L`image de la phraséologie roumaine dans les dictionnaires

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L`image de la phraséologie roumaine dans les dictionnaires
L'image de la phraséologie roumaine dans les dictionnaires bilingues
franco-roumains, dans les traductions et dans les écrits littéraires du
XIXème siècle
1. Introduction
L’affirmation faite il y a plus d’un demi-siècle par Iorgu Iordan selon laquelle la plupart
de la phraséologie roumaine moderne sont d’origine française est unanime acceptée par les
linguistes roumains, mais elle n’a pas été rigoureusement étudiée et expliquée1.
Le XIX-eme siècle a été décisif pour la configuration du lexique roumain moderne y
compris pour la phraséologie2. La modernisation de la langue roumaine littéraire n’a pas été
uniquement un processus d’assimilation des mots d’origine latine et romane, mais aussi un
effort justifié du point de vue théorique et linguistique de diriger la langue vers des modèles
linguistiques plus proches à sa structure et origine3. Le but de cet article este de présenter
comment les dictionnaires bilingues franco-roumains, les traductions et les écrits littéraires
ont modifié et influencé la configuration de la phraséologie roumaine contemporaine.
2. Les conditions historiques et culturelles
Il y a plusieurs circonstances qui ont favorisé l’influence du français sur la langue
roumaine, même si les contactes directes entre les Roumains et les Français se sont établies
après 1700. La conscience de la latinité, malgré l’isolation du roumain et sa position
marginale parmi les langues romanes, a étè toujour affirmée par les Roumains. En 1453, dans
une lettre adressée au roi de Sicile, Flavio Biondo faisait allusion à une population qui habitait
la région du Danube et qui était fière de son origine romane dont elle faisait preuve par sa
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Iordan 1947, 243-267, passim, donne plusieurs exemples ( cu arme și bagaje < fr. avec armes et
bagages, bază de plecare < fr. base de départ, a face un cap < fr. faire une tête, în tot cazul < fr.
en tout cas, a face colțul unei străzi < fr. faire le coin de la rue, fără contest < fr. sans conteste, a
face trotuarul < fr. faire le trottoir, a se face forte să ...< fr. se faire fort de..., altă pereche de
mâneci < fr. c’est une autre paire de manches etc.), mais il se limite à constater qu’il s’agit de
simples traductions faites d’une manière spontanée sans que les locuteurs s’en rendaient compte.
Dans cet article par phraséologie on comprend l’étude de la structure, des significations et de
l’usage des
combinaisons des mots propres à une langue (Granger et Meunier 2008, 28).
Munteanu et Țăra 1983, 193.
1
langue rustique et peu grammaticale (« rusticam male gramaticam redoleant latinitatem »4). Il
est à remarquer que la conscience de la latinité a été évoquée dans les ouvrages scientifiques
des gens cultivés et éduqués, dictionnaires, grammaires, chroniques5 et, en même mesure,
dans des récits populaires où l’empereur Trajan et la cité de Râm (Rome) sont considérés les
symboles des origines du peuple Roumain. Selon la théorie de Alexandru Niculescu, la
romanité du roumain se caractérise par la fidélité à la langue latine, language loyalty, et par la
fidélité à la culture romane occidentale, culture loyalty6.
On peut parler d’un contact direct entre les Roumains et les Français à la fin du XVIIIeme siècle, quand la France a été entéressé d’établir des contacts diplomatiques avec les Pays
roumains et surtout après la défaite de la Révolution française quand un bon nombre de
réfugiés se sont établis en Valachie et en Moldavie7. Mais le gout pour la langue française a
été favorisé aussi par les phanariotes grecques et par l’aristocratie russe. Dans son journal un
commerçant français, Jean-Claude Flachat, notait que l’atmosphère à la cour de Nicolae
Mavorcordat (1680–1730) était plutôt française que balkanique.8 Pendant la guerre russoturque (1787–1792) le comportement social des officiers russes, qui appartenaient à
l’aristocratie, a influencé l’opinion publique roumaine qui a accepté sans reserve les manières,
les moeurs, la musique, la mode françaises y compris le français comme langue de culture de
la haute société. À l’époque la perfection de savoir s’exprimer en français était évoquée par le
dicton parler et prononcer le français comme un général russe.9
Le prince Grigori Alexandrovici Potiomkin (en roumain Potemkin) a fait paraître à
Jassy en 1790, du 18 février jusqu’au mois d'avril, le primer journal sur le territoire roumain,
Courier [sic!] de Moldavie rédigé en français. Même si Larry Wolff considère que l’imitation
des mœurs françaises était une illusion de la civilisation, allusion au potemkinisme10, il est
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La lettre de Flavio Biondo a été publiée dans Ephemeris Dacoromana : annuario della Scuola
Romena di Roma. 1(1923).
