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IUFM DE BOURGOGNE
PLC2
LE JEU DANS L’ENSEIGNEMENT DE L’ANGLAIS AU COLLEGE
Cécile AMODEO
Directeur de mémoire : M. Morizot
Année 2006
0365153F
SOMMAIRE
INTRODUCTION ………………………………………………………………………………………………………………………….…….….3
PREMIERE PARTIE : jeu et éducation, une association bien complexe ………………………………..6
A) Le jeu : un sujet tabou dans l’histoire de l’éducation ? …………………………………..…………. 6
•
Jeu et éducation au temps des grands philosophes grecs .………………………………….. 6
•
Le jeu dans l’éducation des enfants au Moyen-Age : Vade Retro Satanas. …….. 7
•
Napoléon ou de l’éducation. …………………………………………………………………………………………. 8
•
Le Xxè siècle, l’ère du divertissement, de l’école gratuite et obligatoire …………9
B) Jeu et éducation : un paradoxe ? ……………………………………………………………………………………… 9
C) Le jeu : un élément indispensable à l’apprentissage scolaire………………………………….….. 11
•
Les avantages du jeu dans l’enseignement des langues étrangères ……………………12
1) Les avantages du jeu en classe d’anglais pour l’apprentissage de
l’anglais ……………………………………………………………………………………………………………12
2) Les avantages du jeu en classe d’anglais pour la vie à l’extérieur de
la classe ……………………………………………………………………………………..………………………….14
•
Le jeu dans la classe d’anglais : une pratique qui a ses limites ……………………………16
•
Le jeu dans l’enseignement des langues étrangères comporte son lot de
contraintes ……………………………………………………………………………………………………………………..17
SECONDE PARTIE : description et analyse des phases de jeux que j’ai mises en
place pendant mes cours …………………………………………………………………………………………..………………………. 19
A) Première catégorie : les jeux en équipes ……………………………………………………………..………….19
•
Les objectifs communs des jeux d’équipes mis en œuvre dans ma classe……….. 19
•
Le ‘Grammar Contest’ ……..…………………………………………………………………………………………. 20
1) Les objectifs …………………………………………………………………………………………………20
2) Le déroulement du jeu …………………………………………………………………………………21
3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………22
2
•
un classique : le Trivial Pursuit ………………………………………………………………………………….23
1) Les objectifs ………………………………………………………………………………………………. 23
2) Le déroulement du jeu ………………………………………………………………………………. 24
3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………26
•
Le ‘guess who I am’ ………………………………………………………………………………………………………27
1) Les objectifs …………………………………………………………………………………………………27
2) Le déroulement du jeu …………………………………………………………………………………27
3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………28
B) Seconde catégorie : les jeux d’expression corporelle / de théâtre ………………………29
•
un autre classique : le jeu du mime …………………………………………………………………………..29
1) L’objectif ……………………………………………………………………………………………………….29
2) Le déroulement du jeu …………………………………………………………………………………29
3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………31
•
Le jeu de la chaise ………………………………………………………………………………………………………..31
1) Les objectifs ………………………………………………………………………………………………….31
2) Le déroulement …………………………………………………………………………………………….32
3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………32
•
mises en scène de petites situations ……………………………………………………………………….33
1) Les objectifs …………………………………………………………………………………………………33
2) Le déroulement …………………………………………………………………………………………….34
3) Le bilan ……………………………………………………………………………………………………………34
C) Les autres jeux auxquels j’ai eu recours.………………………………………………………………………...34
CONCLUSION ………………………………………………………………………………………………………………………………………36
BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………….…………………………………………………….. 37
ANNEXES ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….38
3
INTRODUCTION
Lors de mon année de stage, je fus affectée dans un petit collège rural du Val de
Saône, dans la ville de Seurre. Cet établissement accueillait cette année près de 330 élèves.
Je me vis confier la responsabilité d’enseigner l’anglais à une classe de 4ème uniquement.
Celle-ci se composait de 22 élèves âgés de 13 et 14 ans.
Je me rendis vite compte que la majorité de mes chères têtes blondes n’étaient pas
réellement intéressées par l’apprentissage de l’anglais. En effet, après avoir fait part de mes
impressions à mes collègues anglicistes, j’ai compris que les enfants ne parvenaient pas à
comprendre l’utilité d’apprendre une langue étrangère, surtout que le collège ne permettait
pas d’entrer en contact réel et concret avec le monde anglophone. Je fus d’ailleurs surprise
d’apprendre que l’établissement ne proposait pas de cours avec un assistant. De plus, pendant
les premiers mois de l’année, mes collègues et moi-même n’avions pas la possibilité de montrer
des vidéos en classe car nous n’avions pas de matériel vidéo à notre disposition. De plus, la
salle multimédia a mis quelques mois pour devenir opérationnelle. Ainsi au début de l’année,
j’eus du mal à établir un contact élèves – anglais moins artificiel que celui proposé par les
manuels scolaires.
Mis à part ce manque évident de motivation pour la langue anglaise, l’ambiance au sein
même de mon groupe-classe n’était pas très positive étant donné que certains élèves
prenaient un malin plaisir à maltraiter (verbalement autant que physiquement) ceux qui
avaient décidé de mener à bien leur apprentissage scolaire.
Je me suis donc longuement demandée ce qui pouvait remotiver les enfants pour
l’anglais et rétablir un tant soit peu une certaine cohésion au sein de cette classe de 4ème.
Ainsi, j’ai pensé qu’introduire des phases de jeux dans mes cours de langue pourrait répondre
à ces attentes. Il est évident que je ne m’attendais pas à faire de miracles, cependant je
pense à présent que pendant ces activités à caractère ludique, mes élèves ont pris plaisir à
pratiquer l’anglais et ont oublié, pendant quelques instants du moins, les différents qui
pouvaient exister entre eux.
En plus des problèmes d’affinité évidents, j’ai très vite constaté une séparation nette
entre les garçons et les filles de ma classe. Les garçons étant majoritaires à raison de 13
4
garçons pour 9 filles, les filles se sentaient un peu intimidées par leurs camarades masculins.
Une fois encore, j’ai pensé qu’injecter des phases de jeu dans mon enseignement pouvait
contribuer à réduire le fossé entre les garçons et les filles.
Seulement voilà, lorsqu’il s’agit d’introduire le jeu dans son enseignement, un problème
apparaît rapidement pour le professeur. Comment combiner activités ludiques et
enseignement scolaire ? Le jeu a t’il sa place dans l’enseignement au collège ? Je dois
admettre en effet que pendant mes toutes premières semaines d’exercice, je fus tiraillée
entre les exigences du statut de professeur, statut que je me devais de tenir, et mes
expériences d’animatrice de centre de vacances pour adolescents que j’ai pu vivre pendant
quatre étés consécutifs. Je me dois d’ajouter que ce centre était un centre linguistique qui
avait comme particularité d’accueillir des collégiens venant de toute la France et de tous
horizons sociaux dans le but de leur enseigner l’anglais de manière intensive (3 heures par
jour) pendant des périodes de 2 semaines.
J’avais donc à travers cette expérience pu expérimenter l’approche de l’anglais par
l’intermédiaire du jeu puisqu’un des buts fondamentaux de cet apprentissage estival était de
rompre avec le caractère rigide de l’enseignement de l’anglais à l’école en mettant en place
des activités plus ludiques. Les colons nous ont à plusieurs reprises confessé (à moi ainsi qu’à
mes collègues) que ce séjour leur avait redonné le goût pour l’anglais et qu’ils s’étaient amusés
à réviser certains points et à s’exprimer dans cette langue. Je ne pense pas que cette
attitude enjouée vis-à-vis de la langue anglaise soit uniquement due aux activités ludiques
mais au dire des enfants, elle y a largement contribué. En fait, les enfants ont également
apprécié l’existence de groupes de niveaux dans lesquels les plus faibles d’entre eux étaient
heureux de se retrouver dans un cours adapté à leurs compétences. Cependant, le recours au
jeu était l’élément le plus apprécié du séjour en ce qui concerne les ‘cours’ d’anglais matinaux.
Pendant mes premières semaines au collège de Seurre, j’ai eu du mal à respecter un
certain équilibre entre le professeur et l’animatrice, influencée par une de mes collègues qui
m’a bien expliqué qu’il y avait là une vraie différence. J’ai donc refusé tout recours au jeu
pendant les deux premiers mois. Puis j’ai abordé mon premier jeu avec la crainte de voir mon
autorité, mon rôle de professeur remis en cause. Ce qui n’arriva pas…
5
Je reste donc convaincue qu’il est possible, voire indispensable, d’apporter un aspect
plus léger à l’apprentissage, loin de la progression et de la présentation strictes des manuels
scolaires par le biais du jeu, qui, méticuleusement dosé, peut non seulement susciter l’intérêt
des élèves pour la langue anglaise mais aussi les mener sur les chemins de la réussite dans
cette matière. C’est pour ces raisons que j’ai décidé de consacrer ces quelques pages à la
place du jeu dans la classe d’anglais.
Après avoir abordé la relation jeu-éducation/enseignement scolaire dans une première
partie, dans laquelle j’aurai présenté un bref historique du jeu dans l’éducation et analysé le
paradoxe problématique qu’il existe entre ces deux termes, je décrirai ,dans une seconde
partie, les phases de jeu que j’ai réussies à mettre en place jusqu’au moment de la rédaction
de ce mémoire. Je tenterai alors d’apporter une analyse complète de ma pratique afin de
tirer les enseignements des échecs et des réussites pour les années à venir.
