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IUFM DE BOURGOGNE PLC2 LE JEU DANS L’ENSEIGNEMENT DE L’ANGLAIS AU COLLEGE Cécile AMODEO Directeur de mémoire : M. Morizot Année 2006 0365153F SOMMAIRE INTRODUCTION ………………………………………………………………………………………………………………………….…….….3 PREMIERE PARTIE : jeu et éducation, une association bien complexe ………………………………..6 A) Le jeu : un sujet tabou dans l’histoire de l’éducation ? …………………………………..…………. 6 • Jeu et éducation au temps des grands philosophes grecs .………………………………….. 6 • Le jeu dans l’éducation des enfants au Moyen-Age : Vade Retro Satanas. …….. 7 • Napoléon ou de l’éducation. …………………………………………………………………………………………. 8 • Le Xxè siècle, l’ère du divertissement, de l’école gratuite et obligatoire …………9 B) Jeu et éducation : un paradoxe ? ……………………………………………………………………………………… 9 C) Le jeu : un élément indispensable à l’apprentissage scolaire………………………………….….. 11 • Les avantages du jeu dans l’enseignement des langues étrangères ……………………12 1) Les avantages du jeu en classe d’anglais pour l’apprentissage de l’anglais ……………………………………………………………………………………………………………12 2) Les avantages du jeu en classe d’anglais pour la vie à l’extérieur de la classe ……………………………………………………………………………………..………………………….14 • Le jeu dans la classe d’anglais : une pratique qui a ses limites ……………………………16 • Le jeu dans l’enseignement des langues étrangères comporte son lot de contraintes ……………………………………………………………………………………………………………………..17 SECONDE PARTIE : description et analyse des phases de jeux que j’ai mises en place pendant mes cours …………………………………………………………………………………………..………………………. 19 A) Première catégorie : les jeux en équipes ……………………………………………………………..………….19 • Les objectifs communs des jeux d’équipes mis en œuvre dans ma classe……….. 19 • Le ‘Grammar Contest’ ……..…………………………………………………………………………………………. 20 1) Les objectifs …………………………………………………………………………………………………20 2) Le déroulement du jeu …………………………………………………………………………………21 3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………22 2 • un classique : le Trivial Pursuit ………………………………………………………………………………….23 1) Les objectifs ………………………………………………………………………………………………. 23 2) Le déroulement du jeu ………………………………………………………………………………. 24 3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………26 • Le ‘guess who I am’ ………………………………………………………………………………………………………27 1) Les objectifs …………………………………………………………………………………………………27 2) Le déroulement du jeu …………………………………………………………………………………27 3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………28 B) Seconde catégorie : les jeux d’expression corporelle / de théâtre ………………………29 • un autre classique : le jeu du mime …………………………………………………………………………..29 1) L’objectif ……………………………………………………………………………………………………….29 2) Le déroulement du jeu …………………………………………………………………………………29 3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………31 • Le jeu de la chaise ………………………………………………………………………………………………………..31 1) Les objectifs ………………………………………………………………………………………………….31 2) Le déroulement …………………………………………………………………………………………….32 3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………32 • mises en scène de petites situations ……………………………………………………………………….33 1) Les objectifs …………………………………………………………………………………………………33 2) Le déroulement …………………………………………………………………………………………….34 3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………34 C) Les autres jeux auxquels j’ai eu recours.………………………………………………………………………...34 CONCLUSION ………………………………………………………………………………………………………………………………………36 BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………….…………………………………………………….. 37 ANNEXES ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….38 3 INTRODUCTION Lors de mon année de stage, je fus affectée dans un petit collège rural du Val de Saône, dans la ville de Seurre. Cet établissement accueillait cette année près de 330 élèves. Je me vis confier la responsabilité d’enseigner l’anglais à une classe de 4ème uniquement. Celle-ci se composait de 22 élèves âgés de 13 et 14 ans. Je me rendis vite compte que la majorité de mes chères têtes blondes n’étaient pas réellement intéressées par l’apprentissage de l’anglais. En effet, après avoir fait part de mes impressions à mes collègues anglicistes, j’ai compris que les enfants ne parvenaient pas à comprendre l’utilité d’apprendre une langue étrangère, surtout que le collège ne permettait pas d’entrer en contact réel et concret avec le monde anglophone. Je fus d’ailleurs surprise d’apprendre que l’établissement ne proposait pas de cours avec un assistant. De plus, pendant les premiers mois de l’année, mes collègues et moi-même n’avions pas la possibilité de montrer des vidéos en classe car nous n’avions pas de matériel vidéo à notre disposition. De plus, la salle multimédia a mis quelques mois pour devenir opérationnelle. Ainsi au début de l’année, j’eus du mal à établir un contact élèves – anglais moins artificiel que celui proposé par les manuels scolaires. Mis à part ce manque évident de motivation pour la langue anglaise, l’ambiance au sein même de mon groupe-classe n’était pas très positive étant donné que certains élèves prenaient un malin plaisir à maltraiter (verbalement autant que physiquement) ceux qui avaient décidé de mener à bien leur apprentissage scolaire. Je me suis donc longuement demandée ce qui pouvait remotiver les enfants pour l’anglais et rétablir un tant soit peu une certaine cohésion au sein de cette classe de 4ème. Ainsi, j’ai pensé qu’introduire des phases de jeux dans mes cours de langue pourrait répondre à ces attentes. Il est évident que je ne m’attendais pas à faire de miracles, cependant je pense à présent que pendant ces activités à caractère ludique, mes élèves ont pris plaisir à pratiquer l’anglais et ont oublié, pendant quelques instants du moins, les différents qui pouvaient exister entre eux. En plus des problèmes d’affinité évidents, j’ai très vite constaté une séparation nette entre les garçons et les filles de ma classe. Les garçons étant majoritaires à raison de 13 4 garçons pour 9 filles, les filles se sentaient un peu intimidées par leurs camarades masculins. Une fois encore, j’ai pensé qu’injecter des phases de jeu dans mon enseignement pouvait contribuer à réduire le fossé entre les garçons et les filles. Seulement voilà, lorsqu’il s’agit d’introduire le jeu dans son enseignement, un problème apparaît rapidement pour le professeur. Comment combiner activités ludiques et enseignement scolaire ? Le jeu a t’il sa place dans l’enseignement au collège ? Je dois admettre en effet que pendant mes toutes premières semaines d’exercice, je fus tiraillée entre les exigences du statut de professeur, statut que je me devais de tenir, et mes expériences d’animatrice de centre de vacances pour adolescents que j’ai pu vivre pendant quatre étés consécutifs. Je me dois d’ajouter que ce centre était un centre linguistique qui avait comme particularité d’accueillir des collégiens venant de toute la France et de tous horizons sociaux dans le but de leur enseigner l’anglais de manière intensive (3 heures par jour) pendant des périodes de 2 semaines. J’avais donc à travers cette expérience pu expérimenter l’approche de l’anglais par l’intermédiaire du jeu puisqu’un des buts fondamentaux de cet apprentissage estival était de rompre avec le caractère rigide de l’enseignement de l’anglais à l’école en mettant en place des activités plus ludiques. Les colons nous ont à plusieurs reprises confessé (à moi ainsi qu’à mes collègues) que ce séjour leur avait redonné le goût pour l’anglais et qu’ils s’étaient amusés à réviser certains points et à s’exprimer dans cette langue. Je ne pense pas que cette attitude enjouée vis-à-vis de la langue anglaise soit uniquement due aux activités ludiques mais au dire des enfants, elle y a largement contribué. En fait, les enfants ont également apprécié l’existence de groupes de niveaux dans lesquels les plus faibles d’entre eux étaient heureux de se retrouver dans un cours adapté à leurs compétences. Cependant, le recours au jeu était l’élément le plus apprécié du séjour en ce qui concerne les ‘cours’ d’anglais matinaux. Pendant mes premières semaines au collège de Seurre, j’ai eu du mal à respecter un certain équilibre entre le professeur et l’animatrice, influencée par une de mes collègues qui m’a bien expliqué qu’il y avait là une vraie différence. J’ai donc refusé tout recours au jeu pendant les deux premiers mois. Puis j’ai abordé mon premier jeu avec la crainte de voir mon autorité, mon rôle de professeur remis en cause. Ce qui n’arriva pas… 5 Je reste donc convaincue qu’il est possible, voire indispensable, d’apporter un aspect plus léger à l’apprentissage, loin de la progression et de la présentation strictes des manuels scolaires par le biais du jeu, qui, méticuleusement dosé, peut non seulement susciter l’intérêt des élèves pour la langue anglaise mais aussi les mener sur les chemins de la réussite dans cette matière. C’est pour ces raisons que j’ai décidé de consacrer ces quelques pages à la place du jeu dans la classe d’anglais. Après avoir abordé la relation jeu-éducation/enseignement scolaire dans une première partie, dans laquelle j’aurai présenté un bref historique du jeu dans l’éducation et analysé le paradoxe problématique qu’il existe entre ces deux termes, je décrirai ,dans une seconde partie, les phases de jeu que j’ai réussies à mettre en place jusqu’au moment de la rédaction de ce mémoire. Je tenterai alors d’apporter une analyse complète de ma pratique afin de tirer les enseignements des échecs et des réussites pour les années à venir. 