Penser la Méditerranée des deux rives : tel était l`objectif de Thierry
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Penser la Méditerranée des deux rives : tel était l`objectif de Thierry
Penser la Méditerranée des deux rives : tel était l'objectif de Thierry Fabre quand il a conçu les Rencontres d'Averroès avec France Culture et l'Office de la Culture de Marseille. Treize ans plus tard, ce même objectif est défendu avec une ardeur intacte par Thierry Fabre. France Culture est resté un partenaire fidèle. Quant à l'Office, devenu entre temps Espaceculture, il assure toujours la gestion et la coordination de la manifestation… en lui épargnant avec sagesse toute crise de croissance ! C'est dans doute dans cette constance des objectifs et des équipes qu'il faut chercher le succès sans cesse croissant des Rencontres. Voilà plusieurs années que 1000 personnes assistent à chacune des tables rondes. En 2006, le passage de la Criée à l'Auditorium du parc Chanot permettra d'en accueillir 200 de plus. Ce ne sera pas de trop pour échanger sur un thème brûlant : « Liberté, libertés entre Europe et Méditerranée ». La manifestation s'est par ailleurs diversifiée. Depuis 2002, une série de projections, de rencontres littéraires et de concerts est proposée dans toute la région Paca, en amont des débats. Après Aix, Avignon, Digne, La Garde et Martigues, trois nouvelles villes passent ainsi « sous le signe d'Averroès » : Nice, Salon et Vitrolles. Autre nouveauté : « Averroès junior ». La formule a été expérimentée en 2005, en partenariat avec l'Académie Aix-Marseille, auprès de lycéens marseillais pour qu'eux aussi « pensent la Méditerranée des deux rives ». L'essai ayant été concluant, Averroès junior est cette année étendu à Aix, Digne, Martigues et Salon. Mais le plus stimulant de cette longue aventure est sans conteste la création, en juin dernier, des Rencontres sur l'autre rive, à Alger, où elles ont pris le vrai nom d'Averroès : Ibn Rochd. N'en déplaise aux esprits sectaires et belliqueux, la Méditerranée a un art de vivre et de penser à défendre. Elle reste riche d'idées, de débats et d'avenir. Et ces Rencontres en seront, pour la treizième fois, la preuve. 2 – SOUS LE SIGNE D’AVERROÈS Elisabeth Leuvrey : jusqu’au bout de la traversée S’il y a un film qui devait, tôt ou tard, se retrouver « Sous le signe d’Averroès », c’est bien La Traversée. Sa réalisatrice, Elisabeth Leuvrey, est née en Algérie, descendante de cinq générations de Pieds Noirs. Elle y est retournée à plusieurs reprises au cours de ces dernières années pour mener un travail documentaire sur la question de la mémoire, de l’identité et de la transmission. Mais ce n’est qu’en 2003 qu’elle a fait, pour la première fois, le voyage en bateau. Tout de suite, les passagers qu’elle a rencontrés lui ont donné la certitude qu’il y a là matière à un film, un film dans lequel son histoire familiale et ses convictions l’engageaient de manière forte. « Avec tous, hommes et femmes se produisait une chose étrange que je ne parvenais pas encore à qualifier. Et ce sentiment s’est répété au retour » se souvient-elle. « Depuis, à chaque traversée, entre Marseille et Alger, entre Alger et Marseille, entre ici et là-bas, un petit miracle s’accomplit. » Ce petit miracle, elle a su le filmer. Des docks aux salons, des cabines à la cafeteria. Il s’appelle l’entre-deux. L’entre-deux rives, l’entre-deux territoires, l’entre-deux pays, l’entre-deux patries. Car ce temps suspendu, cet espace flottant, permet d’exprimer une parole secrète, libre de la pression du pays d’accueil, ou de celle de sa propre communauté. L’un avoue : « La Kabylie, je donnerais ma vie pour elle ! et ben, j’te dis j’y passe une semaine et je peux plus rester... Je peux plus rester. » L’autre dit : « Je me pose souvent la question : de quel côté des deux rives je veux être enterré ? » Ici se côtoient les immigrés qui retournent au bled pour les vacances, les « trabendistes » en quête de « bizness », les vieux « chibanis » qui reviennent en France pour toucher leur pension, les clandestins reconduits manu militari. Bribes de vies. Lambeaux d’histoires. Intimité des cabines. Immensité de la mer. Paroles poignantes. Rares sont les films qui disent aussi bien les mille et une questions, les mille et un déchirements de l’exil et de la diaspora. Digne La Résistance corse vue par Philippe Carrèse Corse, 1943. L’île vit sous occupation italienne. Dans un petit village de Balagne, les Résistants préparent activement le débarquement allié. Mais ils ne sont pas tous du même bord. Le notable Paul-Antoine est gaulliste, Toussaint et son frère Ottone, communistes. Chez l’occupant aussi, les esprits sont divisés. Si l’officier est un fasciste fanatique, les simples soldats ne pensent plus qu’à rentrer chez eux. Toussaint et Ottone vont se lier avec deux de ces troufions, d’abord pour leur soutirer des informations nécessaires à la réussite des parachutages, ensuite par véritable amitié. Et puis, mêlée à tout ça, il y a Liberata, la femme de Paul-Antoine, qui fut le premier amour de Toussaint… D’origine italienne, mais avec de nombreuses accointances corses, Philippe Carrèse mène une double carrière d’écrivain et de cinéaste. Depuis Trois jours d’engatse en 1995, il a publié 13 romans [très] noirs qui ont fait de lui un des chefs de file du polar marseillais. En tant que réalisateur, il a surtout travaillé pour la télévision. Liberata est son premier longmétrage diffusé en salles. Le scénario lui a été inspiré par le témoignage de proches. La mise en scène, elle, est typiquement « carrésienne », c’est-à-dire marquée par la double influence du néoréalisme et du western spaghetti. Autre singularité : le passage incessant du français au corse et à l’italien, à la fois comme « marquage » identitaire et comme ressort dramatique. Si on ajoute à cela des conditions de production très particulières, on peut affirmer sans crainte que Liberata est le film d’un franc-tireur. Mardi 24 octobre, 21 h Digne - Centre culturel René Char • « Liberata » Film de Philippe Carrèse [France, 2005, 1 h 36], projection en présence du réalisateur et du producteur Thierry Afflalou. PROJECTIONS « LA TRAVERSÉE » Documentaire d’Elisabeth Leuvrey [France, 2005, 55’] • Mercredi 25 octobre, 18 h Cinémathèque de Nice • Jeudi 26 octobre, 17 h 30 BMVR L’Alcazar à Marseille • Vendredi 17 novembre, 17 h 30 Collège de la Joliette Jean-Claude Izzo à Marseille En partenariat avec le CIDF Phocéen Nice Quitter, retrouver : le dur chemin d'un monde à l'autre Pour leur première escale à Nice, les Rencontres d'Averroès proposent un programme foisonnant. D'abord, la projection du documentaire « La Traversée » en présence de sa réalisatrice, Elisabeth Leuvrey ; puis une rencontre avec l'écrivain marocain Abdellah Taïa qui, lui-même, a souhaité conclure cette soirée avec le film d'André Téchiné, « Loin ». Si le film d'Elisabeth Leuvrey se déroule entièrement en mer, sur un bateau qui fait la ligne Marseille-Alger [voir ci-contre], « Loin » raconte le destin de trois personnages « en souffrance » à Tanger. Le romancier Abdellah Taïa explique ici pourquoi il se reconnait dans l'univers d'André Téchiné. Vous aimez les films de ce cinéaste ? Oui. Profondément. Son univers, où le romanesque et les mouvements de liberté sont à chaque fois au rendez-vous, me parle, me rappelle mon propre itinéraire, dans la vie, vers Paris et le cinéma. Depuis que j’ai découvert Hôtel des Amériques à l’âge de 14 ans dans une salle de cinéma populaire à Salé, ma ville au Maroc, je me sens parfois comme