6
PREMIERE PARTIE
JEU ET EDUCATION : UNE ASSOCIATION BIEN COMPLEXE
A) Le jeu : un sujet tabou dans l’histoire de l’éducation ?
A travers les différentes périodes de notre histoire, le bien fondé du jeu dans
l’éducation a connu ses heures de gloire comme ses moments les plus sombres pendant
lesquels les grands penseurs étaient convaincus que jeu et enseignement n’étaient pas
compatibles. Je vais donc procéder à un bref historique de la place accordée au jeu dans
l’éducation des enfants à travers les âges.
« Huirzinga (1976) affirme que le jeu est plus ancien que la culture et selon Aveline
(1961), l’homme jouait au péché originel ! C’est donc dire que de tout temps le jeu a fait
partie de la vie des hommes. » (Nicole de Grandmont, p7, La pédagogie du jeu).
•
Jeu et éducation au temps des grands philosophes grecs :
Que ce soit Aristote, Platon ou Socrate, les grands philosophes antiques avaient foi en
l’utilité du jeu dans l’éducation des jeunes enfants. Aristote préconisait une liberté totale de
l’enfant vis-à-vis du jeu jusqu’à l’âge de 5 ans. Il était également convaincu de l’utilité du jeu
dans l’apprentissage d’un métier.
Dès le premier siècle, Quintilien affirmait que l’étude se devait d’être un jeu afin de
ne pas détruire la motivation de l’enfant et son désir d’apprendre.
Cependant, malgré leur grande sagesse largement reconnue, ces grands penseurs de
l’Antiquité furent la cible des interrogations de quelques sceptiques, qui ne purent éviter de
faire l’amalgame entre jeu et dépravation et décadence comme en atteste cette petite
anecdote confrontant Socrate et Néopythion.
« Socrate : Alors, mon bon Néophytion, quoi de neuf aujourd’hui ?
7
Néophytion : Je suis accablé. Notre jeunesse est dépravée : on vient de m’apprendre
que des enseignants utilisent des jeux en classe. La Grèce est en pleine décadence…
Pourtant à l’école, on n’est quand même pas là pour s’amuser ! Et il y a la récréation
pour jouer !
Socrate : Si tu penses qu’apprendre doive rimer forcément avec tristesse et ennui,
alors tu as sans doute raison. Mais es-tu bien sûr que les jeux utilisés par ces
enseignants soient les mêmes auxquels jouent nos enfants dans la cour ?
Néophytion : Mais l’image de l’enseignant est dévalorisée ! S’il joue, il n’est plus
sérieux !
Socrate : Faire jouer des enfants et des adolescents est une tâche difficile. La
maîtriser est au contraire est au contraire plutôt valorisant pour l’enseignant. Et
rien n’oblige à ce qu’il se transforme en amuseur : s’il est arbitre, il aura à donner
envie de jouer, à faire respecter les règles, tout en faisant en sorte que les élèves
apprennent. Quoi de dévalorisant là-dedans ? »1
Je dois admettre que les propos tenus par Socrate reflètent tout à fait mes
expériences personnelles et les difficultés que j’ai pu rencontrer lors des phases de jeu que
j’ai tentées de mettre en place pendant ces quelques mois. Mais je reviendrai à tout cela plus
tard.
•
Le jeu dans l’éducation des enfants au Moyen-Age : Vade retro satanas…
La période médiévale débuta aux alentours du IVè siècle marquant en même temps
le début de l’ère du christianisme, une philosophie condamnant violemment la société grécolatine qu’elle considèrait alors comme immorale. Cherchant à se détacher radicalement de
celle-ci, l’ère chrétienne abolit toutes les formes de jeu (alors symbole du paganisme) dans la
vie des citoyens. Païen, le jeu fut également accusé de n’être qu’oisiveté, perte de temps,
frivolité. On disait à l’époque qu’ il tuait chez l’enfant tout goût pour le travail et ne pouvait
1
www.discip.crdp.ac-caen.fr/histgeo/ludus/platon.htm
8
que le mener sur les chemins de la perversion. En d’autres termes, s’adonner au jeu au
Moyen-Age était considéré comme un délit à niveau égal avec la prostitution et l’ivresse.
Il faudra attendre la Renaissance au XVIè siècle pour voir les Jésuites réhabiliter
le jeu qu’ils considèreront d’ailleurs comme essentiel dans l’éducation des enfants, ce qui leur
attirera les foudres du clergé.
De grands auteurs tels que Montaigne et Rabelais permettront également de
redorer l’image du jeu dans l’éducation.
« Les jeux mêmes […] seront une bonne partie de l’étude. […] Ce n’est pas une âme,
ce n’est pas un corps que l’on dresse, c’est un homme… » 2
•
Napoléon ou de l’éducation :
Que ce soit l’empereur Napoléon ou Jean-Jacques Rousseau, en cette fin du XVIIIè
et début du XIXè siècles, tous deux étaient convaincus de l’utilité du jeu dans l’éducation des
enfants.
Dans son livre L’Emile ou de l’éducation, Rousseau explique que l’enfant ne pourra se
développer qu’à travers des jeux qu’il nomme lui-même ‘éducatifs’ qui, avec le travail,
permettront de développer chez l’enfant un jugement concret.
L’empereur Napoléon a lui aussi fortement soutenu le jeu dans l’éducation en
considérant celui-ci comme ‘l’adjoint du pédagogue’. Il est vrai qu’à cette époque, les
enseignants commencèrent à prendre conscience du fait que le recours au jeu permettait
bien des choses ; le jeu allégeait la tâche de l’enseignant, il limitait chez l’élève une
éventuelle démotivation, ainsi que les risques pour lui de tomber dans la délinquance. En
d’autres termes, il était accepté à cette époque de recourir au jeu dans l’éducation des
jeunes enfants afin de pouvoir leur présenter un enseignement plus digeste, pour entretenir
leur désir d’apprendre et pour lutter contre un éventuel découragement, synonyme d’abandon
et d’échec.
2
Montaigne. Essais I, Chap XXVI
9
•
Le XXè siècle, l’ère du divertissement, de l’école gratuite et obligatoire :
Le jeu est devenu au siècle dernier un élément incontournable dans la pédagogie.
En effet, le Xxè siècle a vu l’arrivée de l’école gratuite ainsi que l’obligation pour les enfants
de rester dans le système scolaire jusqu’à l’âge de 14 ans. Le jeu a donc envahi les écoles afin
de pallier au manque d’intérêt et de plaisir pour les études chez les enfants que le milieu
scolaire ne passionne pas.
De nombreux pédagogues ont commencé alors à réfléchir plus précisément à la
relation complexe qui existe entre jeu et enseignement scolaire et tous se sont accordés
pour dire que le jeu pour l’enseignant s’avère être un outil indispensable car il stimule les
élèves tout en leur permettant de tester leurs connaissances.
Mais ici encore, de nombreuses voix s’élèvent contre les enseignants qui l’utilisent à
tort et à travers, ce qui selon elles, inciterait l’élève à se détourner du travail rigoureux
indispensable à la réussite scolaire.
Il est vrai que la relation entre jeu et enseignement scolaire semble complexe car le
jeu est assimilé au plaisir, à la liberté, alors que l’apprentissage scolaire va de pair avec
rigueur, sérieux, et efforts, d’où l’incompatibilité supposée entre ces deux notions.
B) Jeu et éducation : un paradoxe ?
On oppose classiquement le jeu et le travail. Il est vrai que dans le premier, il n’y a pas
de travail, pas de production autre que le plaisir. Dans le second, les productions des élèves
sont l’objet de contrôles, d’évaluations.
De nombreux pédagogues ont soulevé ce paradoxe entre l’essence même du jeu et
celle du travail scolaire. Avant d’explorer cette relation paradoxale, il faut d’abord tenter de
définir le jeu. Or, il est très difficile de fournir une définition précise et arrêtée car il en
existe une multitude plus ou moins satisfaisantes.
Pour commencer, je vais donner la définition du Petit Robert :
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« jeu : activité physique ou morale, purement gratuite, généralement fondée sur la
convention ou la fiction qui n’a dans la conscience de celui qui s’y livre d’autre fin
qu’elle-même, d’autre but que le plaisir qu’elle procure ».
Définition qui d’ailleurs se rapproche beaucoup de la pensée d’un grand spécialiste de
la pédagogie du XXè siècle, Callois, qui dans son livre intitulé Des Jeux et des Hommes
(1968), explique que le jeu doit être une activité libre, séparée et fictive.
Huirzinga en 1976 insiste quant à lui sur le fait que le jeu ne peut être une activité
commandée. Une question évidente doit alors se poser : comment concilier liberté, plaisir,
irréel et milieu scolaire dans lequel les élèves sont très cadrés, surveillés, évalués ? dans
lequel le professeur est lui aussi tenu de répondre à des exigences concrètes ?
