Comment et pourquoi un ancien officier SS pouvait devenir

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Comment et pourquoi un ancien officier SS pouvait devenir
mémoire
LE PATRIOTE RÉSISTANT
N° 910 - juillet-août 2016
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Jean-Luc Bellanger a choisi de nous présenter ce mois-ci plusieurs ouvrages parus récemment en Allemagne, où se poursuit une importante
activité éditoriale relative au nazisme et à la Seconde Guerre mondiale.
Comment et pourquoi un ancien officier SS pouvait devenir
« informateur » de la Stasi
Un mal nécessaire
C
Convoqué par la Stasi
En 1954 la situation de Wedekind bascula.
Un incident avec des soldats soviétiques dans
son établissement coïncida plus ou moins avec
la découverte des papiers brûlés. Il fut convoqué par la Stasi où se dessinait un faisceau
de soupçons à son égard : les papiers brûlés,
l’incident avec les Russes, mais aussi une dénonciation datant de 1947 en tant que « nazi
de la pire espèce », qui avait alors abouti à un
non-lieu. Wedekind, interrogé, cacha la parPourtant la Stasi n’était pas satisfaite, ses
tie nazie de sa carrière, sans convaincre. Au missions restaient sans vrai résultat. Pouvaitlieu de le relâcher, les policiers le confièrent on faire confiance à cet ancien SS ? Malgré
au chef de leur service, et Wedekind finit par tout, rien ne changea. Ainsi, en octobre 1964,
­craquer et avouer non seulement son appar- il fut envoyé en cure thermale, pour y entrer
tenance au SD, mais aussi les noms des collè- en contact avec un personnage soupçonné
gues et chefs du SD qu’il avait connus, ainsi d’avoir été gardien à Auschwitz. Il eut d’autres
que ceux d’informateurs et mouchards nazis. missions encore. Au sein de la coopérative
Il affirma aussi se sentir membre de la socié- agricole où il travaillait officiellement, comme
té socialiste, il était membre de divers orga- dans les environs, il était chargé de ­surveiller
nismes de la RDA, même
la jeunesse, ainsi que les perses enfants faisaient parsonnes ayant des contacts
tie de l’organisation des
avec l’« Ouest », ou avec les
« pionniers ». Il risquait
occupants soviétiques, dans
pourtant des poursuites.
le contexte d’une zone miliOn lui offrit un rôle, qu’il
taire (Poligon) proche.
accepta.
En 1969, après 15 ans d’actiC’était le début
vité sans ­véritables résultats,
la Stasi se posa à nouveau
d’une nouvelle activité. Wedekind devenait
des questions sur son auxi« Informateur secret »
liaire, reprenant dans le dé(GI) avec comme pseutail l’ensemble du dossier. La
donyme le seul prénom
présence de « Rolf » à Torun
de Rolf, conformément
au moment où des massacres
à la « Directive 21 » de
massifs de Polonais avaient
novembre 1952 concereu lieu, posait problème. La
nant le « recrutement par
Stasi contacta le Ministère
conviction ou contrainte » L'ancien officier SS Erwin
polonais de l’Intérieur pour
de personnes qui, dans Wedekind en 1954, alors
tenter de tirer au clair le
qu'il est devenu informateur
le deuxième cas, « pour- de la Stasi.
rôle éventuel de Wedekind
raient être amenés à coopédans les massacres. Rien de
rer par une promesse d’impunité ». Wedekind concret n’en résulta, et l’intéressé ne se doufut envoyé à Berlin au printemps 1955 pour ta longtemps en aucune façon des enquêtes
« infiltrer » la Commission d’examen des qui le visaient. En janvier 1974, les responjuristes libres (Untersuchungsausschuss sables de la Stasi décidèrent que l’affaire
Freiheitlicher Juristen), créée et ­financée par avait assez duré. Wedekind fut convoqué
la CIA, dont l’activité dérangeait beaucoup pour 3 jours à Magdebourg début juillet, et
les autorités de RDA. Première mission donc, fut invité (on ne précise pas comment…) à
conclue par un rapport de « Rolf » qui n’ap- mettre par écrit cartes sur table. Avec franportait en réalité rien de concret ni de nou- chise, il reconnut que sa coopération avec
veau. Suivirent d’autres missions, à Berlin la Stasi n’était pour lui qu’« un mal nécesou ailleurs. Wedekind faisait apparemment saire », qu’il n’avait jamais apporté de zèle
tout son possible pour s’intégrer à la société à la réalisation des tâches qu’on lui confiait,
de RDA, par des activités dans des associa- qu’il n’avait pas envie de participer à des
tions sportives, dans une coopérative agri- mesures contre des gens dont il avait parcole et même en politique : la SED n’accepta tagé les opinions, qu’il avait aussi accepté
pas sa candidature, mais il adhéra par contre des contacts avec des membres de services
au parti libéral-­démocrate (LDPD), comme secrets étrangers. Finalement, il reconnut
à la société d’amitié avec l’URSS.
