Info APEPA n°91
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Info APEPA n°91
Table des matières Editorial p. 4 Par Freddy Hanot Autisme : dépistage p. 8 Par Ronnie Gundelfinger, Zurich La 2ème Base p. 11 Les technologies au service des personnes handicapées et des professionnels p. 12 Par le CRETH, Namur L’accueil des personnes avec autisme à Bruxelles - expérience de parents p. 18 Par F.X. Ullens Le Service d’Evaluation et de Soutien à l’Intervention pour Enfants et Adolescents (S.E.S.I.E.A.) p. 23 La Journée Annuelle de l’APEPA p. 24 Quand les jeunes s’interrogent sur l’autisme p. 24 Par Michèle Des sacs EASTPACK en vente pour aider l’APEPA p. 25 Mémorandum à l’usage des responsables politiques p.26 Liste des classes TEACCH p. 34 La cotisation – petit rappel p. 35 La journée des familles de l’AFrAHM p. 36 Bibliographie p.42 Page 3 Editorial La sortie de notre Info 91 coïncide avec le début des vacances scolaires . Malheureusement cette période est pour beaucoup de parents d’enfants autistes encore plus éprouvante que l’année scolaire, vu la difficulté qu’ils rencontrent pour obtenir pour leur enfant l’accès à des activités de vacances, activités auxquelles pourtant ces enfants ont droit comme tous les autres. C’est donc avec une préoccupation particulière pour ces familles discriminées que nous vous souhaitons de bonnes vacances. Les problèmes de dépistage et de prise en charge précoce de l’autisme en SUISSE que nous décrit le Dr GUNDELFINGER de l’Université de ZURICH ne sont pas très différents de ceux que nous connaissons dans notre pays. Apparemment, là aussi, ce sont surtout les parents qui se démènent pour trouver des solutions avec, en tout cas chez nous, une absence consternante des pouvoirs publics. La situation de BRUXELLES en matière d’autisme dénoncée par Mr ULLENS est tout aussi navrante, en tout cas indigne de la ‘’ Capitale de l’EUROPE ‘’ . La réalisation du projet ‘’Condorcet‘’ sera un premier pas dans la bonne direction. Après ces constatations plutôt négatives vous apprécierez, je l’espère, l’enthousiasme rafraîchissant de Michèle, et le souci d’aider les jeunes qu’elle exprime au nom de notre petite équipe du secrétariat. Vous trouverez aussi le Mémorandum qu’avec l’AFrAHM, l’APEM et l’AP3 nous avons adressé au monde politique avant les récentes élections régionales et européennes du 13 juin. Il a été largement diffusé aux partis politiques et aux parlementaires concernés. Depuis lors des délégations ont déjà été reçues et ont pu expliciter de vive voix ce document . Nous avons tenu à vous le communiquer pour que vous aussi vous puissiez, si l’occasion s’en présente, défendre nos positions auprès des hommes (et femmes) politiques que vous connaissez. N’oubliez pas d’y ajouter le chapitre consacré à l’Enseignement qui est paru dans l’Info précédent ( N° 90 ) en hommage à son rédacteur, notre regretté Mr Emile COUNET. Notre Assemblée Générale annuelle a eu lieu comme prévu à NAMUR le 26 avril. Deux nouveaux administrateurs ont été proposés et acceptés : Mme Alice SULS et Mr Albert BODART, qui est donc le 2è grand-père d’enfant autiste de notre Conseil d’Administration. En ce qui concerne notre ‘’Maison de l’autisme ‘’, après étude des devis qui nous avaient été remis, le choix des entreprises a été fait et les travaux devraient débuter après les vacances du bâtiment, début août. Nous espérons qu’ils seront terminés et que nos nouveaux locaux seront équipés et opérationnels, en octobre, avant la Journée Annuelle . Cette Journée Annuelle, nous y travaillons et le programme que nous vous préparons devrait vous intéresser. Vous y êtes cordialement invités et nous espérons vous y voir nombreux . Le programme de formations et la mise à jour de la liste des classes TEACCH n’ont pas pu être terminés à temps pour figurer dans ce numéro, ils le seront dans les prochaines semaines, vous les trouverez dans l’Info 92. Bonne lecture, Freddy HANOT Page 4 Autisme : dépistage Un dépistage précoce d'enfants avec un trouble autistique est-il possible et raisonnable ? 