Séminaire doctoral du laboratoire MoDyCo, de l`Ecole doctorale 139

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Séminaire doctoral du laboratoire MoDyCo, de l`Ecole doctorale 139
Séminaire doctoral du laboratoire MoDyCo,
de l'Ecole doctorale 139 et de l'Ecole doctorale 180.
Programme 2010-2011
Sommaire
Vue générale du programme .................................................................................................................. 1
Détail du programme .............................................................................................................................. 2
Séance 1. Plurilinguismes scolaires en zones créolophones ............................................................... 2
Séance 2. L’économie des emprunts dans le discours. ....................................................................... 4
Séance 3. Grammaticalisation, système(s) et variation. ..................................................................... 5
Séance 4. La dénomination ................................................................................................................. 8
Séance 5. Saussure aujourd’hui........................................................................................................... 9
Séance 6. Langage et référence : autour de Wittgenstein ................................................................ 13
Séance 7. Sémantique des émotions ................................................................................................ 15
Séance 8. Séance non thématique .................................................................................................... 16
Vue générale du programme
Le programme détaillé des séances est présenté au-dessous.
Mardi 16 novembre 14h-16h30 (Séance suivie d'un pot)
Plurilinguismes scolaires en terrains créolophones.
-Colette Noyau (Professeur, Modyco)
-Rada Tirvassen (Professeur au Mauritius Institute of Education, chercheur associé à Modyco)
-Jean-David Bellonie (jeune chercheur Modyco, postdoctorant à l’Université de Fribourg)
Mardi 7 décembre 13h30-16h
L’économie des emprunts dans le discours.
-Sarah Leroy (CR CNRS, Modyco) et Sylvain Loiseau (jeune chercheur associé à Modyco)
-Caroline Mellet-Facq (MCF, Modyco) et Frédérique Sitri (MCF, Syled Paris 3 et Modyco)
-Léda Mansour (jeune chercheur Modyco)
Mardi 14 décembre 14h-16h30
Grammaticalisation, système(s) et variation.
-Annie Bertin (Professeur, Modyco)
-Benjamin Fagard (CR CNRS, Lattice)
-Dana Sleiman (jeune chercheur associé à Modyco)
Mardi 18 janvier 14h-16h30
Linguistique de la dénomination.
-Gérard Petit (MCF, LDI Paris 13 et Modyco)
-Marco Fasciolo (FNRS)
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-Caroline Bogliotti (MCF, Modyco)
Mardi 15 février 14h-16h30
Saussure aujourd'hui.
-Michel Arrivé (Professeur, Modyco)
-Estanislao Sofia (Jeune chercheur associé à Modyco)
-Loïc Depecker (Professeur, RFC Paris 3)
Mardi 8 mars 14h-16h30
Langage et référence : autour de Wittgenstein.
-Agathe Cormier (doctorante, Modyco)
-Mélika Ouelbani (Professeur, Université de Tunis)
-Simon Bouquet (MCF HDR, Modyco).
Mardi 10 mai 14h-16h30
Sémantique des émotions.
-Denis Le Pesant (Professeur, Modyco)
-Francis Grossmann, Professeur, Lidilem Grenoble 3)
-Zmorda Bouchagour (Doctorante, Modyco)
Mardi 24 mai 14h-16h30 séance suivie d'un pot
Séance non thématique.
Intervenants
-Chai-Song Hong, Université Nationale de Séoul, Corée du Sud
-Amal Guha, Ingénieur de Recherche, Modyco & Direction des systèmes d'information (DSI) du CNRS
Mardi 14 juin 14h-16h30, SEANCE ANNULEE
Visibilité et représentation de la science sur le web.
-Camille Claverie (MCF, Modyco)
-Lionel Barbe (MCF, Modyco)
-Louise Merzeau (MCF, Modyco).
Détail du programme
Séance 1. Plurilinguismes scolaires en zones créolophones
Introduction de C. Noyau, à l’initiative de cette séance.
Ecole et langues dans les communautés plurilingues de l’Océan Indien. La nécessaire alliance entre
sociolinguistique et psycholinguistique.
Rada TIRVASSEN, Professeur au Mauritius Institute of Education, chercheur associé à MoDyCo
Cette présentation tentera d’analyser la place de la langue première dans les systèmes éducatifs des
îles du sud-ouest de l’Océan Indien à partir d’une double démarche. Il s’agira, à partir des outils
conceptuels qu’offre la sociolinguistique, d’étudier la répartition fonctionnelle entre les langues dans
ces systèmes inévitablement plurilingues (puisque la colonisation est passée par là) avant que l’on ne
fasse des rapprochements entre ces données et la réalité linguistique extra-scolaire. Toutefois, la
compré¬hension que ces éclairages offrent sur l’impact des options linguistiques de l’école sur
l’efficacité de cette institution n’est pas suffisante pour une intelligibilité adéquate de la question du
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choix des langues dans des systèmes éducatifs confrontés au bilinguisme. En effet, le sujet apprenant
et les processus cognitifs qui caractérisent sa scolarisation sont exclus des préoccupations de la
sociolinguistique. Si l’école c’est l’appropriation de connaissances et la maîtrise de savoir-faire tels
que la lecture et l’écriture et des aptitudes indispensables pour participer aux autres activités qui s’y
déroulent, il est nécessaire de comprendre les rapports entre la nature cognitive de ces processus et
le langage. Ce sont là les tâches que se donne la psycho¬linguistique. Cette discipline part du postulat
que les langues sont constitutives du développement conceptuel (dont l’entrée dans l’abstraction :
évoquer des événements accomplis par exemple) et de la structu¬ration des connaissances qui
caractérisent toute la scolarisation de l’enfant. L’entrée dans la littératie et la construction des
connais¬sances ne peuvent donc pas être analysées sans une prise en compte de leur dimension
cognitive : ne pas prendre en considération cet aspect des activités linguistiques quand on élabore
des politiques linguis¬tiques pour l’école, c’est lui nier une de ses caractéristiques majeures et
déterminantes pour la réussite scolaire. Cette seconde démarche explique les faiblesses des
politiques linguistiques mises en place à l’école : elles ne permettent pas de comprendre pourquoi le
corps social ignore les multiples dénonciations de ces choix. Au-delà de la compréhension d’une
réalité sociale, il sera question du profit que l’on peut tirer d’une double démarche socio et psycholinguistique.
