1 1.1. Lésion ligamentaire et méniscale (entorse)

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1 1.1. Lésion ligamentaire et méniscale (entorse)
1.1. Lésion ligamentaire et méniscale (entorse) :
Chez les patients jeunes, dans l’immense majorité des cas, les lésions des ménisques et
des ligaments croisés surviennent dans les suites d’une entorse du genou lors d’un
accident de sport ou d’une autre activité domestique. Dans ce cas, le genou a « tourné »
sur lui-même avec un des ligaments qui s’est étiré voire s’est rompu. Plus rarement, chez
les sujets un peu plus âgés, les lésions des ménisques rentrent en fait dans le cadre de
l’arthrose. Les ménisques sont moins souples, plus fragiles et ils vont s’effilocher et se
rompre en libérant des petits morceaux à l’origine de douleur plus ou moins vives qui peut
parfois se bloquer. Les indications dépendent toujours de l’importance ce des lésions
(lésion des ménisques ou lésion de ligament croisé antérieur ), de la gêne ressentie
(blocage, instabilité, genou qui lâche, appréhension…) et des activités pratiquées
(sportives et professionnelles). Les interventions portant sur les ménisques et les ligaments
croisés sont quasi exclusivement réalisées sous arthroscopie. Cette technique permet des
interventions précises, un meilleur confort pour l'opéré avec en particulier des opérations
moins douloureuses que la chirurgie classique, une hospitalisation courte, et des suites
habituellement très simples.
1.1.1. Traitement des lésions des ménisques :
Ma maladie en quelques mots
Les ménisques sont des petits tampons qui sont situés entre le fémur et le tibia . Ils ont un rôle
très important dans la mécanique du genou ils assurent un rôle d’amortisseur. Lorsqu'un
ménisque est abîmé (on peut parler de rupture, de fissure, de clivage, de déchirure, de
languette, etc,), il peut entraîner une gêne très variable, avec parfois une absence complète de
troubles, des sensations à type de simple gène, des gonflements mais il peut aussi s’agir de
douleurs très invalidantes. Parfois, la lésion est très importante et une languette peut se
détacher pour venir se coincer entre le fémur et le tibia. On dit que le genou est bloqué : la
personne ne peut plus étendre le genou qui reste plié. On parle de blocages. D’autres fois, ce
sont des petits morceaux de ménisque qui peuvent se déplacer sans entraîner de vrais blocages
mais qui peuvent causer une gêne : on parle de « dérangements internes ».
Dans les cas où on soupçonne une lésion du ménisque, le médecin va prescrire une IRM. Il
s’agit d’un examen d’imagerie qui ne nécessite pas d’anesthésie ni d’injection de produit dans
le genou et n’expose pas aux rayons X. Cet examen permet de bien examiner les ménisques
mais aussi les ligaments (dont les ligaments croisés à l’intérieur du genou). Il peut cependant
exister des contre-indications à cet examen, elles sont rares et alors on fera réaliser par le
radiologue un arthro-scanner, ce qui impose d’injecter dans le genou un produit (de l’iode)
avant le scanner.
En fonction de l’importance de la lésion mais également du contexte dans laquelle elle
survient mais aussi en fonction de l’âge du patient, on peut être amené à réparer le ménisque
(on parle de suture méniscale) ou on peut être amené à enlever la partie de ménisque
abimé (on parle de méniscectomie). Ces interventions s’effectuent sous arthroscopie.
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Arthroscopie du genou :
Il s’agit d’une intervention chirurgicale. Elle nécessite donc une hospitalisation qui le plus
souvent est en ambulatoire quand il s’agit d’un méniscectomie. Cette opération est pratiquée
par un chirurgien orthopédiste dans un bloc opératoire. La zone du genou doit être
anesthésiée ; l’anesthésiste pourra donc vous proposer soit une anesthésie générale, soit une
anesthésie rachidienne, qui va endormir le bas du corps (à peu près sous le nombril), soit une
anesthésie loco-régionale pour n’endormir que la cuisse, le genou et la jambe. Seul
l’anesthésiste est à même de vous renseigner sur les avantages et les inconvénients de chaque
technique d’anesthésie. Dans tous les cas, après avoir vérifié que le genou est endormi, il est
préparé puis les champs opératoires sont mis en place.