Munteanu et Țăra 1983, 140-144.
Niculescu 1978, 26-27.
Epure 2015, 415-423, distingue, après la moitié du XVIII-eme siècle, plusieurs vagues de
Français dans les Pays Roumaines : les secretaires particuliers des princes phanariotes, chargés
parfois d’affaires diplomatiques (Jean Mille ou Millo, François Linchou, Jean-Louis Carra, le
conte d’Hauterive etc.) des precepteurs qui s’occupaint de l’éducation des fils des boyards
Valahes et Moldaves (Ledoulx, Montesquieu, Amoureux, Rubalet, l’abbé Geiger, l’abbée
Hommel, les frères Trécourt, Caddo de Lille, Clémaron, Lenoir Dubignon etc.), des officier de
l’armée de Napoléon I (Germont, Joseph Bagard, Vincent Perez, Philippe Pellier, Charles Baliff,
André Chefneux, Mouton, Devivier, Quinez, Raymond, Jordan), des professeurs qui ont organisé
des écoles internat selon le modèle français ou qui ensegnaiaint le français dans des écoles
roumaines (Victor Cuénim-Four, Jean Dubert, Louis Vandamme, Jacques Caillol etc.).
Isar 2005, 10.
Eliade 2000, 156.
Wolff 2000, 181.
2
clair que la société roumaine du fin du XVIII-eme siècle était sur le point d’accepter sans
reserve l’influence du français comme langue de la culture.11 Après 1800 un bon nombre de
jeunes Roumains font les études à Paris malgré la conception traditionaliste de la patriarchie
de Constantinople et les interdictions imposées par L'Empire ottoman. Selon la coutume du
temps les jeunes Roumains apprenaient à lire et à écrire premièrement en français et puis en
roumain.
Si au début du XIX-eme siècle l’éducation française était accessible uniquement aux
classes sociales aisées, à la fin du siècle et notamment pendant la première partie du XX-eme
siècle la langue et la culture française deviennent accessibles à un grand nombre de citoyens
roumains de toutes les classes sociales grâce à des écoles publiques et privées organisées
selon le modèle français où le français était la plus importante langue étrangère étudiée.
Dans ce contexte on peut s’interroger qui est qui a joué le rôle le plus important dans la
modernisation de la phraséologie roumaine contemporaine: les dictionnaires, comme des
ouvrages normatifs qui, à la rigueur peuvent imposer un certain modèle, les traductions en
roumain des ouvrages des écrivains français qui, eux aussi, peuvent fournir des modèles grâce
à leur prestige culturel, ou les écrits littéraires originels des écrivains roumains du XIX-eme.
3. Les dictionnaires
À la fin du XVIII-eme siècle les dictionnaires bilingues grecs et français sont remplacés
par un bon nombre des dictionnaires franco-roumains rédigés par des natifs français ou
roumains. Cette nouvelle évolution correspond à l’intérêt des Roumains pour apprendre le
français, mais aussi à l’intérêt des Français pour faire connaitre leur langue aux Roumains.
Les dictionnaires bilingues franco-roumains du XIX-eme siècle donnent l’impression
d’ignorer le fait que dès le début du XVIII-eme siècle on utilisait dans la langue roumaine
écrite des constructions phraséologiques, provenant indirectement du français, dont l’un ou
plusieurs des éléments composants est des néologismes d’origine latine et romane:
a cere acord; a pune la arest, ou a pune la harestŭ; a zice complimenturi; a face
conselia; a avea corespondeanţe, ou a avea corăspundenţii; a arunca
fundamenturile; a face graţie; a lua informaţie de la cineva; cu ce mod; a-şi da
parola; cu pompă, ou cu mare pombă; a avea pretensiia; a rădica pretenţii
11
Cornea 1972, 59.
