.
Mais il n’en exprime pas moins l’intensité des
émotions, une âpre et douloureuse beauté qui
vient du plus profond de l’être. Il s’en explique
ainsi : « Ma manière de m’approcher de la
musique est totalement spirituelle ; pas religieuse, du moins pas uniquement religieuse. Car
mes chansons parlent d’amour fort, de femmes,
mais je les interprète dans une démarche profondément spirituelle. » Il dit aussi : « Comme
pour toutes les musiques, il est primordial de
pouvoir exprimer ses sentiments du dedans, de
tout se dire, même les choses les plus intimes. Et
le flamenco est cette expérience la plus intense,
c’est se donner, c’est un miracle. »
Ce miracle, il l’a tété au lait de l’enfance : « J’ai
rencontré le flamenco dans ma propre maison,
explique-t-il encore. Ma famille le chantait tout
le temps et partout. Dans mon quartier, dans les
penas près du port de Barcelone. » C’est ce
flamenco amené dans la capitale catalane par
les migrants de Cadix ou de Séville, mais ouvert
sur le monde qu’il livre corps et âme à chacun
de ses concerts.
A Martigues, il sera accompagné par son guitariste attitré, Juan Gomez « Chicuelo », qui suit
sa passion tragique jusque dans ses silences.
Leur duende devrait amener l’auditoire au bout
de la nuit.
Mardi 7 novembre
Martigues - Théâtre des Salins
Scène nationale
• 18 h 30, [salle Au bout de la nuit]
Rencontre avec Rafael Chirbes
& Emile Temime, coanimée par
Thierry Fabre & Pascal Jourdana
• 20 h 30 - Concert de Miguel Poveda
[flamenco, cante]
En partenariat avec le Théâtre des Salins,
la librairie L’Alinéa & la Médiathèque
Louis Aragon.
« Nous avons deux combats à mener. L’un
pour notre carrière et l’autre pour la paix en
Palestine, la fin de l’occupation. » déclarait
lors d’un concert à Paris, Samir Joubran.
Formé au conservatoire de Nazareth puis au
Conservatoire Mohamed Abdel Wahab du
Caire, le musicien est venu en France une
première fois en 1996 ; il accompagnait alors
le poète Mahmoud Darwich pour le
Printemps de la Palestine. Il s’y est depuis
installé - sa maison de Ramallah a été détruite
par un bombardement en août 2002 - et a
fondé en 2004 un trio de ouds avec ses deux
frères, Wissam, 23 ans et Adnan, 21 ans.
A son répertoire, des classiques de la musique
arabe, de la musique traditionnelle, des improvisations savantes, des compositions.
Depuis sa création, le trio rencontre partout
un succès retentissant, et fait salle comble
chaque fois. La complicité des trois frères,
leur communion musicale touchent inexorablement l’auditoire. Une histoire de rigueur,
de beauté de sincérité et de charisme…
On pourra découvrir leur quotidien de musiciens et de Palestiniens, leur environnement, la
forte personnalité artistique du père, lui-même
musicien et facteur d’instruments, grâce à un
documentaire de Read Andoni, qui sera
projeté le 24 octobre.
Mais l’événement reste, bien sûr, le concert
que le Trio Joubran donnera le 10 novembre à
Marseille. Sa présence aux Rencontres
d’Averroes 2006, centrées sur le thème des
libertés publiques, relève d’une grande
évidence politique et artistique.
Précédant ce concert, une intervention
musicale et chorégraphique sera comme un cri
porté contre la haine : le compositeur libanais
Zad Moultaka a conçu, en hommage au
grand intellectuel libanais assassiné en juin
2005, Samir Kassir, une pièce mêlant électroacoustique [une bande-son] aux pas d’une
danseuse de flamenco, Yalda Younes. La
danseuse devient l’icône vibrante de l’âme
humaine, confrontée aux éclats d’obus, aux
clameurs et aux explosions des bombardements... Cette pièce, qui dure 9 minutes,
nous transporte dans un univers intérieur
et profond, une secousse de mémoire et de
conscience.
