Aspects cliniquesetradiographiques de l`arthrose des genoux à
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Aspects cliniquesetradiographiques de l`arthrose des genoux à
ARTICLE ORIGINAL Aspects cliniquesetradiographiques de l’arthrose des genoux à Douala (Cameroun). Marie Doualla- Bija1,2, Madeleine Ngandeu1, IbrahimaFarikou1,2, Henry Namme Luma1,2, EuniceTafamGueleko2,Elvis Temfack2, Fernando Kemta Lekpa2, Jean Bahebeck1(Douala, YaoundéCameroun) 1 2 Faculté de Médecine et Sciences Biomédicales; Yaoundé Hôpital Général de Douala. RESUME But : Décrire les aspects radiographiques de l’arthrose du genou et déterminer l’association entre les signes cliniques et le stade radiologique observé. Patients et Méthode : De juillet à décembre 2012, nous avons inclus de façon prospective tout patient adulte, venu consulter pour douleurs de l’articulation du genou évoluant depuis trois mois au moins et remplissant les critères de définition de l’ACR de l’arthrose. Les radiographies des genoux étaient réalisées en incidence postéro antérieure de face en charge, de profil et incidence fémoro patellaire puisétaient évaluées en utilisant la classification de Kellgren-Lawrence (KL) de l’arthrose. Résultats : Sur les 1496 patients vus en consultation externe de Rhumatologie à Douala(864 à l’Hôpital Général et 632 à l’Hôpital Laquintinie),148(9,89%)patients avaient une gonarthrose.L’âge moyen était de 57 ± 10,6ans. 111 (75%) étaient des femmes.Soixante dix huit (52,70%) patients avaient une douleur d’intensité modérée. L’indice algo fonctionnel de Lequesne moyen était de 8,5 ± 2,9.L’arthrose touchait les deux genoux dans 104(70,2%) de cas ; 53 (35,8%) de patients présentaient une atteinte radiologique sévère correspondant aux grade III et IV de KL. Les lésions radiologiques étaient plus fréquentes dans les compartiments fémoro-tibial interne (123 ; 83,1%) et fémoro-patellaire (106 ; 71,6%). Il existait une association significative entre l’intensité de la douleur et le handicap fonctionnel (p<0,01), mais pas entre l’intensité de la douleur et le stade radiographique (p > 0.05). Conclusion : L’arthrose du genou prédomine dans les compartimentsfémoro-tibial interne et fémoro-patellaire faisant évoquer un phénotype propre au Cameroun, avec les lésions radiologiques sévères chez un tiers des patients à la première consultation spécialisée. Un diagnostic et une prise en charge précoces permettraient d’éviter l’évolution vers un traitement chirurgical, encore peu accessible au Cameroun. Mots clés : gonarthrose ; radio clinique ; radiographies Correspondance et tiré à part Dr Doualla Bija Marie ; Hôpital Général de Douala. Po Box 4856 Douala; Cameroun. Téléphone: (237) 7793 4648. Email: [email protected] M Doualla- Bijaet al ABSTRACT: Purpose: Todescribe the radiological presentation of knee arthrosis in Douala andthe association between clinical and radiological findings. J Afr Imag Méd 2014; 6 (3):41-49 Patients and Method: From July to December 2012, we consecutively included all adult patients who consulted for knee joint pain of at least three months duration fulfilling ACR criteria for definition and reporting knee OA. Weight bearing posterior-anterior as well as lateralfemoro-patellar X-ray studies were carried out and staging was done usingKellgren-Lawrence (KL)classification. Results:Of the 1496 patients consulted at two Rheumatology units in Douala (864 at the Douala General Hospital and 632 at the Laquintinie Hospital), 148 (9.89%) had knee osteoarthritis. Mean age was 57 ± 10.6years and 111 (75%) were female. Among patients with knee osteoarthritis, 78 (52.7%) had pain of moderate intensity. The mean Lequesne’s disability index (LDI) was 8.5±2.9. Symptoms were found in of both knees in 104 (70.2%) of patients; 53 (35.5) had severe radiological findings at first consultation with grade III and IV on KL classification. Lesions from medial tibio-femoral compartment were predominant (123; 83,1%), followed byfemoro-patellar (106; 71.6%).Pain intensity did not correlate with radiological findings whereas there was a positive association between pain and LDI. Pain intensity did not correlate with radiological findings (p>0.05)whereas there was a positive