6 PREMIERE PARTIE JEU ET EDUCATION : UNE ASSOCIATION BIEN COMPLEXE A) Le jeu : un sujet tabou dans l’histoire de l’éducation ? A travers les différentes périodes de notre histoire, le bien fondé du jeu dans l’éducation a connu ses heures de gloire comme ses moments les plus sombres pendant lesquels les grands penseurs étaient convaincus que jeu et enseignement n’étaient pas compatibles. Je vais donc procéder à un bref historique de la place accordée au jeu dans l’éducation des enfants à travers les âges. « Huirzinga (1976) affirme que le jeu est plus ancien que la culture et selon Aveline (1961), l’homme jouait au péché originel ! C’est donc dire que de tout temps le jeu a fait partie de la vie des hommes. » (Nicole de Grandmont, p7, La pédagogie du jeu). • Jeu et éducation au temps des grands philosophes grecs : Que ce soit Aristote, Platon ou Socrate, les grands philosophes antiques avaient foi en l’utilité du jeu dans l’éducation des jeunes enfants. Aristote préconisait une liberté totale de l’enfant vis-à-vis du jeu jusqu’à l’âge de 5 ans. Il était également convaincu de l’utilité du jeu dans l’apprentissage d’un métier. Dès le premier siècle, Quintilien affirmait que l’étude se devait d’être un jeu afin de ne pas détruire la motivation de l’enfant et son désir d’apprendre. Cependant, malgré leur grande sagesse largement reconnue, ces grands penseurs de l’Antiquité furent la cible des interrogations de quelques sceptiques, qui ne purent éviter de faire l’amalgame entre jeu et dépravation et décadence comme en atteste cette petite anecdote confrontant Socrate et Néopythion. « Socrate : Alors, mon bon Néophytion, quoi de neuf aujourd’hui ? 7 Néophytion : Je suis accablé. Notre jeunesse est dépravée : on vient de m’apprendre que des enseignants utilisent des jeux en classe. La Grèce est en pleine décadence… Pourtant à l’école, on n’est quand même pas là pour s’amuser ! Et il y a la récréation pour jouer ! Socrate : Si tu penses qu’apprendre doive rimer forcément avec tristesse et ennui, alors tu as sans doute raison. Mais es-tu bien sûr que les jeux utilisés par ces enseignants soient les mêmes auxquels jouent nos enfants dans la cour ? Néophytion : Mais l’image de l’enseignant est dévalorisée ! S’il joue, il n’est plus sérieux ! Socrate : Faire jouer des enfants et des adolescents est une tâche difficile. La maîtriser est au contraire est au contraire plutôt valorisant pour l’enseignant. Et rien n’oblige à ce qu’il se transforme en amuseur : s’il est arbitre, il aura à donner envie de jouer, à faire respecter les règles, tout en faisant en sorte que les élèves apprennent. Quoi de dévalorisant là-dedans ? »1 Je dois admettre que les propos tenus par Socrate reflètent tout à fait mes expériences personnelles et les difficultés que j’ai pu rencontrer lors des phases de jeu que j’ai tentées de mettre en place pendant ces quelques mois. Mais je reviendrai à tout cela plus tard. • Le jeu dans l’éducation des enfants au Moyen-Age : Vade retro satanas… La période médiévale débuta aux alentours du IVè siècle marquant en même temps le début de l’ère du christianisme, une philosophie condamnant violemment la société grécolatine qu’elle considèrait alors comme immorale. Cherchant à se détacher radicalement de celle-ci, l’ère chrétienne abolit toutes les formes de jeu (alors symbole du paganisme) dans la vie des citoyens. Païen, le jeu fut également accusé de n’être qu’oisiveté, perte de temps, frivolité. On disait à l’époque qu’ il tuait chez l’enfant tout goût pour le travail et ne pouvait 1 www.discip.crdp.ac-caen.fr/histgeo/ludus/platon.htm 8 que le mener sur les chemins de la perversion. En d’autres termes, s’adonner au jeu au Moyen-Age était considéré comme un délit à niveau égal avec la prostitution et l’ivresse. Il faudra attendre la Renaissance au XVIè siècle pour voir les Jésuites réhabiliter le jeu qu’ils considèreront d’ailleurs comme essentiel dans l’éducation des enfants, ce qui leur attirera les foudres du clergé. De grands auteurs tels que Montaigne et Rabelais permettront également de redorer l’image du jeu dans l’éducation. « Les jeux mêmes […] seront une bonne partie de l’étude. […] Ce n’est pas une âme, ce n’est pas un corps que l’on dresse, c’est un homme… » 2 • Napoléon ou de l’éducation : Que ce soit l’empereur Napoléon ou Jean-Jacques Rousseau, en cette fin du XVIIIè et début du XIXè siècles, tous deux étaient convaincus de l’utilité du jeu dans l’éducation des enfants. Dans son livre L’Emile ou de l’éducation, Rousseau explique que l’enfant ne pourra se développer qu’à travers des jeux qu’il nomme lui-même ‘éducatifs’ qui, avec le travail, permettront de développer chez l’enfant un jugement concret. L’empereur Napoléon a lui aussi fortement soutenu le jeu dans l’éducation en considérant celui-ci comme ‘l’adjoint du pédagogue’. Il est vrai qu’à cette époque, les enseignants commencèrent à prendre conscience du fait que le recours au jeu permettait bien des choses ; le jeu allégeait la tâche de l’enseignant, il limitait chez l’élève une éventuelle démotivation, ainsi que les risques pour lui de tomber dans la délinquance. En d’autres termes, il était accepté à cette époque de recourir au jeu dans l’éducation des jeunes enfants afin de pouvoir leur présenter un enseignement plus digeste, pour entretenir leur désir d’apprendre et pour lutter contre un éventuel découragement, synonyme d’abandon et d’échec. 2 Montaigne. Essais I, Chap XXVI 9 • Le XXè siècle, l’ère du divertissement, de l’école gratuite et obligatoire : Le jeu est devenu au siècle dernier un élément incontournable dans la pédagogie. En effet, le Xxè siècle a vu l’arrivée de l’école gratuite ainsi que l’obligation pour les enfants de rester dans le système scolaire jusqu’à l’âge de 14 ans. Le jeu a donc envahi les écoles afin de pallier au manque d’intérêt et de plaisir pour les études chez les enfants que le milieu scolaire ne passionne pas. De nombreux pédagogues ont commencé alors à réfléchir plus précisément à la relation complexe qui existe entre jeu et enseignement scolaire et tous se sont accordés pour dire que le jeu pour l’enseignant s’avère être un outil indispensable car il stimule les élèves tout en leur permettant de tester leurs connaissances. Mais ici encore, de nombreuses voix s’élèvent contre les enseignants qui l’utilisent à tort et à travers, ce qui selon elles, inciterait l’élève à se détourner du travail rigoureux indispensable à la réussite scolaire. Il est vrai que la relation entre jeu et enseignement scolaire semble complexe car le jeu est assimilé au plaisir, à la liberté, alors que l’apprentissage scolaire va de pair avec rigueur, sérieux, et efforts, d’où l’incompatibilité supposée entre ces deux notions. B) Jeu et éducation : un paradoxe ? On oppose classiquement le jeu et le travail. Il est vrai que dans le premier, il n’y a pas de travail, pas de production autre que le plaisir. Dans le second, les productions des élèves sont l’objet de contrôles, d’évaluations. De nombreux pédagogues ont soulevé ce paradoxe entre l’essence même du jeu et celle du travail scolaire. Avant d’explorer cette relation paradoxale, il faut d’abord tenter de définir le jeu. Or, il est très difficile de fournir une définition précise et arrêtée car il en existe une multitude plus ou moins satisfaisantes. Pour commencer, je vais donner la définition du Petit Robert : 10 « jeu : activité physique ou morale, purement gratuite, généralement fondée sur la convention ou la fiction qui n’a dans la conscience de celui qui s’y livre d’autre fin qu’elle-même, d’autre but que le plaisir qu’elle procure ». Définition qui d’ailleurs se rapproche beaucoup de la pensée d’un grand spécialiste de la pédagogie du XXè siècle, Callois, qui dans son livre intitulé Des Jeux et des Hommes (1968), explique que le jeu doit être une activité libre, séparée et fictive. Huirzinga en 1976 insiste quant à lui sur le fait que le jeu ne peut être une activité commandée. Une question évidente doit alors se poser : comment concilier liberté, plaisir, irréel et milieu scolaire dans lequel les élèves sont très cadrés, surveillés, évalués ? dans lequel le professeur est lui aussi tenu de répondre à des exigences concrètes ? Là se trouve tout le paradoxe de l’utilisation du jeu à l’école car dans l’espace classe, c’est le professeur qui ordonne / donne l’opportunité de jouer aux élèves. En réalité, le jeu en classe n’est possible que si le professeur l’autorise et ceci va à l’encontre de l’essence même du jeu, qui est normalement volontaire, et libre. Il est donc tout à fait pertinent de relever une certaine incompatibilité entre jeu et enseignement scolaire. Ce serait cependant une grossière erreur de ne pas dépasser cette incompatibilité de façade car en réalité, le jeu et l’enseignement scolaire ont beaucoup de points communs. Il ne faut pas oublier que le jeu est lui-même une institution tout comme l’école. Selon Callois , « le jeu n’est jeu que si l’activité est inscrite dans les limites d’espace et de temps et que son issue n’est pas connue à l’avance ». 