La gestion du contact des langues à l’école en Martinique : une approche sociodidactique.
Jean-David BELLONIE, jeune chercheur MoDyCo, postdoc à l’Université de Fribourg
Dans le cadre de cette communication, nous souhaitons aborder la problématique de la didactique
du français dit « langue maternelle » dans une zone créolophone, la Martinique, où cohabitent deux
cultures et deux langues s’actualisant sous différentes formes à l’oral et à l’écrit. Notre approche se
basant sur des considérations d’ordre sociolinguistique et didactique, nous tenterons de défendre
l’hypothèse selon laquelle l’absence de reconnaissance de la réalité des pratiques langagières dans
les apprentissages peut être à l’origine des difficultés constatées à l’école primaire. Afin d’illustrer
nos propos, nous nous appuierons sur des données issues d’enregistrements de séquences de classe.
Nous tenterons de mettre en évidence la difficile gestion de la variation langagière dans les
enseignements et montrerons en quoi cet état de fait freine le bon déroulement de l’enseignement.
Dans une perspective interculturelle et plurilingue, il s’agit de penser une didactique intégrante
capable de s’appuyer sur les usages extrascolaires des élèves, reflet de leur construction identitaire,
tout en proposant un enseignement du français langue commune en tant qu’il contribue à la
cohésion sociale, à la reconnaissance de la communauté.
Créole - anglais - français aux Seychelles : quelle triangulation ? Un point de vue
psycholinguistique.
Colette NOYAU, Pr, MoDyCo
La république des Seychelles s’est donné trois langues nationales, le créole, l’anglais et le français. Le
créole est la langue commune, valorisée et dotée d’un statut écrit. Elle est la langue d’enseignement
au début du primaire, relayée par l’anglais pour les matières principales à partir de la 3e année.
L’ensemble des certifications se feront en anglais avec supervision britannique, le français restant
langue matière au long de la scolarité. L’anglais est, lui, la langue principale de l’imprimé, de
l’administration et des structures étatiques. Le français, langue cousine du créole lexicalement, est
introduit comme langue de communication dès le préscolaire et reste langue matière, de commun...
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Séance 2. L’économie des emprunts dans le discours.
L’économie de l’emprunt : les emprunts inter-discours
Sarah Leroy (CR CNRS, Modyco) et Sylvain Loiseau (jeune chercheur associé à Modyco).
Pour aborder les questions des emprunts inter-discours nous proposons de :
1/ Revenir sur la notion d’empunt prise au sens large, et en particulier sur la place, dans l’élaboration
de cette notion, de l’« emprunt interne » (Meillet, Cohen), c’est-à-dire à l’emprunt entre variétés ou
entre genres.
2/ Filer la métaphore de l’emprunt inter-discours : peut-on utiliser les catégories de l’emprunt interlangues pour décrire les emprunts inter-discours ? (Effet de la proximité des discours ; typologie des
éléments empruntés ; influence d’une relation de prestige ; directionnalité ; échelle d’intégration
(xénisme, pérégrinisme), etc.)
3/ Analyser des exemples concrets tirés de la philosophie (Deleuze, « citant », par des emprunts
phraséologiques et des slogans, d’autres types de discours, en particulier le discours politique, dont
les propriétés dialogiques sont diamétralement opposées au discours philosophique) et de la presse
écrite.
Hétérogénéités énonciatives : quelques formes de modalisation autonymique d’emprunt dans des
genres de discours distincts.
Caroline Mellet-Facq (MCF, Modyco) et Frédérique Sitri (MCF, Syled Paris 3 et Modyco).
La thèse selon laquelle tout discours est constitutivement traversé d’hétérogène, à l’œuvre dans la
notion d’interdiscours (Pêcheux) ou de dialogisme (Bakhtine) est développée, d’un point de vue
énonciatif, par Jacqueline Authier-Revuz, à travers la notion de non-coïncidence énonciative.
Étudiant les « boucles » méta-énonciatives par lesquelles les locuteurs redoublent leur dire d’un
commentaire qui en suspend l’évidence, elle montre que cette non-coïncidence affecte non
seulement le rapport à l’interlocuteur (non-coïncidence interlocutive) et au discours autre (noncoïncidence interdiscursive) mais également le rapport entre les mots et les choses ou le rapport de
la langue à elle-même (lapsus, jeux de mots par lesquels surgit l’équivoque de la langue). La
communication a un double objectif : il s'agira à la fois de présenter les analyses développées par J.
Authier-Revuz concernant les formes de non-coïncidence du dire, et d'étudier plus spécifiquement
les non-coïncidences affectant le rapport aux dires autres, la modalisation autonymique d’emprunt,
dans des genres de discours distincts. À travers l’étude de certains emplois des guillemets (ou des
italiques) pourront ainsi étudiées certains "modes de dire" mettant en évidence la manière dont
l'énonciateur tient compte du langage des autres.
Comment emprunter son propre discours ? Construction d’un « discours du traducteur » et notes
de bas de page.
