Écoute ! Dieu nous parle … Où ? Quand ? Comment ?
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Écoute ! Dieu nous parle … Où ? Quand ? Comment ?
SAMEDI 3 DECEMBRE SUITE DE PREDICATIONS : REFORME ? ET ALORS ! AUJOURD’HUI : Écoute ! Dieu nous parle … Où ? Quand ? Comment ? PRIERE Toi l’au-delà de tout nom, on nous a répété qu’en Jésus-Christ, tu t’es fait Parole. Alors nous tendons l’oreille. Mais nous peinons à t’entendre. Et ce qui nous assourdit le plus souvent, c’est ton silence. Aussi, à nouveau au moment d’ouvrir le Livre, nous te prions : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! ». Amen 1ER LIVRE DE SAMUEL 3,1-9 1 Le petit Samuel servait le SEIGNEUR en présence d’Eli. La parole du SEIGNEUR était rare en ces jours-là, la vision n’était pas chose courante. 2 Ce jour-là, Eli était couché à sa place habituelle. Ses yeux 1 commençaient à faiblir. Il ne pouvait plus voir. 3La lampe de Dieu n’était pas encore éteinte, et Samuel était couché dans le temple du SEIGNEUR, où se trouvait l’arche de Dieu. 4Le SEIGNEUR appela Samuel. Il répondit : « Me voici ! » 5Il se rendit en courant près d’Eli et lui dit : « Me voici, puisque tu m’as appelé. » Celui-ci répondit : « Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher. » Il alla se coucher. 6Le SEIGNEUR appela Samuel encore une fois. Samuel se leva, alla trouver Eli et lui dit : « Me voici, puisque tu m’as appelé. » Il répondit : « Je ne t’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. » 7Samuel ne connaissait pas encore le SEIGNEUR. La parole du SEIGNEUR ne s’était pas encore révélée à lui. MARC 12,28-31 28 Un scribe s’avança. Il les avait entendus discuter et voyait que Jésus leur avait bien répondu. Il lui demanda : « Quel est le premier de tous les commandements ? » 29Jésus répondit : « Le premier, c’est : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; 30 tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. 31Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » 2 Par-ci, par-là. On dit ! On entend. On a entendu dire que le christianisme était une religion du livre. C’est faux ! D’abord parce que la Bible ce n’est pas UN livre, mais une bibliothèque de plus de 60 livres. Les théologiens le répètent, si ce n’est une religion du Livre, le christianisme est une religion de la « Parole » Religion d’un Dieu qui écoute et qui parle. Dieu de la rencontre et de la relation. Religion de la Parole, OUI ! Mais plus encore ! Plus qu’une religion de la Parole, je suis d’avis que la foi chrétienne est une religion de l’écoute. C’est pour cela que dans l’Évangile que nous venons d’entendre, au scribe qui lui demande quel est le premier commandement, Jésus commence par lui rappeler le début de l’antique confession de foi d’Israël : « Écoute Israël ! Shema Israël » 3 Cette confession de foi est devenue une prière. À réciter le matin. Le soir. Le jour, la nuit. Sur son lit, et plus encore sur son lit de mort. Sur le chemin, chez soi. Une prière que l’on transmet de père en fils. « Écoute Israël ». Que ce soit dans la foi juive. Que ce soit dans la foi chrétienne, l’écoute est requise. Pour Jésus, le premier de tous les commandements, ce n’est pas « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, ni tu aimeras ton prochain comme toi-même », mais le premier de tous les commandements, c’est « écoute !». Avant même l’impératif de l’amour. Il faut placer celui de l’écoute. La foi chrétienne est la religion de l’écoute. Et si l’écoute se fait impérative, c’est que la foi exige un décentrement de soi, une sortie de soi. Hors de sa propre parole. Hors de son propre murmure. Hors de son propre bruit ou vacarme intérieur. 4 L’écoute implique cette disponibilité de l’esprit et du cœur ; disponibilité résolue et ferme. Sans cette disponibilité, pas d’amour, pas de pardon. Et comment être disponible si je suis centré sur moi ! « Soit !» dira le sceptique : « mais pour écouter quoi ? » C’est vrai … « pour écouter quoi ? » Dieu se tait ! Et son silence est assourdissant. Il est vrai que je n’ai pour ma part jamais entendu la voix de Dieu. Mais ce que je crois par contre, c’est que tout être humain est précédé par un appel, suscité par un appel et parfois même ressuscité par un appel. Eveillé par un appel. Un appel qui nous accompagne dès notre premier souffle jusqu’à notre dernier. Un appel qui résonne dans notre vie comme une petite musique qui trotte dans notre tête. Dire que l’homme est précédé par un appel, c’est affirmer que ce qui fait l’homme, c’est bien plus que l’agrégat de cellules qui le compose. 