Pour l’arthroscopie, on utilise un petit tube optique, muni d'une caméra ( (c’est l’arthroscope)
et d'un système d'éclairage ; il est couplé à une caméra vidéo miniaturisée, elle-même reliée à
un écran de télévision. Il est introduit dans le genou par un petit orifice d’environ 1 centimètre
de longueur. On commence par injecter du liquide (sérum physiologique) stérile dans le
genou ce qui va distendre et va permettre de bien voir. L’arthroscope permet ainsi de bien
visualiser tout l’intérieur du genou et notamment les ménisques, mais aussi les ligaments
croisés et il permet surtout de voir directement le cartilage au niveau du fémur, du tibia et de
la rotule. On réalise donc tout d’abord un bilan articulaire complet afin de « lister les
lésions ». Cela est très important car en effet, quand les lésions son trop importantes, certains
traitements sont inutiles car on sait qu’ils donneront de mauvais résultats . On réalise ensuite
une deuxième petite incision qui permettra de faire pénétrer dans le genou les instruments ; il
s’agit de petits crochets palpeurs, de petites pinces pour grignoter progressivement le
ménisque, des petits ciseaux, etc. parfois, si la vision n’est pas assez bonne ou si on est amené
à réaliser d’autres gestes chirurgicaux, on peut être amenés à réaliser d’autres petites
ouvertures dans le genou. à la fin de l’opération, le genou est vidangé, c'est-à-dire que l’on
essaie de vider le maximum d’eau que l’on a introduit. Cependant, il en reste toujours un peu
ce qui peut donner une impression de genou gonflé, mais la liquide va rapidement se résorber
ensuite. Cela est tout à fait normal et n’est pas douloureux. En fin d’intervention il y a donc 2
ou 3 petites cicatrices de 1 centimètre devant le genou.
Méniscectomie et suture méniscale sous arthroscopie
Auparavant, on aura réalisé le diagnostic de la lésion du ménisque par une IRM. En effet, il
n’est pas admis actuellement de réaliser une arthroscopie pour rechercher une lésion d’un
ménisque, elle doit donc être diagnostiquée avant. En effet, l’arthroscopie est une intervention
chirurgicale qui est là pour traiter la lésion et non pour la rechercher. Il existe cependant
quelques exceptions. En urgences, on peut être amené à prendre en charge des patients qui ont
le genou « bloqué » à la suite d’un accident sportif le plus souvent. Dans ce cas, on ne peut
faire attendre la personne plusieurs jours pour faire l’IRM, et alors l’arthroscopie est réalisée
en urgences. D’autres fois, l’arthroscopie est utilisée pour traiter des fractures du genou. Dans
ce cas, l’arthroscopie constitue un excellent moyen pour rechercher les lésions des ménisques
qui auraient pu survenir au moment de la fracture .
Après avoir introduit la caméra et les instruments dans le genou, et une fois que la lésion est
confirmée, on va la traiter. S’il s’agit d’une petite lésion ou s’il s’agit d’une lésion ancienne
on va réaliser une méniscectomie partielle. En effet, on ne retire jamais l’intégralité du
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ménisque car on connait maintenant les conséquences péjoratives de ces traitements sur le
long terme et on n’enlève que la zone abimée ; sa partie intacte est donc conservée de façon à
ménager au maximum le rôle d'amortisseur du ménisque. La zone abimée va donc être
enlevée, soit en la détachant d’un seul tenant, soit en la morcelant progressivement.
Mais parfois il s’agit d’une lésion qui est très étendue et dont le sacrifice risque d’être néfaste
à long terme pour le genou. C’est surtout le cas de ce l’on appelle une « anse de seau ». Il
s’agit d’une lésion bien particulière qui survient chez des sportifs, jeunes, à la suite d’un
accident. Le ménisque se déchire sur toute sa longueur et ne reste attaché qu’à ses extrémités.