un des personnages de ses films, entre deux mondes, face à un choix, suspendu, perpétuellement amoureux. Loin fait de nouveau revivre tous ces thèmes, mais l’histoire se déroule cette fois-ci au Maroc. À Tanger, la ville-littérature par excellence de ce pays, la ville des trafics et des trahisons où je suis allé pour la première fois de ma vie en vacances avec mon grand frère dont j’étais amoureux. Loin me donne l’impression d’avoir été réalisé spécialement pour moi, spectateur, écrivain. Il fait traverser à Téchiné les frontières du Sud et ce mouvement sincère et loin des clichés vers nous, vers moi, m’émeut à chaque fois que je revois ce film. que le cinéma d’André Téchiné a toujours accordé une grande place à cette question essentielle. Ses héros partent, quittent, abandonnent… Je les ai toujours suivis. Mieux : dans ce chemin vers un autre monde, j’ai prié pour eux. ABDELLAH TAÏA, né à Salé [Maroc], en 1973, a grandi dans un quartier populaire entre Salé et Rabat. Son père est employé dans une bibliothèque, mais sa mère ne sait ni lire ni écrire. Abdellah Taïa revendique clairement son homosexualité qui, dans son pays, est passible de prison. Il vit en France depuis 1999 et écrit en français. Il a publié trois livres d’inspiration très autobiographique : L’Armée du salut [Seuil, 2006], Le Rouge du tarbouche [Séguier, 2005], et Mon Maroc [avec René de Ceccaty, Séguier, 2000]. Vous avez spontanément proposé ce film pour cette soirée. Pourquoi ? Parce qu’il parle de fuite et parce qu’il raconte de façon sensible et juste la rencontre de deux mondes. La liberté est au cœur de ce film : celle des personnages bien sûr et celle du réalisateur qui trouve avec ce film un nouveau souffle. S’éloigner, c’est se voir mieux, sans complaisance. S’éloigner, c’est réapprendre à respirer. Les personnages de Loin ne font que ça : réinventer leur rapport au monde, aux autres, à la terre. Liberté intime, liberté politique… Pour un artiste, est-ce un tout ? J’écris ce que je veux. La littérature me permet d’oublier la peur qui hante quotidiennement mon esprit. Apprendre à construire des phrases est ma liberté ultime. Il est hors de question de m’autocensurer. J’écris pour dire mon monde, celui de Salé, ville des corsaires et des fous, celui de Hay Salam, le quartier où j’ai grandi. Je voudrais porter à la connaissance des autres les histoires qui m’habitent. Oui, tout dire, tout révéler. Oser crier son intimité parce que c’est là où se loge la vérité, dans ce rapport précieux et unique de soi à soi. Imposer à la société sa vision, sa sexualité et, surtout, sa singularité. La politique officielle, les tabous, les règles, tout cela n’existe plus pour moi. Entrer dans les mots et les images, c’est oublier la surface du monde et rendre compte des abîmes de l’âme confrontée à la réalité. Il me semble © Denis Dailleux Mercredi 25 octobre Nice - Cinémathèque • 18 h - « La Traversée » Documentaire d'Elisabeth Leuvrey, projection en présence de la réalisatrice [France, 2005, 55’]. • 19 h 30 - Rencontre avec Abdellah Taïa, pour L'Armée du salut [éditions du Seuil, mars 2006], suivie de la projection de « Loin » Film d'André Téchiné. Soirée présentée par Yannick Geffroy, directeur du Département Art, Communication, Langages de l'Université Nice-Sophia Antipolis et Thierry Fabre, concepteur des Rencontres d'Averroès. 3 La Garde Marseille La Fiancée syrienne : Sherko Fatah : Guillermo del Toro quand Ubu zones de frontières, face à « la bête s’invite à la noce peuples en souffrance immonde » José Manuel Fajardo : une fantasque quête d’universel et de liberté « Chaque cinéaste nourrit l’espoir que son film apportera un peu plus de tolérance. C’est dans cet espoir que j’ai réalisé La Fiancée syrienne, en m’inspirant de l’amour. L’amour de la liberté et de l’esprit de liberté. L’amour des femmes qui se battent pour préserver leur place dans le monde. L’amour des gens qui continuent de rêver et d’espérer » dit l’Israélien Eran Riklis. Pour son scénario, il est parti d’une situation bien réelle, celle des territoires du Golan qui appartenaient jadis à la Syrie et qu’Israël occupe depuis 1967. Sur ce plateau prospère, les populations autochtones, Druzes pour la plupart, sont coupées de leur ancienne patrie par une ligne de démarcation étanche. Si quelques personnes sont autorisées à passer, c’est après un parcours administratif kafkaien, et sous escorte du Comité International de la Croix Rouge ! Et il leur est alors définitivement interdit de revenir. Le plus souvent, c’est pour des pèlerinages ou pour des mariages que la porte s’entrouvre... 3 ou 4 fois l’an ! C’est un tel mariage que raconte le film. Mona, une jeune Druze du Golan, va convoler avec un présentateur de la télévision syrienne, et malgré les divergences d’opinion et les exils divers, toute sa famille a tenu à se réunir pour ces insolites épousailles. Tous l’accompagnent jusqu’au no man’s land au bout duquel attend le marié. Mais, patatras ! En raison d’un « bug » administratif, Mona n’est pas autorisée à passer. Ce film tout en nuances et formidablement interprété rejette toute allégeance envers un quelconque drapeau. Il a obtenu de nombreux prix, notamment aux Festivals de Montréal, Locarno et Bastia. José Manuel Fajardo est journaliste et écrivain. Né en Andalousie en 1957, il vit entre les Asturies et Paris, après avoir vécu au Pays Basque espagnol. Ses romans, gourmands, ludiques et vifs, mêlent souvent plusieurs récits en un, et sont à l’image de cet homme épris de liberté, fils d’un résistant communiste espagnol. Les Démons à ma porte raconte ainsi la prise en otage, au Pays Basque, d’un journaliste séquestré par l’ETA. Enfermé dans une cave étouffante, éclairée en permanence par une ampoule, cet homme est autant torturé par la peur, la déchéance et le désespoir, que par le passé qui resurgit, fait d’amours, de trahisons, et de désillusions. Les Imposteurs, son précédent livre, s’amusait à recréer un roman de flibuste, en décrivant les errances, au XVIIe siècle, d’un mystérieux aventurier anglais et d’un jeune Juif converti cachant ses origines. Poussés par la mystification, ils iront aux limites de la liberté et de l’amitié… Mais c’est peut-être avec L’Eau à la bouche que Fajardo dévoile le plus de lui-même. Omar, espagnol, désormais cuisinier dans un cabaret à Paris, remonte ses souvenirs : son enfance dans les Asturies, les séjours en prison de son père communiste, le Mexique, la plateforme pétrolière où il a appris à cuisiner... Tout en préparant les plats à sa clientèle venue du monde entier, il évoque sa conception de la vie dont la gastronomie est la métaphore. Il évoque aussi l’amour aigre-doux qu’il porte à Marina, une Roumaine dont le père fut persécuté par Ceaucescu, chanteuse et danseuse dans le même cabaret que lui. Les livres de José Manuel Fajardo sont parus chez Flammarion et Métailié, et sont traduits par Claude Bleton. Dimanche 29 octobre, 18 h 30 La Garde - Cinéma le Rocher • Rencontre avec l'écrivain kurde-allemand Sherko Fatah, pour En zone frontalière [Métailié, 2004] & Petit oncle [Métailié, 2006], animée par Pascal Jourdana. En collaboration avec la librairie Gaïa [Toulon] • « La Fiancée syrienne » Film d'Eran Riklis avec Hiam Abbas, Makram Khoury & Clara Khoury [Israël, 2005, VOST, 1 h 36], projection suivie d'un débat avec Thierry Fabre et un membre du Comité International de la Croix Rouge [sous réserve]. © Daniel Mordzinski Sherko Fatah, né en 1964 à Berlin-Est, de père kurde et de mère allemande, n’a cessé de retourner en Irak pour comprendre et témoigner. Ses