approche neuropsychologique du HP site yvoir

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Le TDA/H chez l’enfant à haut potentiel
Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est un trouble qui touche 2 à 5%
de la population. Trois composantes constituent ce trouble : le déficit d’attention, l’impulsivité et
l’agitation motrice. Ces composantes peuvent se présenter de façon isolée ou dans une forme mixte.
La présence des troubles attentionnels chez l’enfant à haut potentiel est souvent controversée pour
diverses raisons mais principalement parce que la description des symptômes du déficit attentionnel
s’apparente très fortement à la description des comportements caractéristiques de l’enfant à haut
potentiel et principalement de l’enfant à haut potentiel « qui s’ennuie ».
Si l’on considère les critères du DSM IV (le manuel diagnostic des troubles mentaux) pour établir le
diagnostic du trouble de l’attention, on constate que la plupart des symptômes peuvent souvent se
rencontrer chez un enfant à haut potentiel dans certaines situations
DSM IV
Inattention
(a) souvent, ne parvient pas à prêter attention aux détails, ou fait des fautes d'étourderie dans les
devoirs scolaires, le travail ou d'autres activités
(b) a souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux
(c) semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement
(d) souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs
scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles
(e) a souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités
(f) souvent, évite, a en aversion, les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu
(g) perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités
(h) souvent, se laisse facilement distraire par des stimuli externes
(i) a des oublis fréquents dans la vie quotidienne
Hyperactivité
(a) remue souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur son siège
(b) se lève souvent en classe ou dans d'autres situations où il est supposé rester assis
(c) souvent, court ou grimpe partout, dans des situations où cela est inapproprié
(d) a souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir
(e) est souvent "sur la brèche" ou agit souvent comme s'il était "monté sur ressorts"
(f) parle souvent trop
Impulsivité
(g) laisse souvent échapper la réponse à une question qui n'est pas encore entièrement posée
(h) a souvent du mal à attendre son tour
(i) interrompt souvent les autres ou impose sa présence
Certains auteurs ont tenté d’établir des listes de comportement permettant d’établir un diagnostic
différentiel TDA/H ou HP sur bases des caractéristiques observées mais la variabilité des troubles est
grande dans les deux groupes et ce diagnostic n’est pas toujours aisé.
Le point central du diagnostic différentiel est souvent considéré être la présence des comportements
spécifiques se manifestant de façon générale ou seulement dans une situation bien particulière. Il est
généralement admis que si le comportement problématique est observé de façon assez constante dans les
divers milieux de vie de l’enfant, il relèvera probablement d’un trouble TDA/H. Si le comportement se
manifeste particulièrement dans une situation comme à l’école par exemple, il sera plutôt attribué au
haut potentiel. Cette question est toutefois beaucoup plus complexe qu’elle ne paraît car même si le
diagnostic du TDA/H implique que les comportements de l’enfant doivent être observés dans plusieurs
milieux pour être fiables, on sait qu’un enfant TDA/H peut réagir très différemment selon le cadre qui
lui est imposé.
Idéalement le diagnostic de trouble d’attention avec ou sans hyperactivité ne devrait pas être posé
uniquement sur base d’une observation comportementale ou d’échelles de comportement remplies par
les parents et les enseignants. C’est la raison pour laquelle le diagnostic se base également sur la
réalisation de tests neuropsychologiques.
L’interprétation des résultats aux tests n’est toutefois pas non plus exempte de problème car certains
sujets peuvent obtenir des résultats normaux aux tests alors qu’ils présentent tous les signes cliniques
d’un trouble TDA/H. Le problème est encore plus complexe lorsqu’il s’agit d’enfants à haut potentiel.
La controverse sur la présence du trouble d’attention chez l’enfant à haut potentiel tient également au
fait que beaucoup de chercheurs ou cliniciens considèrent que TDA/H et haut potentiel ne peuvent
coexister. Or il semble évident que certains enfants à haut potentiel peuvent présenter des troubles de
l’attention et qu’il est important de les diagnostiquer car ces troubles ont un impact négatif sur les
apprentissages scolaires mais également sur l’intégration sociale.
Deux problèmes se posent généralement dans le cas de la coexistence d’un TDA/H et d’un haut
potentiel.
Le premier concerne un éventuel sous-diagnostic de ces troubles chez l’enfant à haut potentiel.