correlation between pain and LDI (p<0.01) Conclusion: Knee osteoarthritis predominates in the medial femorotibial and femoropatellar compartments with severe radiological lesions found in patients at first specialist visit. Early diagnosis as well as adequate management would prevent an evolution warranting surgical treatment, which till date is not very accessible in Cameroon. (Conflit d’intérêt: Rien à déclarer) INTRODUCTION : L’arthrose est la résultante de phénomènes mécaniques et biologiques qui déstabilisent l’équilibre entre la synthèse et la dégradation du cartilage et de l’os sous-chondral[1]. Ce déséquilibre peut être initié par des facteurs génétiques, métabolique et traumatique. L’arthrose touche tous les tissus de l’articulation et se manifeste par des modifications morphologiques, biochimiques, moléculaires et biomoléculaires des cellules et de la matrice cartilagineuse conduisant à un ramollissement, une fissuration, une ulcération et une perte de l’épaisseur du cartilage articulaire, une sclérose de l’os sous-chondral avec production de d’ostéophytes et de géodes[2]. Cette perte de congruence articulaire est source de douleur, de raideur, de déformation et d’épanchement articulaire. Elle est définie radiologiquement par l’amincissement de l’interligne articulaire associé à une ostéophytose marginale et à une ostéosclérose sous- chondrale [3]. L’arthrose est la deuxième cause d’invalidité après les maladies cardiovasculaires [1]. (OMS). L’arthrose du genou ou gonarthrose est la plus fréquente des arthroses (trois fois plus fréquente que la coxarthrose) et est mise en cause dans la plupart des douleurs du genou [1]. Celle ci peut toucher les différents compartiments du genou : fémoro patellaire, fémoro tibial externe, fémoro tibial interne. Ces différentes localisations parfois combinées réalisent ainsi des atteintes uni, bi ou tricompartimentale. La douleur est le maître symptôme associé à une limitation progressive du périmètre de marche. Une étude cohorte aux Etats Unis en 2003 a montré que seules 40% des gonarthroses modérées radiologiques sont symptomatiques et 60% des arthroses sévères radiologiques ont des douleurs [4]. En Afrique, l’arthrose du genou représente environ 8 à 25% des consultations de rhumatologie [5, 6, 7, 8]. Selon une étude récente, la prévalence et les caractéristiques de la gonarthrose radiographique et symptomatique telle que décrites en Europe et aux Etats unis pourraient ne pas être directement extrapolées dans les régions sous développées [9].Les caractéristiques radiographiques de l’arthrose du genou sont peu connues dans notre pays. Le but de ce travail était de décrire les aspects radiographiques et cliniques de la gonarthrose, et de rechercher une association éventuelle entre les signes cliniques et le stade radiologique observé dans un contexte où l’accès au traitement curatif par remplacement prothétique est peu accessible. M Doualla- Bijaet al radiographies des deux genoux. L’évaluation du retentissement fonctionnel était fait à l’aide du questionnaire de Lequesne administré au patient par l’investigateur principal (IP) en français, en DouallaBijaet anglais ou traduite en langue M locale à l’aide d’unal membre de la famille.L’indice de masse corporelle (IMC) était calculé à partir du poids/taille2, puis classé en cinq stades [10]. PATIENTS ET METHODES SETTING : Après avoir obtenu la clairance éthique auprès du Comité National d’Ethique du Cameroun, nous avons réalisé une étude transversale descriptive sur une population de patients vus en consultation externe dans deux services de Rhumatologie des hôpitaux de la ville de Douala. L’étude s’est déroulée à l’Hôpital Général (Hôpital de référence de première catégorie de 370 lits) et Laquintinie (Hôpital deréférence de deuxième catégorie de 620 lits), sites choisis en raison de l’existence en leur sein d’Unités spécialisées de Rhumatologie et de Services d’Imagerie permettant la réalisation de radiographies des genoux selon les standards validés. PATIENTS : Nous avons inclus de façon prospective de juillet à décembre 2012 tout patient adulte, venu consulter pour douleurs de l’articulation du genou évoluant depuis trois mois au moins, acceptant de