5 Ce qui fait l’homme, c’est bien plus que son cœur qui bat et le sang qui circule dans ses veines. Ce qui fait l’homme, c’est bien plus que les règles de la biologie et de la génétique qui conditionnent son corps et sa vie. Être homme, c’est être appelé. C’est cet appel qui différencie l’homme de l’animal. Le lion n’a pas le choix d’être lion; il est lion. Le chien est chien. Le chat est chat. Tandis que l’homme, lui s’interroge, sa vie durant, de savoir comment être humain ! Tout homme, toute femme sont précédés par cet appel. Une parabole nous aidera à comprendre de quelle nature est cet appel. Une parabole qui exprime bien cet appel primordial. Cet appel qui nous accompagne au jour le jour. Cet appel qui résonne dans tous nos aujourd’hui et tous nos demain. On doit cette parabole au professeur Edouard Burnier. « Crustacé ou vertébré ? Un crustacé, c’est un être 6 qui cherche avant tout à se protéger des autres. Par peur, par paresse, par égoïsme, il met ce qu’il a de plus solide, sa coquille entre lui et ses semblables. Et plus il est dur à l’extérieur, plus il est mou, inconsistant à l’intérieur. Le vertébré, lui, accepte le risque de la vie. Il est vulnérable à l’extérieur, et offre à ses semblables la partie la plus sensible de son être. Mais il est fort de la résistance intérieure que lui donne son squelette. » Dans la foi chrétienne, nous affirmons que le vertébré par excellence s’est révélé en Jésus-Christ. Jésus, qui comme Samuel, a su accueillir cet appel dans sa vie. Jésus en qui et par qui Dieu s’expose dans ce qu’il a de plus vulnérable. L’extraordinaire de la personne de Jésus-Christ, c’est qu’en lui, Dieu s’est fait ordinaire. Non pas supérieur. Non pas surhomme. Mais homme sans autre ambition que d’être homme parmi les hommes. Debout, jusqu’au bout, fort de sa colonne vertébrale. Voici l’appel de Dieu. Non pas un appel à l’exception. 7 Non pas un appel à la perfection. Ni un appel à l’excellence. Non pas un appel inaccessible qui serait réservé à quelques-uns. Mais un appel à être vertébré, simplement vertébré. À quoi me sert d’être un puissant ? À quoi me sert d’être un intelligent ? À quoi me sert d’être une célébrité … si je suis un crustacé ? Entendez-vous l’appel ? Au16ème siècle, on doit précisément à Martin Luther d’avoir élargi et étendu à tout le monde la notion de vocation et d’appel. Jusqu’alors, la vocation n’était réservée qu’à quelques-uns. Aux moines et aux moniales. Aux religieux, aux prêtres et ecclésiastiques. Mais Luther va élargir cette vocation à tous. Au cordonnier comme au boulanger. Au juge comme au charbonnier. Tout homme, toute femme sont appelés à s’inscrire à la suite du Christ. À devenir humain comme lui l’a été. Entendez-vous cet appel à devenir vertébré ? 8 Car être humain, simplement humain est la plus belle manière de servir et louer Dieu. Cet appel n’est pas sonore ! Il n’est pas de l’ordre de l’audible. Cet appel ne se mesure pas en décibels. Et même si vous tendez l’oreille, vous n’entendrez aucune voix qui vous appellerait du haut des cieux. Mais cet appel est d’une autre nature. Cet appel est de l’ordre du désir intérieur, de l’aspiration, de la soif. Soif à devenir humain, toujours plus humains. Mais attention, cet appel ne vient pas à nous uniquement par ce cheminement intérieur. L’Évangile nous rappelle sans cesse que cet appel parvient jusqu’à nous surtout par des médiations humaines. L’autre, par le simple fait qu’il est autre, c’est-à-dire différent de moi, incarne cet appel. 9 Aujourd’hui, en ce « samedi singulier1 » à Saint-François, je pense à ceux qui avec leur fragilité, se sont risqués à partager avec nous leur manière de voir et comprendre les vitraux de cette église. Je pense à François et Valentin. Je pense à ceux et celles qui malvoyants, nous ont encouragés à toucher l’église pour en découvrir ses richesses ; Murielle et d’autres. Je pense à Romain, schizophrène, dont les tableaux ont inspiré les compositions de son frère. Je pense à vous malentendants et sourds qui par votre présence, nous sensibilisent à notre propre surdité. Tous, vous nous avez offert la partie la plus vulnérable de votre être, et vous nous encouragez alors à sortir de nous-mêmes ; à devenir les vertébrés que Dieu espère. La foi chrétienne est une religion de l’écoute. Entendez-vous l’appel que Dieu nous adresse ? Amen 1 Le 3 décembre était la journée internationale des personnes handicapées et l’église Saint-‐ François a accueilli plusieurs événements qui donnaient la parole et la place à des personnes handicapées, malvoyantes, handicapées mentales, sourdes et malentendantes etc.. 10