La belle histoire des tubes à gaz pulsés pour l`espace La belle

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La belle histoire des tubes à gaz pulsés pour l`espace La belle
3e trimestre 2007 — nº 37
Le
m a g a z i n e
d e
l a
D i v i s i o n
d e s
T e c h n i q u e s
A v a n c é e s
La belle histoire des tubes à gaz
pulsés pour l'espace
P 4, 5
Télégrammes
Dernières
nouvelles de
la DTA
P 2, 3
Technique
COV et tissus
de carbone
activés
P 6, 7
Parole d’expert
Louis Sentis : une nouvelle
organisation
P8
pour Ariane
www.dta.airliquide.com
Télégrammes
Du stockage des gaz à
la molécule ultra pure :
la chaîne complète
pour AMD
En trois ans, DTA a fourni plusieurs
épurateurs de gaz à AMD (Advanced
Micro Devices), l’un des plus grands
sites de microélectronique en Europe
basé à Dresde, en Allemagne.
Aujourd’hui, Air Liquide a été sollicité
pour fabriquer deux “unités” de
vaporisation, spécifiquement destinées
à alimenter la Fab 36 d’AMD, l’unité de
fabrication de processeurs 65 mm du
site.
« La première unité permettra de
vaporiser de l’hydrogène stocké sous
forme liquide, avec un débit maximum
de 200 Nm3 par heure et une pression
de 8 ± 0,5 bar, détaille Yannick
Rouaud, responsable de marché.
La seconde servira à vaporiser de
l’hélium liquide à raison de 120 Nm3
maximum par heure, également à
la pression de 8 ± 0,5 bar… tout en
maintenant la pureté des gaz à un
grade de niveau électronique. Et
2
ceci pour une alimentation de gaz en
continu, 24 h sur 24, 365 jours par an,
sans interruption. »
Avec ces nouvelles commandes,
DTA fournit désormais une chaîne
complète dédiée aux gaz vecteurs de
la microélectronique : du stockage à
la fourniture de molécules ultra pures.
« Le fait de proposer une solution
complète ouvre la voie à de nouveaux
développements à Dresde, confie
Yannick Rouaud. Non seulement
avec AMD, mais également avec
d’autres entités à forte activité
microélectronique. »
Challenge Bibendum à Shanghai : DTA fait le
plein d’hydrogène
Pour la troisième fois, Air Liquide est
partenaire du Challenge Bibendum*,
un rallye automobile axé sur la mobilité
routière durable : consommation
d’énergie, émission de gaz à effet de
serre, niveau sonore, etc. font partie
des épreuves.
Comme les années précédentes, tous
les véhicules du Challenge Bibendum
– camions, bus, voitures de tourisme,
voiturettes de golf… – concourant dans
la catégorie hydrogène, sont ravitaillés
par la station-service 350 et 700 bar
de DTA. Mais cette année, pour la
première fois, le rallye accueille huit
prototypes chinois, sur les 16 véhicules
à hydrogène du Challenge (et les 200
concurrents de toutes catégories).
Le Challenge Bibendum
constitue également l’occasion
pour Air Liquide de présenter
son réservoir automobile
d’hydrogène liquide. Construit
en aluminium, celui-ci est si
léger qu’il peut stocker deux
fois plus d’hydrogène que tous
les autres réservoirs existants.
*Du 14 au 17 novembre 2007
à Shanghai.
Une station hydrogène en Chine.
Le premier MESMA prêt à naviguer
La principale qualité d’un sousmarin ? La discrétion. Une discrétion
compromise lorsqu’il fait surface, pour
recharger ses batteries. Or, l’autonomie
d’un sous-marin conventionnel ne
dépasse pas quelques dizaines
d’heures.
Avec le MESMA, DCNS (ex DCN)
donne un nouveau souffle aux sousmarins. Ce système de propulsion
anaérobie produit plus de 200 kW
d’électricité pour quatre fois plus
d’autonomie en plongée.
« DTA contribue au MESMA, informe
Jean-Marie Gaillard, responsable
Produits Marine, puisque nous
fournissons le sous-système
d’alimentation en oxygène. C’est
un réservoir cryogénique, avec
une vocation double : faire tourner
le système de propulsion MESMA
et apporter l’oxygène nécessaire à
la respiration de l’équipage. » DTA
a également installé les lignes de
distribution d’oxygène.
