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1 UNIVERSITE DE FRIBOURG INSTITUT DE PEDAGOGIE CURATIVE SECTION SCOLAIRE Trouble spécifique du développement moteur : Définitions et pistes d'intervention en milieu scolaire et familial Stéphanie Corminboeuf Sous la direction de Mme Corinne Petitpierre Travail de séminaire 2011 2 Résumé Les premiers à remarquer des difficultés motrices chez un enfant, sont les parents et les enseignants qui le voient tous les jours. Il est important que celui-ci soit suivi très jeune par un médecin, afin d’écarter tout autre problème médical pouvant expliquer sa maladresse. Lorsqu’aucun diagnostic de trouble spécifique du développement moteur n’a été établi, ces enfants sont souvent perçus comme paresseux ou démotivés. Ils peuvent vivre des échecs et de la frustration et également présenter des troubles d’apprentissage, affectifs, sociaux ou de comportement (Missiunia, 2003a pp.10-11). Il est faux de croire que les problèmes des enfants atteints de tels troubles, disparaîtront avec le temps. Certes des études ont démontré que grâce à un entraînement ces enfants peuvent apprendre certains apprentissages. Mais l’acquisition de nouvelles habiletés motrices sera toujours problématique pour eux. Une intervention précoce aidera ces enfants à apprendre des stratégies qui leur permettront de surmonter leurs troubles de coordination et ainsi avoir une meilleure image d’eux-mêmes, en tant qu’individus. Dans le cadre scolaire, Pollock et Missiunia (2005, p.3) soulignent qu’il est bon de choisir entre le contenu qui doit être appris et le produit écrit qui doit en résulter. Si le but est d'améliorer l'écriture alors le travail devrait être écrit à la main, s’il est de montrer que la notion est comprise, il n'y a aucune nécessité à être écrit à la main. L’introduction d’un outil informatique permet de diminuer la dysgraphie et une meilleure mémorisation des notions, de canaliser l’attention sur l’apprentissage et non à rendre l’écriture lisible. Mettre l’élève au premier rang améliore son attention, placer des aides aux rangements dans son bureau augmente ses chances de commencer un travail en même temps que ses camarades. De même, choisir des habits faciles à mettre, permet d’être en récréation en même temps que les camarades. L’acceptation de ce handicap caché, par la famille, l’école, la société est un travail long et pénible. L’information et la recherche de solutions adaptées soulagent et facilitent ce long chemin que l’enfant doit parcourir pour s’accepter et être accepté dans sa différence. 3 Mots clés : Dyspraxique trouble de l’acquisition de la coordination TAC enfant maladroit Dysfonction non verbale trouble de l’hémisphère droit Trouble visuo-spatial trouble des praxies 4 Table des matières 1. Introduction……………………………………………………………………………………………………………………..8 1.1. Approche du sujet…………………………………………………………………………………………….8 1.2. Définition des objectifs…………………………………………………………………………………9 Partie théorique………………………………………………………..………………………………….……………………10 2. Approche des troubles spécifiques du développement moteur…………………….…….10 2.1. Historique de la terminologie décrivant des troubles spécifiques du développement moteur………………………………………………………………………………10 2.2. Dysfonction non verbale………………………………………………………………..…………….11 2.2.1. Définition d’une Dysfonction Non Verbale………………………..……….11 2.2.2. Manifestation d’une Dysfonction Non Verbale chez l’enfant………………………..…………………………………………………………..12 2.3. Trouble d’acquisition de la coordination.…………………………………………….……13 2.3.1. Définition d’un trouble acquisition de la coordination…………….13 2.3.2. Manifestation d’un trouble d’acquisition de la coordination chez l’enfant……………………………………………………..…..…17 2.4. Dyspraxie………………………………………………………………………..……………………………….18 2.4.1. Définition d’une dyspraxie………………………………………………………...….18 2.4.2. Manifestation d’une dyspraxie chez l’enfant………………………..…20 2.5. Synthèse théorique……………………………………………………………..…………….…………23 5 Partie empirique…………………………………..…………………………………………….…………………………..…25 3. Pistes d’intervention en milieu scolaire et familial……………………………………………....25 3.1. L’enseignant et l’élève……..…………………………………………………………..……………….25 3.1.1. Son rôle…………………………………………………………………………..………………...26 3.1.1.1. Le miroir positif………………..…………………………..………………….26 3.1.1.2. Le coach……………….………….…………………….….……………………….27 3.1.1.3. Quelques pièges à éviter…………………..……..…………………….27 3.1.2. Pistes d’intervention pour soutenir efficacement l’élève souffrant d’un TSDM..…….……………………………………..…………28 3.1.2.1. Placer/positionner………………….………..………………………………29 3.1.2.2. Outils/matériels……………………………………………………………...29 3.1.2.3. Technologie……………………………………………………………………….30 3.1.2.4. Gestion du temps…………………..…………………………………………30 3.1.2.5. Espérances à long terme…………….…………………………………..31 3.1.2.6. Aides………………………….……………………………………………………….31 3.1.2.7. Le trouble du regard…………………………….………………..………32 3.1.2.8. La dysgraphie…………………..………………………………………….……32 3.1.2.9. Approche cognitive : CO-OP……………………..…………………..33 3.1.2.10. Difficultés en maths………………………………..……………………34 3.1.2.11. Gestion des émotions……………….……………………………………36 3.2. Les parents et l’enfant………………………………………………………………………………...36 3.2.1. Leurs rôles………………………………………………………………..……………………..36 6 3.2.2. Pistes d’intervention pour accompagner efficacement son enfant « maladroit »……………………………………..38 3.2.2.1. Pour le repas…………………….…………………………………...…………38 3.2.2.2. Pour l’habillage……………………………………………………………..….38 3.2.2.3. A la maison………………………………………………………………….…….39 4. Pistes pour faciliter la vie………………………………………………………………………….………………40 4.1. Attentix………………………………………………………………….……………………………………….40 4.2. « Lancelot et le peuple du savoir »…………………………………….……………………..40 5. Conclusion………………………………………………………………………………………………….……………………41 Bibliographie ………………………………………………………………………………...……………………..……..…...43 Table des matières : figures…………………………………………………………………………….……………47 Annexes ……………………………………………………………………………………..……………………………………...48 Annexe 1 : ABCBOOM !...........................................................................................48 Annexe 2 : Apprendre une question de stratégie………...……………………………….49 Annexe 3 : Attentix………………………………………………………………..………..………………….50 Annexe 4 : Attentix……………………………………………………………….……………..……………..51 Annexe 6 : Développement moteur : motricité générale…………………..………….52 Annexe 7 : Développement moteur : motricité fine………………………………………53 Annexe 8 : Développement moteur : coordination oculo-manuelle……….…….54 Annexe 9 : Développement moteur : coordination oculo-manuelle (Suite)……54 Annexe 10 : Canchild de l’école maternelle à l’adolescence……………………..…56 7 1. Introduction 1.1. Approche du sujet « Mickaël a l’allure d’un professeur distrait. Il est un peu échevelé ; sa chemise sort de son pantalon, il oublie souvent de remonter ses fermetures éclair, son visage est barbouillé de nourriture et ses lacets sont détachés. Il est maladroit et il court de façon très étrange. Il s’intéresse aux sciences, à la science fiction et il aime lire. Il est toujours le dernier à sortir pour la récréation et il erre le long de la clôture la plupart du temps. Les autres enfants le taquinent, mais il ne semble pas vraiment le remarquer. Il aime discuter avec les enseignants, mais il ne semble pas interagir avec ses camarades de classe. Son enseignant doit souvent le réorienter vers la tâche qu’il est en train d’accomplir. Il travail très lentement et il doit souvent terminer ses travaux à la maison. Il fait des progrès scolaires, mais il semble manquer de motivation et d’enthousiasme face à l’apprentissage. » CanChild, Ressource à l’intention des éducateurs, annexe p.69 Derrière cette maladresse se cachent beaucoup de souffrances. Certains sont diagnostiqués dyspraxiques, d’autres TAC. D’autres n’ont pas la chance de l’être et subissent un véritable piétinement de leur estime de soi. Certains s’attirent les foudres de leurs enseignants : « Il écrit bien au début puis cela devient illisible. Il est paresseux ! » D’autres n’ont aucune vie sociale car ils sont encore plus maladroits dans leurs relations à l’autre qu’avec un ballon ou un ciseau. Comment vivre avec ce handicap caché, comment être reconnu comme élève différent avec cette particularité qui ne se voit pas et qui n’est pas toujours la même ? Comment conserver une estime de soi lorsque malgré des efforts importants, le résultat est médiocre ? 