1. Introduction Il y a 60 ans Kanner (1) publia son article sur les "Troubles autistiques du contact affectif". Il décrivit chez ses jeunes patients l'incapacité d'établir des contacts sociaux et d'utiliser le langage normalement pour la communication, le besoin compulsif de tout maintenir en l'état, ainsi que leur fascination pour des objets. Le trouble doit être apparent avant l'âge de 2 ans. Sa description de l'autisme infantile reste valable dans ses grandes lignes jusqu'à ce jour. Dans les tables de classification diagnostique actuelle (CIM-10, DSM-IV) le terme "d'incapacité" a été remplacé par "trouble". Cela reflète l'idée qu'à côté d'un noyau d'enfants qui paraissent presque totalement incapables de toute faculté de contact et de communication, existe un plus grand nombre d'enfants avec des troubles quantitatifs et qualitatifs de l'interaction sociale. La maladie exactement définie s'est mue en un spectre de troubles autistiques qui sont réunis sous le terme de troubles envahissants du développement (CIM-10, tabl.1) ou Pervasive Developmental Disorders PDD (DSM-IV). Tab. 1: F 84 Troubles envahissants du développement F 84.0 F 84.1 F 84.2 F 84.3 F 84.4 F 84.5 F 84.8 F 84.9 Autisme infantile Autisme atypique Syndrome de Rett Autre trouble désintégratif de l'enfance Trouble hyperkinétique associée à un retard mental et à des mouvements stéréotypés Syndrome d'Asperger Autres troubles envahissants du développement Trouble envahissant du développement, sans précision Durant des décennies un grand nombre d'études ont montré que l'autisme infantile précoce classique (appelé aussi l'autisme de Kanner) est présent chez 4-5/10.000 enfants. La fréquence des autres formes d'autisme a été estimée à peu près équivalente, ce qui donne un total d'environ 1/1.000. Les recherches de ces dernières années (2,3) fournissent des valeurs nettement plus élevées, c'est à dire 0,2 - 0,5% pour l'autisme infantile précoce et 0,4 - 0,5% pour les autres troubles autistiques, notamment le syndrome d'Asperger. La prévalence totale se situerait donc à 0,6 - 1%. Tous les troubles du spectre autistique sont beaucoup plus fréquents chez le garçon que chez la fille. Il n'est pour l'instant pas clair, si ces nouveaux chiffres représentent une réelle augmentation de la morbidité ou s'il faut plutôt les attribuer à une attention accrue, à des méthodes de dépistage améliorées et à des critères diagnostiques modifiés. Alors que Kanner était parti originairement du principe d'une cause biologique du trouble autistique, dans les années 50 et 60 des modèles psycho-dynamiques figuraient au premier plan. Ainsi Bettelheim qualifiait les mères de ses enfants autistes de "refrigerator mothers" et voyait dans leur froideur affective l'origine de l'autisme infantile. Durant les 20 dernières Page 5 années, un grand nombre de recherches ont confirmé le concept biologique original de Kanner. Des analyses familiales montrent que l'élément génétique joue un rôle important. Il ne s'agit cependant sûrement pas d'un trouble monogénique. En plus des facteurs génétiques, des troubles exogènes pré- ou postnataux du développement cérébral, p.ex. des neurotoxines ou des infections peuvent probablement provoquer des troubles autistiques. 2. A quel moment le diagnostic est-il généralement posé ? Des études provenant d'Angleterre(4) ainsi que les résultats d'enquêtes suisses indiquent que le diagnostic d'autisme infantile n'est souvent posé qu'à l'âge de 5 -6 ans. Souvent les parents ont, à ce moment-là, déjà été en contact avec 5 à 8 professionnels. Des résultats suédois montrent qu'un dépistage plus précoce est possible. Lors d'une journée organisée en 1999 par le Centre de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de Zurich en collaboration avec l'Association de parents d'enfants autistes, il est très clairement apparu que la question du dépistage précoce revêt une grande importance pour les parents concernés. Ceux-ci rapportent que le long laps de temps écoulé entre l'apparition des premiers symptômes et le diagnostic définitif a été très déstabilisant et lourd à supporter. Mais un dépistage précoce devrait aussi être recherché pour des raisons thérapeutiques. Beaucoup d'indices laissent supposer qu'une aide intensive précoce favorise les facultés de développement des enfants autistes. Les pédiatres jouent un rôle primordial dans ce contexte. 