3
asupra...; sub pretextul; a face un prognostic, ou a face prognitic; a face
repartiţion; prin sicret; la tearmin; cu ujură12 etc.
Près d'un siècle les dictionnaires bilingues franco-roumains préfèrent à traduire les
constructions phraséologiques françaises avec les équivalents roumains populaires, même si
certains néologismes qui sont intégrés dans leur structure étaient déjà utilisées en roumain au
XIX-eme siècle. Par exemple, les néologismes acord, contibuţie, execuţie, monedă, secret
sont attestées en roumain dès le début du XVIII-eme siècle, mais les dictionnaires bilingues
du XIX-eme siècle préfèrent de traduire les locutions françaises par les constructions
phraséologiques roumaines équivalentes formées à base des mots du fond lexical ancien:
fr. tomber d’accord = a se învoi; fr. faire contribuer = a cislui (fr. contribution =
cislă); fr. mettre à execution = a pune la cale, în lucrare; fr. monnaie courante =
ban umblător; fr. en secret = în taină .13
Dans les dictionnaires bilingues franco-roumains du XIX-eme siècle, même si les motsvedettes sont traduits par des néologismes, parfois par l’emprunt au français, les contextes qui
illustrent l’usage de ces mots sont traduits d’une manière archaïsante qui évite le mot vedette
même :
(s’) occuper = a (se) ocupa, mais ce meuble occupe trop de place=această mobilă
cuprinde prea mult loc; occuper un logement=a şedea într-o odae; nos troupes
occupèrent les hauteurs=trupele noastre au apucat, au cuprins înălţimile.14
On peut constater que dans les dictionnaires franco-roumains rédigés au début du XIXeme siècle (le dictionnaire de J. A. Vaillant, paru en 1839) et dans les ouvrages
lexicographiques du fin du siècle (le dictionnaire de Frédéric Damé, paru en 1895) les
expressions usuelles françaises sont reproduites par les correspondents roumains qui
caractérisaient la langue populaire:
12
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14
DÎLVR passim.
VVPR passim.
CDFR s.v. (s’) occuper.
4
VVPR s.v.: tomber d’accord = a se învoi; mettre à exécution = a pune în lucrare;
être privé = a fi jinduit, ahtiat; niveau de la mer = luciul mării; execution
judiciaire = pedeapsă judecătorească; faire ses efforts = a se nevoi, a se sili, a
se sârgui; être absent = a lipsi; être présent = a fi de faţă; monnaie courante =
ban umblător; suivant toute apparence = după cum se vede; être de corvée = a fi
de beilic; soldats d’élite = soldaţi aleşi, de ales; à la remorque = la edec;
intervalle de temps = curgere de vreme; mettre en ordre = a orândui; prendre en
considération = a băga în seamă, a lua în băgare de seamă; le libre arbitre =
volnicie; amour propre = iubire de sine; au prix de... = pe lângă; tourner en
dérision = a îngâna; c’est clair = vezi bine; à propos de... = pentru; passer la
revue = a face muştru, şmotru; exercice militaire = exerciţie, muştru etc.
DNDR s.v. : être d’accord = a se învoi; en apparence = pe semne; juger selon les
apparences = a judeca un lucru pe dinafară, după părut; faire amende
honnorable = a-şi mărturisi greşeala; donner l’alarme = a da de veste; une
fausse alarme = spaimă de geaba; avoir l’air = pare; se donner des grandes aires
= a face pe grozavul; faire une scène à quelqu’un = a trage cuiva o gură; faire
acte de présence = a se arăta numai; parler en connaisance de cause = a vorbi pe
ştiute; laisser le champ libre à la pensée = a lăsa gândul în voia sa; affaire
classée = afacere părăsită, pusă la ciochină ; jouer cartes sur table = a juca, a
vorbi, a lucra pe faţă ; faire cas de = a ţine seama ; un cas de conscience = ar fi
păcat [sic]; ce n’est pas le cas = nu se potriveşte; prendre en considération = a
lua în seamă; une faute capitale = o greşeală foarte mare; passer une nuit
blanche = a petrece o noapte fără a dormi; il m’a donné carte blanche = mi-a
dat voie să fac cum m-o tăia capul; avec attention = cu băgare de seamă; les
caprices de la mode = nestatornicia modei etc.