3 Effectivement, le jeu crée un espace de liberté pour les joueurs mais à l’intérieur même d’un cadre prédéfini par des règles qui s’appliquent à chacun des individus qui participent à l’activité. Ainsi, tout comme la vie à l’école ou l’attitude à suivre en classe, le jeu 3 Callois, Des Jeux et des hommes. (1958) 11 est régi par des règles. L’enseignement est lui aussi situé dans les limites d’espace et de temps, chaque année scolaire pouvant représenter l’espace temps dans lequel se déroulent des activités (d’apprentissage) dont l’issue n’est pas connue à l’avance. En effet, à la rentrée de septembre, chaque élève a dans les mains les clés de sa réussite, à lui de les utiliser. Personne ne sait par quoi l’année scolaire va se solder pour l’élève. De plus, n’entend-on pas souvent dans la salle des professeurs quelques collègues se plaindre au sujet d’un de ses élèves qui ne ‘jouerait pas le jeu’ en refusant de se plier aux règles instituées par l’établissement ? Ainsi, jeu et enseignement scolaire sont loin d’être incompatibles. De part leurs nombreuses similitudes de fonctionnement, le jeu ne va pas à contresens du travail scolaire mais lui est au contraire complémentaire, voire nécessaire. C) Le jeu : un élément indispensable à l’apprentissage scolaire. L’utilisation du jeu dans l’enseignement des langues étrangères au collège peut se justifier de plusieurs manières. Tout d’abord, le recours au jeu dans l’enseignement de l’anglais est préconisé par les instructions officielles du collège. Ensuite, il faut garder à l’esprit que le jeu est pour l’enfant et même pour le jeune adolescent une activité pour laquelle il conserve un intérêt sans borne. Autrement dit, le jeu représente une source de motivation et de plaisir. Et c’est pour cette raison principale que j’ai voulu avoir régulièrement recours au jeu dans mes séances de cours. J’ai voulu montrer à mes élèves qu’ils pouvaient apprendre en s’amusant et que travail et plaisir n’étaient pas incompatibles. Mais le jeu est aussi un moyen d’exercer des compétences langagières dans des situations où l’enfant / l’adolescent est réellement acteur, d’où son utilité dans la classe d’anglais. Dans le jeu, la langue devient pour l’enfant l’instrument indispensable pour arriver à ses fins. Celui-ci permet de créer une véritable situation de communication indispensable pour une bonne pratique de l’anglais par l’enfant. Lorsque les objectifs communicationnels sont correctement définis, le jeu permet de faciliter la mémorisation des jeunes élèves en 12 faisant appel à une pratique, plutôt orale, fondée sur la répétition de structures ou un rebrassage complet des connaissances. • Les avantages du jeu dans l’enseignement des langues étrangères : 1) Les avantages du jeu en classe d’anglais pour l’apprentissage de l’anglais : Tout d’abord, le jeu permet de proposer une grande variété de situations motivantes. Si l’on veut recourir régulièrement au jeu, il faut bien faire attention à ne pas utiliser toujours la même activité, car l’intérêt des élèves souffre du manque de nouveauté. C’est la raison pour laquelle j’ai fait en sorte dans mes cours de varier un maximum mes phases de jeu. Le jeu permet également de modifier le rythme d’un cours ou d’une séquence de cours. Il rompt avec la routine scolaire de l’ambiance classe et permet ainsi de relancer l’intérêt des élèves. En revanche, il me semble que si le jeu devenait une habitude lors des séances de cours, le professeur courrait un risque non seulement vis-à-vis de l’attitude des élèves en cours d’anglais ; j’entends par là qu’il serait dommage que le cours de langue devienne en intégralité un espace de récréation et ne soit plus du tout un espace de travail. Mais l’utilisation raisonnable du jeu est très intéressante car elle permet d’alterner des activités qui demandent des efforts intellectuels importants de la part de l’élève et des activités où les méninges des enfants sont également mis à rude épreuve mais pendant lesquelles cet effort de réflexion est adouci par un aspect plus ludique. Gilles Brougère, dans son livre Jeu et Education explique que : « Le jeu est le délassement indispensable à l’effort en général (…) en permettant à l’élève délassé d’être plus efficace dans son exercice et son attention (…). Le divertissement est essentiel à une bonne gestion des capacités de l’esprit ». Ainsi, le jeu permet de varier les supports mais également le type d’efforts que les élèves devront fournir ce qui contribue à donner un bon rythme au cours. 13 Ensuite, lorsque l’on réfléchit à l’équilibre à apporter entre plaisir et travail, le jeu offre un autre avantage même si celui-ci est moralement attaquable. Le professeur en utilisant le jeu dans son cours ne fait pas vraiment preuve d’honnêteté envers ses élèves. Pour lui, finalement, le but premier du jeu n’est pas qu’ils s’amusent dans son cours, mais qu’ils travaillent en s’amusant. Le jeu permet donc de duper les élèves en quelque sorte. Et je dois l’admettre, j’ai eu recours au jeu pour ainsi dire appâter mes élèves, pour rendre ma matière plus séduisante à leurs yeux, pour faire en sorte qu’ils mettent en pratique leurs savoirs pour en faire des savoir-faire sans qu’ils ne s’en rendent trop compte. Je citerai une nouvelle fois Gilles Brougère qui admet dans le même ouvrage que celui cité précédemment que : « Le jeu est un moyen, un support pour séduire l’enfant. (…) Le jeu est une ruse pédagogique. » Ainsi, je crois que le renouvellement et le maintien de la motivation de l’élève restent les objectifs principaux du jeu en classe. L’acquisition des savoirs et le développement des savoir-faire viennent par la suite s’articuler autour de ces deux principaux objectifs. Malgré cet aspect critiquable j’en conviens, le jeu présente encore de nombreux avantages. Il permet notamment d’apporter aux élèves un moment où ils s’approprient l’action. L’élève est alors au centre de son apprentissage. Au professeur de savoir s’effacer et de laisser œuvrer la magie. De professeur, il devient arbitre et doit ainsi laisser un espace de liberté nécessaire au jeu pour que celui-ci fonctionne et que la magie opère. En effet, une présence excessive de la part de l’enseignant met en péril le bon déroulement du jeu. Comme l’explique Nicole de Grandmont dans son livre La Pédagogie du Jeu : «Toute activité trop dirigée, trop structurée et trop bien organisée fatigue par sa structure et sa routine. Un tel manque de souplesse dans l’ensemble du jeu étoufferait le ludique. (…). L’adulte sera porté tantôt à analyser les comportements du joueur, tantôt à structurer son jeu, éliminant ainsi la gratuité et la spontanéité de 14 son action. Cette malencontreuse intervention de l’adulte aura pour effet d’orienter les activités du joueur et d’étouffer toute émotivité et toute liberté dans le jeu ». A travers ces propos, on peut comprendre combien il est complexe de mettre en place une phase de jeu pour le professeur qui aura sans doute peur de perdre le contrôle de ses élèves l’espace de quelques instants. Si en tant que professeur, nous voulons que les enfants se laissent emporter par le jeu et qu’ils ‘jouent le jeu’ , alors il faut que nous leur montrions l’exemple en se laissant également prendre au jeu, ou tout du moins feindre de jouer le jeu… Un autre avantage que l’on peut reconnaître au jeu est qu’il permet de faire répéter et réutiliser de façon plus naturelle des structures, du vocabulaire que lorsque le professeur effectue une phase de répétition pendant son cours et de développer ainsi les compétences de communication, notion qui est au centre de l’apprentissage d’un langue étrangère. Pendant les phases de jeu, l’élève sera également mené à une amélioration de ses compétences de prononciation et de compréhension par une mise en situation installée par un certain type de jeux (de genre plus théâtral). De plus, le jeu permet d’impliquer l’ensemble des élèves, à des échelles différentes certes mais il me semble que les élèves timides ou anxieux se sentent tout de même plus à l’aise dans une phase de jeu que dans une activité plus classique de cours. Cependant, je reste convaincue que l’avantage le plus significatif du jeu est qu’il permet de briser cette communication directive du professeur à l’élève à laquelle les enfants sont habitués pour laisser place à une communication d’élève à élève plus libre et spontanée. 