1.2. Définition des objectifs La méconnaissance de ces différents troubles rend le parcours scolaire de ce type d’enfants douloureux. Chez certains élèves, des troubles du comportement apparaissent à force de ne pas se sentir à la hauteur. La spirale de l’échec se met en marche. L’enseignant est plus occupé à éteindre le feu plutôt qu’à rechercher la source du problème : accepter sa différence et la reconnaître. 8 Certains parents témoignent qu’ils auraient parfois préféré que leur enfant ait une main en moins ou qu’il soit en chaise roulante plutôt qu’un tel trouble. Par ce travail, nous souhaitons attirer l’attention des personnes côtoyant ce type d’élèves, sur certains signes qui permettraient un dépistage plus rapide. Par les définitions théoriques, les enseignants auront la possibilité de comprendre les différentes nuances décrites dans les bilans. La partie empirique apportera des idées et des adaptations simples afin de rendre ce handicap caché moins lourd à porter. Les dénominations sont nombreuses pour définir « la maladresse ». En effet, Albaret et al. (2000, p.126) citent historiquement différents termes, qui seront détaillés dans le point 2.1. Nous définirons par la suite les différents termes associés aux «maladresses» utilisés dans les bilans des spécialistes : la dysfonction non verbale, le trouble de l’acquisition de la coordination et les différentes nuances apportées au terme de dyspraxie. Après chacune de ces définitions, nous évoquerons les caractéristiques de ces enfants. Dans la partie empirique, des propositions de pistes d’interventions seront proposées aux parents et surtout aux enseignants. Afin d’illustrer ces différents points, nous avons participé à des conférences sur le sujet et récupéré certains PDF présentés à cette occasion. Nous avons également rencontré des thérapeutes, des enseignants, plusieurs familles. La littérature proposée dans l’aide aux élèves en difficultés a également été utilisée pour donner des idées d’interventions adaptées aux enfants « maladroits ». Les recherches bibliographiques et sur internet, notamment sur le site CanChild conseillé par un neuro-pédiatre, le Dr Newmann du CHUV ont été riches en contenu. Un dépistage précoce permet de préparer les apprentissages qui prennent plus de temps, d’aménager simplement l’univers de l’élève et de préserver son estime de luimême. Nous espérons que ce travail permettra d’informer les différents intervenants afin de mieux comprendre ce handicap caché et donner quelques pistes pour intervenir dans le cadre scolaire. 9 Partie théorique 2. Approche des troubles spécifiques du développement moteur Durant nos différentes recherches théoriques et empiriques, plusieurs dénominations ont été utilisées pour parler du trouble moteur. Afin de limiter ce travail, nous avons décidé de présenter les plus couramment cités : la dysfonction non verbale, le trouble de l’acquisition de la coordination et la dyspraxie. Souvent ces deux derniers termes sont utilisés pour décrire l’un et l’autre. 2.1. Historique de la terminologie décrivant des troubles spécifiques du développement moteur Albaret (2000, p.126) énumère les différentes termes utilisés en citant diverses sources : débilité motrice (Dupré,1907), maladresse anormale (Orton, 1937), maladresse congénitale (Ford, 1960), dyspraxie de développement (Brain, 1961), apraxie de développement (Walton, 1962), maladresse de développement (Reuben et Bakwin, 1968), agnosie et apraxie de développement (Gubbay, 1975), dyspraxiesdysgnosies de développement (Lesny, 1980), enfants maladroits sur le plan physique (Wall, 1982), dysfonctionnement perceptivomoteur (Lazzlo, 1988), ou encore difficultés de mouvement (Sugden et Koegh, 1990). Le DSM-IV, APA en 1994, a attribué le nom de « trouble de l’acquisition de la coordination ». L’Organisation Mondial de la Santé (OMS) a retenu le terme de « trouble spécifique du développement moteur » en 1992. Nous l’avons donc utilisé pour le titre de ce travail de séminaire sous l’abréviation : TSDM. 10 2.2. Dysfonction non verbale 2.2.1. Définition d’une Dysfonction non verbale La dysfonction non verbale (DNV) est un dysfonctionnement peu connu mais qui peut être diagnostiqué chez des enfants maladroits avec leur corps et mais également dans ses relations sociales. Le trouble de la DNV a été étudié par plusieurs auteurs : Bénesteau (2007, p.1) décrit des dysfonctionnements de l’hémisphère cérébral droit par l’incapacité d’apprentissage non-verbal (NLD, Non verbal Learning Disorder). Breton et Léger (2007, p. 34) présentent ce syndrome de l’hémisphère mineur en décrivant un mauvais fonctionnement des perceptions visuelles de l’espace, de la mémoire visuelle et de l’interprétation des émotions. Vaivre-Douret, (2007, p.2) précise que les dysfonctionnements non verbaux font partie des troubles d’apprentissage scolaire associant : - des troubles de l’apprentissage des mathématiques ou une dyscalculie - des troubles perceptifs et moteurs (mauvaise discrimination tactile, incoordination manuelle, difficultés grapho-motrices ou dysgraphie, déficits visuo-spatiaux et visuoconstructifs, difficultés à manier les concepts temporels) - des troubles de l’attention et des fonctions exécutives - des difficultés socio- émotionnelles. Selon le DSM-IV et le CIM-10, les « troubles spécifiques des acquisitions scolaires », sont définis comme « un ensemble hétérogène de troubles causés par une dysfonction, détectée ou non, du système nerveux central, mais n’ayant pas pour origine un handicap visuel, auditif ou moteur, une arriération mentale, un trouble affectif ou un milieu défavorisé ». Ils peuvent cependant coexister avec l’un ou l’autre de ces problèmes et font partie d’un dysfonctionnement cérébral mineur. 11 2.2.2. Manifestation d’un DNV chez l’enfant Voici comment Bénesteau (2007, pp. 4-5) décrit ce dysfonctionnement : Chez le très jeune enfant nous retrouvons un manque dans l’exploration physique, visuelle et tactile des objets en préférant les perceptions auditivo-verbales par rapport à celles visuo-tactiles. L’apprentissage de la marche est peu performant. Le maniement des couverts, la toilette et l’habillage (boutons, lacets), sont souvent éprouvants. Ces enfants montreront de la difficulté et un manque d’intérêts pour le découpage, le collage, le dessin et le coloriage et pour les puzzles. Sur le plan scolaire, la prononciation, le vocabulaire et la compréhension verbale sont correctement développés. Si la lecture des mots isolés est satisfaisante, Bénesteau (2007, p.7) décrit des difficultés d’accès au sens des phrases. Le dessin restera toujours un acte difficile. Pour les mathématiques, compter sur les doigts est difficile. Des répétitions verbales amèneront des automatismes qui amélioreront la situation. Vers la fin du cycle primaire, une forme de dyscalculie spatiale apparaît. Les troubles mathématiques deviennent plus nets dans le cycle secondaire et au CO, notamment en géométrie. D’autres difficultés pratiques se dévoileront dans plusieurs domaines de la vie quotidienne : les quantités, la mécanique, l’orientation spatiale et la planification dans le temps. Dans l’enfance, l’apprentissage des jours de la semaine, des mois, des saisons, de la lecture de l’heure, est ardu ; plus tard, la restitution de la monnaie, la gestion d’un budget, l’estimation du temps qui s’écoule ainsi que l’évaluation des durées, l’organisation, la planification de l’emploi du temps et des rendez-vous, la lecture d’une carte et son orientation peuvent encore poser problème. En fait, pour Bénesteau (2007, p.8), ces enfants se singularisent surtout pour leurs difficultés dans les échanges sociaux et le langage. Breton et Léger (2007, p. 34) décrivent ces enfants comme ayant des difficultés dans leurs comportements sociaux, dans l’interprétation de leurs émotions et dans l’utilisation correct du langage non verbal de la communication. 