Léda Mansour (jeune chercheur associé à Modyco)
Partant du principe qu’un traducteur est avant tout un lecteur du texte à traduire, nous pouvons
parler d’un « discours traduisant » qui, dans le cas de La Trilogie de Mahfouz, émerge dans le choix
de « ce qui est à noter ».
À un niveau général, Les notes de bas de page peuvent être considérées comme un commentaire
méta-énonciatif du discours d’autrui, autrui étant le texte à traduire, néanmoins, nous préférons
penser ce système de notation comme la trace du discours du traducteur.
À un niveau particulier, les bas de page font, pour la majorité, l’objet d’une explication d’un terme ou
d’une expression arabes dans le texte en français. S’agit-il d’un maintien de « termes locaux » ou
d’un emprunt au texte-source ?
L’analyse des notes rend manifestes :
1. Une dialectalisation-transformation des termes écrits en arabe classique
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2. La part du lecteur-destinataire : lecteur francophone
3. La part du traducteur : les « entre-parenthèses », les « sic », la ponctuation et les « cf ».
L’idée d’un « emprunt » peut se situer au niveau du texte traduit et non du texte original : Le
traducteur commente les effets de sens qu’il aurait construits lors de sa propre compréhension et
interprétation du texte original. Il ne s’agirait plus de « maintien » ni de « trace du texte original »,
mais d’un mode de représentation de son propre discours tout en créant un système de notation
séparant la part du traducteur de la part du texte, une séparation plus au moins fictive.
Niveau général et niveau particulier se rejoignent dans la construction d’un « discours du
traducteur», permettant de nouveaux questionnements : comment interpréter (lire) les textes
traduits ? Le « texte traduit » peut-il exister en tant que « texte », au-delà du traduire ?
Ainsi, la problématique de l’emprunt entre discours exige une réflexion sur le « bilinguisme » du
texte traduit, sur « la double lecture » et éventuellement sur le jeu de l’ouverture-enfermement
interprétatifs du texte.
Bibliographie
:
ANTOINE F. et WOOD M. (1999), Humour, culture, traductions, Cahiers de la maison de la recherche
Université Charles DE GAULLE- Lille 3.
MAHFOUZ N., Impasse des deux palais (1956), Palais du désir (1956), Le jardin du passé (1957), Livre
de Poche, Jean-Claude Lattès, Traduction : Philippe Vigreux (1985, 1987, 1989).
MANSOUR L., (2010) Représentations du discours dans La Trilogie de Naguib Mahfouz, Thèse de
Doctorat, Paris Ouest Nanterre.
OSEKI-DEPRE I. (1999), Théories et pratiques de la traduction littéraire, Armand Colin.
QUEFFELEC A., (2000), « Emprunt ou xénisme : les apories d’une dichotomie introuvable ? », in
Danièle Latin et Claude poirier ( éds.), Contacts de langues et identités culturelles. Perspectives
lexicographiques, Actes des quatrièmes Journées scientifiques du réseau « Etude du français en
francophonie », Presses de l’université de Laval.
Séance 3. Grammaticalisation, système(s) et variation.
Introduction par A. Bertin
La grammaticalisation, un facteur de différenciation romane ?
Benjamin Fagard (CNRS Lattice).
Latinistes, romanistes et autres comparatistes ont souvent eu la tentation d’établir une hiérarchie
des langues romanes, en distinguant par exemple les plus éloignées du latin, opposant ainsi centre et
périphérie. Ainsi, d’après Bonfante (1971, 1999), les innovations linguistiques naissent le plus
souvent dans la métropole et se propagent en ondes concentriques, ce qui explique que l’on ne
trouve pas certaines innovations du latin tardif dans les zones périphériques de la Romania.
Cependant, si l’on prend en compte divers critères liés à la grammaticalisation, il semble que l’on
peut proposer une classification différente : Lamiroy (1999), Carlier (2007), De Mulder (2001) ont
montré que le français présente un degré de grammaticalisation plus grand que les autres langues
romanes, dans le système verbal, pronominal, les démonstratifs et les articles. Cela laisse penser que
ces langues ont connu un rythme de grammaticalisation inégal.
Nous proposons de mettre cette hypothèse à l’épreuve, en l’appliquant à d’autres classes de mots :
les prépositions, les conjonctions et les marqueurs discursifs. Partant de travaux récents (Fagard,
sous presse, Fagard, soumis et Fagard & Mardale, soumis), nous montrerons que les langues
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romanes présentent à la fois une homogénéité frappante et des décalages prédits par l’hypothèse de
la grammaticalisation plus avancée du français.
Eléments de bibliographie
Bonfante, Giuliano, 1971. Le norme della linguistica areale, in Eugenio Coseriu & Wolf-Dieter Stempel
(eds.), Sprache und Geschichte. Festschrift für Harri Meyer zum 65. Geburtstag. München : Fink. 5176.
Bonfante, Giuliano, 1999. The origin of the Romance languages : Stages in the Development of Latin.
Heidelberg : Carl Winter.
Carlier, Anne. 2007. From Preposition to Article. The grammaticalization of the French partitive.
Studies in Language, 31, 1, 1-49.
De Mulder, Walter. 2001. La Linguistique Diachronique: grammaticalisation et sémantique du
prototype. Langages 130, 8-32.
Fagard, Benjamin. Sous presse. É vida, olha…: Imperatives as discourse markers and
grammaticalization paths in Romance – A diachronic corpus study. Languages in Contrast.
–, soumis. Conjonctions et grammaticalisation : le cas des langues romanes. SLP.
