Juste une mise au point

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Juste une mise au point
25 déc. 2016
Par Swank
Blog : Gimme Shelter
Juste une mise au point
Lettre à mes amis abonnés et à quelques autres.
Comme certains d’entre vous l’ont remarqué, mon précédent billet a été effacé. Il portait un regard
critique sur le traitement de la crise syrienne par /GFKCRCTV et plus globalement par les médias
français. Ayant reçu beaucoup de messages m’interrogeant sur les raisons de la disparition soudaine
de ce papier, je me sens obligé de préciser certaines choses :
1/ Mon article a bien été supprimé par /GFKCRCTV, sans même que j’en sois averti. J’en ignore
donc la raison exacte. Je l’interprète comme un acte de censure au sein d’un espace, censé
être de NKDTG GZRTGUUKQP. Ironiquement, lorsque je découvrais au réveil que mon article avait
disparu, je recevais dans le même temps la newsletter de Noël de Mediapart dans ma boîte de
messagerie : 1HHTG\NņKPF«RGPFCPEG. Sans commentaires.
2/ Quelques heures avant d’être effacé, mon article était relayé sur la page (CEGDQQM de JeanLuc Mélenchon. Faut-il y voir un rapport de cause à effet ? Je l’ignore. Tout comme j’ignore
l’état des relations entre l’équipe de Mélenchon et la rédaction de /GFKCRCTV (j’imagine
simplement qu’elles ne sont pas au beau fixe). Ce n’est pas mon problème. J’écris mes billets
de blog en toute indépendance et je ne suis pas le porte-parole de qui que ce soit. Ce que je
publie est une modeste contribution au débat citoyen et chacun est libre de s’en emparer
comme il le souhaite.
A la colère a succédé la tristesse. J’avais encore une croyance naïve dans la possibilité d’une presse
libre, indépendante, critique, ouverte au dialogue et au débat. Cette illusion a disparu. Les Français
ont une fâcheuse tendance à donner des leçons à tout le monde mais il faudrait pourtant avoir
l’honnêteté de regarder notre pays tel qu’il est : cadenassé par des chiens de garde où il est de plus
en plus difficile de débattre des choses fondamentales. Les citoyens français, qui ont durement été
frappés par des attaques terroristes l’an passé, ont toute légitimité pour exiger une plus grande
transparence de notre politique étrangère et en particulier de nos alliances stratégiques. La question
du terrorisme n’est pas uniquement une question sécuritaire. C’est également un enjeu social et
géopolitique. Il serait bien utile de s’en rappeler à quelques mois de l’élection présidentielle. J'ai
personnellement été marqué par l'attaque du $CVCENCP car j'y ai perdu des connaissances et des amis
proches ont failli y passer. J'y ai même consacré un papier, le plus triste que je n'ai jamais eu à
écrire. Le terrorisme - et par conséquent la manière dont nous le combattons - n'est pas un sujet de
plaisanterie pour moi.
Je ne vais pas réécrire mon article censuré. Mais je maintiens les points de désaccord avec la
rédaction de Mediapart au sujet de la crise syrienne. J’en dénombre trois, essentiels :
1/ Un désaccord sur la situation actuelle en Syrie et notamment sur les forces en présence et
leur composition. Je conteste la vision manichéenne d’une guerre qui opposerait l’armée d’un
méchant dictateur et de gentils révolutionnaires démocrates. Ce n’est plus du tout la réalité du
terrain.
1
2/ Un désaccord sur la manière de résoudre le conflit. Je m’oppose à l’ingérence occidentale, à
des alliances douteuses et encore davantage à une intervention armée qui ne provoquerait
qu’une dangereuse escalade du conflit. Je défends une résolution diplomatique de la guerre
avec des discussions entre ses différents acteurs. J’estime que cela aurait du être fait depuis 3
ou 4 ans.
3/ Enfin, je propose une lecture géopolitique qui semble absente des analyses médiatiques de
ce conflit. Les intérêts géopolitiques, aussi bien des Occidentaux que des Russes et de leurs
alliés respectifs, y jouent pourtant un rôle fondamental. C’est bien le rôle de la presse que de
les analyser.