avoir ­participé à un m
­ assacre à Torun.
© BStU, MfS, BV Magdebourg.
’est une histoire un peu rocambolesque, racontée par un écrivain antinazi. Il vit dans un lieu d’Allemagne dont
le nom est inoubliable : Gardelegen, où se
trouvait une grange dans laquelle, le 13 avril
1945, un peu plus de mille ­prisonniers évacués des kommandos extérieurs du camp
de concentration (KZ) de Dora furent brûlés vifs. Cette histoire commence comme un
­roman policier : dans le village Hottendorf,
­situé à 10 km de Gardelegen, se trouvent les
restes de bâtiments et de bunkers souterrains où la Wehrmacht entretenait des installations techniques.
Après la guerre, les enfants du village avaient
fait de ces lieux abandonnés un terrain de
jeux et, en mai 1954, une gamine y découvrit
des papiers en partie calcinés, datant clairement de la période nazie. Elle les rapporta à
sa mère, qui comprit vite qu’il s’agissait de
restes de dossiers et de lettres concernant un
restaurateur du village, Erwin Wedekind. Il
en ressortait que celui-ci, ancien officier SS,
avait travaillé au sein du SD, le service secret de sécurité d’Himmler, qu’il avait participé à des actions à Torun en Pologne, et
qu’il avait changé de nom, alors qu’il s’appelait en réalité Rogalsky. La « Police populaire » (Volkspolizei, on se trouvait en RDA)
fut avertie et une enquête commença aussitôt.
La carrière de Rogalsky-Wedekind se révéla relativement classique. Membre du parti
nazi, engagé dans le SD en 1938, il avait eu
diverses affectations, s’était même proposé
pour « servir dans les colonies » (car on voyait
loin alors…). il passa, fin 1940, plusieurs
semaines dans une école spéciale du SD à
Bernau, là même où fut préparée l’« Opération
Tannenberg », c’est-à-dire l’attaque par des
nazis habillés en polonais contre l’émetteur allemand de radio de Gleiwitz, qui devait servir de prétexte à l’invasion nazie de
la Pologne en 1939. Rogalsky, à la fin de son
stage, fut nommé l’équivalent de lieutenant.
Là-dessus, ­l’adjoint d’Himmler, Heydrich,
décida qu’il était « incompatible avec l’honneur d’un Allemand » de porter un nom à
consonance polonaise ou tchèque, et enjoignit aux hommes concernés de changer de
nom. Ceci explique la transformation de
Rogalsky en Wedekind en septembre 1941.
Jusqu’en 1945 il resta en poste en Prusse
orientale, réussit à s’enfuir devant l’Armée
Rouge, et a­ tteignit le Danemark. Fait prisonnier par les Américains, il fut rapidement
libéré. Il attendit deux ans avant de se décider à rejoindre sa ­famille, donc à s’installer
en RDA, où il reprit un ­restaurant en 1952.
Quel sort attendait maintenant RogalskyWedekind ? Dans des cas comparables, un
IM fautif devait être condamné à mort et
exécuté. Pourtant Wedekind, au cours de
son interrogatoire, avait mentionné l’appartenance de deux habitants de son village,
dont un instituteur, à la Division d’élite SS
« Grossdeutschland ». Cela lui sauva sans
doute la vie, en même temps que l’activité de
son fils, connu comme citoyen responsable
et engagé au niveau local et même national.