– & Alexandru Mardale. Soumis. The pace of grammaticalization and the evolution of prepositional
systems: Data from Romance. Folia linguistica.
Lamiroy, Béatrice. 1999. Auxiliaires, langues romanes et grammaticalisation. Langages, 135: 63-75.
La grammaticalisation des conjonctions en français : une évolution systématique ?
Annie Bertin (Université Paris Ouest Nanterre La Défense-UMR MoDyCo).
La grammaticalisation offre un cadre adéquat pour rendre compte de la catégorie de la conjonction.
La conjonction est en effet caractérisée par la variation dans sa forme (pour la/cette (seule et unique)
raison que), sa catégorisation morpho-syntaxique (ainsi que : coordonnant ou subordonnant ?), son
sémantisme (tandis que : temporel ou logique ?).
Le « renouvellement des conjonctions » (Meillet 1915) présente par ailleurs des parcours d’évolution
réguliers (Kortmann 1997), qui illustrent l’importance de la subjectivité dans le changement
linguistique (Traugott 2010).
Les divers aspects de la dégrammaticalisation (Norde 2009 ) et le fait que certaines conjonctions
restent objectives (Iordanskaïa 1999) invitent toutefois à s’interroger sur le caractère systématique
de l’évolution des conjonctions.
Références
Iordanskaja, L., (1999), « Description lexicographique des conjonctions du français contemporain. » in
Mel’čuk I. et al., Dictionnaire explicatif et combinatoire du français contemporain. Recherches lexicosémantiques IV, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 43-53.
Kortmann, B., (1997), Adverbial Subordination.A typology and History of Adverbial Subordinators
Based on European Languages, Berlin-New York, Mouton de Gruyter.
Meillet, A. (1915) , [1948],“ Le renouvellement des conjonctions ”, Annuaire de l’Ecole pratique des
Hautes Etudes, 1915-1916, repris in Linguistique historique et linguistique générale, Paris, Champion,
1948, 159-174.
Norde, M. (2009), Degrammaticalization, Oxford, Oxford University Press.
Traugott, E.C., (2010), « (Inter)subjectivity and (inter)subjectification : A reassessment”, in Davidse,
K., L. Vandelanotte & H. Cuyckens, Subjectification, intersubjectification and grammaticalization,
Berlin, Mouton de Gruyter.
L’adjectif grand et le processus de grammaticalisation
Dana Saikali (Jeune chercheur associé à MoDyCo)
Dans le domaine de la détermination, la frontière n'est pas étanche entre déterminants
« quantifiants » et déterminants « caractérisants ». Le passage de l'adjectif au prédéterminant peut
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se lire comme une grammaticalisation avec perte de certains traits sémantiques pour garder le
schéma logique fondamental, restriction de liberté de la place, fixation de la place, intégration dans
un paradigme de déterminants (certains, différents, divers se situent dans le même paradigme que
"des, quelques, plusieurs").
Contrairement à divers, différent, certain, l’adjectif grand ne semble pas concerné par le processus
de grammaticalisation. Pourtant, dans certains syntagmes, il exprime la quantification : il n’y a pas
grand monde/ beaucoup de monde, je n’ai pas grand-chose à manger (presque rien). Les expressions
de ce type où grand apparait comme un déterminant quantifieur sont souvent des locutions figées,
par exemple, selon le TLFI :
« Loc. verb. Avoir grand besoin (de qqn, de qqc., de faire qqc.); avoir grand tort; avoir, prendre,
trouver grand plaisir (à faire qqc.); avoir grand mal (à la tête). Il mettait donc grand soin à
dissimuler sa surdité aux yeux de tous (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 232).
Loc. subst. Grand-messe, grand-poste, grand-route, grand-rue, grand-ville. L'ennemi venait
d'attaquer nos grand' gardes, et l'on s'armait en hâte (A. DAUDET, Contes lundi, 1873, p. 112)
Loc. adv. En grand-hâte, à grand-peine ».
Quelle est l’origine de ce grand dans ces expressions ? S’agit-il d’un processus de
grammaticalisation qui n’a pas perduré ou qui s’est interrompu ? Jusqu’à quel point peut-on, par
ailleurs, différencier grammaticalisation et lexicalisation ?
Nous essaierons de répondre à ces questions à partir d’une analyse sémantique des exemples tirés
de La Conquête de Constantinople (Geoffroy de Villehardouin) du 13e siècle et de leur traduction au
16e siècle (Blaise de Vigenère).
On observera en quoi grand dans ces emplois est grammaticalisé : place, variation ou non en
nombre, détermination par un article. A partir de cette étude textuelle, on s’interrogera sur les
conditions de la grammaticalisation d’un adjectif et sur sa pérennité en français.
Bibliographie :
Brinton L. & Traugott E.C. (2005), Lexicalization and language, Cambridge University Press.
Faral, E., (1938), Villehardouin, La Conquête de Constantinople, éditée et traduite par Edmond Faral,
Les Belles Lettres, Paris.
Leeman, D., (2005), "Comment distinguer divers et différents déterminants ?", Verbum, XXVII, n°4,
pp. 321-330.
Lehmann, Ch. (1995). Thoughts on grammaticalization, Munich : LINCOM-Europa.
Lightfoot M., (2005), “Can the lexicalization/grammaticalization distinction be reconciled?” ; Studies
in language 29/3, pp.583-615.
Prévost, S. et Fagard, B., (2008), « Grammaticalisation et Lexicalisation : La formation d’expressions
complexes » ; Langue française n°156, Armand Colin.
Marchello-Nizia, C., (2006), Grammaticalisation et changement linguistique, De Boeck, Bruxelles.
Marchello-Nizia, C., ‘2001), « Grammaticalisation et évolution des systèmes grammaticaux », Langue
française, n°130.