livres témoignent de son intérêt pour le nord de l’Irak, à la limite de la Turquie et de l’Iran. Le premier, En zone frontalière [Métailié, 2004], prend les apparences d’une fable intemporelle où passeurs et marchands réparent avec des moyens de fortune de menus objets, trafiquent tant qu’ils peuvent, risquent leur vie à franchir les lignes truffées de mines coupant en deux un territoire pourtant commun. L’histoire s’attache à un homme, mû à la fois par la peur et sa hardiesse, qui recherche son fils adolescent parti dans la clandestinité avec un groupe d’extrémistes islamistes. Ce voyage reconstruira sa propre vie... Le second récit de Sherko Fatah, Petit Oncle [Métailié, 2006], est placé encore plus franchement sous le signe de la violence. Le narrateur, Michael, fait la connaissance d’un vieil homme absolument muet, Petit Oncle, originaire du nord de l’Irak. Le roman décrit d’abord le monde impitoyable des clandestins qui vivent en perpétuelle insécurité en marge de Berlin, puis suit l’itinéraire de Michael en Irak. Remontant aux sources du silence de Petit Oncle, il ira jusqu’à s’enterrer dans le trou même où celui-ci s’était naguère réfugié pour échapper aux sbires de Saddam Hussein. Privations, peurs, humiliations, cruautés sont rendues par une écriture sèche et distanciée, fascinante par la disparition même de toute émotion. Les livres de Sherko Fatah sont traduits par Olivier Mannoni. Espagne 1944. La guerre civile s’est soldée, cinq ans plus tôt, par la victoire des franquistes. Carmen, une veuve récemment remariée au très autoritaire capitaine Vidal vient rejoindre son mari dans un poste isolé de Navarre en compagnie de sa fille, Ofelia, âgée d’une quinzaine d’années. Vidal a pour mission de réduire les ultimes poches de résistance, mais il ne se doute pas que les Républicains bénéficient de complicités à l’intérieur même de sa garnison. Dans ce climat tendu, Ofelia trouve refuge dans un mystérieux labyrinthe peuplé de créatures fantasmagoriques. Tandis que l’affrontement entre résistants et franquistes se prépare, Ofelia poursuit ses rituels magiques… Après L’Échine du diable, c’est la deuxième fois que Guillermo del Toro aborde la période franquiste. Le cinéaste s’en explique ainsi : « Le Labyrinthe de Pan traite du fascisme, de son essence même. Pas de manière directe, mais plutôt de façon transversale. Parce que j’aime bien donner à réfléchir. A mes yeux, le fascisme est une représentation de l’horreur ultime, et c’est, en ce sens, un concept idéal pour raconter un conte de fées destiné aux adultes... C’est d’ailleurs pour cette raison que le véritable monstre du film est le capitaine Vidal, incarné par Sergi Lopez. Un monstre bien réel comparé à ceux qui évoluent dans le labyrinthe ! ». Le film, qui juxtapose audacieusement réalisme et fantastique, figurait en sélection officielle à Cannes 2006. Il est présenté en avant-première à l’occasion des Rencontres. © Daniel Mordzinski Lundi 30 octobre, 20 h 30 Marseille - Cinéma Les Variétés • Rencontre avec José Manuel Fajardo, pour L’Eau à la bouche [éditions Métailié, août 2006], animée par Pascal Jourdana. En collaboration avec la librairie Prado Paradis. • Avant-première « Le Labyrinthe de Pan » Film de Guillermo del Toro [Espagne, 2006, VOST, 1 h 52] avec Sergi Lopez, Ariadna Gil & Ivana Baquero. Projection suivie d’un débat. 4 – SOUS LE SIGNE D’AVERROÈS Fouad Laroui : face au Maroc, un trublion érudit et implacable Avignon Les emmurés de Tazmamart En ce 10 juillet 1971, Hassan II du Maroc donne une réception. Soudain des cadets amenés sur les lieux par la haute hiérarchie militaire reçoivent ordre de tirer sur l’assistance ! C’est le carnage. Le roi n’échappe à la mort qu’en se réfugiant pendant plusieurs heures dans les toilettes. Les putschistes vont être rapidement jugés et exécutés. Mais le tribunal reconnaît qu’un certain nombre de jeunes officiers se sont trouvé mêlés au complot de façon involontaire et ne les condamne qu’à des peines de prison relativement légères. Ivre de vengeance, le roi les fait alors enlever pour les mettre au secret dans un lieu dont il niera longtemps l’existence. Cinquante-huit hommes se retrouvent ainsi, totalement isolés, dans des cellules de trois mètres sur deux, avec 17 petits trous d’aération pour unique source de lumière et un cloaque bouché en guise de toilettes. Cette réclusion inhumaine dure 18 ans, jusqu’à ce qu’en septembre 1991, sous la pression internationale, le roi accepte qu’on ouvre cet enfer. Seuls 28 détenus sont encore en vie. Les autres, frappés de démence ou de maladie, gisent enterrés dans la cour de Tazmamart. Un des rescapés, Ahmed Marzouki, a publié son témoignage en 2001 sous le titre Tazmamart, cellule 10. On le retrouve, avec quatre de ses compagnons d’infortune, dans le documentaire de Davy Zylberfajn qu’Utopia projette à l’occasion des Rencontres. Le réalisateur a eu la bonne idée de filmer leur parole loin de Tazmamart, dans des espaces domestiques chaleureux ou, plus fréquemment encore, à l’air libre, dans des paysages ruisselants de lumière et de sérénité. Par contraste, leur réclusion passée n’en apparaît que plus terrible. Comment un être humain peut-il survivre dans pareil enfer ? Ces cinq-là, qui furent emmurés vivants, connaissent la réponse. Pour combattre les pesanteurs de la société marocaine tout comme les pires situations de cruauté ou de fanatisme, Fouad Laroui a choisi l’humour et la dérision plutôt que le discours politique. Né à Oujda en 1958, il a onze ans quand son père disparaît dans les geôles de Hassan II. « Je suis la dernière personne à l’avoir vu. C’était le 17 avril 1969. Il est sorti de la maison pour aller acheter le journal, et nous ne l’avons plus revu. » Passé par les grandes écoles françaises [Mines, Ponts et Chaussées], il devient ingénieur. En 1989, il quitte une carrière toute tracée et part pour l’Europe. Fouad Laroui publie son premier roman Les Dents du topographe en 1996 [Julliard], la chronique d’un jeune marocain refusant l’ordre établi et n’éprouvant pour la « patrie » que détachement. Suivent plusieurs livres, dont Méfiez-vous des parachutistes [Julliard, 1999], description comique de la société marocaine par deux personnages cocasses, ou Tu n’as rien compris Hassan II [Julliard, 2004], un recueil de nouvelles qui résume à merveille son regard sur l’humanité. Son dernier ouvrage, De l’islamisme [Laffont, oct. 2006] révèle un essayiste brillant et combatif. Cette fois, la souplesse et l’invention de son style sont mises au service d’une réfutation du discours intégriste, pour montrer que Le Coran n’est pas l’ennemi de la pensée, ni de la joie, ni de la curiosité ! Universitaire brillant, Marocain d’origine, Français de cœur, Néerlandais de fait, Fouad Laroui met en avant dans tous ses livres ces trois valeurs que sont l’identité, la tolérance, le respect de l’individu, « parce qu’elles sont malmenées ou mal comprises dans nos pays du Maghreb et peut-être aussi ailleurs en Afrique et dans les pays arabes. » Fouad Laroui avait été l’invité des 6èmes Rencontres d’Averroès en novembre 1999 « Questions d’identité[s] ». © P. Provily / Opale Dimanche 5 novembre, 14 h Avignon - Cinéma Utopia • Rencontre avec Fouad Laroui, pour De l’islamisme [Laffont, octobre 2006], animée par Nathalie Esperandieu. En collaboration avec la librairie La Mémoire du Monde. • « Vivre à Tazmamart » Documentaire de Davy Zylberfajn [France, 2004, 72’], projection en présence du réalisateur. Aix-en-Provence Deux femmes dans l’Algérie des années noires L’escale aixoise « Sous le signe