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cahier d’écriture C’est la vie… Aubagne Ville Lecture 2012 Auba gne Vi lle Le c tur e La Mission Locale d’Aubagne et du Bassin de l’Huveaune et Aubagne Ville Lecture ont réuni 41 stagiaires en formation professionnelle autour d’ateliers d’écriture. Ces ateliers sont intégrés dans le temps de formation, les formateurs concernés et les animateurs travaillent ensemble à la préparation des contenus. Ces ateliers ont été animés avec virtuosité et générosité par : Anne-Marie MALY, association Périples Annick COMBIER, association ÉcriSud Nicolas TARDY, écrivain avec la présence attentive des formateurs. AD E F Les auteurs, stagiaires en formation à l’ADEF : Anthony S. Alexandre R. Cléo M. Thi-Kim S. Sabrina M. Carolina K. Silvia S. B. Janice F. Rihab B. Feyrouz M. Lillyams C. E. Ikram G. Tighist G. Inès R. Nicolas V. Djemil B. Abib N. Lynda B. Nicolas Alejandro G. M. Partager le plaisir d’écrire, pour moi quelle aventure ! Cette année ce fut un voyage à travers la France certes mais aussi en Espagne, au Portugal, au Maroc, en Algérie, en Suède, au Viêt-Nam, au Nicaragua, au Cap-Vert. Ce fut également la rencontre de personnalités attachantes, vivant en France depuis deux mois, un an, deux ans ou depuis toujours. Je les ai accompagnées à la découverte de l’univers poétique de Jacques Prévert, de Tashunka Tunkashila, de Tahar Ben Jelloun, d’Aimé Césaire ou de Christian Alle, poète contemporain. J’ai proposé les poèmes de ces auteurs comme déclencheurs d’écriture et j’ai sollicité leur imaginaire. Le résultat est à lire, en cadeau. Merci à vous stagiaires écrivants et merci également à l’équipe des formateurs qui m’a soutenue. Anne-Marie MALY Périples 4 Je suis ton pull Tu es ma chaleur Je suis ton fauteuil Tu es ma commodité Je suis ta robe Tu es ma femme Je suis ton chat Tu es le corps de ma passion. Nicolas M Je suis partout Des épines jusqu’au haut de tes feuilles J’ai l’idée que la vie Rime avec amour Toi, mon unique fleur Qui ne pousse pas dans mon jardin Sens mon cœur Il n’a plus la finesse des pétales de la rose. Nicolas M Les Indiens d’Amazonie Dans la forêt amazonienne, il y a plus de soixante-dix tribus différentes Qui vivent encore sans notre modernisme, ils vivent de leur forêt. Ils s’y logent, s’en nourrissent. Le jour, les hommes vont à la chasse Et les femmes cueillent des fruits, récoltent des légumes. Les enfants vont à la pêche et cherchent le miel dans les ruches… Anthony 5 La pluie efface notre porte, comme un coup de vent et nous frôle comme une mélodie Qui murmure des oreilles jusqu’aux orteils. La pluie c’est comme un pétale de rose qui ose nous caresser, une fleur à la lueur du soleil, Qui sommeille au bord de la plage. C’est comme un moment magique pour les passants. Je suis dans mon fauteuil, sur le seuil de ma porte, en sirotant un sirop d’ananas, en été. Je suis le froid qui te glace le sang, le vent glacial qui nous interdit de sortir, au moment de l’hiver. Comme un ver qui se met dans son cocon. Je suis le chocolat qui te réchauffe, au coin de la cheminée. La pluie efface notre porte, qui s’efface comme un coup de gomme. Une inondation de larmes comme une arme, nous transperce et nous renverse et nous verse un seau d’eau sur la tête. Le midi, je mange du pain avec mes mains, comme un nain qui nous dit coucou. Quand je me coupe avec un couteau, il y a ma maman qui est là pour me soigner, sans me faire de chatouilles, comme un chat. Alexandre 6 Je suis ton chien blanc, tu es mon flocon de neige. Je suis ton nuage dans le ciel, tu es les étoiles de la nuit. Je suis ton poste de radio, tu es mon animatrice préférée. Je suis ton arbre aux feuilles vertes, tu es mon fruit que je mange tout en appréciant ta jolie couleur rouge. Elle m’inspire l’amour que tu me portes à travers tes racines longues et vertes et qui caressent tout mon corps. Je suis ta table sur laquelle tu manges avec une belle nappe. Je suis ta chaise sur laquelle tu te poses à ton aise. Je sers de support pour ton joli corps. Je suis le temps qui te rend heureux, tu es mon soleil qui brille dans le ciel bleu azur. Et quand tombe la nuit, je suis ton étoile qui te porte