Anton Stastny, un destin hors du commun

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Anton Stastny, un destin hors du commun
Sports Hockey sur glace
15.02.2013, 00:01 - Hockey sur glace
Actualisé le 14.02.13, 23:00
Avec ses frères, l'ancien hockeyeur a marqué le championnat de NHL.
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Était-ce le destin, comme il aime à le répéter, ou le résultat d'une force de caractère hors du commun? Il y a chez
Anton Stastny quelque chose de l'ordre de l'inné, une rage de gagner au-dessus de la moyenne. Le hockey a
constitué, pour lui comme ses frères, un moyen de se démarquer. Des quartiers de Bratislava, où les jeunes étaient
recrutés, aux patinoires de NHL, Anton Stastny a marqué. Des buts bien sûr - 636 points en 650 matches dans la plus
prestigieuse ligue du monde - mais surtout les esprits.
Le hockey coule dans ses veines. Il fait partie de son ADN, un lien filial, une affaire de famille. Sur cinq frères, quatre
ont griffé la glace crosse en main, dont trois en Amérique du Nord. " Vladimir, l'aîné qui jouait gardien, nous a
motivés. " Le puck se transmet de puis de génération en généra tion. Ses fils, Tomas et Mathew, jouent au Forward
Morges, en 1 re ligue. Ses neveux, Paul (Colorado Avalanche) et Yan (ex-Saint-Louis Blues), en NHL.
Au nom de la créativité
Anton Stastny, lui, a porté avec un honneur immense le chan dail des Nordiques de Québec, la mythique organisation
canadienne. Dans son appartement de Prilly, la voix de Charles Aznavour résonne. Mais lui cite le parolier québécois
Gilles Vigneault: " Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver ." Il n'a pas laissé les gens de glace. Chaleureux.
Québec res pire le hockey et pendant neuf sai sons, dont quatre avec ses frères Peter et Ma rian, Anton Stastny en a
été l'un des poumons. Un monu ment. " Quand j'y retourne, on me recon naît encore. Là-bas, c'est une grande famille
de 500 000 habitants ."
Fuir la Tchécoslovaquie fut un déchirement. L'homme porte encore le poids de cette décision ex trêmement difficile. "
Nous n'avions jamais envisagé de quitter le pays, mais je ne le regrette pas. Au vu des frictions et du régime
communiste, partir était notre seule issue. Peut-être le destin ." Le hockey lui a ouvert le champ des possibles, la
perspective d'une vie meilleure. Repêché par les Nordiques en 1979, il rejoindra Québec avec Peter. Sa femme suivra
plus tard, comme Marian un an après.
" A notre arrivée, on a pas mal bousculé les choses ." Au jeu physique et intimidant des Canadiens, lui a misé sur la
vitesse de patinage et la créativité. " On a amené le cycling, bouger et garder le puck. On s'est battu toute la saison
avec l'entraîneur. " Il a eu raison. Ce côté créatif fait partie de lui: " La création et la découverte tiennent en vie ",
confie cet entrepreneur .
Toute sa carrière durant, Anton Stastny - compétiteur naturel - n'a eu qu'une envie, une obsession quotidienne: la vic
toire de son équipe. A son arrivée, les New York Islanders dominaient la Ligue et les Nordiques se battaient pour les
play-offs. " Lors de mes neuf saisons passées à Québec, on a participé aux séries durant huit ans ", reconnaît
fièrement le n°20 du fameux "N". En 1985, ils furent même sacrés champions de la Division Adams; leur zénith.
Calgary, le Corral Stadium, les bandes qui arrivent à hauteur d'épaules: son premier match en NHL, Anton Stastny l'a
en tête comme si c'était hier. Son premier but également. " Lors de ma deuxième rencontre, à Denver. En fait,
j'avais marqué lors du premier match, mais ma réussite fut attribuée à un autre ." Un record ne peut cependant lui
être enlevé. Avec son frère Peter, Anton a ins crit 16 points en une rencontre. " Nous avions réalisé chacun un
hat-trick lors du match de vendredi à Vancouver, et le dimanche à Washington, nous avons inscrit les fa meux 16
points ."
En tribune, un garçon de 10 ans - Joe Sakic, future star du hockey canadien - ne resta pas indifférent à ce festival.