2) Les avantages de la pratique du jeu en classe d’anglais pour la vie à l’extérieur de la classe. Le jeu présente des avantages autres que ceux purement linguistiques énumérés précédemment. En effet, le jeu comporte également un atout sur le plan de la socialisation des élèves, particulièrement en ce qui concerne les jeux en équipes. Comme je l’ai déjà expliqué dans mon introduction, la cohésion au sein de ma classe n’était pas extraordinaire que ce soit entre les filles et les garçons qu’entre les garçons 15 entre eux. J’ai donc décidé de procéder surtout à des jeux en équipes, point sur lequel je reviendrai dans ma seconde partie. Le recours au jeu a été pour moi le moyen de pallier à ce manque de communication dans ma classe. Pendant les phases de jeux, au sein d’une équipe, l’élève prend conscience du rôle qui est le sien au sein du groupe. Dans la confection de mes équipes, j’ai tenu à placer des élèves qui ne se connaissaient pas forcément très bien et de niveaux différents. Au sein d’une équipe, les élèves les plus doués peuvent aider les moins forts et chacun doit respecter un certain nombre de règles et de contraintes pour ne pas entraver le bon déroulement de l’activité. Une équipe étant en auto-gestion, l’élève, aussi faible soit-il, fait également partie de ceux qui veillent à la bonne marche du jeu. En ce qui concerne les élèves plus feignants, ils sont appelés à se réveiller car ils sont également responsables de l’échec ou de la réussite des autres. Ainsi, les élèves se motivent les uns les autres pour venir à bout d’un défi qui leur est lancé. Tous apprennent à se respecter et à mener une activité à bien ensemble où le faux pas d’un des membres du groupe met en péril la réussite collective et individuelle. Martina Kervran , dans son livre L’Apprentissage Actif de l’Anglais à l’Ecole , résume en quelques mots tous les avantages du recours au jeu en classe d’anglais : « Le jeu, centré sur l’enfant (…) est une activité de communication qui est fondée sur un défi : atteindre un but précis en respectant des règles bien définies. C’est aussi une activité de socialisation qui implique souvent une collaboration avec des partenaires ou une compétition avec des concurrents à l’intérieur d’un groupe ou d’une équipe. Il crée le besoin et le besoin de maîtriser la langue : pour participer efficacement et pour gagner, il fait écouter parler, comprendre. Les acquis linguistiques sont présentés, fixés ou révisés dans une situation motivante. (…) les jeux sont donc des outils permettant de faire appel aux quatre compétences fondamentales (…). » Il est indéniable après une telle énumération que jeu et travail ne sont pas incompatibles. Le jeu, en proposant un support motivant pour l’élève permet à celui-ci 16 d’acquérir « des attitudes indispensables pour le travail. (…) Le goût de l’effort et de la difficulté , le sens de la consigne, le respect des autres, le contrôle de soi, toutes ces valeurs qui constituent pour l’éducation autant d’objectifs essentiels dont le jeu permet l’assimilation. » (Encyclopaedia Universalis). • Le jeu dans la classe d’anglais : une pratique qui a ses limites. Après avoir fait l’éloge de la pratique du jeu dans la classe de langues, il faut tout de même mentionner les limites de celle-ci. Pour que le jeu soit bénéfique aux élèves, il faut qu’il intervienne à un moment précis de l’apprentissage. Il ne peut pas constituer à lui seul une leçon à part entière. En effet, comme je l’ai mentionné auparavant, le jeu permet de faciliter l’appropriation des nouvelles structures chez les élèves puisqu’il constitue une activité de rebrassage, de révision ou de fixation. Cependant, la cible de ces activités ludiques reste le vocabulaire ou une structure grammaticale déjà abordés qu’elles permettent de réutiliser à l’intérieur même de la situation de communication qu’elles auront créée. Ainsi, le jeu permet de placer le lexique et les structures grammaticales directement au service de la communication d’élève à élève. En d’autres termes, le jeu ne permet pas de présenter une structure ou du lexique pour la première fois car l’enfant en situation de jeu n’apprend pas. Pendant le jeu, l’enfant exerce ses compétences, mobilise ses connaissances et tente de les mettre au service de l’activité pour laquelle il recherche avant tout un plaisir. Il faut donc faire attention à la confusion entre les genres ! J’espère avoir montré que le jeu s’avérait être un précieux outil pédagogique. Mais on ne peut oser espérer l’utiliser pour introduire de nouvelles notions car il manquerait un temps dans le déroulement du processus, celui de la clarification de la compréhension et de l’assimilation à travers plusieurs contextes. D’autre part, le jeu ne doit pas se transformer en phase d’évaluation individuelle car les comportements des enfants face à une tâche à accomplir sont modifiés par des facteurs émotionnels et l’aspect compétitif de certains jeux. De plus, si les élèves sont évalués par 17 une note pendant une phase de jeux, que devient le plaisir de jouer ? Cependant, la performance des élèves peut être jugée par le professeur-arbitre par l’attribution de points en accord avec les règles du jeu, mais il me semble que l’attribution d’une note sur 20 ne serait pas un choix judicieux car la notation stresse les élèves alors que la récompense les motive. • Le jeu dans l’enseignement des langues étrangères comporte son lot de contraintes : Le jeu en classe de langues est relativement contraignant pour l’enseignant car celui-ci doit calculer précisément le temps de déroulement du jeu puisque le jeu doit entrer dans l’heure de cours et qu’il faut absolument éviter que les élèves ne s’ennuient ou qu’ils ne soient frustrés afin qu’ils puissent être productifs. Il est également extrêmement délicat pour l’enseignant de faire en sorte que l’effervescence ressentie par les enfants au moment de jouer ne mette pas en péril l’utilisation de l’anglais pendant le jeu. En effet, généralement, les enfants qui s’impliquent sans réserve dans un jeu motivant recourent alors spontanément au français, ce qui gâche tout l’intérêt du jeu. C’est pour cette raison que l’enseignant se doit de fixer et d’expliquer clairement les règles de conduite dès le début de la phase de jeu. Il doit aussi fournir, si le besoin s’en fait ressentir, des phrases types correspondant au domaine du jeu comme ‘time’s up !’ ou ‘it’s your turn !’ ou bien encore des formules qui pourraient permettre aux élèves de manifester leur enthousiasme ou leur déception. J’expliquais auparavant qu’il était dangereux pour le bon déroulement du jeu que le professeur soit trop présent et enlève ce caractère libre et spontané du plaisir du jeu. Cependant, sans se faire trop pressant, le professeur doit se transformer en arbitre qui peut si nécessaire organiser des pauses pour un retour au calme ou un rappel au respect des règles si les enfants font preuve d’un enthousiasme débordant. Hormis l’enthousiasme des enfants et le respect des règles, l’enseignant rencontre une autre contrainte lorsqu’il veut mettre en place une phase de jeu pendant sa séance de cours, celle de la prévision et de la préparation du matériel. En effet, celles-ci peuvent 18 s’avérer très simples, lors des jeux de mimes notamment, ou demander un véritable investissement en temps et en imagination. Mais contrairement aux apparences, les jeux les plus efficaces ne sont pas forcément les plus compliqués à mettre en place. Ainsi, nous venons de voir que l’utilisation des jeux en classe comportait de nombreux avantages bien qu’elle soit limitée dans ses objectifs et qu’elle puisse parfois être contraignante d’un point de vue purement matériel. Malgré ces quelques désavantages, le jeu reste un outil irremplaçable à certains moments de l’enseignement de la langue étrangère puisque cette ‘ruse pédagogique’ permet d’attirer les enfants et de les rendre ainsi acteurs de leur apprentissage tout en rendant la communication dans la classe de plus en plus authentique grâce à la situation qu’elle crée. Je vais à présent procéder à une description détaillée des jeux que j’ai réussi à mettre en place et à l’analyse des points forts et des points faibles de ma mise en œuvre. 