« Rolf » put continuer son « activité » d’informateur, mais le cœur n’y était pas. Il se
laissait aller, devint gravement alcoolique, et
finalement ses supérieurs décidèrent en juillet 1977 de reconnaître qu’il était totalement
« épuisé », et de clore définitivement son dossier. Il mourut en ­novembre 1983.
L’existence du mouchardage constant en RDA
est bien connue. On peut pourtant s’étonner
de l’« amateurisme » avec lequel la « carrière »
de Rogalsky a été conduite durant 23 ans… (1)
Le nombre des « Informateurs
inofficiels » de la Stasi était de 5 200 en
1950, il atteignait 173 000 en 1989. Le
district de Gardelegen comptait 27 000
habitants, sur lesquels la Stasi avait établi
un total de 17 000 dossiers. Comme seuls
les citoyens âgés de 14 à 65 ans étaient
soumis à observation, on peut estimer
que chaque adulte avait son dossier.
HAARSEIM, In Himmlers ­SSSicherheitsdienst und Mielkes Staatssicherheit
(Dans le SD de Himmler et la Stasi de Mielke),
éditions Winterwork, 2015.
n Torsten
(1) Du même auteur, chez le même éditeur (tous
deux non traduits), on peut signaler, paru en 2014 :
Holocaust – Das Kinderbuch (Le génocide des juifs
– Le livre pour enfants).
Il s’agit ici d’un petit volume (55 pages) où des
dessins « enfantins » illustrent un récit simplifié
des persécutions antijuives nazies. De bons côtés (la
crise de 1929-30 comme terreau favorable à Hitler),
des raccourcis saisissants (les Lois de Nuremberg
de 1935 illustrées par l’étoile jaune créée en 1941)
ou des simplifications douteuses (la Tête de mort
des SS « pour montrer qu’ils tuent les gens »). Les
spécialistes jugeront e­ ux-mêmes.
Himmler, commerçant en êtres humains
O
n n’a pas besoin de présenter
Heinrich Himmler, le préposé
aux basses œuvres d’Hitler, chef de la
­p olice et des services secrets les plus
inhu­m ains du régime nazi, à l’origine de la plupart des pires exactions
dont furent victimes les peuples occupés d’Europe. On sait pourtant aussi
qu’à la fin du règne nazi, alors que la
défaite hitlérienne était inéluctable, il
crut possible de négocier avec certains
représentants des Alliés. Entre autres,
on sait que des tractations, engagées
avec son accord au moins ­t acite, ont
été poursuivies en 1944-45 en vue de
réaliser le troc de matériel à usage militaire, des camions par exemple, ou de
l’argent (des devises comme les dollars
ou les francs suisses), contre des juifs
détenus dans les camps.
Depuis mars 1944, le ­d ernier pays
d’Europe ­resté plus ou moins à l’écart
du génocide des juifs, la Hongrie, était
systématiquement mise en coupe réglée par Eichmann et ses centaines de
collaborateurs : dès les premières semaines, quelque 450 000 sur environ
800 000 juifs hongrois avaient été ­gazés,
à Auschwitz ou ailleurs. C’est un responsable SS très proche de Himmler,
Kurt Becher, qui mena les discussions
avec un avocat juif hongrois, Rudolf
Kasztner et son adjoint Joel Brand. Il
n’est pas question ici de reprendre le
détail de négociations qui durèrent des
mois, portant au départ sur l’hypothèse
de l’échange de 10 000 camions contre
un million de juifs. De part et d’autre,
c’était pure imagination, et les Alliés
avaient, dès le départ, rejeté toute idée
d’un tel marchandage. Cela n’empêcha pas des tractations ­successives lll
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Ce camp, aux attributions de plus en
nombreuses, entre des personnages par la suite dans « Juifs d’échange » les ressortissants de ces Etats étaient en
convaincus parfois d’un espoir de sauver (Austauschjuden).