12 Comprendre les émotions d’une autre personne, ses intentions, les sous-entendus, les métaphores, l’humour, leur est impossible (Bénesteau 2007, p.8). Les allusions, les taquineries sont impénétrables, quelle que soit par ailleurs leur intelligence verbale, ce qui provoque de nombreux malentendus et conflits. Une autre source de conflit ou de malentendu est décrite par Bénesteau (2007, p.8) et se situe dans l’interprétation des éléments tactiles : si une personne lui touche l’épaule, l’enfant s’écarte ; s’il lui serre la main, il regarde la main avec perplexité. L’enfant se rapproche exagérément, touche un inconnu, ne s’adapte ni au contexte social, ni aux réactions de l’autre personne. Ce dysfonctionnement, peu connu est source de nombreuses difficultés et souffrances sociales. 2.3. Trouble d’acquisition de la coordination 2.3.1. Définition d’un Trouble de l’Acquisition de la coordination. (TAC) Ces enfants « TAC » ont souvent une intelligence normale voire supérieure à la moyenne, mais ils ont de la peine à réaliser des tâches du quotidien. Ils sont très maladroits. Les étapes du développement sont en décalage avec la norme : marcher, ramper, s’asseoir, manger proprement. Ils sont bruyants, de nombreux objets tombent de leur bureau, le sport est difficile pour eux et l’écriture est médiocre. « L’enfant peut avoir des difficultés dans un domaine moteur bien ciblé (au niveau de l’écriture et de la motricité fine seulement...) ou bien dans plusieurs domaines moteurs (coordinations, équilibre, motricité fine...). » (Albaret, 2000, p.127). Il est difficile de poser un diagnostique de TAC fiable avant l’âge de 5 ans (Gueuze 2005, p.185). Jover et al (2010, p.850) décrivent le trouble de l’acquisition de la coordination comme une maladresse lors d’activité quotidienne qui demande une coordination particulière : l’écriture à la main, les activités sportives, … Ce qui est déroutant pour un enfant TAC et que Gueuze (2005, p.185) décrit, est que l’enfant peut échouer dans certaines tâches motrices et réussir dans d’autres. Il n’y a pas de groupes homogènes. 13 Il s’agirait d’un dysfonctionnement du cervelet qui contribuerait aux problèmes rencontrés par les enfants TAC (Gueuze 2005, p.194). Fig. 1. Implication du cervelet dans le mouvement (Purves et al, 1999, p.292) Le cervelet a pour fonction principale de corriger les erreurs de mouvement. Il assure la coordination des mouvements (Purves et al, 1999, p.292). Selon Marchal (sans date, p. 1) et Albaret (2005, p.2) (DSM-IV, 1994 ; DSM-IV-TR, 2000) plusieurs critères sont nécessaires pour définir un TAC : Si l’on tient compte de l’âge chronologique du sujet et de son niveau intellectuel, les performances dans les activités quotidiennes nécessitant une bonne coordination motrice sont nettement au-dessous du niveau escompté. L’enfant doit présenter une perturbation significative dans sa réussite scolaire ou les activités de la vie courante. La manifestation de ces troubles ne sont pas due à une « paralysie cérébrale » (Infirmité Motrice Cérébrale), ni à un trouble psychopathologique, ni corrélé au retard mental, s’il existe. 14 Il n’y a pas non plus d’affection médicale générale et cette perturbation ne répond pas aux critères d’un trouble envahissant du développement. « Il est précisé que des signes d’immaturité du développement neurologique sont souvent associés (sans que leur nature soit précisée) » (Marchal, sans date, p.1). Selon plusieurs auteurs dont Albaret (2000, p. 126), la fréquence du TAC est de 5% à 10% de la population. Les différents facteurs étiologiques sont : - Un trouble du développement cérébral - Des facteurs héréditaires - L’absence de stimulation et limitation des occasions d’apprentissages - Motivation de l’enfant - La prématurité -> troubles visuo-constructifs - Les facteurs pré-, péri ou néonataux : anomalies cérébrales et anomalie EEG Fig. 2. Système de planification des actions (Missiuna, 2003a, p. 3) Processus 1 : difficulté à interpréter et à intégrer l’information sensorielle Processus 2 : difficulté à choisir le type d’action motrice appropriée dans cette situation. Afin de pouvoir choisir une action, l’enfant doit considérer le contexte dans lequel l’action se produit. Processus 3 : difficulté à se former un plan d’action en suivant la bonne séquence. L’enfant doit organiser les exigences motrices de la tâche selon une séquence de commandes indiquant aux muscles la façon d’exécuter l’action demandée 15 Processus 4 : difficulté à capter et traiter cette information ou à modifier les messages afin d’orienter ou de contrôler le mouvement pendant qu’il se produit. La conséquence de tous ces problèmes est la même : l’enfant semble maladroit et gauche et il a de la difficulté à apprendre et à exécuter de nouvelles tâches motrices. Albaret (2005, p. 3) propose un modèle bio-psycho-social : • Biologiques : – Facteurs héréditaires – Facteurs pré, péri- ou néonataux – Signes doux – Anomalies cérébrales non spécifiques (EEG, Scanner) • Psychologiques : – Motivation de l'enfant • Sociaux : – Absence de stimulation – Limitation des occasions d'apprentissage Le tableau ci-dessous présente les troubles associés à un TAC : Fig. 3. Les comorbidités (Albaret, 2005, p.4) 16 2.3.2. Manifestation d’un Trouble de l’acquisition de la coordination chez l’enfant Albaret (2005, p.4) décrit le TAC selon les points suivants : • Contrôle postural – Hypo ou hypertonie (raideur, posture avachie) – Immaturité (crispation des doigts à l’écriture) – Équilibre statique (unipodal) – Équilibre dynamique (saut cloche-pieds) • Coordination sensori-motrice – Lenteur, imprécision, manque de fluidité, variabilité dans différentes tâches : locomotion, danse, écriture, laçage de chaussures • Apprentissages moteurs – Nouveauté (vélo) – Anticipation (attraper une balle) – Adaptation aux changements (marche surface non familière) – Automatisation du mouvement (double tâche) Missiunia (2003a, p.5) précise quelques caractéristiques associées aux émotions et aux comportements : 1. Manque d’intérêt pour certaines activités ou l’enfant les évite, en particulier celles qui exigent une réponse physique. En cause : l’effort exigeant et difficile pour réaliser des tâches motrices ainsi que les échecs répétés 2. Faible tolérance à la frustration, une pauvre estime de soi et un manque de motivation à cause de la difficulté dans tous les aspects de sa vie. 3. Éviter de se socialiser avec ses pairs, en particulier au terrain de jeux. Certains joueront avec de plus jeunes enfants, alors que d’autres préfèreront rester seuls. 4. Insatisfait de son rendement 17 5. Résistance aux changements dans sa routine ou son environnement car il fournit beaucoup d’efforts pour planifier une tâche, même un changement mineur peut constituer un problème majeur pour lui. Missiuna (fév. 2006 b, p.2) insiste sur le fait que le plus difficile à vivre n’est pas seulement le TAC mais plutôt la détresse ressentie par ces enfants tout au long d’une journée afin de maîtriser des gestes simples, soit à cause d’un bouton qui leur résiste ou d’une tartine difficile à beurrer. 2.4. Dyspraxie 2.4.1. Définition d’une dyspraxie Pour Marchal, (sans date, p.1) la dyspraxie se définit comme un trouble spécifique des apprentissages paradoxal car il s’agit d’un trouble cognitif mais qui s’exprime dans la motricité fine, le geste, la maîtrise corporelle. Alors qu’il n’y a aucune paralysie ou faiblesse de la main, il s’agit de symptômes avant tout « moteurs » qui retentissent sur des apprentissages scolaires, comme le graphisme, l’écriture et la géométrie. Mazeau (2009, p. 38) définit la dyspraxie par : « - Une impossibilité neurologique d’automatiser certains gestes - Un déficit de tous les traitements spatiaux : ego ou allo centrés, corporel ou extracorporel - Générant un effet permanent de « double-tâche » - Un handicap» Albaret, (2005, p.1) complète cette définition par : - Incoordination motrice - Lenteur - Dyspraxies gestuelles (idéomotrice, idéatoire) - Dyspraxie visuo-constructive - Signes doux (troubles du tonus, équilibre et difficultés de perception du toucher) - Différence significative : QIV > QIP 18 « Un enfant dyspraxique ne peut pas inscrire cérébralement certaines praxies correspondant à certains gestes, en dépit d’un apprentissage habituel. Il est inutile donc de poursuivre l’entrainement de ces gestes par les voies habituelles » (Mazeau, 2009, p.39). La dyspraxie survient aussi bien chez des enfants sans aucun antécédent neurologique connu (on parlera alors de dyspraxie