Les Chinois partent à la conquête des vins de Bordeaux

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Les Chinois partent à la conquête des vins de Bordeaux
Depuis quelques mois, des milliardaires chinois multiplient les acquisitions de châteaux du Bordelais, afin d’exporter
vers leur pays.
Dongjun Shen, directeur du groupe de bijouteries chinois (NICOLAS TUCAT / AFP)
Tesiro, a acheté, en mars 2011, le château bordelais Chateau Laulan Ducos classé
« Cru bourgeois ».
La viticulture bordelaise les accueille à bras ouverts et espère ainsi dynamiser une économie en crise.
Un « G-Vin » organisé mardi 15 mai à Bordeaux avec les professionnels du secteur est d’ailleurs consacré à la Chine.
« Il ne se passe plus un jour sans que j’entende qu’un Chinois veut racheter un château dans le Bordelais »,
s’enthousiasme Christophe Château, directeur de la communication du Conseil interprofessionnel du vin de
Bordeaux (CIVB). Sur les 11 300 châteaux viticoles que compte le département, une vingtaine ont déjà été vendus
à des investisseurs chinois. Il y en aurait au moins autant en cours de négociation.
« Cela représente encore une minorité, mais la tendance s’accélère. » Le dernier rachat date du 17 février. Il
s’agit du Château du Grand Mouëys, dans l’Entre-deux-Mers, acquis par Jinshan Zhang, président-fondateur du
groupe NinKia Hong, qu’il présente comme la « plus grande entreprise de fabrication d’alcool de Gouqi au
monde » . Le Gouqi est une sorte d’élixir à base de plantes, très apprécié par les Chinois.
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Les raisons de cet engouement sont à la fois économiques et culturelles. En Chine, le marché du vin commence à
« exploser ». En 2011, les exportations de vins de Bordeaux vers ce pays ont bondi de 110 % en volume. Depuis
2010, la Chine est déjà le premier marché pour Bordeaux en volume et en valeur, devançant même l’Union européenne. Les ventes françaises y ont
crû de 134 % depuis 2005. Et ce n’est qu’un début. Le potentiel est considérable.
FAIBLESSE DU FONCIER DANS LES « MOYENNE GAMME »
La consommation chinoise a doublé en cinq ans et devrait progresser de 20 % d’ici à 2014, selon l’ International Wine and Spirit Research (IWSR).
Revers de ce succès, en Chine, les contrefaçons de grands châteaux bordelais se multiplient. À tel point que « 60 % des procédures pour
enregistrer les marques des châteaux de la région en Chine présentent des complications », observe Philippe Rodhain, gérant du cabinet de
conseil en propriété industrielle IP Sphere à Bordeaux.
Pour se distinguer, de richissimes Chinois s’offrent un ou plusieurs châteaux dans le Bordelais. Un signe de réussite sociale particulièrement prisé
dans un pays qui est un fervent admirateur du « luxe à la française » .
Pour l’heure, ces Chinois choisissent des propriétés situées dans des appellations de « moyenne gamme », le « cœur » du marché. En ciblant
uniquement le « rouge ». Ils profitent de la faiblesse actuelle du foncier – aux alentours de 20 000 € l’hectare en moyenne – et des difficultés
financières de nombreuses familles viticoles, qui ont souffert de la crise de surproduction dans le Bordelais.
Actuellement, pas moins du quart des viticulteurs bordelais travaillent à perte. Des centaines de domaines sont à vendre. Dans ce contexte, les
investisseurs chinois font figure de sauveurs. Dans les villages et la viticulture bordelaise, on salue leur investissement dans le vignoble et dans la
restauration d’un patrimoine qui pourrait tomber à l’abandon. « C’est une bonne nouvelle pour l’économie locale, surtout que le vignoble n’est pas
délocalisable », souligne Christophe Château.
OENOTOURISME
En revanche, « les grands crus, qui coûtent environ 800 000 € l’hectare, soit 40 fois plus, leur sont inaccessibles », estime François Lévêque,
courtier en vins à Bordeaux. Car le marché des grands crus se porte bien et les opportunités de faire de « bonnes » affaires y sont plus limitées.
Ces fortunes d’Asie sont convaincues que l’œnotourisme bordelais sera la prochaine destination à la mode. C’est pourquoi, ils privilégient des
16/05/2012 09:24
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domaines viticoles avec de « belles pierres » .
« Je possède une agence de voyage et je veux m’appuyer sur elle pour faire venir 10 000 Chinois par an dans le Bordelais pour découvrir mon
château », expliquait Jinshan Zhang, lors du rachat du Grand Mouëys. Pour cela, il entend le restaurer, créer un spa, un tennis, une piscine et un
restaurant avec un chef chinois et un chef français. Pleins d’ambitions, il songe déjà à acheter deux autres châteaux. C’est un signe qui ne trompe
pas. Le tourisme en provenance d’Asie a progressé de 40 % en 2011 à Bordeaux.
« Nous sommes au début d’un mouvement qui va créer de l’emploi, du tourisme », se réjouit Pierre Goguet, président de la chambre de commerce
et d’industrie (CCI) de Bordeaux. Le potentiel est énorme. « Aujourd’hui, les Chinois ne consomment en moyenne qu’un litre par personne à
l’année. » La chaîne de luxe Mandarin Oriental, qui vient d’ouvrir un palace à Paris, l’a bien compris et envisagerait de s’implanter dans la région.
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AVEC LE MILLÉSIME 2011, LES PRIX REDEVIENNENT PLUS « RAISONNABLES »
Mi-avril, le Château Lafite Rothschild a donné la tendance de la campagne des primeurs en proposant son millésime à un prix près de 50 % inférieur
(450 €) à celui de l’année précédente. Bon millésime, mais à boire rapidement en raison des caprices de la météo, il ne suscite pas le même
engouement.
Ces dernières années, les prix s’étaient envolés, poussés par une forte demande chinoise et des années exceptionnelles comme 2009 et 2010.
Château Lafite, par exemple, s’est vendu à 1 000 € la bouteille !
Système unique au monde, instauré dans les années 1970, les primeurs permettent aux professionnels et aux consommateurs d’acheter les vins des
plus grandes propriétés de la région deux ans avant leur mise sur le marché, à des prix avantageux. Pour les propriétaires, c’est le moyen d’avoir de
la trésorerie et de financer les prochaines récoltes.
NICOLAS CÉSAR, à Bordeaux
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