© Jules Geai
Mardi 24 octobre, 17 h
Marseille - Bibliothèque de Marseille
à Vocation Régionale - Alcazar
[salle de conférence]
• « Samir et ses frères »
Documentaire de Raed Andoni
[France-Palestine, 2005, 55 min].
• Conférence sur le oud
par Sami Sadak [ethnomusicologue]
En partenariat avec Arte
& la BMVR L’Alcazar.
Vendredi 10 novembre, 20 h 30
Marseille - Auditorium du Parc Chanot
• Concert du Trio Joubran [oud, Palestine]
• Ière partie - « Non, en hommage
à Samir Kassir » création musicale
de Zad Moultaka avec Yalda Younes.
Une proposition Espaceculture,
en partenariat avec Art moderne,
et le soutien de la SACEM.
7
Trois tables rondes
IÈRE TABLE RONDE
La liberté, la peur et les enfants gâtés
Concepteur des Rencontres
d’Averroès, Thierry Fabre
a proposé comme thème
de l’édition 2006
« Liberté, libertés entre
Europe et Méditerranée ».
Il s’en explique ici.
Dans un très beau texte à paraître dans le
prochain numéro de La pensée de midi, la
romancière libanaise Najwa Barakat écrit :
« Il y a les mots auxquels je ne fais plus
confiance. Des mots-phares qui furent longtemps mon pain quotidien, ma boussole et
ma substance, se vident de leur sens,
mutent, se désagrègent. J’entends le mot
« Liberté », et j’ai comme l’impression de
percevoir un son creux. » Que pensez-vous
de cette affirmation ?
- Que la sensibilité des écrivains et des
artistes leur donne décidément une étonnante pertinence ! Najwa Barakat exprime
magnifiquement ce qui m’a conduit à
choisir ce thème pour les Rencontres
d’Averroès 2006. On se rengorge si souvent
avec la liberté, on utilise tellement ce terme
à tort et à travers qu’il semble parfois vidé
de sens. Pensez à Bush et à son opération
« Liberté immuable » ! Et pourtant, le mot
reste indispensable.
Mais n’avez-vous pas le sentiment qu’en
Europe, il fait désormais essentiellement
référence aux libertés individuelles ?
- Que signifie la liberté sans les libertés collectives ? Les Européens sont des enfants
gâtés qui ne connaissent plus le prix de la
liberté, ni ce que signifie d’avoir à se battre
pour elle, parce qu’ils n’ont pas vécu la
guerre et l’oppression depuis 50 ans.
lui fait oublier les grands principes, chez elle
- il n’y a qu’à voir les dispositions anti-terroristes qu’a pris l’Angleterre, le pays de
l’Habeas corpus ! - et encore plus à l’égard
des nations qui risquent de « basculer ».
Elle préfère soutenir les régimes autoritaires
qui se présentent comme des remparts
contre l’islamisme plutôt que les « passeurs
de liberté » de ces pays.
L’autre rive de la Méditerranée n’est-elle
pas dans la situation exactement inverse ?
- Oui, pendant que certains, en Europe ou
en Amérique, dévoient le concept de liberté
pour tenir un dangereux discours de
croisade, de vrais démocrates le défendent
pied à pied dans plusieurs pays de la
Méditerranée. Or, nous laissons tomber ces
acteurs réels de la liberté comme de vieilles
chaussettes. La Ligue tunisienne des Droits
de l’Homme, par exemple, est totalement
étranglée sans que quiconque ne s’en
émeuve en Europe.
Cette opposition est souvent très minoritaire. Pourquoi l’idéal démocratique ne
« parle »-t-il pas davantage aux pays de la
rive sud ?
- Le débat est piégé depuis le XVIIIe siècle.
