Les pieds sous la table
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Les pieds sous la table
Le Potiron Bleu Défense et sauvegarde des traditions gastronomiques N°5 – Hiver 2014-15 Par Pauline Xiradakis Les pieds sous la table L’année 2014 touche à sa fin, l’hiver est là, paré de sa cape brumeuse qui enveloppe nos petits matins. A 7h30, le Café Tupina lève le rideau, les ouvriers encore ensommeillés prennent le café de l’embauche, il fait encore nuit et la circulation semble encore fluide sur les quais. C’est le quarante sixième hiver de La Tupina. Dans la Rue Porte de la Monnaie, cette grosse maison bienveillante a pris l’habitude d’assister à de nombreux levers du jour et d’accompagner tous ses couchers. La Tupina existe depuis 1968 et n’a jamais changé de trajectoire, ni de discours. Dès sa création, le restaurant a connu ses adeptes, ses défenseurs, et ses contradicteurs. Dans le microcosme de la rue mais aussi dans la presse. Des journalistes locaux, nationaux puis internationaux nous ont fait l’honneur de nous classer parmi les “meilleurs”, parfois du monde, devant des maisons que nous regardons avec tant de respect et d’humilité. Sur quels critères sont établis ces palmarès qui nous placent parfois si haut ? Enfant, je ne comprenais pas bien le métier de mon père restaurateur et l’intérêt que pouvaient avoir les adultes à aller au restaurant. A La Tupina je trouvais les plats bons, un peu comme à la maison. Exceptions étaient faites pour les frites que j’ai toujours considérées comme étant les meilleures du monde. J’ai d’abord réalisé en grandissant que la qualité de la cuisine familiale était élevée, incontestablement, parce que la table a toujours fait partie de ses centres d’intérêts. Mais il m’a fallu du temps pour comprendre le plaisir qu’une sortie au restaurant peut procurer : mettre les pieds sous la table, se laisser entraîner par une ambiance, prendre plaisir à se faire servir et à se laisser guider par l’histoire que le restaurateur veut nous conter. L’histoire qui est contée à La Tupina, l’hospitalité, le partage, les produits locaux, bruts et sans chichis, opère son charme sur une grande partie de la clientèle et notamment étrangère, parce que c’est une manière de découvrir un pays que de rencontrer sa table. Une petite magie se crée dans l’appel au plaisir, les cinq sens sont éveillés dans un moment de partage et de convivialité. Récemment, un habitué de Kuzina me faisait la réflexion qu’il projetait d’aller “casser sa tirelire” à La Tupina. Je nuançais l’expression, tentant de modérer cette vision d’un restaurant hors de prix, accessible avec un menu du jour à 18 euros... “Je n’ai pas l’intention d’aller à La Tupina en regardant à la dépense, je veux y aller pour faire un grand repas, avec un grand vin, et terminer par un vieil Armagnac.” Plus que les journalistes gastronomiques, parfois un peu blasés du nombre de restaurants qu’ils visitent, classant parfois La Tupina parmi leurs coups de cœurs parce que nous avons probablement des atouts de charme qui ne sont pas si communs, notre mission première est de rendre possible ce petit moment de fête. Les attentes sont grandes et le couperet du commentaire désastreux sur le web n’est jamais loin. Nous essayons chaque jour d’être à la hauteur, sans changer notre fusil d’épaule. L’histoire qui vous est contée à La Tupina est celle à laquelle nous croyons, faite de découvertes du terroir, de plaisirs et de partage. La transmission du feu qui inventèrent en duo, lors de la signature du Traité de Vienne, en 1815, ce que l’on pourrait appeler la diplomatie gourmande, usant habilement de notre cuisine nationale comme arme de dissuasion à des fins pacifiques, nous évitant, au passage, la honte d’une raclée mémorable. Extraits choisis du discours de Michel Guérard, chef étoilé, ami et compère emblématique dans la défense de la gastronomie régionale, pour la première édition de Bordeaux So Good, le 28 novembre 2014. « (…) Que serait, en effet, la cuisine française, sinon un film muet en noir et blanc, si ne se trouvaient en amont et, en coulisse, nos complices - faiseurs, nos amis producteurs, maraîchers, éleveurs, pêcheurs, ostréiculteurs, vignerons, dispensateurs de bienfaits que sont leurs produits nobles, des produits qui sont au cuisinier ce que les mots sont au romancier, les notes de musique au compositeur et lui permettent d’exprimer sa sensibilité