nombre très insuffisant en Allemagne pour plus nombreuses et diverses au fil des
des vies, nombreuses si possible, d’un
Après l’entrée en guerre des Etats- de vrais échanges. Il fallait « fabriquer » années, comportera en 1945 une decôté, avec de l’autre soit l’appât d’un Unis, des négociations débutèrent en des Sud-américains. Parmi les trafiquants mi-douzaine de sous-camps spécialigain personnel, soit celui de regagner décembre 1941 entre Allemands et de faux-papiers vendus aux juifs européens sés (Camp de l’Etoile – Sternlager – avec
quelques atouts dans une guerre dé- Américains, en vue d’échanger leurs qui espéraient pouvoir échapper aux na- une majorité de juifs néerlandais, Camp
sespérée. Des chiffres fantaisistes sont ressortissants civils. Une première opéra- zis, nombreux étaient ceux qui avaient des Hongrois, Camp spécial pour des
évoqués, dans des marchandages par- tion concerna 600 Américains ­é changés fourni de faux passeports ou de faux vi- juifs polonais, Camp des neutres pour
fois menés dans des
sas concernant les pays en ressortissants de ces pays, etc.). Il sera
pays non directement
question. Les nazis avaient aussi utilisé comme lieu de regroupeconcernés comme la
là une ressource inespérée, ment des malades et mourants de nomTurquie. De l’argent,
avec quelques milliers de breux autres KZ, ce qui contribuera à
parfois énormément
juifs dont il suffisait d’ac- son caractère de mouroir atroce, dont
d’argent, que personne
cepter comme authentique les images horrifièrent le monde enn’est vraiment en mela nationalité d’emprunt. tier en 1945, après la prise en mains
sure de débloquer, et
Un « arran­gement » avec les du camp par les troupes britanniques.
des denrées rares de
réalités qui est loin d’être Quant aux échanges, trocs, ventes ou
toutes sortes sont ciunique, même pour les plus autres opérations concernant l’utilisatés : thé, café, savon,
sectaires.
tion de personnes humaines comme de
encore des camions
simples marchandises, le bilan du paset aussi des matières
Devises
sage au KZ de Bergen-Belsen d’un total
premières introuvables
Himmler, en vue d’une d’environ 120 000 victimes, dont seuls
comme le tungstène.
entre­v ue avec Hitler le quelques milliers étaient encore vivants
Fi na lement , d a ns
10 décembre 1942, a noté à la libération du camp, a été chiffré à
dans son « Journal de quelque 2 560 sauvés par un échange,
de rares occasions,
service » la notion d’un un « rachat », ou une libération dans
quelques dizaines,
parfois quelques cen« Camp spécial pour juifs un cadre du même type.
taines de chanceux
ayant des liens avec l’AméCette étude sur les « marchands d’êtres
rique ». Il précise : « libé­ humains d’Hitler » situe bien le niveau
font ef fectivement
l’objet d’un tel troc.
ration contre devises ? je moral des chefs nazis, et prouve que
Toute vie sauvée est
suis contre ». Mais après cet état d’esprit n’est pas seulement apcertes une victoire,
l’entrevue, il note qu’Hit- paru dans les angoisses d’une défaite
mais la mauvaise foi
ler lui a donné sur ce plan ­programmée.
nazie rend le nombre Le meurtrier de masse s'affiche en ami des enfants. Le
pleins pouvoirs pour les
N’oublions surtout pas cet exemple de
des personnes ainsi Reichsführer SS Himmler (2e à partir de la droite) lors d'une
autoriser, si ces opérations déshumanisation, toujours présente de
arrachées aux griffes tournée d'inspection en Biélorussie occupée en 1941.
rapportent réelle­ment des façon plus ou moins latente ici ou là,
hitlériennes, que l’on
devises de l’extérieur en dans le monde d’aujourd’hui.
estime autour de 9 000 au total, par- en juin 1942 contre 932 Allemands. quantité notable (namhafter Umfang).
faitement dérisoire face aux millions Pourtant les nazis avaient un gros pro- C’était le point de départ de la spé- n T homas AMMANN, Stefan AUST, Hitlers
de victimes.
blème : selon les Affaires étrangères de cialisation surtout du KZ de BergenMenschenhändler, Das Schicksal der
« Austauschjuden » (Les marchands
Berlin, quelque 200 000 à 250 000 res- Belsen, qui sera prêt à ­l ’automne 1943,
d’êtres humains d’Hitler, Le sort des
« Juifs d’échange »
sortissants allemands se trouvaient aux pour garder à part des otages juifs en
Ces efforts sont retracés dans le dé- USA (dont 1 200 à 1 400 étaient inter- vue de leur échange éventuel ou de leur
« Juifs d’échange »), éditions Rotbuch,
tail par cette étude, dont c’est le sujet nés), alors que l’ensemble de la zone de « vente », dans une zone particulière.
