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LA TEMPÊTE
Artistique
Théâtre
LA TEMPÊTE
De William Shakespeare
Traduction de Jean-Michel Déprats
Adaptation Lucile Cocito
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
SOMMAIRE
TRAVAIL AVEC LES ÉLÈVES
3
INTRODUCTION / RÉSUMÉ
4
NOTES
5
SHAKESPEARE ET LE THÉÂTRE ELYSABETHAIN
6
LA TEMPÊTE : UNE TRAgICOMÉDIE
7
ANALYSE DRAMATURgIQUE
8-10
LECTURES CROISÉES
11-14
À PROPOS DE LA MISE EN SCÈNE
15-17
ARTISTIQUE THÉÂTRE
18
ARS EXTREMIS
19
L’ÉQUIPE
20
CV LUCILE COCITO
21-22
CRÉATION :
THÉÂTRE MARNI (Bruxelles)
3 MAI 2011
EXPLOITATION :
THÉÂTRE MARNI (Bruxelles)
3 - 13 MAI 2011
THÉÂTRE DU SOLEIL (paris)
14 OCTOBRE - 13 NOVEMBRE 2011
Artistique
Théâtre
Artistique Théâtre
Ars Extremis asbl
avenue Voltaire, 172 - 1030 Bruxelles
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Tél. : 02 513 37 29
0 484 69 62 64
11, boulevard davout - 75020 Paris
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Tél. : 01 43 57 10 82
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TRAVAIL AVEC LES éLèVES
En préparation au spectacle, nous souhaitons proposer aux élèves, trois grands thèmes de réflexion :
Grands thèmes philosophiques de la Tempête :
- Autour de la pensée humaniste : Faut-il croire en l’homme maître de son destin ?
L’homme a-t-il réellement la possibilité de changer sa destinée ?
- Les Métamorphoses d’Ovide.
Le pouvoir, la trahison, l’état, la liberté.
Shakespeare aujourd’hui
- Que nous dit Shakespeare aujourd’hui ?
- Comment monter Shakespeare aujourd’hui ?
Le fantastique et les arts.
- Quelle place prend le fantastique au théâtre aujourd’hui ?
- Dans les autres arts ?
- La technologie et la mise en scène.
L’intervention de la compagnie peut se faire de plusieurs manières :
- un échange avec les élèves directement dans la classe pendant les heures de cours en présence
de la metteuse en scène,
- un débat avec l’équipe artistique après le spectacle,
- des répétitions ouvertes aux élèves au théâtre en journée.
Contact : Lucile Cocito
Tél. : 06 74 00 39 07
[email protected]
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INTRODUCTION
La Tempête, dont la première représentation eu lieu au théâtre du globe en 1611, est considérée comme la
dernière œuvre de Shakespeare.
Regroupant les thèmes fondamentaux du grand dramaturge anglais, elle se distingue pourtant des autres œuvres
de l’auteur ; Nous ne sommes ni dans une œuvre historique telle que Richard III, ni dans une rêverie tel que Le
songe d’une nuit d’été. Dans La Tempête, le réel et le fantastique se confondent, brouillant les pistes, laissant le
spectateur partagé entre le visible et le caché, ne sachant plus ce qui est illusion et ce qui est vérité…
Et pourtant La Tempête reprend tous les thèmes des tragédies Shakespeariennes : le pouvoir, la trahison, le fratricide,
l’homme face à son destin… Si «tout est bien qui fini bien» pour les personnages, l’épilogue de Prospéro nous
rappelle que rien n’a changé : le monde est toujours le même, l’homme reste impuissant face à la nature.
« La Tempête » c’est autre chose {…} Peut être est-il impossible à notre époque de révéler, dans sa totalité, la
nature de la pièce. Jusqu’à ce qu’on trouve, malgré tout, un moyen de la représenter… » (P. Brook, L’espace vide).
RéSUMé
Prospéro voulant se consacrer à des études secrètes néglige les affaires de l’Etat et confie le gouvernement
du duché à son frère Antonio. Celui-ci, avec l’aide du roi Alonso, usurpe le pouvoir et exile Prospéro et sa fille
Miranda sur une île déserte.
La pièce débute quinze ans après quand Prospéro grâce à ses pouvoirs surnaturels provoque le naufrage du
vaisseau du roi et de tous ses ennemis réunis à bord. Il leur fera subir une série d’épreuves pour les punir de
leur traîtrise avant de se révéler devant eux. Prospéro va également faire naître une passion amoureuse entre sa
fille et Ferdinand le fils du roi. De leurs côtés, Antonio et Sébastien, le frère du roi, vont tenter d’assassiner le roi
et son conseiller Gonzalo. Caliban, l’insulaire et serviteur de Prospéro, entre en scène pour persuader Stéphano
et Trinculo, sommelier et bouffon du roi, eux aussi naufragés, de prendre part à sa conspiration contre la vie de
Prospéro et leur propose en échange de régner en maîtres sur son île.
Prospéro tenant enfin tous ses ennemis à sa merci, choisit de pardonner, fiance sa fille et quitte l’île pour retrouver
son duché.
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NOTES
Depuis la nuit des temps, les hommes se racontent des histoires, pour partager leurs expériences du monde,
explorer les différentes façons d’appréhender les problèmes et les aventures de la vie, et essayer de comprendre
la signification profonde qui se dissimule derrière le quotidien. Certaines de ces histoires ont pris, peu à peu, la
dimension de mythe, avec le pouvoir d’inspirer et de guider, génération après génération, ceux qui veulent bien
les entendre.
Il me semble que cette inquiète lueur d’espoir et de désespoir, ces interrogations sur le destin de l’homme, son
histoire, ses contradictions, sa part d’ombre, peuvent, aujourd’hui encore, remuer profondément le public.
Tempête de l’âme et de l’esprit,
Tempête des éléments,
Tempête d’émotions et de passions,
Tempête de sentiments sombres,
Tempête de rage et de colère,
Tempête d’injustices et de trahisons,
Tempête d’espoirs et de désespoirs,
Tempête humaine et sauvage,
Tempête d’amour et de haine,
Tempête des peurs et des interdits,
Tempête de pouvoirs et d’innocences,
Tempête de mots et de notes poétiques,
Tempête de l’imaginaire et de la folie.
Prendre le temps, se l’octroyer, le provoquer comme Prospero qui délègue ses pouvoirs à son frère et lui laisse
la porte ouverte afin que celui-ci lui usurpe son duché et l’exile. Cet exil, comme le dit Prospero, est un mauvais
tour et une bénédiction.
Ce voyage n’est pas seulement une aventure physique qui transporte Prospero d’un lieu vers un autre ; il s’agit
d’un voyage spirituel, au cours duquel Prospero passe de l’innocence et de l’ignorance à l’expérience et à la
connaissance. Il s’agit d’un voyage à la découverte de soi-même, une expédition dont le but véritable n’est autre
que notre royaume intérieur, là où se concentrent toutes nos forces et nos faiblesses.
Mais prenons-nous ce temps ? Et pourquoi ? Pour nous réfugier dans un monde de rêves et d'émerveillement,
échappant ainsi à une réalité humaine que nous avons nous-même fabriquée ?
Contradictions ? Oui bien sûr, car au-delà des bienfaits de cette quête, l’homme veut toujours plus, plus loin,
plus extrême, … Pour arriver à quel but ? Avoir un contrôle absolu sur la nature et les éléments, quitte à vendre
son âme pour y parvenir ? ...
Et c'est également à travers les yeux émerveillés et innocents de Miranda, que Shakespeare nous impose une
vision de l’homme, la vision subite de l’humanité des premiers jours… L’homme est beau… Le réel est beau en
profondeur à chaque fois qu’on l’aperçoit.
Le nouveau Monde de Shakespeare, c’est sans doute le possible de l’homme et de la terre dans un univers
capable de se renouveler. Cette réalité humaine peut aider véritablement l’homme à prendre le monde dans ses
mains, mais non, comme il en a coutume, pour le détruire et l’avilir.
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SHAKESPEARE ET LE THéâTRE ELiSABETHAIN
1- Shakespeare
Poète et dramaturge anglais Né à Stratford-upon-Avon le 26 avril 1564 Décédé à Stratford-upon-Avon le
23 avril 1616.