d’Averroès » sera cette année dédiée à l’Algérie, cette Algérie des années 90, ensanglantée par une guerre fratricide, d’une violence aveugle, muette et sans images. Il n’est donc pas étonnant que la réalisatrice Djamila Sahraoui, qui s’était jusqu’ici illustrée dans le documentaire, ait eu recours à la fiction pour évoquer cette période noire. Barakat ! est un road movie qui réunit deux femmes : Amel, une jeune urgentiste dont le mari a été enlevé [Rachida Brakni], et Khadidja, une infirmière de son service, quinquagénaire gouailleuse qui a jadis participé à la guerre d’indépendance [Fettouma Bouamari]. Ensemble, elles vont se lancer dans une périlleuse recherche du disparu. « Depuis l’enfance, j’ai une grande admiration pour les femmes comme Khadidja, les « héroïnes de la Libération », dit la réalisatrice. Mais il m’intéressait de montrer que, malgré la différence de génération, Amel et elle réagissent de la même manière dans l’adversité. Elles avancent. Sans s’apitoyer sur elles-mêmes ! ». Leur odyssée à travers un pays au bord du chaos montre, au-delà du conflit lui-même, la dureté des rapports entre les hommes et les femmes. « Je suis convaincue que la violence des années 90 est en partie liée à la violence des rapports sociaux, en particulier celle que la société exerce sur les femmes. Il faudra qu’un jour, les hommes prennent conscience du tort qu’ils se font à eux-mêmes en se privant d’une moitié de la population », explique Djamila Sahraoui. Barakat ! - qui signifie « ça suffit ! » - est une prise de position contre la violence, mais aussi contre l’amnésie. « Il y a un travail de justice et de mémoire à faire, insiste la réalisatrice. Ce n’est qu’après avoir raconté le passé, et jugé les coupables, qu’on pourra passer à autre chose. » Lundi 6 novembre, 20 h 30 Aix-en-Provence - Cinéma Le Mazarin « Barakat ! » Film de Djamila Sahraoui avec Rachida Brakni & Fettouma Bouamari [France, 2006, VOST, 1 h 34], projection en présence de la réalisatrice. 5 Alloula ou la science du verbe Salon Marseille Quand Chahine célèbre Averroès Le Liban entre déchirements, espoirs et bombes C’est la première fois que Salon se place « Sous le signe d’Averroès ». Une projection du Destin, fresque trépidante et colorée sur la vie du philosophe andalou, allait donc de soi ! Averroès, ou plutôt Ibn Rochd, est l’incarnation parfaite de l’Islam éclairé. Né à Cordoue en 1126, au moment où la civilisation araboandalouse atteint son plein éclat, il est médecin, juriste et surtout philosophe, conciliant la métaphysique d’Aristote avec le monothéisme et défendant la nécessaire interaction de la Raison et de la Révélation. Cette idée, d’une grande audace pour l’époque, exerce une influence majeure sur les pensées juive et chrétienne tout au long du Moyen Age. Est-il besoin de préciser que les obscurantistes de son temps s’acharnent contre lui ? Et qu’ils obtiennent du calife et son exil et la mise au bûcher de ses ouvrages ? L’histoire, hélas, a de fréquents bégaiements. Aujourd’hui, les obscurantistes sont de retour et quand, en 1996, l’Egyptien Youssef Chahine annonce qu’il prépare un film sur Averroès, personne ne s’y trompe : les intégristes ont obtenu l’interdiction de son film précédent, L’Émigré, et le cinéaste entend bien leur river le bec avec ce Destin, qu’il conçoit comme un grand film populaire. Il donne à Cordoue des rutilances hollywoodiennes, il fait d’Averroès un sage érudit mais aussi un bon vivant. Il accorde à la danse, à la poésie et aux femmes une place capitale. Il lorgne du côté du western et de Dumas. Il fustige l’inextinguible soif de pouvoir qui se cache sous le rigorisme religieux et lance son message : « La pensée a des ailes. Et nul ne peut arrêter son envol. » A la veille des tables rondes, les Rencontres ont voulu consacrer une grande soirée au Liban. Avec des films qui portent témoignage sur les évènements récents et disent, de l’intérieur, la violence du traumatisme. Et en présence de la romancière et poétesse Hyam Yared. Mardi 7 novembre, 17 h 30 Salon - Auditorium de l’Atrium • « Le Destin » Film de Youssef Chahine [Egypte, 1997, 2 h 15]. Projection suivie d’un débat. En raison de leur thématique 2006, centrée autour de la liberté, et leur détermination à penser, obstinément, la Méditerranée des deux rives, les Rencontres ont décidé de consacrer au Liban la dernière soirée « cinéma et littérature », celle qui, traditionnellement, précède l’ouverture des tables rondes. Contrairement à l’habitude, on n’y présentera pas un long-métrage, mais plusieurs films courts, qui témoignent tous, avec des sensibilités différentes, de la nouvelle donne libanaise. Le plus long de ces films, un « 26 minutes » intitulé « Printemps de Beyrouth, mythe ou réalité ? », est signé par Robert Eid, un jeune réalisateur libanais, par ailleurs chercheur en sociologie de l’image. Tourné, comme son titre l’indique, pendant le Printemps de Beyrouth, c’est-à-dire au moment où, en février 2005, dans un mouvement spontané, et par delà les barrières confessionnelles, des milliers de jeunes Libanais sont descendus dans la rue pour réclamer la vérité sur l’assassinat de Rafik Hariri. Le film lit ces événements porteurs d’espoir à la lumière des questions cruciales qui hantent le Liban depuis 30 ans - fragmentation identitaire, coexistence islamo-chrétienne - et souligne que sans une douloureuse mais nécessaire remise à plat des années de guerre civile, le pays ne pourra véritablement se reconstruire. Les autres films du programme ont tous été réalisés « à chaud », pendant ou juste après les bombardements israéliens de l’été. Deux de ces courts-métrages, « Open your eyes » et « Chère N. », sont signés par deux jeunes plasticiennes libanaises, Samar Kekdy et Chantal Bartamian. Ils sont forts et émouvants. Très courts - entre une et trois minutes - les derniers films du programme sont le résultat de l’appel du collectif Cinéastes Solidaires lancé à Paris, le 22 juillet, lors de la dernière Biennale des Cinémas arabes. Il s’agissait alors d’aider, de soutenir et de diffuser, des films-témoignages réalisés sur ou pendant l’attaque israélienne. Cette initiative a donné naissance au portail « cinesoumoud.net » [soumoud voulant dire en arabe, tenir bon]. Quelques-uns de ces « cinesoumoud » ont été présentés au Sénat, puis au Festival de Lussas. On pourra les voir à Marseille pour la première fois. En alternance avec toutes ces images d’actualité, la romancière et poétesse Hyam Yared évoquera son univers. Son premier roman « L’Armoire des ombres », qui vient de paraître chez Sabine Wespieser, s’inscrit dans la lignée des récits surréalistes. Elle y capte la cocasserie, l’étrangeté du quotidien tout en livrant une vision du monde subversive et violente qui dit toute sa révolte devant une société cadenassée par le poids des traditions, et où toute tentative d’émancipation se paie au prix fort. Faite de tous ces éléments divers, mais complémentaires, cette soirée libanaise s’annonce comme un prélude essentiel aux débats d’Averroès 2006. On mesure mal en France le tragique symbole que fut l’assassinat d’Abdelkader Alloula par les islamistes en 1994. Auteur, acteur et metteur en scène de théâtre, l’homme possédait un truculent sens du verbe, une drôlerie dévastatrice, un art de l’émotion qui lui avaient valu une immense popularité. De la culture populaire, il gardait la vivacité malicieuse, l’esprit frondeur, les codes de langages, l’éventail des gestes et des sonorités. Au théâtre contemporain, il empruntait la variété et la complexité des formes. Sans jamais cesser