Pour résumer, mon article n’était en aucun cas une ode à Poutine (qui défend une vision idéologique
qui n’est pas la mienne). Encore moins une ode à Bachar Al-Assad (le dernier paragraphe de mon
article était, faut-il le rappeler, sans aucune ambiguïté à ce propos). C’était une ode à la paix, à la
raison et à la politique. Et une dénonciation de l’hypocrisie et de la propagande de l’émotion.
Je n’avais jamais envisagé de résilier mon abonnement à /GFKCRCTV. J’estime qu’il est normal et
même sain d’avoir des sujets de désaccord et de débat avec la rédaction. Je continue de penser que
/GFKCRCTV est un bon journal en ligne, doté de journalistes de qualité. Mais cette fois-ci, une ligne
rouge a été franchie. Je ne peux décemment pas continuer à payer l’abonnement d’un organe de
presse qui censure mes billets de blog. Je constate - et je ne pense pas être le seul - que l’approche
des élections présidentielles entraine un durcissement de la ligne éditoriale du journal. Ce n’est pas
la première fois que je publie un article en rupture avec la pensée dominante. Au printemps 2015, je
m'étais fendu d'un billet en défense d’Emmanuel Todd - qui se faisait littéralement carboniser dans
les médias avec son livre 3WK GUV %JCTNKGb!. J’y développais un point de vue sensiblement différent
de celui d’Hubert Huertas de /GFKCRCTV. Cela n’avait pas empêché Edwy Plenel de tweeter mon
article. 6JG6KOGU6JG[ņTG#%JCPIKP.
J'ai la conviction profonde que /GFKCRCTV, en voulant fermer le débat, se trompe de stratégie. C’est
par la confrontation d'idées et le dialogue, aussi dur soit-il, que nous vaincrons l’obscurantisme, le
populisme, le complotisme, le racisme et toutes ces saloperies que nous combattons quasiment tous
ici. Pour l’heure, je ne souhaite pas alimenter ce débat sans fin. A vrai dire, tout cela me dépasse
déjà. Je suis un pacifiste qui aspire à une vie tranquille et paisible. Si /GFKCRCTV ne souhaite pas que
des points de vue contradictoires à sa ligne soient publiés dans son %NWD alors tant pis. Il est temps
pour moi de quitter le navire et de vous souhaiter à tous bon vent.
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la
rédaction.
Dernier commentaire
26/12/2016 17:56
Par Edwy Plenel
Cher 5YCPM, nous avons republié votre NGVVTG «PGTX«GFņWPCDQPP«F«IQWV« (elle est ici). Elle avait été
dépubliée par l’équipe restreinte chargée de la permanence du week-end qui a parfois bien le droit
d’être à son tour «PGTX«G GV F«IQWV«G. Une chose est en effet de discuter et critiquer les choix
éditoriaux de /GFKCRCTV, autre chose est de verser dans un dénigrement aveugle, tissé de préjugés et
2
de mensonges, d’amalgames et d’excommunications, dans le déni de toute vérité sur ce qu’est ce
journal.
Au mépris du travail informatif de /GFKCRCTV et de l’équipe qui le réalise, sans aucune source ni
preuve – et pour cause, car c’est un pur délire (François Bonnet a rappelé ici quelques uns de nos
articles qui le démontrent) –, votre billet nous qualifie ainsi de relais FG NC RTQRCICPFG QVCPKGPPG,
épousant NGT«EKVOCPKEJ«GPEQPHQTOG¢NCNKIPGRQNKVKSWGFG9CUJKPIVQPGVFW3WCKFņ1TUC[, fidèles à une
NKIPG KF«QNQIKSWG CVNCPVKUVG, simples rouages d’une OCEJKPG FņGPFQEVTKPGOGPV. Diaboliser ainsi ceux
avec qui on est en désaccord, ce n’est pas débattre ni argumenter. C’est insulter leur libre arbitre,
leur indépendance éditoriale et leur compétence professionnelle au prétexte d’une campagne
aveuglément partisane. C’est surtout verser dans une vision complotiste du monde, propre aux
idéologies les plus régressives et les plus obscures, ennemies de la raison et de l’émancipation, pour
lesquelles l’adversaire est forcément manipulé, influencé, corrompu ou gangréné par une force
étrangère.