participer à l’étude. La douleur décrite par le patient devait être d’horaire mécanique, présente la plupart des jours pendant le mois associée ou non à une tuméfaction.L’intensité de la douleur était évaluée à l’aide d’une échelle visuelle analogique (EVA) sur une règle graduée de 0 à 100 millimètres ; celle ci prenait en compte la douleur moyenne au cours de la semaine précédant la consultation d’inclusion. Pour chaque malade étaient recueillis : l’âge ; le sexe ; la date des premiers symptômes (douleurs, craquement articulaire, tuméfaction, déformations) ;les caractéristiques de la douleur (localisation, horaire, intensité cotée par l’EVA) ; les antécédents médicaux et chirurgicaux contributifs ; les données de l’examen clinique général (taille en centimètres, poids en kilogrammes, tension artérielle en millimètres de mercure) et plus spécifiquement rhumatologique; les données de l’analyse des Etait définie comme arthrose du genou tout patient remplissant les critères de définition de l’ACR [11]. Etait exclus de l’étude, tout patient souffrant d’un rhumatisme inflammatoire chronique, d’une arthrite infectieuse ou d’une pathologie post traumatique du genou. METHODES : Les patients étaient inclus lors de la première consultation de rhumatologie pour douleurs du genou selon les caractéristiques définies par l’étude. L’interrogatoire, l’examen clinique, l’analyse des radiographies étaient assurés par l’IP. Les radiographies des genoux étaient réalisées en incidence postéro antérieure de face en charge, de profil et incidence fémoro patellaire. Les radiographies étaient évaluées par l’IP en utilisant la méthode de KellgrenLawrence [12].sur la base du degré de formation des ostéophytes, le pincement articulaire, la sclérose, et la déformation articulaire (0 : pas d’arthrose ; 1 : douteux ; 2 : minime ; 3 : modéré ; 4 : sévère). Les données recueillies étaient consignées dans une fiche préétablie. ANALYSE STATISTIQUE : Les résultats étaient exprimés sous forme de moyennes ± écart-types pour les variables continues et nombres absolus et pourcentages pour les valeurs discrètes. Les variables quantitatives étaient comparées à l’aide du test de Wilcoxon-Mann-Whitney et les qualitatives à l’aide du test exact de Fisher. Le seuil de significativité était établi pour un p<0,05. RESULTATS : Durant la période d’étude, 1496 patients ont été vus en consultation externe de Rhumatologie, respectivement 864 à l’Hôpital Général et 632 à l’Hôpital Laquintinie de Douala.Cent cinquante M Doualla- Bijaet al et sept patients avaientdes douleurs mécaniques du genou,parmi lesquels 148 patients remplissaient les critères de l’ACR définissantla gonarthrose, donnant ainsi une fréquence de 9,89% en milieu hospitalier à Douala. Caractéristiques générale de la population (Tableau 1) :La moyenne d’âge était de 57 ± 10,6ans (33-84). 111 (75%) étaient des femmes et 76 d’entre elles étaient ménopausées. Nos patients résidaient dans 76% des cas en zone urbaine. La durée d’évolution moyenne des symptômes était de 2,4 ± 2,6 ans (0-15). L’IMC moyen était de 30,8 ± 5,6.Le siège de la douleur était mal défini dans 67,57% des cas et antérieure chez 21,63% des patients. Soixante dix huit (52,70%) patients avaient une douleur d’intensité modérée représentée par une E V A compris entre 5 et 7. L’indicealgo fonctionnel de Lequesne moyen était de 8,5 ± 2,9. Il existait une corrélation entre l’intensité de la douleur et le handicap fonctionnel (p<0,01).La statique du genou était normale chez 50 (33,8%), la déviation en valgus était retrouvée chez 52 (35,1%) de patients, en varum chez 46 (31,1%).Caractéristiques radiologiques:L’arthrose touchait les deux genoux dans 104(70,2%) de cas ; unilatérale dans 44 (29,8%) cas et26 d’entre eux concernait le genou droit. Les lésions radiologiques observées isolément ou associées comportaient : un pincement articulaire(signe le plus retrouvé)chez 145 (97,9%) patients,des M Doualla- Bijaet131 al ostéophytes chez (88,5%),uneostéocondensation chez 43,2% et des géodeschez 4(2,70%) patients. L’atteinte était unicompartimentale chez 37 (25%) patients, bicompartimentale chez 72 (48,6%) et tricompartimentale chez 39 (26,4%). (Tableau 2).Des 37 patients avec une