19 SECONDE PARTIE DESCRIPTION ET ANALYSE DES PHASES DE JEUX QUE J’AI MISES EN PLACE DANS MES COURS. Dans un souci de clarté dans l’analyse de mes mises en œuvre, j’ai décidé de diviser les jeux que j’ai pu tester en plusieurs catégories. Pour chacune des catégories de jeux, je présenterai tout d’abord les objectifs visés par ces activités pour ensuite décrire en détails ma mise en œuvre et la réaction des élèves et pour terminer enfin par un bilan dans lequel je m’attarderai sur ce qui a bien fonctionné et ce qui pourrait être amélioré. A) Première catégorie : les jeux en équipes. • Les objectifs communs des jeux d’équipes mis en œuvre dans ma classe. Un de mes objectifs principaux était de briser cette ambiance de classe quelque peu négative depuis le début de l’année. En effet, en discutant avec mes collègues, j’ai appris que bon nombre de mes élèves avaient été séparés de leurs amis à la rentrée de leur année de 4ème lors de la confection des classes et que certains d’entre eux devaient dorénavant compter avec des individus qu’ils ne portaient pas vraiment dans leur cœur. J’ai pu transformer cette impression en réalité lors de la réunion parents-professeurs du mois de décembre pendant laquelle beaucoup de parents m’ont expliqué que leur enfant se sentait mal à l’aise dans cette classe et avait quelques inquiétudes quant au bon déroulement de l’année scolaire. C’est pour cette raison que j’ai eu recours à plusieurs phases de jeux en équipes et que chacun de ceux que j’ai pu mettre en place a été motivé par cette envie de redonner à la classe une certaine cohésion, et ce, même si elle ne durait que le temps du jeu. Le second objectif que je voulais atteindre en proposant à mes élèves des jeux en équipes était de favoriser chez eux un esprit d’entraide. Avant de procéder à l’activité en question, je confectionnais les équipes moi-même en prenant soin de mélanger non seulement les élèves qui n’avaient pas spécialement d’affinités entre eux (sans pour autant les mettre 20 avec des partenaires avec lesquels ils ne se seraient véritablement pas entendus) mais aussi des élèves de niveaux relativement différents. Ainsi, j’ai pensé que les plus faibles se sentiraient entraînés par les plus forts et qu’inversement, ces derniers viendraient en aide aux moins avancés. On pourrait me reprocher de ne pas avoir laissé la liberté aux enfants de constituer eux-mêmes leurs équipes mais j’étais consciente du fait que j’aurais alors eu devant moi des équipes totalement déséquilibrées, avec les forts d’un côté et les moins forts de l’autre. L’issue du jeu n’aurait alors provoqué aucune surprise et n’aurait guère laissé de chance à certains de mes élèves qui pour la plupart ont besoin d’être encouragés. Je vais à présent procéder à un descriptif détaillé des différents jeux en équipes que j’ai pu mettre en place pendant ces quelques mois. • le ‘grammar contest’ : 1) les objectifs. J’ai eu l’idée d’organiser un concours de grammaire afin de pousser mes élèves à se mettre au travail car ces jeunes adolescents ont du mal à comprendre l’utilité du travail à la maison. J’ai effectivement découvert très rapidement que mes 4ème rencontraient quelques difficultés à apprendre leurs leçons à la maison, souvent par feignantise, il faut bien l’avouer, mais aussi, pour quelques élèves de ma classe, en raison d’un environnement familial peu favorable au travail personnel. La séance précédant celle pendant laquelle j’avais prévu de proposer ce jeu, j’ai donné à mes élèves un programme de révisions et je leur ai expliqué qu’ils devaient bien ‘jouer le jeu’ car le but des révisions serait de remporter la victoire lors d’un concours en équipes. J’ai pensé qu’ils seraient alors plus motivés par le travail à la maison dans l’optique d’un jeu que dans l’optique d’une évaluation. L’équipe gagnante (celle ayant totalisé un maximum de points) se verrait accorder un point bonus sur la note de l’évaluation sommative prévue au terme de ma séquence. Les élèves sont sortis de la salle de classe plutôt motivés par cette perspective de jeu lors de la séance de cours suivante. 21 L’objectif principal de ce jeu était donc de mettre les élèves au travail en dehors du stress et de l’aspect contraignant d’un contrôle. Mais je l’admets tout à fait, ce jeu a des allures d’évaluation déguisée. Je reviendrai sur mes bonnes et mauvaises impressions après avoir décrit le déroulement du jeu. 2) déroulement du jeu : Pour procéder à ce jeu, j’ai photocopié sur un transparent plusieurs exercices de grammaire portant sur les points abordés dans l’unité en cours. Je les ai ensuite divisés en catégorie telles que ‘grammar’ / ‘syntax’ / ‘translation’ / ‘pronunciation’ etc. Puis, sur des petits papiers, j’ai reporté les noms de chacune des catégories. Ensuite, j’ai constitué des feuilles de route pour chacune des équipes avec le nom des membres de l’équipe, les espaces laissés pour répondre aux exercices, ainsi qu’un espace pour le total des points. Je n’ai pu enclencher le jeu qu’une bonne vingtaine de minutes après le début du cours, le temps pour moi de faire l’appel, de procéder à un rapide contrôle des connaissances sur la leçon à apprendre pour la séance du jour et à la correction d’un exercice sur le workbook des élèves. Je pensais que les 35 minutes restantes suffiraient à mener l’activité sans aucune précipitation… Je reviendrai sur le problème du timing plus tard. J’ai donc commencé par expliquer les règles une première fois en anglais puis une seconde fois en français pour m’assurer que tout était bien compris des élèves. Je dois avouer que j’aurais pu éviter de passer par le français en mimant les règles du jeu ou en répétant plus de deux fois, mais étant prise par le temps, j’ai préféré écourter cette phase d’explication pour rentrer rapidement dans le jeu en lui-même. Après avoir constitué les équipes, non sans quelques commentaires de la part des participants, j’ai distribué les feuilles de route. La première étape du jeu était d’attribuer un nom à chacune des équipes, tâche que j’ai laissée aux élèves avec pour unique obligation de trouver un nom en anglais. Après 2 minutes, chaque groupe a trouvé des noms tels que ‘the killers’, ‘the tigers’, ‘the rocks’ , etc… Le jeu pouvait commencer. 22 Je me suis donc un peu transformée en animatrice de jeu télévisé et j’ai proposé les cartes sur lesquelles j’avais inscrit les noms des diverses catégories à un membre de chaque équipe pour qu’il ou elle détermine le choix de l’exercice que je rebaptiserai pour l’occasion épreuve. Après avoir rétroprojeté l ‘exercice correspondant à la carte tirée au sort, j’ai donné entre 3 et 5 minutes aux participants pour qu’ils franchissent chacune des épreuves. C’est à ce moment-là que j’ai pu m’apercevoir que les élèves en général se prêtaient au jeu et qu’au sein d’une même équipe, tous les enfants participaient à la résolution des exercices. Les plus forts tentaient d’expliquer aux plus faibles leurs erreurs, et chacun participait à sa façon. Je fus donc sur ce point très satisfaite. Au bout du temps imparti pour chaque exercice, je lançais un ‘ok time’s up now !’ pour que les élèves le retiennent par la suite. Puis je m’avançais vers une autre équipe pour le tirage au sort de l’épreuve suivante. A cet instant-là, j’ai donné les termes ‘pick one card / choose one / it’s your turn’ , etc …. Les élèves devaient donc répondre à toutes les épreuves avant de savoir combien de points ils avaient remporté au total. Nous avons ainsi à la fin des 6 épreuves procédé au bilan et à l’attribution des points. J’ai donc retroprojeté une nouvelle fois les épreuves en respectant l’ordre dans lequel elles avaient été choisies. Et leur correction fut assez animée car les enfants étaient très volontaires puisqu’ils voulaient savoir au plus vite combien de points ils avaient remporté. Pourtant, même si la correction avait un rythme soutenu, la sonnerie retentit avant que nous puissions terminer celle-ci. J’ai ressenti alors une certaine frustration de la part des enfants mais je ne pouvais vraiment pas les garder plus longtemps à cause des bus de ramassage scolaire. J’ai oublié de dire que j’avais fait noter les devoirs aux élèves avant de débuter le jeu afin de ne pas procéder à un retour abrupte à la réalité scolaire en fin d’heure. J’ai donc demandé aux élèves de me remettre les feuilles de route en sortant de la classe et je leur ai expliqué que je leur donnerais le total des points et les noms des gagnants du concours le lendemain. 3) le bilan du grammar contest : 23 Mes objectifs premiers ont été remplis de manière satisfaisante à mes yeux puisqu’il m’a semblé que les élèves ont pris plaisir à jouer ensemble. Il n’y a pas eu de problème de comportement au sein des diverses équipes. Mais j’ai remarqué aussi que j’avais réussi à faire réviser mes élèves et à les faire travailler, de façon détournée bien évidemment, sans qu’ils ne rechignent ou qu’ils ne se plaignent. Une fois les élèves sortis de la classe, j’ai ressenti une certaine joie car nous nous étions amusés ensemble autour d’exercices de grammaire… Cependant, je conçois tout à fait les lacunes de la mise en place d’un tel jeu car on ne peut pas dire qu’il ait pour objectif principal la mise en place d’une situation de communication puisqu’il porte uniquement sur la résolution d’exercices de grammaire. Même si j’ai fait en sorte que le jeu se déroule en anglais en injectant des termes spécifiques au monde du jeu, il n’y eut pas beaucoup d’échanges d’équipes à équipes. Un autre point sur lequel je n’étais pas satisfaite était la gestion du temps. L’activité aurait eu besoin d’une dizaine de minutes en plus pour ne pas provoquer ce sentiment de frustration chez les élèves à la fin de l’heure. C’est alors que j’ai compris que le jeu devait être considéré comme une activité du cours de langue à part entière et non quelque chose que l’on doit bâcler sous prétexte que ce n’est qu’un jeu. Je suis pourtant toujours hésitante à consacrer une séance de cours complète à ce style d’activité car