La rédaction de /GFKCRCTV est donc en droit de rappeler à tout abonné que la %JCTVG«FKVQTKCNG, dont il a
accepté les termes en souscrivant à /GFKCRCTV, prohibe explicitement, y compris envers notre
rédaction, le F«PKITGOGPV, c’est-à-dire VQWVG EQPVTKDWVKQP C[CPVRQWT QDLGV FņCVVCSWGT NCT«RWVCVKQPFņWP
RCTVKEKRCPV FG O«FKTG UWT UQP EQORVG FņGP RCTNGT CXGE OCNXGKNNCPEG GV FG OCPKªTG T«R«VKVKXG (relire ici la
Charte). Ce rappel est une protection élémentaire pour un journal participatif qui compte à ce jour
128.000 abonnés actifs, d’horizons et de sensibilités diverses, ce nombre ne cessant de croître, de
jour en jour. Nous ne pouvons accepter que les espaces contributifs soient pris en otage par des
campagnes de dénigrement à sens unique, d’où qu’elles viennent, qui n’ont pas pour but de
convaincre par le débat mais de discréditer par l’invective.
Nous sommes d’autant plus fondés à assumer cette position de ferme modération a posteriori que
/GFKCRCTV ne filtre pas a priori les contributions de ses abonnés, au nom d’un HTGGURGGEJ qui repose
sur leur responsabilité et, donc, leur autodiscipline (comme le rappelle la Charte). Ce choix, que nous
assumons, est unique dans le paysage de la presse, et d’autant plus de la part d’un journal dont
l’audience n’est en rien confidentielle. C’est, par ailleurs, une prise de risque qu’aucun site de parti
politique ou de candidat en campagne n’assume : toutes les contributions y sont filtrées
préalablement, triées et, donc, censurées a priori afin de ne pas nuire à la cause ou au candidat
défendu. Ceux qui abusent de la liberté offerte à /GFKCRCTV ne pourraient donc jamais faire de même
sur les sites partisans des causes qu’ils prétendent défendre.
Comme je l’ai dit à un autre abonné en colère (c’est ici), le sectarisme brutalement exprimé depuis
quelques jours par quelques abonnés qui se réclament de Jean-Luc Mélenchon et de sa campagne
présidentielle ne sert ni leur cause ni leur candidat. Nous ne confondons évidemment pas cette
surenchère avec la famille politique dont elle se réclame. Les dirigeants du Parti de gauche tout
comme l’entourage du candidat savent ce qu’il en est : l’une d’entre eux, Corinne Morel-Darleux, était
récemment notre invitée face à Yannick Jadot (c’est ici) ; Christophe Gueugneau couvre avec
assiduité la campagne de .C(TCPEG KPUQWOKUG (voir ses articles) ; en une année, nous avons réalisé
et publié pas moins de trois longues interviews de Jean-Luc Mélenchon (elles sont ici, là et là) ; enfin,
lancée depuis cet été, notre invitation à ce qu’il soit l’invité principal de l’un de nos /GFKCRCTV.KXG,
mensuels devenus hebdomadaires, est toujours pendante, n’attendant que la date qui lui conviendra
– sans doute après la fin de la primaire socialiste.