Traugott E. (1994), « Grammaticalization and lexicalization », Encyclopedia of Language and
Linguistics, Asher R. & Simpson J. (éds), vol.3, Oxford, Pergamon, pp.1481-1486).
Vigenère, B. de, (1585), Histoire de Geoffroy de Villehardouyn, marechal de Champagne et de
Romenie ; de la Conqueste de Constantinople par les barons françois associez aux Venitiens, l’an
1204, d’un costé en son vieil langage ; et de l’autre en un plus moderne et intelligible. Traduction de la
Conquête de Constantinople de Villehardouin.
Wilmet, M., (1986), La détermination nominale, Paris, Presses Universitaires de France.
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Séance 4. La dénomination
Gérard PETIT (HDR, Université de Paris Ouest Nanterre-La Défense et LDI)
Quelle(s) définition(s) pour la notion de dénomination en Sémantique lexicale ?
Les questions centrales posées par la conceptualisation de la dénomination en Sémantique
intéressent d'abord la définition des critères d'identification. Si, comme l'a montré Kleiber (1984),
une perspective sémiotique (stabilité et récurrence de la relation référentielle) est appropriée pour la
détermination de cette propriété, la caractérisation doit être découplée de toute influence
syntaxique. Il s'ensuit que des unités comme les verbes et les adjectifs se voient captées dans le
champ de la dénomination bien qu'elles restent retorses au qualificatif de nom (fût-il entendu au
sens logique de name) et au teste de reconnaissance (« être le nom de... », « s'appeler »). Il convient
alors de repenser la manière dont ce matériau composite gère sa fonction dénominative et
d'envisager la dénomination non pas comme une propriété monolithique, mais modulaire : elle ne
procède pas d'un comportement homogène des unités lexicales, mais de modes de déclinaison, de
chemins en fonction desquels elles accomplissent leur fonction. Ainsi, au moins trois modules
transverses les uns aux autres peuvent être dégagés : (i) sémiotique (dénomination statutaire vs
dénomination occurrentielle) ; (ii) ontologique (dénomination d'objet vs de procès vs de propriété,
lesquels ne se superposent pas aux classes syntaxiques des noms, verbes et adjectifs) ; (iii)
sociolinguistique (dénomination de droit vs dénomination de fait ; dénomination diaphasique ;
dénomination diastratique ; dénomination diatopique). Au filtre de ces modules, la dénomination
apparaît non pas comme une propriété abstraite attachée à l'unité lexicale, mais construite par les
cotextes et fondamentalement dépendante de l'emploi en discours, pour peu que celui-ci soit par
ailleurs lexicalisé.
Marco
FASCIOLO
(Fonds
National
Suisse
pour
la
Recherche
Scientifique)
Les bornes des prototypes : pour une distinction entre catégories ontologiques, cognitives et
linguistiques.
Le territoire des modèles cognitifs partagés a deux bornes : externe et interne. Des expressions
comme Une sorte de maison. C’est comme une maison mais… Cela est une vrai maison sont
cohérentes : puisque il peut y avoir des maisons non-prototypiques, il y a le prototype de maison. Par
contre, des expressions comme ?Une sorte de lieu. ?C’est comme un lieu mais… ?Cela est un vrai lieu
ne le sont pas : puisque il ne peut pas y avoir des lieux non-prototypiques, il n’y a non plus le
prototype de lieu. Lieu est l’une des bornes qui délimitent de l’extérieur le domaine de nos modèles
cognitifs partagés comme maison ou édifice. La question ?Quel cri émettent les hommes ? est
aperçue comme hors de propos car il n’y a pas un modèle cognitif partagé des cris des êtres humains.
Donc, évidemment, le Français n’établit pas une solidarité lexicale (Porzig 1934) entre parler et
homme. Par contre, des questions comme Quel cri émettent un lion, une grenouille, un perroquet ?
sont heureuses car nous partageons un modèle cognitif des cris des animaux. Par conséquent, le
Français peut établir des solidarités lexicales entre rugir et lion, coasser et grenouille, parler et
perroquet. Les solidarités lexicales sont l’une des bornes qu’une langue trace à l’intérieur des
modèles cognitifs partagés. En synthèse, des concepts comme lieu, objet, animal, être humain…
délimitent de l’extérieur l’espace de cohérence des prototypes et des modèles cognitifs partagés
comme édifices, véhicules, cris d’animaux… Ces derniers, à leur tour, délimitent l’espace à l’intérieur
duquel une langue peut coder ses propres relations comme les solidarités lexicales. Dans ma
communication je me propose d’explorer ces niveaux ontologique, cognitif et linguistique.
Références bibliographiques.
Gross, G., Pour une véritable notion de « synonymie » dans un traitement de texte dans :
« Langages », 1998, 131, pp. 103-114.
8
Kleiber, G., Lexique et cognition: Y a-t-il des termes de base?, dans : « Scolia », 1994, 1, pp.7-40.
Lakoff, G., Hedges : a study in meaning criteria and the logic of fuzzy concepts, dans : "Journal of
Philosophical Logic", 1973, 2(4), pp. 458-508.
Porzig, W., Wesenhafte Bedeutungsbeziehungen, dans : “Beitrage zur deutschen Sprache und
Literatur”, 1934, 58.
Prandi, M., Contraintes conceptuelles sur la distribution : réflexion sur la notion de classes d’objets,
dans : « Langages », 1998, 131, pp. 34-44.