à fleur de peau. Une cuisine française qui, depuis des siècles, ne cesse de chanter les plaisirs de la table, au service de fêtes intimes ou fastueuses, tout comme de celui de la politique internationale, tels Talleyrand et Carême, Une cuisine française en incessante effervescence, prête aujourd’hui, et pour la première fois au monde, à s’inscrire dans un nouveau rôle vertueux, celui d’auxiliaire de santé. (…) la tradition, ce n’est pas l’adoration des cendres c’est la transmission du feu ! Un restaurant n’est pas un éco-musée ni une salle d’attente, mais un théâtre des plaisirs, affichant deux représentations par jour, et dont il faut savoir renouveler le show en permanence, avant que les convives ne baillent d’ennui. Si la cuisine, enfin, est, comme la courtoisie, une manière exquise d’être à ses hôtes, elle n’en est pas moins un commerce, lequel se doit en permanence pour subsister, d’échapper au déficit de générosité, d’imagination… et de trésorerie, en gardant, bien évidemment, toujours à l’esprit, que le client, grand voyageur - consommateur en ligne, reste la pierre angulaire précieuse de notre métier de restaurateur dont l’objectif, le devoir et l’intérêt, sont, tout simplement je vous le rappelle, de le satisfaire pleinement. (...) » Le discours dans son intégralité est accessible sur le site de La Tupina : www.latupina.com Franck Audu, Depuis cet été, un nouveau chef a pris ses fonctions à La Tupina. Avec Franck Audu, nos discussions relatent l’histoire de la pêche en rivière, les marches à pieds et la chasse, les souvenirs de grandes tablées amicales. Né à Mont de Marsan, Franck Audu a fait ses classes avec Marcelin Pujol à Blagnac, maître incontesté du cassoulet, puis notamment chez M. Giraudel au Vieux Logis en Dordogne. Un chef qui a grandi avec la culture paysanne, les pieds dans la terroir et la tête sur les épaules ! Panacée à Kuzina Dans la mythologie grecque, Panacée est une déesse. Elle prodigue aux hommes des remèdes par les plantes. La Panacée, c’est l’élixir universel qui guérit tous les maux. A Kuzina, nous avons souhaité travailler sur les herbes, parfois oubliées. A la carte, une salade d’herbes (cerfeuil, persil plat, aneth, ciboulette..) et des infusions. François est notre fournisseur et vend du mardi au dimanche ses herbes au marché des Capucins. Il nous explique quelques vertus et bienfaits des herbes que nous lui prenons : La mélisse est utilisée pour ses vertus calmantes et relaxantes. Son action est bénéfique sur la tachycardie et les spasmes de l’estomac et du côlon. Elle est également recommandée dans des cas d’insomnie. Le cerfeuil est riche en potassium et en vitamine C. Le thym citron est un antitussif, idéal pour lutter contre les premiers rhumes d’hiver. La verveine était considérée dans l’Antiquité comme miraculeuse, on l’apprécie aujourd’hui pour ses vertus digestives. A la carte à Kuzina : Salade d’herbes au Poulet, 7 euros Infusion (Mélisse, Thym Citron, Verveine), 3 euros 22 rue Porte de la Monnaie 05 56 74 32 92 chef à La Tupina Le perdreau aux choux est une recette d’hiver odorante, fondante, délicieuse... Faire rôtir le perdreau avec l’ail, du thym et du laurier 35 min au four. Blanchir du chou vert coupé en morceaux pendant 5 min dans l’eau bouillante. Les retirer et les refroidir. Faire revenir de la poitrine roulée de porc noir à la poêle et y rajouter le chou avec une généreuse cuillère de beurre. Laisser mijoter 5 à 6 minutes. Une fois le perdreau cuit, le retirer de son plat de cuisson, déglacer avec un fond de volaille. Passer la sauce au chinois. Couper le perdreau en deux et dresser sur les choux. Photo : cuisinertoutsimplement.com Des repas de fêtes pour la fin d’année Le 31 décembre et le 1er janvier, tous les restaurants de la Rue Porte de la Monnaie seront ouverts pour accueillir la nouvelle année. Pour Noël, seule La Tupina restera ouverte. Nos menus ont été préparés avec soin pour célébrer ses jolis moments. N’hésitez pas à nous les demander ou à les consulter sur notre site www.latupina.com Le Dimanche des lève-tard au Café Tupina La formule “brunch” à 18 € comprend un petit déjeuner avec boissons chaudes, jus de fruits frais, viennoiseries, pains et beurre, confitures et fromages, saumon fumé et blinis, œufs cassés à la ventrèche ou saucisses purée, une salade de saison et une salade de fruits frais... Servi le dimanche de 11h00 à 14h00 au Café Tupina