Avec le soutien technique de
DTA, DCNS vient de réaliser le
démarrage du premier MESMA,
qui équipe un sous-marin de la
Pakistan Navy. « C’est une première,
lance Jean-Marie Gaillard, puisque
le système n’avait jamais été rempli
en oxygène liquide à bord du sousmarin. C’est aussi une réussite : les
tests grandeur nature effectués sur
la base navale à Karachi, ont été très
concluants. »
La Pakistan Navy a commandé
deux autres MESMA à DCNS. DTA
est encore de la partie : elle est
chargée de fabriquer en parallèle
deux réservoirs identiques à celui du
MESMA 1. Les livraisons sont prévues
pour décembre 2008 et mars 2009.
Le MESMA prêt pour le départ.
Télégrammes
HELIAL : triplé pour la recherche britannique
Les liquéfacteurs HELIAL rencontrent un franc succès de l’autre côté
de la Manche. En 2006, DTA avait déjà mis en service un HELIAL, pour
refroidir les cavités supraconductrices du synchrotron Diamond, à
Oxford (voir Le Cryoscope nº 32, p. 2). Cette année, trois autres laboratoires britanniques ont commandé des HELIAL à DTA, chacun avec des
spécificités différentes. Pour tous ces projets, DTA a su s’adapter.
220 000 litres d’hélium liquide par an à Cambridge
Le Covendish Laboratory de Cambridge nécessite chaque année 220 000 litres
d’hélium liquide, pour ses expériences de physique des basses températures.
C’est pour approvisionner ces quantités d’hélium que le laboratoire a fait appel à
DTA. « Pour ce projet, nous avons prévu un pré-refroidissement par l’azote pour
augmenter le débit de la liquéfaction, indique Aurélie Praud, responsable du projet
à DTA. Classiquement, l’HELIAL fournit 40 litres d’hélium liquide par heure. En
refroidissant préalablement l’hélium par l’azote, le débit dépasse 80 litres par heure.
Ainsi, le client a le choix d’augmenter le débit de son HELIAL s’il le souhaite. »
Autre particularité du système ? Le centre de liquéfaction de l’Université de
Cambridge voulait pouvoir suivre le travail du liquéfacteur et lui donner des ordres
en permanence, week-ends et congés inclus. DTA a donc ajouté un “opérateur à
distance” à l’HELIAL. Le responsable du liquéfacteur reste ainsi toujours en lien
avec la machine, par le biais d’une simple connexion internet.
Un prix “littéraire”
pour DTA !
C’est la meilleure publication de
l’année ! Ainsi en ont décidé les éditeurs
d’Europe, d’Asie et des États-Unis de
la revue internationale Cryogenics,
LA revue référence sur le secteur des
technologies des basses températures.
“Design and performance of the dilution
cooler system for the Planck mission”,
écrite par Sébastien Triqueneaux et
Louis Sentis de DTA, avec Philippe
Camus et Alain Benoît du CRTBT
(Centre de Recherche sur les Très
Basses Températures) de Grenoble et
Guy Guyot de l’Institut d’Astrophysique
Spatiale de Paris, a en effet reçu le
premier prix de Cryogenics. Ce prix
a été remis à l’occasion du Congrès
CEC-ICEC (Cryogenic Engeneering
Conference- International Cryogenic
Material Conference), à Chattanooga
Des besoins plus petits pour Bristol
À l’Université de Bristol, les besoins en hélium
liquide sont modestes : 15 litres par heure. Mais
le liquéfacteur existant arrivait en fin de vie. Pour
investir dans du neuf, le centre de liquéfaction
de Bristol a demandé à DTA un HELIAL. « Pour
brider le liquéfacteur, explique Aurélie Praud,
nous l’avons équipé avec un compresseur
de petite capacité. En revanche, le système
de déshuilage et la boîte froide sont de taille
identique à celle d’un HELIAL classique. » À cet
HELIAL, DTA a ajouté un épurateur interne, qui
Robert Wiltshire, responsable du
permet au client de liquéfier de l’hélium ayant
centre de liquéfaction de Bristol.
déjà servi aux expériences de recherche. En
perspective, de belles économies !