chance chaque jour. Je suis ton vaccin, tu es le remède qui me soigne Je suis ton serviteur, tu es mon maître qui me dresse comme un I. Je suis ton ange gardien, tu es l’aigle qui vole dans les airs. Je suis ta larme qui coule sur ton joli visage doux comme un pétale de rose. Il sent la rose du matin. Je suis ton lapin blanc qui saute dans tous les sens. Alexandre Je suis l’eau que tu bois, Et je peux faire des ravages. Quand je suis en colère, Je peux inonder la terre. Je peux provoquer Des vagues immenses. Je suis l’eau et je peux Me transformer en glace. Je fais tomber la pluie Et le froid. Je suis l’eau, L’océan et la mer. Je rentre au pays La Bourgogne J’aime manger Les grattons, Les escargots Et boire le vin De Bourgogne J’aime faire le blanc bourguignon Lors des fins de concerts Tout cela me manque. Cléo Cléo 7 Je suis une feuille Je suis de partout Elle est la branche verte sur laquelle je grandis. Je suis une plante Elle est le pot plein de boutons de roses. Je suis la mer Elle est le sable et les vagues. Je suis le stylo Elle est l’encre bleue pour écrire des romans d’amour. Je suis une porte Elle est l’entrée dans la maison du paradis. Une rose au milieu d’un cercle rond. Je suis de partout Une fleur colorée de plusieurs couleurs. Je suis de partout Une tarte douce et sucrée. Je suis de partout Un souvenir d’amour. Je suis de partout Un cœur rempli de joie. Je suis de partout Prisonnière dans une ronde. Thi-Kim Thi-Kim Si j’étais… Maman Si j’étais le feu Il suffirait d’une étincelle Pour que mon corps Se transforme en braise Que d’un seul geste Tout s’enflamme Et que je détruise tout Sur mon passage J’incarne la flamme Qui brûle au plus profond de ton âme. Quand j’étais petite, j’avais peur d’être loin de ma mère Mais j’avoue que cette peur est toujours en moi Je ne voulais pas qu’elle me laisse Que ce soit le temps d’un soir ou d’une semaine Je sais qu’elle ne sera pas toujours là, avec moi Mais j’espère qu’elle sera à mes côtés Le plus longtemps possible Alors, en attendant je profite d’elle Et j’en profite pour lui dire « je t’aime » Avant qu’il soit trop tard car Une mère on n’en a qu’une Et rien ni personne ne la remplacera. Sabrina 8 Sabrina J’habite J’habite l’amour pour la joie J’habite les fêtes pour les danses, le champagne Parce que je suis gaie J’habite la foi pour faire ce que j’aime faire. J’habite la balançoire pour regarder les enfants jouer. J’habite le cirque pour regarder les clowns J’habite le bonheur pour faire des choses que j’aime. Carolina L’air Je suis l’air Que tu respires Je suis léger et pur Comme un ballon Qui vole dans le ciel Et la force du vent Qui me fait partir Sans direction précise Comme un cyclone Qui est très fort. Silvia Je vois un homme Il a les yeux uniquement verts C’est le coup de foudre Je sais qu’il est l’homme de ma vie Je sais qu’il sera mon mari Futur père de mes enfants C’est un moment qui me donne beaucoup de souvenirs Je suis dans l’allée de l’église C’est le jour de mon mariage. Carolina Les couleurs J’adore le bleu C’est la couleur de la mer Et c’est bon pour rêver Le rouge c’est la couleur de l’amour C’est un sentiment réel Qui nous offre le bonheur. Le jaune citron c’est la couleur du soleil C’est la couleur du jour Qui nous réveille. Le noir c’est la couleur de la nuit C’est une couleur forte Qui nous endort. Le blanc c’est une couleur légère Une simple colombe Symbole de liberté. Silvia 9 Je rentre au pays Je vais retrouver ma sœur Et rencontrer pour la première fois Mon neveu qui a un mois Et si je me dépêche, J’irai voir ma grand-mère. Je rentre au pays Pour danser « founana » Me baigner avec mes amis dans le lac Et jouer avec les macaques Qui nous jettent des pierres. La mouche tourne au-dessus de l’assiette La famille est assise autour de la table La mère mange du chocolat Le père mange de l’ananas Leurs amis mangent des fruits Le père attrape la mouche La mouche fuit par la fenêtre La mère débarrasse la table Leurs amis partent faire du sport Le père fait la sieste La mère lave la cuisine. Janice Janice Je me souviens quand j’étais petite l’odeur du riz gluant que ma maman faisait cuire à la vapeur. Je me souviens de l’odeur du