L’Europe a produit les Lumières et, presque
simultanément, le système colonial. Pendant
qu’elle luttait ardemment pour l’instauration des principes démocratiques chez elle,
elle les déniait, parfois sauvagement, à l’extérieur. Ce double discours, qui continue, a
eu, et a toujours, de terribles effets. Les
nationalismes qui ont conduit aux indépendances ont forcément remis en cause ces
valeurs, même si, dans le même temps, ils
s’en sont partiellement inspirés. De part et
d’autre, il y a donc des ambiguïtés à lever,
des clarifications à opérer. Les débats de ces
13e Rencontres d’Averroès pourront, je
l’espère, y contribuer. Pour ma part, je me
refuse à imaginer que le futur de la
Méditerranée se borne à des poussées islamistes et des régimes autoritaires d’un côté,
et des régimes frileusement sécuritaires de
l’autre.
VENDREDI 10 NOVEMBRE DE 14 H 30 À 16 H 30
LES PASSEURS DE LIBERTÉ
animée par Emmanuel Laurentin
[France Culture], avec
Henry Laurens
Historien, professeur au Collège de France.
Mohamed Mouaqit
Professeur à la faculté des sciences juridiques,
économiques et sociales, de l’Université
Hassan II, à Casablanca.
Altan Gokalp
Directeur de recherche au CNRS, membre
de l’équipe « Etudes turques et ottomanes »
CNRS-EHESS-Collège de France.
2ÈME TABLE RONDE
D’où vient, selon vous, cette absence de
solidarité ?
- Il y plusieurs raisons. Les résidus du colonialisme sont toujours là. Vous savez : « Les
Arabes ne sont pas faits pour la démocratie »,
ou le discours contraire, dicté par la
mauvaise conscience et tout aussi aberrant :
« Il ne faut pas leur imposer nos valeurs ».
Mais la raison essentielle est sans doute la
peur. L’Europe ressent, vis-à-vis de l’islamisme, une peur de plus en plus forte qui
Ibn Rochd a traversé la Méditerranée…
« La Traversée » d’Elisabeth Leuvrey
Depuis leur origine en 1994, les Rencontres d’Averroès rêvaient d’un prolongement sur l’autre rive
de la Méditerranée. C’est chose faite désormais puisque la première édition des Rencontres Ibn
Rochd*, s’est déroulée à Alger les 14 et 15 juin 2006 à la Bibliothèque Nationale d’Algérie El
Hamma.
Au delà des trois tables rondes qui ont réuni chercheurs, écrivains, historiens, philosophes et journalistes du pourtour méditerranéen qui se sont interrogés sur la problématique « Vivre ensemble »
dans une parole libre et généreuse, les organisateurs ont relevé le pari audacieux de proposer un
programme culturel de grande qualité [exposition, concerts, cinéma] en parfaite harmonie avec la
thématique.
Si la notion « d’âge d’or du vivre ensemble » a très rapidement été démythifiée, la question des
« replis identitaires et fin du cosmopolitisme » a certainement été le point central de ces rencontres
avec les témoignages graves et sensibles des intervenants touchés par ce problème quand leur
histoire personnelle rejoint celle de leur pays. La troisième table ronde qui réunissait des directeurs
de revue a permis de mettre en exergue le rôle primordial des intellectuels pour dessiner un nouvel
humanisme qui ne « soit ni béat, ni assujetti à un quelconque ordre géopolitique ».
Dès lors, au sous-titre « penser la Méditerranée des deux rives » on peut ajouter « à partir des deux rives ». Il n’est pas question de boucler la boucle
mais bien d’ouvrir le débat, de susciter des controverses sur les problématiques méditerranéennes. Cette première traversée d’Averroès, intense et
savoureuse nous laisse de nombreuses images et paroles à méditer. Au-delà des idées, ce sont des leçons de vie que nous avons reçues d’Alger.