développementale) que chez des anciens prématurés ou IMC ( Mazeau, sans date, p.1). Mazeau (2009, p. 4) considère la dyspraxie comme un trouble de l’apprentissage gestuel. « Le Geste = ensemble de mouvements coordonnés dans le temps et l’espace en vue de la réalisation d’une action volontaire ». La figure 4 schématise la relation de cette action volontaire. Fig. 4. Modèle cognitif de la motricité (Albaret, 2005, p. 4) Comme pour le TAC, le diagnostic d’une dyspraxie est posé en l’absence : - de déficience mentale ou de trouble psychiatrique 19 - de trouble neuro-moteur, neuro-sensoriel, neuro-musculaire alors que l’enfant a été soumis à un apprentissage habituel. Breton et Léger (2007, pp. 23 -26) émettent quelques nuances dans la définition de la dyspraxie. Le mouvement est comme une succession et une programmation d’actes moteurs dans le temps et dans l’espace. La praxie est le but de ce mouvement. On parle d’apraxie idéatoire lors de difficultés pour la toilette ou le repas et de apraxies idéo-motrices lors de difficultés à mimer des gestes symboliques ou conventionnels. L’apraxie d’habillage est l’impossibilité à mettre ses vêtements dans l’ordre et en avoir une mauvaise utilisation. Si l’enfant peine à assembler et à ordonner des éléments pour reproduire une construction ou un dessin, il s’agit d’une apraxie de construction. Si l'articulation, la mastication, la déglutition est difficile, il s’agit d’une apraxie buccofaciale. L’enfant est incapable de tirer la langue, gonfler les joues ou souffler. Lors de troubles de l'organisation du regard, des difficultés d'organisation spatiale il s’agit alors d’apraxie visuo-spatiale (AVS). Borel Maisonny (1998, p.42 à 44) a identifié une défaillance de réseaux de neurones. Elle parle de troubles de la pré-programmation des gestes volontaires. Cela se traduit par une maladresse gestuelle d’intensité variable. La dyspraxie constructive concerne tous les gestes où sont requises des compétences d’assemblage entre éléments de base (cubes, puzzles…) La dysgraphie dyspraxique est un retard graphique. Les dessins sont pauvres, pourtant le discours de l’enfant correspond bien aux intérêts de son âge. La réalisation des figures apparaît avec beaucoup de retard. L’écriture manuelle est très malhabile, difficilement identifiable. Il ne s’agit nullement d’un retard dans l’accès conceptuel au langage écrit, mais uniquement d’un trouble instrumental de réalisation graphique de l’enchaînement des lettres et d’organisation dans l’espace de la page. 20 2.4.2 Manifestation de la dyspraxie chez l’enfant Mazeau (sans date, p.1) rapporte qu’en cas de dyspraxie, les voies practognosiques sont déficientes. C’est l’absence de planification globale par une succession de mouvements séquentiels, la mise en œuvre de stratégies volontaires, contrôlées consciemment, qui rendront l’enfant lent, malhabile, fournissant un travail disharmonieux, et cognitivement très coûteux. Mazeau (sans date, p.3) dresse les difficultés chronologiques rencontrées durant la scolarité d’un enfant dyspraxique. Dès la maternelle, l'enseignant va s'inquiéter d'un retard graphique qui pourra quelquefois être "toléré" assez longtemps, ne posant problème qu'à partir du CE1. Il se décrit par : - une grande pauvreté des dessins spontanés, malgré des commentaires tout à fait adaptés à l'âge et aux intérêts de l'enfant - la non-réalisation de figures attendues à certains âges : le rond, la croix, le bonhomme-têtard, le carré, etc ... - une difficulté grandissante pour le tracé des lettres. Ce retard graphique s'accompagne d'une grande maladresse gestuelle dans tous les actes de la vie quotidienne : - tout ce que l'enfant touche tombe, se casse, s'emmêle, s'embrouille, se chiffonne, se tache. - difficulté à coller, à découper, placer des gommettes ; - il ne peut souligner ni entourer, sans raturer, biffer, gribouiller. Par contre, il est très à l'aise dans les activités verbales. A partir du CP/CE1, la dysgraphie va être plus présente, du fait des exigences scolaires grandissantes, et non du fait de l'aggravation de la pathologie, qui elle, est stable. Cette dysgraphie dyspraxique est une réelle pathologie instrumentale de la réalisation graphique de l'enchaînement gestuel des lettres. L’élève privilégiera les lettres " non-attachées ", souvent difficilement identifiables, s'y ajoutent des lettres oubliées, des lettres en miroir, une mise en 21 page désastreuse. La relecture est compromise, faisant le lit d'une dysorthographie secondaire. Enfin, au CM, la dyscalculie sous forme d'une dyscalculie spatiale, prendra le devant du tableau. A ce stade, dysgraphie et dyscalculie peuvent motiver des redoublements. Cette pathologie cognitive va finalement se traduire par un échec scolaire global, souvent incompris et vécu très douloureusement par l'enfant et sa famille. Mazeau (sans date p.4) associe également le terme de dyspraxie visuo-spatiale : troubles neuro-visuels et troubles de la structuration spatiale. « Cette association doit être suspectée chez tout enfant porteur d'un strabisme alternant précoce, surtout s'il s'agit d'un ancien prématuré. Il s'agit essentiellement de troubles du regard, de troubles oculomoteurs, sous la forme d'un trouble de la poursuite oculaire et du calibrage des saccades [ N.B. L'examen ophtalmologique, hormis d'éventuels et banals troubles de réfraction, est pratiquement toujours normal]. » Le canal visuel de ces enfants est inefficace : - Les yeux de l'enfant errent sans balayage ordonné ni systématique. - Les yeux se déplacent par des mouvements aléatoires et les stimuli sont perçus au hasard. - Pour s'organiser dans l'espace ou sur une feuille : mise en page défectueuse, cahiers sales et brouillons, difficultés pour les tableaux à double entrées, la géométrie, le dessin, certaines activités manuelles, la géographie, etc. « Ceci est souvent interprété, à tort, comme un manque d'application de l'enfant, voire une provocation ou un refus scolaire, interprétation qui déroute l'enfant et induit son découragement. » - dans les activités de dénombrement. Certains éléments seront vus et comptés plusieurs fois, alors que d'autres seront oubliés au gré des saccades oculaires aléatoires explorant la collection à dénombrer. «Lorsque la succession des mouvements oculaires est surchargée de mouvements parasites, l'enfant se perd alors dans le texte, ne sait plus où il en 22 est, ne peut mener à bien une recherche précise. Il donne l'impression qu'il ne comprend pas ce qu'il lit. En fait, cet enfant n'a aucun problème particulier de compréhension en lecture, mais sa prise d'information, pour des raisons instrumentales (et non " intellectuelles "), est défaillante» (Mazeau, sans date, p. 5) Ce problème ajouté à une dysgraphie va conduire l’élève à une dysorthographie. Ces enfants vont donc apprendre à lire, mais ils seront lents et soumis à une fatigabilité intense. Ils auront des difficultés de recherche précise dans un texte. Cette dysorthographie va se constituer et enfoncer cet enfant progressivement dans un échec scolaire de plus en plus global. On parlera souvent de paresse, de manque de motivation, de troubles psychologiques, de déficit socioculturel. 2.5. Synthèse théorique La DNV, le TAC et la dyspraxie ont en commun le manque d’intérêt et de performances pour toutes les tâches motrices de la vie courante. Selon de Castelnau & Chignac (sans date p.1), le TAC et la dyspraxie sont étroitement liés : « La dyspraxie est un sous-groupe du Trouble d’Acquisition de la Coordination qui associe en plus des déficits purement moteurs, des troubles des praxies idéomotrices, de l’habillage ou bien visuo-constructifs. » Fig. 5. Troubles développementaux (Albaret, 2005, p.3). 