poisson mariné à l’ail puis grillé qui accompagnait ce riz gluant. Quand je pense à mes parents, à mon pays, c’est l’odeur du riz gluant qui me saisit, j’aime ! Je me souviens de l’odeur de la fleur de mangue en été. Et chaque matin, quand je me réveillais, la première chose que je faisais, c’était de regarder les fleurs de mangue et attendre que les fruits mûrissent. Ma mère me disait que l’attente est toujours longue. Et aujourd’hui, quand je suis en attente de quelque chose, j’ai tendance à penser à l’odeur des fleurs de mangue et à ma mère. Jintana 10 L’eau de la cascade caresse ma peau Sa froideur ranime ma chair de poule La pluie chaude vient me réchauffer La cascade coule du sommet de la montagne Pour refleurir la nature. La source au fond du champ est trop pétillante, transparente. Froide en été, tiède l’hiver Ça fait du bien quand on marche longtemps sous le soleil La sueur coule sur notre front Ça fait du bien de se laver avec une eau pétillante Qui sort du cœur de la montagne. Rihab La Tunisie Dans mon pays ça sent les fleurs de jasmin La plage, les pâtisseries, les odeurs des repas. Tu vois les murs blancs, les fenêtres bleues et le ciel aussi. Tu rencontres la famille tout le temps et les amis aussi. Dans les fêtes on partage ce que l’on a. On échange des gâteaux On donne ce qu’on peut Pour ceux qui n’ont pas les moyens de fêter l’Aïd. Rihab 11 Ce que je préfère Ce que je préfère c’est la famille, les amis, Tout le temps, quand il fait beau : L’été, sous la brillance du soleil Ou quand il fait froid, En écoutant la musique, En sentant l’odeur des fleurs couleur rose, Dans ma merveilleuse maison, à côté de la plage… C’est cette magnifique nature que je préfère. Je rentre au pays Où je trouve ma famille Je vais rencontrer mes amis M’amuser, rigoler dans les soirées. Je profite de manger les plats de mon pays. L’Algérie, ma naissance, mon enfance Toutes ces choses me manquent J’attends impatiente, de rentrer au pays. Feyrouz Feyrouz Je rentre au pays Je rentre au pays La terre, les lacs, les volcans Je retrouve un paradis tropical Avec des gens aimables. Je rentre au pays des arbres, Des oiseaux et des fleurs… le pays Le plus beau d’Amérique centrale La terre du grand poète Ruben Dario Je rentre au pays des musiques et des traditions Où toute l’année s’habille de fêtes. Et où on mange les mets les plus savoureux. Nicaragua c’est un pays où tout le monde S’appelle frère et sœur Et toute personne qui visite mon pays Sera appelé Amour. Lilly 12 J’habite dans les étoiles, je regarde le monde J’habite l’art, je visite les musées J’habite une bonne année Je partirai l’année prochaine féliciter le monde et souhaiter une bonne année. J’habite sous la terre et c’est mon choix J’habite les chatouilles et je fais rire tout le monde J’habite dans les rêves, je déteste le bruit car il m’empêche de dormir. Ikram J’aime bien le Maroc, Je suis sous le choc : Ma ville Bannai Malale, La famille, les amis, les fêtes Les habits traditionnels Jalaba Qualton Et aussi les gâteaux J’aime bien les œufs à la coque. Les plats de tajine, le couscous et le pastilla Les épices, le gingembre, la cannelle, le poivre et le curcumin J’aime bien les places naturelles, la source de Tamda C’est une très grande place avec des arbres et beaucoup de jeunes. Ikram La mer Je regarde la mer Ses vagues… L’infinité du ciel Je regarde la merveilleuse Création de Dieu Avec amour il l’a réalisée Pour que je puisse en profiter La mer, ce lieu où les poètes Se prélassent et font de merveilleux rêves ; La mer ce lieu favori des amoureux Ils se promettent un amour éternel Ils expriment leurs plus beaux sentiments. La mer… j’aime bien la mer ! Je peux danser sur la mélodie des sirènes Et trouver la paix de mon âme… Parce que tu es là. Lilly 13 Je vais voir ma mère, ma sœur, mon frère Et ses jumeaux Je suis comblée ! Au pays, je sors faire une promenade Les gens sont souriants ! Pas trop pressés, ni trop stressés Je sens l’odeur des « adi ababa » C’est reposant, l’air est pur Tout est merveilleux Je rentre au pays Voir ma mère qui m’est très chère ! Elle compte beaucoup à mes yeux Elle fait ma joie mon bonheur Ma mère est le bien le plus précieux