Tout au long du XIX-eme siècle les lexicographes semblent ignorer qu’un bon nombre
de ces expressions qui imitait les modèles des expressions françaises étaient utilisés par des
écrivains roumains de l’époque :
a cădea de acord, a fi privat de ceva, nivelul mării, execuţie judiciară, a face
eforturi, a fi absent, a fi prezent, monedă curentă, după toate aparenţele, liberul
arbitru, a pune în ordine, a face amendă onorabilă, a face o scenă cuiva, a face
5
act de prezenţă, a vorbi în cunoştinţă de cauză, a da carte albă, a face caz de
ceva, afacere clasată, a nu fi cazul, a lăsa câmp liber15 etc.
Quand même, on peut observer que les noms d’institutions et les noms de quelques
métiers sont reproduits d’une manière différente au début et à la fin du XIX-eme siècle quand
il y a une préférence évidente pour le calque phraséologique et non pour la traduction:
VVPR (1839) s.v.: agent de cahnge = bancher, zaraf; Le Ministère des cultes =
Logofeţia bisericească; Le Ministère des Affaires Etrangères = Postelnicia; Le
Ministère de la Justice = Logofeţia Dreptăţii; Le Ministère de l’Intérieur =
Ministerul din Lăuntru, Vornicia Mare etc.
DNDR (1895) s.v.: agent de change = agent de schimb; Le Ministère de
l’Intérieur = Ministerul de Interne; Le Ministère de la Guerre = Ministerul de
Război; Le Ministère des Cultes = Ministerul Cultelor ; Le Ministère de la Justice
= Ministerul Justiţiei etc.
Dans DNDR l’expression fr. donner des assurances est traduite par roum. a încredinţa
pe cineva, mais Compagnie d’assurances par roum. societate de asigurări, chambre à
coucher par odaie de dormit, iatac, robe de chambre par halat, mais Chambre de commerce
par Cameră de comerciu. On peut ajouter les exemples suivants qui sont aussi des termes
administratifs empruntés ou calqués au français:
agent diplomatique = agent diplomatic; êtat civil = starea civilă ; oficier de
l’êtat civil = ofiţer al stării civile; le code civil = codul civil, droits civils =
drepturi civile; liste civile = listă civilă.
Les dictionnaires bilingues franco-roumains du XIX-eme siècle n’ont pas réussi à
imposer les constructions phraséologiques roumaines anciennes et populaires qui ont été en
concurrence avec leurs correspondantes d’origine française. Tandis que le dictionnaire de
Damé (DNDR 1895) recommandait pour les expressions françaises partie de plaisir et avoir
la tête chaude les équivalents roumains petrecere et are căldură la cap, e iute, l’écrivain
15
Stanciu-Istrate 2006, 208 – 278.
6
roumain Caragiale utilisait vers 1900 les formes partidă de plăcere (« Fusese o partidă de
plăcere improvizată a locotenentului ». CARAGIALE, Opere alese, p. 172) et a fi un cap cald
(« Eu cunosc fata – e un cap prea cald » ibidem, p. 617).
Plusieurs correspondents roumains des expressions phraséologiques françaises sont
aujourd’hui utilisés uniquement dans la langue populaire et n’ont pas été acceptés par la
langue roumaine littéraire. À comparer les expressions suivantes dont la deuxième forme en
roumain actuelle est populaire:
a cădea de acord < fr. tomber d’accord et a cădea la învoială; a pune o barieră <
fr. mettre une barrière et a pune o stavilă, o oprelişte; a fi la dispoziţia cuiva< fr.
être à la disposition de quelqu’un, cf. it. essere a dispozitione di qualcuno et a fi
la cheremul cuiva; a face cuiva o favoare < fr. faire une faveur à quelqu’un, cf. it.
fare un favore a qualcuno et a face hatârul cuiva; a face colectă, chetă < fr. faire
la collecte, la quête et a face curama; a fi la remorca cuiva < fr. être à la
rémorque de quelqu’un, cf. it essere a rimorchio et a fi la edecul cuiva; a se da în
spectacol < fr. se donner en spectalce et a se da în stambă etc.