Dernière remarque : comme le laboratoire de Cambridge, le client de Bristol a
demandé un système de supervision dans le cadre de son projet.
Modérer des neutrons à Oxford
Basée au Sud d’Oxford, la source de neutrons pulsés et de muons ISIS est la plus
puissante au monde. Elle permet à des scientifiques du monde entier d’étudier la
matière à l’échelle atomique. Elle va recevoir prochainement un second faisceau
(TS2ISIS). C’est dans ce cadre que deux HELIAL ont été commandés à DTA.
Ceux-ci vont refroidir des appareils placés au cœur de TS2ISIS, qui “modèrent”
l’intensité et l’énergie des neutrons produits. Ces modérateurs utilisent de l’hydrogène
liquide et du méthane solide à des températures au dessous de 20 K (- 253 °C).
Pour cette application, la machine standard HELIAL a été adaptée pour fonctionner
avec un cycle Brayton 13,5 K. Pour amener ensuite les modérateurs à la température
de 20 K, une boucle secondaire d’hydrogène, fabriquée par DTA, a été ajoutée.
« Pour le projet TS2ISIS, comme pour ceux de Cambridge et de Bristol, l’HELIAL, un
produit standard de DTA, a pu être adapté pour répondre aux besoins spécifiques
du client », souligne Christof Roling, responsable commercial du projet.
Des auteurs primés !
aux États-Unis. Cet article décrit
comment le système de refroidissement
des détecteurs de la Mission Planck,
dont l'objectif est de “voir le fond de
l’Univers”, a été conçu et mis au point.
« Ce prix illustre un bel exemple de
collaboration entre un industriel, un
laboratoire de recherche et un institut »,
se félicite Alain Ravex, d'Air Liquide.
Ce même travail a remporté un autre
prix récemment : le prix du meilleur
développement industriel de l’année,
remis par le journal L’Usine Nouvelle .
3
Reportage
À l’occasion du Space Cryo Workshop organisé par
l’ESA en novembre 2007, Air Liquide DTA présente
deux types de refroidisseurs utilisant la technologie
des tubes à gaz pulsé ou pulse tubes. Un exemple
Le MPTC : Miniature Pulse Tube Cooler.
Innovation et conquête
La belle histoire du MPTC et
À
l’orée des années quatre-vingtdix, pour des applications optroniques dans des programmes de
défense, Air Liquide DTA se penche
sur les améliorations à apporter
aux refroidisseurs cryogéniques
fonctionnant sur la technologie à cycle
thermodynamique de Stirling. Ces
produits permettent d’obtenir du froid
à partir d’une alimentation électrique,
sans apport de fluide cryogénique.
Mais il s’agit de machines mettant en
œuvre une pièce mobile dans le doigt
froid (appelé déplaceur), ce qui implique
une usure et des vibrations induites
importantes. La technologie du tube à
gaz pulsé apparaissant alors comme la
seule pouvant apporter fiabilité, durée
de vie et réduction des coûts, fait, à
l’époque, l’objet de développements
spécifiques sur le site de DTA.
Le marché des refroidisseurs
cryogéniques Stirling, en plein essor
durant les années quatre-vingt-dix, les
donneurs d’ordres militaires décident
d’y être fidèles, délaissant les pulse
tubes nés pourtant de leur propre
volonté et avec leur contribution au
niveau des études. Du côté d'Air
Liquide, on n’en reste pas là, persuadés
que deux arguments clés peuvent
intéresser d’autres clients : une fiabilité
accrue, des vibrations extrêmement
réduites (dues à l’absence de pièce
mobile dans le doigt froid) conduisant
à une intégration facilitée pour tout
maître d’œuvre (pas de perturbation
pour d’autres équipements placés à
proximité). Dans ce but, des contacts
sont noués et un premier contrat
de développement est signé avec
l’ESA (European Space Agency) en
2000. Son objectif : élaborer un mini
refroidisseur cryogénique à tube à
gaz pulsé capable de produire 1 watt
de froid à une température de 80 K
(voisine de celle de l’azote liquide), avec
35 watts électriques et moins de 3 kg !