Que j’ai et que je garde Elle est gravée dans mon cœur Je la garde pour ma vie. Tighist Le premier jour de la semaine Il fait très froid, avec un peu de soleil, C’est normal, c’est l’hiver ! Le soleil est magnifique, Même si cela ne chauffe pas, Ce n’est pas l’été ! Interdit d’aller à la plage ! Envie d’aller manger du pain chaud Et de boire du chocolat au lait entre amis. Faire du sport en famille. Entrer à la maison S’assoir sur un fauteuil, S’amuser avec le chat Minou, Des chatouilles pour lui faire plaisir. A la fin tout ça c’est merveilleux. Tighist 14 Je me souviens des préférences Je me souviens de l’amour Je me souviens de la Saint-Valentin Je me souviens de ma première dent Je me souviens de ma première Play 3 Je me souviens de mon premier lit Je me souviens de mes premiers ballons Je me souviens de Van Persie Je me souviens d’Henry Mais je ne me souviens pas de moi-même J’ai oublié. Djemil J’étais à la boucherie, avec mon père. Il m’a dit une phrase très importante : «Sois fort, sois honnête dans la vie, Dieu te récompensera». Abib Je suis né à Aubagne « quand plo on si bagne » Le Garlaban et la Sainte-Baume dominent Aubagne Il fut un temps, Aubagne était entourée de campagnes Dans ma ville, il y a trop de monde qui circule en voiture Noël à Aubagne, les gens boivent du champagne Les Aubagnais d’un certain âge connaissent les deux horloges principales d’Aubagne Sur Aubagne, il y a la Maille qui se jette dans l’Huveaune. Nicolas V. 15 Je rentre au pays Dans 10 ans Je rentre au pays Pour sentir son odeur J’aimerais dans 10 ans Avoir fait le tour du monde Je rentre au pays Pour rencontrer ma famille et mes amis J’aimerais dans 10 ans Parler plusieurs langues Je rentre au pays Pour profiter des couleurs et respirer l’air Et le parfum des fleurs Je rentre au pays Pour regarder les paysages du désert Je rentre au pays Pour améliorer ma culture Je rentre au pays Pour manger la chorba et le couscous Je rentre au pays Pour visiter Maqam el chah ide Elle me manque l’Algérie… Lynda 16 J’aimerais dans 10 ans Être savante et partager mes idées J’aimerais dans 10 ans Supprimer mes erreurs J’aimerais dans 10 ans Avoir plein d’argent pour aider les gens Et éduquer mes enfants correctement J’aimerais dans 10 ans Retrouver ma mère qu’elle me prenne dans ses bras J’aimerais dans 10 ans Vivre dans le paradis avec ma mère. Lynda Le soleil réchauffe mes mains Quand l’été arrive au bord de la plage les gens s’allongent sur le sable et bronzent quand le soleil se pose sur leur peau. Avec la paume des mains, ils touchent les galets réchauffés. Ils caressent des champs de blé lorsque le soleil est très chaud Les pétales de fleurs effleurent les personnes en manque d’affection pour réveiller la vitalité et l’énergie qu’ils ont en eux. Nicolas V. Ma ville Ma ville s’appelle Séville. C’est une ville grande et joyeuse. Ses rues sentent l’encens et l’Azahar. C’est une ville très accueillante et belle par ses coutumes et monuments. Dans ma ville, il y a beaucoup de fêtes catholiques, beaucoup d’églises et de monastères. Les fêtes les plus marquées sont les processions. On voit des sculptures religieuses qui parcourent les rues de la ville. Les gens s’habillent très bien pour sortir et pour suivre les pas des sculptures. On appelle cette fête la Semaine Sainte. La musique typique de ma ville est la sévillane. Le plat typique de ma ville est le gaspacho, un jus de tomate et d’autres légumes, on le boit froid pendant l’été. Certains des monuments les plus importants de ma ville sont le pont de Triana, la Giralda et le parc Marie-Luisa. Autre chose typique de ma ville : les taureaux et leurs mises à mort. Et pour terminer la Foire d’Avril qui dure une semaine, elle est la plus importante d’Espagne. Inès 17 ACPM Les auteurs, stagiaires en formation à l’ACPM : M'Baye B. Christian B. Slim B. Chloé D. Alan E. Cyril H. Julie O. Kévin P. Frédéric P. Myriam N. Claire P. Florent Z. Animer un atelier d’écriture, c’est toujours une nouvelle aventure ! Cette fois encore, cela s’est vérifié. Avec les stagiaires de l’ACPM nous avons vécu quatre jours autour de l’écriture, en nous mettant à l’écoute d’auteurs come Grand Corps Malade, René