Miles`s Bio

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Miles`s Bio
Miles Davis (1926 – 1991)
Des bords du Mississipi, où il est né le 25 mai 1926, Miles Dewey Davis fera très tôt preuve
de ce légendaire caractère. Trompettiste autodidacte, il est le plus jeune musicien de
l'orchestre de la ville. En 1942, mis au défi de contacter Eddie Randle, alors chef d'orchestre
des Blue Devils de Saint-Louis, il n'hésite pas une seconde à se présenter. Après audition, il
est engagé. Miles Davis venait de mettre un pied dans l'histoire du jazz.
Dés 1944, et sa carrière durant, Miles Davis tiendra à s'entourer des plus grands. Après la
formation de Randle, il intègre celle de Billy Eckstine dans laquelle jouent les musiciens les
plus originaux de son époque. Il côtoie Dizzy Gillespie et Charlie Parker. Au lieu d'aller aux
cours de l'école Juilliard à New York, Miles passe son temps à traîner dans les clubs de la
52ième rue. Il y rencontrera ses futurs partenaires, mais aussi l'alcool, l'héroïne et la débine.
Ses années d'apprentissage en disent long sur le futur du jeune homme. Instable, Miles Davis
est constamment à la recherche du "nouveau truc" : "The New Thing" comme on l'appellera
plus tard.
De l'explosion bebop à la naissance du cool, puis de nouveau au radicalisme hard bop, Miles
Davis expérimentera tous les styles. Entre 1945 et 1949, le musicien se fait un nom et
rencontre Thelonious Monk. Continuellement en mouvement, Miles est toujours là au bon
moment. Il est présent quand le bebop révolutionne une première fois le jazz. Accompagné de
"Bird" et de "Dizzy", il enregistre plusieurs classiques du genre. En 1949, quand ceux-ci le
quittent pour Los Angeles, il sait tirer parti de sa rencontre avec Gil Evans et accouche de son
premier chef d'œuvre : Birth Of The Cool. C'est aussi le moment où Miles commence à
imposer sa vision du jazz. A l'opposé des petites formations ou des big bands, alors à la mode,
il invente un concept d'orchestre intermédiaire où sont invités musiciens blancs et noirs,
indifféremment. Grâce à Evans, Miles entrevoit des possibilités nouvelles. Viendront les
premières tournées-outre-atlantique, Paris et les premières heures de gloire internationales.
Miles est un éternel insatisfait. La face autodestructrice de son comportement prend le pas sur
son existence. Il connaît des ennuis avec l'alcool et son addiction à l'héroïne devient
envahissante. Entre deux shoots, il rencontre son futur partenaire : Sonny Rollins, lui aussi
accro… Après avoir effectué son premier enregistrement pour Blue Note, en 1952, il retourne
chez son père. Animé de cette volonté inébranlable, il décroche, seul, de la drogue. C'est un
Miles purifié, mais toujours aussi exigeant, qui signe les deux grands classiques de hard bop
que seront "Walkin'" et "Blue O' Boogie", avec Sonny Rollins. Il remplace rapidement celuici par John Coltrane. La formule fonctionne à merveille. En 1957, il clôt le triptyque "Miles
Ahead", "Porgy and Bess" et "Sketches Of Pain". En 1958, c'est "Ascenseur pour l'échafaud"
produit par Marcel Romano, puis les premières expériences, avec "Milestones", où le
musicien s'aventure dans le jazz modal.
En 59, il enregistre "Kind of Blue". Cette embellie n'arrange en rien son caractère et, en 1960,
il insulte deux policiers, se fait battre comme plâtre et se retrouve au poste. Heureusement, les
années 60 arrivent. Autour de Miles, le monde et le jazz changent. Malgré le départ de
Coltrane, l'artiste est là "au bon endroit, au bon moment".
En 1963, sa découverte du batteur Tony Williams et du pianiste Herbie Hancock est une
révélation ! Miles va imposer ses règles au free jazz naissant dans l'élan du mouvement
hippies et des revendications sociales de la communauté afro-américaine. En 1968, fort de son
nouveau quintet (Wayne Shorter, Hancock, Ron Carter et Williams) auquel il ajoute un
guitariste, Miles entame ses expérimentations électriques. C'est l'heure de "Miles in The Sky",
"Filles de Kilimanjaro", puis le monument "In A Silent Way" avec le producteur Teo Macero,
dans lequel joue, non plus Herbie Hancock mais Chick Corea. Le sextette a également
implosé pour devenir un véritable groupe de sept musiciens. En 1972, c'est dans un chaos de
départ (Williams, Shorter) et d'arrivée (Bennie Maupin, John McLaughlin, Harvey Brooks)
que Miles Davis entame les sessions qui deviendront légendaires dans l'histoire du jazz. Nom
de code : "Bitches Brew". L'époque est à l'"afro-psychédélisme", Miles écoute de plus en plus
de funk, de rock. Cette soif de nouveauté ne fait pas l'unanimité. Beaucoup d'esthètes arrêtent
d'acheter ses disques sous prétexte que Miles a perdu sa spécificité.
Malgré les multiples changements de personnel au sein du groupe, les éclats et les
exagérations, l'intérêt de Davis pour la musique ne faiblit pas. En 1972, il écoute Jimi
Hendrix, James Brown ou Karlheinz Stockhausen. Ses influences donneront encore un objet
rare : "On The Corner", album qui doit autant au funk qu'à l'avant-garde musicale du XXième
siècle. Paraissent ensuite "Agharta" et "Pangea" mais à l'heure où sa musique redouble de
créativité, son corps, rongé par les excès divers, ne suit plus. Jusqu'à la fin pourtant, Miles
Davis sera à l'écoute de l'innovation. Même après quelques "baisses de forme" tels "You're
Under Arrest" ou "Amandla", il est écouté religieusement par tous ceux qui vénèrent
l'inventivité et l'ouverture dans le domaine musical. Le 28 septembre 1991, il s'éteint et le
monde entier perd l'un des plus grands musiciens que le jazz n’ait jamais connu.

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