Le second concerne à l’opposé la non reconnaissance du haut potentiel chez des enfants dont les
troubles d’attention seraient tellement importants qu’ils masqueraient les compétences intellectuelles
supérieures à la moyenne.
Certains travaux (Kaufman 2000) semblent indiquer que les enfants HP avec un TDA/H identifié sont
plus atteints que les autres enfants TDA/H. Ceci laisserait supposer que certains enfants à haut potentiel
présentant des troubles d’attention plus légers ne sont pas diagnostiqués et donc peut-être mal orientés
sur le plan thérapeutique ou sur le plan des adaptations scolaires éventuelles.
Ce sous-diagnostic est probablement dû en partie à une compensation par les compétences
intellectuelles lors de la réalisation de tests attentionnels.
L’analyse du profil intellectuel peut toutefois apporter des informations sur la présence d’un éventuel
TDA/H. En effet, les études actuelles sur le WISC IV semblent s’accorder pour reconnaitre une
dysharmonie dans le profil des enfants présentant un déficit attentionnel. Ceux-ci présentent des
résultats significativement plus faibles pour la mémoire de travail et la vitesse de traitement par rapport
à l’indice de compréhension verbale et à l’indice de raisonnement perceptif (Gregoire 2009).
Beaucoup d’études ont par ailleurs montré un lien entre le QI et la mémoire de travail qui serait
supérieure chez les enfants à haut potentiel. Un indice valable pour le diagnostic des troubles de
l’attention chez l’enfant à haut potentiel pourrait donc être une faiblesse de la mémoire de travail au test
de QI.
Un autre critère à ne pas négliger pour le diagnostic du TDA/H est la présence d’un tel trouble dans la
famille. En effet le caractère génétique du TDA/H est actuellement bien reconnu et certaines études
montrent que la prévalence de troubles d’attention dans la famille est la même chez tous les enfants
TDA/H avec ou sans haut potentiel
Les troubles d’attention et des fonctions exécutives peuvent pénaliser les résultats obtenus lors d’une
évaluation intellectuelle. Outre la faiblesse, mentionnée ci-dessus, de la mémoire de travail et de la
vitesse de traitement chez les sujets présentant des problèmes d’attention, d’autres épreuves peuvent
également être touchées. Les tests de raisonnement perceptif Matrice et Identification de concepts sont
également sensibles à l’impulsivité et au trouble de la flexibilité.
Des études sur la WISC III (Antshel et al. 2007) avaient également montré des résultats plus faibles
pour le subtest Cubes chez les enfants présentant des troubles d’attention.
Un haut potentiel chez un enfant présentant des troubles de l’attention risquent donc de ne pas être
reconnu.
En conclusion, s’il est bien sûr indispensable d’identifier le haut potentiel chez un enfant en difficultés,
il n’en reste pas moins indispensable d’identifier les autres troubles qui coexistent éventuellement car
l’orientation thérapeutique sera tout à fait différente en raison de cette comorbidité.
Bibliographie
L’article complet est à consulter dans le livre « Aider les enfants à haut potentiel en difficulté ». Sous la
direction de Sylvie Tordjman. PUR 2010
-Antshel K., Faraone S., Stallone K., Nave A., Kaufman F., Doyle A., Fried R., Seidman L., Biederman
J., “Is attention deficit hyperactivity disorder a valid diagnosis in the presence of high IQ?” Journal of
Child Psychology and Psychiatry, 2007, 48, P 687-694
-Grégoire J. « L’examen clinique de l’intelligence de l’enfant ». Mardaga, Wavre, 2009
-Grubar J.C. « La précocité intellectuelle, de la mythologie à la génétique ». Mardaga, Sprimont, 1997
-Jambaqué I. « Contribution de la neuropsychologie développementale à l’étude des sujets à haut
potentiel : une revue de questions ». Psychologie française 49 (2004) p 267-276
-Johnson J., Im-Bolter N., Pascual-Leone J. “Developpment of mental attention in gifted and
mainstream children: the role of mental capacity, inhibition, and speed of processing”. Child Dev. 2003 ,
74 (6), P 1594-1614
-Kaufmann, F.A., & Castellanos, F.X. Attention-deficit/hyperactivity disorder in gifted students. In K.A.
Heller, F.J. Monks, R.J. Sternberg, & R.F. Subotnik (Eds.), International handbook of giftedness and
talent. 2000 (2nd ed., pp. 621-632). Amsterdam: Elsevier.