On suppose qu’il fut élève à l’école de Stratford mais, son père ayant eu des revers de fortune, il quitta sa ville
natale avec, semble-t-il l’intention de s’établir à Londres. En 1582, âgé seulement de dix-huit ans, il épousa la
fille d’un fermier, Anne Hathaway, de huit ans son aînée, et dont il eut trois enfants.
Installé à Londres vers 1588, il jouissait dès 1592 d’une certaine renommée en tant qu’acteur et auteur dramatique.
Peu de temps après, il s’assura la protection du comte de Southampton, auquel il dédia ses premiers poèmes,
Vénus et Adonis (1593) et le Viol de Lucrèce (1594).
Shakespeare devint actionnaire de la compagnie théâtrale des « Lord Chamberlain’s Men », qui, après la mort de
la reine Élisabeth Ière, prit le nom de « King’s Men ». C’est à cette époque qu’il écrit Roméo et Juliette, Le songe
d’une nuit d’été et Peines d’amour perdues. Les représentations avaient lieu habituellement au Globe Theatre
(Hamlet, Antoine et Cléopâtre…) puis, à partir de 1608, au Blackfriars. C’est dans ce dernier lieu que seront
jouées ses dernières pièces : Périclès, Cymbeline, Le conte d’hiver et enfin La Tempête.
En 1612, après une vingtaine d’années passées au théâtre, William Shakespeare retourne à Stratford et il y
mourut le 23 avril 1616.
2- Le théâtre Élisabéthain
On appelle aujourd’hui ccommunément «Théâtre Elisabéthain», l’ensemble des pièces écrites entre la fin du XVIe
et du début du XVIIe siècle en Angleterre, essentiellement à Londres, sous le règne d’Élisabeth Ière , de Jacques
Ier et de Charles Ier .
Ce théâtre trouve ses origines dans les mystères du moyen âge, courtes pièces jouées principalement dans la
rue et relatant des faits religieux.
Les cours d’auberges furent le premier lieu de représentation du théâtre élisabéthain, puis les troupes ambulantes
construisirent des théâtres fixes dont le premier fut « le théâtre » construit en 1576. Dès 1600, il y aura cinq
théâtres publics à Londres ; d’autres suivront : le Curtain, la Rose, le Swan, le Globe (situé au bord de la Tamise,
il pouvait contenir jusqu’à 2 000 personnes), la Fortune et le Hope.
Le théâtre élisabéthain savait s’adapter à un public venant de classes sociales variées : notamment par le
mélange de vocabulaire, le mélange des genres (une scène comique succédant à un moment tragique pour
apaiser le spectateur)…
Alors que les Français de la même période s’évertuaient à respecter la règle aristotélicienne des trois unités,
les Anglais bousculaient les conventions, mêlant le comique au tragique et se faisant suivre les actions sans
forcément de liens entre elles.
C’est un théâtre de divertissement plus que de catharsis, dont la volonté première est de parler à un public
éclectique traversé par le thème du pouvoir, la question de la présence ou de l’absence de Dieu, des questions
éthiques d’ordre et de désordre, de paix et de violence.
La scène élisabéthaine, fondamentalement différente de la scène frontale à l’italienne, répandue en Italie et en
France, est logée dans un édifice à ciel ouvert, de forme polygonale (le Red Lion) ou circulaire (le Swan et le
Globe) ; celui-ci enserre un espace central, l’équivalent d’une arène entourée de galeries, sur trois étages, où
se tenait le public. Une vaste aire de jeu – le proscenium – s’avance dans cette arène ; les acteurs sont donc
entourés par le public, sur trois côtés. Adossée au mur du fond, à l’arrière du proscenium, une petite scène
couverte par un auvent de chaume peut être fermée par un rideau ; elle est surmontée d’un étage servant le plus
souvent de rempart ou de balcon. Un troisième étage accueille généralement des musiciens.
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LA TEMPêTE : UNE TRAGICOMéDIE
La tragicomédie se définit comme participant à la fois de la comédie et de la tragédie. A l’époque classique,
elle désigne toute tragédie qui se termine bien.
Le genre tragicomique répond à trois critères :
- Les personnages appartiennent aux différentes couches sociales : populaires et aristocratiques ;
- L’action même si elle est dramatique n’aboutit pas à une catastrophe et le « héros » n’y périt pas ;
- Le langage relève de plusieurs niveaux : soutenu, voire poétique et quotidien ou vulgaire.
On trouve dans La Tempête deux prologues et deux épilogues : L’un relevant d’avantage de la comédie, l’autre
de la tragédie.
Ainsi, la pièce s’ouvre sur le navire en plein naufrage. Des cris, du mouvement et un décor qui n’est pas figé. Le
premier acte lui, s’ouvre ensuite sur une scène classique d’exposition où Prospéro raconte son arrivée sur l’île.
La pièce se terminera sur deux épilogues : un heureux dénouement, un mariage à venir, puis, le monologue de
Prospéro, amer et philosophique.
Si la réflexion autour de l’homme et son destin est quelque peu pessimiste et tend donc au genre tragique,
l’action relève d’avantage de la comédie : les scènes des bouffons, les esprits qui jouent des tours, l’élixir
d’amour, les retrouvailles et le départ heureux.
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ANALYSE DRAMATURGIQUE
Shakespeare est conscient d’un merveilleux infiniment supérieur. Il place l’action sur une île située « quelque part »,
une île enchantée, dans un monde imaginaire.
Certains ont tentés de localiser l’île de La Tempête, en retraçant les différents itinéraires : Alonso, roi de Naples,
revient de Tunis et la sorcière Sycorax se retrouve sur l’île après avoir été chassée d’Alger. Le croisement de ces
deux routes maritimes nous amène quelque part en méditerranée, à priori aux alentours de Malte.
Pourtant il est inutile de chercher à localiser cette île, lieu de mystère et d’illusion. Il n’y a rien de rationnel et tout
est bouleversant. Le surnaturel et le réel ne cessent de s’emmêler, confondant le spectateur qui ne sait plus ce
qui est réel de ce qui ne l’est pas, qui est humain et qui est esprit.
« - Tourment, trouble, prodige et stupeur
Habitent tous ici. Qu’un pouvoir céleste nous guide
Hors de ce pays effroyable ! » (Acte V, scène 1)
Le monde du temps de Shakespeare : celui des grands voyages et expéditions, des continents inconnus, des
îles vièrges et mystérieuses. On retrouve dans la tempête les récits des grands explorateurs, de ces expéditions
maritimes lointaines. Ainsi, certains critiques ont trouvé un écho de l’expédition du Sea Venture, navire de colons
anglais partis rejoindre la toute nouvelle Virginie en 1609: ce navire pris dans une tempête a vu certains de ses
matelots s’échouer sur une petite île des Bermudes et y vivre pendant dix mois. Il fut relaté dans le journal de
cette expédition que ces naufragés étaient terrorisés toutes les nuits par des bruits sinistres et de mystérieux
hurlements.
Si l’île de La Tempête ne peut être localisée, c’est avant tout parce qu’elle n’est pas supposée être réelle, elle est
en dehors du monde, en dehors du temps ; l’hiver et l’été y règnent à la foi, et l’on y trouve des terres arides et
des terres fertiles. Tous les opposés y cohabitent et rien n’est semblable à la réalité.
L’île représente le monde et la scène. Ce qui, pour le théâtre élisabéthain revenait au même : la scène est le
monde et le monde est la scène.
«All the world’s a stage»
La scène à l’image du monde est le lieu de toutes les illusions, toutes les trahisons et toutes les passions. Ainsi, un
immense baldaquin à l’effigie de la constellation du zodiaque symbolisant le ciel était déployé au dessus du théâtre
du globe.
L’histoire du monde, à la manière d’une pièce de théâtre, se déroule et se répète. Peut importe le lieu de l’action,
l’humanité reste folie. L’île, parce qu’on ne peut la trouver sur une carte, représente ainsi n’importe quelle partie
du monde, chaque homme peut vivre cette tempête, intemporelle.
