Assomption de la Vierge Marie - Abbaye de la Fille-Dieu
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Assomption de la Vierge Marie - Abbaye de la Fille-Dieu
Assomption de la Vierge Marie 15 août 2016. Un signe grandiose dans le ciel : elle a dû être la première étonnée de se voir ainsi propulsée dans une gloire cosmique, point d’orgue de la destinée la plus incroyable qui ait pu arriver à une femme, une simple créature, qui a passé sa vie à faire des choses si simples que personne, de son temps, ne s’en est ému plus que tant. Fiancée à un petit artisan de village, alors qu’Elle avait fait vœu de virginité, elle voit débarquer chez Elle un messager céleste, et non des moindres, pour lui dire tout de go qu’Elle allait enfanter le Fils de Dieu en personne. Et en plus, il lui demande son avis ! Elle est fille d’un peuple vaincu, que le pouvoir occupant méprise et à qui il dicte ses volontés. Si bien qu’Elle ne peut pas accoucher tranquillement à la maison, se réfugie dans une étable près des animaux, les hommes étant décidément pas très accueillants, puis doit fuir à l’étranger en évitant de peu un horrible massacre. Elle tremblera pendant trois ans en voyant que ce Fils bien-aimé ne saura pas se faire aimer, et Elle L’accompagnera dans la douleur, Mère d’un condamné sous la croix d’infamie. Aucune consolation pour cette Mère qu’Il donne à un autre fils. Elle est vraiment pauvre, de la première béatitude, du début à la fin. Le glaive prédit par Syméon n’a cessé de faire sentir son tranchant. Il fallait bien une confiance hors du commun pour ne pas douter des plans de Dieu et croire envers et contre tout que les plans de l’amour, chez Dieu, arrivent à leur fin par des chemins qui ne sont vraiment pas les nôtres ! Dès cette visite à sa cousine, c’est un chant triomphal et puissant qui jaillit de ses lèvres. Dans sa modestie et sa tendresse, Il couvre par avance les difficultés du parcours. Dans le contentement de tout son être envahi par la présence de son Seigneur, Elle n’existe que pour Lui. Elle s’extasie du choix de sa pauvreté. Alors que les riches et les puissants se partagent le monde, Elle ne fait d’ombre à personne. Et c’est Elle que Dieu a choisi, parce qu’Il savait qu’Elle ne Lui refuserait rien. C’est ce qui lui vaut, à son insu, d’être plus haute et plus grande que tous les repus de la terre. Il se complaît en Elle, car rien ne s’oppose à son amour en son âme immaculée. Personne autant qu’Elle n’a autant risqué. Personne, en retour, n’a autant été comblée par Dieu. St Jean, qui décrit son triomphe à la fin de sa vie, ne trouve pas d’expressions assez belles pour montrer à quel point Elle accomplit pleinement et définitivement l’œuvre du Christ. La mort elle-même ne L’atteint pas, puisqu’Elle n’a servi que la vie et que l’amour. Sa vie fut la plus douloureuse qui se puisse imaginer, ce qui fait que tous les souffrants se réfugient chez Elle, parce qu’Elle les comprend ; et en même temps, c’est dans ce destin que personne ne choisirait et n’envierait que notre avenir véritable est entrevu. Elle réalise parfaitement ce que Dieu veut aussi pour nous, sur les chemins rocailleux de la même terre. Nous sommes promis, nous aussi, à l’inimaginable. Si Elle est vraiment la Mère du Christ, non seulement de Jésus, vrai Homme, mais aussi Mère de Dieu, puisqu’Il est la seconde Personne de la Sainte Trinité, alors nous pouvons aussi Lui demander de vivre avec Elle notre état de baptisés. Comme Elle à l’annonciation, nous sommes depuis lors habités par la Présence divine, soulevés par son Esprit. Nous n’avons pas à être ceux qui engendrent physiquement au monde le Fils de Dieu, mais en croyant à la parole qui nous est dite de la part du Seigneur, comme dit Elisabeth, nous pouvons Le laisser transparaître par nos actes et nos paroles, afin qu’Il soit encore engendré à ce monde en douleurs d’enfantement. Si nous acceptons lucidement cette mission, Elle fera de nous des pauvres comme Elle, en nous dépouillant parfois jusqu’aux limites du supportable. Mais alors, nous commencerons notre assomption, selon ce que le mot signifie, c’est-à-dire prise en charge : Dieu L’a en effet prise en charge, et Elle s’est laissé porter jusqu’à mourir d’amour, ce qui est la plus belle mort, celle qui veut qu’Il soit tout en tous.