Notes sur l`Atelier Partenariat public
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Notes sur l`Atelier Partenariat public
Notes sur l’Atelier Partenariat public-privé Elizabeth Johnston Le partenariat entre les secteurs public et privé dans le domaine de la prévention de la criminalité n’est pas un sujet nouveau. Nous y avions déjà consacré un atelier à l’occasion des 10 ans du CIPC, (ou 15 ans ?) : on avait alors particulièrement souligné le besoin de sensibiliser les entreprises, de former les acteurs locaux, et d’initier le personnel des entreprises aux notions de prévention et de sécurité. Depuis les pratiques de partenariat public- privé ont continué à se développer et se raffiner. Les intervenants de l’atelier Paula Poncioni, Flavia Carbonari et Kalyani Pillay, tout comme l’animateur Fabrice Fussy ou le commentateur Graham Wright, ont esquissé ensemble le constat d’un partenariat établi et croissant. Interrogés sur le fait de savoir si le partenariat public-privé constituait une phase temporaire pour pallier à des manques (notamment de services publics) dans les pays en développement, les participants ont soutenu que c’était plutôt un partenariat qui se solidifie et se diversifie. S’il prend de l’ampleur, c’est parce qu’il est bénéfique pour le secteur public comme pour le secteur privé, « winwin » comme disent les Français. Il est bénéfique pour le secteur public car les entreprises sont des acteurs clés du développement social et économique d’une ville, qu’ils contribuent à animer. Le secteur privé peut contribuer à une politique locale de sécurité bien évidemment en contribuant des ressources financières mais aussi des ressources humaines, de l’expertise. L’ensemble des participants ont souligné le fait que le secteur public doit reconnaitre qu’il n’a plus le monopole de l’expertise : il a besoin du secteur privé comme de la société civile pour mieux informer et construire ses stratégies. De plus, l’implication du secteur privé pourra aussi permettre une certaine continuité des programmes, au-delà d’alternances ou d’échéances politiques locales. Ce partenariat est aussi bénéfique pour le secteur privé, car l’insécurité représente un coût énorme pour les entreprises. La petite boutique locale comme la multinationale connaissent l’impact de l’insécurité, en termes de pertes directes, de couts de sécurisation, de primes d’assurance accrues...Ces entreprises ont donc un intérêt direct à participer à la construction d’un environnement sûr. C’est donc d’abord le pragmatisme qui préside à ce partenariat, qui ne peut fonctionner que dans l’intérêt bien compris de tous. Il n’en demeure pas moins que ce sont des partenariats complexes à mettre en œuvre, justement parce qu’ils impliquent des acteurs aux cultures et objectif très différents. Grâce à la description d’expériences concrètes, l’atelier a permis de présenter plusieurs pistes de mise en œuvre, et de souligner notamment l’importance des plateformes intermédiaires. L’absence de connaissance et parfois de confiance mutuelle entre secteurs privé et public amène les entreprises a préférer collaborer à travers l’intermédiaire d’une association ou structure de la société civile. Nous avons vu l’exemple du Forum Brésilien, plateforme interdisciplinaire, portée principalement par le secteur public mais impliquant divers acteurs de sécurité urbaine. Crée en 2006, le Forum Brésilien est devenue une plateforme de référence au niveau national, pour les pratiques et procédures, l’information notamment sur les politiques locales de prévention. Il produit un Rapport annuel, qui est une feuille de route pour la sécurité, un Journal sur la sécurité publique avec des universités, académies de police.., une Conférence annuelle, un magazine et un programme de Bourse. Le Forum pilote aussi des projets : sur la violence des jeunes, sur les Observatoires, sur la Coupe du Monde.. Ce Forum est dans une démarche d’ouverture, vers des partenariats avec le secteur privé notamment. Nous avons également découvert SABRIC, regroupement quasi-unique au monde de banques alliées dans une démarche collective de prévention. Conscientes qu’elles faisaient face aux mêmes risques, les banques ont choisi de travailler ensemble pour lutter contre la criminalité afin de faire des économies d’échelles. L’objectif de Sabric est donc de gérer le partenariat public-privé au nom des différentes banques, devenant ainsi l’interlocuteur unique représentant le secteur bancaire auprès des services de police, de Justice… De fait, Sabric représente ses membres auprès des services publics mais aussi auprès d’autres acteurs du secteur privé, comme les centres commerciaux et les casinos. Ensemble, ils peuvent partager de l’information sur les risques encourus, et préparer stratégies de prévention ou de médiatisation de phénomènes. Enfin, la Banque Mondiale a expliqué son engagement dans ce sujet par le coût important de la criminalité dans ses pays clients : coûts humains, coûts en termes de développement et pertes directes pour le secteur privé. Le secteur privé est perçu par la Banque Mondiale comme un partenaire stratégique à impliquer dans ces politiques, dans la mesure où il peut apporter ressources humaines et financières indispensables. De nombreuses pratiques internationales et les recommandations qui en découlent ont été analysées dans le Guide conçu par la Banque Mondiale avec le CIPC, et la Chambre de Commerce de Bogota. L‘exemple des UPP Social de Rio – programme de pacification et développement social des favelas -a été présenté en détail dans la mesure où la participation du secteur privé est un élément crucial de son succès. Les entreprises privées ont apporté ressources financières et humaines et y ont vu des opportunités : de participer à une politique de grande envergure, de créer de nouveaux marchés de consommateurs, de régulariser des services (autrement exploités illégalement) et d’investir dans une force de travail potentiel. Le Guide présenté par la BM propose des recommandations et des structures pour les partenariats public-privé. Parmi celles-ci, soulignons l’importance de structurer ce partenariat en établissant des règles claires et transparentes pour le régir, dans un souci d’éthique notamment. Des structures dédiées ou intermédiaires pour gérer le partenariat semblent particulièrement appropriées. Notons aussi le besoin de communiquer les résultats ainsi que le besoin de fixer collectivement des indicateurs. De ces expériences, et de l’expertise rassemblée autour de la table, certains aspects représentant des défis sont identifiés : - Le besoin d’inscrire le partenariat dans le long-terme, même si le secteur privé peut être à la recherche de résultats visibles immédiatement La construction ou le renforcement de la confiance mutuelle entre secteur public et privé La mise en cohérence des objectifs commerciaux et de sécurité publique L’élaboration du partenariat autour d’une vision inclusive de la sécurité, prenant en compte les besoins de toute la communauté, et non pas seule celle des clients. La principale dérive à éviter est celle de confondre partenariat public-privé avec privatisation de la sécurité. A travers le monde, et de manière saillante en Afrique du Sud, le domaine de la sécurité représente le premier secteur économique. En effet, dans nombre de pays, le nombre de forces de sécurité privée dépasse aujourd’hui celui des forces de sécurité publique. Le conflit d’intérêt est évident, dans la mesure où les intérêts de ce secteur ne sont pas la prévention ou la baisse de la criminalité. Les dangers de la privatisation de la sécurité, que nous nous devons de prendre en compte, ne doivent pas pour autant nous décourager de tout partenariat avec le secteur privé, si celui-ci est bien réfléchi et encadré. Il faut donc veiller à promouvoir la sécurité comme un bien commun, et les partenariats publics-privés comme l’un des outils à mobiliser.