Une approche psychomotrice de la dyspraxie

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Une approche psychomotrice de la dyspraxie
LA DYSPRAXIE
Un point de vue
psychomoteur
Annie Bachelard
Psychomotricienne
Avril 2010
Définition
¾ La dyspraxie est une pathologie de la
planification, de la préprogrammation
ou de la réalisation de gestes
complexes, intentionnels, culturels,
appris.
Sans déficience sensorielle ou
intellectuelle
¾ L’organisation gestuelle et spatiale sont
perturbées
problèmes de la vie
quotidienne, des échecs scolaires,
professionnels
¾
diagnostic à partir de 4 ans
Approche neurologique
¾ Atteintes des fonctions du cerveau se
rapportant à l’action > pénalise le geste
dans sa précision, sa rapidité, son
organisation.
¾ Concerne la pensée de l’action ou sa
réalisation :
- Zones pariétales
- Zones frontales
Généralités
¾
Il n’y a pas une dyspraxie mais des dyspraxies
(associées ou non)
¾
Environ 3% des enfants d’âge scolaire
¾
Touche 3 à 5 fois plus les garçons
¾
Pathologie en deçà de 2 déviations standard
Caractéristiques du geste
¾ Une praxie d’après M.MAZEAU est un
apprentissage, enseignement intentionnel,
liés au lieu et à l’époque, concernent les
gestes globaux et fins.
¾ Une praxie est acquise lorsqu’elle est
inscrite cérébralement après
apprentissage par essais-erreurs, le geste
est alors automatisé, pourra s’effectuer
sans contrôle conscient du sujet
¾ Dans la dyspraxie, le geste est maladroit,
anormalement fatigant, de réalisation
fluctuante, sous contrôle attentionnel
Obligeant l’enfant à investir
l’essentiel de ses ressources
cognitives dans la tâche (contrôle
sensori-moteur)
¾Distinction :
Trouble moteur > constance et régularité
de l’anomalie.
Trouble praxique > fluctuation des
performances + dimension spatiale au
premier plan.
Les différentes dyspraxies
¾
Dyspraxie visuo-spatiale : la plus courante
+ maladresse pathologique du regard
¾
La dyspraxie de développement (dans un
tableau plus général de TAC) : activités
culturelles d’apprentissage volontaire mal ou
non apprises + retard des compétences
motrices du développement des aptitudes
sensori-motrices liées à la maturation.
¾
la dyspraxie de l’habillage
¾
La dyspraxie constructive non visuo-spatiale
Syndrome de Gertsman (Mazeau 1989):
Indistinction droite-gauche – agnosie digitale –
dyscalculie spatiale – dysgraphie modérée
¾
La dyspraxie relative :difficultés spécifiques dans
le cas d’une déficience sensorielle ou
intellectuelle
¾
La dyspraxie lésionnelle :séquelles de
souffrance néonatale par ex.
La dyspraxie chez l’IMC
¾ Chez l’IMC, les troubles du geste sont liés
au handicap moteur ce ne sont pas des
TAC mais des troubles neuro-moteurs
¾ On parle de dyspraxie lorsque le handicap
neuro-moteur ne peut rendre compte de
l’intensité des troubles
¾ ….
Examens nécessaires
¾ Un test psychométrique
¾ Un bilan neuropédiatrique
¾ Un bilan psychomoteur (coordinations,
schéma corporel, organisation temporospatiale…)
¾ Un bilan ergothérapique, orthoptique,
orthophonique éventuels
Comorbidités
¾ Troubles attentionnels :
attention les
enfants dyspraxiques sont très fatigables
(impression de troubles attentionnels)
¾ Dysgraphie : tous les dysgraphiques ne
sont pas dyspraxiques mais tous les
dyspraxiques sont dysgraphiques à des
degrés différents.
¾ Hyperactivité, précocité, dysphasie,
dyslexie, dyscalculie….
CAS CLINIQUES
AMELIE
¾ Diagnostic de dyspraxie constructive non
visuo-spatiale (syndrôme de Gerstman)
¾ Agée de 9 ans 4 mois
¾ Adressée par l’institutrice et
l’orthophoniste après diag. de dyscalculie
¾
Anamnèse :
naissance normale en avril 98
position assise, marche autonome, vélo sans
stabilisateur acquis dans la moyenne d’âge
pas de problèmes dans la préhension des
couverts, ni dans les puzzles et les constructions
avec modèles.
difficultés en mathématiques depuis le C.P.