3. Comment reconnaît-t-on les enfants autistes ? Chez les enfants avec un autisme infantile précoce classique on observe deux formes d'évolution. La majorité des enfants montre des particularités déjà durant la première année de vie, particularités qui se préciseront au courant de la deuxième année. Environ un tiers des enfants semble se développer tout à fait normalement jusqu'à l'âge de 12 à 18 mois, avant que n'intervienne un arrêt, voir même une perte des facultés de communication. Un développement normal durant plus que deux ans avec une apparition tardive des symptômes autistiques est très rare (trouble desintégratif de l'enfance). Des formes atypiques d'autisme et surtout du syndrome d'Asperger, où les troubles du comportement n'apparaissent clairement que plus tard, se découvrent occasionnellement même après la scolarisation. Le développement de l'enfant pendant la première année de vie est étroitement lié au domaine de la perception et de l'interaction sociale. Ceux-ci sont génétiquement programmés et jouent un rôle important dans la régulation d'états d'excitation. Dans le domaine acoustique, le bébé montre une nette préférence pour la voix humaine, particulièrement pour celle de sa mère. Il reconnaît les sons de la langue maternelle et réagit aux modulations de la voix de sa maman ("motherese"). Avec l'amélioration de l'acuité visuelle, le bébé dirige son attention surtout sur la face et particulièrement sur les yeux de son vis-à-vis. Dans le domaine tactile-kinesthésique la régulation des états d'excitation par le bercement (sensibilité profonde) ou les caresses (sensibilité superficielle) joue un rôle central. Lorsqu'on demande à des parents d'enfants autistes ce qui les a frappés en premier, ils mentionnent des comportements liés à ces domaines, tels l'absence de réactions de l'enfant à la voix humaine et surtout à son nom, l'absence ou le caractère particulier du contact visuel, des réactions inhabituelles au contact physique. Page 6 Un diagnostic fiable de l'autisme infantile pendant la première année de vie n'est pourtant que rarement possible. Par ailleurs, un nombre non négligeable d'enfants autistes se développent de façon tout à fait normale durant la première année de vie. Pendant la deuxième année apparaissent des interactions sociales plus complexes qui deviendront les piliers d'un diagnostic sûr. La base de ce comportement est l'attention conjointe de l'enfant et d'une deuxième personne, généralement la mère, dirigée sur un objet (joint-attention). L'enfant suit p.ex. du regard le regard de sa maman ou montre un objet, non seulement parce qu'il le veut, mais parce qu'il veut attirer l'attention de sa maman sur l'objet. L'enfant commence aussi à observer le visage de son vis-à-vis et y cherche des informations, pour savoir s'il s'agit de "jeu ou sérieux" (regard référentiel). Ces comportements apparaissent chez l'enfant normal vers la fin de la première année et sont bien établis chez la majorité des enfants de 15 mois environ. Dans les questionnaires de dépistage comme le CHAT (voir annexe) ces comportements sont spécifiquement recherchés à l'âge de 18 mois; ils peuvent aussi être observés pendant l'examen. S'ils sont absents, on suspectera très sérieusement un autisme. Une appréciation fiable est difficile lorsque, en raison d'un retard du développement généralisé, un enfant n'a atteint qu'un stade de développement de moins d'une année et que les comportements spécifiques ne peuvent pas encore être attendus. Pendant la 2ème année de vie, les enfants développent particulièrement le jeu. Ils observent et imitent avec précision, jouent des activités quotidiennes comme téléphoner, cuisiner ou conduire. Ils utilisent de plus en plus la parole pour communiquer. Ces comportements font défaut chez l'enfant autiste, mais aussi chez l'enfant avec un important retard du développement général. A l'âge de 18-24 mois il devrait être possible pour le pédiatre, de dépister les enfants suspects d'être autistes et de les référer à un centre spécialisé pour investigation et évaluation. Mis à part le CHAT déjà mentionné, différents centres de conseil pour l'autisme en Suisse ont développé des questionnaires pour le dépistage précoce (adresses dans l'annexe). Les expériences faites jusqu'ici avec le CHAT (6) montrent une valeur prédictive très élevée, c'està-dire qu'en cas de dépistage positif, le diagnostic d'autisme sera très probable. En même temps il est par contre aussi apparu que la sensibilité du CHAT est insuffisante, c'est-à-dire que trop de cas de troubles autistique ne sont pas dépistés . Il ne peut donc pas être appliqué comme unique méthode de dépistage à large échelle. Si