atteinte unicompartimentalel’arthrose était fémorotibiale interne dans 23 cas, fémoropatellaire dans neuf cas et femorotibiale externe dans cinq.Dans les 72 cas d’atteinte bicompartimentale, l’association FTI et FP était décrite chez 47 patients (Tableau 3)53 (35,8%) de patients présentaient une atteinte radiologique correspondant aux grades III et IV de KellgrenLaurence. Association radio-clinique(Tableau 4) : Parmi les 12 patients ayant un grade 4 radiologique, 2 (1,3%)patients avaient une douleur sévère, EVA comprise entre 8 et 10. Nous n’avons pas retrouvé de corrélation entre l’intensité de la douleur ressentie par le patient et le stade radiographique (p > 0.05). Cependant le retentissement fonctionnel était plus sévère chez les patients aux lésions radiologiques avancées (p=0,001). Plus la durée d’évolution de l’arthrose était longue, plus le stade radiographique était élevé (p=0.01). Table 1: Caractéristiques de la population d’étude Caractéristiques Items Fréquence(%) Age (ans, %) 18-40 5(3.4) 40-49 32(21.6) 50-59 56(37.8) 60-69 32(21.6) 70-79 18(12.2) >80 5(3.4) F/M 111/37 Sexe Durée d’évolution (années, écart type) 2,4± 2,6 IMC, n (%) 23 (15.6) < 25 J Afr Imag Méd 2014; 6 (3):41-49 Symptômes*, n (%) Signes cliniques*, n (%) EVA douleurs, n (%) Indice de Lequesne 25 – 29 48 (32.4) 30 – 34 44 (29.7) 35 – 39 22 (14.9) > 40 11 (7.4) Douleurs 148 (100) Boiterie 49 (33.1) tuméfaction 44 (29.7) Craquements articulaires 64 (43.2) Déformation† 98 (66,21) Rabot femoropatellaire 97 (65.4) Tuméfaction 72 (48.6) Flessum 71 (48) Faible (0-4) 53 (35.8) Modérée (5-7) 78 (52.7) Sévère (8-10) 17 (11.5) 0-4 10 (6.8) 5-7 47 (31.9) 8-10 59 (40.2) 11-13 25 (17.0) > 14 7 (4.1) * durée des symptômes et signesen rapport avec la gonarthrose †genuvarum, genuvalgum Tableau 2: Caractéristiques radiologiques Lesions radiologiques du genou Fréquence n(%) AtteinteUnicompartimentale 37 (25) AtteinteBicompartimentale 72 (48.6) AtteinteTricompartimentale 39 (26.3) CompartimentFémorotibial interne(FTI) 123 (83.1) CompartimentFémorotibialexterne(FTE 69 (46.6) CompartimentFémoropatellaire(FP) 106 (71.6) Tableau 3 : Répartition des sites d’arthrose en fonction des compartiments Unicompartimentale Compartiment nombre pourcentage FTI 23 15,5 J Afr Imag Méd 2014; 6 (3):41-49 M Doualla- Bijaet al M Doualla- Bijaet al N=37 FP 09 6,1 FTE 05 3,4 Bicompartimentale FTI et FP 47 31,77 N=72 FTI et FTE 14 9,46 FTE et FP 11 7,43 FTI, FTE et FP 39 26,4 Tricompartimentale N=39 Table 4: CorrelationStaderadiographique, intensité de ladouleuret Handicap Stade de KellgrenLaurence Indice de 0-4 Lequesne 5-7 I II III IV 1 7 2 0 6 31 9 1 8-10 5 34 18 2 11-13 2 9 10 4 >14 0 0 1 5 TOTAL 14 81 41 12 0-49 6 32 12 3 50-79 6 42 23 7 80-100 2 7 6 2 TOTAL 14 81 41 12 EVA de la douleur (mm) Durée des symptômes (ans) 0 -1 5 38 8 1 1-4,9 6 28 26 9 5- 10 3 11 5 1 >10 0 4 2 1 81 41 12 TOTAL 14 p 0,001 >0,05 0,001 M Doualla- Bijaet al J Afr Imag Méd 2014; 6 (3):41-49 B A Fig 1 A et B : Arthrose fémoro-patelaire DISCUSSION L’arthrose du genou est fréquente en milieu hospitalier à Douala avec une prévalence estimée à 9,89% dans notre étude. Notre étude confirme le fait que la prévalence de l’arthrose du genou est étroitement corrélée àl’âge supérieur à 50 ans, le sexe féminin, l’obésité et les déviations axiales. Cette augmentation de prévalence avec l’âge lui confère un caractère invalidant et morbide [3]. Le tableau clinique est dominé par la douleur qui évolue depuis en moyenne deux ans et demid’intensité modérée chez la moitié de nos patients, associée chez 40% à un retentissement fonctionnel important dès la première visite chez le rhumatologue. Une étude au sein d’une population rurale Chinoise a montré que la prévalence de la gonarthrose symptomatique clinique était de 1,9% et celle de la gonarthrose asymptomatique et radiologiquement sévère était de 2,5% [13] Environ 3,4 millions de personnes souffrent d’arthrose du genou chaque année en France parmi lesquels 70% sont symptomatiques [14].Les études africaines publiées ont pour la plupart un recrutement hospitalier comme la notre,la douleur constituant le motif de consultation, il est donc difficile d’évaluer la proportion de patients arthrosiques