Autour de Simone de Beauvoir - F

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Autour de Simone de Beauvoir - F
Autour de Simone de Beauvoir
I. Bibliographie exhaustive de ses écrits (d’après le site officiel des éditions Gallimard)
Les titres marqués d’un * sont disponibles à Filigrane
Romans et récits
Je me sens coupable, dit-il. Je me suis reposé bêtement sur les bons sentiments que cette fille me
porte, mais ce n'est pas d'une moche petite tentative de séduction qu'il s'agissait. Nous voulions
bâtir un vrai trio, une vie à trois bien équilibrée où personne ne se serait sacrifié : c'était peut-être
une gageure, mais au moins ça méritait d'être essayé ! Tandis que si Xavière se conduit comme
une petite garce jalouse, si tu es une pauvre victime pendant que je m'amuse à faire le joli cœur,
notre histoire devient ignoble. »
L’invitée. -Folio ; n° 768, 1943 *
Quand il ouvrit la porte, tous les yeux se tournèrent vers lui :
- Que me voulez-vous ? dit-il.
Laurent était assis à califourchon sur une chaise devant le feu.
- Il faut que je sache si c'est décidé ou non pour demain matin, dit Laurent.
Demain. Il regarda autour de lui. La pièce sentait la lessive et la soupe aux choux. Madeleine fumait, les coudes sur la nappe. Denise avait un livre devant elle. Ils étaient vivants. Pour eux, cette
nuit aurait une fin ; il y aurait une aube... »
Le sang des autres.– Folio; n° 363, 1945
« Si l'on nous offrait l'immortalité sur la terre, qui est-ce qui accepterait ce triste présent ? demande Jean-Jacques Rousseau dans l'Émile. Ce livre est l'histoire d'un homme qui a accepté. »
Tous les hommes sont mortels.– 1946, repris en Folio en 1974
« - Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Rien, tout va très bien, dis-je d'un ton dégagé.
- Allons ! Allons ! je sais ce que ça veut dire quand tu prends ta voix de dame du monde, dit
Robert. Je suis sûr qu'en ce moment ça tourne dur dans cette tête. Combien de verres de punch
as-tu bus ?
- Sûrement moins que vous, et le punch n'y est pour rien.
- Ah ! tu avoues ! dit Robert d'un ton triomphant ; il y a quelque chose et le punch n'y est pour
rien ; quoi donc ?
- C'est Scriassine, dis-je en riant ; il m'a expliqué que les intellectuels français étaient foutus. »
Les Mandarins.– 2 Vol.. Folio ; n°769 et 770, 1954 *
« La journée du mardi se passa bien. La nuit, maman fit des cauchemars. "On me met dans une
boîte", disait-elle à ma sœur. "Je suis là, mais je suis dans la boîte. Je suis moi, et ce n'est plus
moi. Des hommes emportent la boîte !" Elle se débattait : "Ne les laisse pas m'emporter !"
Longtemps Poupette a gardé la main posée sur son front : "Je te promets. Ils ne te mettront pas
dans la boîte." Elle a réclamé un supplément d'Équanil. Sauvée enfin de ses visions, maman l'a
interrogée : "Mais qu'est-ce que ça veut dire, cette boîte, ces hommes ? - Ce sont des souvenirs
de ton opération ; des infirmiers t'emportent sur un brancard." Maman s'est endormie. »
Une mort très douce.– Folio ; n° 137, 1964
« "Non" ; elle a crié tout haut. Pas Catherine. Je ne permettrai pas qu'on lui fasse ce qu'on m'a
fait. Qu'a-t-on fait de moi ? Cette femme qui n'aime personne, insensible aux beautés du monde,
incapable même de pleurer, cette femme que je vomis. Catherine : au contraire lui ouvrira les
yeux tout de suite et peut-être un rayon de lumière filtrera jusqu'à elle, peut-être elle s'en sortira...
De quoi ? De cette nuit. De l'ignorance, de l'indifférence. »
Les Belles Images.– Folio ; n° 243, 1966 *
« - Dis-moi pourquoi tu rentres si tard.
Il n'a rien répondu.
- Vous avez bu ? Joué au poker ? Vous êtes sortis ? Tu as oublié l'heure ?
Il continuait à se taire, avec une espèce d'insistance, en faisant tourner son verre entre ses doigts.
J'ai jeté par hasard des mots absurdes pour le faire sortir de ses gonds et lui arracher une explication :
- Qu'est-ce qui se passe ? Il y a une femme dans ta vie ?
Sans me quitter des yeux, il a dit :
- Oui, Monique, il y a une femme dans ma vie. »
La Femme rompue-Monologue-L’Age de discrétion, 1968. Repris en Folio en 1972 *
« J'ai beaucoup écrit dans ma jeunesse : mais rien qui me parût valable. J'avais environ trente ans
quand j'osai proposer à des éditeurs le livre que j'appelai Primauté du spirituel, détournant ironiquement le titre d'un essai alors célèbre de Maritain.
J'avais mis beaucoup de moi-même dans cet ouvrage. J'étais en révolte contre le spiritualisme qui
m'avait longtemps opprimée et je voulais exprimer ce dégoût à travers l'histoire de jeunes femmes que je connaissais et qui en avaient été les victimes plus ou moins consentantes. J'ai beaucoup joué sur la mauvaise foi qui m'en paraissait inséparable. Ainsi fus-je amenée à la difficile
tentative de faire entendre les voix – et les silences – du mensonge. Comme beaucoup plus tard
dans La femme rompue, j'ai usé du langage pour dissimuler la vérité.
C'est, somme toute, un roman d'apprentissage où s'ébauchent beaucoup des thèmes que j'ai repris par la suite. Je
lui garde une sympathie que j'aimerais voir partagée. »
Simone de Beauvoir écrivit ce premier livre, qui resta longtemps inédit, de 1935 à 1937.