dévalorisation – tendance l’isolement
Appréciée dans sa classe mais connue comme
timide
scolarisée en CM1
Évaluation psychomotrice
¾ Résultats au LOMDS :
bons résultats en
équilibres - coordinations globales activités alternatives des membres vitesse de mouvements des poignets et
des doigts – en contrôle et précision
¾ Tonus bien régulé
¾ Latéralité homogène à droite
Schéma corporel intégré :
¾connaissance et reconnaissance
correcte (somatognosies)
¾dessin du bonhomme complet et
harmonieux
¾praxies manuelles : bons résultats aux
imitations simples et contraires, difficultés
aux gestes complexes mettant en jeu
l’extrémité des doigts des deux mains, le
pouce est bien repéré (gnosies digitales)
¾bonne organisation gestuelle,
automatisation, représentation corporelle
¾
¾
¾
¾
¾
¾
Spatialisation :
connaissance du vocabulaire spatial correct
épreuve d’orientation de Piaget-head :
connaissance droite –gauche insuffisante
difficultés en réversibilité et dans la décentration
Praxies visuo-constructives : bons résultats à
l’épreuve de copie de la figure complexe de
Rey
trouble de l’assemblage, en topologie, tableaux
gigognes mais aidée par le modèle
mise en difficultés à l’épreuve des trajets au sol
(Agostini) – Difficulté à se représenter le corps
comme asymétrique et orienté.
¾ Temporalité : bons repères dans le temps
social – pas de trouble perceptif en rythme
tempo régulier (épreuve de M.Stambak)
¾ Graphisme et écriture : écrite
lente (inf. à
sa classe) mais pas de dysgraphie
Analyse
¾ Troubles de l’orientation
répercussions sur le plan spatio-corporel
avec des difficultés dans les activités
ludiques, sportives individuelles et
collectives
repli sur soi – perte de l’estime de soi –
désinvestissement des activités motrices
Dyscalculie spatiale :
¾
Position des chiffres : 120 – 012 – 102
difficultés à placer le chiffre dans le nombre
Valeur d’un chiffre donnée par sa position
sérielle (de dte à gche) lecture du nombre de
gche à dte
¾
Intégration de certains symboles : + x < >
¾
Mécanisme de résolution des opérations est
essentiellement spatial: alignement des chiffres
– situations des retenues…
¾
Prise en charge psychomotrice
¾ Investissement d’un corps orienté et
asymétrique.
¾ Prise en compte des capacités motrices
réelles
¾ Travail d’orientation spatiale dans l’espace
de la salle, de la feuille, bi et
tridimensionnel
Aide à la dyscalculie spatiale :
¾ Utiliser des couleurs différentes pour les
unités, les dizaines.
¾ S’appuyer sur des repères visuels
¾ Apprentissage par cœur des tables
d’addition, de multiplication…..
complémentarité avec le travail
orthophonique
VINCENT - 9 ans
¾ Diagnostic de dyspraxie visuo-contructive
¾ Examens complémentaires :
ƒ
Bilan neuropsychologique
ƒ Bilan orthoptique (suivi d’une PEC)
ƒ Bilan orthophonique (suivi d’une PEC)
ƒ Suivi psychologique (secondairement)
¾
¾
¾
¾
¾
¾
Adressé en évaluation psychomotrice par le
médecin pédopsychiatre
Anamnèse :
naissance normale en avril 98
bon développement moteur dans la petite
enfance
Retard de langage avec bavage ++
difficultés à l’habillage
agitation – crise de colère
a pédalé sur un vélo sans stabilisateur à l’âge
de 8 ans
¾ Suivi pendant 1ans et demi en
orthophonie (CP et début CE1)
¾ Vu par la psychologue scolaire sur la
demande de l’institutrice pour des
difficultés relationnelles
¾ Reçu en consultation en pédopsychiatrie
¾ Scolarisé en CE2
¾ Difficultés repérées en écriture,lecture
mathématiques et en sport
¾ Très performant à l’oral, connaissances
larges
¾ Moqueries – mise à l’écart en classe
¾ Difficultés dans la gestion du cartable, du
bureau (manque de motivation selon la
maman)
Éléments pathologiques dans le
bilan psychomoteur
¾ Coordinations motrices :
à l’échelle du LOMDS difficultés notées :
en équilibre statique et dynamique
Dans les coordinations globales
Dans les activités alternatives des
membres significatif de difficultés de
planifier et d’automatiser une série de
mouvements dans des gestes inhabituels
¾
Épreuves abordant la motricité fine sont
nettement échouées :
Contrôle et précision
Vitesse des mouvements des poignets et
des doigts
¾ Motricité faciale : valable en bilatéral –
difficile en unilatéral (gonfler une joue..)