Shakespeare ne nous raconte pas ici le simple naufrage d’un navire aux abords d’une île inconnue, mais le
naufrage de l’humanité dans les limbes de sa cconscience pervertie.
Un des thèmes principaux, fondamentaux, récurrents chez Shakespeare : le bon et le mauvais seigneur, le
prince légitime et l’usurpateur, le souverain légitime dépouillé de son trône. C’est là pour Shakespeare l’image de
l’histoire, de l’éternelle histoire, de son mécanisme constant et immuable.
Ainsi, Prospéro s’est laisser usurper son duché par son frère. Comme dans la majorité des pièces de Shakespeare,
nous retrouvons ici le thème de la trahison pour accéder au pouvoir et du fratricide. L’homme est capable de tout
pour accéder au pouvoir, comme si seul la puissance lui importait.
Mais le thème du seigneur légitime et de l’usurpateur se retrouve également dans la situation de Caliban : Suite
à la mort de sa mère, il se trouvait maître de l’île. Et Prospéro lui a volé son royaume.
« Cette île est mienne par ma mère Sycorax et tu me l’as prise » (Acte I ; scène2)
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Caliban qui, de maître s’est transformé en esclave, est sans doute le personnage le plus développé de la pièce.
Créature étrange, il est celui dont le drame est le plus profond. Lui seul a été doté par Shakespeare de passion et
d’une biographie complète. C’est de lui également que viendra l’une des répliques les plus amères de la pièce :
« - Vous m’avez enseigné le langage et le profit que j’en tire
Est que je sais maudire. » (Acte I, scène 2)
Le récit de Prospéro est une histoire de lutte pour le pouvoir, de contrainte et de complot. Les drames de
Shakespeare sont construits sur le principe de l’analogie, d’une double, triple ou même quadruple intrigue qui
répètent le même thème essentiel ; ce sont des miroirs qui reflètent, grossissent et parodient une même situation.
« Le drame est un miroir où se réfléchit la nature » (Victor Hugo, Préface de Cromwell)
La même situation est jouée par des rois, pour être ensuite singée par les bouffons. Deux fois la même histoire
se répètera sur le ton tragique et sur le ton grotesque. Les coups d’état ne sont pas le privilège des rois et la soif
du pouvoir ne s’empare pas seulement des princes.
Ainsi, la trahison première d’Antonio sera reprise par Stephano et Trinculo. L’envie de pouvoir se répète à l’infini
chez les grands ou chez les servants. C’est l’histoire de l’homme, de tous les hommes.
Stéphano et Trinculo eux aussi veulent gouverner. La violence et la lutte pour le pouvoir sont la loi de ce monde.
« - Ton exemple cher ami,
Sera mon précédent : comme tu as eu Milan,
J’obtiendrais Naples. Dégaine ton épée... un seul coup
Va te libérer du tribut que tu paies,
Et moi, le roi, je t’aimerai. » (Acte II, scène 1)
Chez Stéphano et Trinculo, qui reprennent le meurtre, le texte est en prose :
« Je tuerai cet homme. Sa fille et moi serons roi et reine - Les dieux gardent Nos majestés !- et Trinculo et toi
serez vice-rois. Ce programme te plaît, Trinculo ? » (Acte III, scène 2)
L’histoire shakespearienne du monde : elle est lutte pour le pouvoir, meurtre, révolte et violence. Il n’est pas
nécessaire que le meurtre soit accompli. Il suffit qu’il ait été montré. Sébastien répète l’acte commis par Antonio.
Prospéro fait passer les naufragés par des situations extrêmes et définitives, il les met à l’épreuve : ils ont
parcouru le chemin les conduisant à l’enfer de leur propre âme.
Le destin d’Ariel et de Caliban est une répétition du thème de la révolte. Caliban tente de se révolter, non pour
le pouvoir mais pour sa liberté. Il n’est pas envisageable d’être asservi à quelqu’un. D’appartenir à quelqu’un.
L’homme n’est pas par nature un esclave. Les souffrances d’Ariel, puisqu’il n’est qu’un esprit, sont abstraites et
la liberté dont il rêve est le rejet de toute relation de dépendance. L’esprit lui-même doit être libre. La première
scène où apparaît Ariel est exigence de liberté.
Prospéro : Comment ? De l’humeur ? Qu’est ce que tu peux me demander ?
Ariel : Ma Liberté. (Acte I, Scène 2)
Et la première entrée de Caliban est un appel à la révolte.
Prospéro : Toi, venimeux esclave, que le diable lui-même engendra
En besognant ta pernicieuse mère vient ici !
Caliban : Que la plus pernicieuse rosée recueillie par ma mère
Avec une plume de corbeau sur un bourbier malsain
S’abatte sur vous deux ! Que le vent du sud ouest souffle sur vous
Et vous couvre de cloques ! (Acte I, scène 2)
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On retrouve ici également, les questionnements humanistes sur la monarchie et le pouvoir. La croyance en
l’homme, capable de se gouverner lui-même.
« Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme,
aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. » (Rousseau, Le contrat social)
La question de la liberté face au souverain sera posée également par Sébastien et Antonio:
« Gonzalo : Dans ma république, je ferais toute chose
à rebours, car je n’y admettrais
Aucune espèce de commerce ; aucun titre de magistrat ;
Personne ne saurait lire ; richesses, pauvreté,
Et domesticité, abolies ; contrats, héritages,
Bornes, enclos, labours, vignobles, abolis ;
Nul usage de métal, de blé, de vin ou d’huile ;
Nulle occupation ; tous les hommes oisifs, tous,
Et les femmes aussi, mais innocentes et pures ;
Nulle souveraineté…
Sebastien : Pourtant il en serait le roi.
Antonio : La fin de la république en oublie le début. » (Acte II, scène 1)
Les interrogations de « La Tempête » sont philosophiques et amères. Et son expérience plus amère encore.
Le théâtre de Shakespeare nous montre l’image de la nature cruelle et de l’homme qui en vain cherche à être
maître de son destin.
La pensée humaniste du XVI ème siècle se retrouve constamment dans l’œuvre de Shakespeare. Mouvement
de pensée développé pendant la renaissance, il se caractérise notamment par un retour aux textes Antiques.
Mais la pensée humaniste de l’époque de Shakespeare est surtout centrée sur l’homme et ses capacités,
elle propose un « modèle humain » défini comme synthèse des qualités intellectuelles, sociales, affectives,
caractéristiques de la « nature humaine ». Une pensée idéaliste et optimiste qui place l’Homme au centre du
monde, et honore les valeurs humaines.
L’importance du savoir et des connaissances.
Prospéro désire un savoir jamais rassasié de lui-même. Besoin de connaître. Inéluctabilité de la connaissance,
inéluctabilité de la peur de connaître.
Mais La Tempête s’écrit avec la fin de la pensée humaniste, les illusions se trouvent déçues et l’homme n’a pas
été à la hauteur des espérances de cette époque.
C’est en ce sens que la véritable Tempête est inquiétante et sévère, lyrique et grotesque ; elle est un règlement
de comptes passionné avec le monde véritable.
Et c’est ainsi que l’on peut retrouver dans La Tempête l’autobiographie philosophique de Shakespeare ; le
drame des illusions perdues, la sagesse amère et l’espoir fragile, mais obstiné. Alors les grands thèmes de la
Renaissance y renaîtront : l’utopie philosophique, les limites de la connaissance, l’homme maître de la nature,
l’ordre des valeurs constamment menacé, la nature qui est et n’est pas la mesure de l’homme.
Avec « La Tempête », Shakespeare montre l’antinomie entre la grandeur de l’esprit humain, et la cruauté de
l’histoire, la fragilité de l’ordre des valeurs. L’histoire n’est plus que l’histoire de l’homme. On aurait pu rêver
qu’elle allait changer. Mais elle n’a pas changé. Et c’est ici que nous ressentons le déchirement entre le rêve et la
réalité, entre les possibilités qui résident en l’homme et la misère de son sort. Tout aurait pu changer et rien n’a
changé. Prospéro possède cette conscience de la misère et de la grandeur de l’homme.