Char, mais encore des auteurs de Haïku, ces poèmes en trois lignes qui nous viennent du Japon. En prenant le temps de discuter autour de ces mots qui, parfois ne nous parlent plus du tout lorsqu’ils sont enfermés dans les livres. De ceux que l’on n’aime vraiment pas comme hypocrite, esclave, mythomane, prostituées, la BAC, les képis et de ceux que l’on aime comme libre, bonheur, mon copain, la famille, les gadjes. De ceux qui nous intriguent comme âme et justice… La parole qui circule alors est tout aussi importante que les écrits, même si elle ne laisse pas les mêmes traces. La rencontre, aussi, du petit groupe avec l’intervenante, les moments rares au cours desquels tel ou tel des participants est surpris des mots que sa plume a découverts en les écrivant, ou encore étonné de s’entendre les lire et de découvrir leur portée… C’est une fenêtre qui s’ouvre sur un autre univers. Puisse-t-elle s’ouvrir davantage encore au gré d’autres rencontres. Annick COMBIER, EcriSud 19 Atelier écrit en s’inspirant des paroles de Un verbe de Grand Corps Malade Un Verbe Un regard, une rencontre… Un été, un sourire… Un numéro, un mail, une attente, un souvenir… Un appel, une voix, un début, un rencard… Un horaire, un endroit, une venue, un espoir... Une terrasse, un café, un dialogue, un moment… Un soleil, une lumière, un cœur, un battement… Une seconde, une minute, une heure, un plaisir... Un au-revoir, une prochaine, une promesse, un désir… Un après, une durée, une patience, un silence… Un doute, un pourquoi, un regret, une distance… Un retour, une surprise, un déluge, une marée… une suite, une envie un projet.. une soirée… Une pleine lune, une virée, un instant, une pulsion... Un frôlement, un baiser, une magie… Un frisson... Un accord, un avenir, une force, une destinée... Une étoile, un poème et un verbe AIMER Grand Corps Malade 20 Marseille, 3ème arrondissement, dealer, argent, délit de fuite, arrestation, garde à vue, déféré au parquet, tribunal, sursis, déterminé, vol, cambriolage, braquage, agression, arme, meurtre, drogue, perquisition, BAC, prison, Baumettes, écrou, cellule, maton, sacoche, parloir, évasion, insomnie, règlement de compte. Je t’aime maman. Un verbe : MOURIR. Julie, Slim, Myriam, Kevin, Cyril Une pulsion, un regard, un sourire, une année, plaisir, des projets, un poème. Un dialogue, un avenir, un silence, une promesse, un regret, un baiser, une heure, un battement, une distance, un désir, une virée, un appel, une venue, la patience, un doute, un partage. Un mariage, un vol, un retour, une suite, un moment, une tendresse, Un amour et mon verbe : AIMER Allan Une rencontre, un regard, un sourire, un numéro, un appel, une voix, un regard, un endroit, un dialogue, une soirée, un soleil, un cœur, un battement, une surprise, une pulsion, une patience, un silence, une suite, une virée, un baiser, un frisson, un poème, une destinée, un frôlement, un instant, un déluge, et le verbe ARRIVER. Frédéric 21 Une proposition, une hésitation Un hiver, une bonne ambiance, Des amis, de la bonne musique, une soirée Une approche, une cigarette tendue, un refus Une tentation, une envie Une seconde approche, une cigarette Une prise, une barre, un mal de crâne, une envie de vomir, un dégoût. Une semaine plus tard, une envie, une deuxième tentative, Une barre, des barres, une clope écrasée. Une addiction, un plaisir, un problème Une toux régulière des années plus tard… Un verbe : FUMER Florent Une école, un regard Une rencontre, un sourire Un dialogue, un numéro Un appel, un rencard Un au revoir, une prochaine Un après, une durée, une patience…et puis Quelques jours, une semaine, un mois, un an, Une surprise, un retour, un regret. Un silence, un déluge, une excuse Une envie, des projets, une soirée, une pleine lune Un frôlement, un plaisir, un baiser, un frisson, Une pulsion, des étoiles, de la magie Un accord, une décision, une force, un combat Un poème et un verbe : AIMER. Claire 22 Haïku Après-midi de stage Dehors le soleil Est de loin le plus fort Je suis de bonne humeur Esprit du soleil levant Sur la fraîcheur du temps Vert l’olivier Noire la chance Dans un ciel menaçant Alan, M’Baye J’entre dans le temple Du Bouddha