*Les Rencontres Ibn Rochd sont organisées par les éditions Barzakh, l’Association Chrysalide en partenariat avec Espaceculture, et avec le soutien de la Région
Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Bibliothèque Nationale d’Algérie.
Une édition annuelle
pour prolonger les Rencontres
Chaque année, Espaceculture Marseille et les éditions Parenthèses proposent un ouvrage qui rassemble les contributions écrites des participants de
l’année précédente, en leur permettant de prolonger une réflexion qui n’avait pu parfois être qu’effleurée lors des tables rondes publiques. En 2006,
c’est donc le titre De la richesse et de la pauvreté entre Europe et Méditerranée. 12es Rencontres d’Averroès qui paraît.
« Des voix s’élèvent pour rappeler que l’économie doit être une science morale, indissociable d’une approche philosophique et politique ». C’est
dans cette perspective que se sont tenues en novembre 2005 les 12es Rencontres d’Averroès. Elles ont abordé cette réflexion en trois temps : un
retour vers le passé pour analyser comment les notions de richesse et de pauvreté ont été perçues à travers l’Histoire ; une remise en cause, fondée
sur l’économie politique, des grilles de lectures traditionnelles qui servent aujourd’hui à analyser les relations entre Europe et Méditerranée ; une
interrogation pour l’avenir. Quelles autres formes d’organisation économique sont possibles, en regard de quels systèmes de valeurs ? ».
Pendant les Rencontres, la librairie Regards proposera, dans le hall de l’auditorium du Parc Chanot, une sélection des livres des intervenants et de livres traitant de la
thématique de cette année. Vous pourrez aussi trouver l’édition des 12e Rencontres « De la richesse et de la pauvreté, entre Europe et Méditerranée » [éd. Parenthèses,
oct. 2006], et celle des années précédentes.
SAMEDI 11 NOVEMBRE DE 10 H À 12 H
LA LIBERTÉ OU LA PEUR ?
animée par Julie Clarini
[France Culture], avec
François Burgat
Politologue, directeur de recherche au CNRS.
Sana Ben Achour
Secrétaire générale de l'Association
tunisienne des Femmes Démocrates,
professeure en droit, faculté des sciences
juridiques, politiques et sociales de Tunis.
Hassan Abbas
Professeur de média, chercheur à l'Institut
Français du Proche Orient - Damas.
3ÈME TABLE RONDE
SAMEDI 11 NOVEMBRE DE 14 H 30 À 16 H 30
DEMAIN LA LIBERTÉ ?
animée par Thierry Fabre
[concepteur des Rencontres], avec
Rony Brauman
Ancien président de MSF, professeur à l’IEP.
Driss El Yazami
Délégué général de Génériques, association
spécialisée dans l'histoire des étrangers et de
l'immigration en France, rédacteur en chef
de la revue Migrance, secrétaire général
de la Fédération internationale des ligues
des droits de l’Homme [FIDH].
Joseph Bahout
Analyste politique - Chercheur associé
à l’I.E.P de Paris.
AVERROÈS JUNIOR
L’an dernier, à titre de ballon d’essai,
Espaceculture et la Direction de l’Action
Culturelle du Rectorat avaient organisé
une projection du film de Marco Tullio
Giordana, « Une fois que tu es né » pour
une centaine de lycéens marseillais afin
que ceux-ci réfléchissent à la thématique
2005 : « Richesse et pauvreté en
Méditerranée ». Cette séance, suivie d’un
débat avec un responsable de l’association « Jeunes errants », a été très
concluante. C’est pourquoi, toujours
en partenariat avec l’Académie
Aix-Marseille, il a été mis en place cette
année un programme « Averroès junior »
dans les villes de Marseille, Aix, Digne
et Salon.
Certains enseignants ont choisi d’amener
leurs élèves, collégiens ou lycéens,
en salles. D’autres ont préféré des
projections dans l’établissement même.