Chez presque tous les penseurs, poètes et philosophes de la Renaissance, nous retrouvons à la fois des explosions
d’enthousiasme pour les conquêtes de la pensée humaine et la vision catastrophique d’un anéantissement
inévitable.
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« - Avec ce semblant de bravoure les hommes se pendent
Où se noient eux-mêmes » (Acte III, scène 3)
Nous retrouvons ce type de réflexion cruelle dans Montaigne :
« La plus calamiteuse et fraile de toute les créatures, c’est l’homme, et quant, et quant la plus orgueilleuse. »,
Chez Leonardo da Vinci :
« L’homme est un animal comme les autres, peut-être seulement plus cruel ; mais, au contraire de tous les
autres, il a conscience de son destin et veut le changer. Il naît et meurt dans un temps qui lui échappe et jamais
il ne pourra s’y résigner. »
Ou encore
« Les hommes s’accroissent trop parce que les autres animaux ne les mangent pas ».
Ce déchirement propre à Leonardo entre la pensée et la pratique, entre le royaume de la liberté, de la justice et de la
raison d’une part, l’ordre naturel et l’histoire de l’autre, a été encore plus intensément et douloureusement ressenti
par la dernière génération des penseurs de la Renaissance ; génération à laquelle appartenait Shakespeare. Elle
avait conscience qu’une grande époque s’achevait. Le présent était répugnant, l’avenir se dessinait en couleurs
encore plus sombres. Les grands rêves de bonheur ne s’étaient pas accomplis, il était apparu que ce n’étaient
que de simples songes. « La Tempête » est la grande tragédie de la Renaissance, sur les illusions perdues.
Une confrontation brutale entre la nature et l’ordre social. La moralité une fois achevée, il ne lui reste plus qu’à
Prospéro une amère sagesse.
« - Nous sommes de l’étoffe
Dont les rêves sont faits, et notre petite vie
Est entourée par un sommeil. » (Acte IV, scène 1)
Sur l’épilogue de fin : Le monde est vu dans son mouvement et sa transformation, les quatre éléments : la
terre, l’eau, le feu et l’air sont libérés ; mais s’ils n’obéissent plus aux dieux, ils sont au pouvoir de l’homme
qui bouleverse pour la première fois l’ordre de la nature. Chaque époque lit ce grand monologue à l’aide de
ses expériences propres. Pour nous, c’est un monologue atomique, et il comporte davantage d’effroi que
d’enthousiasme. Dans ce monologue retentissent des accents d’Apocalypse. L’Apocalypse des explosions
nucléaires et du champignon atomique.
« - Mon projet meurt, qui était de plaire. Car je n’ai
Plus d’esprit à soumettre ou d’art pour enchanter ;
Et à la fin je désespère (...) Que me délivre alors votre indulgence. » (L’épilogue)
C’est enfin à travers ce monologue que se résume le sort cruel de l’homme. Si la dernière scène est une fin
heureuse, l’épilogue nous ramène à une réalité douloureuse. L’espoir a disparu. La tempête a pris fin, chacun va
retrouver son duché. Rien n’a changé et l’histoire ne se termine que pour se répéter encore et encore.
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LECTURES CROISéES
OVIDE ; Les Métamorphoses
Les quatre âges (I, 89-150) L’âge d’or commença. Alors les hommes gardaient volontairement la justice et suivaient la vertu sans effort.
Ils ne connaissaient ni la crainte, ni les supplices; des lois menaçantes n’étaient point gravées sur des tables
d’airain; on ne voyait pas des coupables tremblants redouter les regards de leurs juges, et la sûreté commune
être l’ouvrage des magistrats.
Les pins abattus sur les montagnes n’étaient pas encore descendus sur l’océan pour visiter des plages inconnues.
Les mortels ne connaissaient d’autres rivages que ceux qui les avaient vus naître. Les cités n’étaient défendues
ni par des fossés profonds ni par des remparts. On ignorait et la trompette guerrière et l’airain courbé du clairon.
On ne portait ni casque, ni épée; et ce n’étaient pas les soldats et les armes qui assuraient le repos des nations.
[101] La terre, sans être sollicitée par le fer, ouvrait son sein, et, fertile sans culture, produisait tout d’elle-même.
L’homme, satisfait des aliments que la nature lui offrait sans effort, cueillait les fruits de l’arbousier et du cornouiller,
la fraise des montagnes, la mûre sauvage qui croît sur la ronce épineuse, et le gland qui tombait de l’arbre de
Jupiter. C’était alors le règne d’un printemps éternel. Les doux zéphyrs, de leurs tièdes haleines, animaient les
fleurs écloses sans semence. La terre, sans le secours de la charrue, produisait d’elle-même d’abondantes
moissons. Dans les campagnes s’épanchaient des fontaines de lait, des fleuves de nectar; et de l’écorce des
chênes le miel distillait en bienfaisante rosée.
Lorsque Jupiter eut précipité Saturne dans le sombre Tartare, l’empire du monde lui appartint, et alors commença
l’âge d’argent, âge inférieur à celui qui l’avait précédé, mais préférable à l’âge d’airain qui le suivit. Jupiter abrégea
la durée de l’antique printemps; il en forma quatre saisons qui partagèrent l’année : l’été, l’automne inégale,
l’hiver, et le printemps actuellement si court. Alors, pour la première fois, des chaleurs dévorantes embrasèrent
les airs; les vents formèrent la glace de l’onde condensée. On chercha des abris. Les maisons ne furent d’abord
que des antres, des arbrisseaux touffus et des cabanes de feuillages. Alors il fallut confier à de longs sillons les
semences de Cérès; alors les jeunes taureaux gémirent fatigués sous le joug.
[125] Aux deux premiers âges succéda l’âge d’airain. Les hommes, devenus féroces, ne respiraient que la guerre;
mais ils ne furent point encore tout à fait corrompus. L’âge de fer fut le dernier. Tous les crimes se répandirent
avec lui sur la terre. La pudeur, la vérité, la bonne foi disparurent. À leur place dominèrent l’artifice, la trahison,
la violence, et la coupable soif de posséder. Le nautonier confia ses voiles à des vents qu’il ne connaissait pas
encore; et les arbres, qui avaient vieilli sur les montagnes, en descendirent pour flotter sur des mers ignorées. La
terre, auparavant commune aux hommes, ainsi que l’air et la lumière, fut partagée, et le laboureur défiant traça
de longues limites autour du champ qu’il cultivait. Les hommes ne se bornèrent point à demander à la terre ses
moissons et ses fruits, ils osèrent pénétrer dans son sein; et les trésors qu’elle recelait, dans des antres voisins
du Tartare, vinrent aggraver tous leurs maux. Déjà sont dans leurs mains le fer, instrument du crime, et l’or, plus
pernicieux encore. La Discorde combat avec l’un et l’autre. Sa main ensanglantée agite et fait retentir les armes
homicides. Partout on vit de rapine. L’hospitalité n’offre plus un asile sacré. Le beau-père redoute son gendre.
L’union est rare entre les frères. L’époux menace les jours de sa compagne; et celle-ci, les jours de son mari.
Des marâtres cruelles mêlent et préparent d’horribles poisons : le fils hâte les derniers jours de son père. La
piété languit, méprisée; et Astrée [= la Justice] quitte enfin cette terre souillée de sang, et que les dieux ont déjà
abandonnée.
12
ROUSSEAU : Du contrat social
Chapitre 3.6
De la monarchie
« Nous avons trouvé, par les rapports généraux, que la monarchie n’est convenable qu’aux grands États; et
nous le trouverons encore en l’examinant en elle-même. Plus l’administration publique est nombreuse, plus le
rapport du prince aux sujets diminue et s’approche de l’égalité, en sorte que ce rapport est un ou l’égalité, même
dans la démocratie. Ce même rapport augmente à mesure que le gouvernement se resserre. Et il est dans son
maximum quand le gouvernement est dans les mains d’un seul. Alors il se trouve une trop grande distance entre
le prince et le peuple, et l’État manque de liaison. Pour la former, il faut donc des ordres intermédiaires, il faut des
princes, des grands, de la noblesse pour les remplir. Or, rien de tout cela ne convient à un petit État, que ruinent
tous ces degrés.