Et je sors l’âme en paix Dans les yeux de l’enfant Brille La lumière du monde Roses rouges Couleur de l’amour Bouquet sanglant Christian A la suite de René Char, dans « Qu’il vive » Dans ma vie j’aimerais que les hommes qui ont les balles ne combattent pas les hommes qui ont les idées. J’aimerais que les gens arrêtent de parler fort de ce qu’ils connaissent le moins. Florent Alan, Chloé, regard, cœur qui bat, rencontre, coup de foudre, dîner, restaurant, coucher de soleil, timide, baiser, rougeur, amour fou, hôtel, petit câlin, déclaration d’amour, enfant, mariage, voyage de noces, infidèle, dispute pour une fille, haine, divorce, dépression, tentative de suicide, peur, essai de reconquête, heureux, malade, soutien, meurt, et le verbe MOURIR. Myriam et Julie 23 Dans ma colère il y a de la haine car je me sens impuissant face à certaines situations, donc il y a des moments où il n’y a que la haine dans ma tête et je n’arrive pas à me contrôler. Christian Dans mon rêve, je voulais partir voyager avec mes amis, passer des vacances, s’amuser, délirer, passer quelques semaines en Espagne, sortir tous les soirs, aller à la plage et dormir dans un grand hôtel luxueux, aller dans un casino, jouer aux cartes avec mes amis et surtout boire et se mettre en fumette dans un bon délire et après j’aimerais aller dans un autre pays comme l’Italie, le Maroc, la Colombie, un peu partout avec mes amis, avec beaucoup de sous et partir dans un autre pays comme en Corse avec ma famille pour bien s’amuser et repartir avec plein de souvenirs et revenir avec beaucoup de choses que j’achèterais et j’aimerais avoir une grande grande maison, un palace avec une grande piscine et une grosse voiture de sport et faire un grand anniversaire avec tous mes amis, faire une grande fête… Frédéric Un poème écrit à plusieurs mains Dans mon rêve je veux partir en voyage avec mes amis Trouver le pays où l’on ne questionne pas un homme en colère car alors sa colère se transforme en haine. Dans ce pays on remercie, Quand les hommes qui ont des balles ne combattent pas les hommes qui ont des idées. On n’écoute pas les gens qui parlent fort de ce qu’ils connaissent le plus mal. Dans mon pays on ne voit pas le temps passer. Christian, Florent, Frédéric 24 Il y a des mots qui font vivre…. Il y a des mots qui font vivre Et ce sont des mots innocents Le mot VIVRE et le mot ESPOIR RÊVE et le mot MALHEUR Le mot HISTOIRE et le mot BONHEUR Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits Le mot ROSE et le mot TULIPE Et le mot FRAISE et le mot PASSIFLORE Et certains noms de pays, de villes MARSEILLE Il est des mots mystérieux Etranges ou étrangers Les mots SONGE mais aussi des mots très longs et très courts, transparents, SANG, des mots qui font rire ZBOUB, qui font mal PUTE, les gros mots PD, les très maigres… M’Baye et Frédéric Il y a des mots qui font vivre Et ce sont des mots innocents Le mot AMOUR et le mot HEUREUX PASSION JOIE et le mot BONNE HUMEUR Le mot REGARD et le mot EMBRASSER Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits Le mot ROSE et le mot ORANGE Et le mot SOUCI et le mot LITCHI Et certains noms de pays, de villes VENISE Il est des mots mystérieux Etranges ou étrangers Les mots TE AMO mais aussi des mots très longs L’INFINI et très courts CIEL, transparents, L’EAU, des mots qui font rire DELIRE, qui font mal MENSONGE, les gros mots NIQUE TES MORTS, les très maigres UN SPAGHETTI…. Claire et Myriam 25 Retravailler Provence Les auteurs, stagiaires en formation à RETRAVAILLER PROVENCE : Emilie G. Flory M. Angélique G. Jonathan V. Sonia R. Cédric B. Marina C. Marion G. Stéphanie F. Alicia F. Explorant leurs souvenirs et les territoires de la fiction, expérimentant des constructions langagières (à travers des mots, des emplacements imposés, des jeux sonores), les stagiaires de Retravailler Provence ont produit de nombreux textes durant cet atelier. La sélection que vous allez découvrir dans les pages qui suivent fut difficile à effectuer lors de la dernière demi-journée de ces quatre jours d'atelier, mais elle révèle cette diversité. Merci aux stagiaires pour leur implication dans cette aventure et aux formateurs pour leur