par contre des parents signalent des troubles du comportement ou si certains items développementaux manquent, il peut être utilisé pour une première évaluation. Il est conseillé de répéter l'examen après un mois s'il s'avère positif. Si les particularités persistent, l'enfant devrait être adressé à un spécialiste. Si le deuxième examen s'avère négatif, le pédiatre devrait réexaminer l'enfant à nouveau à l'âge de deux ans pour pouvoir se faire une image plus sûre de son développement. Chaque régression, en particulier chaque perte d'une capacité communicative déjà acquise, est très suspecte d'un trouble autistique et devrait être investiguée. Un dépistage à la recherche d'un trouble autistique devrait aussi être entrepris, lorsqu'un enfant de 16-18 mois n'utilise aucun mot. La majorité des enfants touchés sont des garçons. Les parents inquiets de l'absence de parole chez leur fils sont souvent consolés avec l'apparition plus tardive du langage parlé chez les garçons, et ainsi parfois un trouble autistique nous échappe. Page 7 Plusieurs études ont montré que le diagnostic de trouble autistique reste très stable. Il peut y avoir des changements de diagnostic à l'intérieur du spectre autistique, mais les enfants qui ont été diagnostiqués autistes à l'âge de 2-3 ans, montrent des années plus tard, dans presque tous les cas, toujours des traits typiquement autistiques (7). 4. Importance thérapeutique d'un diagnostic précoce Mis à part le soulagement que le diagnostic précoce représente pour les parents, les recherches de ces dernières années nous montrent par de nombreux indices que le développement d'enfants autistes peut être favorablement influencé par une prise en charge intensive et précoce. Les données les plus précises nous viennent de l'approche comportementale qui se base sur les travaux du pionnier Ivan Lovaas de l'University of California à Los Angeles (8). Cette dernière décennie, en plusieurs endroits USA ont été ouverts des centres thérapeutiques analogues . Les résultats de ce travail sont très encourageants et ont montré qu’un nombre considérable d'enfants autistes peuvent montrer de grands progrès, voire même, dans le cas idéal, une intégration scolaire normale. En dehors de l'approche comportementale, s'appliquent aussi d'autres modèles thérapeutiques intensifs (Floor-Time, Option, Mifne). Pour l'instant il n'existe en Suisse aucune offre comparable apportant une aide précoce intensive. Malgré cela, des familles avec un enfant autiste se sont mises à la recherche de telles possibilités thérapeutiques. L'information plus large par internet joue un rôle important. Ces familles sont soit parties à l'étranger, soit elles ont appliqué des programmes de traitement avec l'aide de spécialistes étrangers. Des efforts sont actuellement entrepris en Suisse pour améliorer l'offre pour les parents concernés. Nous avons pu soulager des parents en incluant des étudiants en psychologie dans nos programmes thérapeutiques. D'autre part nous avons la possibilité d'envoyer des professionnels pour un stage de formation prolongé dans un centre Lovaas aux Etats-Unis. Ces personnes devraient ensuite être en mesure d'évaluer un enfant autiste, de mettre au point un programme d'aide individuel et d'accompagner son application. 5. Résumé Il est possible dans beaucoup de cas, de poser chez de jeunes enfants autistes un diagnostic fiable à l'âge de 3 ans. Le dépistage préalable par un médecin de premier recours, p.ex. un pédiatre, est d'une importance capitale. Il doit pour cela d'une part prendre au sérieux les soucis exprimés par les parents, d'autre part évaluer avec des check-lists appropriées les aspects importants du développement social de l'enfant entre 18 et 24 mois. Un examen plus approfondi pourra être délégué à un centre spécialisé. Le diagnostic précoce n'est pas seulement un soulagement pour les parents, mais permet aussi une aide ciblée aux enfants concernés, améliorant ainsi sensiblement leur potentiel de développement. Ronnie Gundelfinger, Zurich Adresse de l’auteur : Dr Ronnie Gundelfinger Zentrum für Kinder- und Jugendpsychiatrie - Universität Zürich Neumünsterallee 3 - 8032 Zürich - e-mail : [email protected] Page 8 Des sacs EASTPACK en vente pour aider l’APEPA Un sponsor très sympathique a offert à l’APEPA un millier de sacs EASTPACK, marque bien connue de tous et surtout des ados. Afin d’en faire un sponsoring directement utilisable pour les beaux projets dont nous vous parlerons dans les « Info » suivants, nous mettons en vente les différents articles repris ci-dessous dans la ou les seules couleurs en notre possession. Mais, afin que le cadeau que l’APEPA a reçu soit aussi un cadeau pour vous, nous vous les proposons à des prix très intéressants « spécial membre ». Ces sacs sont marqués discrètement du logo de l’APEPA et conviennent parfaitement pour vos balades à pieds ou à vélo, pour partir en camp ou en vacances ou encore pour la rentrée scolaire. 