Mais s’il est difficile qu’un grand État soit bien gouverné, il l’est beaucoup plus qu’il soit bien gouverné par un
seul homme; chacun sait ce qu’il arrive quand le roi se donne des substituts.
Un défaut essentiel et inévitable, qui mettra toujours le gouvernement monarchique au-dessous du républicain,
est que dans celui-ci la voix publique n’élève presque jamais aux premières places que des hommes éclairés et
capables, qui les remplissent avec honneur; au lieu que ceux qui parviennent dans les monarchies ne sont le plus
souvent que de petits brouillons, de petits fripons, de petits intrigants, à qui les petits talents, qui font dans les
cours parvenir aux grands places, ne servent qu’à montrer au public leur ineptie aussitôt qu’ils y sont parvenus.
Le peuple se trompe bien moins sur ce choix que le prince; et un homme d’un vrai mérite est presque aussi rare
dans le ministère qu’un sot à la tête d’un gouvernement républicain. Aussi, quand, par quelque heureux hasard,
un de ces hommes nés pour gouverner prend le timon des affaires dans une monarchie presque abîmée par ces
tas de jolis régisseurs, on est tout surpris des ressources qu’il trouve, et cela fait époque dans un pays. »
Chapitre 1.4
De l’esclavage
Puisque aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit,
restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes.
Si un particulier, dit Grotius, peut aliéner sa liberté et se rendre esclave d’un maître, pourquoi tout un peuple ne
pourrait-il pas aliéner la sienne et se rendre sujet d’un roi? Il y a là bien des mots équivoques qui auraient besoin
d’explication; mais tenons-nous-en à celui - d’aliéner -. - Aliéner -, c’est donner ou vendre. Or, un homme qui se
fait esclave d’un autre ne se donne pas; il se vend tout au moins pour sa subsistance: mais un peuple, pourquoi
se vend-il? Bien loin qu’un roi fournisse à ses sujets leur subsistance, il ne tire la sienne que d’eux; et, selon
Rabelais, un roi ne vit pas de peu. Les sujets donnent donc leur personne, à condition qu’on prendra aussi leur
bien? Je ne vois pas ce qu’il leur reste à conserver.
On dira que le despote assure à ses sujets la tranquillité civile; soit: mais qu’y gagnent-ils, si les guerres que son
ambition leur attire, si son insatiable avidité, si les vexations de son ministère les désolent plus que ne feraient
leurs dissensions? Qu’y gagnent-ils, si cette tranquillité même est une de leurs misères? On vit tranquille aussi
dans les cachots: en est-ce assez pour s’y trouver bien? Les Grecs enfermés dans l’antre du Cyclope y vivaient
tranquilles, en attendant que leur tour vint d’être dévorés.
Dire qu’un homme se donne gratuitement, c’est dire une chose absurde et inconcevable; un tel acte est illégitime
et nul, par cela seul que celui qui le fait n’est pas dans son bon sens. Dire la même chose de tout un peuple,
c’est supposer un peuple de fous; la folie ne fait pas droit.
13
MONTAIGNE : Essais
Chapitre 31
Des cannibales
[...]Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare ni de sauvage en cette nation, à ce qu’on
m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. Comme de vrai, il semble
que nous n’avons autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et idée des opinions et usances du pays
où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes
choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès
ordinaire, a produits : là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de
l’ordre commun que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies et
plus utiles et naturelles vertus et propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-ci, et les avons seulement
accommodées au plaisir de notre goût corrompu. Et si pourtant, la saveur même et délicatesse se trouve à notre
goût excellente, à l’envi des nôtres, en divers fruits de ces contrées-là sans culture. Ce n’est pas raison que
l’art gagne le point d’honneur sur notre grande et puissante mère nature. Nous avons tant rechargé la beauté et
richesse de ses ouvrages par nos inventions, que nous l’avons du tout étouffée. Si est-ce [toujours est-il] que,
partout où sa pureté reluit, elle fait une merveilleuse honte à nos vaines et frivoles entreprises,
Le lierre pousse mieux de lui-même,
L’arbousier ne croit jamais plus beau
Que dans les antres solitaires,
Et le chant des oiseaux, sans art, n’en est que plus doux. (Properce, 1, 2, 10)
[...] Ces nations me semblent donc ainsi barbares pour avoir reçu fort peu de façon de l’esprit humain, et être
encore fort voisines de leur naïveté originelle. Les lois naturelles leur commandent encore, fort peu abâtardies par
les nôtres ; mais c’est en telle pureté qu’il me prend quelquefois déplaisir de quoi la connaissance n’en soit venue
plus tôt, du temps qu’il y avait des hommes qui en eussent su mieux juger que nous. Il me déplaît que Lycurgue
et Platon ne l’aient eue, car il me semble que ce que nous voyons par expérience en ces nations-là surpasse
non seulement toutes les peintures de quoi la poésie a embelli l’âge doré et toutes ses inventions à feindre
une heureuse condition d’hommes, mais encore la conception et le désir même de la philosophie. Ils n’ont
pu imaginer une naïveté si pure et simple, comme nous la voyons par expérience, ni n’ont pu croire que notre
société se pût maintenir avec si peu d’artifice et de soudure humaine. C’est une nation, dirais-je à Platon, en
laquelle il n’y a aucune espèce de trafic [commerce] ; nulle connaissance de lettres ; nulle science de nombres ;
nul nom de magistrat ni de supériorité politique ; nul usage de service [servitude], de richesse ou de pauvreté ;
nuls contrats ; nulles successions ; nuls partages ; nulles occupations qu’oisives ; nul respect de parenté que
commun ; nuls vêtements ; nulle agriculture ; nul métal ; nul usage de vin ou de blé. Les paroles mêmes qui
signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l’avarice, l’envie, la détraction, le pardon : inouïes. Combien
trouverait-il la république qu’il a imaginée éloignée de cette perfection :
Hommes frais émoulus de la main des dieux (Sénèque Lettres à Lucilius, XC).
Voilà les premières lois que donna la nature. (Virgile, Géorgiques, II, 20)
14
VICTOR HUGO : Préface de Cromwell
« Ainsi, pour résumer rapidement les faits que nous avons observés jusqu’ici, la poésie a trois âges, dont chacun
correspond à une époque de la société : l’ode, l’épopée, le drame.
Les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques. L’ode
chante l’éternité, l’épopée solennise l’histoire, le drame peint la vie. Le caractère de la première poésie est la
naïveté, le caractère de la seconde est la simplicité, le caractère de la troisième, la vérité. Les rapsodes marquent
la transition des poètes lyriques aux poètes épiques, comme les romanciers des poètes épiques aux poètes
dramatiques. Les historiens naissent avec la seconde époque ; les chroniqueurs et les critiques avec la troisième.
Les personnages de l’ode sont des colosses : Adam, Caïn, Noé ; ceux de l’épopée sont des géants : Achille,
Atrée, Oreste ; ceux du drame sont des hommes : Hamlet, Macbeth, Othello. L’ode vit de l’idéal, l’épopée du
grandiose, le drame du réel. Enfin, cette triple poésie découle de trois grandes sources : la Bible, Homère,
Shakespeare.
Telles sont donc, et nous nous bornons en cela à relever un résultat, les diverses physionomies de la pensée
aux différentes ères de l’homme et de la société. Voilà ses trois visages, de jeunesse, de virilité et de vieillesse.
Qu’on examine une littérature en particulier, ou toutes les littératures en masse, on arrivera toujours au même
fait : les poètes lyriques avant les poètes épiques, les poètes épiques avant les poètes dramatiques. En France,
Malherbe avant Chapelain, Chapelain avant Corneille ; dans l’ancienne Grèce, Orphée avant Homère, Homère
avant Eschyle ; dans le livre primitif, la Genèse avant les Rois, les Rois avant Job ; ou, pour reprendre cette
grande échelle de toutes les poésies que nous parcourions tout à l’heure, la Bible avant l’Iliade, l’Iliade avant
Shakespeare.
La société, en effet, commence par chanter ce qu’elle rêve, puis raconte ce qu’elle fait, et enfin se met à peindre
ce qu’elle pense.