23 Marchal (sans date p.1et 2) rejoint de Castelnau et Chignac : « Les définitions de l’OMS et du DSM IV assimilent TAC et dyspraxie. » Une autre approche des troubles de la motricité et du geste (Leroy-Malherbe, Mazeau) propose d’envisager trois niveaux de motricité. » Le premier concerne le redressement et la posture contre la pesanteur, la station debout et la marche. Il correspond aux troubles de la posture et du mouvement rencontrés chez l’infirme moteur cérébral après lésion cérébrale précoce. Le second, correspondrait aux acquisitions des diverses coordinations, sans apprentissage explicite (courir, sauter, attraper une balle...) observé chez les enfants présentant un TAC. Le troisième niveau relève d’un apprentissage explicite et systématisé, finalisé vers un objectif très lié au contexte culturel (écrire, jouer d’un instrument, utiliser des couverts ou des baguettes, s’habiller, manier un outil...). Il représente celui des enfants présentant une dyspraxie. A contrario Albaret (2005, p.1) précise que le terme retenu par la conférence de consensus en 1994 à Londres (Ontario) est le trouble de l'acquisition de la coordination (DSM III-R, 1987). La figure ci-dessous synthétise les différences entre TAC et dyspraxie. Fig. 6. Incapacité d’apprentissage moteur (Albaret, 2005, p.2). 24 Partie empirique 3. Pistes d’intervention en milieu scolaire et familial Afin de simplifier la partie empirique, nous n’avons pas différencié les prises en charges selon les différents diagnostiques. En effet, « il est illusoire et dangereux de prescrire des « recettes » qui seraient efficaces dans «la dyspraxie». Il n’y a pas «une» dyspraxie mais des enfants dyspraxiques aux difficultés et compétences différentes (Marchal, sans date, p .3). Chaque trouble spécifique du développement moteur a, comme son nom l’indique, sa « spécificité ». Dans la prise en charge, divers essais, tâtonnements et autres inventions permettront de trouver les aides idéales. Il est nécessaire d’avoir une boîte à outils assez fournie. Nous espérons ne pas décourager les intervenants devant les nombreuses indications « à éviter ». Dans cette partie empirique, nous souhaitons faciliter la vie des enfants et selon leurs remarques ajuster la forme du travail. 3.1. L’enseignant et l’élève « Avant de dire qu’un élève est en difficulté, on devrait pouvoir préciser de quelle difficulté il s’agit…L’école crée l’échec autant qu’elle le décrit » (Astolfi, 2008, p.81) Le diagnostic, est, en soi, un élément capital, pour éclairer le comportement scolaire de l'enfant. Une fois le diagnostic affirmé, des aménagements pédagogiques spécifiques et efficaces pourront être mis en place (Mazeau, sans date, p.5). S’ils n’ont pas été reconnus, les enfants atteints de TSDM peuvent subir un échec et la frustration, être perçus comme paresseux ou démotivés. Des complications secondaires peuvent se développer telles que des difficultés d'apprentissage, affectives, sociales et des problèmes de comportement. (Missiuna, 2003b, p.1) Dans le cas d’une dyspraxie, Mazeau propose la rééducation du regard par un orthoptiste formé à la rééducation de troubles neurologiques et la rééducation de la dyspraxie confiée à un ergothérapeute. 25 Fig.7. Spirale des troubles de l’apprentissage ( Revol , 2007, p.10) Revol utilise ce tableau pour décrire l’engrenage de l’échec scolaire lors de ses conférences. 3.1.1. Son rôle 3.1.1.1. Le miroir positif Missiunia (2003a, p10) insiste sur l’importance des commentaires positifs et encourageants. Lors de consignes à la gymnastique ou au bricolage, par exemple, il faut décrire précisément les étapes du mouvement. Castelnau et Chignac (sans date, p.2) conseillent de donner beaucoup d’encouragements à l’enfant lorsqu’il essaie une activité nouvelle et de le rassurer lorsqu’il est en difficulté. Il est important pour Vaivre-Douret (2007, p.9) d’informer l’enseignant afin qu’il soit plus tolérant et qu’il entreprenne des aménagements (aide individuelle). La mise en place d’une ou plusieurs prises en charges spécifiques (pluridisciplinaires) devrait être favorisée. 26 3.1.1.2. Le coach En ce qui concerne les activités physiques ou centrées sur l’acquisition d’habiletés, Missiunia (2003a, p10) conseille d’encourager les enfants à se lancer des défis personnels plutôt que de les mettre en concurrence avec les autres. Missiunia (2003a, p.8) met en garde que pour permettre à l’élève et son enseignant de continuer à être motiver, il faut fixer des objectifs réalisables à court terme. Missiunia (2003a, p.9) précise qu’il est bon de se concentrer sur le but de la leçon. Écrire une histoire créative, ne nécessite pas une écriture parfaite. Si l’objectif est que l’enfant apprenne à organiser correctement un problème de mathématique, l’enseignant devra lui accorder du temps pour le faire, même s’il ne parvient pas à résoudre le problème. D’autres modes de présentation par lesquels les enfants peuvent montrer qu’ils ont compris un sujet sont possibles : présenter oralement, par des dessins, à l’ordinateur, enregistrer sur un magnétophone. 3.1.1.3. Quelques pièges à éviter Marchal (sans date, p.4) met en garde : une fois que le diagnostic posé, ne pas : - « courir » après l’acquisition de certaines compétences, comme l’écriture. L’enfant n’atteindra jamais l’automatisation, la « liberté » attentionnelle qui en découle et la rapidité « naturelle » des autres élèves. Un tel apprentissage nécessite beaucoup d’efforts, d’énergie et de temps. - croire qu’attribuer un ordinateur (ou toute autre aide technique) à un enfant dyspraxique résoudra les problèmes de lenteur de prise de note. Une guidance de l’apprentissage et de l’utilisation de l’ordinateur en fonction des contraintes scolaires et des souhaits de l’élève sont à mettre en place. - figer les conclusions diagnostiques et les propositions de rééducation et d’adaptation. Il s’agira de remettre régulièrement en cause les hypothèses diagnostiques et thérapeutiques en fonction des observations des thérapeutes, des enseignants, de la famille et de l’enfant. 27 3.1.2. Pistes d’intervention pour soutenir efficacement l’élève souffrant d’un trouble spécifique du développement moteur (TSDM) : Vaivre-Douret (2007, p.8) insiste sur l’importance de : - lire un texte avec son doigt ou avec une règle, - apprendre sous forme de comptines par le canal auditivo-verbal les séquences d’une action, par exemple les étapes à suivre pour faire son cartable, la structuration graphique chronologique pour reproduire un modèle, etc.) - apprendre à l’enfant à organiser un découpage séquentiel de l’action par une prise de conscience mentale en formant des images mentales (par des évocations visuelles, auditives ou verbales) et par une auto-verbalisation des étapes successives à réaliser ou à vérifier avant de s’engager dans la tâche ou dans l’acte à effectuer. C’est une sorte de pré-programmation qui permet de suppléer un déficit de représentation spatiale. - favoriser systématiquement la verbalisation intérieure et la représentation mentale lors d’une tâche à réaliser. Borel Maisonny (1998, p. 46) conseille de limiter les exercices écrits, favorisant les apprentissages oraux et le contrôle verbal des connaissances et de renoncer à la copie. Cela ne leur apprend rien et désorganise les savoirs en construction. Les typographies attrayantes denses, les « exercices à trous », les trajectoires sinueuses pour relier plusieurs séries d’items, les présentations de mots ou chiffres «en vrac », la recherche d’informations dispersées sur les murs de la classe ou sur la page, etc. sont à éviter. Devant toute difficulté inattendue de l’enfant, on s’interrogera si la cause n’est pas la présentation. On cherchera à savoir si l’enfant n’améliorera pas ses performances, si le travail est fait oralement, ou par une présentation modifiée. Une grande aide est apportée à ces enfants en renonçant au modèle, à la copie, au concret, au figuratif, à la manipulation, à l’expérimentation manuelle dans toutes les activités. Au contraire, il faut développer leurs représentations verbales, propositionnelles, formelles. 