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Il a été diffusé au plus grand nombre et vous pouvez encore le diffuser à tous les hommes politiques que vous connaissez. A ce jour, nous enregistrons déjà quelques résultats. Nous vous le présentons ici. APPEL AUX RESPONSABLES POLITIQUES Page 10 MEMORANDUM A L'USAGE DES RESPONSABLES POLITIQUES Les Associations : Association Francophone d'Aide aux Handicapés Mentaux (AFrAHM), Association de Parents et de Personnes Trisomiques 21 (APEM-T21), Association de Parents pour l'Epanouissement des Personnes Autistes (APEPA), Association de Parents et de Professionnels autour de la Personne Polyhandicapée (AP3) rassemblent les parents, les familles de personnes mentalement handicapées et ces personnes elles-mêmes, quelles que soient l'origine et la gravité de leur handicap ou leur âge. Leurs missions consistent à apporter soutien et aide aux personnes avec un handicap mental et à leurs familles. CES ASSOCIATIONS SONT DES ORGANES DE VIGILANCE SE CONSACRANT A LA DEFENSE DES DROITS ET DES INTERETS DES PERSONNES DEFICIENTES MENTALES ET DE LEURS FAMILLES. PRINCIPES ET PRIORITES DEFENDUS PAR LES ASSOCIATIONS DE PARENTS DE PERSONNES AVEC UN HANDICAP MENTAL LIGNES DIRECTRICES DE NOTRE ACTION 1. Intégration des personnes présentant un handicap mental Nos associations sont convaincues que la place de la personne présentant un handicap mental est au sein de notre société. Non seulement elle a des besoins généraux et particuliers qui ne peuvent être valablement satisfaits qu’au sein de la communauté, mais de plus, elle contribue à sa richesse. Elle est un citoyen à part entière que la nature a défavorisé dès sa naissance et qu’une société qui se dit civilisée comme la nôtre se doit d’aider pour qu’elle puisse jouir des mêmes droits que chacun. Cette intégration est visée pour les personnes de tous âges et de tous niveaux, quels que soient les handicaps spécifiques qu’elles peuvent présenter. L’intégration commence dès la naissance. Page 11 2. Le soutien aux personnes handicapées mentales elles-mêmes Les personnes handicapées qui peuvent décider pour elles-mêmes ont le droit d’être aidées à s’intégrer au mieux. Cette aide doit être librement choisie. Les personnes handicapées doivent être des partenaires à part entière et leurs choix doivent être respectés. 3. Le soutien aux familles en fonction des besoins et non des déficiences. La présence d’une personne handicapée au sein d’une famille implique un grand investissement de sa part, à tout point de vue. Les familles ont le droit d’être soutenues dans leurs tâches et leurs efforts à l’égard de la personne handicapée, quel que soit son âge. Elles doivent pouvoir choisir librement le soutien qui leur est nécessaire, en fonction de leurs besoins particuliers. Le maintien à domicile ne doit pas se faire au détriment de la qualité de vie de la famille. OBJECTIFS La politique en faveur des personnes handicapées, quel que soit son niveau d'organisation communautaire, régional ou fédéral –doit être construite indépendamment de toute politisation des organes de gestion. L'objectif premier étant l'intégration de la personne handicapée, quelles que soient ses difficultés. 1. Le choix. La personne handicapée mentale et sa famille doit toujours avoir le choix de la scolarité ou de l’accueil et de l’accompagnement auxquels elles font appel. Ceci quelle que soit la gravité de son handicap. Comme pour tous, les choix opérés par les personnes handicapées mentales et leur famille ne doivent jamais être univoques, irrévocables et définitifs. 