C’est, disons-le en passant, pour cette dernière raison que le drame, unissant les qualités les plus opposées,
peut être tout à la fois plein de profondeur et plein de relief, philosophique et pittoresque.
Il serait conséquent d’ajouter ici que tout dans la nature et dans la vie passe par ces trois phases, du lyrique,
de l’épique et du dramatique, parce que tout naît, agit et meurt. S’il n’était pas ridicule de mêler les fantasques
rapprochements de l’imagination aux déductions sévères du raisonnement, un poète pourrait dire que le lever du
soleil, par exemple, est un hymne, son midi une éclatante épopée, son coucher un sombre drame où luttent le
jour et la nuit, la vie et la mort. Mais ce serait là de la poésie, de la folie peut-être ; et qu’est-ce que cela prouve ?
Tenons-nous-en aux faits rassemblés plus haut : complétons-les d’ailleurs par une observation importante. C’est
que nous n’avons aucunement prétendu assigner aux trois époques de la poésie un domaine exclusif, mais
seulement fixer leur caractère dominant. La Bible, ce divin monument lyrique, renferme, comme nous l’indiquions
tout à l’heure, une épopée et un drame en germe, les Rois et Job. On sent dans tous les poèmes homériques un
reste de poésie lyrique et un commencement de poésie dramatique. L’ode et le drame se croisent dans l’épopée.
Il y a tout dans tout ; seulement il existe dans chaque chose un élément générateur auquel se subordonnent tous
les autres, et qui impose à l’ensemble son caractère propre.
Le drame est la poésie complète. L’ode et l’épopée ne le contiennent qu’en germe ; il les contient l’une et l’autre
en développement ; il les résume et les enserre toutes deux. Certes, celui qui a dit : les Français n’ont pas la tête
épique, a dit une chose juste et fine ; si même il eût dit les modernes, ce mot spirituel eût été un mot profond.
Il est incontestable cependant qu’il y a surtout du génie épique dans cette prodigieuse Athalie, si haute et si
simplement sublime que le siècle royal ne l’a pu comprendre. Il est certain encore que la série des drameschroniques de Shakespeare présente un grand aspect d’épopée. Mais c’est surtout la poésie lyrique qui sied au
drame ; elle ne le gêne jamais, se plie à tous ses caprices, se joue sous toutes ses formes, tantôt sublime dans
Ariel, tantôt grotesque dans Caliban.
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QUELQUES NOTES DE MISE EN SCèNE
Le goût de Shakespeare pour le fantastique s’est toujours nourri de la réalité contemporaine. Dans « La Tempête »,
tout se passe au-delà des frontières, au-delà des montagnes et tout peut arriver quand on se trouve dans un
endroit mystérieux... Dans notre réalité contemporaine, « l’Espace » pourrait bien être la dernière frontière. Mettre
cette quête de soi dans la conquête spatiale. Nous nous trouvons dans un voyage fantastique dans le temps et
dans l’espace...
Prospéro sera une femme. Nous entrons, nous dit-on, dans l’ère de la femme au pouvoir. Il me semblait important
que ce grand texte et ses interrogations philosophiques puissent aussi être portés par une femme. Et puis, les
récits fantastique de notre enfance, la mythologie, les contes du monde entier racontent des royaumes dirigés
autant par les femmes que par les hommes.
Le cheminement d’un héros celui d’un grand mythe là où Shakespeare aime entremêler naturel et surnaturel. Ce
héros doit d’abord se couper du monde ordinaire dans lequel il a vécu. Dans le nouveau monde qui servira de
décor au récit, il doit subir une série d’épreuves, il rencontre des nouvelles formes de vie et doit développer des
pouvoirs surnaturels. Il doit mesurer leur effet sur les humains puis à la fin, doit regagner son monde d’origine
pour y partager ce qu’il a appris avec les siens.
Pour ne pas ramener le public à une réalité d’un lieu précis limité géographiquement avec Milan et Naples,nous
voyagerons avec les noms d’origine de ces villes (Naples : Parthénope / Milan : Médiolanum / Tunis : Tinés).
Ce n’est pas un simple bateau mais le vaisseau du roi qui, faisant route vers le royaume de Parthénope, sur le
chemin de retour après avoir marié sa fille au roi de Tinés, est pris dans une tempête. Le vaisseau est passé
à proximité de la planète où est exilé Prospéra. Celle-ci provoque une tempête spatiale, fort de ses pouvoirs
surnaturels acqui en 15 ans d’exil, elle fait échouer le vaisseau du roi en pleine mer, près de l’île où elle a ces
quartiers.
Quinze ans plus tôt, Prospéra, exilée sur cette île, se retrouve confrontée à elle-même, avec ses côtés sombres
et ses côtés clairs. Dans sa quête du savoir et de la sagesse, vont apparaître deux personnages : Ariel et Caliban.
Ariel, personnage aérien, qui représente l’âme, l’esprit et l’imaginaire, image de son conscient. Caliban, être de
chair et d’os, qui représente l’instinct et la force brutale, image de son inconscient.
Cependant, ils sont les deux moitiés d’une même entité, chacun contient en lui une parcelle de l’autre. Les
personnages d’Ariel et de Caliban seront joués par le même comédien car ils ne font qu’un. Ariel est un esprit
qui, comme tout esprit, a le pouvoir de contrôler sa taille, prendre des formes différentes et être un ou plusieurs
à la fois aux nuances innombrables. Il n’est visible que pour Prospéra. Pour tous les autres personnages et pour
le public il sera une ou plusieurs voix et un ou plusieurs corps, changeant selon la dramaturgie. Caliban est un
être mi-reptile, mi-homme. Caliban est un homme et pas un monstre, il parle en poète. Prospéra et Miranda le
traitent en homme.
Comme dans un récit « le fantastique », différentes espèces vont se rencontrer. On trouve 4 familles aux signes
physiques bien distincts:
1ère famille : Les habitants de la planète « Parthénope » : le roi, son fils, son frère et Gonzalo.
2ème famille : Les habitants de la planète « Médiolanum » : Prospéra, sa fille et son frère.
3ème famille : Trinculo et Stéphano, font partie des habitants de Parthénope, d’un clan inférieur.
4ème famille : l’insulaire Caliban, seul.
Une 5ème famille, celle des esprits aux aspects multiples.
C’est une des pièces les plus courtes de Shakespeare au rythme très rapide. Shakespeare a littéralement minuté
La Tempête. Tout se passe en quelques heures comme s’il voulait que le temps de la représentation soit celui du
récit. Dès le début, Shakespeare pose un sablier, qu’il interroge ensuite de façon assez obsessionnelle.
16
LA MUSIQUE
La musique c’est l’esprit d’Ariel. Le « cristal structure Baschet » sera comme la traine d’Ariel. Les sons du cristal,
comme venus d’ailleurs, nous plongent dans une rêverie spatiale.
C’est l’esprit de la musique qui force les corps à se mettre en mouvement comme lorsqu’Ariel attire Ferdinand
tel les sirènes chantant vers Ulysse. Son corps se débat mais ne peut résister. C’est la musique qui détient le
pouvoir d’endormir, de charmer et de métamorphoser.
LA SCÉNOGRAPHIE ET L’IMAGE VIDÉO
En fond de scène, un écran de rétroprojection gris occupe toute la largeur de l’espace scénique.
L’écran est l’horizon des décors. Les différents endroits de l’île où Prospéra a fait échouer les personnages:
- L’antre de Prospéra et son arbre de la connaissance
- La plage rocailleuse et le désert de sable où échouent le roi et sa suite.
- La forêt hostile et orageuse où sont empêtrés Stéphano, Trinculo et Caliban.
L’écran sera la cible de «la tempête» spatiale.
La vidéo sera également présente dans la scène de divertissement poétique et philosophique pour les fiançailles
de Miranda et Ferdinand.
Au sol, nous utilisons du « brusan » (est une matière textile qui intègre une technologie permettant la mise en
Œuvre rapide de décor modulable) pour donner des effets de surfaces, de matières, de reliefs qui permets un
prolongement du décor virtuelle projeté changeant selon les endroits de l’île.