Là se trouve tout le paradoxe de l’utilisation du jeu à l’école car dans l’espace classe,
c’est le professeur qui ordonne / donne l’opportunité de jouer aux élèves. En réalité, le jeu en
classe n’est possible que si le professeur l’autorise et ceci va à l’encontre de l’essence même
du jeu, qui est normalement volontaire, et libre. Il est donc tout à fait pertinent de relever
une certaine incompatibilité entre jeu et enseignement scolaire.
Ce serait cependant une grossière erreur de ne pas dépasser cette incompatibilité
de façade car en réalité, le jeu et l’enseignement scolaire ont beaucoup de points communs.
Il ne faut pas oublier que le jeu est lui-même une institution tout comme l’école.
Selon Callois ,
« le jeu n’est jeu que si l’activité est inscrite dans les limites d’espace et de temps
et que son issue n’est pas connue à l’avance ». 3
Effectivement, le jeu crée un espace de liberté pour les joueurs mais à l’intérieur
même d’un cadre prédéfini par des règles qui s’appliquent à chacun des individus qui
participent à l’activité. Ainsi, tout comme la vie à l’école ou l’attitude à suivre en classe, le jeu
3
Callois, Des Jeux et des hommes. (1958)
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est régi par des règles. L’enseignement est lui aussi situé dans les limites d’espace et de
temps, chaque année scolaire pouvant représenter l’espace temps dans lequel se déroulent
des activités (d’apprentissage) dont l’issue n’est pas connue à l’avance. En effet, à la rentrée
de septembre, chaque élève a dans les mains les clés de sa réussite, à lui de les utiliser.
Personne ne sait par quoi l’année scolaire va se solder pour l’élève.
De plus, n’entend-on pas souvent dans la salle des professeurs quelques collègues se
plaindre au sujet d’un de ses élèves qui ne ‘jouerait pas le jeu’ en refusant de se plier aux
règles instituées par l’établissement ?
Ainsi, jeu et enseignement scolaire sont loin d’être incompatibles. De part leurs
nombreuses similitudes de fonctionnement, le jeu ne va pas à contresens du travail scolaire
mais lui est au contraire complémentaire, voire nécessaire.
C) Le jeu : un élément indispensable à l’apprentissage scolaire.
L’utilisation du jeu dans l’enseignement des langues étrangères au collège peut se
justifier de plusieurs manières. Tout d’abord, le recours au jeu dans l’enseignement de
l’anglais est préconisé par les instructions officielles du collège. Ensuite, il faut garder à
l’esprit que le jeu est pour l’enfant et même pour le jeune adolescent une activité pour
laquelle il conserve un intérêt sans borne.
Autrement dit, le jeu représente une source de motivation et de plaisir. Et c’est pour
cette raison principale que j’ai voulu avoir régulièrement recours au jeu dans mes séances de
cours. J’ai voulu montrer à mes élèves qu’ils pouvaient apprendre en s’amusant et que travail
et plaisir n’étaient pas incompatibles.
Mais le jeu est aussi un moyen d’exercer des compétences langagières dans des
situations où l’enfant / l’adolescent est réellement acteur, d’où son utilité dans la classe
d’anglais.
Dans le jeu, la langue devient pour l’enfant l’instrument indispensable pour arriver à
ses fins. Celui-ci permet de créer une véritable situation de communication indispensable
pour une bonne pratique de l’anglais par l’enfant. Lorsque les objectifs communicationnels
sont correctement définis, le jeu permet de faciliter la mémorisation des jeunes élèves en
12
faisant appel à une pratique, plutôt orale, fondée sur la répétition de structures ou un
rebrassage complet des connaissances.
•
Les avantages du jeu dans l’enseignement des langues étrangères :
1) Les avantages du jeu en classe d’anglais pour l’apprentissage de l’anglais :
Tout d’abord, le jeu permet de proposer une grande variété de situations motivantes.
Si l’on veut recourir régulièrement au jeu, il faut bien faire attention à ne pas utiliser
toujours la même activité, car l’intérêt des élèves souffre du manque de nouveauté. C’est la
raison pour laquelle j’ai fait en sorte dans mes cours de varier un maximum mes phases de
jeu.
Le jeu permet également de modifier le rythme d’un cours ou d’une séquence de cours.
Il rompt avec la routine scolaire de l’ambiance classe et permet ainsi de relancer l’intérêt des
élèves. En revanche, il me semble que si le jeu devenait une habitude lors des séances de
cours, le professeur courrait un risque non seulement vis-à-vis de l’attitude des élèves en
cours d’anglais ; j’entends par là qu’il serait dommage que le cours de langue devienne en
intégralité un espace de récréation et ne soit plus du tout un espace de travail. Mais
l’utilisation raisonnable du jeu est très intéressante car elle permet d’alterner des activités
qui demandent des efforts intellectuels importants de la part de l’élève et des activités où
les méninges des enfants sont également mis à rude épreuve mais pendant lesquelles cet
effort de réflexion est adouci par un aspect plus ludique. Gilles Brougère, dans son livre Jeu
et Education explique que :
« Le jeu est le délassement indispensable à l’effort en général (…) en permettant à
l’élève délassé d’être plus efficace dans son exercice et son attention (…). Le
divertissement est essentiel à une bonne gestion des capacités de l’esprit ».
Ainsi, le jeu permet de varier les supports mais également le type d’efforts que les
élèves devront fournir ce qui contribue à donner un bon rythme au cours.
13
Ensuite, lorsque l’on réfléchit à l’équilibre à apporter entre plaisir et travail, le jeu
offre un autre avantage même si celui-ci est moralement attaquable. Le professeur en
utilisant le jeu dans son cours ne fait pas vraiment preuve d’honnêteté envers ses élèves.
Pour lui, finalement, le but premier du jeu n’est pas qu’ils s’amusent dans son cours, mais qu’ils
travaillent en s’amusant. Le jeu permet donc de duper les élèves en quelque sorte. Et je dois
l’admettre, j’ai eu recours au jeu pour ainsi dire appâter mes élèves, pour rendre ma matière
plus séduisante à leurs yeux, pour faire en sorte qu’ils mettent en pratique leurs savoirs pour
en faire des savoir-faire sans qu’ils ne s’en rendent trop compte. Je citerai une nouvelle fois
Gilles Brougère qui admet dans le même ouvrage que celui cité précédemment que :
« Le jeu est un moyen, un support pour séduire l’enfant. (…) Le jeu est une ruse
pédagogique. »
Ainsi, je crois que le renouvellement et le maintien de la motivation de l’élève restent
les objectifs principaux du jeu en classe. L’acquisition des savoirs et le développement des
savoir-faire viennent par la suite s’articuler autour de ces deux principaux objectifs.
Malgré cet aspect critiquable j’en conviens, le jeu présente encore de
nombreux
avantages. Il permet notamment d’apporter aux élèves un moment où ils s’approprient l’action.
L’élève est alors au centre de son apprentissage. Au professeur de savoir s’effacer et de
laisser œuvrer la magie. De professeur, il devient arbitre et doit ainsi laisser un espace de
liberté nécessaire au jeu pour que celui-ci fonctionne et que la magie opère. En effet, une
présence excessive de la part de l’enseignant met en péril le bon déroulement du jeu. Comme
l’explique Nicole de Grandmont dans son livre La Pédagogie du Jeu :
«Toute activité trop dirigée, trop structurée et trop bien organisée fatigue par sa
structure et sa routine. Un tel manque de souplesse dans l’ensemble du jeu
étoufferait le ludique. (…). L’adulte sera porté tantôt à analyser les comportements
du joueur, tantôt à structurer son jeu, éliminant ainsi la gratuité et la spontanéité de
14
son action. Cette malencontreuse intervention de l’adulte aura pour effet d’orienter
les activités du joueur et d’étouffer toute émotivité et toute liberté dans le jeu ».
A travers ces propos, on peut comprendre combien il est complexe de mettre en place
une phase de jeu pour le professeur qui aura sans doute peur de perdre le contrôle de ses
élèves l’espace de quelques instants. Si en tant que professeur, nous voulons que les enfants
se laissent emporter par le jeu et qu’ils ‘jouent le jeu’ , alors il faut que nous leur montrions
l’exemple en se laissant également prendre au jeu, ou tout du moins feindre de jouer le jeu…
Un autre avantage que l’on peut reconnaître au jeu est qu’il permet de faire répéter et
réutiliser de façon plus naturelle des structures, du vocabulaire que lorsque le professeur
effectue une phase de répétition pendant son cours et de développer ainsi les compétences
de communication, notion qui est au centre de l’apprentissage d’un langue étrangère. Pendant
les phases de jeu, l’élève sera également mené à une amélioration de ses compétences de
prononciation et de compréhension par une mise en situation installée par un certain type de
jeux (de genre plus théâtral).
De plus, le jeu permet d’impliquer l’ensemble des élèves, à des échelles différentes
certes mais il me semble que les élèves timides ou anxieux se sentent tout de même plus à
l’aise dans une phase de jeu que dans une activité plus classique de cours.
Cependant, je reste convaincue que l’avantage le plus significatif du jeu est qu’il
permet de briser cette communication directive du professeur à l’élève à laquelle les enfants
sont habitués pour laisser place à une communication d’élève à élève plus libre et spontanée.
2) Les avantages de la pratique du jeu en classe d’anglais pour la vie à l’extérieur de la
classe.