Objectif Espace
Mis en compétition sur ce projet, Air
Liquide décide de faire équipe avec
deux partenaires. Le premier est le
Service des Basses Températures du
CEA, aux compétences reconnues
en matière de modélisation et
de prototypage de doigts
froids, installé lui aussi dans
l’agglomération grenobloise.
MPTC : Miniature Pulse Tube Cooler
Le second partenaire est
Puissance frigorifique : 1,5 W à 80 K
Thalès Cryogenics BV (basé
Puissance électrique : 35 We
à Eindhoven, Pays-Bas) qui
Masse : < 3 kg
avait déjà prouvé sa capacité
à produire des compresseurs
LPTC : Large Pulse Tube Cooler
dotés de la technologie à palier
Puissance frigorifique : 2,3 W à 50 K
flexible, permettant aux pistons
Puissance électrique : 160 We
de compression de se déplacer
Masse : < 5,5 kg
dans leur cylindre sans contact,
4
et donc sans phénomène d’usure.
Dans le cadre de ce premier
développement achevé dès 2003,
le rôle d’Air Liquide est de spécifier,
de valider les dimensionnements,
d’assembler les différents composants,
puis de livrer un modèle qualifié aux
exigences de l’ESA. L’expérience
acquise par le site de Sassenage en
matière de respect des normes requises
pour le spatial permet d’obtenir avec
Le LPTC en phase de test thermique.
Reportage
qui illustre que, pour bien accompagner nos clients et
conquérir des parts de marché, il faut anticiper leurs
besoins et programmer nos propres développements
technologiques.
Le LPTC : Large Pulse Tube Cooler.
du LPTC
succès cette qualification thermique
et mécanique au sol pour le MPTC, le
mini refroidisseur cryogénique à tube à
gaz pulsé. Séduite par cette réussite,
l’ESA négocie directement en 2004
avec l’équipe de DTA la fabrication et
la mise au point d’un nouveau produit
destiné à satisfaire le marché des
satellites d’observation de la terre,
notamment la nouvelle génération de
satellites météorologiques.
Le MPTC en test de micro-vibration.
Baptisé LPTC, ce produit
satisfait d’autres spécifications,
et fait même mieux en terme
de masse puisque avec
5,1 kg, le modèle présenté en
janvier 2007 est en deçà des
attentes de l’ESA.
Ces modèles étant qualifiés,
l’objectif est maintenant
de les reproduire en vue
de les soumettre à des
tests d’endurance. Ensuite
viendront les modèles de
Opération d’assemblage du doigt froid du MPTC.
vols propres aux projets des
clients de l’ESA. Qu’ils soient EADS
à l’environnement de ces machines
ou Thales Alenia Space, par exemple,
embarquées. « Grâce à elles, on
à chaque fois il faudra définir une
obtient des niveaux vibratoires naturels
interface spécifique, des qualifications
très réduits et une durée de vie
particulières, une exigence qualité ou
inégalée. Pour diminuer les niveaux
un environnement propre à chaque
résiduels de vibration au compresseur
satellite, à chaque projet. « Mais, en
(quelque 10 mN) et assurer l’intégration
attendant, cela n’empêche pas Air
complète du refroidisseur cryogénique,
Liquide DTA d’effectuer d’autres
nous développons également des
développements » souligne Thierry
électroniques de pilotage très pointues.
Trollier, ingénieur expert, responsable
Nous produisons des refroidisseurs
des refroidisseurs cryogéniques.
performants, mais nous pouvons aussi
« Ainsi, pour le MPTC, nous avons
concevoir et intégrer l’intelligence qui
réussi à augmenter ses performances
doit être embarquée avec » expliquede 50 % par rapport aux spécifit-il. « Avec notre maîtrise des interfaces
cations initialement demandées par
thermiques, mécaniques, électriques…
l’ESA, et donc à atteindre 1,5 W à
c’est une compétence système que
80 K » ajoute-t-il.
nous proposons désormais à nos
clients. »
Une compétence système
Contact :
Jeune représentant de plusieurs
[email protected]
générations d’hommes et de femmes
qui ont œuvré sur le développement
des refroidisseurs cryogéniques,
Thierry Trollier ne cache pas l’intérêt
qu’Air Liquide DTA porte aujourd’hui
5
Technique
Pour piéger les effluents de type Composés Organiques
Volatils, les industriels recherchent des solutions innovantes
et économiques. Air Liquide propose une solution originale
Une cartouche d’adsorption enroulée et une autre plissée.