2. La continuité, la transversalité et la complémentarité de la prise en charge. Tout au long de sa vie, la personne handicapée mentale a besoin d’une prise en charge, mais d’importance variable en fonction des étapes de sa vie et de son évolution. A cause de sa déficience intellectuelle cette prise en charge ne cessera jamais. Celle-ci doit être globale et s’inscrire dans un projet de vie. Des complémentarités doivent s’organiser automatiquement entre les différents niveaux de responsabilité politique : fédéral, régional, communautaire. Les familles et leurs enfants ne veulent plus être victimes des ruptures de continuité dans la répartition des compétences. De même qu’à un niveau plus local, les services doivent collaborer entre eux. Le travail en réseau devant permettre à la personne handicapée mentale de réaliser son projet de vie. Page 12 3. Souplesse dans l’organisation. La personne handicapée comme toute personne évolue. Une souplesse dans l’organisation des services et de sa prise en charge doit être organisée. Des possibilités d’adaptation doivent être offertes. 4. Présence des parents. Tout au long de la vie de la personne handicapée mentale, l’implication des parents doit être reconnue. Celle-ci sera variable en fonction de l’âge et de l’évolution des personnes handicapées mentales mais ne sera jamais absente. Les associations de parents sont, en ce qui concerne les personnes handicapées mentales, des partenaires obligés des différents pouvoirs. Les parents n’entendent être représentés que par leurs associations et non par d’autres qui sont concernées à d’autres titres. REVENDICATIONS REVENDICATIONS RELATIVES L’ACCOMPAGNEMENT A L’ACCUEIL ET A 1. Des besoins non rencontrés. a) Un moratoire à la création de places d’accueil pour personnes handicapées existe en Région wallonne. Celui-ci doit impérativement être assoupli. Certes les personnes polyhandicapées ainsi que celles présentant de graves troubles de comportement doivent rester une priorité, mais cela ne doit pas empêcher qu’une politique d’accueil et d’accompagnement se construise à l’égard des personnes présentant un handicap mental léger, modéré et sévère. b) Un blocage à la création de places existe également à Bruxelles. Or, aucune structure d’accueil n’y existe pour les adultes polyhandicapés et pour les personnes présentant de l’autisme. De plus, pour tous, un manque de places commence déjà à se faire sentir en centre de jour pour adultes et en centre d’hébergement. 2. L’offre doit être diversifiée pour que chacun puisse trouver réponse à ses besoins. a) Le court séjour, l’accueil répit et l’accueil d’urgence doivent absolument être organisés. Dans le cadre d’une politique favorisant le maintien le plus long possible en milieu familial des personnes handicapées mentales, il est en effet indiqué de développer des possibilités de court séjour dans le but de soulager les familles dans leurs tâches quotidiennes de prise en charge. Dans notre conception, ce type de mesures devrait évidemment intervenir dans un cadre de proximité géographique qui éviterait tout éloignement et ferait l’économie de transports fatigants et onéreux. Les services de répit et d’urgence permettent un type de prise en charge temporaire en cas de crise nécessitant d’urgence des mesures de placement. En effet, il est bien connu que des personnes mentalement handicapées peuvent présenter momentanément et de manière imprévisible de graves troubles de comportement demandant un éloignement Page 13 du milieu habituel de vie sans pour autant justifier une hospitalisation dans un institut psychiatrique. C’est une revendication prioritaire des familles. b) Programmation géographique L’offre de services doit être organisée de façon à ce que chaque personne handicapée trouve près de chez elle une réponse à ses besoins spécifiques. 3. Des évaluations sont à réaliser. Une culture d’évaluation de la qualité du service doit se développer. Les systèmes d’évaluation doivent être harmonisés entre les différents niveaux de pouvoir. Les familles et les personnes handicapées doivent être des partenaires obligés dans cette évaluation de la qualité des services. Le principe de leur participation doit être imposé. De plus, nos associations souhaitent être associées, notamment, aux évaluations suivantes : - - l’accueil des personnes polyhandicapées et l’offre de services ; l’accueil des adultes selon le type de handicap des personnes accueillies ; les mesures de soutien à l’emploi des personnes handicapées ; la transformation des services d’accueil de jour pour jeunes en Région wallonne ; en Région wallonne, le fonctionnement des services d’aide à l’intégration (SAI) par rapport à leurs nouvelles missions. Toutes les familles qui le souhaitent doivent pouvoir avoir accès aux SAI quel que soit le handicap de leur enfant ; en Région bruxelloise, le fonctionnement des centres de jour pour enfants scolarisés ; l’accompagnement des transformations de façon à répondre aux objectifs souhaités par les associations. 