Le jeu présente des avantages autres que ceux purement linguistiques énumérés
précédemment. En effet, le jeu comporte également un atout sur le plan de la socialisation
des élèves, particulièrement en ce qui concerne les jeux en équipes.
Comme je l’ai déjà expliqué dans mon introduction, la cohésion au sein de ma classe
n’était pas extraordinaire que ce soit entre les filles et les garçons qu’entre les garçons
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entre eux. J’ai donc décidé de procéder surtout à des jeux en équipes, point sur lequel je
reviendrai dans ma seconde partie. Le recours au jeu a été pour moi le moyen de pallier à ce
manque de communication dans ma classe. Pendant les phases de jeux, au sein d’une équipe,
l’élève prend conscience du rôle qui est le sien au sein du groupe. Dans la confection de mes
équipes, j’ai tenu à placer des élèves qui ne se connaissaient pas forcément très bien et de
niveaux différents.
Au sein d’une équipe, les élèves les plus doués peuvent aider les moins forts et chacun
doit respecter un certain nombre de règles et de contraintes pour ne pas entraver le bon
déroulement de l’activité. Une équipe étant en auto-gestion, l’élève, aussi faible soit-il, fait
également partie de ceux qui veillent à la bonne marche du jeu.
En ce qui concerne les élèves plus feignants, ils sont appelés à se réveiller car ils sont
également responsables de l’échec ou de la réussite des autres. Ainsi, les élèves se motivent
les uns les autres pour venir à bout d’un défi qui leur est lancé. Tous apprennent à se
respecter et à mener une activité à bien ensemble où le faux pas d’un des membres du groupe
met en péril la réussite collective et individuelle. Martina Kervran , dans son livre
L’Apprentissage Actif de l’Anglais à l’Ecole , résume en quelques mots tous les avantages du
recours au jeu en classe d’anglais :
« Le jeu, centré sur l’enfant (…) est une activité de communication qui est fondée sur
un défi : atteindre un but précis en respectant des règles bien définies. C’est aussi
une activité de socialisation qui implique souvent une collaboration avec des
partenaires ou une compétition avec des concurrents à l’intérieur d’un groupe ou d’une
équipe. Il crée le besoin et le besoin de maîtriser la langue : pour participer
efficacement et pour gagner, il fait écouter parler, comprendre. Les acquis
linguistiques sont présentés, fixés ou révisés dans une situation motivante. (…) les
jeux sont donc des outils permettant de faire appel aux quatre compétences
fondamentales (…). »
Il est indéniable après une telle énumération que jeu et travail ne sont pas
incompatibles. Le jeu, en proposant un support motivant pour l’élève permet à celui-ci
16
d’acquérir « des attitudes indispensables pour le travail. (…) Le goût de l’effort et de la
difficulté , le sens de la consigne, le respect des autres, le contrôle de soi, toutes ces valeurs
qui constituent pour l’éducation autant d’objectifs essentiels dont le jeu permet
l’assimilation. » (Encyclopaedia Universalis).
•
Le jeu dans la classe d’anglais : une pratique qui a ses limites.
Après avoir fait l’éloge de la pratique du jeu dans la classe de langues, il faut tout de
même mentionner les limites de celle-ci.
Pour que le jeu soit bénéfique aux élèves, il faut qu’il intervienne à un moment précis
de l’apprentissage. Il ne peut pas constituer à lui seul une leçon à part entière. En effet,
comme je l’ai mentionné auparavant, le jeu permet de faciliter l’appropriation des nouvelles
structures chez les élèves puisqu’il constitue une activité de rebrassage, de révision ou de
fixation.
Cependant, la cible de ces activités ludiques reste le vocabulaire ou une structure
grammaticale déjà abordés qu’elles permettent de réutiliser à l’intérieur même de la
situation de communication qu’elles auront créée. Ainsi, le jeu permet de placer le lexique et
les structures grammaticales directement au service de la communication d’élève à élève.
En d’autres termes, le jeu ne permet pas de présenter une structure ou du lexique
pour la première fois car l’enfant en situation de jeu n’apprend pas. Pendant le jeu, l’enfant
exerce ses compétences, mobilise ses connaissances et tente de les mettre au service de
l’activité pour laquelle il recherche avant tout un plaisir. Il faut donc faire attention à la
confusion entre les genres !
J’espère avoir montré que le jeu s’avérait être un précieux outil pédagogique. Mais on
ne peut oser espérer l’utiliser pour introduire de nouvelles notions car il manquerait un temps
dans le déroulement du processus, celui de la clarification de la compréhension et de
l’assimilation à travers plusieurs contextes.
D’autre part, le jeu ne doit pas se transformer en phase d’évaluation individuelle car
les comportements des enfants face à une tâche à accomplir sont modifiés par des facteurs
émotionnels et l’aspect compétitif de certains jeux. De plus, si les élèves sont évalués par
17
une note pendant une phase de jeux, que devient le plaisir de jouer ? Cependant, la
performance des élèves peut être jugée par le professeur-arbitre par l’attribution de points
en accord avec les règles du jeu, mais il me semble que l’attribution d’une note sur 20 ne
serait pas un choix judicieux car la notation stresse les élèves alors que la récompense les
motive.
•
Le jeu dans l’enseignement des langues étrangères comporte son lot de
contraintes :
Le jeu en classe de langues est relativement contraignant pour l’enseignant car celui-ci
doit calculer précisément le temps de déroulement du jeu puisque le jeu doit entrer dans
l’heure de cours et qu’il faut absolument éviter que les élèves ne s’ennuient ou qu’ils ne soient
frustrés afin qu’ils puissent être productifs.
Il est également extrêmement délicat pour l’enseignant de faire en sorte que
l’effervescence ressentie par les enfants au moment de jouer ne mette pas en péril
l’utilisation de l’anglais pendant le jeu. En effet, généralement, les enfants qui s’impliquent
sans réserve dans un jeu motivant recourent alors spontanément au français, ce qui gâche
tout l’intérêt du jeu. C’est pour cette raison que l’enseignant se doit de fixer et d’expliquer
clairement les règles de conduite dès le début de la phase de jeu. Il doit aussi fournir, si le
besoin s’en fait ressentir, des phrases types correspondant au domaine du jeu comme ‘time’s
up !’ ou ‘it’s your turn !’ ou bien encore des formules qui pourraient permettre aux élèves de
manifester leur enthousiasme ou leur déception.
J’expliquais auparavant qu’il était dangereux pour le bon déroulement du jeu que le
professeur soit trop présent et enlève ce caractère libre et spontané du plaisir du jeu.
Cependant, sans se faire trop pressant, le professeur doit se transformer en arbitre qui
peut si nécessaire organiser des pauses pour un retour au calme ou un rappel au respect des
règles si les enfants font preuve d’un enthousiasme débordant.
Hormis l’enthousiasme des enfants et le respect des règles, l’enseignant rencontre
une autre contrainte lorsqu’il veut mettre en place une phase de jeu pendant sa séance de
cours, celle de la prévision et de la préparation du matériel. En effet, celles-ci peuvent
18
s’avérer très simples, lors des jeux de mimes notamment, ou demander un véritable
investissement en temps et en imagination. Mais contrairement aux apparences, les jeux les
plus efficaces ne sont pas forcément les plus compliqués à mettre en place.
Ainsi, nous venons de voir que l’utilisation des jeux en classe comportait de nombreux
avantages bien qu’elle soit limitée dans ses objectifs et qu’elle puisse parfois être
contraignante d’un point de vue purement matériel. Malgré ces quelques désavantages, le jeu
reste un outil irremplaçable à certains moments de l’enseignement de la langue étrangère
puisque cette ‘ruse pédagogique’ permet d’attirer les enfants et de les rendre ainsi acteurs
de leur apprentissage tout en rendant la communication dans la classe de plus en plus
authentique grâce à la situation qu’elle crée.
Je vais à présent procéder à une description détaillée des jeux que j’ai réussi à
mettre en place et à l’analyse des points forts et des points faibles de ma mise en œuvre.
19
SECONDE PARTIE
DESCRIPTION ET ANALYSE DES PHASES DE JEUX QUE J’AI MISES EN
PLACE DANS MES COURS.
Dans un souci de clarté dans l’analyse de mes mises en œuvre, j’ai décidé de diviser les
jeux que j’ai pu tester en plusieurs catégories. Pour chacune des catégories de jeux, je
présenterai tout d’abord les objectifs visés par ces activités pour ensuite décrire en détails
ma mise en œuvre et la réaction des élèves et pour terminer enfin par un bilan dans lequel je
m’attarderai sur ce qui a bien fonctionné et ce qui pourrait être amélioré.
A) Première catégorie : les jeux en équipes.
•
Les objectifs communs des jeux d’équipes mis en œuvre dans ma classe.
Un de mes objectifs principaux était de briser cette ambiance de classe quelque peu
négative depuis le début de l’année. En effet, en discutant avec mes collègues, j’ai appris que
bon nombre de mes élèves avaient été séparés de leurs amis à la rentrée de leur année de
4ème lors de la confection des classes et que certains d’entre eux devaient dorénavant
compter avec des individus qu’ils ne portaient pas vraiment dans leur cœur.
J’ai pu transformer cette impression en réalité lors de la réunion parents-professeurs
du mois de décembre pendant laquelle beaucoup de parents m’ont expliqué que leur enfant se
sentait mal à l’aise dans cette classe et avait quelques inquiétudes quant au bon déroulement
de l’année scolaire.