je ne voudrais pas que le cours d’anglais perde de son sérieux dans l’esprit des élèves. La seule solution qui s’offre à moi est alors de raccourcir les activités que je souhaite mettre en place. • un classique : le trivial pursuit. J’ai mis en place ce jeu lors d’une séance de cours avant des vacances scolaires afin de terminer la semaine de cours sur une note plus ludique. En effet, j’avais fait en sorte de boucler ma séquence avant cette dernière heure afin de pouvoir consacrer l’heure complète au jeu. C’est donc après avoir procédé à un contrôle des connaissances rapide en début de cours et fait noter les devoirs dans le cahier de textes que nous avons débuté le jeu. 1) Les objectifs : 24 Ce jeu en équipes avait les mêmes objectifs que le grammar contest en matière de socialisation des enfants. Une fois encore, j’ai réparti les élèves en équipes selon leurs affinités ou manque d’affinités et selon leur niveau pour que chacune des équipes ait la même chance de remporter le jeu. En ce qui concerne les objectifs langagiers, ce jeu avait pour but d’entraîner mes élèves à formuler des questions ainsi qu’à fournir les réponses appropriées. Nous venions de passer plusieurs séances à réviser le prétérit simple, ce qui nous a permis d’avoir des questions portant sur des faits passés surtout dans la catégorie histoire. Bien sûr, ce jeu de questions-réponses a permis aussi d’entraîner les élèves à lire et à écrire en anglais, à comprendre et à formuler un énoncé oral. 2) Le déroulement du jeu : Une fois les équipes composées, j’ai demandé aux élèves de choisir une fois encore un nom anglais pour leur groupe. Nous avons retrouvé à peu de choses près les mêmes noms d’équipes que lors du grammar contest. Ces adolescents manqueraient-ils d’imagination ? Ensuite, j’ai distribué à chacune des équipes un petit paquet de cartes qui présentait 2 réponses de chaque catégorie (sports, history, geography, arts and literature). Certaines parties de ces réponses étaient soulignées en rouge. La première épreuve du jeu était donc de laisser les élèves reformuler les questions correspondantes aux parties soulignées sur les cartes de jeu. Ex : Neil Armstrong walked on the moon in 1969. / When did Neil Armstrong walk on the moon? J’ai donc laissé une quinzaine de minutes aux élèves pour qu’ils rédigent leurs questions. Je passais bien évidemment dans chaque équipe pour donner des conseils ou pour apporter de l’aide aux élèves qui avaient du mal. Une fois encore, j’ai pu constater que les élèves réfléchissaient ensemble et dans le calme puisqu’ils ont bien pris conscience du fait 25 que leurs questions devaient rester inconnues des autres équipes. De plus, chacun avait une tâche à accomplir car en règle générale, ils se sont répartis les questions entre eux. Une fois les questions rédigées, j’ai attribué un adversaire à chacune des équipes. L’équipe des killers par exemple poserait ses questions uniquement à l’équipe des rock stars, et vice-versa. Cependant, j’ai expliqué en anglais que l’équipe en jeu n’avait que 20 secondes pour répondre sinon, la question serait adressée à tout le monde et deviendrait alors un défi. Ainsi, au signal de l’arbitre ‘challenge time !’, toutes les équipes feraient la course pour répondre. En effet, je voulais trouver un moyen de capter l’attention de tous les enfants pendant l’intégralité du jeu. Pour ce qui est de l’explication des règles, je me suis cette fois-ci refusée d’avoir recours au français. J’ai donc répété plusieurs fois celles-ci et j’ai eu également recours au mime afin que tous les élèves comprennent bien les règles. Sur le tableau, j’ai dessiné une grille avec le nom des équipes et les catégories. Chaque équipe ne pouvait choisir que 2 fois la même catégorie. Je mettais donc une croix dans le tableau sur la ligne de la catégorie correspondante pour chaque équipe. Lorsque l’équipe interrogée répondait avant les 20 secondes attribuées, elle se voyait accorder 1 point. Lors du ‘challenge time’, l’équipe la plus rapide pouvait répondre. Si la réponse était correcte, elle récoltait un point. Par contre, si la réponse était fausse, une autre équipe pouvait répondre à son tour. Chaque équipe ne pouvait donner qu’une seule réponse. Cette phase du jeu a grandement enthousiasmé les élèves et j’avoue que j’ai eu du mal parfois à maintenir un minimum de calme… Le jeu s’est bien déroulé. Lorsque les élèves ne comprenaient pas la question, ils devaient dire ‘can you repeat please ?’. Selon l’exactitude des réponses données, les élèves devaient dire ‘correct answer /wrong answer’. J’ai essayé de me contenter d’arbitrer le jeu en marquant les points ou en désignant l’équipe qui devait répondre aux questions en disant ‘it’s your turn !’, pour ne pas qu’il y ait trop d’agitation dans la classe. Comme cette séance était la dernière avant les vacances de Noël, j’avais prévu comme récompense 3 petits paquets de bonbons ‘made in England’ pour l’équipe gagnante. A ma grande surprise je dois l’avouer, l’équipe qui a remporté le jeu était constituée entre autres de 2 de mes élèves les plus faibles et les moins engagés dans l’apprentissage de l’anglais. Ils 26 ont semblé extrêmement satisfaits de leur performance et de leur récompense. J’ai donc apprécié l’issue de ce jeu qui a permis de mettre en valeur les élèves qui d’habitude avaient des difficultés. 3) Le bilan du trivial pursuit : Lorsque les élèves ont quitté la salle de classe, j’étais plutôt satisfaite du déroulement de ce jeu surtout en ce qui concerne la victoire de ces élèves en difficulté au niveau de l’anglais. En leur donnant leur récompense, j’ai demandé aux autres participants de les applaudir en disant ‘now, let’s applaud the winners ! Congratulations !’. Les autres élèves ont donc applaudi avec un ‘congratulations’ collectif. Les vainqueurs se sont sentis revalorisés je pense et sont sortis de la classe fiers d’eux, ce qui m’a apporté une grande satisfaction. Maintenant, concernant la mise en œuvre à proprement parler, j’ai encore rencontré un problème de timing puisque toutes les questions n’ont pas pu être posées. La production de certains élèves n’a pas pu être mise en valeur. Certains enfants furent donc un peu frustrés à la fin de l’heure de cours. Cependant, je pense que c’était une bonne chose de leur faire retrouver les questions indispensables au jeu car ils ont été responsabilisés au sein même du déroulement du jeu et ont été véritablement acteurs dans ce trivial pursuit. Bien sûr, j’aurais préféré leur faire trouver les questions par eux-mêmes sans leur donner déjà les réponses. Mais je me suis dit que cela allait prendre trop de temps et que nous n’aurions pas le temps de mener le jeu à bien. La gestion du temps reste pour moi un problème. Lors de ce trivial, j’ai également apprécié l’interaction entre les élèves. Ce jeu a permis de mettre en place une situation de communication où tous les élèves devaient écouter leurs camarades, les comprendre et apporter une réponse appropriée. Lorsque les élèves prenaient la parole pour répondre justement mais avec une formulation ou une prononciation incorrectes, je demandais aux autres membres de l’équipe de réfléchir sur leur production. Ainsi, ils ont pu s’auto /s’inter-corriger pour reformuler une réponse entièrement acceptable. 27 Enfin, le trivial pursuit a permis aux élèves d’enrichir leurs connaissances tout en les incitant à communiquer les uns avec les autres. C’est pour cela que pour moi, ce jeu reste un bon souvenir même s’il y a des aspects perfectibles. • Le ‘guess who I am’. Voici enfin le dernier jeu d’équipe que j’ai mis en place. J’ai procédé à ce jeu lors d’une séance à effectif réduit. En effet, 10 de mes élèves étaient absents car ils participaient à un rallye maths. Le professeur de mathématiques ayant prévenu tout le monde la veille pour le lendemain, ce jeu m’a permis de remplacer au pied levé l’évaluation en classe que j’avais alors prévue. 1) Les objectifs : Les objectifs de ce jeu reprennent à peu de choses près ceux du trivial pursuit. Le but du jeu était de trouver le nom d’une personnalité grâce à quelques phrases décrivant les points importants de sa carrière. Les objectifs de ce jeu étaient donc de favoriser la communication entre les élèves (production orale, écrite et compréhension orale) et d’enrichir leur culture. 2) Déroulement du jeu : Ce jeu est relativement simple à mettre en place. Pour la séance de cours légèrement improvisée, j’avais tout de même eu le temps de préparer des fiches sur lesquelles j’avais écrit en français 5 phrases concernant une personnalité telle que ‘Je suis né en Angleterre en 1974’. J’avais élaboré une petite dizaine de fiches. Le but du jeu était de trouver le plus vite le nom de la personnalité concernée car si les élèves trouvaient celui-ci au bout de la première phrase il récoltait 10 points, 8 points au bout de la deuxième et ainsi de suite. L’équipe qui récoltait le plus de points remportait la partie. 