d’être à l’écoute de la société algérienne. En vertu de quoi, les obscurantistes ont jugé indispensable de le faire taire ! Il est heureux qu’en cet automne, parole lui soit doublement rendue. Le premier spectacle, coproduit par El Gosto Théâtre d’Alger et Système Friche Théâtre de Marseille, a pour titre El Machina [Le Train]. Il est présenté, en français, à partir du 9 novembre au Théâtre de La Criée avant de faire six escales en PACA puis un retour à Marseille, programmé par le théâtre Massalia à la Friche, où il sera joué en arabe. Adaptée d’un extrait de la trilogie « Les Généreux », la pièce est mise en scène par Ziani Chérif Ayad, ancien directeur du Théâtre National d’Alger, qui, à travers ce projet « trans-rives », veut redonner son lustre à un théâtre algérien réduit à néant pendant les années noires. Cette période qui jeta tant de gens sur les routes est justement au cœur d’El Machina, le train qui emmène une fillette atteinte d’une maladie incurable en vacances chez son oncle, et dans lequel elle écoute les histoires des petites gens. Les petites gens, on les retrouve aussi dans la lecture théâtralisée d’El Khobza [Le Pain] que donne Jean-Claude Nieto et ses comédiens à Vitrolles le 3 novembre. Cette fois, nous sommes dans les années 70 et Si Ali, mari d’Aïcha et écrivain public, a une révélation : il doit écrire un livre qui changera le monde ! Et c’est ainsi que le brave homme va devenir le porte-parole de personnages drôles et pathétiques qui peuplent sa ville natale. Avec Alloula, on est bien au cœur de la « méditerranéité » ! • « El Khobza » Vendredi 3 novembre, 18 h 30 Vitrolles - Bibliothèque George Sand lecture théâtralisée [en français & arabe], dans le cadre du projet « Théâtre des langues » mené par Jean-Claude Nieto. Jeudi 9 novembre, 20 h 30 Marseille - Cinéma Les Variétés • Rencontre avec Hyam Yared pour L’Armoire des ombres [Sabine Wespieser, octobre 2006], animée par Thierry Fabre. En collaboration avec la librairie L’Histoire de l’œil • Projection de films courts dont « Le Printemps de Beyrouth, mythe ou réalité ? » de Robert Eid [Liban, février 2005, 26’], « Open your eyes », « Chère N. » et les films du collectif Cinésoumoud. Projection suivie d’un débat, en présence de Joseph Bahout, politologue et intervenant à la 3ème table ronde. • « El Machina » 9 au 16 novembre à Marseille au Théâtre National de Marseille La Criée [en français] 18 & 19 novembre au Forum culturel Prévert de Carros [en français & arabe] 22 au 25 novembre au Sémaphore de Port-de-Bouc [en français & arabe] 29 novembre au 1er décembre au Théâtre de Grasse [en français] 8 au 10 décembre à la Friche La Belle de Mai, Marseille [en arabe] 12 & 13 décembre au Vélothéâtre d’Apt [en français & arabe]. 6 – SOUS LE SIGNE D’AVERROÈS Martigues L’Espagne entre passé et éternité Il y a 70 ans, éclatait la guerre civile espagnole. L’écrivain Rafael Chirbes et l’historien Emile Temime viendront rappeler à quel point cet événement imprègne, aujourd’hui encore, les esprits. Avant que le chanteur flamenco Miguel Poveda ne fasse entendre son sublime « cante jondo ». Pendant le mois de novembre, par toute une série de manifestations, la ville de Martigues se penche sur la guerre civile espagnole et ses conséquences qui restent encore vives soixante-dix ans plus tard. Les Rencontres d’Averroès ont souhaité s’inscrire dans ce mouvement à travers une soirée au Théâtre des Salins. Soirée en deux temps, puisqu’elle commencera par une rencontre avec l’écrivain Rafael Chirbes et l’historien Emile Temime et se poursuivra par un concert de Miguel Poveda. Il n’est guère besoin de présenter Emile Temime dans la région, directeur du groupe d’histoire des migrations à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales, c’est aussi un grand spécialiste de l’histoire espagnole contemporaine. Il a publié de nombreux ouvrages sur le sujet dont le dernier en date, 1936, la guerre d’Espagne commence [Complexe, col. Histoire, nouvelle édition 2006], en plus d’être une analyse minutieuse des événements, rassemble un ensemble de récits épiques ou terribles qui ont marqué la conscience populaire de ce pays jusqu’à nos jours. Rafael Chirbes : un passé sombre et obsédant © John Foley / Opale Tous les romans de Rafael Chirbes traitent du franquisme. Non, les romans de Rafael Chirbes ne parlent que de lui. Ces deux propositions sont exactes. Car de La Belle Écriture à La Longue Marche, de La Longue Marche à Tableaux de chasse, c’est bien d’abord d’un portrait d’une sale période qu’il s’agit, des années quarante au 19 novembre 1975, le jour où le dictateur Franco meurt au terme d’une très longue agonie, point de départ de La Chute de Madrid. Et c’est bien pour une sorte de bilan, au-delà des désillusions, que deux hommes [Les Vieux Amis, son dernier livre] se retrouvent un soir pour tenter de renouer un lien ténu et fragile, trente ans après leur lutte au coude à coude contre la dictature franquiste. Pourtant Rafael Chirbes refuse de se laisser enfermer dans la posture de l’écrivain « de la guerre civile ou du franquisme », d’être le représentant de la « génération de la transition ». Il affirme au contraire n’écrire que sur lui, à travers sa classe d’âge... Ses livres convoquent ainsi de multiples personnages qui sont autant de points de vue d’une période pleine de cruautés, de trahisons et de mensonges, mais c’est avant tout envers lui-même que s’adresse l’auteur. Et si Rafael Chirbes revient sans cesse sur les thèmes de l’amitié, du temps qui passe, des illusions perdues, de l’amour, de l’argent et de l’écriture, c’est avant tout parce que chacun de ces points réveille une blessure intime en lui... Qu’il affronte sans aucune complaisance. Rafael Chirbes est né à Tabernes de Valldigna, dans la province de Valence, en 1949. Après des études d’histoire à Madrid, il se tourne vers le journalisme et la critique littéraire. Ses romans sont traduits en de nombreuses langues, et il est considéré aujourd’hui comme l’un des auteurs les plus importants d’Espagne. Tous les livres de Rafael Chirbes sont publiés chez Rivages. Si la rencontre interroge un moment essentiel de l’histoire du pays, le concert, lui, met merveilleusement en lumière l’âme profonde de l’Espagne. Le cante jondo de Miguel Poveda © Jérome Congny Marseille Le trio Joubran la musique et la Palestine au cœur Il n’est ni andalou, ni gitan, et pourtant Miguel Poveda est un des plus grands « cantaores » de sa génération. S’il ne dédaigne pas les rythmes les plus festifs du flamenco, tangos ou bulerias, c’est vraiment dans le « cante jondo », le « chant profond », qu’il est le plus saisissant, à la fois respectueux de la tradition, et pourtant apte à imprimer sa marque propre. Sa marque, c’est d’abord sa voix, qui surprend par sa limpidité tragique. Car les cantaores qui se mesurent au soleil noir du cante jondo ont habituellement des voix rauques, écorchées, des voix « gitanes ». C’est notamment le cas de son ami Duquende, avec qui il se produit souvent. Miguel Poveda, lui, a un chant plein et délié. Mais il n’en exprime pas moins l’intensité des émotions, une âpre et douloureuse beauté qui vient du plus profond de l’être. Il s’en explique ainsi : « Ma manière de m’approcher de la musique est totalement spirituelle ; pas religieuse, du moins pas uniquement religieuse. Car mes chansons parlent d’amour fort, de femmes, mais je les interprète dans une démarche profondément spirituelle. » Il dit aussi : « Comme pour toutes les musiques, il est primordial de pouvoir exprimer ses sentiments du dedans, de tout se