4. Les traductions
Sur les 679 livres traduits dans les Pays Roumains entre 1770 et 1860, 385 sont des
titres des œuvres françaises16, parfois traduites indirect selon une version grecque moderne ou
italienne. La langue des premières traductions garde les caractéristiques du roumain ancien.
D’habitude les néologismes du texte originel sont traduits par des tournures archaïques:
călcător de lege < fr. agresseur; a trage urmare < fr. conclure; lesne crezător < fr.
crédule; căzuţi în greşeală < fr. disgrâciés; a face hotărâre < fr. décider; băgător
de seamă < fr. observateur; a da vorba < fr. promettre; a rămâne în mirare < fr.
surprendre; vrednic de mirare < fr. surprenant.17
Les auteurs de ces traductions semblent ignorer l’usage de la langue roumaine écrite ou
parlée, ou peut-être ils ne maîtrisaient assez bien le français. En plus, la conception de la
traduction littéraire va se développer le siècle à venir. La construction sub pretextul...< fr.
16
17
Cornea 1966, 48-49.
Goldiș-Poalelungi 1973, 149-152.
7
sous pretèxte que/de est enregistrée en roumain dès 1701 (DÎLVR s.v. pretext), mais elle est
traduite dans la première partie du XIX-eme siècle par les constructions correspondantes
roumaines: cu pricină că, sub chip că, sub cuvânt că, sub prepusul că, cu pricinuire de.18
Les expressions impersonnelles françaises du type il est + adverbe/adjectif ont été
traduit au début du XIX-eme siècle par des syntagmes roumains même si les néologismes
d’origine latine ou française qui faisaient part de leur structure étaient utilisés à ce temps-là en
roumain:
fr.il est juste > este cu dreptul; fr.il est facile > este (de) lesne; fr. il est difficile >
este anevoie; fr. il est indispensable > este de nevoie; fr.il est utile > este
folositoriu; fr. il est inutile > este în zadar; fr. il est nécessaire> este nevoie; fr. il
est impossible > este cu neputință.19
Les formes este just, este dificil, este indispensabil, este util, este inutil, este necesar,
este imposibil ont été accéptées définitivement par le roumain dans la deuxième moitié du
XIX-eme siècle. A notter que l’expression roum. este facil est considerée livresque
aujourd’hui (cf. la forme este ușor, preferée par l’usage acctuel).
Parfois les auteurs des traductions ne s’efforcent pas de trouver les meilleurs
correspondants roumains des certaines constructions françaises et utilisent des syntagmes
hybrides, moitié roumaine moitié française, ou, tout simplement, traduisent mot à mot les
expressions françaises :
fr. en effet > în efect; fr. un éclat de rire > o eclatare de râs; fr. bel air > aer
frumos; fr. homme d’épée > om de spadă; fr. grandeur d’âme > mărimea de amă;
fr. clin d’œil > clipă de ochi; fr. gouttes d’eau > gute de apă; fr. pommes de
terre > pomuri de pământ; fr: état de génie > stare de geniu; fr: état de talent >
stare de talent .20
Les traductions faites pendant la première moitié du XIX-eme n’ont pas réussi à
imposer une manière cohérente d’utiliser les modèles linguistiques offerts par les textes
français et italiens.
18
19
20
Ibid., 281.
Ibid.,, 282-283
Ibid., 226-239, passim. Quand même ce dernier modèle a été accepte en roumain: fr. état d'esprit >
stare de spirit, fr. état de sommeil > stare de somn, fr. état de veille > stare de veghe.
8
5. Les écrits littéraires du XIXème siècle
Les générations d’écrivains roumains du XIX-eme ont mis les bases de la littérature
nationale et ont dirigé la langue roumaine contemporaine vers l’emprunt lexical massif aux
langues latino romanes. En phraséologie les modèles qui se sont imposés sont d’origine
française et italienne. Ce phénomène a été possible grâce au bilinguisme franco-roumain qui
caractérisait les gens éduqués et surtout la haute société de l’époque.