28 Pour préparer les phrases, après les avoir écrites sur chacune des fiches, j’ai attribué à chaque personnalité un signe distinctif que j’ai dessiné en début de chaque phrase. Ensuite j’ai découpé les fiches pour obtenir chacune des phrases séparément. Après avoir fait l’appel et procédé à la correction des devoirs du jour, j’ai mélangé tous mes petits bouts de papier et j’en ai donné 4 à chaque élève. J’ai laissé une bonne dizaine de minutes pour que ceux-ci les traduisent et j’ai ensuite voyagé dans la classe pour vérifier s’ils avaient de bonnes traductions. Lorsqu’ils avaient fait une erreur je soulignais celle-ci et leur donnais encore quelques instants pour qu’ils la corrigent eux-mêmes. Une fois toutes les phrases traduites, j’ai ramassé les phrases signe par signe et j’ai demandé aux élèves de se répartir en équipes. Ensuite, nous avons procédé à la première énigme qui concernait Robbie Williams. J’ai donc donné la première phrase à lire à la première équipe pour qu’ils la lisent à tous leurs camarades. Quand l’élève qui s’était proposé pour effectuer cette tâche faisait une erreur de prononciation, je demandais aux autres participants de lui venir en aide. De plus, lorsque certains n’avaient pas compris, ils devaient lui demander de répéter en disant : ‘Can you repeat please ?’ Comme aucun des groupes n’a trouvé la réponse au bout de la première phrase, j’ai donné la seconde phrase à la deuxième équipe et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une équipe trouve de qui il s’agissait. Nous avons eu le temps de faire toutes les personnalités qui allaient de JFK à Britney Spears en passant par Shakespeare. Personne n’a obtenu 10 points d’un coup, mais les jeunes adolescents ont tout de même passé un bon moment. 3) Le bilan du jeu : Le bilan que je fais de ce jeu est plutôt positif vues les circonstances dans lesquelles j’ai dû le préparer. Pour une fois, nous avons pu aller au bout de cette activité sans être pris de cours par la sonnerie de fin d’heure, donc chacune des productions des élèves a pu être mise en valeur. Les élèves ont communiqué entre eux en lisant des énoncés au reste de la classe et en demandant de répéter ce qu’ils n’avaient pas compris. Lorsque leur prononciation était 29 incorrecte, ils se sont aidés les uns les autres pour que le lecteur ait une prononciation plus acceptable. D’un point de vue culturel, ils ont également appris des choses car ils pensaient que JFK avait vécu dans les années 80… En revanche, il me semble que je ne me suis pas assez éclipsée du jeu et que j’aurais dû être moins présente puisque j’ai procédé à une correction de leurs production écrite alors que j’aurais peut-être pu procéder à une seconde phase dans la préparation du jeu pendant laquelle j’aurais pu redistribuer les phrases des élèves à d’autres qui auraient pu corriger s’ils estimaient que c’était incorrect. Cependant, j’étais plutôt satisfaite de cette activité. B) Seconde catégorie : les jeux d’expression corporelle / de théâtre. L’objectif principal de tous ces jeux était de favoriser chez les élèves la fixation de nouvelles structures ou du lexique nouveau. L’objectif secondaire était de permettre aux élèves de jouer ensemble et de venir à bout de leur timidité ou de leur crainte à s’exposer aux yeux de leurs camarades. • Un autre classique : le jeu du mime. 1) L’objectif : J’ai proposé à mes élèves le jeu du mime après que nous ayons vu (ou revu pour certains) les adjectifs décrivant les humeurs et les émotions telles que ‘angry, cross, mad, miserable’ (etc…) par l’intermédiaire d’une fiche intitulée ‘what does he/she look like ?’ et qui comportait également la réponse ‘he/she looks+adjectif’. 2) Le déroulement du jeu : 30 Après que les élèves aient fini de recopier leur trace écrite dans le diary et les devoirs pour la séance prochaine dans leur cahier de textes, je leur ai donné quelques minutes pour réviser leur fiche de vocabulaire. Ils ont d’abord rechigné à cette consigne puis, après avoir compris que cette petite phase de révision allait déboucher sur une phase de jeu, un calme propice à la concentration et au travail s’est emparé de ma salle de cours. Après quelques minutes, je leur ai demandé de fermer leur cahier et je leur ai expliqué le but du jeu qui allait suivre. J’avais préparé au préalable des petits papiers sur lesquels j’avais marqué chacun des adjectifs. J’ai donc demandé à des volontaires de tirer au sort un papier et de mimer ces émotions devant le reste de leurs camarades. Après chaque tirage, un élève venait donc mimer l’adjectif à deviner mais les autres devaient réutiliser la structure ‘she/he looks + adjectif’ pour répondre sinon, la réponse n’était pas validée et l’élève concerné ne remportait pas de point. Au bout de quelques adjectifs, je fis venir un élève pour qu’il pose lui-même la question à ses camarades. Ainsi, une petite situation de communication a pu être mise en place et les élèves ont pu produire du sens et éviter de dire uniquement les adjectifs mimés. Je m’attendais à voir chez la majorité de ces jeunes adolescents de 13 ou 14 ans quelques réticences envers cette phase d’exposition aux yeux des autres élèves. En effet, cette classe a connu, tout au long du premier trimestre, une ambiance de groupe un peu difficile car certains individus se moquaient facilement des camarades volontaires et intéressés par la vie au collège. Ainsi, un bon nombre de mes élèves ressentait quelque crainte à participer en classe, que ce soit dans ma matière ou dans celles de mes collègues. De plus, ma classe est majoritairement composée de garçons, avec parmi eux quelques fortes personnalités, ce qui intimide un peu les filles, plus calmes je dois l’avouer. Je n’étais donc pas certaine d’avoir beaucoup de succès avec mon jeu de mime. Finalement, les mains se sont rapidement levées et le jeu a pu commencer. L’élève qui répondait le plus rapidement en fournissant la phrase complète remportait le point. Pour le jeu du mime, je n’ai pas mentionné de récompense. Les élèves ont donc joué pour jouer et se sont amusés tout en révisant leur leçon. Pour le dernier adjectif, j’ai fait appel à une jeune fille qui d’habitude est très discrète. Elle avait un peu peur au début, puis s’est prêtée au jeu avec succès après quelques encouragements. 31 Lorsque la sonnerie a retenti, certains élèves voulaient continuer à jouer. Je fus donc satisfaite de ce premier essai. Ce jeu avait permis aux élèves d’apprendre une première fois leur leçon de vocabulaire, de présenter une phase ludique visant la fixation des savoirs, mais aussi de débloquer un peu l’atmosphère du groupe-classe en début d’année. J’ai eu l’impression que les élèves avaient pris plaisir à jouer ensemble malgré leur rivalité ambiante. 3) le bilan du jeu de mime : Ce jeu a été le premier auquel j’ai eu recours cette année. Je l’ai donc abordé avec une certaine crainte de voir mes élèves se dissiper ou refuser de participer à ce jeu qui les met en scène. Ce jeu s’est trouvé être satisfaisant du point de vue de l’implication des élèves car ils ont montré durant tout le jeu un certain enthousiasme. Malheureusement, en ce qui concerne l’objectif principal de ce jeu, (la fixation des adjectifs des émotions ainsi que des structures ‘what does she/he look like ?’ et ‘she/he looks + adjectif), bien que les élèves avaient à revoir une seconde fois ces éléments, le contrôle des connaissances au début de la séance suivante ne fut pas à la hauteur de mes espérances. Je pense que ma phase de jeu aurait dû durer plus longtemps. Je n’ai certainement pas laissé suffisamment de temps aux élèves pour revoir leur fiche en cours et j’aurais dû faire mimer certains adjectifs plusieurs fois. J’aurais dû probablement laisser un peu plus de temps entre les passages pour faire répéter ces adjectifs à quelques élèves. Cependant, il m’est difficile d’aménager plus de 20 minutes pour ce style d’activités ludiques lors de mes séances de cours, le but de ces activités n’étant pas de faire de l’heure de cours une heure de récréation. • le jeu de la chaise : 1) Les objectifs : Ce petit jeu a occupé la même place et la même fonction lors de ma séance que le jeu du mime. L’objectif linguistique du cours était la structure qui permet d’exprimer une volonté 32 ‘want somebody to do something’, structure très difficile à maîtriser pour des élèves de 4ème. J’ai donc décidé d’avoir recours à cette activité largement inspirée de la formation théâtre à l’IUFM la veille pour permettre aux élèves de pratiquer cette structure grammaticale dans un but précis : permettre à l’un de leurs camarades d’aller s’asseoir sur une chaise disposée à l’autre bout de la classe en lui énonçant des phrases telles que ‘I want you to make 3 steps forward’ etc,… 2) Le déroulement du jeu : Après avoir laissé les élèves recopier leur trace écrite et les devoirs, je leur ai expliqué que j’avais besoin d’un volontaire pour un petit jeu. Il fut intéressant de voir combien la perspective du jeu motive les enfants car sans même expliquer les règles et le but du jeu, quelques mains se sont levées. Après avoir fourni quelques explications en anglais, j’ai donné l’exemple en demandant au volontaire de fermer ses yeux ainsi : ‘I want you to close your eyes’. Ensuite, je lui ai fait faire plusieurs tours sur lui-même en comptant en anglais jusqu’à huit tout en sollicitant le reste de la classe amusé à la vue du supplice de leur camarade… Puis je me suis effacée, et les élèves ont tenté de le faire parvenir jusqu’à la chaise en respectant la consigne selon laquelle ils devaient impérativement employer la nouvelle structure. Je dois l’avouer, il leur fut difficile d’employer correctement celle-ci mais au bout de quelques minutes, le jeu devint moins laborieux. En une petite dizaine d’étapes, l’élève ‘cobaye’ réussit à rejoindre la chaise sans ouvrir les yeux, ce qui ravit ses camarades. Et c’est à ce moment-là que la sonnerie a retenti. 