dire, même les choses les plus intimes. Et le flamenco est cette expérience la plus intense, c’est se donner, c’est un miracle. » Ce miracle, il l’a tété au lait de l’enfance : « J’ai rencontré le flamenco dans ma propre maison, explique-t-il encore. Ma famille le chantait tout le temps et partout. Dans mon quartier, dans les penas près du port de Barcelone. » C’est ce flamenco amené dans la capitale catalane par les migrants de Cadix ou de Séville, mais ouvert sur le monde qu’il livre corps et âme à chacun de ses concerts. A Martigues, il sera accompagné par son guitariste attitré, Juan Gomez « Chicuelo », qui suit sa passion tragique jusque dans ses silences. Leur duende devrait amener l’auditoire au bout de la nuit. Mardi 7 novembre Martigues - Théâtre des Salins Scène nationale • 18 h 30, [salle Au bout de la nuit] Rencontre avec Rafael Chirbes & Emile Temime, coanimée par Thierry Fabre & Pascal Jourdana • 20 h 30 - Concert de Miguel Poveda [flamenco, cante] En partenariat avec le Théâtre des Salins, la librairie L’Alinéa & la Médiathèque Louis Aragon. « Nous avons deux combats à mener. L’un pour notre carrière et l’autre pour la paix en Palestine, la fin de l’occupation. » déclarait lors d’un concert à Paris, Samir Joubran. Formé au conservatoire de Nazareth puis au Conservatoire Mohamed Abdel Wahab du Caire, le musicien est venu en France une première fois en 1996 ; il accompagnait alors le poète Mahmoud Darwich pour le Printemps de la Palestine. Il s’y est depuis installé - sa maison de Ramallah a été détruite par un bombardement en août 2002 - et a fondé en 2004 un trio de ouds avec ses deux frères, Wissam, 23 ans et Adnan, 21 ans. A son répertoire, des classiques de la musique arabe, de la musique traditionnelle, des improvisations savantes, des compositions. Depuis sa création, le trio rencontre partout un succès retentissant, et fait salle comble chaque fois. La complicité des trois frères, leur communion musicale touchent inexorablement l’auditoire. Une histoire de rigueur, de beauté de sincérité et de charisme… On pourra découvrir leur quotidien de musiciens et de Palestiniens, leur environnement, la forte personnalité artistique du père, lui-même musicien et facteur d’instruments, grâce à un documentaire de Read Andoni, qui sera projeté le 24 octobre. Mais l’événement reste, bien sûr, le concert que le Trio Joubran donnera le 10 novembre à Marseille. Sa présence aux Rencontres d’Averroes 2006, centrées sur le thème des libertés publiques, relève d’une grande évidence politique et artistique. Précédant ce concert, une intervention musicale et chorégraphique sera comme un cri porté contre la haine : le compositeur libanais Zad Moultaka a conçu, en hommage au grand intellectuel libanais assassiné en juin 2005, Samir Kassir, une pièce mêlant électroacoustique [une bande-son] aux pas d’une danseuse de flamenco, Yalda Younes. La danseuse devient l’icône vibrante de l’âme humaine, confrontée aux éclats d’obus, aux clameurs et aux explosions des bombardements... Cette pièce, qui dure 9 minutes, nous transporte dans un univers intérieur et profond, une secousse de mémoire et de conscience. © Jules Geai Mardi 24 octobre, 17 h Marseille - Bibliothèque de Marseille à Vocation Régionale - Alcazar [salle de conférence] • « Samir et ses frères » Documentaire de Raed Andoni [France-Palestine, 2005, 55 min]. • Conférence sur le oud par Sami Sadak [ethnomusicologue] En partenariat avec Arte & la BMVR L’Alcazar. Vendredi 10 novembre, 20 h 30 Marseille - Auditorium du Parc Chanot • Concert du Trio Joubran [oud, Palestine] • Ière partie - « Non, en hommage à Samir Kassir » création musicale de Zad Moultaka avec Yalda Younes. Une proposition Espaceculture, en partenariat avec Art moderne, et le soutien de la SACEM. 7 Trois tables rondes IÈRE TABLE RONDE La liberté, la peur et les enfants gâtés Concepteur des Rencontres d’Averroès, Thierry Fabre a proposé comme thème de l’édition 2006 « Liberté, libertés entre Europe et Méditerranée ». Il s’en explique ici. Dans un très beau texte à paraître dans le prochain numéro de La pensée de midi, la romancière libanaise Najwa Barakat écrit : « Il y a les mots auxquels je ne fais plus confiance. Des mots-phares qui furent longtemps mon pain quotidien, ma boussole et ma substance, se vident de leur sens, mutent, se désagrègent. J’entends le mot « Liberté », et j’ai comme l’impression de percevoir un son creux. » Que pensez-vous de cette affirmation ? - Que la sensibilité des écrivains et des artistes leur donne décidément une étonnante pertinence ! Najwa Barakat exprime magnifiquement ce qui m’a conduit à choisir ce thème pour les Rencontres d’Averroès 2006. On se rengorge si souvent avec la liberté, on utilise tellement ce terme à tort et à travers qu’il semble parfois vidé de sens. Pensez à Bush et à son opération « Liberté immuable » ! Et pourtant, le mot reste indispensable. Mais n’avez-vous pas le sentiment qu’en Europe, il fait désormais essentiellement référence aux libertés individuelles ? - Que signifie la liberté sans les libertés collectives ? Les Européens sont des enfants gâtés qui ne connaissent plus le prix de la liberté, ni ce que signifie d’avoir à se battre pour elle, parce qu’ils n’ont pas vécu la guerre et l’oppression depuis 50 ans. lui fait oublier les grands principes, chez elle - il n’y a qu’à voir les dispositions anti-terroristes qu’a pris l’Angleterre, le pays de l’Habeas corpus ! - et encore plus à l’égard des nations qui risquent de « basculer ». Elle préfère soutenir les régimes autoritaires qui se présentent comme des remparts contre l’islamisme plutôt que les « passeurs de liberté » de ces pays. L’autre rive de la Méditerranée n’est-elle pas dans la situation exactement inverse ? - Oui, pendant que certains, en Europe ou en Amérique, dévoient le concept de liberté pour tenir un dangereux discours de croisade, de vrais démocrates le défendent pied à pied dans plusieurs pays de la Méditerranée. Or, nous laissons tomber ces acteurs réels de la liberté comme de vieilles chaussettes. La Ligue tunisienne des Droits de l’Homme, par exemple, est totalement étranglée sans que quiconque ne s’en émeuve en Europe. Cette opposition est souvent très minoritaire. Pourquoi l’idéal démocratique ne « parle »-t-il pas davantage aux pays de la rive sud ? - Le débat est piégé depuis le XVIIIe siècle. L’Europe a produit les Lumières et, presque simultanément, le système colonial. Pendant qu’elle luttait ardemment pour l’instauration des principes démocratiques chez elle, elle les déniait, parfois sauvagement, à l’extérieur. Ce double discours, qui continue, a eu, et a toujours, de terribles effets. Les nationalismes qui ont conduit aux indépendances ont forcément remis en cause ces valeurs, même si, dans le même temps, ils s’en sont partiellement inspirés. De part et d’autre, il y a donc des ambiguïtés à lever, des clarifications à opérer. Les débats de ces 13e Rencontres d’Averroès pourront, je l’espère, y contribuer. Pour ma part, je me refuse à imaginer que le futur de la Méditerranée se borne à des poussées islamistes et des régimes autoritaires d’un côté, et des régimes frileusement sécuritaires de l’autre. VENDREDI 10 NOVEMBRE DE 14 H 30 À 16 H 30 LES PASSEURS DE LIBERTÉ animée par Emmanuel Laurentin [France Culture], avec Henry Laurens Historien, professeur au Collège de France. Mohamed Mouaqit Professeur à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, de l’Université Hassan II, à Casablanca. Altan Gokalp Directeur de recherche au CNRS, membre de l’équipe « Etudes turques et ottomanes » CNRS-EHESS-Collège de France. 