DES LUNETTES POUR BIEN SE FAIRE VOIR

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DES LUNETTES POUR BIEN SE FAIRE VOIR
DES LUNETTES POUR
BIEN SE FAIRE VOIR
TENDANCE. Fini le temps des montures discrètes. La mode
est aux lunettes grand format, façon premier de la classe. Mais
tout le monde ne peut pas les porter... Décryptage.
MARIE MAURISSE
ACTUELS
H
arry Potter n’a qu’à bien se
tenir: il n’a plus l’apanage
des grosses lunettes aux montures noires. Devant La nouvelle
star, sur M6, les téléspectateurs
ont découvert avec surprise le
visage de Camelia Jordana, 16
ans. Le nez de la candidate est
en effet chaussé d’imposants
binocles aux allures vintage. Ce
style a même valu à la Parisienne le quolibet d’«Ugly
Betty», du nom de l’héroïne
disgracieuse de la série.
Même phénomène pour le
nouvel espoir de la chanson
surnommé Sliimy, dont le physique balance entre Prince et
Mika. Découvert sur MySpace,
le Français exhibe lui aussi de
monumentales lunettes de vue
aux contours noir ébène, version premier de la classe. Ces
deux jeunes branchés ne sont
pas les seuls à opter pour le
look «têtard à lunettes». Aux
Etats-Unis, Johnny Depp,
Chloe Sevigny et Katie Holmes
l’ont aussi adopté avec succès.
Pourtant, ce genre de modèles
n’a rien de nouveau. Il est
même aux origines des lunettes, nées il y a plus de quatre
tes nouvelle génération aux
montures plus discrètes; et les
grands formats ont finalement
disparu des rayons des opticiens... pour revenir en force
dans les années 70. Truman
Capote, Woody Allen et l’architecte Le Corbusier furent ainsi
les ambassadeurs de la grosse
lunette version «intello». C’est
bien ce type de
«LES LUNETTES SONT DEVENUES modèle qui fait
son retour depuis
UN BIJOU, UNE PARURE
quelques mois.
POUR SUBLIMER SON VISAGE.»
Longtemps, porMathias Och, designer à Genève ter des «culs de
bouteille» était la
siècles. Pour des raisons tech- garantie de massacrer son
niques, les spécialistes de allure. Les grosses lunettes
l’époque utilisaient des mon- étaient associées aux myopes,
tures assez solides afin de sup- aux geeks et aux ringards.
porter des verres lourds et «Aujourd’hui, c’est l’inverse,
volumineux. Petit à petit, les explique Mathias Och, desiprogrès de la recherche ont gner spécialisé dans les lunetpermis l’avènement de lunet- tes et professeur à la Haute
Ecole d’art et de design à
Genève. Les lunettes ne sont
plus une tare. Elles sont devenues un bijou, une parure, quelque chose pour sublimer son
visage et se faire remarquer.
Certains en portent alors qu’ils
n’ont aucun problème de vue!»
Chez les opticiens, on confirme
le nouvel engouement. «Toutes
les marques se remettent aux
grosses lunettes, explique Pascal Barone, de la Lunetterie de
Pépinet, à Lausanne. Il y a les
classiques Wayfarer, de Ray
Ban. Mais aussi des modèles
du même acabit chez Alexandre McQueen, Lafont ou Tom
Ford.»
LAURE MARCHAND
A
l’extérieur, avec sa coupole
et ses formes architecturales courbées, l’édifice est tout
en rondeur. Dedans, les versets
du Coran, dorés et filant le long
des murs de verre, enveloppent
les fidèles dans un cocon. La
mosquée Sakirin, inaugurée
vendredi, sur la rive asiatique
d’Istanbul, porte une empreinte
résolument féminine. C’est
une première dans le monde
musulman: sa construction,
financée par la riche famille
turco-saoudienne Sakir, a été
supervisée par une femme.
Jusqu’à présent, la designer
d’intérieur turque Zeynep
Fadillioglu s’était surtout distinguée en relookant des restaurants branchés, à Istanbul
ou à Londres, et des hôtels
huppés.
Un pari risqué. Selon les mar-
ques, les montures coûtent
entre 200 et 400 francs, soit la
même gamme de prix que
d’autres calibres. Mais avis aux
amateurs: elles ne vont pas à
tout le monde. «Ces modèles
ne sont pas très flatteurs, pense
Myriam Hoffmann, consultante en image et directrice de
l’agence Première Impression.
Il faut avoir un grand visage et
de gros traits pour pouvoir les
porter. Et surtout, ne pas les
associer à une tenue de sport.
Mais avec un joli tailleur ou un
ensemble branché, cela peut
faire son effet».√
L’HEBDO 7 MAI 2009
«Lorsque que ce projet m’a été
confié, j’en ai pleuré d’émotion,
je l’ai reçu comme un privilège», raconte ce pur produit
de la haute bourgeoisie laïque,
53 ans, musulmane mais très
peu pratiquante. Pour sa mosquée, elle a fait travailler des
artistes contemporains et des
spécialistes de l’art ottoman
islamique. Un savant dosage
entre tradition et modernité,
car «il faut avant tout que le
public s’y sente bien, qu’il ne
soit pas effrayé». Le mihrab,
qui indique la Mecque, a une
forme de coquille Saint-Jacques. Des gouttelettes en
plexiglas, descendant des
chandeliers, semblent flotter
dans l’air. Lumineuse et
ouverte, la section réservée aux
femmes a fait l’objet d’une
attention particulière. «Dans
certaines mosquées, leur place
est à côté des toilettes, critique
Zeynep Fadillioglu. Or, il n’y
avait rien de tel à l’époque du
prophète.»
Fierté. Dans un pays où le
DESIGNER Zeynep Fadillioglu devant
sa mosquée Sakirin.
7 MAI 2009 L’HEBDO
poids des valeurs traditionnelles freine l’émancipation des
femmes, où les affrontements
entre nationalistes et religieux
secouent la vie politique, la
réalisation d’un lieu de culte
par une femme constitue un
symbole fort. «Dans le futur,
on s’en souviendra, s’enthousiasme l’architecte. Et j’ai reçu
des lettres de nombreuses
musulmanes disant leur fierté
qu’une femme ait construit
une mosquée.»√
ACTUELS
NOUVELLE STAR Camelia Jordana est surnommée
«Ugly Betty» à cause de ses lunettes encombrantes.
ISLAM. L’architecte Zeynep Fadillioglu, à
Istanbul, est la première femme à signer
une mosquée dans le monde musulman.
LAURE MARCHAND
KATIE HOLMES L’actrice américaine a adopté le look SLIIMY Ces grosses montures permettent au jeune
«têtard à lunettes».
chanteur français de se donner un look très branché.
MOSQUÉE TURQUE
VERSION FÉMININE
PHOTOGRAPHE AGENCE
JAMED DEVANEY WIREIMAGE/GETTYIMAGES|M6/FMF/ABACAPRESS.COM|FREDERIC NEBINGER ABACAPRESS.COM
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