Au début de /GFKCRCTV, lors de premières tensions participatives (car il y en eut plusieurs autres déjà,
venant d’autres horizons politiques, de l’extrême droite, de la droite, du centre ou de la gauche),
nous aimions rappeler ce qu’énonce la deuxième Déclaration des droits de l’homme, celle qui sert de
3
préambule à la Constitution de l’An I, la première des constitutions républicaines : .C NKDGTV« GUV NG
RQWXQKTSWKCRRCTVKGPV¢NņJQOOGFGHCKTGVQWV EGSWKPGPWKV RCUCWZFTQKVUFņCWVTWK GNNGCRQWTRTKPEKRGNC
PCVWTGRQWT TªINGNCLWUVKEG RQWT UCWXGICTFGNCNQKUCNKOKVGOQTCNGGUVFCPUEGVVGOCZKOG0GHCKURCU¢
WPCWVTGEGSWGVWPGXGWZRCUSWņKNVGUQKVHCKV
Cher 5YCPM, cette dépublication éphémère de votre billet est un rappel à ce principe de base d’une
discussion argumentée et raisonnée, dans le respect de toutes celles et de tous ceux qui en sont
témoins.
Lettre ouverte aux journalistes de /GFKCRCTV (et à
quelques autres)
19 décembre 2016
Par Swank
Blog : Gimme Shelter
En optant pour un traitement à sens unique de la crise syrienne,
les journalistes de /GFKCRCTV ont abandonné toute retenue
déontologique pour verser dans la propagande de guerre la plus
grossière. Lettre énervée d’un abonné dégoûté.
Les leçons de l’histoire n’ont visiblement pas été apprises. Le 20 Mars 2003, les Etats-Unis et leurs
alliés déclenchaient une guerre éclair contre l’Irak, pour renverser le régime de Saddam Hussein,
dictateur reconnu coupable d’entretenir des liens avec Al-Qaïda et de détenir des armes de
destruction massive. L’artillerie lourde fut déployée (bombardements aériens, 100 000 hommes au
sol et régiments de marines) sous l’œil de journalistes GODGFFGF souvent acquis à la cause, pour faire
de cette guerre l’une des plus médiatisées de tous les temps. On connaît la suite : l’Etat Irakien fut
pulvérisé en 2 mois, Saddam capturé à la fin de la même année puis pendu 3 ans plus tard. Les
peuples d’Occident, abrutis par des médias bellicistes transformés en organes de propagande,
étaient sommés d’applaudir à cette grande victoire du Monde Libre.
Jacques Chirac, qui devait conserver quelques restes de gaullisme enfouis quelque part, refusa
d’engager la France dans cette mascarade. Et une bonne partie des Français, déjà bien échaudée
par l’intoxication médiatique de la première Guerre du Golfe, ne marcha pas davantage dans la
combine. L’histoire leur a donné raison. On découvrit assez vite que Saddam Hussein n’était pas un
grand ami des terroristes d’#N3C±FC, et que la présence d’ADM en Irak était un immense mensonge
d’Etat, orchestré par l’Administration Bush et la CIA. Quant au plan des Alliés pour l’Irak, il tourna au
fiasco intégral. En lieu et place du régime démocratique promis, le territoire irakien se transforma en
un vaste champ de guérillas incontrôlables, et constitua le terreau idéal au développement de ligues
fascistes obscurantistes et ultra-barbares. A l’heure qu’il est, l’armée américaine continue de larguer
des bombes sur Mossoul pour vaincre &CGEJ, une organisation terroriste créée sur les cendres de
l’Etat Irakien détruit 13 ans plus tôt. Triste ironie de l’histoire.
4
Flash-back : c’est dans les geôles américaines de %COR$WEEC, en plein désert irakien, que quelques
pontes d’#N3C±FC et d’anciens dirigeants DCCUKUVGU du régime de Saddam Hussein fomentèrent la
création de ce qui allait devenir la plus dangereuse et la plus abominable faction terroriste du monde
moderne : l’'VCV +UNCOKSWG QW &CGEJ. Une organisation officiellement créée en 2006, qui dispose
désormais de moyens considérables dans les régions qu’elle contrôle, capable de se projeter à un
niveau international et de recruter par milliers des Occidentaux prêts à mourir pour la cause
FLKJCFKUVG. Le tout grâce aux généreux financements des monarchies pétrolières YCJJCDKVGU du Golfe
avec qui nous continuons de commercer sans aucun scrupule et dont nous recevons les dirigeants
en grandes pompes à l’Elysée. Après avoir été frappé sur notre territoire avec une barbarie sans nom
par #N3C±FC en janvier 2015 et par &CGEJ en novembre de la même année, par quel tour de passepasse en sommes-nous venus à considérer Bachar Al-Assad comme le problème n°1 au MoyenOrient alors même que &CGEJ progresse dangereusement en Syrie ? Et pire comment en sommesnous venus à envisager une alliance sur le terrain avec des rebelles appartenant à la branche
syrienne d’#N3C±FC ?