2ÈME TABLE RONDE D’où vient, selon vous, cette absence de solidarité ? - Il y plusieurs raisons. Les résidus du colonialisme sont toujours là. Vous savez : « Les Arabes ne sont pas faits pour la démocratie », ou le discours contraire, dicté par la mauvaise conscience et tout aussi aberrant : « Il ne faut pas leur imposer nos valeurs ». Mais la raison essentielle est sans doute la peur. L’Europe ressent, vis-à-vis de l’islamisme, une peur de plus en plus forte qui Ibn Rochd a traversé la Méditerranée… « La Traversée » d’Elisabeth Leuvrey Depuis leur origine en 1994, les Rencontres d’Averroès rêvaient d’un prolongement sur l’autre rive de la Méditerranée. C’est chose faite désormais puisque la première édition des Rencontres Ibn Rochd*, s’est déroulée à Alger les 14 et 15 juin 2006 à la Bibliothèque Nationale d’Algérie El Hamma. Au delà des trois tables rondes qui ont réuni chercheurs, écrivains, historiens, philosophes et journalistes du pourtour méditerranéen qui se sont interrogés sur la problématique « Vivre ensemble » dans une parole libre et généreuse, les organisateurs ont relevé le pari audacieux de proposer un programme culturel de grande qualité [exposition, concerts, cinéma] en parfaite harmonie avec la thématique. Si la notion « d’âge d’or du vivre ensemble » a très rapidement été démythifiée, la question des « replis identitaires et fin du cosmopolitisme » a certainement été le point central de ces rencontres avec les témoignages graves et sensibles des intervenants touchés par ce problème quand leur histoire personnelle rejoint celle de leur pays. La troisième table ronde qui réunissait des directeurs de revue a permis de mettre en exergue le rôle primordial des intellectuels pour dessiner un nouvel humanisme qui ne « soit ni béat, ni assujetti à un quelconque ordre géopolitique ». Dès lors, au sous-titre « penser la Méditerranée des deux rives » on peut ajouter « à partir des deux rives ». Il n’est pas question de boucler la boucle mais bien d’ouvrir le débat, de susciter des controverses sur les problématiques méditerranéennes. Cette première traversée d’Averroès, intense et savoureuse nous laisse de nombreuses images et paroles à méditer. Au-delà des idées, ce sont des leçons de vie que nous avons reçues d’Alger. *Les Rencontres Ibn Rochd sont organisées par les éditions Barzakh, l’Association Chrysalide en partenariat avec Espaceculture, et avec le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Bibliothèque Nationale d’Algérie. Une édition annuelle pour prolonger les Rencontres Chaque année, Espaceculture Marseille et les éditions Parenthèses proposent un ouvrage qui rassemble les contributions écrites des participants de l’année précédente, en leur permettant de prolonger une réflexion qui n’avait pu parfois être qu’effleurée lors des tables rondes publiques. En 2006, c’est donc le titre De la richesse et de la pauvreté entre Europe et Méditerranée. 12es Rencontres d’Averroès qui paraît. « Des voix s’élèvent pour rappeler que l’économie doit être une science morale, indissociable d’une approche philosophique et politique ». C’est dans cette perspective que se sont tenues en novembre 2005 les 12es Rencontres d’Averroès. Elles ont abordé cette réflexion en trois temps : un retour vers le passé pour analyser comment les notions de richesse et de pauvreté ont été perçues à travers l’Histoire ; une remise en cause, fondée sur l’économie politique, des grilles de lectures traditionnelles qui servent aujourd’hui à analyser les relations entre Europe et Méditerranée ; une interrogation pour l’avenir. Quelles autres formes d’organisation économique sont possibles, en regard de quels systèmes de valeurs ? ». Pendant les Rencontres, la librairie Regards proposera, dans le hall de l’auditorium du Parc Chanot, une sélection des livres des intervenants et de livres traitant de la thématique de cette année. Vous pourrez aussi trouver l’édition des 12e Rencontres « De la richesse et de la pauvreté, entre Europe et Méditerranée » [éd. Parenthèses, oct. 2006], et celle des années précédentes. SAMEDI 11 NOVEMBRE DE 10 H À 12 H LA LIBERTÉ OU LA PEUR ? animée par Julie Clarini [France Culture], avec François Burgat Politologue, directeur de recherche au CNRS. Sana Ben Achour Secrétaire générale de l'Association tunisienne des Femmes Démocrates, professeure en droit, faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Hassan Abbas Professeur de média, chercheur à l'Institut Français du Proche Orient - Damas. 3ÈME TABLE RONDE SAMEDI 11 NOVEMBRE DE 14 H 30 À 16 H 30 DEMAIN LA LIBERTÉ ? animée par Thierry Fabre [concepteur des Rencontres], avec Rony Brauman Ancien président de MSF, professeur à l’IEP. Driss El Yazami Délégué général de Génériques, association spécialisée dans l'histoire des étrangers et de l'immigration en France, rédacteur en chef de la revue Migrance, secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme [FIDH]. Joseph Bahout Analyste politique - Chercheur associé à l’I.E.P de Paris. AVERROÈS JUNIOR L’an dernier, à titre de ballon d’essai, Espaceculture et la Direction de l’Action Culturelle du Rectorat avaient organisé une projection du film de Marco Tullio Giordana, « Une fois que tu es né » pour une centaine de lycéens marseillais afin que ceux-ci réfléchissent à la thématique 2005 : « Richesse et pauvreté en Méditerranée ». Cette séance, suivie d’un débat avec un responsable de l’association « Jeunes errants », a été très concluante. C’est pourquoi, toujours en partenariat avec l’Académie Aix-Marseille, il a été mis en place cette année un programme « Averroès junior » dans les villes de Marseille, Aix, Digne et Salon. Certains enseignants ont choisi d’amener leurs élèves, collégiens ou lycéens, en salles. D’autres ont préféré des projections dans l’établissement même. Trois films, ayant un rapport avec la liberté, [thème 2006] leur sont proposés dans ce cadre : « Z » de Costa Gavras, « Le Destin » de Youssef Chahine et « La Traversée » d’Elisabeth Leuvrey. Une fiche pédagogique et la présence d’un intervenant accompagnent ces séances. Calendrier Mardi 24 octobre [p. 6] • 17 h - Marseille, Bibliothèque de Marseille à Vocation Régionale - Alcazar [salle de conférence] Projection Samir et ses frères, documentaire de Raed Andoni. Conférence sur le oud par Sami Sadak. • 21 h - Digne, Centre Culturel René Char [p. 2] Projection Liberata, film de Philippe Carrèse, en présence du réalisateur & de Thierry Afflalou. Mercredi 25 octobre [p. 2] • Nice, Cinémathèque 18 h - Projection La Traversée, documentaire d’Elisabeth Leuvrey, en présence de la réalisatrice. 