Recteur d`académie

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Recteur d`académie
Recteur d’académie
Recteur d’académie
Fiche technique
Le recteur représente le ministre de l'Éducation nationale et le
ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche au niveau
de l'académie. Il est responsable de la totalité du service public de
l'éducation dans son académie, de la maternelle à l'université1.
Le recteur veille à l'application de toutes les dispositions
législatives et réglementaires se rapportant à l'Éducation nationale.
Il définit les objectifs de la politique académique, en particulier la
nature des formations et les conditions d'affectation des élèves. Il a
autorité sur la gestion des personnels et des établissements, est
responsable des relations avec les milieux politiques, économiques,
socioprofessionnels. Il est Chancelier des universités et assure la
coordination des établissements d'enseignement supérieur.
L'organisation des services, qui relève de sa compétence, peut varier d'une académie à une
autre.
Comment devient-on recteur ?
Il n'existe pas de formation initiale au métier de recteur. En grande majorité les recteurs sont
des professeurs des universités et souvent d'anciens présidents. Il y en a actuellement 31.
Le décret concernant les conditions de recrutement des recteurs vient de changer ; le texte
prévoit : « que l'accès aux fonctions de recteur sera en effet désormais ouvert dans la limite de
20 % à la fois aux secrétaires généraux des ministères et directeurs d'administration centrale
ayant exercé l'une ou l'autre de ces fonctions pendant au moins trois ans (…) ».
Les Recteurs sont nommés en Conseil des ministres.
Combien de temps reste-t-on recteur ?
Il n'existe pas de règles en la matière mais la moyenne se situe entre 2 et 6 ans.
En savoir plus : les rectorats et services départementaux de l’éducation nationale
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Il exerce aussi des compétences dans le domaine de l'enseignement privé sous contrat.
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Recteur d’académie
Interview de Gérard Besson
Interview de M. Gérard Besson, Professeur des
universités, Recteur de l'académie de Clermont-Ferrand,
Chancelier des universités, jusqu'en 2012. Il a été
auparavant Président de l'Université d'Orléans.
« Être recteur », c'est quoi ?
Le recteur représente le ministre de l'Éducation nationale et celui de l'enseignement supérieur
et de la recherche dans une académie, qui correspond le plus souvent à une région. Il s'agit d'un
poste à connotation politique au sens noble du terme. Le Recteur travaille avec deux autres
représentants de l'État, eux aussi nommés en Conseil des ministres : le préfet de région et le
directeur général des finances publiques (autrefois Trésorier Payeur Général).
Un recteur est recruté pour exercer trois grandes missions et à ce titre il doit obligatoirement
être :
ƒ un pédagogue, porteur d'un projet d'enseignement qui s'articule autour de ce qui construit
globalement la réussite des élèves ;
ƒ
un manager : la gestion des ressources humaines est essentielle. Pour exemple, dans
l'académie de Clermont-Ferrand, je gère 23 000 personnes dont les salaires représentent
95 % de mon budget (soit 1,2 milliard d'euros)
ƒ
un gestionnaire, responsable de la bonne utilisation des finances publiques : même si je
suis assisté d'un secrétaire général, quand il y a des décisions à prendre, je dois en imaginer
les impacts. Compte tenu du nombre d'élèves et d'établissements, si je décidais
d'augmenter les moyens pédagogiques de chaque établissement, et si je n'avais pas des
notions précises du fonctionnement des finances publiques, il se pourrait que nous soyons
en difficulté sur le plan financier global.
C'est donc un pédagogue, un directeur des ressources humaines, et un administrateur qui,
compte tenu du fait qu'il est nommé en Conseil des ministres, mène la politique éducative
décidée par le gouvernement. Localement, le Recteur dispose toutefois d'une liberté de
proposition et d'expérimentation.
Compte tenu du nombre de personnes à gérer, et du budget engagé, il est assisté dans sa tâche
par de nombreux collaborateurs.
Quel est le rôle du recteur au niveau pédagogique ?
Le système éducatif français est national et plutôt bon mais, quand on l'analyse de manière
précise, il laisse quand même quelques enfants sur le bord de la route. On sait qu'au niveau
national entre 100 000 et 130 000 élèves quittent chaque année le système éducatif sans aucune
formation ou qualification. Ce n'est pas acceptable dans un pays comme le nôtre. Un travail de
fond est fait sur tous les aspects de l'échec scolaire, autour de l'illettrisme, par exemple.
J'insiste sur ce point : le sujet numéro 1 d'un recteur, c'est la réussite de l'élève. Le ministre ou le
recteur n'ont de raison d'être que par ce qu'ils essayent de mettre en place pour tous les élèves
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même si on laisse parfois entendre qu'ils ne sont que de simples gestionnaires.
Je suis un recteur avec une certaine expérience qui constate toujours que cette fonction reste
absolument passionnante et incomparable.
Comment faites-vous pour faire passer votre message pédagogique ?
J'ai autour de moi de nombreux collaborateurs, au premier rang desquels se trouvent les
inspecteurs d'académie, DSDEN2 qui ont tout d'abord la responsabilité du premier degré.
Les chefs d'établissements, l'encadrement au sens large et les professeurs sont autant de relais.