L’histoire se répète, donc. Sans la moindre honte, sans le moindre mea-culpa, les mêmes
journalistes qui se sont fourvoyés dans tous ces honteux mensonges (ADM en Irak, massacre de NC
)JQWVC, etc) pour justifier des positions idéologiques qui ont conduit à la mort de milliers d’innocents,
continuent encore, et sans états d’âme, d’agiter les mêmes vieilles ficelles de la propagande
QVCPKGPPG. A vrai dire, ces journalistes lobotomisés par la pensée $*., ont bien le droit de penser, que
s’allier à #N3C±FC et entrer en conflit direct avec la Russie - 2ème puissance nucléaire mondiale permettra d’établir la démocratie en Syrie et de vivre dans un monde en paix. Ils ont bien le droit
d’ignorer que l’ingérence occidentale pour renverser un Etat souverain, a toujours conduit,
historiquement à des désastres monumentaux (l’Irak en étant l’un des exemples les plus éclairants).
Mais qu’ils cadenassent à ce point tout débat contradictoire sur un problème géopolitique aussi
complexe, démontre une régression sidérante dans une démocratie comme la France où la diversité
d’opinions retranscrites par la presse devrait être une évidence. En 2003, probablement portée par
un Chirac non-aligné, une partie des journalistes français avaient tout de même fait acte de
résistance, au contraire de leurs homologues anglo-saxons illuminés dans leur délire va-t-en-guerre.
En 2016, il est tragique de constater qu’en France, même ce dernier verrou a littéralement sauté. Ce
à quoi nous assistons depuis quelques jours, c’est à une CVNCPVKUCVKQP du débat public à marche
forcée. Pour mesurer l’étendue du désastre, il suffisait de lire la semaine dernière dans .KD«TCVKQP, un
classement des candidats à la Présidentielle en fonction de leur soutien à Poutine. Voici donc où se
situe désormais le niveau du débat.
/GFKCRCTV, journal indépendant qui n’a même pas l’excuse d’être détenu par Patrick Drahi, verse
tristement dans le même matraquage éditorial. Depuis la reprise d’Alep par les forces armées
syriennes, les articles du site nous imposent le récit manichéen conforme à la ligne politique de
Washington et du Quai d’Orsay. Si l’histoire est connue d’avance - celui d’un dangereux régime du
Moyen-Orient qu’il faudrait faire tomber à tout prix en finançant et en armant de gentils combattants
rebelles –, elle s’est rafraîchie d’un nouvel arrivant ou plutôt d’un revenant : la Russie. Soit le retour KP
HWNN HQTEG CPF GHHGEV d’une puissance majeure sur la scène géopolitique mondiale qui donne des
sueurs froides au sommet des puissances de l’16#0. Et dont le dirigeant – Vladimir Poutine –
représente le méchant idéal de l’histoire pour les médias aux ordres, qui n’ont plus qu’à retranscrire,
le doigt sur la couture du pantalon, les informations des organisations installées sur place, aux côtés
des rebelles, financées à coups de millions de dollars et de livres sterling par les Etats-Unis et le
Royaume Uni. Et &CGEJ dans tout ça ? Un détail de l’histoire qui ne semble même plus rentrer dans
l’équation du problème pour les journalistes de Mediapart : au moment même où l’on nous répétait
sur tous les tons que .ņJWOCPKV« Uņ«VCKV GHHQPFT«G ¢ #NGR, un défilé de camions coiffés du drapeau
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noir de l’Etat Islamique en provenance directe de Mossoul, s’engouffrait tranquillement dans la cité
de Palmyre quelques mois après en avoir été chassés par l’armée syrienne et les Russes. Dans
l’indifférence médiatique la plus totale.