C’est pour cette raison que j’ai eu recours à plusieurs phases de jeux en équipes et que
chacun de ceux que j’ai pu mettre en place a été motivé par cette envie de redonner à la
classe une certaine cohésion, et ce, même si elle ne durait que le temps du jeu.
Le second objectif que je voulais atteindre en proposant à mes élèves des jeux en
équipes était de favoriser chez eux un esprit d’entraide. Avant de procéder à l’activité en
question, je confectionnais les équipes moi-même en prenant soin de mélanger non seulement
les élèves qui n’avaient pas spécialement d’affinités entre eux (sans pour autant les mettre
20
avec des partenaires avec lesquels ils ne se seraient véritablement pas entendus) mais aussi
des élèves de niveaux relativement différents. Ainsi, j’ai pensé que les plus faibles se
sentiraient entraînés par les plus forts et qu’inversement, ces derniers viendraient en aide
aux moins avancés.
On pourrait me reprocher de ne pas avoir laissé la liberté aux enfants de constituer
eux-mêmes leurs équipes mais j’étais consciente du fait que j’aurais alors eu devant moi des
équipes totalement déséquilibrées, avec les forts d’un côté et les moins forts de l’autre.
L’issue du jeu n’aurait alors provoqué aucune surprise et n’aurait guère laissé de chance à
certains de mes élèves qui pour la plupart ont besoin d’être encouragés.
Je vais à présent procéder à un descriptif détaillé des différents jeux en équipes que
j’ai pu mettre en place pendant ces quelques mois.
•
le ‘grammar contest’ :
1) les objectifs.
J’ai eu l’idée d’organiser un concours de grammaire afin de pousser mes élèves à se
mettre au travail car ces jeunes adolescents ont du mal à comprendre l’utilité du travail à la
maison. J’ai effectivement découvert très rapidement que mes 4ème rencontraient quelques
difficultés à apprendre leurs leçons à la maison, souvent par feignantise, il faut bien l’avouer,
mais aussi, pour quelques élèves de ma classe, en raison d’un environnement familial peu
favorable au travail personnel.
La séance précédant celle pendant laquelle j’avais prévu de proposer ce jeu, j’ai donné
à mes élèves un programme de révisions et je leur ai expliqué qu’ils devaient bien ‘jouer le jeu’
car le but des révisions serait de remporter la victoire lors d’un concours en équipes. J’ai
pensé qu’ils seraient alors plus motivés par le travail à la maison dans l’optique d’un jeu que
dans l’optique d’une évaluation. L’équipe gagnante (celle ayant totalisé un maximum de points)
se verrait accorder un point bonus sur la note de l’évaluation sommative prévue au terme de
ma
séquence. Les élèves sont sortis de la salle de classe plutôt motivés par cette
perspective de jeu lors de la séance de cours suivante.
21
L’objectif principal de ce jeu était donc de mettre les élèves au travail en dehors du
stress et de l’aspect contraignant d’un contrôle. Mais je l’admets tout à fait, ce jeu a des
allures d’évaluation déguisée. Je reviendrai sur mes bonnes et mauvaises impressions après
avoir décrit le déroulement du jeu.
2) déroulement du jeu :
Pour procéder à ce jeu, j’ai photocopié sur un transparent plusieurs exercices de
grammaire portant sur les points abordés dans l’unité en cours. Je les ai ensuite divisés en
catégorie telles que ‘grammar’ / ‘syntax’ / ‘translation’ / ‘pronunciation’ etc. Puis, sur des
petits papiers, j’ai reporté les noms de chacune des catégories. Ensuite, j’ai constitué des
feuilles de route pour chacune des équipes avec le nom des membres de l’équipe, les espaces
laissés pour répondre aux exercices, ainsi qu’un espace pour le total des points.
Je n’ai pu enclencher le jeu qu’une bonne vingtaine de minutes après le début du cours,
le temps pour moi de faire l’appel, de procéder à un rapide contrôle des connaissances sur la
leçon à apprendre pour la séance du jour et à la correction d’un exercice sur le workbook des
élèves. Je pensais que les 35 minutes restantes suffiraient à mener l’activité sans aucune
précipitation… Je reviendrai sur le problème du timing plus tard.
J’ai donc commencé par expliquer les règles une première fois en anglais puis une
seconde fois en français pour m’assurer que tout était bien compris des élèves. Je dois
avouer que j’aurais pu éviter de passer par le français en mimant les règles du jeu ou en
répétant plus de deux fois, mais étant prise par le temps, j’ai préféré écourter cette phase
d’explication pour rentrer rapidement dans le jeu en lui-même. Après avoir constitué les
équipes, non sans quelques commentaires de la part des participants, j’ai distribué les feuilles
de route.
La première étape du jeu était d’attribuer un nom à chacune des équipes, tâche que
j’ai laissée aux élèves avec pour unique obligation de trouver un nom en anglais. Après 2
minutes, chaque groupe a trouvé des noms tels que ‘the killers’, ‘the tigers’, ‘the rocks’ , etc…
Le jeu pouvait commencer.
22
Je me suis donc un peu transformée en animatrice de jeu télévisé et j’ai proposé les
cartes sur lesquelles j’avais inscrit les noms des diverses catégories à un membre de chaque
équipe pour qu’il ou elle détermine le choix de l’exercice que je rebaptiserai pour l’occasion
épreuve.
Après avoir rétroprojeté l ‘exercice correspondant à la carte tirée au sort, j’ai donné
entre 3 et 5 minutes aux participants pour qu’ils franchissent chacune des épreuves. C’est à
ce moment-là que j’ai pu m’apercevoir que les élèves en général se prêtaient au jeu et qu’au
sein d’une même équipe, tous les enfants participaient à la résolution des exercices. Les plus
forts tentaient d’expliquer aux plus faibles leurs erreurs, et chacun participait à sa façon. Je
fus donc sur ce point très satisfaite.
Au bout du temps imparti pour chaque exercice, je lançais un ‘ok time’s up now !’ pour
que les élèves le retiennent par la suite. Puis je m’avançais vers une autre équipe pour le
tirage au sort de l’épreuve suivante. A cet instant-là, j’ai donné les termes ‘pick one card /
choose one / it’s your turn’ , etc ….
Les élèves devaient donc répondre à toutes les épreuves avant de savoir combien de
points ils avaient remporté au total. Nous avons ainsi à la fin des 6 épreuves procédé au bilan
et à l’attribution des points. J’ai donc retroprojeté une nouvelle fois les épreuves en
respectant l’ordre dans lequel elles avaient été choisies. Et leur correction fut assez animée
car les enfants étaient très volontaires puisqu’ils voulaient savoir au plus vite combien de
points ils avaient remporté.
Pourtant, même si la correction avait un rythme soutenu, la sonnerie retentit avant
que nous puissions terminer celle-ci. J’ai ressenti alors une certaine frustration de la part
des enfants mais je ne pouvais vraiment pas les garder plus longtemps à cause des bus de
ramassage scolaire. J’ai oublié de dire que j’avais fait noter les devoirs aux élèves avant de
débuter le jeu afin de ne pas procéder à un retour abrupte à la réalité scolaire en fin
d’heure. J’ai donc demandé aux élèves de me remettre les feuilles de route en sortant de la
classe et je leur ai expliqué que je leur donnerais le total des points et les noms des gagnants
du concours le lendemain.
3) le bilan du grammar contest :
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Mes objectifs premiers ont été remplis de manière satisfaisante à mes yeux puisqu’il
m’a semblé que les élèves ont pris plaisir à jouer ensemble. Il n’y a pas eu de problème de
comportement au sein des diverses équipes. Mais j’ai remarqué aussi que j’avais réussi à faire
réviser mes élèves et à les faire travailler, de façon détournée bien évidemment, sans qu’ils
ne rechignent ou qu’ils ne se plaignent. Une fois les élèves sortis de la classe, j’ai ressenti une
certaine joie car nous nous étions amusés ensemble autour d’exercices de grammaire…
Cependant, je conçois tout à fait les lacunes de la mise en place d’un tel jeu car on ne
peut pas dire qu’il ait pour objectif principal la mise en place d’une situation de
communication puisqu’il porte uniquement sur la résolution d’exercices de grammaire. Même si
j’ai fait en sorte que le jeu se déroule en anglais en injectant des termes spécifiques au
monde du jeu, il n’y eut pas beaucoup d’échanges d’équipes à équipes.
Un autre point sur lequel je n’étais pas satisfaite était la gestion du temps. L’activité
aurait eu besoin d’une dizaine de minutes en plus pour ne pas provoquer ce sentiment de
frustration chez les élèves à la fin de l’heure. C’est alors que j’ai compris que le jeu devait
être considéré comme une activité du cours de langue à part entière et non quelque chose
que l’on doit bâcler sous prétexte que ce n’est qu’un jeu. Je suis pourtant toujours hésitante
à consacrer une séance de cours complète à ce style d’activité car je ne voudrais pas que le
cours d’anglais perde de son sérieux dans l’esprit des élèves. La seule solution qui s’offre à
moi est alors de raccourcir les activités que je souhaite mettre en place.
•
un classique : le trivial pursuit.