Caroline BOGLIOTTI (MCF, Université de Paris Ouest Nanterre-La Défense et Modyco)
Les troubles de la dénomination
Chercher ses mots est une activité partagée par tous les locuteurs, mais elle peut être la
manifestation centrale ou le signe prédicteur de pathologies langagières. En effet, les troubles de la
dénomination, ou manque du mot, apparaissent dans le tableau clinique de nombreuses
pathologiques langagières (pathologies acquises : troubles aphasiques, maladie d’Alzheimer,
accidents traumatiques ; ou pathologies développementales : dysphasie et dyslexie
développementales). Le manque du mot se caractérise par une déviation involontaire de l’intention
dénominative du locuteur (paraphasies), et/ou par la difficulté ou l’impossibilité de produire le mot
juste (orthonyme). Les troubles de la dénomination peuvent avoir différentes origines : cognitive,
réalisation articulatoire des mots altérée, ou encore atteinte du processus de lexicalisation. C’est de
ce dernier aspect que traitera cet article. La comparaison des manifestations du manque du mot
rencontrées dans une pathologie acquise (aphasie rencontrée chez l’adulte) et dans une pathologie
développementale (dysphasie) nous permet d’évaluer si les niveaux linguistiques (phonologique,
morphologique, lexical, sémantique) intervenant dans la production et la sélection lexicale sont
atteints de façon identique. Cette comparaison est intéressante car elle permet de mettre en
évidence une différence notable entre les deux populations : la qualité du stock lexical et de ses
représentations. Le stock lexical est bien établi chez l’adulte, mais il est encore en construction chez
l’enfant. Aussi, quels sont les savoirs lexicaux préservés ? L’enfant et l’adulte atteint utilisent-ils les
mêmes stratégies dénominatives ? Quelle remédiation est possible? Les troubles de la dénomination
sont-ils résistant à la remédiation ?
Séance 5. Saussure aujourd’hui
Introduction de Michel Arrivé.
Estanislao Sofia (jeune chercheur MoDyCo), La réception actuelle des manuscrits de Saussure.
Cet exposé portera sur la réception actuelle des manuscrits de Saussure, notamment par ce qu’on
appelle, déjà, l’école néo-saussurienne. J’essaierai de mettre en relief l’importance inégale, selon que
l’on adopte des critères biographiques, théoriques, techniques, etc., de ces notes centenaires. Le but
sera de problématiser l’idée (valable peut-être, mais à mon sens à nuancer) selon laquelle ces
manuscrits contiendraient une « révolution en puissance ».
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Michel Arrivé (Pr émérite, MoDyCo), Saussure aux prises avec l'origine du langage et des langues.
L’origine du langage a donné lieu, depuis la nuit des temps, à d’innombrables réflexions, qui ont pris
les formes les plus diverses. On voit même se dessiner l’opposition absolue entre deux extrêmes : la
réduction de tout problème linguistique au problème de l’origine du langage – c’est sans doute ce
qui s’observe, dans des contextes évidemment très différents, chez Renan et chez Freud – et
l’interdiction d’aborder le problème. Elle s’observait par exemple en 1866 : la Société de linguistique
de Paris conférait à l’article 2 de ses statuts la forme suivante : « La Société n’admet aucune
communication concernant soit l’origine du langage, soit la création d’une langue universelle ». Cette
interdiction a disparu lors de la réfection des statuts en 1876.
L’attitude de Saussure à l’égard du problème est spécifique. Contrairement à ce qui a été parfois dit,
il n’évacue pas d’emblée le problème de l’origine du langage. Il semble même ne pas récuser
totalement l’idée d’une humanité non pourvue du langage :
« La nature nous donne l’homme organisé pour le langage articulé, mais sans langage articulé »
(ELG, 2002 : 178).
Cependant, il prend le parti de ramener le problème de l’origine à celui de la « vie » du langage :
« ORIGINE DU LANGAGE : Inanité de la question pour qui prend une juste idée de ce qu’est un
système sémiologique et de ses conditions de vie avant de considérer ses conditions de genèse. Il n’y
a aucun moment où la genèse diffère caractéristiquement de la vie du langage, et l’essentiel est
d’avoir compris la vie » (ELG, 2002, p. 228 ; voir aussi pp. 47, 93-94 et 159 et, dans le CLG, p. 105).
On posera la question du sens conféré en ces points aux notions de langage articulé et de vie du
langage. Ce qui permettra d’envisager l’interrogation de Saussure sur les relations entre le langage
et la voix. Et d’essayer de repérer l’intérêt de la position de Saussure sur la place du problème de
l’origine
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Loïc Depecker (Pr à l'Université Paris III, Psdt fondateur de la Société française de terminologie),
Les manuscrits de Saussure : quelques découvertes.
Séance 6. Langage et référence : autour de Wittgenstein
Mélika Ouelbani (Pr à l'Université de Tunis et à
Le sens comme respect des règles logiques et/ou grammaticales
l'Université
Paris
Sorbonne)
Le concept de règles est essentiel dans la pensée de Wittgenstein et se trouve à tous les niveaux de
sa philosophie. Tout d’abord, il a toujours soutenu que la philosophie est une thérapie, dont le rôle
est de soigner le discours des maladies engendrées par le non respect des règles, qu’elles soient
logiques ou grammaticales. Toutefois, ce concept est, en un sens, plus important dans la seconde
partie de sa philosophie, celle des jeux de langage, en ce sens que tout jeu se définit par les règles qui
le constituent et par l’application de ces dernières.
J’essaierai de préciser les différentes acceptions du concept de règles selon les étapes de la
philosophie de Wittgenstein. Puis, je m’attacherai à montrer le lien entre les règles telles qu’elles
constituent le jeu de langage et les mêmes règles telles qu’on les applique pour communiquer, et ce
à partir de deux difficultés de la conception du sens développée dans RP :
1) Les règles du langage ne sont pas circonscrites : on les utilise sans les avoir apprises et sans être
capables de les énoncer, pourtant le fait que les interlocuteurs se comprennent prouve bien qu’ils
appliquent les mêmes règles.