présence bienveillante. M e rc i a u p e r s o n n e l d e Vi l l e L e c t u re e t d e l a Médiathèque Marcel Pagnol, pour son accueil et pour la visite de ses salles. Visite fructueuse, puisqu'elle déclencha une série d'inscriptions et de prêts parmi les stagiaires. Nicolas TARDY Écrivain 27 Oublie quand je te dis que tu n'es rien pour moi. Même si des kilomètres nous séparent, je serai toujours auprès de toi. Oublie quand je te dis que je ne te pardonnerai jamais. Tu es celle qui me soutient tous les jours, quand j'ai le moral au plus bas. Oublie quand je te dis que j'oublierai tous nos souvenirs. Nos souvenirs à toutes les deux sont gravés à jamais. Je ne pourrai pas oublier nos moments passés ensemble. Émilie Il était une fois une petite fille qui se prénommait Alicia. Cette jeune fille était âgée de 5 ans et demi à peine. Elle était dans un foyer pour enfants depuis l'âge de 3 mois. La jeune fille restait tous les jours devant l'accueil pour surveiller si personne ne venait la chercher. Aujourd'hui on est mardi 9 mai le jour de l'anniversaire d'Alicia. Elle était toute contente aujourd'hui c'était son jour à elle. Et ce jour-là un homme entra dans cet accueil pour enfants et fit une demande d'adoption. La jeune femme de l'accueil l’emmena dans la salle de jeux où se déroulait l’anniversaire d'Alicia. Alors l'homme s'approcha de la jeune Alicia et lui dit « Bon anniversaire ma chérie » et Alicia dit « C'est vous mon nouveau papa, seriez-vous venu enfin ? » et l'homme dit « Oui je suis ton nouveau papa » et la jeune fille lui sauta dans les bras, heureuse et elle lui dit « Vous êtes mon héros je vous aime ». « Grâce à toi je vais avoir une nouvelle famille à moi ». Flory 28 Le monde est créé, la vie naît mais cela n'est qu'éphémère. Tous les matins, je me réveille et j'attends que la journée passe. J'ai l'impression que maintenant personne n'a plus le droit à l'erreur et le mot pardonner ne sera plus jamais employé. Sonia Ne laissez pas le monde changer votre sourire Laissez votre sourire changer le monde. Angélique J'étais sur une île déserte. Je voudrais partir un jour sur l'île. Je suis sur une île et je bronze. Mon île était si belle, elle me ressemblait ! Un jour j'y retournerai. J'y suis retourné. Je regarde un pêcheur. Mon père était un vrai pêcheur. Un jour je serai pêcheur. C'est le jour de marché dans l'île. Un jour si j'ai le temps j'irai au marché. Le marché était là avant. Un jour j'y serai. J'y étais vraiment. J'y suis je resterai. Un jour j'aurai des rêves. J'ai un magnifique rêve. Ce rêve est passé. Jonathan 29 Oublie quand je te dis que tu causes un petit problème à la maison. Tu m'as causé des problèmes mon frère. Je te dis que tu as fait beaucoup de problèmes dans la famille. Tu bois trop, tu rends triste la mère. Reste un peu tranquille mon garçon. Reste un peu tranquille. Cédric Je tiens à une bague en or que je mets à l'annulaire gauche, avec un petit diamant, l'anneau de la bague se sépare en 2 brins. Je tiens énormément à cette bague car c'est mon copain qui me l'a offerte en preuve d'amour, d'amitié et de sincérité, à ce moment-là, quand il m'a offert cette bague, il m'a fait la plus belle déclaration d'amour et ça m'a touchée. Marina Quelques jours avec toi mon esprit est hors de moi Dès le premier regard j'ai ressenti un espoir L'espoir d'une réalité, l'envol d'un passé. Marina 30 Un amour facile Une amitié difficile Une famille fragile Un amour fragile Une amitié facile Une famille difficile Un amour difficile Une famille fragile Une amitié facile. Flory La vie est facile à vivre Quand on se donne les moyens Mais pas toujours facile d'y arriver Pourtant tout le monde peut y arriver Il ne faut surtout pas se laisser vivre Il faut y parvenir par tous les moyens Trouver n'importe quel moyen Pour y arriver Pour enfin pouvoir vivre. Marion Un jour, lorsque j'étais petite, mon frère et moi avons décidé de jouer aux billes. Nous nous sommes installés dehors sur la terrasse. Voulant faire une blague à mon frère, j'ai pris les billes, je les ai mises dans un verre. Il me regarda avec des gros yeux. J'ai fait semblant d'avaler une gorgée. Mais voilà, une bille s'est introduite dans