Pentecôte 2016

Transcription

Pentecôte 2016
Lecture du livre des Actes des Apôtres (2,1-11)
Quand arriva le jour de la Pentecôte,
au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain un bruit survint du ciel
comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.
Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem,
des Juifs religieux,
venant de toutes les nations sous le ciel.
Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait,
ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient en pleine confusion
parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte
ceux qui parlaient.
Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient :
« Ces gens qui parlent
ne sont-ils pas tous Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende
dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
de la province du Pont et de celle d’Asie,
de la Phrygie et de la Pamphylie,
de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène,
Romains de passage,
Juifs de naissance et convertis,
Crétois et Arabes,
tous nous les entendons
parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »
HOMELIE
Quand j'étais gamin, dans l'Eglise Catholique, on parlait peu de l'Esprit Saint… en
tout cas le moins possible: on ne savait pas trop comment en parler.
Alors, un peu par curiosité, j'ai eu l'idée saugrenue d'aller voir ce qu'on en disait dans
le catéchisme de mon enfance.
Je lis1:
" Question:
- Qu'est-ce que le Saint Esprit?"
Réponse:
- Le Saint Esprit est la troisième personne de la Sainte Trinité, égale en tout au Père
et au Fils".
Voilà qui est très bien…
Très bien, mais très loin de l'expérience que les Apôtres font de l'Esprit Saint, très
loin de l'expérience que nous pouvons en faire dans notre démarche de foi.
Contrairement au catéchisme de mon enfance, le Nouveau Testament évoque
l'Esprit Saint non comme une définition dogmatique, mais comme une dimension
essentielle du vécu de la foi.
Pas de définition, mais des images, et elles sont multiples.
Chez St Luc, c'est le feu qui embrase les disciples et les amène à proclamer la
Bonne Nouvelle du Ressuscité.
Chez St Paul, c'est la liberté, la liberté de Dieu qui, seule, peut nous conduire à la
vie en Dieu.
Chez St Jean, c'est la vérité, la vérité de Dieu qui prend place en nos cœurs.
Des images multiples, parce que l'expérience de foi est multiple.
Alors oui, bien difficile de définir l'Esprit Saint… et je comprends l'embarras des
rédacteurs des catéchismes de mon enfance!
Pourtant, dès les premières pages de la Bible, il est question de l'Esprit Saint, de
l'Esprit de Dieu.
Quand Dieu crée l'humanité, quand il les crée homme et femme, il les crée "à son
image", "à sa ressemblance" 2.
Le deuxième poème de la création dit la même chose, mais un peu différemment:
"Le seigneur Dieu insuffla dans ses narines une haleine de vie, et l'homme devint un
être vivant" 3.
Autrement dit, l'Esprit Saint, c'est la respiration de Dieu.
Dieu respire en nous. C'est sa vie qui est nous.
Et c'est bien l'expérience que vivent les Apôtres en ce jour de Pentecôte: ils
découvrent que Dieu respire en leur cœur.
Ils ne le savaient pas. Ils ne s'en étaient pas rendu compte.
Ils étaient comme des morts qui ne respirent pas!
Le jour de Pentecôte, ils font cette découverte extraordinaire: la vie même de Dieu
est au cœur de leur propre vie.
Dieu respire en eux.
1
Catéchisme à l'usage des diocèses de France (Mame 1947) 17°leçon
Gn1,27 et 1,26
3
Gn2,7
2
Mais alors…
Si ma respiration, c'est la respiration même de Dieu,
alors… tout est possible!
Je n'ai plus de raison d'avoir peur, peur des autres, peur de moi-même, peur de la
mort: c'est la vie qui est en moi!
Cette découverte, on ne peut pas la garder pour soi.
Et voilà les Apôtres dehors!
Ils disent à tout le monde ce qui leur arrive, ce qu'ils ont découvert.
Et tout le monde les comprend, et tout le monde s'étonne:
c'est étonnant de voir quelqu'un respirer, c'est étonnant la vie!
Et cela va plus loin encore: tous les événements que les Apôtres ont vécu avec
Jésus prend sens à leurs yeux.
Et notamment, il y a eu ce repas, ce fameux dernier repas.
Ce soir-là, juste avant son arrestation, Jésus avait pris le pain, et il avait dit: "Ceci est
mon corps". Il avait pris le vin, et il avait dit: "Ceci est mon sang. Prenez, mangez;
prenez, buvez!".
Eux, les Apôtres, ils n'avaient pas compris grand-chose, ce soir-là.
Maintenant, ils comprennent: ce Jésus qui a été arrêté, condamné, crucifié, il est
vivant. En lui, la vie est plus forte que la mort.
C'est bien cette vie qu'il a donnée et qu'il donne encore sous la forme du pain et du
vin.
Frères et sœurs, aujourd'hui, nous vivons la même expérience.
Nous aussi, nous découvrons que Dieu respire en nous et nous entrons dans sa vie
en communiant au corps de son Christ ressuscité, en recevant sa vie en nourriture
pour notre vie.
Je termine par deux questions:
- pouvons-nous oublier de respirer?
- pouvons-nous vivre sans nourriture?
Pouvons-nous oublier de respirer?
S'il nous arrivait d'oublier que c'est Dieu qui vit en nous, et que, sans lui, nous
n'aurions pas de souffle, pas de vie?
S'il nous arrivait d'oublier Dieu, nous serions… comme des morts qui ne respirent
plus!
Pouvons-nous vivre sans nourriture?
J'entends souvent des gens me dire: "Je suis croyant, mais pas pratiquant".
Ben voyons!
Comment notre foi peut-elle vivre si elle n'est pas nourrie de la parole et de
l'Eucharistie?
Nous, nous le savons bien, mais l'Esprit de Pentecôte nous pousse à le dire à
d'autres, à le partager, à le faire découvrir à tous nos frères.