2) « Il faut qu’il y ait des règles parce que le langage doit être systématique » (Cours de Cambridge,
1931, §2). Les règles du langage sont donc arbitraires, pourtant elles s’appliquent dans des situations
différentes. Il faudrait alors qu’elles puissent s’y ajuster ; ce qui signifie que si les règles sont
arbitraires, « leurs applications » ne le sont pas.
Agathe Cormier (doctorante MoDyCo)
La conception wittgensteinienne de la signification des noms propres : analyse du paragraphe 79
des Recherches philosophiques
Le paragraphe 79 des Recherches philosophiques est souvent considéré comme la source de la
définition du nom propre en termes de concept-faisceau élaborée par Searle (voir notamment
13
Searle, 1958 ; Vaxelaire, 2005 : 553-555 ; Carney, 1979 : 59-60), selon laquelle le sens d’un nom
propre correspond à un ensemble disjonctif de descriptions du porteur de ce nom. Il nous semble
que Wittgenstein entreprend au contraire dans son ouvrage de déconstruire méthodiquement la
théorie descriptiviste du sens des noms et que « cette interprétation du paragraphe 79 entre en
contradiction avec ce que Wittgenstein dit des noms ailleurs dans les Recherches » (Carney, 1979 :
60, nous traduisons) : s’il examine en effet dans ce paragraphe la conception descriptiviste soutenue
par Russell, c’est davantage pour la mettre en question que pour lui donner son agrément
moyennant quelque aménagement.
Contrairement à la plupart des philosophes analytiques, Wittgenstein distingue scrupuleusement
entre savoir et dire (voir § 78, 1953 : 70) : un nom ne sert pas seulement à dénommer ou décrire la
chose nommée mais a une multitude d’emplois qui ne dépendent ni des propriétés de la chose ni de
son existence. Les descriptions susceptibles d’expliquer la signification du nom sont en nombre
potentiellement infini et interviennent essentiellement en cas de « malentendu » (voir § 87, 1953 :
76), si l’interlocuteur demande au locuteur de s’expliquer sur ses intentions. Autrement dit, la
signification du nom dépend des circonstances dans lesquelles il est employé, et une description ne
constitue une explication de la signification du nom que pour un de ses emplois particuliers dans un
énoncé donné.
Ainsi, une description ne peut être substituée à un nom propre que si le nom et la description ont la
même signification, c’est-à-dire le même usage dans le langage. Or s’il est possible d’attribuer une
valeur de vérité à la description, il n’en va pas de même pour le nom ; il convient donc de distinguer
la signification et le porteur d’un nom : la signification d’un nom propre ne dépend pas de l’existence
du porteur du nom mais de la possibilité de formuler des énoncés contenant ce nom, et cette
signification n’est pas non plus donnée par des descriptions du porteur du nom, puisque ces
descriptions peuvent se révéler fausses sans que la validité de l’usage du nom soit pour autant mise
en cause.
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VAXELAIRE Jean-Louis (2005), Les noms propres : une analyse lexicologique et historique, Paris : Honoré
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WITTGENSTEIN Ludwig (2004 [1953]), Recherches philosophiques, Paris : Gallimard.
Simon Bouquet (MC HDR, Paris Ouest-Nanterre La Défense)
Les Recherches philosophiques sont-elles un Tractatus linguistico-philosophicus ? ou En quoi
Wittgenstein est-il un épistémologue de la linguistique ?
Si la proposition Toute philosophie du langage se fonde sur une épistémologie de la linguistique est
vraie, ce que je crois (j’emprunte cette proposition, salva veritate, à Sylvain Auroux), et si
Wittgenstein est un – sinon le – philosophe du langage (occidental) majeur du XX° siècle, ce que je
crois aussi, en quoi l’auteur des Recherches philosophiques fonde-t-il sa philosophie du langage sur
une épistémologie de la linguistique ? Ou encore : y aurait-il une épistémologie de la linguistique,
implicite, dans sa philosophie du langage ?
Ces questions reviennent à confronter trois champs « disciplinaires » qu’Aristote a magistralement
liés et dont Wittgenstein a exploré le lien : philosophie, linguistique (grammaire), logique – ainsi qu’à
problématiser les rapports fructueux entre grammaire et logique. Sans négliger l’arrière-plan de
cette confrontation et de ce problème, on abordera ces questions sur un empan historique court, de
deux siècles, où elles se subsumeront dans cette autre question : quelle est la détermination de la
pensée wittgensteinienne par la science du langage qui s’est développée au XIX° sur la base
14
hégémonique de la grammaire comparée – cette science qui s’est donné, dès les années 1800, le
nom de Linguistik ?
On ne visera pourtant aucunement par cette question-ci une histoire des idées. Il s’agira au
contraire d’aborder, dans une optique présentiste – en l’état de l’art de la linguistique en ce début
de XXI° siècle – et dans une perspective opératoire, l’importance, passablement mal aperçue, de la
« seconde philosophie » de Wittgenstein pour la science du langage : ce qu’elle éclaire quant à des
fondements épistémologiquement troubles de cette dernière et, éventuellement, ce dont elle peut
étayer une saine remise en cause.