J’ai mis en place ce jeu lors d’une séance de cours avant des vacances scolaires afin de
terminer la semaine de cours sur une note plus ludique. En effet, j’avais fait en sorte de
boucler ma séquence avant cette dernière heure afin de pouvoir consacrer l’heure complète
au jeu. C’est donc après avoir procédé à un contrôle des connaissances rapide en début de
cours et fait noter les devoirs dans le cahier de textes que nous avons débuté le jeu.
1) Les objectifs :
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Ce jeu en équipes avait les mêmes objectifs que le grammar contest en matière de
socialisation des enfants. Une fois encore, j’ai réparti les élèves en équipes selon leurs
affinités ou manque d’affinités et selon leur niveau pour que chacune des équipes ait la même
chance de remporter le jeu.
En ce qui concerne les objectifs langagiers, ce jeu avait pour but d’entraîner mes
élèves à formuler des questions ainsi qu’à fournir les réponses appropriées. Nous venions de
passer plusieurs séances à réviser le prétérit simple, ce qui nous a permis d’avoir des
questions portant sur des faits passés surtout dans la catégorie histoire.
Bien sûr, ce jeu de questions-réponses a permis aussi d’entraîner les élèves à lire et à
écrire en anglais, à comprendre et à formuler un énoncé oral.
2) Le déroulement du jeu :
Une fois les équipes composées, j’ai demandé aux élèves de choisir une fois encore un
nom anglais pour leur groupe. Nous avons retrouvé à peu de choses près les mêmes noms
d’équipes que lors du grammar contest. Ces adolescents manqueraient-ils d’imagination ?
Ensuite, j’ai distribué à chacune des équipes un petit paquet de cartes qui présentait
2 réponses de chaque catégorie (sports, history, geography, arts and literature). Certaines
parties de ces réponses étaient soulignées en rouge.
La première épreuve du jeu était donc de laisser les élèves reformuler les questions
correspondantes aux parties soulignées sur les cartes de jeu.
Ex : Neil Armstrong walked on the moon in 1969. / When did Neil Armstrong walk on
the moon?
J’ai donc laissé une quinzaine de minutes aux élèves pour qu’ils rédigent leurs
questions. Je passais bien évidemment dans chaque équipe pour donner des conseils ou pour
apporter de l’aide aux élèves qui avaient du mal. Une fois encore, j’ai pu constater que les
élèves réfléchissaient ensemble et dans le calme puisqu’ils ont bien pris conscience du fait
25
que leurs questions devaient rester inconnues des autres équipes. De plus, chacun avait une
tâche à accomplir car en règle générale, ils se sont répartis les questions entre eux.
Une fois les questions rédigées, j’ai attribué un adversaire à chacune des équipes.
L’équipe des killers par exemple poserait ses questions uniquement à l’équipe des rock stars,
et vice-versa. Cependant, j’ai expliqué en anglais que l’équipe en jeu n’avait que 20 secondes
pour répondre sinon, la question serait adressée à tout le monde et deviendrait alors un défi.
Ainsi, au signal de l’arbitre ‘challenge time !’, toutes les équipes feraient la course pour
répondre. En effet, je voulais trouver un moyen de capter l’attention de tous les enfants
pendant l’intégralité du jeu.
Pour ce qui est de l’explication des règles, je me suis cette fois-ci refusée d’avoir
recours au français. J’ai donc répété plusieurs fois celles-ci et j’ai eu également recours au
mime afin que tous les élèves comprennent bien les règles.
Sur le tableau, j’ai dessiné une grille avec le nom des équipes et les catégories. Chaque
équipe ne pouvait choisir que 2 fois la même catégorie. Je mettais donc une croix dans le
tableau sur la ligne de la catégorie correspondante pour chaque équipe. Lorsque l’équipe
interrogée répondait avant les 20 secondes attribuées, elle se voyait accorder 1 point. Lors
du ‘challenge time’, l’équipe la plus rapide pouvait répondre. Si la réponse était correcte, elle
récoltait un point. Par contre, si la réponse était fausse, une autre équipe pouvait répondre à
son tour. Chaque équipe ne pouvait donner qu’une seule réponse. Cette phase du jeu a
grandement enthousiasmé les élèves et j’avoue que j’ai eu du mal parfois à maintenir un
minimum de calme…
Le jeu s’est bien déroulé. Lorsque les élèves ne comprenaient pas la question, ils
devaient dire ‘can you repeat please ?’. Selon l’exactitude des réponses données, les élèves
devaient dire ‘correct answer /wrong answer’. J’ai essayé de me contenter d’arbitrer le jeu
en marquant les points ou en désignant l’équipe qui devait répondre aux questions en disant
‘it’s your turn !’, pour ne pas qu’il y ait trop d’agitation dans la classe.
Comme cette séance était la dernière avant les vacances de Noël, j’avais prévu comme
récompense 3 petits paquets de bonbons ‘made in England’ pour l’équipe gagnante. A ma
grande surprise je dois l’avouer, l’équipe qui a remporté le jeu était constituée entre autres
de 2 de mes élèves les plus faibles et les moins engagés dans l’apprentissage de l’anglais. Ils
26
ont semblé extrêmement satisfaits de leur performance et de leur récompense. J’ai donc
apprécié l’issue de ce jeu qui a permis de mettre en valeur les élèves qui d’habitude avaient
des difficultés.
3) Le bilan du trivial pursuit :
Lorsque les élèves ont quitté la salle de classe, j’étais plutôt satisfaite du
déroulement de ce jeu surtout en ce qui concerne la victoire de ces élèves en difficulté au
niveau de l’anglais. En leur donnant leur récompense, j’ai demandé aux autres participants de
les applaudir en disant ‘now, let’s applaud the winners ! Congratulations !’. Les autres élèves
ont donc applaudi avec un ‘congratulations’ collectif. Les vainqueurs se sont sentis revalorisés
je pense et sont sortis de la classe fiers d’eux, ce qui m’a apporté une grande satisfaction.
Maintenant, concernant la mise en œuvre à proprement parler, j’ai encore rencontré
un problème de timing puisque toutes les questions n’ont pas pu être posées. La production de
certains élèves n’a pas pu être mise en valeur. Certains enfants furent donc un peu frustrés à
la fin de l’heure de cours. Cependant, je pense que c’était une bonne chose de leur faire
retrouver les questions indispensables au jeu car ils ont été responsabilisés au sein même du
déroulement du jeu et ont été véritablement acteurs dans ce trivial pursuit.
Bien sûr, j’aurais préféré leur faire trouver les questions par eux-mêmes sans leur
donner déjà les réponses. Mais je me suis dit que cela allait prendre trop de temps et que
nous n’aurions pas le temps de mener le jeu à bien. La gestion du temps reste pour moi un
problème.
Lors de ce trivial, j’ai également apprécié l’interaction entre les élèves. Ce jeu a
permis de mettre en place une situation de communication où tous les élèves devaient
écouter leurs camarades, les comprendre et apporter une réponse appropriée. Lorsque les
élèves prenaient la parole pour répondre justement mais avec une formulation ou une
prononciation incorrectes, je demandais aux autres membres de l’équipe de réfléchir sur leur
production. Ainsi, ils ont pu s’auto /s’inter-corriger pour reformuler une réponse entièrement
acceptable.
27
Enfin, le trivial pursuit a permis aux élèves d’enrichir leurs connaissances tout en les
incitant à communiquer les uns avec les autres. C’est pour cela que pour moi, ce jeu reste un
bon souvenir même s’il y a des aspects perfectibles.
•
Le ‘guess who I am’.
Voici enfin le dernier jeu d’équipe que j’ai mis en place. J’ai procédé à ce jeu lors d’une
séance à effectif réduit. En effet, 10 de mes élèves étaient absents car ils participaient à un
rallye maths. Le professeur de mathématiques ayant prévenu tout le monde la veille pour le
lendemain, ce jeu m’a permis de remplacer au pied levé l’évaluation en classe que j’avais alors
prévue.
1) Les objectifs :
Les objectifs de ce jeu reprennent à peu de choses près ceux du trivial pursuit. Le
but du jeu était de trouver le nom d’une personnalité grâce à quelques phrases décrivant les
points importants de sa carrière. Les objectifs de ce jeu étaient donc de favoriser la
communication entre les élèves (production orale, écrite et compréhension orale) et
d’enrichir leur culture.
2) Déroulement du jeu :
Ce jeu est relativement simple à mettre en place. Pour la séance de cours légèrement
improvisée, j’avais tout de même eu le temps de préparer des fiches sur lesquelles j’avais
écrit en français 5 phrases concernant une personnalité telle que ‘Je suis né en Angleterre
en 1974’. J’avais élaboré une petite dizaine de fiches.
Le but du jeu était de trouver le plus vite le nom de la personnalité concernée car si
les élèves trouvaient celui-ci au bout de la première phrase il récoltait 10 points, 8 points au
bout de la deuxième et ainsi de suite. L’équipe qui récoltait le plus de points remportait la
partie.
28
Pour préparer les phrases, après les avoir écrites sur chacune des fiches, j’ai attribué
à chaque personnalité un signe distinctif que j’ai dessiné en début de chaque phrase. Ensuite
j’ai découpé les fiches pour obtenir chacune des phrases séparément.