ma gorge. Mon frère paniqué tape sur la porte-fenêtre pour que ma mère ouvre. Le problème c'est qu'on faisait ça souvent quand une abeille nous poursuivait. Au bout de deux minutes ma mère finit par ouvrir. Avec la panique elle m'a secouée dans tous les sens et m'a tapée dans le dos au bout d'une minute j'ai recraché la bille. Sonia 31 Si un jour je meurs, la vraie question sera « Est-ce que j'irai au paradis ou dans les flammes de l'enfer ? ». Stéphanie Oublie quand je te dis que je t'aime. Oublie quand je te dis que tu étais tout pour moi. Oublie quand je te dis que je voulais faire ma vie avec toi. Car après ce que tu m'as fait, crois-tu que je pourrais te pardonner ? Je ne peux que t'oublier. Je veux que tu oublies, que tu m'oublies même si ça me fait du mal de te dire ça. Toi et moi ça ne sera plus comme avant, alors oublie-moi et on en reste là. Alicia Je ne me souviens pas de son odeur Je ne me souviens pas de sa voix Je ne me souviens pas de la hauteur quand il me prenait dans ses bras Je ne me souviens pas de cette douleur Mais pourtant elle est toujours là. Marion 32 Hier Raiponce était dans sa tour. Aujourd'hui Raiponce est dans sa tour. Demain Raiponce sera dans sa tour. Peter Pan était au Pays Imaginaire. Il sera au Pays Imaginaire. Peter Pan est au Pays Imaginaire. Cars répare la route. Cars a réparé la route. Il réparera la route. La Belle au Bois Dormant chante. Elle chantera. Elle a chanté. Mickey dansera. Mickey dansait. Mickey danse. Minnie fera des gâteaux. Minnie fait des gâteaux. Minnie a fait des gâteaux. Angélique La neige froide Froide comme la glace Toi montagne Toi sommet de la montagne Toi qui est aussi froide Que l'air froid du sud qui me glace J'en ai marre de parler Alors j'ai pris le papier Pour te dire que je t'aimais Et que tu es ma fée Émilie J'ai froid je glace Je regarde la montagne Ma vie ne restera pas froide. T'es une poétesse C'est une déesse Normal t'es une Fuentes. Jonathan Alicia et Émilie 33 Cette couleur du ciel Ciel bleu turquoise Turquoise comme la mer Mer chaude comme le soleil Soleil aussi brûlant que mon amour Mon amour sans prétention Prétention de dire que je t'aimerai toute ma vie Ma vie est difficile Difficile de tout expliquer maintenant Maintenant on s'aime depuis longtemps Longtemps j'ai attendu ce moment Ce moment inoubliable. C'est monsieur Patate Il est grand et bien rond Il veut trouver une madame Un très belle madame Qui elle aussi est une patate Veut rencontrer un monsieur grand et bien rond Il était pas le seul à être rond Eux aussi voulaient une madame Mais ils voulaient tous cette madame patate. Sonia Marion Il décida d'avouer ses sentiments Ses sentiments qu'il avait pendant tout ce temps Tout ce temps il l'aimait en secret Secret qu'il n'avait jamais dit à personne Personne ne savait qu'il aimait cette fille Cette fille était son rayon de soleil Son rayon de soleil de sa vie Sa vie qu'il ne voyait pas sans elle Elle l'aime aussi depuis longtemps Longtemps ils ne se disaient rien. Émilie 34 Aujourd'hui une vieille traverse la route. Une voiture roulait très vite. La vieille dame ne voyait pas trop bien et traverse. Un homme arrive et prend la vieille dame sur son dos et la pose sur le trottoir d'en face. Et là il dit « Je suis un héros ! ». Stéphanie Oublie quand je te dis que je t'aime, parce que je ne sais plus si mes sentiments pour toi sont encore là. Mais je ne veux pas que tu penses que je me fous de toi, parce que c'est faux ! Mais laisse-moi le temps de réfléchir à moi, à toi, à nous, et je te dirai mes vrais sentiments pour toi. Pour l'instant tout est flou dans ma tête et dans mon cœur. Mais sache que même si je ne suis pas sûre de t'aimer, sache que tu comptes beaucoup pour moi. Flory Ce matin Je n'ai pas d'idée Pour écrire J'en ai marre d'écrire C'est trop dur le matin Pour trouver des idées À toi mon amour Qui me fait grandir chaque jour Cette bague je te le promets signe de ton amour Jamais ne sera détruite ni enlevée de mon doigt. Marina Je réfléchis et je trouve une idée Et je commence à l'écrire Tôt le matin. Stéphanie 35 Aubagne Ville Lecture Médiathèque Marcel Pagnol chemin de Riquet 13400 Aubagne Tél. 04 42 18 19 92