Quand prime le spirituel. Réédité en 2006 sous le titre Anne, ou quand prime le spirituel. Préface de
Danièle Sallenave. Folio ; n° 4360
Théâtre
«Choisir la vie, c'est toujours choisir l'avenir. Sans cet élan qui nous porte en avant nous ne serions rien de plus qu'une moisissure à la surface de la terre.»
[ Simone de Beauvoir ] - Extrait de Les Bouches inutiles [ Pièce deThéâtre]
Les bouches inutiles. - Galimard, 1945 ; Réédité en 1972 dans la collection « Le Manteau
d’Arlequin »
Essais
«Nous savons que chaque homme est mortel, mais non que l'humanité doit mourir. »
«L'esclave qui obéit choisit d'obéir.»
«Si l'oeuvre de Dieu est tout entière bonne, c'est qu'elle est tout entière utile au salut de l'homme ;
elle n'est donc pas en soi une fin, mais un moyen qui tire sa justification de l'usage que nous en
faisons.»
«L'homme ne peut s'éclairer par Dieu ; c'est par l'homme qu'on essaiera d'éclairer Dieu.»
«Si je prétendais assumer à l'infini les conséquences de mes actes, je ne pourrais plus rien vouloir. »
Pyrrhus et Cinéas.- Folio ; n° 363, 1944
« Les hommes d'aujourd'hui semblent ressentir plus vivement que jamais le paradoxe de leur
condition. Ils se reconnaissent pour la fin suprême à laquelle doit se subordonner toute action : mais les exigences de l'action les acculent à se traiter les uns les autres comme des instruments ou des obstacles : des moyens [...] Chacun d'entre eux a sur les lèvres le goût incomparable
de sa propre vie, et cependant chacun se sent plus insignifiant qu'un insecte au sein de l'immense
collectivité dont les limites se confondent avec celles de la terre ; à aucune époque peut-être ils
n'ont manifesté avec plus d'éclat leur grandeur, à aucune époque cette grandeur n'a été si atrocement bafouée. Malgré tant de mensonges têtus, à chaque instant, en toute occasion, la vérité se
fait jour : la vérité de la vie et de la mort, de ma solitude et de ma liaison au monde, de ma liberté et de ma servitude, de l'insignifiance et de la souveraine importance de chaque homme et de tous les hommes [...] Puisque
nous ne réussissons pas à la fuir, essayons donc de regarder en face la vérité. Essayons d'assumer notre fondamentale ambiguïté. C'est dans la connaissance des conditions authentiques de notre vie qu'il nous faut puiser la
force de vivre et des raisons d'agir. »
Pour une morale de l’ambiguïté, suivi de Pyrrhus et Cinéas.- Folio essai ;n°415, 1947 *
« J'ai passé quatre mois en Amérique : c'est peu ; en outre j'ai voyagé pour mon plaisir et au ha
sard des occasions ; il y a d'immenses zones du nouveau monde sur lesquelles je n'ai pas eu la
moindre échappée ; en particulier, j'ai traversé ce grand pays industriel sans visiter ses usines,
sans voir ses réalisations techniques, sans entrer en contact avec la classe ouvrière. Je n'ai pas
pénétré non plus dans les hautes sphères où s'élaborent la politique et l'économie des U.S.A.
Cependant, il ne me paraît pas inutile, à côté des grands tableaux en pied que de plus compétents ont tracés, de raconter au jour le jour comment l'Amérique s'est dévoilée à une conscience : la mienne. »
L’Amérique au jour le jour.- Folio ; n° 943, 1948
« Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la "réalité féminine" s'est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l'Autre et
quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point
de vue des femmes le monde tel qu'il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles
difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s'évader de la sphère qui leur a été jusqu'à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain. »
Le Deuxième Sexe. T. I. L’expérience vécue ; T.II Les faits et les mythes.– Folio ; n° 37 et 38, 1949 *
Publié en 1955 sous le titre "privilèges", cet ouvrage pose la question "Comment les privilégiés
peuvent-ils penser leur situation ?". Sade notamment échoue dans sa recherche d'une synthèse
entre deux classes, bourgeoisie et noblesse. Il est impossible de légitimer les privilèges, qui sont
toujours égoïstes, aux yeux de tous. Cet essai serait-il toujours d'actualité ?
Pivilèges.– Collection Les Essais, 1955. Réédité dans la collection Idées sous le titre : « Faut-il
brûler Sade ? »,.- Gallimard, 1972
« Ce livre n'est pas un reportage : le reporter explore un présent stable, dont les éléments plus ou
moins contingents se servent réciproquement de clés. En Chine, aujourd'hui, rien n'est contingent ; chaque chose tire son sens de l'avenir qui leur est commun à toutes ; le présent se définit
par le passé qu'il dépasse et les nouveautés qu'il annonce : on le dénaturerait si on le considérait
comme arrêté. Il n'est qu'une étape de cette "longue marche" qui achemine pacifiquement la
Chine de la révolution démocratique à la révolution socialiste. Il ne suffit donc pas de le décrire : il faut l'expliquer. C'est à quoi je me suis efforcée. Certes, je ne tiens pas du tout pour négligeable ce qu'au cours d'un voyage de six semaines j'ai pu voir de mes yeux : se promener dans une rue, c'est
une expérience irrécusable, irremplaçable, qui en enseigne plus long sur une ville que les plus ingénieuses hypothèses. Mais toutes les connaissances acquises sur place par des visites, conférences, conversations, etc., j'ai
tenté de les éclairer à la lumière de la Chine d'hier, et dans la perspective de ses transformations futures. C'est
seulement quand on le saisit dans son devenir que ce pays apparaît sous un jour véritable : ni paradis, ni infernale fourmilière, mais une région bien terrestre, où des hommes qui viennent de briser le cycle sans espoir
d'une existence animale luttent durement pour édifier un monde humain. »
Simone de Beauvoir.