COV et tissus de carbone activés
TCA : en aval ou en amont, c’est selon
L
es industriels le savent bien : l’élimination des COV(1) est une priorité
dans la lutte contre les émissions gazeuses polluantes et – protocole de Kyoto
oblige – la réglementation se fait de plus
en plus draconienne. Pour relever ce
défi, le choix existe entre plusieurs technologies, chacune étant plus ou moins
adaptée à chaque procédé industriel,
selon la nature, les débits et les concentrations en COV des effluents à traiter.
Fort de son expertise en cryogénie,
Air Liquide a mis au point une technique propre et compétitive : la cryocondensation (lire encadré). La gamme
Voxal Cryo est utilisable pour des débits
allant jusqu’à 1 500 Nm3 /h, des concentrations en COV supérieures à 0,5 % du
volume d’effluent, lorsque les températures de condensation sont inférieures à
- 30 °C.
Un procédé breveté
En vue d’élargir son offre (traiter des
débits plus importants ou obtenir
de plus faibles concentrations), Air
Liquide s’est intéressé de près dès
2001 aux travaux de Pierre Le Cloirec
et Albert Subrenat, à l’École des
Mines de Nantes (2) . Le procédé mis
au point est basé sur l’adsorption
des COV par des tissus de carbone
activés (TCA). Leur structure fibreuse
se traduit par d’importantes surfaces
d’échanges externes, donc une forte
capacité d’adsorption vis-à-vis d’une
Sylvain Payard, responsable de projet à Air Liquide DTA, devant un ensemble
de trois unités d’adsorption disposées en parallèle. Chacune est équipée
de deux cartouches TCA disposées en série. L’ensemble est relié aux
cryo-condenseurs situés juste derrière et au-dessus. Au fond et à droite,
la cuve d’azote liquide qui permet d’alimenter l’ensemble des équipements.
6
large gamme de solvants. Lorsqu’ils
sont saturés en COV, les tissus sont
régénérés par effet joule.
Une fois le procédé qualifié, deux types
de filtres TCA à faible encombrement
ont été conçus. Le plus simple
appelé “cartouche enroulée” permet
de satisfaire des débits inférieurs à
100 Nm3 /h, alors que la cartouche
dite “plissée” permet de traiter jusqu’à
500 Nm 3 /h. La masse adsorbée
dépend de la nature du COV : elle varie
en général de 5 à 20 %. Constituée
de 2 kg de tissu, chaque cartouche
peut piéger jusqu’à 400 g de solvant.
Évidemment, toute installation est
taillée sur mesure en fonction du
procédé industriel. Selon la nature
des COV à adsorber et le débit de
l’effluent à traiter, Pierre Le Cloirec et
Albert Subrenat définissent la nature
des cartouches à mettre en œuvre,
leur nombre et leur arrangement (série
ou parallèle) dans les carters.
Pré et post-traitement
Ces équipements commercialisés
sous le nom générique de Voxal
TCA sont complémentaires des cryocondenseurs VOXAL Cryo. En effet,
dans le cas où la réglementation
impose des normes de rejets très
strictes, les filtres TCA peuvent
être utilisés en post-traitement d’un
système récupératif par condensation
(voir schéma ci-contre). Après son
passage dans le cryo-condenseur,
l’effluent chargé en COV est acheminé
vers les adsorbeurs qui parachèvent
l’abattement. Durant la phase de
régénération, un faible flux d’azote
Technique
permettant d’associer deux technologies :
la cryo-condensation et l’adsorption sur tissus de
carbone activés.
La nature fibreuse du tissu de carbone activé procure
d’importantes surfaces d’échanges.
gazeux traverse le tissu de l’intérieur
vers l’extérieur, emportant au passage
les COV vaporisés par effet joule.