LES COSTUMES
Notre approche du récit fantastique appelle des références cinématographiques. La costumière mélange des
tissus « normaux » et des matières plus originales pour nous amener vers « le fantastique ». Chaque groupe a
évidemment des caractéristiques particulières ce qui permet également au public de se repérer tout de suite. On
rajoute également des matériaux comme les élastomères, la mousse et la résine. Nous retrouvons les familles bien
distinctes.
CORPS EN MOUVEMENT
Paul Valéry dans l’âme et la danse, définit le danseur comme une totalité spirituelle qui révèlerait l’entité indivisible
que forment l’âme et le corps.
L’engagement corporel est un élément essentiel dans le développement des états extrêmes dans lesquels les
personnages de la tempête se retrouvent. Les corps en mouvements des acteurs investissent les personnages
et par moment l’envol de la danse les emporte. Les philosophes associent habituellement la danse à la recherche
d’un « autre monde » : Qu’elle soit interprétée comme le signe d’un paradis céleste, d’un inconscient bavard ou
d’une nostalgie sourde, mal quelconque d’un pays antérieur, la danse a souvent été décrite comme le lieu d’une
sublimation suprême, celle où le corps se dépasse, va au-delà de ses besoins et au bout de ses capacités pour
donner à voir une sorte d’âme.
Dans La Tempête, s’est l’esprits d’Ariel qui danse et les personnages qui subissent, corps en mouvements
obligés par une force supérieure. La musique étant l’esprit d’Ariel, elle attire Ferdinand jusqu’à Miranda, son
corps lutte pour s’arracher de cette emprise mais il est happé vers l’inconnu. A l’acte III c’est Ariel en Harpie qui
accuse Alonso, Antonio et Sébastien de leur trahison. Danse macabre, jugement des dieux qui va les faire entrer
dans la démence.
Puis nous avons la danse pour les fiançailles de Miranda et Ferdinand. Une danse d’amour et de bonheur
représenté en l’honneur des deux amoureux. Dans ce travail spécifiquement corporel je m’associe à la
chorégraphe Shaula Cambazzu. Elle intervient de deux manières dans le spectacle. En tant que chorégraphe,
elle travaille en répétition avec les acteurs puis en tant qu’interprète pour danser aux fiançailles de Miranda et
Ferdinand.
17
Artistique
Théâtre
ARTISTIQUE THéâTRE
La première création de la compagnie, « Les Bas-Fonds » de Maxime gorki, s’est déroulée en octobre 2007 au
théâtre Marni à Bruxelles, puis a été accueillie au Théâtre du Soleil à Paris en décembre 2007.
La création à Bruxelles était, pour nous, très importante, car c’était de la Belgique qu’était parti le projet suite
à un stage en 2004 et à une collaboration avec l’association belge «Ars Extremis» : la rencontre avec Shaula
Cambazzu, (chorégraphe et danseuse) nous a permis d’inscrire la danse contemporaine dans le travail de
création.
Avec « Les Bas-fonds », il nous semblait essentiel l’échange avec le public sur l’actualité sociale, afin que
le spectacle ne soit pas seulement un partage artistique, mais également celui d’une réflexion commune sur
l’actualité sociale et politique. L’idée a été de créer un « avant spectacle » différent avant chaque représentation
avec des associations militantes ou des scolaires avec lesquels nous avions travaillé en amont. Ces échanges
ont été d’une grande importance pour le public, l’équipe et également pour le théâtre qui nous accueillait. Nous
pensons que pour chaque spectacle, ces échanges sont indispensables.
De par cette première mise en scène, la compagnie affirmait sa volonté de questionner le monde actuel, l’homme
dans son essence profonde, interrogeant ainsi chacun d’entre nous. Le choix de « La Tempête » pour son deuxième
spectacle s’inscrit donc dans une continuité en, tentant une fois encore, d’amener chaque spectateur à se
pencher sur sa propre histoire, sa propre humanité.
« Une réflexion judicieuse laissée à l’imagination du spectateur… Reste donc à saluer un travail conséquent et un
spectacle qui communique les grandeurs et les misères, les joies et les peines de ces « bas-fonds ».
(La Libre Belgique).
« On sent l’esprit d’équipe. Ils abordent Les Bas-fonds comme un miroir du monde actuel » (Le Soir)
« Mêlant texte, musique et danse, Lucile Cocito envisage le théâtre comme un art du présent, susceptible de
questionner les citoyens d’aujourd’hui. » (La Terrasse).
« Une équipe franco-belge joue le chef d’oeuvre de gorki « Les Bas-fonds » et incite le spectateur à une réflexion
sur la précarité à l’occasion d’une tribune ouverte avec différentes associations, avant le spectacle. Lucile Cocito
a mis en scène de manière assez extraordinaire ce « ramassis d’êtres humains » autour d’une gigantesque toile
d’araignée en corde… On comprend le symbole… » (La Tribune de Bruxelles).
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PRéSENTATION d’ARS EXTREMIS
L’association Ars Extremis a été fondée en 2004 dans la perspective d’encourager des projets de création artistique dans
le domaine de la danse, du théâtre et de l’image. à la direction artistique : Shaula Cambazzu, directrice générale et danse,
Alexandre Mine pour l’image et la vidéo et Lucile Cocito pour le théâtre.
Ars Extremis soutient l’élargissement des expériences créatives et artistiques au travers de rencontres entre artistes de
différentes disciplines et cultures et les échanges avec d’autres pays de l’Union mais aussi au niveau international.
En mai 2005, Ars Extremis présente le spectacle suGIASSU[gap], où la danse, la scénographie et l’image se partagent la
dramaturgie et construisent ensemble bien plus qu’un univers : un personnage autonome. SuGIASSU[gap] a été présenté,
dans une première phase, au Mercelis et, dans sa version intégrale, au Centre Culturel Bruxelles Nord, Maison de la Création.
En 2007, l’asbl co-produit avec l’Artistique Théâtre « Les Bas-fonds » de Gorki mis en scène par Lucile Cocito. Ce spectacle
a été créé au Théâtre Marni en octobre puis joué au Théâtre du Soleil à Paris en décembre de la même année.
En août 2007, l’association a aussi collaboré avec la compagnie Danse K par K, basée à Québec city, pour la réalisation
d’une étape du festival international de danse contemporaine Osez ! à Baie-St-Paul au Québec.
Dans le courant de cette même année 2007, Ars Extremis a produit pour la compagnie des Nouveaux Disparus, dirigée par
Jamal Youssfi, la scénographie de sa dernière création « La Traversée de la mort » et elle a participé à la réalisation de la première
édition du Festival Bruxellois Théâtres Nomades, dans le cadre du Brussel’s Summer Festival au Parc de Bruxelles en août.
La collaboration avec la compagnie Danse K par K se poursuit en 2008 en important le concept Osez ! à Bruxelles pour une
première édition du Festival Osez ! à Bruxelles Les Bains, en juillet 2008.
En 2008 Ars Extremis présente la création « MARE », chorégraphie de Shaula Cambazzu, et reçoit le subside de la Communauté
Française conseil de la Danse. « Mare » est présenté au Festival International de danse contemporaine, Danse Balsa Marni
XII, au théâtre Marni à Bruxelles.
En 2009, Ars Extremis, coordonne et prend en charge, un groupe des danseurs belges qui participent à une nouvelle édition
d’Osez ! à la ville de Québec et à Gaspé, au Québec, au mois d’août.
En juin 2010, l’asbl, produit le spectacle ItColt. Première étape d’un travail de recherche chorégraphique mené par la danseuse/
chorégraphe Shaula Cambazzu, le compositeur/saxophoniste Jan Rzewski, et le chorégraphe polonais Filip Szatarski.
présenté au Théâtre Marni en juin. Une deuxième étape de travail suivra en Pologne en février 2011, et la présentation finale
de la création est prévue à Bruxelles en juin 2011. « ItColt » sera aussi présenté au Théâtre du soleil, Paris, en octobre 2011.
En 2010, Ars Extremis, collabore avec la compagnie Les Nouveaux Disparus dans la création « Le bus » présenté en
Belgique en octobre.