19 h 30 - Rencontre avec Abdellah Taïa, suivie de la projection Loin, film d’André Téchiné. Soirée présentée par Yannick Geffroy et Thierry Fabre. Jeudi 26 octobre à 17 h 30 [p. 2] • Marseille, Bibliothèque de Marseille à Vocation Régionale - Alcazar Projection La Traversée, documentaire d’Elisabeth Leuvrey, en présence de la réalisatrice. Dimanche 29 octobre à 18 h 30 [p. 3] • La Garde, cinéma Le Rocher Rencontre avec l'écrivain kurde-allemand Sherko Fatah, animée par Pascal Jourdana. Projection La Fiancée syrienne, film de Eran Riklis, suivie d’un débat avec Thierry Fabre et d’un membre du Comité International de la Croix Rouge [sous réserve]. Lundi 30 octobre à 20 h 30 [p. 3] • Marseille, cinéma Les Variétés Rencontre avec José Manuel Fajardo, animée par Pascal Jourdana. Projection en avant-première Le Labyrinthe de Pan, film de Guillermo del Toro. Vendredi 3 novembre à 18 h 30 [p. 5] • Vitrolles, Bibliothèque George Sand Lecture théâtralisée Le Pain d’Abdelkader Alloula. Dimanche 5 novembre à 14 h [p. 4] • Avignon, cinéma Utopia Rencontre avec Fouad Laroui, animée par Nathalie Espérandieu. Projection Vivre à Tazmamart, documentaire de Davy Zylberfajn, en présence du réalisateur. Lieux Auditorium du Parc Chanot Rond-Point du Prado 13008 Marseille BMVR Alcazar 58, cours Belsunce 13001 Marseille - 04 91 55 90 00 Cinéma Les Variétés 37, rue Vincent Scotto 13001 Marseille - 04 96 11 61 61/69 Collège de la Joliette Jean-Claude Izzo Place Espercieux 13002 Marseille Théâtre Massalia Friche La Belle de Mai 41 rue Jobin 13003 Marseille 04 95 04 95 70 Théâtre National de Marseille La Criée 30, quai de Rive Neuve 13007 Marseille - 04 91 54 70 54 Cinéma Le Mazarin 6, rue Laroque 13090 Aix-en-Provence - 0 892 687 270 Cinéma Utopia 4, rue Escalier Sainte-Anne 84000 Avignon - 04 90 82 65 36 Centre Culturel René Char 45, avenue du 8 mai 1945 04000 Digne - 04 92 32 29 33 Cinéma Le Rocher Avenue Marx Dormoy 83130 La Garde - 04 94 08 99 34 Théâtre des Salins 19, quai Paul Doumer 13692 Martigues - 04 42 49 02 00 Cinémathèque 3, esplanade Kennedy 06364 Nice - 04 92 04 06 66 Auditorium de l’Atrium [près de la place Morgan] 13300 Salon - 04 90 44 84 91 Bibliothèque George Sand Place de Provence [derrière l’Hôtel de Ville] 13127 Vitrolles - 04 42 77 90 40 France Culture partenaire depuis le début de l'aventure, diffusera sur son antenne de larges extraits de cette édition, durant l'été 2007. Pendant les Rencontres, France Culture sera en direct et en public depuis Marseille : • Vendredi 10 novembre, dans le hall de l'Auditorium du Parc Chanot 17 h à 18 h, « Du grain à moudre » émission de débat par Julie Clarini & Brice Couturier 18 h 15 à 19 h 15, « Société des Nations » par Madeleine Mukamabano • Jeudi 9 & vendredi 10 novembre de 18 h 30 à 19 h 30 « Les Travaux publics » de Jean Lebrun se dérouleront depuis un quartier de Marseille. Et aussi... 28 octobre au 10 novembre • Marseille, Espaceculture - Hall d’accueil [42 La Canebière - 1er] Ecoutes radiophoniques « À l’écoute de libertés » Dans le cadre des Rencontres, Radio Grenouille et le studio de création Euphonia « s'émancipent » de leurs murs et de leurs ondes, en présentant au public une programmation sonore à Espaceculture. Un salon d'écoute installé dans le hall vous propose de vous immerger, pour une pause ou pour une heure, dans les ambiances d’Algérie, du Maroc, de Palestine ou de la France méditerranéenne. Dans ces univers proches ou lointains, vivent des êtres humains qui nous parlent de liberté ou de sa privation, de jouissances ou de survie, de quotidien ou de grands combats. 10 & 11 novembre • Marseille, Hall de l’Auditorium du Parc Chanot [8e] La librairie Regards proposera une sélection de livres des intervenants, ainsi que de livres traitant de la thématique de cette année. Jeudi 16 novembre à 18 h • Marseille, IMF [16 rue Ferdinand Rey - 6e] Café social sur le thème « Liberté, un combat à gagner » Comment assister aux Rencontres... Mardi 7 novembre [p. 6] • Martigues, Théâtre des Salins - Scène nationale 18 h 30 [Salle Au bout de la nuit] Rencontre avec Rafael Chirbes & Emile Temime, animée par Thierry Fabre & Pascal Jourdana. 20 h 30 - Concert de Miguel Poveda [flamenco, cante]. Pour réserver, deux solutions... • Directement à Espaceculture de 10 h à 18 h 45, sauf dimanche [42 La Canebière - 1er]. Attention ! Aucune réservation ne sera prise par téléphone le 28 octobre. • En ligne sur www.espaceculture.net/billetterie Jeudi 9 novembre à 20 h 30 [p. 5] • Marseille, cinéma Les Variétés Rencontre avec Hyam Yared, animée par Thierry Fabre. Projection de films courts réalisés par des cinéastes et artistes libanais, suivie d’un débat, en présence de Joseph Bahout [politologue]. 9 au 16 novembre & 8 au 10 décembre [p. 5] • Marseille, Théâtre National de Marseille La Criée [version française, 9 au 16 novembre] • Marseille, Théâtre Massalia [version arabe, 8 au 10 décembre] Théâtre El Machina de Abdelkader Alloula. Librairie L’Histoire de l’œil 25, rue Fontange - 13006 Marseille - 04 91 48 29 92 Librairie Prado Paradis 9, av. de Mazargues - 13008 Marseille - 04 91 76 55 96 Librairie Masséna 55, rue Gioffredo - 06000 Nice - 04 93 80 90 16 Librairie Gaïa 4, place de la Liberté - 83000 Toulon - 04 94 92 85 56 Librairie La Mémoire du monde 36, rue Carnot - 84000 Avignon - 04 90 85 96 76 Librairie Regards Centre de la Vieille Charité 2, rue de la Charité - 13002 Marseille - 04 91 90 55 34 Librairie L’Alinéa Rue Jean Roque, Quartier Ferrières 13500 Martigues - 04 42 42 19 03 France Culture [99.] partenaire des Rencontres Lundi 6 novembre à 20 h 30 [p. 4] • Aix-en-Provence, cinéma Le Mazarin Projection en avant-première Barakat !, film de Djamila Sahraoui, en présence de la réalisatrice. • Salon de Provence, Auditorium de l’Atrium [p. 5] 17 h 30 - Projection Le Destin, film de Youssef Chahine, suivie d’un débat. Les Libraires du Sud, partenaires de « Sous le signe » L’entrée aux tables rondes est libre et gratuite, dans la limite des places disponibles. Il est vivement conseillé de réserver ! [2 places par personne maximum]. OUVERTURE DES RÉSERVATIONS : SAMEDI 28 OCTOBRE Pour cette édition, les Rencontres auront lieu à l’Auditorium du Parc Chanot [Rond-Point du Prado - 8e] Tarifs • PROJECTIONS tarifs habituels sauf pour La Garde, Salon, La BMVR Alcazar [entrée libre] • SOIRÉE À MARTIGUES Rencontre littéraire : entrée libre Concert Miguel Poveda : 25 € - 26 ans, demandeurs d’emploi : 15 € Renseignements & réservation : 04 42 49 02 00, www.theatre-des-salins.fr [billetterie en ligne] • SPECTACLE « EL MACHINA » se renseigner au Théâtre de la Criée [04 91 54 70 54] & au Théâtre Massalia [04 95 04 95 70] pour les tarifs. Vendredi 10 novembre à 20 h 30 [p. 6] • Marseille, Auditorium du Parc Chanot Concert du Trio Joubran [oud, Palestine] Ière partie - Non, en hommage à Samir Kassir création musicale de Zad Moultaka • CONCERT « TRIO JOUBRAN » À MARSEILLE 15 € / Demandeurs d’emploi, étudiants, RMIstes, groupe [10 pers.] : 12 € Renseignements & réservation : Espaceculture 04 96 11 04 61, www.espaceculture.net [billetterie en ligne] Vendredi 17 novembre à 17 h 30 [p. 2] • Marseille, Collège de la Joliette Jean-Claude Izzo Projection La Traversée, documentaire d’Elisabeth Leuvrey, en présence de la réalisatrice. www.rencontresaverroes.net www.espaceculture.net Les Rencontres d'Averroès, conçues par Thierry Fabre, sont produites et organisées par Espaceculture, avec le soutien de la Ville de Marseille, de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, du Conseil Général des Bouches-du-Rhône, du CNL, de la SACEM, du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, en partenariat avec France Culture, le journal César et la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme. Le volet « Sous le signe d'Averroès » est une coréalisation Libraires du Sud, Art moderne en collaboration avec les librairies, bibliothèques, cinémas et théâtres de chaque ville. Programmation cinéma : Jeanne Baumberger. Averroès Junior est organisé en partenariat avec l’Académie d’Aix-Marseille et la Direction de l’éducation du Conseil Général 13. L'édition a posteriori des Rencontres est une coréalisation Editions Parenthèses-Espaceculture Marseille. Tiré à part du journal César Direction de la publication : Jean-Jacques Gilliard, Espaceculture. Coordination éditoriale : Jeanne Baumberger. Textes : Jeanne Baumberger, Pascal Jourdana, Marie Laigneau-Bignon, Victor Solal. Photos : tous droits réservés © octobre 2006.