La Longue Marche, 1957. Réédité en 2008 préf. par Danièle Sallenave
« Les vieillards sont-ils des hommes ? À voir la manière dont notre société les traite, il est permis d'en douter. Elle admet qu'ils n'ont ni les mêmes besoins ni les mêmes droits que les autres
membres de la collectivité puisqu'elle leur refuse le minimum que ceux-ci jugent nécessaire ;
elle les condamne délibérément à la misère, aux taudis, aux infirmités, à la solitude, au désespoir. Pour apaiser sa conscience, ses idéologues ont forgé des mythes, d'ailleurs contradictoires,
qui incitent l'adulte à voir dans le vieillard non pas son semblable mais un autre. Il est le Sage
vénérable qui domine de très haut ce monde terrestre. Il est un vieux fou qui radote et extravague. Qu'on le situe au-dessus ou en dessous de notre espèce, en tout cas on l'en exile. Mais plutôt que de déguiser la réalité, on estime encore préférable de radicalement l'ignorer : la vieillesse est un secret
honteux et un sujet interdit. Quand j'ai dit que j'y consacrais un livre, on s'est le plus souvent exclamé : "Quelle
idée ! C'est triste ! C'est morbide !"
C'est justement pourquoi j'ai écrit ces pages. J'ai voulu décrire en vérité la condition de ces parias et la manière
dont ils la vivent, j'ai voulu faire entendre leur voix ; on sera obligé de reconnaître que c'est une voix humaine.
On comprendra alors que leur malheureux sort dénonce l'échec de toute notre civilisation : impossible de le
concilier avec la morale humaniste que professe la classe dominante. Celle-ci n'est pas seulement responsable
d'une "politique de la vieillesse" qui confine à la barbarie. Elle a préfabriquéeces fins de vie désolées ; elles
sont l'inéluctable conséquence de l'exploitation des travailleurs, de l'atomisation de la société, de la misère
d'une culture réservée à un mandarinat. Elles prouvent que tout est à reprendre dès le départ : le système mutilant qui est le nôtre doit être radicalement bouleversé. C'est pourquoi on évite si soigneusement d'aborder la
question du dernier âge. C'est pourquoi il faut briser la conspiration du silence : je demande à mes lecteurs de
m'y aider. »
La Vieillesse.– Gallimard, 1972 *
Les écrits de Simone de Beauvoir . La vie - L'écriture [1979] / Claude Francis, Fernande Gontier. Avec
en appendice des textes inédits ou retrouvés .- Collection blanche, Gallimard.
Contient différents textes dont « Mon expérience d’écrivain », interviews, chapitre inédits de l’Invitée, journal
intime, reportages.
« L'homme cherche toujours son intérêt », « La nature humaine ne changera jamais », « Loin
des yeux, loin du cœur », « On n'est jamais si bien servi que par soi-même », « Tout nouveau,
tout beau », « On n'est pas sur terre pour s'amuser »...
Ces lieux communs, ces partis pris, qui constituent la sagesse des nations, expriment une vision
du monde incohérente, cynique et omniprésente, qu'il convient de mettre en question. C'est en
son nom en effet qu'on reproche à l'existentialisme d'offrir à l'homme une image de lui-même et
de sa condition propre à le désespérer. Au contraire, cette philosophie veut le convaincre de refuser les consolations du mensonge et de la résignation : elle fait confiance à l'homme.
L’Existentialisme et la sagesse des nations.– Réédition d’un court essai paru en 1948 chez Nagel. Présentation de Michel Kail, Gallimard 2008
« La femme a toujours été, sinon l'esclave de l'homme, du moins sa vassale ; les deux sexes ne
se sont jamais partagé le monde à égalité ; et aujourd'hui encore, bien que sa condition soit en
train d'évoluer, la femme est lourdement handicapée. En presque aucun pays son statut légal
n'est identique à celui de l'homme et souvent il la désavantage considérablement. »
Agrégée de philosophie, unie à Jean-Paul Sartre par un long compagnonnage affectif et intellectuel, Simone de Beauvoir (1908-1986) publie son premier roman, L'Invitée, à l'âge de trentecinq ans. Paru en 1949, Le Deuxième Sexe, dont on trouvera ici quelques pages marquantes, fit
d'elle l'une des grandes figures du féminisme du XXe siècle et lui assura une renommée internationale qui marqua durablement sa carrière d'écrivain.
La Femme indépendante. Extrait du Deuxième Sexe. Collectif Folio, 2008
Mémoires
« Je rêvais d'être ma propre cause et ma propre fin ; je pensais à présent que la littérature me
permettrait de réaliser ce vœu. Elle m'assurerait une immortalité qui compenserait l'éternité perdue ; il n'y avait plus de Dieu pour m'aimer, mais je brûlerais dans des millions de cœurs. En
écrivant une œuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon
existence. En même temps, je servirais l'humanité : quel plus beau cadeau lui faire que des livres ? Je m'intéressais à la fois à moi et aux autres ; j'acceptais mon "incarnation" mais je ne
voulais pas renoncer à l'universel : ce projet conciliait tout ; il flattait toutes les aspirations qui
s'étaient développées en moi au cours de ces quinze années. »
Mémoire d’une jeune fille rangée.– Folio ; n° 786, 1958 *
Vingt et un ans et l'agrégation de philosophie en 1929. La rencontre de Jean-Paul Sartre. Ce sont
les années décisives pour Simone de Beauvoir. Celles ou s'accomplit sa vocation d'écrivain, si
longtemps rêvée. Dix ans passés à enseigner, à écrire, à voyager sac au dos, à nouer des amitiés,
à se passionner pour des idées nouvelles. La force de l'âge est pleinement atteinte quand la guerre
éclate, en 1939, mettant fin brutalement à dix années de vie merveilleusement libre.