¾ Tonus de fond bien régulé – tonus d’action
fluctuant
¾ Schéma corporel :
Somatognosies inf. à sa moyenne d’âge
Recherche esthétique dans le dessin du
bonhomme mais disproportionné et oublis
Praxies manuelles : gestes complexes
déficitaires épreuves des cachés non
réalisables
Investissement, organisation et
représentation corporelle floues
¾ Spatialisation :
ƒ
Orientation droite-gauche insuffisante (pas
de réversibilité –problème dans la
décentration)
ƒ Difficultés en topologie : trajet au sol –
dans l’espace feuille…
ƒ Praxies visuo-constructives : résultats
déficitaires à la figure complexe de Rey
(de copie et de mémoire) – lenteur
d’éxécution
¾ Temporalité :
Troubles perceptifs en rythme à
l’épreuve de Mira Stambak (- 3 ET)
¾ Graphisme et écriture :
Prise de l ’élement scripteur en pince fine
non stable à droite
Position tendue devant la feuille
(surcontrôle)
Dysgraphie (2ET) :
lignes non planes, instabilité de la distance
caractéristiques spatiales d’organisation
de la page liées aux habiletés
constructives
Variations des lettres troncs :
pas de maîtrise des graphies
Liens interrompus entre les lettres :
prise d’information insuffisante sur le
modèle obligeant Vincent à s’arrêter pour
regarder à nouveau
¾ Lenteur d’écriture et dégradation rapide
Analyse
Maladresse et lenteur :
Difficultés à investir positivement son corps
Problèmes d’intégration dans le groupe (fait perdre son
équipe)
Difficultés dans la gestion de sa table (fait tomber
régulièrement), dans la manipulation du matériel
(compas..)
Difficultés d’organisation (gestion du cartable, du travail…)
Effort de contrôle important amenant fatigabilité et résultats
en dents de scie étant souvent interpréter comme
manque de volonté « s’il veut, il peut »
¾
¾ Difficultés en copie
¾ Dyscalculie :
Difficultés dans la transcription en chiffre
arabe comme pour tout écrit (inversions –
oublis…)
Pose des opérations mal organisées :
dénature le résultat
En géométrie : difficultés du geste graphique
de la coordination bimanuelle + dif. Visuoconstructives
¾ En lecture :
Oublis de lettres – saute des lignes –
dépense toute son énergie pour la
calligraphie au dépens de l’écoute, de la
compréhension du sens donc prend du
retard ( d’où l’importance en classe
d’utiliser des photocopies).
Aides
Expliquer sa pathologie à l’enfant – il n’est pas
responsable ni sa famille
¾ Psychomotricité : reconstruire des stratégies
défaillantes chez un enfant blessé par l’échec.
Travail portera sur le développement de l’imagerie
mentale, l’analyse et l’organisation de l’espace,
la connaissance et l’aisance corporelle
¾ Orthoptie : attention et stratégie du regard
¾ Orthophonie : lecture et mode opératoire en
calcul
¾
¾ Peu d’effet des apprentissages par
imitation
¾ Intensifier et systématiser les
apprentissages par voies auditivo-verbales
(apprentissage par cœur)
¾ Importance de la verbalisation
¾ Travailler en partenariat: professionnel –
famille - école.
Léo – 8 ans 7 mois
¾ Dyspraxie visuo-spatiale dans un tableau
de dysharmonie psychotique
¾ Bilan conseillé par l’institutrice et
l’orthophoniste (diag. De dyscalculie)
¾ Examens complémentaires :
ƒ Bilan neuropsychologique
ƒ Bilan orthoptique
ƒ Consultation neuro-pédiatrique
¾ Anamnèse :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
Naissance provoquée à 8 mois de
grossesse en mars 99
Nais. traumatisante avec risque vital pour
la maman et le bébé
Marche acquise à 17 mois
Langage ok
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
Scolarisé en CE2
Maladresse corporelle globale et dif. en
motricité fine
Perdu dans le temps et dans l’espace
Hypersensible aux bruits, aux odeurs
Voix monocorde
Anxiété
Comportement inadéquat dérangeant ses
collèges de classe
Éléments pathologiques dans
l’examen psychomoteur
¾ Motricité générale : A l’épreuve du
LOMDS difficultés en coordinations
globales, activités alternatives des
membres et en motricité fine (contrôle,
précision – vitesse des mouvements des
poignets et des doigts)
¾ Dysrégulation tonique
¾ Schéma corporel :
Troubles importants (somatognosies –
dessin- praxies visuo-constructives –
organisation corporelle)
¾ Spatialisation :
Trouble de l’orientation en réversibilité et
décentration
Difficultés topologiques dans les trajets au
sol et dans l’espace de la feuille
Troubles visuo-constructifs majeurs
¾ Graphisme et écriture :
Dysgraphie (2ET) chez un enfant gaucher :
ƒ Lignes non planes (habiletés
constructives)
ƒ Limitation du mouvement dans les tracés
(blocage au niveau du poignet)
Suivi en psychomotricité
¾ Travail prioritaire de la globalité, de l’unité
corporelle et psychique
¾ Secondairement abord des difficultés
spécifiques.

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