Pour réussir, son père lui dit de prendre exemple sur les frères Stastny. " Joe m'a raconté cette anecdote quand il est
arrivé chez les Nordiques (ndlr: en 1988). C'était un peu mon rookie. "
Dimanches au ski
Anton Stastny quittera la NHL en 1989. Une équipe à la peine, un manque de confiance, et des matches passés
davantage sur le banc que sur la glace: le choix s'est imposé presque de lui- même. Anton, sa femme et ses deux fils
Tomas et Mathew, 7 et 4 ans, atterrissent alors à Fribourg. Pourquoi la Suisse? " Parce que je l'ai toujours eue dans la
tête. J'étais venu à Ascona avec l'équipe de Bratislava. Quand j'ai vu la beauté de ce pays, j'ai voulu y habiter un jour.
Et puis, les enfants avaient commencé l'école en français ." Anton Stastny n'en fait pas mystère: il préfère la culture
européenne à celle nord-américaine; il se sent mieux ici que là-bas. " La profon deur y est complètement diffé rente ."
Ses priorités ont dès lors changé. Loin des 80 matches par saison de NHL, Anton Stastny a trouvé le temps pour ses
enfants. " Avec Tomas et Mathew, on allait skier tous les dimanches. J'ai eu l'occasion de redonner mon attention ."
De ses deux fils, il en est très fier. " Peut-être qu'ils n'ont pas atteint le niveau qu'ils souhaitaient, eux et moi. Mais ils
ont parfaitement combiné sport et études. Et j'ai plaisir à les voir jouer ."
De la NHL, il suit aujourd'hui surtout son neveu Paul. Quelques connaissances aussi. Son coeur, lui, bat encore et
toujours pour Québec. Cet hiver où le hockey est roi. " Je scrute attentivement l'éventuel retour des Nordiques, je
l'espère ."
"LES NORDIQUES, UNE MARQUE"
" Je suis évidemment très fier d'être associé aux Nordiques de Québec. Il y a une telle pas sion pour le
hockey là-bas, une telle pression aussi. Le public pouvait tout pardonner à certains joueurs et à d'autres
non. Je me rappelle d'une fois, lorsque je me suis rendu à Acapulco et Cancun, les gens m'ont accosté.
Les Nordiques étaient une marque, un logo déposé. "
"ON A CREE UN PRECEDENT"
Quand nous avons débarqué au Canada, mon frère et moi, c'était un événement (ndlr: leur arrivée a fait
les gros titres de la presse). Notre arrivée a d'ailleurs créé un précédent car si j'avais été drafté, Peter,
lui, ne l'était pas. Il fut le premier joueur d'impact à re joindre la NHL sans être repêché par une équipe.
Par la suite, la Ligue a changé son règlement . Lors que nous sommes arrivés d'Europe, tout était
différent. Bien sûr, les patinoires nord-américaines sont plus petites. Mais s'ils étaient pros, les
hockeyeurs nord-améri cains étaient - à mon époque - moins bien préparés que nous. On a apporté
notre vision du jeu, en jouant l'espace notamment en power-play. Evoluer avec un homme de plus sur la
glace est une situation qui requiert du timing et du feeling. "
DATES CLES
1959 Naissance d'Anton Stastny le 5 août à Bratislava.
1979 Après avoir joué avec Bratislava, il est repêché par les Nordiques de Québec .
1980 Débuts en NHL avec son frère Peter. Marian, un autre de ses frères, les rejoindra. Il participe aussi
aux JO de Lake Placid .
1989 Il quitte la NHL pour la Suisse et Fribourg Gottéron. " La transition ne fut pas évidente ",
reconnaît-il .
1994 Anton Stastny aide à qualifier la Slovaquie pour les Jeux de Lillehammer. Suspendu 12 mois après
un accrochage avec un arbitre, il ne pourra pas les disputer . " Je n'en suis pas fier et je n'aime pas en
parler. J'ai arrêté ma carrière comme cela ."
1996 Il fonde son entreprise de création de meubles, et intègre le secteur formation du LHC pendant
quelques saisons.
2012 A côté du travail, il suit ses fils, Tomas et Mathew, à Morges .
Par FLORIAN SäGESSER
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