La Force de l’âge.– Folio ; n° 782, 1960 *
« Peu de temps après le jour V, je passai une nuit très gaie avec Camus, Chauffard, Loleh Bellon,
Vitold, et une ravissante Portugaise qui s'appelait Viola. D'un bar de Montparnasse qui venait de
fermer, nous descendîmes vers l'hôtel de la Louisiane ; Loleh marchait pieds nus sur l'asphalte,
elle disait : "C'est mon anniversaire, j'ai vingt ans." Nous avons acheté des bouteilles et nous les
avons bues dans la chambre ronde ; la fenêtre était ouverte sur la douceur de mai et des noctambules nous criaient des mots d'amitié ; pour eux aussi, c'était le premier printemps de paix. »
La Force des choses.– 2 Tomes. Folio ; n° 764 et 765, 1963 *
« Dissiper les mystifications, dire la vérité, c'est un des buts que j'ai le plus obstinément poursuivis à travers mes livres. Cet entêtement a ses racines dans mon enfance ; je haïssais ce que nous
appelions ma sœur et moi la "bêtise" : une manière d'étouffer la vie et ses joies sous des préjugés,
des routines, des faux-semblants, des consignes creuses. J'ai voulu échapper à cette oppression, je
me suis promis de la dénoncer. »
Tout compte fait.– Folio; n° 1022, 1974
« "Alors, c'est la cérémonie des adieux ?" m'a dit Sartre, comme nous nous quittions pour un
mois, au début de l'été. J'ai pressenti le sens que devaient prendre un jour ces mots. La cérémonie
a duré dix ans : ce sont ces dix années que je raconte dans ce livre. »
La Cérémonie des adieux, 1981. Repris en Folio en 1987 *
Ce journal de la déclaration et du début de la guerre (sept carnets) ne constitue qu'un fragment du
journal que Simone de Beauvoir tint dès sa jeunesse, presque dès son enfance, et sa vie durant,
quoique par intermittence. II faut le considérer comme une partie d'un tout considérablement plus
vaste. Mais sa publication isolée a été conçue comme complément de la correspondance avec
Sartre, dont plus de la moitié appartient à la même période noire de 1939 et 1940. II a paru intéressant de confronter les deux versions contemporaines dans leurs subtiles mais significatives
différences. Surtout, le journal vient combler les trous de la correspondance, inévitables lorsque
les deux épistoliers se rejoignaient : visite clandestine du Castor à Brumath, en novembre, permission de Sartre venu à Paris, en février, ou pendant leur brutale séparation, toute communication coupée,
quand Sartre fut fait prisonnier en juin 1940. II permet alors de reconstituer l'histoire dans sa continuité
Journal de guerre, septembre 1939-janvier 1941.– Gallimard, 1990
Comment devient-on soi ? TeIle est la question que posent les Cahiers de jeunesse de Simone de
Beauvoir. Quand ils commencent, en 1926, leur rédactrice a dix-huit ans et " Simone de Beauvoir ", telle qu'elle deviendra célèbre, n'existe pas. Nous allons assister, de page en page, à sa
naissance, en vertu de la métamorphose de mademoiselle de Beauvoir, jeune bourgeoise catholique du début du XXe siècle, en celle que ses amis appelleront le Castor, une femme libre. Il est
rare d'assister sur le vif à une pareille "invention de soi". "J'accepte la grande aventure d'être moi
", écrit-elle, et cette phrase symbolise la difficile entreprise où elle se jette, courant tous les risques sans aide, avec sa prodigieuse vitalité et son ardent amour de la vie. En effet, ce n'est pas
seulement comme femme qu'elle se cherche, c'est comme individu, et cela bien avant de faire la connaissance
de Jean-Paul Sartre, en 1929. Quand nous tournons la dernière page, en 1930, un être nouveau existe, dont l'assurance et l'autonomie nous frappent : " Conscience de toute ma force... Etrange certitude que cette richesse
sera reçue, que cette vie sera source où beaucoup puiseront. Certitude d'une vocation. "
Sylvie Le Bon de Beauvoir
Cahiers de jeunesse, 1926-1930. Ed. de Sylvie Le Bon de Beauvoir, 2008
Correspondance
Quand, en 1983, Simone de Beauvoir publia les lettres de Sartre, ses amis s'étonnèrent : « Mais
les vôtres, Castor ? » À toutes les sollicitations, elle opposa la même réponse : « Mes lettres ?
Ells sont perdues. » Ce qu'elle crut jusqu'à la fin.
En 1986, Sylvie Le Bon de Beauvoir tomba sur un gros paquet, au fond d'un placard. C'étaient
les lettres, la plupart encore pliées dans les enveloppes, adressées à « Monsieur Sartre ». Simone
de Beauvoir avait toujours déclaré que, si on les retrouvait, elle ne les publierait pas de son vivant, mais qu'après sa mort on pourrait le faire.
Simone de Beauvoir racontait qu'un de ses plus anciens fantasmes l'incitait à imaginer que son
existence entière s'enregistrait quelque part sur un magnétophone géant. Ces 321 lettres participent, à leur manière, de ce rêve d'enregistrement exhaustif. On y entend en tout cas certainement sa voix, dans ses intonations
les plus fugitives comme les plus constantes, sa vraie voix vivante.
Lettres à Sartre.– T 1: 1930-1939. T 21940-1963. Ed. de Sylvie Le Bon de Beauvoir, 1990
De 1947 à 1964, Simone de Beauvoir écrivit à Nelson Algren des centaines de lettres d'amour.
Au sortir du confinement dû à la guerre, cet amour transatlantique l'entraîne dans une aventure
aussi risquée que les vols Paris-New York de ce temps-là. C'est pour elle, à la fois, la découverte
enthousiaste de l'Amérique, jusque-là mythique, et l'irruption dans sa vie d'une brûlante passion.