asymptomatiques. D’où la limite des études hospitalières ; Il serait utile de réaliser des études de cohorte pour ainsi détecter la proportion de patients asymptomatiques. L’accessibilité à une imagerie standart pour un patient qui souffre de douleurs de genoux dans notre contexte n’est pas aisée, la grande majorité de centres de santé ne disposant pas d’appareil de radiographies ; ce qui pose le problème de l’applicabilité des critères validés dans les pays developpés de diagnostic de la gonarthrose [11]. Les caractéristiques J Afr Imag Méd 2014; 6 (3):41-49 M Doualla- Bijaet al radiologiques fréquemment retrouvées dans diverses études font état par ordre de fréquence, de l’atteinte du compartiment fémoro tibial interne, puis fémoro tibial externe et en dernier fémoro patellaire [5 ,6 , 7, 8, 15, 16 ]. L’atteinte prépondérante du compartiment fémoro tibial interne est aussi retrouvée dans notre étude. Cependant la différence concerne l’atteinte du compartiment fémoro patellaire qui occupe le second rang, témoignant de la fréquence élevée de son corollaire clinique, le signe du rabot rotulien, mais très peu retrouvée dans les études[3, 17].La présence de signes cliniques ne correspond pas toujours au stade radiologique [18 ,19]. Nous n’avons pas retrouvé de corrélation entre l’intensité de la douleur ressentie par le patient et le stade radiographique. Dennison et al dans une étude cohorte aux Etats Unis en 2003 a montré que seules 40% des gonarthroses modérées radiologiques sont symptomatiques et 60% des arthroses sévères radiologiques ont des douleurs[4]. Il existe cependant une association entre la durée des symptômes, l’importance du handicap et la sévérité des lésions radiologiques dans notre étude. Ce qui soulève la problématique du délai de consultation après le début des symptômes du patient arthrosique et l’absence du suivi de cohortes permettant d’identifier les signes cliniques d’une arthrose débutante dans notre milieu. Le retard de consultation médicalespécialisée limite aussi les possibilités d’agir sur les facteurs de progression permettant de ralentir l’évolution vers les stades sévères de la maladie arthrosique. La gonarthrose représente une charge pour la collectivité de l’ordre de 1,8 milliard d’Euros en France [14] et environ 1% du produit national brut [1] aux Etats Unis. Le coût élevé de la prise en charge de cette pathologie ainsi que son retentissement sur le plan socioéconomique seraient dans notre contexte encore plus important en raison des difficultés d’accessibilité aux diagnostics précoces et aux traitements adéquats.La prise en charge curativede la gonarthrose implique un remplacement prothétique du genou ; dans un environnement africain où celui ci est peu ou pas accessible. CONCLUSIONL’arthrose du genou occupe un dixième des consultations de rhumatologie, et touche surtout la femme obèse d’environ cinquante ans. Les lésions radiologiques sont sévères chez un tiers des patients à la première consultation spécialisée et prédominent dans les compartimentsfémorotibialinterne et fémoropatellaire.La sévérité de l’atteinte radiologique ne correspond pas à l’intensité de la douleur exprimée par le patient, mais au degré de handicap et à la durée d’évolution clinique. Un diagnostic et une prise en charge précoce permettraient d’éviter l’évolution vers un traitement chirurgical, encore peu accessible au Cameroun. Une étude prospective sur un recrutement extra hospitalier permettrait d’établir la proportion réelle de patients souffrant d’arthrose du genou et déterminer les facteurs modifiables de progression radiographiques. REFERENCES [1] Sharma L, Kapoor D, Issa S.Epidemiology of osteoarthritis: an update. CurrOpinRheumatol 2006;18(2):147-56. [2] Felson DT. An update on the pathogenesis and epidemiology of osteoarthritis.RadiolClin North Am 2004;42(1):1-9. [3] Srikanth VK, Fryer JL, Zhai G, Winzenberg TM, Hosmer D, Jones G. Ameta-analysis of sex differences prevalence, incidence and severity of osteoarthritis.OsteoarthritisCartilage 2005;13(9):76981. [4] Lawrence RC, Felson DT, Helmick CG, Arnold LM, Choi H, Deyo RA, Gabriel S et al.National Arthritis Data Workgroup. 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