Pour bien enfoncer le clou, /GFKCRCTV organisa un F«DCV qui tourna à la discussion de salon entre
cinq intervenants qui pensaient tous la même chose, le tout devant la moustache approbatrice
d’Edwy Plenel, qui (dé)formé à bonne école au journal .G /QPFG, n’a jamais dévié de sa ligne
idéologique CVNCPVKUVG. Pendant plus d’une heure donc, nos invités – dont certains n’avaient plus mis
les pieds en Syrie depuis des décennies - déroulèrent en toute tranquillité et sans qu’aucune
contradiction ne leur soit opposée, le récit romantique de la révolution syrienne de 2011, agrémenté
de quelques RWPEJNKPGU laissées à notre approbation $CEJCTCVW« RNWUFG 2CNGUVKPKGPUSWņ+UTC­N&CGEJ
GUV NG EQRTQFWKV FW T«IKOG U[TKGP 5K Nņ16#0 Pņ«VCKV RCU KPVGTXGPW GP .[DKG PQWU CWTKQPU WPG UKVWCVKQP
OQKPUUCVKUHCKUCPVG SWņCWLQWTFņJWK#NGREņGUVPQVTG)WGTPKECGVE. Personne donc sur le plateau pour
leur rétorquer que cette révolution (représentée à l’époque par l’#5. et d’authentiques aspirants à la
démocratie) était malheureusement pliée depuis 2012 et que, comme le précisait récemment le géostratège Gérard Chaliand sur France Culture, l’opposition au régime est désormais ultramajoritairement mené par #N3C±FC et ses affiliés, repeints en (TQPV (CVCJ#N%JCO GV (CVCJ *CNCD.
Tristement, Edwy Plenel en fut réduit, pour continuer à défendre ses analyses hors-sol, à qualifier
d’islamophobes, de RQWVKPQN¤VTGU ou de complotistes tout ceux qui ne pensaient pas dans la ligne du
parti. Final en apothéose, quand le sulfureux journaliste PGQEQP Nicolas Hénin, regretta que François
Hollande n’ait pas saisi EGVVG DGNNGHGP¬VTG FņKPVGTXGPVKQP GP pour mener FGU CEVKQPURQPEVWGNNGU
Ŏ OQTCNGOGPV KPCVVCSWCDNGU Ŏ GP FGJQTU FG VQWV ECFTG QPWUKGP. Et c’est soudain le spectre des
IWGTTGULWUVGU qui réapparut sur le plateau de /GFKCRCTV, celles des 0QWXGCWZ 2JKNQUQRJGU en chaleur,
avec de belles bombes estampillées &TQKVUFGNņ*QOOG. Comme en Lybie. Comme en Irak. Avec les
résultats désastreux que l’on connaît. Nicolas Hénin que l’on retrouvait d’ailleurs quelques jours plus
tard, sur France 2, interviewé dans le documentaire .G/[UVªTG2QWVKPG. Pas de doute : la machine
d’endoctrinement s’est bien remise en marche.
Affolés à l’idée qu’on puisse dévier du discours occidental officiel qu’ils imposent à la brutale depuis
plusieurs jours, et submergés par une contre-propagande qui gonfle sur Internet, les médias français
tentent tant bien que mal d’allumer partout des contre-feux. Car on le sait, l’information c’est le nerf
de la guerre. Mais il ne suffira pas de taxer de conspirationniste la moindre vidéo posant des
questions dérangeantes pour ne pas à avoir à y répondre. A savoir : Quelles sont les sources
d’information à Alep-Est ? Qui les finance ? Quel est leur degré de neutralité ? Quand Hugo Clément
journaliste à l’émission de grande écoute 3WQVKFKGP interroge régulièrement Ismaël, un représentant
des %CUSWGU $NCPEU pour témoigner de la situation à Alep-Est ou quand Nicole Ferroni bâtit toute une
chronique larmoyante dans la matinale de France Inter sur le témoignage d’un autre %CUSWG $NCPE, il
serait peut-être bon de préciser que ces fameux %CUSWGU $NCPEU sont une organisation humanitaire
financée à hauteur de millions de dollars par Londres et Washington. Sans parler des chiffres
baroques communiqués par l’étrange 1DUGTXCVQKTG 5[TKGP FGU &TQKVU FG Nņ*QOOG 15&* dirigé par un
seul type à Londres.