Nelson ne sachant pas le français, elle lui écrit en anglais. Elle désire ardemment faire entrer
l'homme qu'elle aime dans son univers, dont il ignore tout. Ainsi bénéficions-nous d'un reportage
unique sur la vie littéraire, intellectuelle et politique de ces années. Pendant que naissent devant
nous Le deuxième sexe, Les mandarins, Mémoires d'une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir
nous livre d'elle-même une autre image, celle d'une femme amoureuse.
Lettres à Nelson Algren : un amour transatlantique, 1947-1964. Ed. et trad. De Sylvie Le Bon de Beauvoir.Folio , n° 3169 *
Quand commence cette correspondance, en 1937, Simone de Beauvoir, le Castor, a vingt-neuf
ans, elle est depuis huit ans liée à Sartre, et vit avec lui ; elle a beaucoup écrit déjà, mais sans
avoir encore rien publié. Jacques-Laurent Bost a vingt et un ans, il est venu du Havre faire des
études de philosophie à Paris. Ce sont donc encore de très jeunes inconnus, et la notoriété de Sartre n'en est qu'à ses balbutiements.
Très vite, leur relation va passer de l'amitié chaleureuse à une longue liaison amoureuse. Mais
l'histoire privée qui naît et grandit au long de ces pages est tout entière marquée par la menace de
la guerre. C'est de tout cela que témoignent ces lettres, mais aussi de la manière si personnelle
qu'avaient Simone de Beauvoir et Jacques-Laurent Bost de concevoir les rapports amoureux et la jalousie.
Intenses et vivantes, ces lettres nous plongent dans une véritable conversation tenue par deux amants passionnés et brillants, aux premières heures de leur philosophie de l'existence.
Correspondance croisée avec Jacques-Laurent Bost, 1937-1940. Ed. Sylvie Le Bon de Beauvoir, 2004
II. Documents sur Simone de Beauvoir disponibles à la bibliothèque Filigrane
« Depuis près de vingt ans, il m’était donné de la rencontrer fréquemment ; j’avais lu ses livres ;
je pensais la connaître. L’an dernier, la fantaisie m’est venue de relire avec une extrême attention
la totalité de son œuvre : l’étude que voici ne tend à proposer aux lecteurs et lectrices de Simone
de Beauvoir une certaine compréhension, qui est aujourd’hui devenue la mienne, de son entreprise de vivre en même temps que de son choix d’écrire et de s’avouer à nous » Francis Jeanson.
Simone de Beauvoir ou l’entreprise de vivre / Francis Jeanson.– Seuil, 1966
Issue d’une famille de scientifiques français qui voyagent à travers le monde, Claudine Monteil
raconte l’histoire de sa jeunesse entre trois continents, l’Europe, les Etats-Unis et l’URSS, alors
que la guerre froide coupe le monde en deux. Elle explique son engagement pour les droits des
femmes par l’exemple de sa mère. Celle-ci, après la Deuxième Guerre Mondiale, dut se battre
pour devenir chimiste, occuper de hautes fonctions et obtenir des autorités l’accès àC’est donc
tout naturellement qu’après avoir connu Jean-Paul Sartre dans les groupes étudiants de mai 1968,
Claudine Monteil s’engage, à l’âge de vingt ans, en 1970, aux côtés de Simone de Beauvoir dans
le mouvement des femmes. Commence alors une amitié qui durera jusqu’à la disparition de l’auteure du Deuxième Sexe, en 1986.
Les Mémoires d’une jeune fille rebelle racontent, jour après jour, des aspects méconnus des luttes entreprises
pour changer la condition des femmes en France. Elles éclairent de façon intime et poignante les épreuves, la
maladie et la disparition de Sartre, mais aussi les joies et les accomplissements. En moins de cinq ans, malgré
les insultes et les traquenards les femmes du MLF, parviendront à changer la société. Ce livre très vivant et
plein d’anecdotes est donc le journal de campagne d’un combat victorieux.
Simone de Beauvoir : le mouvement des femmes : mémoires d’une jeune fille rebelle / Claudine Monteil.–
Stanké, 1995
Dépassant les catégories traditionnelles de la biographie et de la critique littéraire, l’essai de Toril Moi retrace l’itinéraire de cette intellectuelle pionnière, auteur de l’incontournable Deusième
sexe. Approches sociologiques, psychanalytiques, littéraires et philosophiques se répondent pour
illustrer les conflits et les contradictions auxquels se heurte Beauvoir dans l’élaboration de sa
personnalité d’intellectuelle, de femme et d’écrivain. La réception de son œuvre, les multiples
facettes de sa relation à Jean-Paul Sartre, aux hommes, au désir et à la sexualité, son parcours
dans le système éducatif français, documentés avec soin par Toril Moi contribuent à ce bilan
sans complaisance de la position des femmes dans le champ intellectuel au XXe siècle. Provocateur, stimulant et original, cet essai sonde la genèse de cette éthique de l’indépendance qui ne lasse pas de fasciner.
Simone de Beauvoir : conflits d’une intellectuelle / Toril Moi.– Diderot, 1995.
Lors de sa publication en 1949, Le Deuxième Sexe a fait scandale : Simone de Beauvoir osait
parler librement de la sexualité féminine, prônait la contraception et l’avortement, déniait l’existence d’un instinct maternel, encourageait les femmes à l’indépendance économique et émotionnelle, et annonçait qu’ On ne naît pas femme on le devient. Des milliers de femmes ont trouvé
dans Le Deuxième Sexe une analyse des mécanismes de leur opression, la preuve que leur sort
n’était pas immuable, et qu’elles pouvaient devenir les égales des hommes. Mais ce livre a-t-il
vraiment constitué la Bible des féministes, comme la presse l’a annoncé lors de la mort de Simone de Beauvoir en 1986 ?
Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir : un héritage admiré et contesté / Sous la dir. de Catherine
Rodgers.– L’Harmattan, 1998
Le Paris de Simone de Beauvoir propose une déambulation sentimentale et intellectuelle parmi
27 lieux de Paris qui ont marqué les années parisiennes de l’auteur du Deuxième sexe. Ses maisons, les écoles, les librairies, les lycées, les cafés ainsi que les jardins qu’elle a aimés, sont visités. A chaque étape, un court texte apporte un nouvel éclairage sur les plus importants moments
de la vie de l’illustre féministe. Des citations de journaux inédits (1926-1930) permettent une
nouvelle approches des années de formation de Simone de Beauvoir.
Le Paris de Simone de Beauvoir : parcours / Barbara Klaw.– Syllepse, 1999
Chronique féministe , la revue de l’Université des Femmes de Bruxelles, consacre son n° 69 à Simone de Beauvoir. La matière en a été fournie par les événements organisés par l’Université, en préparation du Colloque international de Nouvelles Questions Féministes (janvier 1999). Le volume s’ouvre sur un florilège de souvenirs,
commentaires et critiques autour de la lecture du Deuxième Sexe , recueillis lors de rencontres par tranches
d’âge. En seconde partie, les textes des interventions et la transcription des débats de la Journée d’étude du 11
novembre 1998, « Actualité du Deuxième Sexe ». Un numéro dense et varié.
Simone de Beauvoir : cinquantenaire du deuxième sexe : 1949-1999 .– Chronique féministe ; n° 69, 1999.
Emancipation des femmes, liberté sexuelle, contraception : les libertés que revendique Simone
de Beauvoir en 1949, dans Le Deuxième Sexe, paraissent bien scandaleuses. En ces années de
guerre froide, chaque camp se veut le défenseur de la morale et de la famille. L'égalité des hommes et des femmes a certes fait un grand pas au lendemain de la guerre, mais elle s'efface devant
le rôle de la mère, dans les textes de loi comme dans les esprits. Les féministes font bien pâle
figure face aux dynamiques associations de femmes catholiques qui se mobilisent pour le retour
de la femme au foyer, ou aux communistes qui s'opposent à la contraception.
Une nouvelle génération de femmes commence cependant à s'interroger sur les possiblités de
cumuler vie familiale et vie professionnelle, sous l'égide d'une poignée de personnalités. Cette mouvance associative surgit sur la scène publique au milieu des années 1950, lorsque le Planning mène une vigoureuse bataille pour la contraception. Peu à peu, les idées du Deuxième Sexe font leur chemin. "Nous sommes enfin sorties du Moyen Age (?)", s'exclame bientôt Clara Malraux. La femme est "démystifiée" par Betty Friedan. Mais,
selon d'autres, elle reste la "dernière esclave". Il faut attendre 1970 pour que les militantes du MLF mènent de
nouveaux combats pour la libérer.
Les années Beauvoir : 1945-1970 / Sylvie Chaperon.– Fayard, 2000.
La complexité de la structure philosophique qui sous-tend Le Deuxième sexe exige qu'il soit lu
comme un classique et replacé dans le contexte d'une époque déjà lointaine.
Simone de Beauvoir est une des premières femmes à avoir entrepris une explication philosophique
de l'assujettissement des femmes en se plaçant au niveau individuel comme à celui de la société. Il
n'est pas de meilleures raisons pour lire Le Deuxième sexe aujourd'hui.
Sexe et existence : la philosophie de Simone de Beauvoir/ Eva Gothlin, Michel Kail.–
Michalon, 2001
Reconnu comme un livre majeur du XXe siècle, Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir est paru
en 1949, il y a plus de cinquante ans.
Si l'accueil qu'on lui a réservé en France au moment de sa parution a été houleux, qu'en a-t-il été au
Québec ? Quelle influence a-t-il exercée sur ses lectrices ? Bien qu'il ne soit pas un livre féministe
au sens qu'empruntera ce qualificatif dans les années 70, lorsque "féministe" renverra à "collectif", il
a toutefois été considéré comme une bible, un texte fondateur pour la renaissance du mouvement
des femmes et est encore aujourd'hui un héritage vivant.
Les textes rassemblés ici visent à amorcer une réflexion critique sur la contribution du Deuxième Sexe aux débats théoriques féministes des dernières décennies, notamment en ce qui a trait à la maternité, à la prostitution,
au lesbianisme, à l'exclusion et à la différence. Ces textes montrent également que Le Deuxième Sexe est une
des pièces de l'ensemble de l'oeuvre de Simone de Beauvoir, à la fois philosophe, essayiste, romancière, mémorialiste, militante et femme.
Le Deuxième Sexe : une relecture en trois-temps, 1949-1971-1999.– Remue-ménage, 2001
Dédicace des auteurs : notre but n'est pas de nous pencher sur l'oeuvre de l'auteur des
"Mandarins". On chercherait en vain, dans notre projet, un ouvrage de philosophie existentialiste,
un traité du féminisme ou l'analyse de chacun des nombreux ouvrages publiés par Simone de Beauvoir... Non, notre objectif c'est de la "montrer", à chaque étape de sa vie - le texte intervenant
comme une sorte de commentaire biographique. C'est donc son image qui nous a guidés, "ce visage
lisse" qui a inspiré toute une génération de photographes, de Gisèle Freund à Henri Cartier-Bresson
en passant par Denise Bellon, Brassaï, Robert Doisneau... L'image d'une femme dont la réelle beauté a été, sinon niée, du moins trop souvent oubliée au profit de l'intelligence : "Simone a l'intelligence d'un
homme", disait déjà son père, comme elle le rapporte dans "Mémoires d'une jeune fille rangée". C'est donc
cette femme (qui déclara un jour, au cours d'un entretien : "Je ne connais personne d'aussi doué que moi pour le
bonheur") dont nous suivrons en photos l'itinéraire : ses amours, ses voyages, ses amitiés. Les lieux, les êtres...