Après avoir fait l’appel et procédé à la correction des devoirs du jour, j’ai mélangé
tous mes petits bouts de papier et j’en ai donné 4 à chaque élève. J’ai laissé une bonne
dizaine de minutes pour que ceux-ci les traduisent et j’ai ensuite voyagé dans la classe pour
vérifier s’ils avaient de bonnes traductions. Lorsqu’ils avaient fait une erreur je soulignais
celle-ci et leur donnais encore quelques instants pour qu’ils la corrigent eux-mêmes.
Une fois toutes les phrases traduites, j’ai ramassé les phrases signe par signe et j’ai
demandé aux élèves de se répartir en équipes. Ensuite, nous avons procédé à la première
énigme qui concernait Robbie Williams. J’ai donc donné la première phrase à lire à la première
équipe pour qu’ils la lisent à tous leurs camarades. Quand l’élève qui s’était proposé pour
effectuer cette tâche faisait une erreur de prononciation, je demandais aux autres
participants de lui venir en aide. De plus, lorsque certains n’avaient pas compris, ils devaient
lui demander de répéter en disant : ‘Can you repeat please ?’
Comme aucun des groupes n’a trouvé la réponse au bout de la première phrase, j’ai
donné la seconde phrase à la deuxième équipe et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une équipe trouve
de qui il s’agissait.
Nous avons eu le temps de faire toutes les personnalités qui allaient de JFK à Britney
Spears en passant par Shakespeare. Personne n’a obtenu 10 points d’un coup, mais les jeunes
adolescents ont tout de même passé un bon moment.
3)
Le bilan du jeu :
Le bilan que je fais de ce jeu est plutôt positif vues les circonstances dans
lesquelles j’ai dû le préparer. Pour une fois, nous avons pu aller au bout de cette activité sans
être pris de cours par la sonnerie de fin d’heure, donc chacune des productions des élèves a
pu être mise en valeur.
Les élèves ont communiqué entre eux en lisant des énoncés au reste de la classe et
en demandant de répéter ce qu’ils n’avaient pas compris. Lorsque leur prononciation était
29
incorrecte, ils se sont aidés les uns les autres pour que le lecteur ait une prononciation plus
acceptable.
D’un point de vue culturel, ils ont également appris des choses car ils pensaient que
JFK avait vécu dans les années 80…
En revanche, il me semble que je ne me suis pas assez éclipsée du jeu et que j’aurais
dû être moins présente puisque j’ai procédé à une correction de leurs production écrite alors
que j’aurais peut-être pu procéder à une seconde phase dans la préparation du jeu pendant
laquelle j’aurais pu redistribuer les phrases des élèves à d’autres qui auraient pu corriger s’ils
estimaient que c’était incorrect.
Cependant, j’étais plutôt satisfaite de cette activité.
B) Seconde catégorie : les jeux d’expression corporelle / de théâtre.
L’objectif principal de tous ces jeux était de favoriser chez les élèves la fixation de
nouvelles structures ou du lexique nouveau. L’objectif secondaire était de permettre aux
élèves de jouer ensemble et de venir à bout de leur timidité ou de leur crainte à s’exposer
aux yeux de leurs camarades.
•
Un autre classique : le jeu du mime.
1) L’objectif :
J’ai proposé à mes élèves le jeu du mime après que nous ayons vu (ou revu pour
certains) les adjectifs décrivant les humeurs et les émotions telles que ‘angry, cross, mad,
miserable’ (etc…) par l’intermédiaire d’une fiche intitulée ‘what does he/she look like ?’ et qui
comportait également la réponse ‘he/she looks+adjectif’.
2) Le déroulement du jeu :
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Après que les élèves aient fini de recopier leur trace écrite dans le diary et les
devoirs pour la séance prochaine dans leur cahier de textes, je leur ai donné quelques
minutes pour réviser leur fiche de vocabulaire. Ils ont d’abord rechigné à cette consigne puis,
après avoir compris que cette petite phase de révision allait déboucher sur une phase de jeu,
un calme propice à la concentration et au travail s’est emparé de ma salle de cours.
Après quelques minutes, je leur ai demandé de fermer leur cahier et je leur ai
expliqué le but du jeu qui allait suivre. J’avais préparé au préalable des petits papiers sur
lesquels j’avais marqué chacun des adjectifs. J’ai donc demandé à des volontaires de tirer au
sort un papier et de mimer ces émotions devant le reste de leurs camarades. Après chaque
tirage, un élève venait donc mimer l’adjectif à deviner mais les autres devaient réutiliser la
structure ‘she/he looks + adjectif’ pour répondre sinon, la réponse n’était pas validée et
l’élève concerné ne remportait pas de point. Au bout de quelques adjectifs, je fis venir un
élève pour qu’il pose lui-même la question à ses camarades. Ainsi, une petite situation de
communication a pu être mise en place et les élèves ont pu produire du sens et éviter de dire
uniquement les adjectifs mimés.
Je m’attendais à voir chez la majorité de ces jeunes adolescents de 13 ou 14 ans
quelques réticences envers cette phase d’exposition aux yeux des autres élèves. En effet,
cette classe a connu, tout au long du premier trimestre, une ambiance de groupe un peu
difficile car certains individus se moquaient facilement des camarades volontaires et
intéressés par la vie au collège. Ainsi, un bon nombre de mes élèves ressentait quelque
crainte à participer en classe, que ce soit dans ma matière ou dans celles de mes collègues.
De plus, ma classe est majoritairement composée de garçons, avec parmi eux quelques fortes
personnalités, ce qui intimide un peu les filles, plus calmes je dois l’avouer. Je n’étais donc pas
certaine d’avoir beaucoup de succès avec mon jeu de mime.
Finalement, les mains se sont rapidement levées et le jeu a pu commencer. L’élève qui
répondait le plus rapidement en fournissant la phrase complète remportait le point. Pour le
jeu du mime, je n’ai pas mentionné de récompense. Les élèves ont donc joué pour jouer et se
sont amusés tout en révisant leur leçon. Pour le dernier adjectif, j’ai fait appel à une jeune
fille qui d’habitude est très discrète. Elle avait un peu peur au début, puis s’est prêtée au jeu
avec succès après quelques encouragements.
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Lorsque la sonnerie a retenti, certains élèves voulaient continuer à jouer. Je fus donc
satisfaite de ce premier essai. Ce jeu avait permis aux élèves d’apprendre une première fois
leur leçon de vocabulaire, de présenter une phase ludique visant la fixation des savoirs, mais
aussi de débloquer un peu l’atmosphère du groupe-classe en début d’année. J’ai eu
l’impression que les élèves avaient pris plaisir à jouer ensemble malgré leur rivalité ambiante.
3)
le bilan du jeu de mime :
Ce jeu a été le premier auquel j’ai eu recours cette année. Je l’ai donc abordé avec une
certaine crainte de voir mes élèves se dissiper ou refuser de participer à ce jeu qui les met
en scène. Ce jeu s’est trouvé être satisfaisant du point de vue de l’implication des élèves car
ils ont montré durant tout le jeu un certain enthousiasme.
Malheureusement, en ce qui concerne l’objectif principal de ce jeu, (la fixation des
adjectifs des émotions ainsi que des structures ‘what does she/he look like ?’ et ‘she/he
looks + adjectif), bien que les élèves avaient à revoir une seconde fois ces éléments, le
contrôle des connaissances au début de la séance suivante ne fut pas à la hauteur de mes
espérances. Je pense que ma phase de jeu aurait dû durer plus longtemps. Je n’ai
certainement pas laissé suffisamment de temps aux élèves pour revoir leur fiche en cours et
j’aurais dû faire mimer certains adjectifs plusieurs fois. J’aurais dû probablement laisser un
peu plus de temps entre les passages pour faire répéter ces adjectifs à quelques élèves.
Cependant, il m’est difficile d’aménager plus de 20 minutes pour ce style d’activités
ludiques lors de mes séances de cours, le but de ces activités n’étant pas de faire de l’heure
de cours une heure de récréation.
•
le jeu de la chaise :
1) Les objectifs :
Ce petit jeu a occupé la même place et la même fonction lors de ma séance que le jeu
du mime. L’objectif linguistique du cours était la structure qui permet d’exprimer une volonté
32
‘want somebody to do something’, structure très difficile à maîtriser pour des élèves de
4ème. J’ai donc décidé d’avoir recours à cette activité largement inspirée de la formation
théâtre à l’IUFM la veille pour permettre aux élèves de pratiquer cette structure
grammaticale dans un but précis : permettre à l’un de leurs camarades d’aller s’asseoir sur
une chaise disposée à l’autre bout de la classe en lui énonçant des phrases telles que ‘I want
you to make 3 steps forward’ etc,…
2) Le déroulement du jeu :
Après avoir laissé les élèves recopier leur trace écrite et les devoirs, je leur ai
expliqué que j’avais besoin d’un volontaire pour un petit jeu. Il fut intéressant de voir
combien la perspective du jeu motive les enfants car sans même expliquer les règles et le but
du jeu, quelques mains se sont levées.