3) Le bilan du jeu de la chaise : Je pense que cette activité a plu à mes élèves surtout par l’essence même du jeu qui est de jouer d’un camarade. J’ai bien sûr veillé à ce qu’il n’y ait pas de débordements. D’un point de vue purement pédagogique, ce fut un jeu intéressant car il a fait appel à plusieurs compétences, contrairement au jeu du mime. En effet, le jeu de la chaise a présenté une 33 activité de communication. Elle a donc mobilisé la compréhension orale et l’expression orale des élèves. En revanche, tout comme le jeu du mime, je pense que je n’ai pas suffisamment accordé de temps à cette activité car, en plus de la maîtrise fragile de cette structure un peu complexe, les divers élèves qui ont souhaité participer n’avaient pas toujours le vocabulaire nécessaire pour bien guider leur camarade. En effet, avant de débuter ce petit jeu, je leur ai mimé certaines actions pour leur donner quelques expressions telles que ‘make X steps forward/backward’,. Mais ils ont buté sur des termes tels que ‘turn around’, ‘on the right/ on the left’. Cela m’a surprise car ce sont des termes que l’on entend souvent lors de mes cours mais j’aurais certainement dû faire un petit rappel en les mimant et en les écrivant au tableau. Ces difficultés face au vocabulaire ont ralenti le rythme du jeu et ont parfois déstabilisé les jeunes adolescents. Je n’ai donc pas su suffisamment anticiper les besoins de mes élèves. Enfin, à la séance de cours suivante je me suis aperçue que les élèves ne s’étaient pas vraiment approprié la structure ‘want somebody to do something’ . Mais certains m’ont avoué qu’ils n’avaient pas appris leur leçon. C’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que ma volonté de leur faire réviser les éléments nouveaux en classe de manière ludique ne comble pas le manque de travail à la maison. Cependant, avoir recours au jeu lors de mes séances de classe me permet de voir mes élèves prendre plaisir dans une activité et ce, même si celle-ci se déroule en anglais… • mises en scène de petites situations : 1) L’objectif : Ce petit jeu est intervenu en fin de cours après que nous ayons étudié la différence entre le prétérit simple et le prétérit en Be+V-ing. Afin que les élèves visualisent bien cette différence, j’ai proposé à des volontaires de mimer quelques situations pour que les autres élèves puissent décrire la situation qui leur avait été présentée. 34 2) Le déroulement du jeu : Pour ne pas commettre les mêmes erreurs que lors du jeu de la chaise, j’ai donné à mes élèves le vocabulaire nécessaire pour décrire les situations qu’ils allaient voir représentées sous leurs yeux. Ensuite, j’ai demandé à 2 volontaires de venir avec moi dans le couloir pour leur expliquer ce qu’ils devaient faire sans que les autres ne puissent entendre. Lors de la première mise en scène, le premier acteur en herbe est entré dans la classe en imitant un guitariste de hard rock. Quelques secondes plus tard, le second élève est venu imiter une personne qui lui demanderait de faire moins de bruit. Une fois l’imitation terminée, j’ai demandé aux élèves : ‘so, describe what you saw.’ Comme nous venions de voir / revoir le vocabulaire, la réponse est venue très rapidement : ‘he was playing the guitar when someone asked him to be quiet’. Puis nous avons fait deux autres mises en scènes qui ont également bien fonctionné. 3) Le bilan des mises en scène : Ce jeu a bien fonctionné et les objectifs que je m’étais fixée ont été atteints puisque les élèves ont bien utilisé des phrases avec le prétérit simple et en Be+V-ing. Les élèves ont ri à la prestation de certains de leurs camarades qui ont fait leur numéro de comique, donc tout s’est déroulé dans une humeur bon enfant. Petit bémol cependant quant à la participation des élèves puisque un même élève a participé deux fois aux mises en scène à cause du manque de volontaires. J’aurais certainement dû désigner un autre enfant mais j’avais peur de braquer quelqu’un et de mettre un terme à cette ambiance agréable. C) Les autres jeux auxquels j’ai eu recours : Je ne vais pas faire une présentation détaillée de ceux-ci car ce ne serait pas très instructif. Je vais simplement dire que de temps à autre, j’ai eu recours à des mots croisés 35 ou à des jeux proposés par des ouvrages destinés à l’apprentissage de l’anglais. Je pense notamment à des jeux de prononciation comme la pyramide et le labyrinthe que je m’efforcerai de présenter dans les documents annexes. J’en ai fait usage avec parcimonie en cours ou lors de mes séances d’IDD car je pense qu’il est plus intéressant de rendre les élèves vraiment acteurs lors d’une phase de jeu même si ce style de jeux permet de varier les supports de travail et d’éviter l’installation d’une certaine monotonie. 36 CONCLUSION Je tire un bilan très positif de ma mise en pratique du jeu pendant mes séances de cours. Je suis bien évidemment consciente du fait que mes mises en œuvre ne sont pas parfaites, notamment en ce qui concerne la gestion du temps. Je me suis rendue compte que le jeu était une activité langagière à part entière et qu’il était indispensable de le considérer comme tel. En effet, il serait injustifié de le voir comme une activité ‘bouche-trou’ que l’on plaque en dehors de toute progression et de tout objectif sous prétexte qu’il reste quelques minutes disponibles en fin de séance ou de séquence . Le jeu a pour objectif premier de permettre aux élèves de communiquer à l’intérieur d’une situation de communication qu’il aura permis de mettre en place. Ainsi, les élèves s’exercent à manipuler des structures et du lexique tout en prenant du plaisir à participer au jeu, à communiquer en langue étrangère. Hormis mon problème au niveau du timing, je regrette également de n’avoir pas toujours favorisé cet aspect communicationnel qui, je le répète, doit rester l’objectif principal du recours au jeu. Je pense notamment à mon ‘grammar contest’ qui reste selon moi une manière d’aborder l’apprentissage de la grammaire et les révisions que celui-ci nécessite avec un aspect ludique, mais que j’ai besoin d’améliorer en trouvant un moyen pour que les élèves communiquent entre eux en anglais. Après ces quelques mois de pratique, je reste donc intimement convaincue que pratiquer le jeu en classe est une activité riche, enrichissante et complexe à mettre en place. Cependant, lorsqu’on parvient à la mener à bien, elle apporte une grande satisfaction, que ce soit chez l’élève qui en général, aura pris plaisir à participer à une activité ludique tout en pratiquant la langue étrangère , ou chez le professeur qui sera parvenu à favoriser chez son public la communication en langue anglaise dans un contexte qui rompt avec la routine scolaire. C’est pour toutes ses raisons que je continuerai d’avoir recours au jeu régulièrement pendant mes séances de cours. Je tenterai également d’améliorer ma mise en œuvre afin que mes élèves prennent de plus en plus de plaisir à apprendre et à pratiquer la langue de Shakespeare. 37 Bibliographie : • Brougère, Gilles. Jeu et éducation. L’Harmattan (1995). • Callois, Roger. Des Jeux et des hommes. Gallimard (1958) • De Grandmont, Nicole. Pédagogie du jeu : Jouer pour apprendre. De Boeck Université (1997). • Delannoy, Cécile. La Motivation. Hachette Edition (1997). • François, Frédéric. Pratique de l’oral. Nathan (1993) • Gomet, Jennifer. Le jeu dans l’enseignement des langues étrangères au cycle 3. Mémoire professionnel IUFM de Bourgogne (2001). • Hancock, Mark. Pronunciation Games. Cambridge University Press (1995) • Kervran, Martine. L’Apprentissage actif de l’anglais à l’école. Bordas / VUEF (2001) • Ostenieth, P.A. Jouer, c’est apprendre. Revue belge de Psychologie et de pédagogie, (1979). • Ott-Richard, Marie-Henriette. Des Clés pour l’interaction en anglais. CRDP Strasbourg (1991). • Weiss, François. Jouer, communiquer, apprendre. Hachette Edition (2002). • Encyclopaedia Universalis. Webographie : • http://www.educreuse23.ac-limoges.fr/cddp_eile/thema/reperes5-imp.htm • http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/LME/lombard/motivation/jeu.html • http://fr.wikipedia.org/wiki/jeu • http://www.ac-reims.fr/datice/anglais/respedago/jeux.html • www.discip.crdp.ac-caen.fr/histgeo/ludus/platon.htm 38