Bref, une véritable photobiographie. Outre les photos publiques et celles, privées, qui se trouvaient déjà en notre possession, nous avons pu avoir accès à des clichés conservés dans diverses collections particulières, notamment celle de la bibliothèque de l'université de l'Ohio (ces derniers clichés éclairant d'un jour inédit et passionnant le voyage que fit Simone de Beauvoir au Mexique, en compagnie de Nelson Algren, à la fin des années
quarante). Nous avons aussi - et surtout - reçu le soutien de Sylvie Le Bon de Beauvoir qui a bien voulu s'intéresser à notre projet et mettre à notre disposition ses archives personnelles : photos rares, et manuscrits autographes de Simone de Beauvoir. (Gérard Bonal et Malka Ribowska)
Simone de Beauvoir / Gérard Bonal, Malka Ribowska, Loviny Christophe.– Seuil, 2001
Ce colloque, placé sous le haut patronage de l'Unesco, soutenu par les éditions Syllepse, a été largement remarqué dans la grande presse, tant nationale qu'internationale. Le présent ouvrage, qui en
est issu, rassemble plus de 60 articles signés par les meilleur-es spécialistes qui évaluent la contribution historique de la « Bible » du féminisme dans chaque domaine du savoir, et explorent les
multiples facettes d'un ouvrage qui continue, cinq décennies après son élaboration, à fasciner ses
lecteurs et lectrices. Ainsi la philosophie beauvoirienne, loin de n'être qu'une application de l'existentialisme sartrien, est considérablement réévaluée. Les enjeux féministes, passés ou présents, ici
ou ailleurs, sont débattus avec passion. Les études sur les réceptions et les traductions dans des contextes nationaux très différents, éclairent l'itinéraire de cette œuvre décidément exceptionnelle. Les nouvelles générations
lui posent de nouvelles questions : quelle meilleure preuve du rayonnement - dans le siècle qui commence - de
cette œuvre vraiment exceptionnelle ?
Cinquantenaire du deuxième sexe : colloque international Simone de Beauvoir / dir. Christine Delphy,
Sylvie Chaperon.– Syllepse, 2002
L'une blonde, l'autre brune.
L'une peintre, l'autre écrivain ; l'une sage, l'autre rebelle. Malgré leurs différences, Hélène et Simone de Beauvoir sont unies par un amour indéfectible que ni le temps ni les divergences esthétiques ou politiques rie parviendront à entamer. Alors que Simone obtient l'agrégation de philosophie et rencontre Jean-Paul Sartre, Hélène réalise sa première exposition de peinture sous le regard de Picasso.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, les deux sœurs sont séparées. Hélène épouse à Lisbonne l'un des élèves de Sartre. Lionel de Roulet, défenseur actif de la France libre, et réalise une
première série de tableaux sur la vie quotidienne au Portugal. Restée en France pendant l'Occupation, Simone
publie son premier roman, L'Invitée. La Libération rassemble les deux sœurs qui sont alors entraînées dans le
tourbillon de la création et dans les affres de la guerre froide.
Simone et Hélène parcourent le monde, se croisent, se rejoignent, se séparent encore. L'une atteint la célébrité,
l'autre y aspire mais, malgré de nombreuses expositions, reste moins connue. Jalousies, amours déçues, rivalités, fascination, conflits politiques peuplent l'univers des deux sœurs et alimentent leurs confidences. Mai 1968
les réunit à nouveau dans l'aventure des droits des femmes que Claudine Monteil vécut à leur côté.
L'auteure raconte, dans l'intimité, les joies, les chagrins et les luttes de ces deux femmes exceptionnelles, dont
l'une laisse une œuvre littéraire colossale et l'autre plus de huit cents tableaux et gravures. Une histoire fascinante du XXe siècle
Les sœurs Beauvoir/ Claudine Monteil.– Ed. n° 1, 2003
Interrogée, entre 1972 et 1982, par Alice Schwarzer, journaliste, chef de file des féministes allemandes et amie proche, Simone de Beauvoir raconte son engagement dans la lutte pour les droits
des femmes, relate les actions qu'elle a menées, parle d'amour, de politique, de sexualité, de maternité, du travail féminin et du pacifisme, s'insurge contre l'idée d'un "éternel féminin" et celle
d'une "supériorité des femmes". Elle répond aussi à des questions très personnelles : l'intellectuelle n'en est pas moins une femme qui aime - Jean-Paul Sartre participe à l'un des entretiens -,
travaille (beaucoup), se voit vieillir et souffre. Elle a le culte de l'amitié et, le confesse, un caractère très absolu. Des années plus tard, la plupart des revendications et des constatations sur la
place de la femme dans la société, la solitude de la vieillesse ou encore la recherche d'un équilibre en amour
sont toujours d'une actualité frappante.