Certains écrivains roumains, surtout pendant la première moite du XIX-eme siècle, ont
oscillé entre les modèles phraséologiques français et italiens. L’usage du roumain actuel a
consacré, sans qu’on puisse établir des règles, parfois le modèle italien, parfois le modèle
français:
pasărea paradisului < it. uccelo dell’paradiso. La variante pasăre de paradis <
fr. l’oiseau de paradis est aujourd’hui vieillie (« [...] am alergat la celălalt capăt a
galeriei unde zărisem o capelă roză împănăşată ca o pasăre de paradis».
NEGRUZZI, Păcatele tinereţilor, p. 33.).
cornul abundenţei < it. corno dell’Abbondanza. La variante cornul de abundenţă
< fr. le corne d’abondance n’a pas été acceptée en roumain même si elle este
similaire au model italien.
a cădea în faliment < it. cadere in fallimento. La variante qui imite le modèlé
français n’a pas été acceptée par l’usage actuel: a face falită < fr. faire faillite
(« Satan: [...] Sunt eleganţi, parfumaţi [...] fac trei falite, una după alta, şi la a patra
sunt milionari». MILLO, Prăpăstiele Bucureştilor, p. 361).
mjloace de comunicaţie < fr. moyens de communications. La variante d’origine
italienne a été abandonée: mezii de comunicaţie< it. mezzi di comunicazione («
[...] aşa a fost voinţa celor ce a voit să înmulţească meziile de comunicaţie,
desfiinţând poştele ». BOERESCU, Din impresiile unui călător prin ţară: 1859,
p. 65).
9
a regla contul < fr. regler le compte. La variante qui imite le modèle italien a été
aussi abandonnée: < it. regolare il conto (« Sunai clopoţelul ca să vie patronul
ospelului. El veni şi regulai contul». FILIMON, Opere, I, p. 128).
cale ferată < fr. voie ferée. La variante qui reproduit le modèle italien n’a pas été
acceptée par la langue roumaine actuelle: stradă ferată < it. starda ferrata («Pe
când făceam aceste reflesiuni, strada ferată sau mai bine zis vagonul îşi urma
călătoria sa». FILIMON, Opere, I, p. 57).
Il est à remarquer que pendant le XIX-eme siècle l’usage a accepté en variations libres
des expressions qui imitaient quelques modèles phraséologiques français synonymes. Quand
même, pendant le XX-eme siècle, le roumain a consacré certaines expressions et, sans qu’on
puisse établir des règles, a abandonné leurs synonymes. Dans les exemples suivants, la
deuxième forme a été accéptée par l’usage du roumain actuel:
fără exemplu < fr. sans exemple («Majoritatea adunării, speriată şi indignată de o
crimă fără exemplu încă în analele Ţărilor Române, nu mai ascultă glasul dreptăţii
[...]». KOGĂLNICEANU, Opere alese, p. 305); cf. fără precedent < fr. sans
précédent;
instrumente de < fr. instruments à vent; cf. instrumnte de suflat < fr. instruments
à souffler (CADE s.v. vânt sont cité les deux formès instrumente de suflare ou de
vânt „instrumente care se acţionează pe baza aerului”);
a face un prezent < fr. faire un présent; cf. a face un cadou < fr. faire un cadeau,
La première forme est mentionnée dans CADE et SDLR, mais elle est absente
dans les dictionnaires rédigés pendant la deuxième moitié du XX-eme siècle;
mandat de depunere < fr. mandat de dépôt («Aflăm că d. Macedonski, redactorul
ziarului Oltul, urmărit pentru delict de presă, a fost pornit spre Văcăreşti, în urma
mandatului de depunere al unui d. jude instructor de pe lângă trib. Judeţului
Ilfov». CARAGIALE, Restituiri, p. 290), cf. mandat de arestare < fr. mandat
d’arrêt, cf. it. mandato di arresto;
10
a pune, a ţine pe cineva la secret < fr. mettre, tenir quelqu’un au secret («Cocoş
e pus la arest» CARAGIALE, Restituiri, p. 267; «El se află ţinut la secret, fără să
poată comunica nici cu părinţii». CARAGIALE, Opere alese, I, p. 147); cf. a
pune pe cineva la/în arest;
a trage parte din ceva < fr. tirer partie de quelque chose («Este dar neapărată
trebuinţă ca aceşti fii ai patriei să tragă parte din foloasele publice».