Trois films, ayant un rapport avec la
liberté, [thème 2006] leur sont proposés
dans ce cadre : « Z » de Costa Gavras,
« Le Destin » de Youssef Chahine et
« La Traversée » d’Elisabeth Leuvrey.
Une fiche pédagogique et la présence
d’un intervenant accompagnent ces
séances.
Calendrier
Mardi 24 octobre [p. 6]
• 17 h - Marseille, Bibliothèque de Marseille à Vocation
Régionale - Alcazar [salle de conférence]
Projection Samir et ses frères, documentaire de Raed Andoni.
Conférence sur le oud par Sami Sadak.
• 21 h - Digne, Centre Culturel René Char [p. 2]
Projection Liberata, film de Philippe Carrèse, en présence
du réalisateur & de Thierry Afflalou.
Mercredi 25 octobre [p. 2]
• Nice, Cinémathèque
18 h - Projection La Traversée, documentaire d’Elisabeth
Leuvrey, en présence de la réalisatrice.
19 h 30 - Rencontre avec Abdellah Taïa, suivie de la projection
Loin, film d’André Téchiné.
Soirée présentée par Yannick Geffroy et Thierry Fabre.
Jeudi 26 octobre à 17 h 30 [p. 2]
• Marseille, Bibliothèque de Marseille à Vocation
Régionale - Alcazar
Projection La Traversée, documentaire d’Elisabeth Leuvrey,
en présence de la réalisatrice.
Dimanche 29 octobre à 18 h 30 [p. 3]
• La Garde, cinéma Le Rocher
Rencontre avec l'écrivain kurde-allemand Sherko Fatah,
animée par Pascal Jourdana.
Projection La Fiancée syrienne, film de Eran Riklis, suivie
d’un débat avec Thierry Fabre et d’un membre du Comité
International de la Croix Rouge [sous réserve].
Lundi 30 octobre à 20 h 30 [p. 3]
• Marseille, cinéma Les Variétés
Rencontre avec José Manuel Fajardo,
animée par Pascal Jourdana.
Projection en avant-première Le Labyrinthe de Pan,
film de Guillermo del Toro.
Vendredi 3 novembre à 18 h 30 [p. 5]
• Vitrolles, Bibliothèque George Sand
Lecture théâtralisée Le Pain d’Abdelkader Alloula.
Dimanche 5 novembre à 14 h [p. 4]
• Avignon, cinéma Utopia
Rencontre avec Fouad Laroui, animée par Nathalie Espérandieu.
Projection Vivre à Tazmamart, documentaire
de Davy Zylberfajn, en présence du réalisateur.
Lieux
Auditorium du Parc Chanot
Rond-Point du Prado
13008 Marseille
BMVR Alcazar
58, cours Belsunce
13001 Marseille - 04 91 55 90 00
Cinéma Les Variétés
37, rue Vincent Scotto
13001 Marseille - 04 96 11 61 61/69
Collège de la Joliette Jean-Claude Izzo
Place Espercieux
13002 Marseille
Théâtre Massalia
Friche La Belle de Mai
41 rue Jobin 13003 Marseille
04 95 04 95 70
Théâtre National de Marseille La Criée
30, quai de Rive Neuve
13007 Marseille - 04 91 54 70 54
Cinéma Le Mazarin
6, rue Laroque
13090 Aix-en-Provence - 0 892 687 270
Cinéma Utopia
4, rue Escalier Sainte-Anne
84000 Avignon - 04 90 82 65 36
Centre Culturel René Char
45, avenue du 8 mai 1945
04000 Digne - 04 92 32 29 33
Cinéma Le Rocher
Avenue Marx Dormoy
83130 La Garde - 04 94 08 99 34
Théâtre des Salins
19, quai Paul Doumer
13692 Martigues - 04 42 49 02 00
Cinémathèque
3, esplanade Kennedy
06364 Nice - 04 92 04 06 66
Auditorium de l’Atrium
[près de la place Morgan]
13300 Salon - 04 90 44 84 91
Bibliothèque George Sand
Place de Provence
[derrière l’Hôtel de Ville]
13127 Vitrolles - 04 42 77 90 40
France Culture partenaire depuis le début de l'aventure, diffusera sur son antenne de larges extraits de cette édition, durant l'été 2007.
