La folle expansion des Fab Lab, Innovation / recherche

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La folle expansion des Fab Lab, Innovation / recherche
La folle expansion des Fab Lab
LAURENT MARCAILLOU | LE 15/05/2015 À 01:00
Poppy, petit robot humanoïde du laboratoire Flowers, de l'Inria à Bordeaux, a été assemblé en simultané et en six exemplaires dans six Fab Lab :
Toulouse, Rennes, Paris, Grenoble, Caen et Bordeaux. - Photo Lydie Lecarpentier/REA
Les ateliers de fabrication numérique se multiplient sur tout le
territoire sous l'impulsion des élus et des passionnés. 37 Fab Lab
français ont décidé de se fédérer pour valoriser leur action et créer une
labellisation.
Les Fab Lab, ces ateliers de fabrication numérique nés aux Etats-Unis, se multiplient dans l'hexagone. Au
croisement de l'utopie libertaire et de la technologie, ces ateliers collaboratifs quasiment gratuits mettent à la
disposition du public, mais aussi des entreprises et des start-up, des machines numériques pour fabriquer
rapidement des objets et des prototypes. L'imprimante 3D y est reine au côté des fraiseuses numériques et
des découpeuses laser. Les « makers » se forment en échangeant les compétences. Etudiants, ingénieurs,
designers et futurs entrepreneurs « bidouillent » ensemble, convaincus, comme Neil Gershenfeld, professeur
de physique au Massachusetts Institute of Technology et fondateur du concept en 2003 aux Etats-Unis, que «
l'on peut fabriquer n'importe quoi avec le numérique ».
Une cinquantaine d'ateliers français et étrangers se sont réunis début mai au FabLab Festival à Toulouse, où
Artilect, le premier laboratoire français labellisé MIT, a ouvert en 2009 (voir ci dessous). Dans une ancienne
halle industrielle, on pouvait voir une volière de drones, une marionnette commandée par des servomoteurs,
un procédé de construction simplifiée d'une carte électronique. La start-up toulousaine eMotion Tech a exposé
ses imprimantes 3D à monter soi-même, à partir de 400 euros. Et le LabSud de Montpellier exposait son
projecteur à réalité augmentée réalisé avec Diotasoft. Plus de 5.000 personnes ont fait le déplacement. Mais
ce festival a été aussi l'occasion de montrer combien le concept peut être divers. A Toulouse, 37 Fab Lab
français ont décidé de se fédérer pour valoriser leur action… et créer une labellisation. Car dans le
foisonnement des initiatives, les Fab Lab font un peu de tout : l'éducation au numérique, l'invention
collaborative et enfin de la conception de produits avec les entreprises.
La technique rejoint l'environnement
Loin du concept initial et de la charte du MIT qui impose l'ouverture des Fab Lab au grand public, une dizaine
d'ateliers d'entreprises (Renault, Airbus, Safran, Air Liquide, Alcatel-Lucent, Systra, Dassault Systèmes,
Bouygues, Freescale…) ont émergé car les industriels veulent accélérer l'innovation en s'ouvrant aux start-up
du numérique. Tout le monde a en tête l'aventure d'Airbus avec l'opérateur de l'Internet des objets Sigfox.
Même Leroy Merlin ouvrira avec l'américain TechShop, référence du Fab Lab privé, une halle technologique
payante en région parisienne à l'automne !
Financé par des « business angels » dont Xavier Niel et Jacques-Antoine Granjon, l'atelier privé Usine IO à
Paris propose depuis octobre des machines et des conseils aux créateurs de start-up pour passer du
prototype à l'industrialisation. Les Fab Lab d'entreprises ont même créé en mars leur association, Fab & Co !
Un rapport publié en 2014 par la direction générale des entreprises intitulé « Etat des lieux et typologie des
ateliers de fabrication numérique » estimait que 46 % des ateliers sont portés par des associations (46 %),
contre 24 % par des entreprises privées et 17 % par des universités (17 %). Les puristes craignent que l'on
s'éloigne du concept initial avec l'ouverture de Fab Lab commerciaux. 55 Fab Lab adhèrent à la charte du MIT
qui impose l'ouverture au public et un niveau minimum d'équipement en matériel.
La technique rejoint aussi l'environnement. A partir du 15 août et pendant cinq semaines, dans le château de
Millemont près de Versailles la manifestation POC 21 (Preuve de concept) réunira une centaine d'ingénieurs,
de makers et de scientifiques. Leur objectif : créer un village écolo 100 % open source et créer 12 prototypes
dans les domaines de l'énergie, de l'habitat et de l'économie collaborative. Ils ont déjà fait un premier test en
Allemagne en décembre et travaillé sur un panneau solaire transportable et que l'on puisse replier.