4. Une réforme des modes de subvention est indispensable. a) Un système doit être étudié en Région wallonne de manière à mieux répondre aux besoins spécifiques des personnes les plus gravement handicapées. Il faut favoriser l’accueil à temps partiel. b) Au sein de la CoCoF le mode de subvention des centres, revu en fonction de l’encadrement en personnel nécessaire à une personne handicapée suivant ses besoins, doit se développer et être évalué. 5. Les critères d’accès aux services de l’AWIPH doivent être revus. Il était prévu dans le dernier contrat de gestion établi entre la Région wallonne et l’AWIPH que les critères d’accès aux services de l’AWIPH devaient être revus. Le système actuel de catégories (relevant de la Communauté française) ne donne pas satisfaction. La prise en charge doit se construire en fonction des besoins des personnes handicapées et non en fonction d’une classification établie sur d’autres bases que les besoins individuels. 6. Les transports dans les services et centres pour adultes. Il faut que les transports soient organisés et adaptés au handicap des personnes qui en bénéficient. Page 14 REVENDICATIONS RELATIVES A D’AUTRES SERVICES ET AIDES 1. Budget personnalisé. En vue d'améliorer la qualité de vie des personnes handicapées, les parents qui le souhaitent devraient avoir accès de manière individuelle au budget personnalisé. Celui-ci permettrait de répondre de manière souple et adaptée aux besoins clairement identifiés des personnes mentalement handicapées. 2. La formation des professionnels à la spécificité des différents handicaps. A tout niveau, quel que soit le service choisi, le personnel doit être formé de façon pointue en fonction des missions qu’il a à remplir. Il faut des professionnels connaissant les divers handicaps pour qu’ils puissent appliquer les méthodes adaptées à leurs spécificités. Ils doivent également pouvoir adapter leur manière de travailler en fonction de la personne. Cette formation doit être organisée en deux phases : - une formation initiale plus générale - une formation continuée spécialisée Ceci implique une réorganisation de la formation des formateurs et une actualisation continue. 3. Les aides matérielles. Continuer à promouvoir et à faire évoluer la législation, tant au niveau fédéral (INAMI), qu’au niveau régional (AWIPH, Service bruxellois francophone des personnes handicapées,….) pour : - permettre l’octroi d’aides matérielles adaptées aux besoins des personnes avec la possibilité d’adapter cette aide aux besoins particuliers de chacun. - organiser une nomenclature évoluant avec les progrès technologiques et les évolutions culturelles. - donner la possibilité de répondre à des situations non prévues par la nomenclature. - donner à chaque personne handicapée l’accès à un conseil avisé et un développement dans le choix des aides qui le concernent. 4. Reconnaissance et subventionnement des associations de parents et de personnes handicapées. Acteurs du réseau social, les associations, organes de vigilance, et syndicats de parents et de personnes handicapées, doivent être reconnues et subsidiées pour le travail qu’elles accomplissent. Il faut nous donner les moyens de travailler plus efficacement encore au service des familles. Page 15 REVENDICATIONS RELATIVES À LA CONCILIATION DE LA VIE FAMILIALE ET DE LA VIE PROFESSIONNELLE POUR LES FAMILLES AYANT UN ENFANT AVEC UN HANDICAP DE GRANDE DEPENDANCE La prise en charge de personnes de grande dépendance prend un temps considérable qui oblige bien souvent les parents, et surtout les mères, à renoncer à toute activité professionnelle. La vie sociale, la vie personnelle, de couple et l’attention particulière aux autres enfants sont aussi généralement sacrifiées. Ceux qui ont dû abandonner une activité professionnelle vivent dans la précarité, d’autant plus que le handicap est source de dépenses plus élevées que dans une famille ordinaire. Pour ceux qui