28 Un travail d’équipe peut laisser espérer quelques succès dans la lutte contre ces échecs scolaires indus, pourtant quasi-certains à moyen et long terme. Le diagnostic, la rééducation et la prise en compte de ce trouble dans les propositions pédagogiques sont la condition indispensable d’une réelle intégration scolaire. Plus concrètement, Pollock, N. & Missiuna, C. (2007, p. 2 à 4) proposent quelques aménagements : 3.1.2.1. Placer/positionner - Placer l’élève de préférence près du professeur - Pour stabiliser au maximum la position de l’élève ajuster la chaise et/ou la hauteur de bureau - Placer un coussin mou ou bouée sur la chaise - Placer une natte antidérapante sur la chaise - Permettre à l'enfant de se mettre à genoux sur une chaise en travaillant à une table - Donner des occasions de se lever pour des pauses de mouvement - Assigner le casier de rangement dans un bord ou un coin de la rangée - Avoir des casiers de rangements avec des étiquettes - Avoir une place ou un banc disponible pour s'habiller. - « Des parents interrogés, ont utilisé de la doublure transparente afin de retrouver plus rapidement le livre recherché. » (Propres remarques) 3.1.2.2. Outils/matériels - Essayer des types différents de feuille avec des marges mises en évidence ou des lignes de couleur, du papier millimétré pour aligner des nombres et des lettres - écrire sur des lignes alternées - Varier les outils d’écriture, guides sur les crayons - Utiliser un simple classeur pour tenir des papiers - Utiliser une trousse avec trois trous, l’inclure dans le classeur, et y mettre des outils de base - Fournir un jeu supplémentaire de manuels que l'enfant puisse garder à la maison. 29 3.1.2.3. Technologie - Utiliser un ordinateur ou un traitement de textes lors des travaux écrits - Apprendre à utiliser l’outil de correction orthographique, le clipart pour les titres - Fournir un logiciel pour la prise de notes, la relecture, la reconnaissance de la parole et l’organisation graphique - Utiliser un dictaphone plutôt qu'imprimer ou taper « Pour certains enfants, l’ergothérapeute a utilisé le logiciel « taptouche » pour exercer la dactylographie, environ 2 ans avant l’introduction de l’ordinateur en classe. » (Aurélie Gaillard, ergothérapeute, entretien) Pouhet (sans date, p. 2 et 3) définit trois critères pour décider de l’utilisation de l’ordinateur en classe : la lisibilité, la vitesse d’écriture, le coût cognitif et les performances orthographiques. Chez un enfant présentant une dysgraphie, le coût cognitif de l’écriture manuelle est gravement sous- estimé. « Un dépistage précoce permettrait de mettre en place l’apprentissage anticipé de l’ordinateur, … , pendant que le rythme scolaire le lui permettrait. » 3.1.2.4. Gestion du Temps - Fournir du temps supplémentaire pour achever des travaux d'écriture ou des tests - Passer en revue le déroulement et - ou prévoir le travail pour diminuer la fatigue - Donner la possibilité de se changer pendant les rangements du matériel de gymnastique ou permettre de porter les mêmes vêtements de sport que pendant la journée. « Apprendre une question de stratégie » est un outil qui propose divers supports aux enfants ayant de la difficulté à gérer le temps dans la planification et l’organisation. Voir le chapitre 5 de Gagné & al (2009, p.102 à 141) ex en annexe 2. Plusieurs thérapeutes et enseignants ont recours au timetimer. Il permet de rendre l’élève acteur dans son activité. Il prévoit le temps qu’il pense devoir mettre pour terminer son travail. Le timetimer, contrairement à une minuterie permet de visualiser le temps restant. 30 3.1.2.5. Espérances à long terme - Négocier le niveau de netteté exigée dans les cahiers - Utiliser un tampon pour la date et gagner du temps pour se mettre au travail - Réduire le nombre total de questions, en choisissant la gamme de difficulté - Accepter que les parents écrivent les devoirs - Tester oralement - Accepter des réponses sous forme de listes de points et non des textes rédigés - Dès que possible utiliser des exercices à compléter. (= écrire seulement ce qui correspond à l’objectif visé) - Accepter des méthodes d'évaluation différenciée 3.1.2.6. Aides - Utiliser un plan pour l'ordre du jour et pour les devoirs à rendre - Envoyer les devoirs par courrier électronique à l'enfant - Désigner un secrétaire, un copain/pair d'écriture, copier des notes en utilisant le carbone - Photocopier les notes pour l'enfant - Détailler étape par étape les nouvelles compétences en gymnastique - Démontrer visuellement, donner des consignes verbales et un retour d'information spécifique - Fournir au parent/étudiant des objectifs étudiés à l’avance pour permettre un « preteaching » Pour Mazeau (2009, p.42) il est souhaitable de : - Faciliter les activités orales - Éviter les double-tâches - Adapter les supports pédagogiques : repérer les domaines spatiaux et les «transcoder » en séquentiel verbal (technologie, géographie, maths, biologie, physique/chimie, etc. - Accepter la calculette - Utiliser l’ordinateur et des logiciels spécialisés 31 Borel Maisonny (1998, p.43,44) insiste également sur cet outil. « L’apprentissage du clavier n’entrave nullement les progrès en graphisme manuel, dont la rééducation doit se poursuivre conjointement. » . 3.1.2.7. Le trouble du regard Pour les élèves qui souffriraient de troubles du regard, la structuration de l’espace à 2 dimensions (page, feuille, tableau, écran) est difficile. En effet, les mouvements oculomoteurs sont des indices irremplaçables pour situer les éléments les uns par rapport aux autres. « Ces troubles vont se traduire par une incapacité à s’organiser sur l’espace-feuille (mise en page très défectueuse, cahiers « brouillons ») mais aussi un échec à toutes les activités très chargées en facteur spatial telles les tableaux à double entrée, la géométrie, le dessin, certaines activités manuelles, la géographie, etc. » Borel Maisonny (1998, p.38-39) Les implications de ce trouble dans le repérage d’une suite ordonnée et dans les activités de dénombrement sont particulièrement péjoratives (des éléments seront comptés plusieurs fois, d’autres seront oubliés, au gré des saccades oculaires aléatoires explorant la collection). 3.1.2.8. La dysgraphie : Pour Mazeau (2009, p.14), la dysgraphie compromet gravement l’ensemble de la scolarité du fait de : - La lenteur - L’effet « double tâche » : plus l’enfant écrit, moins il comprend, moins il apprend - Les écrits produits ne peuvent lui servir à réviser ni apprendre. Il est donc urgent de « dispenser » l’enfant du graphisme manuel - de proposer un palliatif fonctionnel Pour Mazeau (2009, p.17) le plus gros problème « n’est PAS que l’enfant écrive «mal» … - C’est qu’il ne peut pas se relire 32 - C’est que son écriture manuelle ne sera pas automatisée : elle nécessitera toujours un contrôle attentionnel massif, aux dépens des tâches « de haut niveau » - C’est la lenteur (documents incomplets) - C’est l’aspect sale et brouillon (documents inutilisables) » Il existe différentes méthodes d’apprentissage de l’écriture : nous avons testé la méthode ABCBOOM qui fonctionne bien. Elle a été créée par deux ergothérapeutes canadiennes : Natasha Rouleau et Josée Leblanc. Elle est tout à fait adaptée aux enfants en difficulté motrice. C’est une méthode d’enseignement multi-sensorielle de la calligraphie créée pour les enfants dans leurs toutes premières années scolaires. Cette méthode est enseignée à partir d’activités kinesthésiques et des sens du mouvement, du toucher et de la vision. « ABC Boom! » assure une base solide pour la calligraphie et favorise l’automatisation des habiletés motrices qui aident à prévenir les inversions, améliore la direction des lettres et la vitesse d’écriture. L’approche « ABC Boom! » débute par le jeu pour atteindre une instruction plus systématique de la calligraphie dans les années suivantes. L’annexe1 présente un aide-mémoire pour le tracé de lettre. Une formation est nécessaire pour pouvoir utiliser ce matériel de manière efficace. 