Il peut se déplacer, et venir se coincer dans le genou : c’est le blocage du genou. Dans ce cas,
il n’est pas question de retirer tout le ménisque, on va donc le réparer sous arthroscopie. C’est
la suture méniscale qui va consister à remettre en place le morceau détaché (on dit qu’on le
réduit) puis à le recoudre avec des systèmes de fixation mis au point spécialement pour cela
(on les appelle des ancres). L’objectif est d’obtenir la cicatrisation du ménisque.
Malheureusement, le ménisque ne cicatrise pas toujours. On sait, par expérience, que le
ménisque cicatrice d’autant mieux que le patient est jeune, qu’il est opéré rapidement après
son accident, que la lésion du ménisque siège près de la périphérie et que l’on répare dans le
même temps le ou les ligament(s) croisé(s) s’ils sont rompus.
Après une méniscestomie, les simples sont le plus souvent très simples. Le patient peut
marcher tout de suite en appui complet. Une attelle peut être mise en place mais elle n’est pas
obligatoire. Il peut être préférable de laisser son genou au repos quelques jours en évitant le
sport, le port de charges lourdes voire la conduite automobile. De même la rééducation n’est
pas systématique et les patients peuvent reprendre leurs activités assez rapidement avec des
délais variant de 4 à 8 semaines), ces délais pouvant varier d'un chirurgien à l'autre. Par
contre, après une suture méniscale, les suites sont plus contraignantes même si
l’hospitalisation ne dépasse pas en général 2 ou 3 jours. En effet, les ménisques sont des petits
amortisseurs entre le fémur et le tibia mais ils bougent au cours des mouvements du genou.
Cela peut nuire à sa cicatrisation. Le genou doit donc être mobilisé avec prudence dans les
suites de l’intervention et le chirurgien peut même dans certains cas de demander de ne pas
appuyer. L’arrêt des activités sportives et professionnelles peu donc être beaucoup longues et
il faut y associer souvent de la rééducation. Toutes ces contraintes constituent donc le prix à
payer pour conserver son ménisque et éviter qu’il ne se détériore avec apparition d’une
arthrose trop précocement.
Quels sont les risques ?
Même si il s’agit d’une intervention qui a la réputation d’être bénigne, et même si elles sont
très rares, les complications de l'arthroscopie existent depuis la complication minime à la
complication majeure. On distingue celles qui surviennent au cours et après le geste
opératoire.
•
Les complications au cours de l'arthroscopie
o complications anesthésiques Elles ne revêtent aucun aspect spécifique à la
chirurgie arthroscopique
o complications locales
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§
•
les complications vasculaires : l'artère ou la veine en arrière du genou
(ce sont les vaisseaux poplités) peuvent être blessés. Cela demeure très
exceptionnel mais les conséquences peuvent être graves.
§ Les complications nerveuses : Une zone d'anesthésie cutanée voire des
fourmillements localisés sont possibles au voisinage des petites
incisions devant le genou. Cela est du a une atteinte de très petits
rameaux nerveux qui sont situés sous la peau au niveau de la cicatrice.
Ces petits nerfs de sont pas visibles. Le plus souvent, ces sensations
désagréables s'atténuent progressivement avec le temps. Les lésions
plus importantes sont très exceptionnelles.
les complications après l'opération
o Les phlébites (c’est la formation d’un caillot dans une veine) ne sont pas
spécifiques de l'arthroscopie. Elles sont très rares malgré le traitement
anticoagulant préventif. Ce traitement n’est d’ailleurs pas systématique et il est
en général prescrit pour une courte durée (environ 1 semaine) s’il existe des
facteurs de risques (surpoids, antécédents personnels ou familiaux de
phlébites…). Dans tous les cas, si le chirurgien conseille de ne pas appuyer, un
traitement anticoagulant préventif sera prescrit jusqu’à la reprise de l’appui.