travaillent, la conciliation des responsabilités professionnelles et des exigences de la prise en charge représente un stress supplémentaire. La qualité de vie de ces parents est loin d’être satisfaisante. Malgré les différences de situations sur le plan des revenus, de l’éducation, de la profession et du type d’habitation, la plupart des parents sont isolés et partagent le sentiment d’être périodiquement écrasés et épuisés par l’accompagnement de leur enfant gravement handicapé, tant sur le plan personnel que financier. Ces parents ont un besoin criant de répit, de flexibilité dans la vie professionnelle, de services adaptés à la grande dépendance, de soutiens psychologiques, matériels et financiers et une reconnaissance en tant qu’aidants. Pour favoriser l’égalité des chances de ces familles, il faut, spécifiquement : Au niveau du soutien aux familles - Revendiquer le droit de bénéficier de tous les services au risque d’une discrimination constitutionnelle. - Encourager un soutien de type pluridisciplinaire en fonction des besoins de chacun (besoin psychologique, d’information ou d’assistance sociale) de la naissance jusqu’à l’âge adulte. - Proposer divers services adaptés en fonction de la différence des enfants handicapés de grande dépendance (par exemple : loisirs, halte-garderie, handisitting,…) avec un personnel formé, en rapport avec chaque étape de la vie. - Augmenter, améliorer et mieux répartir géographiquement l’aide précoce et les services d’accueil. - Exiger la création de maisons de répit pour permettre aux parents de souffler et d’être ainsi plus performants professionnellement et au quotidien. - Aménager le court séjour en complémentarité avec les services de répit pour rentabiliser les lieux et le personnel. - Créer des lieux de vie pour les situations d’urgence. - Mettre sur pied une centrale d’information continuellement remise à jour reprenant entre autre les dispositions légales concernant l’emploi et la liste des services existants pour les parents d’enfant handicapé de grande dépendance. - Adapter le système des titre-services au handicap de grande dépendance en le faisant fonctionner les week-ends et aussi en dehors des heures des administrations. Au niveau de l’assistance au domicile - Créer des services de gardes-malades adaptés à la grande dépendance Page 16 - Exiger des aides à domicile flexibles et formées au handicap de grande dépendance et valoriser ce métier par une meilleure rémunération. Au niveau de l’aide extérieure - Créer un service social au sein de l’hôpital qui soit un centre de coordination, d’accompagnement et d’information (par exemple, prévoir une personne de référence pour accompagner l’enfant malade en l’absence des parents). - Subsidier les crèches qui acceptent un quota d’enfants handicapés de grande dépendance. - Prévoir la gratuité des services attachés à l’éducation au même titre que la scolarité des élèves ordinaires. - Assurer une prise en charge extra-scolaire après l’école ou l’institution et pendant les vacances. Au niveau de la recherche - Stimuler la recherche scientifique dans le domaine du handicap. - Augmenter et/ou créer des centres de référence adaptés à la spécificité de chaque handicap. - Soutenir les nouvelles initiatives par la création d’une « couveuse à projets ». - Encourager des centres d’études sur les besoins des personnes handicapées de grande dépendance et de leur famille. Le budget personnalisé offre aussi une piste pour répondre aux besoins de ces personnes gravement handicapées et à ceux de leur famille. Les parents portent la charge de leur enfant toute leur vie. Ils doivent avoir accès à une aide adaptée à leurs besoins toute leur vie aussi. Ces familles désirent simplement vivre normalement. REVENDICATIONS RELATIVES A L’ENSEIGNEMENT Partie publiée dans l’Info APEPA n° 90 Ce document a été rédigé par les associations suivantes Association Francophone d'Aide aux Handicapés Mentaux asbl AFrAHM - avenue Albert Giraud, 24 à 1030 Bruxelles Association de Parents et de Personnes Trisomiques 21 asbl APEM T21 - rue de la Maison Communale 4 à 4802 Heusy Association de Parents pour l'Epanouissement des Personnes Autistes asbl APEPA - rue Château des Balances 3/Bte 27 à 5000 Namur Association de Parents et de Professionnels autour de la Personne Polyhandicapée asbl AP 3 - rue de la Croix de Malte 25 à 1400 Nivelles Page 17