KOGĂLNICEANU, Opere alese, p. 107); cf. a trage profit din ceva < fr. tirer
profit de quelque chose.
On peut constater aussi la tendance à imiter certaines expressions françaises qui ont un
évident caractère idiomatique. Parfois les mots qui forment ces expressions ont un sens
particulier qui n’est pas spécifique aux correspondants lexicaux roumains... Même si ces
expressions sont perçues comme des gallicismes, il semble que les écrivains roumains
n’hésitaient pas à les utiliser dans leurs écrits littéraires:
a se afla bine < fr. se trouver bien («După dejun, lumea se afla bine şi marea
părea adormită ». BOLINTINEANU, Călătorii, II, p.340);
a fi cald de ceva < fr. être chaud pour ... («Pentru d. Blaremberg, d-nii Panu,
Tache Giani, Petre Grădişteanu etc. sunt nedemni d-a figura în coaliţia opoziţiei
ca unii ce sunt încă calzi de contactul compromiţător ce au avut cu regimul».
CARAGIALE, Restituiri, p. 152);
a face comic < fr. faire comique («Auzi colo ! făcusem comic, fără să-mi treacă
prin gând». NEGRUZZI, Păcatele tinereţilor, p. 252);
a face foc < fr. faire feu («Atunci tunurile de la batel începură a face foc, după
datina ce se observă în asemenea ocaziuni ». BOLINTINEANU, Călătorii, II, p.
318);
a avea greşeală< fr. avoir tort (« – Ai mare greşeală, doamnaă Gogman, zise
bătrâna Bărzoaie». BUJOREANU, Mistere din Bucureşti, p. 284);
11
a face raţiune < fr. se faire une raison («Eh ! dară făcui raţiune fără ospătar, căci
avocaţii sunt cei ce asupresc pre văduvă şi orfan». CODRU DRĂGUŞANU,
Peregrinul transilvan, p. 154);
a ridica scrupulele < fr. lever les scrupules («Trebui intervenţiunea d-lui director
al poştelor şi telegrafelor pentru a ridica scrupulele bănuitorului impiegat ».
CARAGIALE, Restituiri, p. 243).
Cette tendance a été continuée pendant le XX-eme siècle par des auteurs roumains qui
connaissaient très bien la langue française et qui tentaient de s’exprimer en roumain en
imitant d’une manière plus exacte les modèles phraséologiques français:
a avea un beguin pentru cineva < fr. avoir un béguin pour quelqu’un («I s-a tăiat
capul […] fiindcă refuzase să-i facă plăcere prinţesei Salomeea care avea un
beguin pentru dânsul ». DAN, Dintr-un jurnal de noapte, p. 197);
a face bulete < fr. faire de boulettes («Dacă ai vreun imbecil de garson deprins a
face bulete, schimbă-l». BASSARABESCU, Pe drezină, p. 99);
a-şi da o contenenţă < fr. se donner une contenance („Ca să-şi dea o contenenţă
face un pas spre şemineu”, MUŞATESCU, Scrieri, I, p. 281);
în friscă < fr. en frisque («Din această poemă în friscă, solemnă şi dinamică
totodată, reies puterea de organizare şi viziunea lui Ion Vinea». CIOCULESCU,
Aspecte literare contemporane, p. 28);
a face glisade < fr. faire des glissades («[…] civilii, muiaţi pe genunchi, fac
glisade disproporţionate cu arabescuri de patinaj […]». BRĂESCU, Toasturi
cazone, p. 90);
a face graţiozităţi < fr. faire des gracieustés («[...] Editura tot plăteşte tiparul şi sau făcut graţiozităţi pentru alţii». CĂLINESCU, Corespondenţa lui G. Călinescu
cu Al. Rosetti, p. 243) ;
12
un laps de timp < fr. un laps de temps («Desfacerea de aderenţe nepotrivite naturii
sale, refractară fixităţii, ni se părea probabilă, după un laps de timp».