Entretiens avec Simone de Beauvoir/ Schwarzer Alice.– Mercure de France, 2008
Simone de Beauvoir a marqué le XXe siècle, et singulièrement les femmes, par les livres qu'elle a
écrits. Depuis l'adolescence, en effet, le désir d'être un " grand écrivain " a orienté sa vie. Mais
elle est au moins aussi exemplaire par le couple qu'elle a formé avec Jean-Paul Sartre : couple
amoureux, couple inventant de nouvelles formes familiales, morales et sociales, couple engagé
dans l'histoire française et internationale, offrant l'image d'intellectuels impliqués dans les combats de l'époque. En filigrane de cette union, on peut lire les efforts d'une jeune bourgeoise, celle
des Mémoires d'une jeune fille rangée, pour échapper à l'étroitesse de son milieu et s'affranchir
des tabous. Une personnalité qui vivait avec avidité ses passions : les voyages et les découvertes
de toute sorte, les rencontres bien sûr mais aussi les livres, le cinéma, le théâtre, la peinture, et plus encore la
musique dont elle était devenue avec Sartre une véritable " connaisseuse ". Tout ceci joint à une autre passion
qui peut paraître contradictoire des précédentes, celle de tout maîtriser avec une rigueur absolue : le temps accordé à chacune et à chacun, les textes à comprendre et à retravailler, les budgets, le rythme des vacances... Ce
dernier caractère (sa " schizophrénie ", disait Sartre) lui donnant cet aspect un peu austère qui fut souvent interprété comme de la rigidité. Alors qu'elle sut être, de manière discrète, généreuse avec des inconnus, et adorée
de ses amis. Tout l'intérêt de cette biographie passionnante que propose Huguette Bouchardeau est justement de
rendre sensible la complexité de l'auteur du Deuxième Sexe et des Mandarins, et d'approcher au plus près sa
profonde humanité.
Simone de Beauvoir : biographie/ Huguette Bouchardeau.– Flammarion, 2008
Avec des textes de Laure Adler, Fadéla Amara, Elisabeth Badinter, Geneviève Brisac, Chahla
Chafiq, Sophie Chauveau, Dominique Desanti, Claire Etcherelli, Christine Fizscher, Robert Gallimard, Liliane Kandel, N. Kosciusko-Morizet, Claude Lanzmann, Eliane Lecarme, Michèle Le
Doeuff, Catherine Millet, Michelle Perrot, Elisabeth Roudinesco, Yvette Roudy, Josyane Savigneau, Wassyla Tamzali, Philippe Val.
La transmission Beauvoir .– Les Temps Modernes, janvier-mars 2008 ; n° 647-648
« Castor de guerre » : ces mots que Simone de Beauvoir écrit en 1939 au dos d'une petite photographie résonnent comme une promesse et dessinent le programme d'une vie aussi exigeante dans
les choix privés que dans les choix publics.
Les affrontements politiques de l'après-guerre, de la guerre froide, de la décolonisation la poussent à une radicalité qui offre peu de place au doute, à l'indulgence et au compromis. Et la réussite
éclatante de son œuvre, l'écho mondial du Deuxième Sexe auprès de lecteurs qui ne sont pas tous
des femmes dessinent une image d'elle que ses Mémoires vont encore accentuer. Construite,
contrôlée, impérieusement diurne. Masquant parfois les contradictions secrètes d'une femme passionnée, prise entre l'ardeur de vivre et l'horreur du néant.
Faire le portrait de Simone de Beauvoir en Castor de guerre, c'est raconter aussi ce que fut le XXe, ce « siècle
des extrêmes ». Un monde d'antagonismes radicaux, où les intellectuels français avaient encore un rôle, celui
de « grandes consciences », généreuses, intrépides, jusqu'à l'aveuglement parfois. L'échec des grandes idéologies, la fin de la suprématie européenne, la globalisation ont signé notre entrée dans un monde entièrement différent. Mais en relisant l'œuvre incandescente de Simone de Beauvoir, on se demande s'il faut se réjouir que sa
passion de l'Absolu ait fait place à un relativisme qui laisse sans réponses les grandes questions qu'elle avait osé
affronter.
Castor de guerre.– Danièle Sallenave.– Gallimard, 2008
VHS, DVD
Cinquantenaire du Deuxième Sexe : 1949-1999 .– Un filme de Carole Roussopoulos ; avec la collab. de
Christine Delphy.– VHS, 2001.
En janvier 1999, cinquante ans après la publication de l’ouvrage magistral de Simone de Beauvoir, un grand
colloque réunit à Paris des femmes de 37 pays. Le Deuxième Sexe a déjà été traduit dans plus de 50 langue et
aujourd’hui encore de nouvelles traduction– en hindi, en coréen, en russe entre autres– sont sur le chantier,
tandis que de nouvelles éditions sont programmées. Le film est un concentré de ces cinq jours de rencontre : les
moments forts, les témoignages des proches de Beauvoir, les entretiens avec des femmes venues des quatre
coins du monde pour parler du rôle que Le Deuxième Sexe a joué dans leurs vies. Le film rend compte de la
variété des sujets traités mais aussi de l’ambiance spéciale, à la fois sérieuse et festive, émue et drôle, de ce
colloque « pas comme les autres ».
Evoquer la personnalité de Simone de Beauvoir, c’est partir sur les traces de la romancière, de la
philosophe, de la militante politique et féministe, mais aussi de la femme dans toute sa richesse
et sa complexité, à la lumière d’une époque riche en bouleversements pour la société tout entière.
Simone de Beauvoir, une femme actuelle .– Dominique Gros, DVD Arte, 2008
Bonus : Pourquoi je suis féministe .- interview de Simone de Beauvoir par Jean-Louis
Servan Schreiber
La passion de Simone de Beauvoir pour Jean-Paul Sartre commmence en 1929 alors qu’ils préparent l’agrégation de philosophie à la Sorbonne. Beauvoir pense pouvoir tout partager avec ce
fascinant alter ego. Mais Sarte, Don Juan insatiable, lui propose un pacte : confesser leurs infidélités. Un duel d’amour commence. Il l’entraîne dans une vie aussi riche que dissolue qui ne la
laissera pas intacte. De bonheur en épreuve, mûrit en Beauvoir une oeuvre qui va changer la vie
des femmes : “Le deuxième sexe”…
Les amants du Flore.– Réal. Ilan Duran Cohen.– avec Lorànt Deutsch et Anna Mouglalis,
DVD.-Francetélévisions, 2006
Réalisé par :
Bibliothèque Filigrane - Femme, Famille, Egalité
67, rue de la Servette,Genève
Tél. 022 740 31 41
www.f-information.org
Genève, septembre 2008

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