Tout ceci repose sur une organisation très hiérarchisée et subdivisée qui a fait ses preuves. Ce
sont dans l'académie presque 250 000 élèves et étudiants qui font l'objet de notre attention.
Vous êtes également Chancelier des universités, quelles sont vos responsabilités ?
En tant que Chancelier des universités, j'ai une responsabilité très forte. Les dispositions de la
Loi « Pécresse » ont donné plus d'autorité aux présidents d'université, mais la partie « contrôle
de légalité » et la partie financière sont sous ma totale responsabilité. Il existe maintenant un
accord avec la DRFIP3 pour analyser techniquement les comptes des universités. J'ai également
une responsabilité au niveau des emplois : je m'engage sur la « soutenabilité de l'emploi », donc
dans une très large mesure sur la pérennisation de la masse salariale.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la gestion des ressources humaines ?
La richesse de l'Éducation nationale, ce sont les êtres humains qui la composent. Dans notre
académie, cela représente 23 000 personnes, essentiellement des enseignants. Les autres
acteurs sont des personnels administratifs, les services de santé, les services sociaux, par ailleurs
incontournables pour la bonne marche de l'académie.
Il existe des situations complexes. Dans une cité scolaire, il est indispensable que tous les acteurs
travaillent ensemble : collège/département, région/lycée, enseignement supérieur/État. Pour
cela, il faut un certain sens politique de la négociation…
Je connais tous les personnels de direction qui se trouvent à la tête de chaque établissement
(250 sur l'académie). Je les reçois très régulièrement, soit en groupe pour faire passer un
message, soit individuellement quand ils ont des difficultés.
Cela fait partie de mes obligations de gestion des ressources humaines. Je dirai qu'ils forment le
premier noyau relationnel entre le professeur, sa classe et le recteur. Ce sont des acteurs
incontournables.
Enfin les corps d'inspection me permettent également d'avoir une connexion immédiate et
précise avec ce qui se passe dans l'académie. Un mot-clé concernant la gestion de ces ressources
humaines : la concertation.
Quels sont vos rapports avec l'administration centrale ?
Je dialogue avec le ministère de l'Éducation nationale en fonction de nos besoins, de nos projets
et bien sûr de l'existant : c'est le dialogue de gestion qui a lieu au mois d'octobre, avant la loi de
finances. Une fois la synthèse faite des données issues de toutes les académies, le ministère
répartit les moyens sur toute la France.
Je vous rappelle que ce Ministère, premier et second degrés seuls, représente 60 milliards
d'euros (premier budget de la nation). L'académie de Clermont-Ferrand représente, quant à elle,
1,98 % de ce budget.
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Directeurs des services départementaux de l'Éducation nationale
Direction régionale des finances publiques
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Vos relations se limitent-elles uniquement au ministre de l'Éducation nationale ?
Non, bien sûr. Il va de soi que c'est mon principal interlocuteur, avec la ministre de
l'Enseignement supérieur. Mais je travaille également avec le ministre de l'Intérieur, quand il
s'agit de sécurité, avec le Secrétaire d'état aux Collectivités territoriales, pour les questions
d'aménagement du territoire, avec le Garde des Sceaux pour celles de discipline. Quand des
dispositifs particuliers sont mis en place, je peux aussi avoir à faire avec le Ministère de la Ville
ou celui de l'Industrie.
Et localement, comment cela se passe-t-il ?
Tous les mois est organisée une réunion importante, la conférence administrative régionale, où
le préfet réunit les préfets de départements, les chefs de service de l'État. Y sont
systématiquement invités le directeur général des finances publiques et moi-même. J'applique la
politique mise en œuvre par le gouvernement.
Avec les collectivités territoriales et les élus (sénateurs, députés), les relations sont parfois plus
délicates et lourdes de conséquences.
Mon souci numéro 1, c'est la réussite des élèves, mais certains élus privilégient davantage
d'autres domaines, comme l'aménagement du territoire. Il en résulte parfois un dialogue un peu
compliqué.
Quel est le rôle du Secrétaire Général à vos côtés ?
Il s'occupe davantage de l'ensemble de l'administration, mais il va de soi que je vois
régulièrement tous ceux qui ont la responsabilité d'un service. Ce dispositif me fait gagner un
temps considérable : tout cela est très bien organisé et fonctionne bien.
Qui, à vos côtés, gère toutes ces relations, autant en interne qu'en externe ?
C'est le directeur de cabinet qui est le « pendant » politique du secrétaire général et qui me
seconde dans la gestion de toutes les tâches dont je vous ai parlé.
À quoi ressemble une journée de recteur ?
À une journée très remplie ! J'anime diverses réunions, de la mise en place concrète de la
réforme du lycée à la présentation des grandes lignes de la politique académique aux stagiaires
personnels de direction. J'écoute, je dialogue et bien évidemment il y a une somme de cas
particuliers que je me dois de traiter personnellement. Pour exemple, il y a dans l'académie des
élèves « à besoins pédagogiques particuliers », des élèves présentant donc des handicaps. Je
m'implique pour que dans l'académie de Clermont-Ferrand nous mobilisions une énergie
particulière sur ce sujet.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, Mise à jour mai 2013.
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