3.1.2.9. Approche cognitive Le plan d’approche cognitive CO-OP (Cognitive Orientation to daily Occupational Performance – Polatajko et al., 2001) est une approche possible lorsqu’un élève TAC rencontre des difficultés pour réaliser une tâche. C’est la méthode la plus prometteuse et la plus abouties sur le plan méthodologique selon Albaret (2005, p.8). CO-OP se présente sous la forme suivante : 1) déterminer avec l’enfant l’objectif poursuivi et le lui rappeler 2) déterminer la stratégie qu’il entend utiliser 3) exécuter la stratégie en question 4) faire le point sur l’efficacité de la stratégie 33 3.1.2.10. Les difficultés en maths Selon Borel Maisonny (1998, p. 45,46), dans le cadre de la rééducation logicomathématique, les enfants souffrant de dyspraxie visuo-spatiale n’ont pas de problèmes pour accéder aux notions logico-mathématiques. Ils sont mis en difficultés : - par les aspects spatiaux de la numération arabe, par la nécessité d’aligner unités, dizaines, centaines - par leurs difficultés de repérage visuel (dénombrements, mises en relations de collections en terme à terme, sériations, tableaux à double entrée) - par leurs difficultés praxiques. C’est pourquoi, contrairement à ce qui est habituellement proposé dans la rééducation des autres types de dyscalculies, le recours au concret, à l’expérimentation manuelle, à la représentation figurative, à la réalisation graphique, est contre-indiqué, car il aggrave leur confusion. « La coordination bi-manuelle nécessaire à l’utilisation correcte de la règle met en effet en grande difficulté les enfants souffrant de handicaps moteurs ainsi que ceux atteints de dyspraxie » Selon la fig. 8 Crouail (2008, p.66, 67) a proposé à ses élèves de baptiser leur équerre. (Ex : W = angle droit) Fig. 8. Équerre Fig.9. Calcul angle 34 Pour le calcul de l’angle, Crouail (2008, p. 100) colore l’espace à mesurer. Il utilise le compas pour fixer le rapporteur au sommet. La verbalisation est utilisée à chaque étape de la mesure. Fig. 9. Fig. 10. Symétrie Dans la fig. 10, Crouail (2008, p.111) utilise également les couleurs pour visualiser les points à associer et pour réaliser une symétrie. Dans son ouvrage, cet auteur propose de nombreuses trouvailles pour faciliter l’apprentissage du côté spatio-visuel des mathématiques qui posent problème. Voici en numération ce qu’il propose afin de remédier aux aspects spatiaux de la numération arabe et des opérations en colonne (Crouail, 2008, pp.23-47) : Fig. 11. Code à virgule Fig. 12. Addition en colonne 35 Fig. 13. Multiplication en colonne a. Fig. 14. Multiplication en colonne b. 3.1.2.11. Gestion des émotions Afin d’aider les enfants DNV, entre autre, ils existent un moyen créé par plusieurs auteurs canadiens qui proposent diverses activités pour réguler ses émotions. (Gagné & al, 2009, pp. 161-187) Bonner-Burgener & al (2007, p.64) proposent des jeux de rôle pour améliorer son estime de soi souvent mise à mal lors de TSDM. « L’estime de soi implique le fait de ne pas avoir besoin d’être valorisé à tout prix par les autres pour prendre conscience de sa valeur et de ses capacités. » Ces auteurs proposent également des métaphores et autres pistes pour désamorcer un comportement problématique souvent observé lorsque l’enfant n’est pas reconnu dans sa différence. 3.2. Les parents et l’enfant 3.2.1. Leurs rôles Dans une étude décrite par Missiuna (2006, p.10), les parents se rendent compte très tôt que quelque chose est différent chez leur enfant. Ils ont dû se battre pour pouvoir identifier le problème. Est-ce une différence de personne ou une difficulté réelle ? Le doute est récurent chez tous les parents faisant partie de cette étude. 36 Lareng-Armitage (2005, p.4) souligne que souvent les jeunes patients sont catalogués : « manque de motivation, fait preuve de mauvaise volonté, obstinément maladroits ou d’une intelligence insuffisante ». Cette stigmatisation défavorable amène anxiété, tensions familiales, mauvaise image de soi. Pour Marchal (sans date, p.2), énoncer un diagnostic de dyspraxie, trouble spécifique des apprentissages, modifie le regard porté sur l’enfant : - Regard porté par l’enfant lui-même qui jusqu’alors ne comprenait pas la cause de ses échecs répétés malgré ses efforts ; les explications fournies, adaptées à l’âge, sont souvent un premier pas vers une reprise de confiance en soi, une revalorisation de l’estime de soi. - Regard porté par sa famille qui se sent plus éclairée pour adapter exigences éducatives et aides spécifiques. - Regard porté par la communauté scolaire pour qui l’enfant apparaissait paresseux ou opposant. Le caractère « spécifique » du trouble s’oppose clairement au diagnostic de déficience mentale ou de retard global de développement et chacun est donc plus attentif aux compétences préservées. Lareng-Armitage (2005, p.5) indique que l’on peut envisager la présentation orale des contrôles et exercices, l’utilisation de calculatrices, voire l’emploi d’ordinateurs pour les compositions et les devoirs (comme c’est déjà le cas pour d’autres troubles). C’est l’entrée à l’école qui confirmera les soupçons d’une difficulté réelle. Non reconnu dans leur particularité, certains développent une phobie scolaire, des maux de ventre ou autre marque d’anxiété (Missiuna, 2006b, p.11). Un autre point abordé dans cette étude démontre le parcours du combattant par lequel doivent passer les parents pour diagnostiquer un trouble moteur. Par exemple, certains pédiatres sourient en disant : « oh ils sont tous différents ». Certains enfants sont, par erreur, diagnostiqués Tadah (Missiuna, 2006, p.12) D’autres parents parlent de la longue attente pour une prise en charge. La gestion du regard de la famille et des autres parents est souvent évoquée. Le dilemme des parents est de savoir s’il faut répondre à ses besoins, le faire à sa place ou favoriser son indépendance (Missiuna, 2006, p. 13). 37 Dire ou ne pas dire le diagnostic ? Certains enseignants pensent à un diagnostic bidon pour des parents trop anxieux. Ils imaginent que ceux-ci cherchent des excuses à leur enfant. Béliveau (2000,2004, pp. 23 -71) insiste sur l’importance d’établir un climat propice entre l’école et la famille. Faire confiance à l’établissement scolaire et au potentiel d’adaptation de son enfant sont les plus grands services que les parents peuvent rendre. Il est préférable d’aider l’enfant à assumer sa différence et les conséquences de ses actes plutôt que de le surprotéger. Un monde pour les « dys » ou les TAC n’existe pas. Apprendre qu’il devra vivre avec sera une grande avancée dans son parcours. Mazeau (sans date, p. 6) conseille une orientation, si la scolarité le permet, vers les matières littéraires, les langues, le droit. 3.2.2. Pistes d’intervention pour soutenir efficacement son enfant « maladroit » « Dyspraquoi » est une association romande pour les enfants dyspraxiques. Sur son site (www.dyspraquoi.ch), nous avons trouvé les conseils suivants : 3.2.2.1. Pour le repas : On peut l'aider de différentes façons : - veiller à ce que l'enfant soit bien assis ; - lui donner des couverts avec un manche assez épais ; - lui mettre un set de table antidérapant ; - utiliser des assiettes creuses avec rebord ; - ne pas trop remplir son assiette ; - verre pourvu d'une anse ; - dessiner sur le set de table l'emplacement des objets ; - l'aider à couper les aliments en guidance ; - exercer des transvasements ; - ne pas hésiter à l'aider, il pourrait renoncer à manger juste par fatigue. 3.2.2.2. Pour l’habillage : - motif sur le devant des vêtements ; - éviter les boutons, fermetures éclairs, lacets ; 38 - commenter la séquence d'une action oralement et de façon ludique ; - lui montrer les marches à suivre en guidance ; La fig.15 propose un exemple de matériel ludique vendu dans les magasins spécialisés pour l’utilisation des systèmes de fermetures Fig. 15 : apprentissage des systèmes de fermeture 3.2.2.3. À la maison Selon Missiunia (2003 a, p.7) : 1. Mettre l’accent plutôt sur l’activité physique et sur le plaisir plutôt que sur l’adresse ou la compétition. 2. Préférer un apprentissage individuel d’un nouveau sport plutôt qu’en groupe en essayant de réviser les règles et les routines à un moment où l’enfant n’a pas à se concentrer sur les aspects moteurs de cette activité. Des leçons privées peuvent être judicieuses à certaines étapes pour enseigner des habiletés précises à l’enfant. 3. préférer les sports individuels que les sports d’équipe. Il faut alors l’encourager à interagir avec des pairs dans des activités dans lesquelles il est susceptible d’avoir du succès (p. ex., les scouts, la musique, le théâtre ou les arts). 4. Encouragez l’enfant à porter des vêtements faciles à mettre et à enlever pour aller à l’école. Enseigner à l’enfant à manipuler les attaches difficiles lorsque vous avez plus du temps et de patience. 5. Encourager des activités pratiques qui exercent l’organisation, la planification motrice : mettre la table, faire à manger, organiser son sac à dos (Missiuna, 2003b, p.1). 39 6. Valoriser les forces de l’enfant : capacités de lecteur, imagination, créativité, capacités orales. 