En 2011, l’asbl va co-produire avec l’Artistique Théâtre « La Tempête » de Shakespeare mis en scène par Lucile Cocito qui
sera créé en Mai 2011 au Théâtre Marni.
Par ailleurs, l’association Ars Extremis a été active dès sa création en proposant plusieurs activités culturelles à un public
très large.
L’une des activités régulières est la formation en danse contemporaine pour adultes donnée au Centre Culturel Bruxelles
Nord, Maison de la Création. Depuis 2008, Ars Extremis organise les Ateliers Création Danse Contemporaine au théâtre
Marni à Bruxelles.
Plusieurs activités socioculturelles ont été organisées pour les enfants, comme l’atelier danse à l’école Sainte Marie à Evere,
la création d’un spectacle itinérant avec 300 enfants de la maternelle en collaboration avec le théâtre de la Montagne
Magique, ou encore la création d’un spectacle avec les enfants du service enfants du Petit Château.
D’ailleurs, l’asbl Ars Extremis est particulièrement sensible au public défavorisé et propose des ateliers créatifs qui, en
gardant une exigence artistique élevée, ouvrent de nouvelles perspectives et contribuent à l’élargissement des qualités
humaines. Favoriser l’épanouissement personnel et collectif à travers l’art. C’est dans cette optique que l’association a mis en
place un projet avec les mineurs du CADE au Petit Château, a participé à la création du festival socioculturel « Amalia2006 »
avec le quartier de Laeken ou encore a répondu à l’appel pour donner des ateliers créatifs avec les enfants du service CPAS
de Bruxelles.
Grâce à l’action dynamique de ses membres, l’asbl Ars Extremis a déjà collaboré avec plusieurs théâtres et institutions
reconnus dont : Le Théâtre Marni, La Montagne Magique, Le théâtre de la Guimbarde, La compagnie des Nouveaux Disparus,
l’Académie d’Art Contemporain de Bruxelles, le Centre Culturel Bruxelles Nord, Maison de la Création, le théâtre Mercelis e.a.
Une de ses priorités est la mobilité de l’art et de l’artiste, ainsi un repérage pour des projets d’échange a été mené au
Québec, mais aussi en Italie, en France et en Pologne. Actuellement, l’association est entrain de créer une plate-forme de
rencontre en Belgique.
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L’éQUIPE
disTriBuTion
ProsPera (La reine légitime de Mediolanum)
Miranda (La fille de Prospera)
aLonso (Le roi de Parthenope)
ferdinand (Le fils du roi de Parthenope)
seBasTien (Le frère du roi de Parthenope)
anTonio (Le frère de Prospera, roi usurpateur de Mediolanum)
GonZaLo (Le conseiller du roi de Parthenope)
arieL
CaLiBan
TrinCuLo (Le bouffon)
sTePHano (Le sommelier)
CoMPosiTions MusiCaLes
Lucile CoCiTo
Hélène GediLaGHine
didier isMard
Yannick BeLLissard
florian HuTTer
Pierre-Marie roCHeforT-sCHneider
Patrice ZonTa
Jochen HaeGeLe
Jochen HaeGeLe
florian HuTTer
Pierre-Marie roCHeforT-sCHneider
Marilou CoCiTo
Mise en sCÈne, adaPTaTion eT sCénoGraPHie
TraduCTion
CHoréGraPHe
Lucile CoCiTo
Jean-Michel dePraTs
shaula CaMBaZZu
CosTuMes
LuMiÈres
réGie LuMiÈres
Vidéos
selma KiP
Colin LeGras
Camille BreCHBuLer
Kamran souresrafiL
adMinisTraTion
Mélanie ZerKa
Artistique
Théâtre
Artistique Théâtre
11, boulevard davout - 75020 Paris
[email protected]
Tél. : 01 43 57 10 82
20
Lucile COCITO
Comédienne, metteur en scène
Parcours professionnel :
2011 :En préparation : - réalisation d’une fiction cinématographique.
- mise en scène du « Tableau d’une Exécution » d’Howard Barker.
2011 :Assistante sur le film « Les naufragés du Fol Espoir » mis en scène par Ariane Mnouchkine au
Théâtre du Soleil.
2011 :Mise en scène de « La Tempête » de William Shakespeare.
2010 :« ItColt » Conseillère artistique d’une première étape d’un travail de recherche chorégraphique mené
par Shaula Cambazzu, le compositeur/saxophoniste Jan Rzewski, et le chorégraphe polonais Filip
Szatarski. Présenté dans le cadre du Festival Danse Balsa Marni Raffinerie & Senghor, au théâtre
Marni en juin 2010.
2009-2010 :« Les naufragés du Fol Espoir » mis en scène par Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil. Assistanat
et Captation Vidéo.
2008 :« Pékin 2008 » assistante sur la création et le tournage de 3 clips vidéo avec le Théâtre du Soleil,
réalisés par Ariane Mnouchkine.
2008 :« Mare » de Shaula Cambazzu. Direction théâtrale sur la chorégraphie de danse contemporaine
à Bruxelles.
2008 :Reprise «des Ephémères » mis en scène par Ariane Mnouchkine. Rejoint l’équipe des comédiens
de la troupe du Théâtre du Soleil pour la reprise et la dernière tournée de ce spectacle.
2007 :« Les Bas-fonds » de Maxime Gorki, Mise en scène et scénographie : Coproduction FrancoBelge. Le spectacle est créé à Bruxelles puis accueilli à Paris au Théâtre du Soleil.
2007 :
émission radio sur le web tous les 15 jours avec les intermittents du spectacle.
2006-2007 : « Les Ephémères » avec la troupe du Théâtre du Soleil (captations vidéo).
2006 :
- 2 stages de danse de 2 mois :
- Danse coréenne avec Kim (au Théâtre du Soleil)
- Danse Srilankaise avec Kema (au Théâtre du Soleil).
2005 :« Othello » de Shakespeare. Interprétation du rôle de Desdemona
au théâtre de l’Epée de Bois mis en scène par Antonio Diaz-Florian.
2005 :
« Su Giassu » de Shaula Cambazzu. Création de danse contemporaine.
Collaboration en tant que direction théâtrale.
2004 :
Donne un stage d’un mois sur « Les Bas-fonds » de Gorki (en Belgique).
2004 :
Création de « l’Artistique Théâtre du Monde » assoc. 1901
2003 et 2005 :« Le dernier Caravansérail » mis en scène par Ariane Mnouchkine avec la troupe
du Théâtre du Soleil. Captation vidéo pendant les représentations (comme outils de travail)
et également au maniement du vidéo projecteur pendant le spectacle.
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2002-2006 :« Je reviendrai et je serai des millions - Spartacus », de la Compagnie Jolie Môme, mis en scène
par Michel Roger. Interprète dans la création collective. Tournée à Paris et dans toute la France
en salle et sous chapiteau. (Théâtre et chants).
2002 :
Stage au Théâtre du Soleil avec Ariane Mnouchkine.
1995-2002 : Troupe du Théâtre de l’Epée de Bois (Cartoucherie-Paris) Interprète, et ou assistante,
aux créations mises en scène par Antonio Diaz-Florian :
« Le retable d’Eldorado » de Sanchis Sinistera
« Le code noir » d’après l’oeuvre de Louis Sala-Molins
« Les amours de Perlimpin et de Belisa en son jardin » de F. G. Lorca « Noces de sang » de Frederico Garcia Lorca « Le malade imaginaire » de Molière « La soufrière » d’Antonio Diaz-Florian « Othello » de William Shakespeare Ces spectacles se sont joués à Paris, en province et en Europe.
également assistante de direction et gestion du lieu et de l’accueil de spectacles. Assistante
à la mise en scène sur tous les spectacles, et répétitrice en l’absence du metteur en scène ainsi
que la formation d’acteurs. Pendant 2 ans, assure la direction technique du Théâtre.
1991:
« Pic-nic » de William Inge, mis en scène par Mme Dambremont à Bruxelles.
études :
- INRACI (Bruxelles) : 3 ans, diplômée en photographie 1992
- écoles de théâtre : Conservatoire d’Ixelles (Bruxelles) 1990-92
- école de Chaillot (Paris) : 1992-93
- école des Enfants Terrible (Paris) : 1993-95
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