Pendant les Rencontres, France Culture sera en direct et en public depuis Marseille :
• Vendredi 10 novembre, dans le hall de l'Auditorium du Parc Chanot
17 h à 18 h, « Du grain à moudre » émission de débat par Julie Clarini & Brice Couturier
18 h 15 à 19 h 15, « Société des Nations » par Madeleine Mukamabano
• Jeudi 9 & vendredi 10 novembre de 18 h 30 à 19 h 30
« Les Travaux publics » de Jean Lebrun se dérouleront depuis un quartier de Marseille.
Et aussi...
28 octobre au 10 novembre • Marseille, Espaceculture - Hall d’accueil [42 La Canebière - 1er]
Ecoutes radiophoniques « À l’écoute de libertés » Dans le cadre des Rencontres, Radio Grenouille et le studio de création Euphonia
« s'émancipent » de leurs murs et de leurs ondes, en présentant au public une programmation sonore à Espaceculture.
Un salon d'écoute installé dans le hall vous propose de vous immerger, pour une pause ou pour une heure, dans les ambiances
d’Algérie, du Maroc, de Palestine ou de la France méditerranéenne. Dans ces univers proches ou lointains, vivent des êtres humains qui
nous parlent de liberté ou de sa privation, de jouissances ou de survie, de quotidien ou de grands combats.
10 & 11 novembre • Marseille, Hall de l’Auditorium du Parc Chanot [8e]
La librairie Regards proposera une sélection de livres des intervenants, ainsi que de livres traitant de la thématique de cette année.
Jeudi 16 novembre à 18 h • Marseille, IMF [16 rue Ferdinand Rey - 6e]
Café social sur le thème « Liberté, un combat à gagner »
Comment assister aux Rencontres...
Mardi 7 novembre [p. 6]
• Martigues, Théâtre des Salins - Scène nationale
18 h 30 [Salle Au bout de la nuit]
Rencontre avec Rafael Chirbes & Emile Temime,
animée par Thierry Fabre & Pascal Jourdana.
20 h 30 - Concert de Miguel Poveda [flamenco, cante].
Pour réserver, deux solutions...
• Directement à Espaceculture de 10 h à 18 h 45, sauf dimanche [42 La Canebière - 1er].
Attention ! Aucune réservation ne sera prise par téléphone le 28 octobre.
• En ligne sur www.espaceculture.net/billetterie
Jeudi 9 novembre à 20 h 30 [p. 5]
• Marseille, cinéma Les Variétés
Rencontre avec Hyam Yared,
animée par Thierry Fabre.
Projection de films courts réalisés par des cinéastes
et artistes libanais, suivie d’un débat,
en présence de Joseph Bahout [politologue].
9 au 16 novembre & 8 au 10 décembre [p. 5]
• Marseille, Théâtre National de Marseille La Criée
[version française, 9 au 16 novembre]
• Marseille, Théâtre Massalia
[version arabe, 8 au 10 décembre]
Théâtre El Machina de Abdelkader Alloula.
Librairie L’Histoire de l’œil
25, rue Fontange - 13006 Marseille - 04 91 48 29 92
Librairie Prado Paradis
9, av. de Mazargues - 13008 Marseille - 04 91 76 55 96
Librairie Masséna
55, rue Gioffredo - 06000 Nice - 04 93 80 90 16
Librairie Gaïa
4, place de la Liberté - 83000 Toulon - 04 94 92 85 56
Librairie La Mémoire du monde
36, rue Carnot - 84000 Avignon - 04 90 85 96 76
Librairie Regards
Centre de la Vieille Charité
2, rue de la Charité - 13002 Marseille - 04 91 90 55 34
Librairie L’Alinéa
Rue Jean Roque, Quartier Ferrières
13500 Martigues - 04 42 42 19 03
France Culture [99.] partenaire des Rencontres
Lundi 6 novembre à 20 h 30 [p. 4]
• Aix-en-Provence, cinéma Le Mazarin
Projection en avant-première Barakat !,
film de Djamila Sahraoui, en présence de la réalisatrice.