Séance 7. Sémantique des émotions
Magdalena Augustyn, Lidilem, Université Stendhal Grenoble III & Francis Grossmann Lidilem,
Université Stendhal Grenoble III
Les collocations métaphoriques des noms d’affect : motivation sémantique et structures
linguistiques
Les collocations métaphoriques, ayant pour base un nom d’affect représentent un mécanisme
particulièrement productif (cf. semer la peur, déborder d'enthousiasme, bouillonner de colère, rempli
de tristesse, glacé de peur, une explosion de joie, plonger dans la tristesse, nager dans la joie, nourrir
la haine…).
Notre premier objectif étant de classer les expressions selon les différents types de structuration
métaphorique, nous verrons ce que peuvent apporter sur ce plan les approches de la linguistique
cognitive (cf. Lakoff, 1987; Johnson, 1987; Lakoff & Johnson, 1985, 2002 ; Kövecses, 1990, 1995, 1999
; Wierzbicka, 1998, 1999 ; Taylor, Maclaury, 1995; Athanasiadou, Tabakowska, 1998). Bien
qu’intéressant, ce type de description reste cependant souvent général, et nous montrerons la
nécessité d’une réflexion mieux adaptée aux spécificités du champ sémantique concerné. Ainsi, notre
contribution se focalisera sur les aspects linguistiques, distingués du niveau cognitif, même si nous
admettons qu’une part de leur motivation sémantique est liée aux structures cognitives. En effet,
notre deuxième objectif repose sur une hypothèse plus interne au système linguistique : suivant le
principe adopté dans Tutin et al. (2006), nous considérons que la combinatoire syntaxique et lexicale,
observable notamment à travers les collocations, fournit une trace objective des contenus
sémantiques, à travers un certain nombre de dimensions sémantiques bien connues : l’aspect, le
contrôle, ou encore la manifestation. Le croisement de ces deux principales approches (cognitif et
lexical) dans l’analyse de la métaphore au sein du lexique des affects nous permet d’explorer et
d’exploiter leur complémentarité, pour aboutir à une typologie linguistique des noms d’affect .
Denis Le Pesant (Université Paris Ouest Nanterre La Défense & MoDyCo) & Zmorda Bouchagour
(MoDyCo)
Un projet de thésaurus syntactico-sémantique des mots d’affects
Le vocabulaire des mots d’affects est particulièrement riche : environ 3000 lexèmes, dont 1200
locutions (collocations non comprises, telles haïr à mort, crever de rage). Nous sommes en train
d’élaborer un thésaurus syntactico-sémantique des prédicats d’affects (états psychologiques,
pulsions et répulsions) selon les principes suivants :
• chaque entrée du dictionnaire correspond à un radical morphologique ; par exemple sont
regroupés dans la même entrée les lexèmes haïr, haine, haineux, haineusement, haïssable,
en haine de, par haine de
•
à chaque catégorie lexicale faisant partie d’une entrée se voient assigner autant de
descriptions syntaxiques qu’il y a d’emplois ; par exemple le verbe haïr a au moins les 9
emplois suivants :
15
(qq) haïr (qq, qqch) ; haïr (le V-n, que Psubj) ; (qq) ne pas haïr (le V-n, de V-er, que Psubj) ; (qq) haïr
(qq) de (V-er, ce que P) ; (qq) haïr (qq) (cordialement, à mort, mortellement …) ; (qq) se haïr (soimême) (de V-inf) ; (qq et qq) se haïr (l’un l’autre) ; s’entre-haïr ; (qq) être haï de tous, se faire haïr
de tous
• les entrées font l’objet de regroupements successifs (du plus général au plus particulier) en
fonction de leurs affinités syntaxiques ; les classes les plus générales sont :
-Catégorie I. Se mettre ou être dans tel ou tel état affectif. Prédicats intransitifs (argument
individu affecté en position syntaxique sujet) avec ou sans ajout causatif en de. Ex.
jubiler/jubilation ; triste/tristesse/attrister.
-Catégorie II. Provoquer tel ou tel état affectif. Ce sont des prédicats transitifs directs. Le
sujet syntaxique remplit le rôle d’agent ou de cause. L’argument individu affecté est en
position de complément d’objet direct ou de complément d’agent (passif en par). Ex. fasciner
/fascination /fascinant.
-Catégorie III. Avoir une pulsion ou une répulsion à l’égard de qq ou qqch. Prédicats transitifs
directs ou indirects. L’argument individu affecté est en position sujet. L’argument « objet du
désir » ou « objet de la répulsion » est en position de COD ou COI (en de, à, pour, contre,
envers, à l’égard de …). Ex. haïr/haine/haineux.
Ces catégories générales font l’objet de subdivisions successives en fonction de leurs
propriétés syntaxiques ; on espère obtenir, au niveau des subdivisions terminales, des classes
sémantiquement cohérentes.
Nous évoquerons en outre quelques applications de ce dictionnaire aux domaines du TAL et de la
traduction.
Séance 8. Séance non thématique
HONG Chai-Song - Université Nationale de Séoul, Corée du Sud
La construction à copule du coréen dans une perspective typologique
Dans le présent exposé, je me propose de présenter un petit essai de description typologique de la
construction copulative en coréen. Il s’agit de caractériser la construction coréenne en question
selon le modèle de description linguistique qui permettrait de mieux comprendre, en les
réexaminant dans la perspective de la variation interlangue, les principaux aspects de la structure
grammaticale d’une langue particulière : la grammaire typologique. Je vais retenir les spécificités du
coréen dans ce domaine, en les mettant en contraste particulièrement avec les données françaises.
Je vais terminer en mentionnant quelques éléments d’une nouvelle problématique qui peut
s’élaborer à partir de là.
GUHA Amal - Ingénieur de Recherche, Modyco & Direction des systèmes d'information (DSI) du
CNRS
Sémantique : position interdisciplinaire et inter-métier
16