Pendant ce temps, la presse britannique, elle, attaque. 6JGTGņUOQTGRTQRCICPFCVJCP PGYUEQOKPIQWV
QH#NGRRQbVJKUYGGM titre 6JG+PFGRGPFGPV. Le contenu du papier, lui, est édifiant . On y découvre le rôle
joué par le gouvernement britannique pour financer des journalistes syriens au service de médias de
propagande d’opposition ainsi que la reprise en mains progressive de la communication des rebelles
par les organisations djihadistes. Dans le même journal, c’est le grand reporter Robert Fisk, qui signe
un article faisant voler en éclat le scénario bien ficelé par les occidentaux de La Chute d’Alep :
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+NGUVVGORUFG FKTG NņCWVTG X«TKV«bPQODTGFG TGDGNNGUSWG PQWUUQWVGPQPU GP 1EEKFGPV
łGVSWG PQVTG CDUWTFG RTGOKGTOKPKUVTG 6JGTGUC /C[ C KPFKTGEVGOGPV D«PKUNQTUSWņGNNG C
HCKV CEVG FņCNN«IGCPEG FGXCPV NGU CEJGVGWTU FņJ«NKEQRVªTGUUCQWFKGPUNC UGOCKPG FGTPKªTG ł
UQPV NGU RNWU ETWGNU GV NGU RNWU KORKVQ[CDNGU EQODCVVCPVU FW /Q[GP1TKGPV 'V VCPFKU SWG
PQWU CXQPU«V« CDTGWX«UFGUJQTTGWTUFG &CGEJ RGPFCPV NGUKªIG FG /QUUQWN WP«X«PGOGPV
VTQRUGODNCDNG¢ EGNWKFņ#NGRDKGPSWGXQWUPG NņKOCIKPGTKG\RCUGPNKUCPVPQVTG XGTUKQP FG
NņJKUVQKTGPQWUCXQPUXQNQPVCKTGOGPVKIPQT«NGEQORQTVGOGPVFGUTGDGNNGUFņ#NGR
S’il n’est pas question d’oublier les crimes perpétrés par le régime de Bachar Al-Assad qui a écrasé
dans le sang la révolution démocratique de 2011 et dont l’armée a commis un nombre incalculable
d’exactions depuis le début de la guerre civile, il va bien falloir constater l’échec de la stratégie
occidentale en Syrie - celle du TGIKOG EJCPIG - dont les seuls buts étaient d’affaiblir l’Iran et de
débloquer le projet de pipeline du Qatar. Cette tactique s’est fracassée sur la réalité. La révolution
ayant été tuée dans l’œuf dès la fin 2011 par le pouvoir syrien, s’allier avec des groupes terroristes –
au premier rang duquel #N3C±FC - pour renverser le régime, fut un jeu dangereux et inconscient
auquel Poutine a définitivement mis fin il y a quelques jours. Pour la diplomatie pyromane Fabius/
Ayrault, c’est la honte. Quant aux donneurs de leçons de morale, qui tentent de redorer leur blason
politique ou médiatique sur la tragédie que vit la population syrienne, ils seraient bien avisés de
comprendre qu’elle aurait pu prendre fin il y a trois ou quatre ans si l’on avait accepté de discuter
avec Al-Assad et Poutine. Ce que Mélenchon avait conseillé à l’époque mais que personne n’a
jamais voulu entendre. Pleurer, ils savent faire. Faire la paix, déjà moins.
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