CIOCULESCU, Aspecte literare contemporane, p. 282);
a face cuiva un tor(d) < fr. faire du tort à quelqu’un («Întâi ai făcut un tord
gazetei». PETRESCU, Calea Victoriei, p. 117);
a face un cap < fr. faire une (drôle de) tête («Nu ştiu însă ce cap au făcut
amândoi, unde se vor fi găsit, când au cetit, în după-amiaza aceea, gazeta lor
proprie». PETRESCU, Patul lui Procust, p. 213);
a crăpa ochii < fr. crever les yeux («Comentariile celui mai talentat Polybe n-ar
face decât să întunece – punându-se între el şi cititor adevărul acestor icoane, care
‘crapă ochii’ – cum zice francezul şi inima». BOGREA, Sacra via, p. 56); cf. rom.
a sări în ochi ;
a fura froniera< fr. voler la frontière (« [...] la graniţa spre Elveţia a Germaniei
hitleriste, trei iepuri încearcă să fure frontiera». BARANGA, Jurnal de atelier, p.
98);
a întoarce ceva în râs < cf. fr. tourner quelque chose en ridicule («Monoideismul
lui se înverşunează însă împotriva lui Carp, căruia îi trece în revistă principiile
conservatoare de origine engleză, ca să le întoarcă în râs». CIOCULESCU, Viaţa
lui Caragiale, p. 196);
a face tapiserie < fr. faire tapisserie (« – Cum se poate, Neagule, la vârsat ta să
faci tapiserie salonului, ca o fetiţă de la Sacré Coeur ? ». BART, Europolis, p. 97).
Dans certains cas les variantes utilisées pendant le XIX-eme reproduisaient d’une
manière plus exacte le modèle phraséologique français. Les variantes du XX-eme siècle ont
été influencées par des expressions phraséologiques françaises ou roumaines similaires.
fr. se perdre dans le détail > a se pierde în detaliu; cf. roum. actuel a se pierde în
detalii, forme refaite selon le modèle a da detalii;
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fr. mettre les points sur les i, cf. it. mettere i punti sulle i > a pune punctele pe i;
cf. roum. actuel a pune punctul pe i, selon le modèle a pune punct.
fr. tenir quelqu’un en respect >a ţine pe cineva în respect; cf. roum. actuel a ţine,
a pune pe cineva la respect, selon le modèle a pune pe cineva la punct («Mirarea
lor fu foarte mare, văzând că doi franci, cu o singură sabie, jumătate ruginită,
ţinură în respect pe tâlhari». BOLINTINEANU, Călătorii, I, p. 82; «Bunică-mea,
Dumnezeu să o ierte, a ţinut un hoţ în respect, ochindu-l cu papucul, până au venit
argaţii». BRĂESCU, Toasturi cazone, p.241).
Les auteurs roumains du XIX-eme siècle ont dirigé la langue roumaine littéraire vers les
modèles phraséologiques français et italiens qui seront acceptés pendant le XX-eme siècle.
Ces auteurs connaissaient une langue française livresque sans variation régionale dont les
sources étaient surtout les oeuvres des écrivains français du XVIII-eme et du XIX-eme siècle.
Il est à noter que les écrivains roumains du XIX-eme siècle essayaient de créer une langue
nationale fondée sur la langue du peuple. Dans leur conception l’imitation des expressions
française et italiennes n’était qu’une manière d’utiliser le matériel linguistique roumain selon
des modèles adaptés à la structure de la langue. Grâce à leur activité la langue roumaine
actuelle a un certain nombre d'expressions que l'on retrouve dans les autres langues romanes :
a face abstracţie de ceva < fr. faire abstraction de quelque chose cf. it fare
astrazione da qualcosa, span. hacer abstraction ; a reduce la absurd < fr. reduir
à l’absurde, it. ridurre all’absurdo, span reduccion al absurdo ; a se pune de
acord < fr. se mettre d’accord, it. mettersi d’accordo, span. ponerse de acuerdo ;
a depune armele < fr. déposer les armes, it. deporre le armi, span. poner las
armas; a trece cu buretele peste ceva < fr. passer l’éponge sur quelque chose, it.
passar la spugna su qualcosa, span. passar al esponja; a face epocă < fr. faire
époque , it. fare epoca, span. hacer epoca; a fi, a se pune în gardă < fr. être, se
mettre en garde ; it. essere, mettersi in guardia ; span. ponerse en guardia etc.
Université de Bucarest
Liviu Groza
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