Hautement chargé en solvants
facilement condensables, l’effluent est
réacheminé vers le cryo-condenseur
pour piéger les COV sous forme
liquide ou solide. Ceux qui ne le sont
pas retournent vers le VOXAL TCA…
Le cycle adsorption-désorption est en
marche.
Il est également possible d’utiliser les
VoxaL TCA en prétraitement d’un
Voxal Cryo. Ceci est particulièrement
intéressant dans le cas d’un effluent au
débit élevé (jusqu’à 5 000 Nm3 /h) mais
disposant d’une faible concentration
en COV (quelques centaines de
mg/m 3 ). Dans ce cas, les Voxal
TCA ont pour mission de concentrer
la teneur en COV de l’effluent, et ce
pour faciliter la cryo-condensation.
L’avantage n’est pas négligeable : la
quantité d’effluents à refroidir étant
moindre, ceci conduit à installer en aval
un cryo-condenseur plus compact,
à diminuer les consommations en
azote liquide, et donc à réduire les
coûts d’investissement et opératoires.
Adoptés au départ pour les associer
en post-traitement aux Voxal Cryo et
permettre aux industriels de satisfaire
une réglementation stricte en matière
de rejets dans l’atmosphère, les
VOXAL TCA permettent aujourd’hui à
Air Liquide DTA d’élargir son offre en
épuration pour des volumes d’effluents
importants mais à teneur réduite en
solvants.
(1) COV : Composés Organiques Volatils.
Exemples : dichlorométhane, benzène, hydrocarbures, esters, aldéhydes, cétones, alcools…
(2) Ces travaux ont fait l’objet du dépôt d’un
brevet en 2001, et d’un contrat de licence avec
Air Liquide DTA en 2006.
Contact :
[email protected]
Principes du cryo-condenseur
TM TCA (Post traitement)
VOXAL
Un cryo-condenseur est un échangeur de chaleur fonctionnant à basse
VOXAL™
Réchauffeur
Gaz
température. L’effluent gazeux issu du procédé industriel pénètre à
Filtre - TCA
Azote
azote
VOXAL™
épuré
Gaz épu
gazeux
l’intérieur d’une calandre, puis chemine à travers une série de chicanes,
Cryo condenseur
Azote Gazeux
autour d’un faisceau tubulaire à ailettes dans lequel circule de l’azote
liquide (-196 °C). La température intérieure de la calandre est réglée en
fonction de la concentration tolérée pour les COV à piéger. Quand Azote
ces liquide
Azote
derniers atteignent leur point de rosée, ils se liquéfient sur les surfaces
liquide
d’échange, puis rejoignent un réservoir où ils sont stockés avant d’être
A
B
récupérés ou détruits. Parfois, au contact des parois froides, certains
effluents passent directement de l’état gazeux à l’état solide et se fixent
sur les surfaces d’échange.
Pour compenser ce phénomène de bouchage, chaque cryo-condenseur
est donc régulièrement régénéré. L’opération se fait grâce à l’injection Effluents
Atm os
Effluents
d’azote gazeux chaud dans le faisceau tubulaire, provoquant ainsi la
Atmosphère
Q = 100 à 1000 Nm3/h
fonte des cristaux qui rejoignent alors le réservoir sous forme liquide.C >10 g/Nm3
Résea
Pour traiter un flux continu, deux cryo-condenseurs fonctionnent
Réseau d'azote
en alternance : pendant que l’un est en mode piégeage, l’autre se Condensats
Condensats
régénère(1).
Stockage Condensats
À noter : pour atteindre des températures très basses (de l’ordre de
Principe d’une installation de cryo-condensation (VOXAL Cryo)
-120 à -140 °C), il est parfois nécessaire de mettre en œuvre plusieurs
World leader in industrial and medical gase
associée — en post-traitement – à une installation d’adsorption des
étages de cryo-condenseurs.
COV sur tissus de carbone activés (VOXAL TCA).
Pour en savoir plus, lire l’article : Des COV pris au piège de Finorga
(Le Cryoscope nº 31, pages 6 et 7).
7
(1) Ce principe de régénération par injection d’azote gazeux est également applicable pour les VOXAL TCA.
Parole d’expert
Depuis 30 ans, DTA fabrique les réservoirs cryogéniques pour la fusée
Ariane. C’est dire l’expérience accumulée par le site de Sassenage dans le
cadre de ce programme. Aujourd’hui, les commandes s’accélèrent.