7. Béliveau, (2000,2004, p. 178) propose de demander à l’enfant de les aider à cuisiner le repas, d’utiliser un tableau noir pour changer de support pour les devoirs, d’encourager à peindre, gribouiller, pétrir …afin d’aider la motricité fine. 8. Pour apprendre un ordre temporel précis, apprendre les noms des jours, des mois… en chantant. Béliveau, (2000,2004, p. 170) 4. Pistes pour faciliter la vie 4.1. Attentix Attentix est un matériel attrayant qui permet de gérer, structurer et soutenir l’attention en classe et à la maison. Il s’adresse à des enfants entre 4 et 12 ans. L’approche est globale et pratique. Elle contient des pistes pour organiser son matériel, gérer le temps. Cette méthode a été conçue pour les enfants impulsifs et souffrants de trouble de l’attention. Nous avons testé ce moyen avec plusieurs enfants diagnostiqué TAC et DYS avec de bons résultats. Caron (2006, p.86) propose par exemple « la métaphore du tempo » pour aider au repérage dans le temps. Suite à cette écoute, plusieurs activités et réflexions sont proposées. La première est « le sablier » et « estimation de temps » Nous suivons le personnage principal à travers le pays de l’attention. Les annexes 3 et 4, présentent deux exemples de support pour l’enfant. Pour plus d’information : www.attentix.ca 4.2. « Lancelot et le peuple du savoir » Il existe de nombreux moyens pour renforcer les thérapies et les adaptations en classe. Voici un moyen conseillé et utilisé par Mélanie Richoz, ergothérapeute à Bulle : - « Lancelot et le peuple du savoir », CD créé par entre autre, Josée Leblanc qui a participée à l’élaboration de la méthode ABCBOOM. Il contient de nombreux exercices pour soutenir les habiletés cognitives et motrices des enfants âgés de 5 à 7 ans. Quatre thématiques sont exploitées : l'attention, la mémoire, les habiletés visuo-spatiales, la métacognition. 40 5. Conclusion Au début de notre travail nous avons défini trois termes regroupés dans le trouble spécifique du développement moteur. Selon les auteurs, des nuances sont apportées : Il s’agit d’une dysfonction non verbale si, en plus du trouble moteur et d’une difficulté de planification, ces enfants rencontrent des difficultés dans leurs comportements sociaux, dans l’interprétation des émotions et dans l’utilisation du langage non verbale de la communication. Si en plus d’une incoordination motrice, des troubles des praxies idéo-motrices ou visuo-constructives sont observés (voie du Quoi ?), il s’agit plutôt de dyspraxie. Le TAC est diagnostiqué si les déficits moteurs associent des difficultés dans le contrôle perceptif du guidage de l’action (voie du comment ?) (fig.6, p.22). Toutefois, le même enfant ayant des difficultés motrices peut parfois se retrouver dans certaines descriptions de l’un ou l’autre diagnostic. Chez un enfant TAC nous pourrions observer des traits d’une DNV, par exemple. C’est pourquoi, le choix de l’OMS est judicieux. En effet, cette organisation a adopté un terme pour toute la catégorie d’élèves rencontrant ce type de troubles : le trouble spécifique du développement moteur. Neurologiquement, l’origine de ce trouble spécifique du développement moteur est un dysfonctionnement du cervelet. Il contribuerait aux problèmes de cette population. Toutefois, Marchal (sans date, p. 4) met en garde : toute maladresse ou tout trouble de l’écriture n’est pas une dyspraxie. C’est par une démarche diagnostique approfondie qui recherche d’abord une atteinte de la motricité ou de la sensibilité, un dysfonctionnement dans le contrôle cérébelleux, des troubles psychoaffectifs ou envahissants du développement qui permet de confirmer ou infirmer ce diagnostic. Selon Missiuna, (fév. 2006, p.1) 5% à 6% de la population scolaire souffrent de TAC. Une aide appropriée aux parents et un diagnostic précoce ont une grande importance dans le suivi de ces enfants. Comme l’a développé dans son travail de mémoire, Brodard (2003, p.7) l’incompréhension de l’entourage est difficile à vivre pour l’enfant : les enseignants s’étonnent, s’agacent face à cet élève qui s’exprime volontiers et correctement, qui ne rencontre pas de difficultés scolaires flagrantes. « Il pourrait soigner, quand 41 même, faire un effort ". Pour les parents cet enfant vif et intelligent est déroutant. Il est désordonné, désorganisé, il perd tout. Dans un deuxième temps, nous avons cherché dans la littérature des pistes d’interventions. Dans le site proposé par le Dr Newmann, nous avons trouvé des documents rédigés par degrés. Nous les avons mis en annexes (10 et suivantes). Ils sont de précieuses aides pour informer et soutenir les enseignants et les parents. Nous avons enrichi ce travail grâce aux rencontres des familles, des ergothérapeutes et des enseignants. Certaines pistes et outils pour intervenir auprès d’enfants atteints de TSDM ont été expérimentés. Nous avons essayé d’en dresser une liste afin de remplir la boîte à outils de l’enseignant spécialisé. Nous avons également cité quelques pistes qui pourront être proposées aux parents parfois demandeurs de propositions concrètes lors de périodes de découragement. Dans les annexes 6 à 8 Schopler (2002, annexes) se trouvent la description à titre indicatif des âges de développement de la motricité générale, fine et oculomotrice. En effet, la plupart des auteurs insistent également sur le diagnostic précoce de ce trouble. Les informations en annexes aideront à être vigilant et permettront un dépistage plus rapide. Nous espérons que ce travail aura rempli son rôle : informer afin de comprendre ce handicap caché ainsi qu’avoir quelques pistes pour intervenir dans le cadre scolaire. Durant nos recherches, nous avons souvent lu que ce trouble entrainait des difficultés d’attention. Dans l’association DYSPRAQUOI, certains parents ont dénoncé un recours à la Ritaline, qui n’a servi à rien, car ce trouble de l’attention et du comportement était causé par une fatigue et un manque de reconnaissance. Il serait intéressant de rechercher si effectivement, il s’agit d’un fait avéré. Pour terminer, nous aimerions encourager les enseignants à soutenir ces enfants qui ont un long chemin à parcourir. Ce chemin est beaucoup facile si l’élève est reconnu dans sa différence, s’il rencontre de la compréhension, des adaptations dans son environnement scolaire et familial et s’il sent une équipe derrière lui : parents, thérapeutes, enseignants. Pour conclure, nous souhaitons à chacun des enfants concernés par ce travail, de trouver sa place dans ce monde. 42 Bibliographie Astolfi, J-P. (2008). Les saveurs des savoirs. Discipline et plaisir d’apprendre. Issyles-Moulineaux Cedex : ESF Éditeur. Albaret, J.-M. et al. (2000). 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Implication du cervelet dans le mouvement (Purves & all, 1999, p.292) p.14 Fig. 2. Système de planification des actions (Missiuna, 2003 a, p. 3) p.15 Fig. 3. Les comorbidités (Albaret, 2005 p.4) p.16 Fig. 4. Modèle cognitif de la motricité (Albaret, 2005, p. 4) p.19 Fig. 5. Troubles développementaux. (Albaret, 2005, p.3) p.23 Fig. 6. Incapacité d’apprentissage moteur (Albaret, 2005, p.2) p.24 Fig. 7. Spirale des troubles de l’apprentissage (Revol, 2007, p.10) p.26 Fig. 8. Équerre (Crouail, 2008, pp.66-67) p.34 Fig. 9. Calcul angle (Crouail, 2008, p.100) p.34 Fig. 10. Symétrie (Crouail, 2008, p.111) p.35 Fig. 11. Code à virgule (Crouail, 2008, p.23 à 47) p.35 Fig. 12. Addition en colonne (Crouail, 2008, p.23 à 47) p.35 Fig. 13. Multiplication en colonne a (Crouail, 2008, p.23 à 47) p.36 Fig. 14. Multiplication en colonne b (Crouail, 2008, pp.23-47) p.36 Fig. 15. Apprentissage des systèmes de fermeture p. 39 47 Annexe 1 ABCBOOM ! 48 Annexe 2 Apprendre une question de stratégie 49 Annexe 3 Attentix 50 Annexe 4 Attentix 51 Annexe 6 Développement moteur : motricité générale 52 Annexe 7 : Développement moteur : motricité fine 53 Annexe 8 Développement moteur : coordination oculo-manuelle 54 Annexe 9 Développement moteur : coordination oculo-manuelle (Suite) 55 Annexe 10 : CanChild de l’école maternelle à l’adolescence 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 Trouble spécifique du développement moteur : Définitions et pistes d'intervention en milieu scolaire et familial « Avant de juger un homme, marche un jour dans ses mocassins » proverbe sioux Stéphanie Corminboeuf 2011 86