Les jacinthes pourpres

Transcription

Les jacinthes pourpres
Modalité : Texte
Pseudo : Sinople
Catégorie : Batxibac
Les jacinthes
pourpres
Il était tout noir, j'entendais
encore le coup dans la pofte quand j'ai traversé la
salle et que j'ai tiré le rideau. Les nuages couvraient le ciel, les platanes, agités
par le vent, disaient
,.
au-revoir
),
et
j'ai encore pu voir son parapluie noir
en
regardant au loin dans la lue.
C'est drôle comme la distance et le temps refroidissent tout... Ce
matil
même
je
n'aurais pas pu le laisser paûir d'aucune façon que ce soit et, maintenant, je
m'en fiche. Maintenant il n'est qu'un parapluie noir entre cent autres.
J'our-re la fenêtre etje sens le froid glacé de la rue. La neige a cessé, mais elle est
encore partout. Je m'assois sur la fenêtre, mes pieds pendent dans le vide. Je
peux encore voir les parapluies qui passent dans la rue, comme s'il s'agissait de
petites fourmis, ils marchent d'un pas décidé, ils ne se heurtent jamais, c'est
presque une danse, une danse de rondes colorées. Parfois, une de ces rondes
s'arrête et une autre passe.
Mes jacinthes sont fleuries, elles sont heureuses. Leurs éclats pourpres me
donnent de quoi penser, cette couleur est sensée être tdste, mais je sais qu'ils
sont contents. Analyser les choses, les perconnes, pour leur couleur... C'est si
stupide que des fois je ne peux pas, tout simplement, je ne peux pas. Je les mets
à côté de
moi sur la fenêtre.
J'aime plutôt douter de tout et chercher la vérité.
Le vent qui mouvait les branches des platanes a emporté les nuages, les fourmis
I'ont déjà remarqué et maintenant toutes les rondes disparaissent. Les gens
inondent la rue. Chacune de ces personnes est protagoniste de sa vie. Et
chacune de ces personnes voit les autres personnes comme s'il s'agissait de
personnages secondaires. Pendant
un
moment
je me demande comment ce
serait de connaitre chacun des secrets de ces fourmis.
Par exemple, cette femme qui marche, avec un pas décidé, au centre-ville, elle
s'appelle Carmen, quand elle est heureuse elle
échappée de
la maison de sa mère à seize
rit
comme Dieu, Elle s'est
ans, et elle assistait à des fêtes
d'hommes plus âgés. Elle pofiait une robe rouge, et ses lèrT es étaient rouges
cornme le sang. Aujourd'hui elle rencontrera pour la première fois ses petits-fiIs,
elle a perdu le contact avec sa fille il y a plusieurs années.
Son histoire est tdste eEst-elle pouryre? Son histoire est plùs impoftante que la
mienne. Chaque fourmi a une infinité d'histoires possibles, mais je me sens
important encore, etje ne renonceni pas
à ce
sentiment.
Je vois une couple de pigeons blancs, le coup dans la porte résonne encore dans
ma tête. Je ne me rappelle pas la raison de notre colère. Comme toujours, des
bêtises, Pendant
un moment j'aimerais connaître une fin possible de mon
histoire : si maintenantje tombais dans la rue et queje mourais, ça ne serait pas
un accident, mais un suicide. Peu importe si je ne laisse pas de mots, mes tristes
jacinthes le sauraient, c'est incroyable comme I'on cherche le drame dans toutes
les situations. Je descends de la fenêtre, mais j'y laisse les jacinthes.
Je marche dans l'appaftement. J'ouwe toutes les fenêtres, aussi celles de notre
chambre. Tous les rideaux volent dans la maison, la lumière inonde tous les
espaces. Un cactus vert dans un pot blanc à ranrres est le seul témoin.
Je m'assois au piano, j'allume une bougie d'anniversaire, je joue du piano, Les
notes s'échappent, le cactus danse. Les premières larmes aûivent. Noisette a
entendu le piano et il veut s'assoir sur moi. Il veut aussi de l'amour, des fois il ne
semble pas être un chat mais une perconne.
Je ne peu"\ pas me réveiller, les pilules m'endorment, je ne me rappelle pas de ce
que
j'ai fait mais je ne peux pas me réveiller. Maintenant je me souviens, j'ai tu
j'ai couru vers le bain, en ouvrant la boite de somnifères.
Tout noir. Après j'étais de retour dans le salon et j'ai \al une autre fois son
parapluie noir. Les rondes de couleurs dansent dans la rrre. Mes jacinthes
son parapluie noir et
étaient pourpres. Je me rappelle, Carmen. Les pigeons. l,es rideaux. l,e cactus
vert. Le piano. Noisette.
Je suis dans le bain, je regarde mon corps vide. La boîte aux pilules, aussi vide, à
côté de moi. Le bain inondé de papillons qui dansent autour de mon corps. Le
piano ioue encore, une mélodie très tdste, très mélancolique. Je regarde mon
corps etje pleure, Noisette est tdste, il n'est pas pourpre, il est blanc, mais il est
triste, il érafle mon bras. Le blanc des murs, le blanc de Noisette, le blanc de ma
veste d'intérieur, tout le blanc disparait. Tout est maintenant bleu, et alors, je le
comprends, le bleu est le couleur tdste, mes yeux ne sont plus verts, ils sont
bleus, la musique est bleue et j'entends encote une autre fois un coup dans la
pofie. La bougie est maintenant presque consumée, et ma vie aussi.
il n'en sort un mot, et alors je l'ai \'u, il était là, à la
de bain, et quand il m'a ru, dans le bain, il a coum pour me
Mes lèwes bougent mais
porte de la salle
prendre la main, il pleurait, il a pris le téléphone.
Le vent qui avant faisait se mouvoir les branches des platanes, m'a maintenant
poussé et une autre fois, le bleu de mon entourage est devenu noir.
Je me suis réveillé dans le
lit
de l'hôpital, je n'ai pas de mots pour te décrire mon
amour, malgré que parfois on ne soit pas d'accord, et malgré que par{ois on
fasse des choses stupides, je sais que tu sems toujours ici, Tu ne sortiras jamais
de mes pensées, je pense à toi quand je me couche et, quand je me réveille,
chaque matin, je pense encore à toi, quand tu es à mes côtés je souris toujours.
le bleu disparaît.
Je ne me rappelle pas la raison pour laquelle on était si fâchés, mais, tu sais
quoi? Je m'en fiche, mon bonheur est plus important, et mes jacinthes sont
heureuses. Elles sont pourpres, pas bleues.
On s'est connu à I'automne. Les feuilles d'été devenaient brunes.