Pour assurer des cadences de fabrication jamais réalisées sur Ariane 5,
DTA s’est remise en cause et a installé sur le site une organisation
innovante et motivante. Récit par l’auteur, Louis Sentis.
Organisation, motivation, communication :
le fil d’Ariane
Quelle est la contribution de DTA
pour le projet Ariane ?
DTA participe au programme Ariane
depuis son origine. Les avancées technologiques nées de cette aventure sont
prodigieuses : super-isolation, soudage
de précision, équipement des pas de
tirs, mise au point de bancs d’essais
moteurs, conception du sous-système
hélium liquide (SSHel)*… et, bien sûr,
fabrication des centaines de réservoirs
du lanceur. En 2005, Astrium-ST nous
a commandé 21 réservoirs oxygène et
30 SSHel pour Ariane 5. En 2007, ce
sont 35 réservoirs et 35 SSHel qui sont
demandés par Arianespace. Nous
ne pouvions plus nous contenter de
la cadence de fabrication de routine :
deux réservoirs d’oxygène et quatre
SSHel chaque année. Il a fallu créer
une nouvelle organisation.
Concrètement, quelle est donc
cette nouvelle organisation ?
Jusqu’à présent, les intervenants au
programme Ariane étaient dispersés
sur le site : d’un côté le bureau d’études, de l’autre les services achat,
ailleurs l’atelier, à l’opposé la gestion de projet ou encore la qualité…
L’organisation était ainsi faite, service
par service. Cela fonctionne très bien
pour certains programmes. Pas pour
Ariane. Il faut dire que l’on dénombre
1 000 opérations sur la totalité de notre
contribution à un lanceur ! Pour que
les intervenants dédiés
au programme travaillent
ensemble,
un plateau
projet a été
mis en place.
Huit personnes – le chargé d’affaire,
l ’i n g é n i e u r
système, le
chef d’ate-
lier, le préparateur des opérations, le
responsable logistique, le technicien
méthodes et les deux agents qualité – ont déménagé dans les mêmes
locaux, se consacrant à Ariane. Juste à
côté, dans l’atelier, 30 opérateurs sont
dédiés à la fabrication. Les anciens
forment les nouveaux sur les spécificités de ce projet exigeant. Nous avons
créé un esprit d’équipe autour de ce
programme, informant les techniciens
du devenir sur le lanceur, des produits
qu’ils fabriquent, relayant les retours
des clients, mettant en place des indicateurs qui améliorent nos performances…
Avec quels résultats ?
Les acteurs du programme sont plus
que jamais motivés. Ils ont plaisir à travailler ensemble. Résultat : alors qu’hier
nous produisions deux réservoirs et
quatre SSHel par an, aujourd’hui nous
fabriquons six réservoirs et six SSHel.
Demain, dès l’année prochaine, ce
seront neuf de chaque. À ce rythme,
nous aurons livré en 2009 tous les
réservoirs et tous les SSHel du lot PA,
commandé en 2005, et en 2014 le lot
PB, négocié cette année.
*Le SSHel fournit l’hélium nécessaire au maintien
de la pression du réservoir oxygène de l’étage
principal cryotechnique d’Ariane 5.
Une équipe soudée pour le programme Ariane. Louis Sentis à
l'extrême gauche.
Contact : [email protected]
Le CRYOSCOPE est publié par la Division Techniques Avancées d’Air Liquide • BP 15 • 38360 Sassenage • Tél. : +33 (0) 4 76 43 62 11 • Fax : +33 (0) 4 76 43 62 71 • E. mail :
[email protected] • Directeur de la publication : Didier Magnet • Coordination : Sébastien Lefèvre • Éditeurs délégués : 2ème Communication — Groupe Publicis •
22, rue Seguin • 69286 Lyon CEDEX 02 • Tél. +33 (0) 4 72 41 64 84 • Photos : Air Liquide, Université de Bristol, DCNS, DR • Impression : Imprimerie Lamazière •
165, avenue Franklin-Roosevelt • 69153 Décines • ISSN 1270-4369 • Dépôt légal à parution • Novembre 2007.

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