• Salon de Provence, Auditorium de l’Atrium [p. 5]
17 h 30 - Projection Le Destin, film de Youssef Chahine,
suivie d’un débat.
Les Libraires du Sud,
partenaires
de « Sous le signe »
L’entrée aux tables rondes est libre et gratuite, dans la limite des places disponibles. Il est vivement conseillé de réserver !
[2 places par personne maximum]. OUVERTURE DES RÉSERVATIONS : SAMEDI 28 OCTOBRE
Pour cette édition, les Rencontres auront lieu à l’Auditorium du Parc Chanot [Rond-Point du Prado - 8e]
Tarifs
• PROJECTIONS
tarifs habituels sauf pour La Garde, Salon, La BMVR Alcazar
[entrée libre]
• SOIRÉE À MARTIGUES
Rencontre littéraire : entrée libre
Concert Miguel Poveda : 25 €
- 26 ans, demandeurs d’emploi : 15 €
Renseignements & réservation : 04 42 49 02 00,
www.theatre-des-salins.fr [billetterie en ligne]
• SPECTACLE « EL MACHINA »
se renseigner au Théâtre de la Criée [04 91 54 70 54]
& au Théâtre Massalia [04 95 04 95 70] pour les tarifs.
Vendredi 10 novembre à 20 h 30 [p. 6]
• Marseille, Auditorium du Parc Chanot
Concert du Trio Joubran [oud, Palestine]
Ière partie - Non, en hommage à Samir Kassir
création musicale de Zad Moultaka
• CONCERT « TRIO JOUBRAN » À MARSEILLE
15 € / Demandeurs d’emploi, étudiants, RMIstes,
groupe [10 pers.] : 12 €
Renseignements & réservation :
Espaceculture 04 96 11 04 61,
www.espaceculture.net [billetterie en ligne]
Vendredi 17 novembre à 17 h 30 [p. 2]
• Marseille, Collège de la Joliette Jean-Claude Izzo
Projection La Traversée, documentaire d’Elisabeth Leuvrey,
en présence de la réalisatrice.
www.rencontresaverroes.net
www.espaceculture.net
Les Rencontres d'Averroès, conçues par Thierry Fabre,
sont produites et organisées par Espaceculture,
avec le soutien de la Ville de Marseille, de la Région
Provence-Alpes-Côte d'Azur, du Conseil Général des
Bouches-du-Rhône, du CNL, de la SACEM, du Musée des
civilisations de l'Europe et de la Méditerranée,
en partenariat avec France Culture, le journal César
et la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme.
Le volet « Sous le signe d'Averroès » est une coréalisation
Libraires du Sud, Art moderne
en collaboration avec les librairies, bibliothèques, cinémas
et théâtres de chaque ville.
Programmation cinéma : Jeanne Baumberger.
Averroès Junior est organisé en partenariat avec
l’Académie d’Aix-Marseille et la Direction de l’éducation
du Conseil Général 13.
L'édition a posteriori des Rencontres est une coréalisation
Editions Parenthèses-Espaceculture Marseille.
Tiré à part du journal César
Direction de la publication : Jean-Jacques Gilliard, Espaceculture.
Coordination éditoriale : Jeanne Baumberger.
Textes : Jeanne Baumberger, Pascal Jourdana,
Marie Laigneau-Bignon, Victor Solal.
Photos : tous droits réservés © octobre 2006.