Son Tour, c`est la barbe

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Son Tour, c`est la barbe
Son Tour, c’est la barbe !
Le Montbéliardais de naissance Hervé Boibessot sévit
actuellement sur le Tour de France. Ciseaux en main, c’est
lui qui, le matin, coupe les cheveux des coureurs et taille
leurs barbes.
Pouce levé, le Bisontin Geoffrey Soupe semble satisfait de la taille de sa barbe par Hervé
Boibessot. Au poil ! Photo DR
sa notoriété a joué en sa faveur… « On est venu me démarcher à la mi-mars », se souvient-il.
Ce « on », c’est la célèbre maison Bic qui voulait s’octroyer les services d’un barbier huppé
sur le Tour de France. Trois candidats étaient en lice (dont deux Parisiens) et c’est finalement
Hervé Boibessot qui, sur le fil, les a… coiffés.
Cet Hérimoncourtois d’origine, né il y a 35 ans à Montbéliard, a quitté sa terre natale, il y a de
cela dix ans. Il a alors mis le cap sur Toulouse pour y rejoindre Fabien et Julien, ses deux
frangins, alors établis dans la ville rose.
C’est là, dans la bien nommée avenue de la Gloire, qu’il a ouvert son salon délicieusement
rétro. Un endroit furieusement tendance où quelques sportifs de renom viennent se faire raser
la couenne ou simplement entretenir leur pilosité galopante. Mode hipster oblige…
« Un rêve de gosse…. »
« Parmi nos clients, nous avons le rugbyman Maxime Médard (N.D.L.R. : doté d’imposantes
rouflaquettes à la Wolverine), nous avons aussi Cyril Dumoulin, le champion du monde de
handball », cite l’as du peigne, de la tondeuse et des ciseaux. Un art appris à l’école IPC
Bischetti, de Strasbourg puis peaufiné chez Villers, à Valentigney. Son salon toulousain
tourne si bien que la perspective de le quitter, en pleine euphorie, aurait pu le faire réfléchir à
deux fois. Mais non ! « Le Tour de France, c’est un rêve de gosse. Je n’ai jamais fait de
course mais quand j’étais plus jeune, je faisais trois à quatre sorties en vélo par semaine. Je
connais bien la côte du Lomont par exemple. Le Tour, je ne l’avais vu qu’au bord de la route.
Alors forcément, je n’ai pas hésité longtemps. C’était l’occasion de le vivre de l’autre côté de
la barrière. De l’intérieur. »
Le voilà donc emporté dans le grand barnum, avec ses contraintes. « On doit être sur le village
du Tour, trois heures avant l’ouverture afin d’installer le stand. Certains jours, on débarque
ainsi à 5 heures du mat’.» Paré pour répondre aux demandes des coureurs. « J’ai été surpris, je
pensais qu’avec leur casque sur la tête, ils n’étaient pas spécialement préoccupés par leur
coiffure mais en réalité, ils font attention à leur look. Ils sont très branchés. »
Il taille la barbe de Soupe et… la bavette avec Pinot
À l’image de Geoffrey Soupe, le Bisontin et ex-sociétaire du CC Étupes, qui a la particularité
d’être le leader incontesté au classement de la barbe la plus luxuriante, devant l’Allemand
Simon Geschke et l’Italien Luca Paolini, éjecté du Tour après quelques jours seulement, pour
avoir manifestement trop approché ses narines de la cocaïne. Hervé Boibessot se frise les
moustaches (en forme de guidon de vélo des temps jadis). Il a eu la joie d’entretenir la
fameuse barbe noire de Soupe, l’habituel poisson pilote du Vosgien Nacer Bouhanni, au
moment de lancer le sprint. « Les coureurs français, en général, sont sympas. À l’image de
Chavanel ou Voeckler, qui sont passés sur le stand. On discute. On les titille un peu en leur
demandant s’ils vont attaquer. J’ai aussi entretenu la barbe de trois jours de Jérémy Roy »,
détaille le barbier coiffeur officiel du Tour. Et Thibaut Pinot ? « Je l’ai croisé. Je lui ai dit que
j’étais de sa région, on a discuté comme ça un petit peu. » Ils ont taillé la bavette, quoi ! En
dépit de la fatigue générée par le rythme effréné imposé par la Grande Boucle, Hervé
Boibessot conservera d’impérissables souvenirs. Et sans doute collectera-t-il quelques
précieuses reliques qui viendront enrichir les murs de son salon où trônent déjà de vieux
biclous et des gants de boxe en cuir. L’esprit du sport dans toute sa splendeur.
Ce mois de juillet aura davantage été synonyme de bacchantes que de vacances. Pour Hervé,
pas de doute, le Tour, c’est au poil !
Sam BONJEAN

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