Berlin, 2 013 (non traduit).
principal. Pourtant l’utilisation de per- souveraineté nazie
sonnes comme otages, objets de chan- n’avait à offrir que
tage, d’échange, de rachat, était une 9 200 Américains,
idée familière depuis longtemps pour dont 500 étaient inHimmler, par exemple. C’est un aspect ternés. Une poursuite
des négociations permoins connu.
L’idée de se servir de juifs aux mains du mit encore, courant
­régime nazi comme monnaie d’échange 1942, d’obtenir un
’est une étude inattendue, sur un sujet
étaient garants de l’ordre, tel que les « Conseils »
était présente, entre autres dans son échange limité entre
particulièrement difficile : l’aspect juri­devaient les faire appliquer. Cette étude analyse
­e sprit depuis longtemps. L’historien 800 civils allemands
et compare cette situation dans les ghettos de
Peter Longerich a mis au jour un do- des USA et 6 ou 700
dique de la vie interne dans les ghettos créés
par les nazis à l’est de l’Europe, regroupements
cument de sa main dans les archives du Américains. Mais
trois villes, Varsovie, Lòdz et Wilna.
qui leur ont permis d’asservir des populations
SD, une décision sur un cas particulier, les Etats-Unis déCe travail est publié dans une collection des
Hamburger Edition consacrée à des « Etudes
qui prouve son idée qu’il « était possible cidèrent de mettre
entières en vue, au bout du compte, de les éliminer. Pour assurer le calme à l’intérieur de
sur l’ histoire de la violence au 20 e siècle » et
d’utiliser des ­p ersonnes juives impor- fin dorénavant à ces
ces ghettos, une autorité de façade était imponous avons déjà rendu compte à plusieurs retantes comme otages ». Trois mois après échanges organisés,
sée à un groupe appelé « Conseil juif », dont les
le début de la guerre, en décembre 1939, ne laissant la porte
prises d’ouvrages parus dans ce cadre : La pomembres étaient rarement volontaires.
litique n
­ azie de germanisation de la Pologne en
le ministre des Affaires étrangères entr’ouverte qu’à des
­octobre  2012, Les violences de masse des Oustachi
Ribbentrop mentionnait vis-à-vis du cas isolés, si les nazis
Les nazis avaient également mis au point une
contre les Serbes, les juifs et les Tsiganes en déPape Pie XII, un plan de transfert des faisaient de même.
mini-législation interne, desti­née à éviter ou à
réprimer toute activité pouvant perturber le bon
cembre 2013, Les experts en extermination : de
juifs d’Europe vers Madagascar, et son
Bien plus nomordre interne du ghetto. Les « Conseils » ­devaient
l’euthanasie au génocide en juin 2014.
spécialiste des Affaires juives, Franz breux qu’aux Etatsveiller à assurer cet ordre, en tant que protection
Rademacher, parmi les trois points d’un Unis, on trouvait des
de la commu­nauté et d’une vie interne basée sur
n S venja Bethke, Tanz auf Messers Schneide,
mémorandum sur la question, propo- Allemands dans pluun mini­mum de règles. Ils furent souvent ameKriminalität und Recht in den Ghettos Warschau,
sait lui aussi de garder, sur le territoire sieurs pays d’Aménés à élaborer leur propre légis­lation concernant
Litzmannstadt und Wilna (Danse sur le fil du
ex-polonais, les juifs d’Europe orientale rique latine, en tout
la vie de tous les jours : ravitaillement, logement,
rasoir, Criminalité et Droit dans les ghettos de
« en otages pour le bon comportement sans doute autour
travail, consommation d’électricité, etc. Une
Varsovie, Lodz et Wilna), Hamburger Edition,
des USA (!) ». Cette notion de « mise à d’un million et demi,
police juive, des tribunaux et des p
­ risons juifs
Hambourg, 2015, (non traduit).
­profit  » (Verwertung) de juifs explique dont certains avaient
la ­n otion dont on parlera beaucoup été internés. Mais
Jean-Luc Bellanger
DR
lll
Une justice interne dans les ghettos
L’exemple de Varsovie, Lodz et Wilna
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