Après avoir fourni quelques explications en anglais, j’ai donné l’exemple en demandant
au volontaire de fermer ses yeux ainsi : ‘I want you to close your eyes’. Ensuite, je lui ai fait
faire plusieurs tours sur lui-même en comptant en anglais jusqu’à huit tout en sollicitant le
reste de la classe amusé à la vue du supplice de leur camarade… Puis je me suis effacée, et
les élèves ont tenté de le faire parvenir jusqu’à la chaise en respectant la consigne selon
laquelle ils devaient impérativement employer la nouvelle structure. Je dois l’avouer, il leur
fut difficile d’employer correctement celle-ci mais au bout de quelques minutes, le jeu devint
moins laborieux. En une petite dizaine d’étapes, l’élève ‘cobaye’ réussit à rejoindre la chaise
sans ouvrir les yeux, ce qui ravit ses camarades. Et c’est à ce moment-là que la sonnerie a
retenti.
3) Le bilan du jeu de la chaise :
Je pense que cette activité a plu à mes élèves surtout par l’essence même du jeu qui
est de jouer d’un camarade. J’ai bien sûr veillé à ce qu’il n’y ait pas de débordements. D’un
point de vue purement pédagogique, ce fut un jeu intéressant car il a fait appel à plusieurs
compétences, contrairement au jeu du mime. En effet, le jeu de la chaise a présenté une
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activité de communication. Elle a donc mobilisé la compréhension orale et l’expression orale
des élèves.
En revanche, tout comme le jeu du mime, je pense que je n’ai pas suffisamment
accordé de temps à cette activité car, en plus de la maîtrise fragile de cette structure un
peu complexe, les divers élèves qui ont souhaité participer n’avaient pas toujours le
vocabulaire nécessaire pour bien guider leur camarade.
En effet, avant de débuter ce petit jeu, je leur ai mimé certaines actions pour leur
donner quelques expressions telles que ‘make X steps forward/backward’,. Mais ils ont buté
sur des termes tels que ‘turn around’, ‘on the right/ on the left’. Cela m’a surprise car ce
sont des termes que l’on entend souvent lors de mes cours mais j’aurais certainement dû
faire un petit rappel en les mimant et en les écrivant au tableau. Ces difficultés face au
vocabulaire ont ralenti le rythme du jeu et ont parfois déstabilisé les jeunes adolescents. Je
n’ai donc pas su suffisamment anticiper les besoins de mes élèves.
Enfin, à la séance de cours suivante je me suis aperçue que les élèves ne s’étaient pas
vraiment approprié la structure ‘want somebody to do something’ . Mais certains m’ont avoué
qu’ils n’avaient pas appris leur leçon. C’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que
ma volonté de leur faire réviser les éléments nouveaux en classe de manière ludique ne
comble pas le manque de travail à la maison.
Cependant, avoir recours au jeu lors de mes séances de classe me permet de voir mes
élèves prendre plaisir dans une activité et ce, même si celle-ci se déroule en anglais…
•
mises en scène de petites situations :
1) L’objectif :
Ce petit jeu est intervenu en fin de cours après que nous ayons étudié la différence
entre le prétérit simple et le prétérit en Be+V-ing. Afin que les élèves visualisent bien cette
différence, j’ai proposé à des volontaires de mimer quelques situations pour que les autres
élèves puissent décrire la situation qui leur avait été présentée.
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2) Le déroulement du jeu :
Pour ne pas commettre les mêmes erreurs que lors du jeu de la chaise, j’ai donné à
mes élèves le vocabulaire nécessaire pour décrire les situations qu’ils allaient voir
représentées sous leurs yeux.
Ensuite, j’ai demandé à 2 volontaires de venir avec moi dans le couloir pour leur
expliquer ce qu’ils devaient faire sans que les autres ne puissent entendre. Lors de la
première mise en scène, le premier acteur en herbe est entré dans la classe en imitant un
guitariste de hard rock. Quelques secondes plus tard, le second élève est venu imiter une
personne qui lui demanderait de faire moins de bruit.
Une fois l’imitation terminée, j’ai demandé aux élèves : ‘so, describe what you saw.’
Comme nous venions de voir / revoir le vocabulaire, la réponse est venue très rapidement : ‘he
was playing the guitar when someone asked him to be quiet’.
Puis nous avons fait deux autres mises en scènes qui ont également bien fonctionné.
3) Le bilan des mises en scène :
Ce jeu a bien fonctionné et les objectifs que je m’étais fixée ont été atteints puisque
les élèves ont bien utilisé des phrases avec le prétérit simple et en Be+V-ing. Les élèves ont
ri à la prestation de certains de leurs camarades qui ont fait leur numéro de comique, donc
tout s’est déroulé dans une humeur bon enfant.
Petit bémol cependant quant à la participation des élèves puisque un même élève a
participé deux fois aux mises en scène à cause du manque de volontaires. J’aurais
certainement dû désigner un autre enfant mais j’avais peur de braquer quelqu’un et de
mettre un terme à cette ambiance agréable.
C) Les autres jeux auxquels j’ai eu recours :
Je ne vais pas faire une présentation détaillée de ceux-ci car ce ne serait pas très
instructif. Je vais simplement dire que de temps à autre, j’ai eu recours à des mots croisés
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ou à des jeux proposés par des ouvrages destinés à l’apprentissage de l’anglais. Je pense
notamment à des jeux de prononciation comme la pyramide et le labyrinthe que je
m’efforcerai de présenter dans les documents annexes.
J’en ai fait usage avec parcimonie en cours ou lors de mes séances d’IDD car je pense
qu’il est plus intéressant de rendre les élèves vraiment acteurs lors d’une phase de jeu même
si ce style de jeux permet de varier les supports de travail et d’éviter l’installation d’une
certaine monotonie.
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CONCLUSION
Je tire un bilan très positif de ma mise en pratique du jeu pendant mes séances de
cours. Je suis bien évidemment consciente du fait que mes mises en œuvre ne sont pas
parfaites, notamment en ce qui concerne la gestion du temps. Je me suis rendue compte que
le jeu était une activité langagière à part entière et qu’il était indispensable de le considérer
comme tel.
En effet, il serait injustifié de le voir comme une activité ‘bouche-trou’ que l’on plaque
en dehors de toute progression et de tout objectif sous prétexte qu’il reste quelques
minutes disponibles en fin de séance ou de séquence .
Le jeu a pour objectif premier de permettre aux élèves de communiquer à l’intérieur
d’une situation de communication qu’il aura permis de mettre en place. Ainsi, les élèves
s’exercent à manipuler des structures et du lexique tout en prenant du plaisir à participer au
jeu, à communiquer en langue étrangère.
Hormis mon problème au niveau du timing, je regrette également de n’avoir pas
toujours favorisé cet aspect communicationnel qui, je le répète, doit rester l’objectif
principal du recours au jeu. Je pense notamment à mon ‘grammar contest’ qui reste selon moi
une manière d’aborder l’apprentissage de la grammaire et les révisions que celui-ci nécessite
avec un aspect ludique, mais que j’ai besoin d’améliorer en trouvant un moyen pour que les
élèves communiquent entre eux en anglais.
Après ces quelques mois de pratique, je reste donc intimement convaincue que
pratiquer le jeu en classe est une activité riche, enrichissante et complexe à mettre en place.
Cependant, lorsqu’on parvient à la mener à bien, elle apporte une grande satisfaction, que ce
soit chez l’élève qui en général, aura pris plaisir à participer à une activité ludique tout en
pratiquant la langue étrangère , ou chez le professeur qui sera parvenu à favoriser chez son
public la communication en langue anglaise dans un contexte qui rompt avec la routine
scolaire.
C’est pour toutes ses raisons que je continuerai d’avoir recours au jeu régulièrement
pendant mes séances de cours. Je tenterai également d’améliorer ma mise en œuvre afin que
mes élèves prennent de plus en plus de plaisir à apprendre et à pratiquer la langue de
Shakespeare.
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Bibliographie :
•
Brougère, Gilles. Jeu et éducation. L’Harmattan (1995).
•
Callois, Roger. Des Jeux et des hommes. Gallimard (1958)
•
De Grandmont, Nicole. Pédagogie du jeu : Jouer pour apprendre. De Boeck
Université (1997).
•
Delannoy, Cécile. La Motivation. Hachette Edition (1997).
•
François, Frédéric. Pratique de l’oral. Nathan (1993)
•
Gomet, Jennifer. Le jeu dans l’enseignement des langues étrangères au cycle 3.
Mémoire professionnel IUFM de Bourgogne (2001).
•
Hancock, Mark. Pronunciation Games. Cambridge University Press (1995)
•
Kervran, Martine. L’Apprentissage actif de l’anglais à l’école. Bordas / VUEF (2001)
•
Ostenieth, P.A. Jouer, c’est apprendre. Revue belge de Psychologie et de
pédagogie, (1979).
•
Ott-Richard, Marie-Henriette. Des Clés pour l’interaction en anglais. CRDP
Strasbourg (1991).
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Weiss, François. Jouer, communiquer, apprendre. Hachette Edition (2002).
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Encyclopaedia Universalis.
Webographie :
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http://www.educreuse23.ac-limoges.fr/cddp_eile/thema/reperes5-imp.htm
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http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/LME/lombard/motivation/jeu.html
•
http://fr.wikipedia.org/wiki/jeu
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http://www.ac-reims.fr/datice/anglais/respedago/jeux.html
•
www.discip.crdp.ac-caen.fr/histgeo/ludus/platon.htm
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