Ces phlébites sont parfois graves, elles peuvent entraîner des embolies
pulmonaires exceptionnellement mortelles.
o L'arthrite : c'est une infection de l'articulation. La fréquence est très rare mais
elle nécessite une nouvelle intervention, également sous arthroscopie pour
laver l’articulation mais aussi pour prélever du liquide à l’intérieur du genou
pour identifer le microbe à l’origine de l’infection. Il est capital de bien
identifier le germe car il faudra également administrer un traitement
antibiotique adapté.
o L'hémarthrose : c'est la survenue d'un épanchement sanguin important et
douloureux dans l'articulation. Il est rare et en général, une ponction suffit.
D’autres fois, il s’agit d’un épanchement non sanguin, souvent du à une reprise
trop rapide de l'activité. Il cède souvent avec le repos et un peu de rééducation
mais s’il persiste trop longtemps, il peut nécessiter une infiltration intraarticulaire.
o Le syndrome algodystrophique, complication très rare mais non spécifique de
l'arthroscopie est responsable de douleurs et de raideur. Dans les jours ou les
semaines qui suivent l’opération, le genou peut gonfler, devenir raide et
douloureux. La peau devient rouge et brillante. Cette réaction très rare est
appelée algodystrophie. Son évolution est malheureusement parfois longue (12
à 18 mois) mais elle guérit quasiment toujours. Il faut alors s’armer de
patience, la rééducation et certains traitements médicaux sont alors très utiles
pour accélérer sa guérison.
1.1.2. Traitement des lésions des ligaments croisés :
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Ma maladie en quelques mots
Tout comme les ménisques, les ligaments croisés ont un rôle très important dans la mécanique
du genou. Les ligaments croisé sont au nombre de deux (le ligament croisé antérieur ou LCA
et le ligament croisé postérieur ou LCP) et sont situés au centre du genou ; on les appelle le
« pivot central ». Le LCA joue un rôle fondamental : il s'oppose au déplacement vers l'avant
ainsi qu'à une rotation interne excessive du tibia par rapport au fémur. Ainsi, en cas de
traumatisme violent et notamment en cas de torsion violente du genou, les ruptures du
ligament croisé antérieur sont fréquentes. C’est par exemple le cas à skis et au football,
lorsque le pied est bloqué au sol tandis que le reste du corps pivote. Le ligament qui est alors
soumis à cette soudaine torsion, peut se déchirer complètement ou en partie avec, souvent, un
craquement audible. C’est ce que l’on appelle une entorse grave du genou. Parfois la douleur
est très violente avec un genou qui gonfle immédiatement et l’on ne peut plus marcher.
D’autres fois, au contraire, le genou ne gonfle qu’un peu plus tard ou par période avec une
douleur variable. S’il est très atteint, il ne peut plus empêcher le tibia de partir vers l’avant
lorsque l’on marche. Le diagnostic de rupture se fait ainsi le plus souvent par le seul examen
du genou. On réalise cependant souvent une IRM afin de rechercher une rupture d’un
ménisque ou d’un autre ligament, ce qui est souvent le cas. Une fois déchiré, le LCA ne
cicatrise pas et peut entraîner une instabilité et une gêne. De plus, d’autres lésions peuvent
être associées à cette entorse, il faut donc que ce genou traumatisé bénéficie d’un avis par un
spécialiste.
Je me « tords » le genou, que dois-je faire en urgence ?
Si dans les suites d’un traumatisme du genou, ce dernier est douloureux, plus ou moins gonflé
et/ou vous empêche de marcher, alors il est conseillé de consulter votre médecin traitant au
plus vite ou de vous rendre directement au service d’accueil des urgences de l’hôpital le plus
proche .Vous pouvez également directement contacter notre service pour bénéficier d’un avis
spécialisé . Auparavant, il faut stopper immédiatement vos activités, éventuellement
immobiliser le genou dans une attelle et marcher avec des béquilles en attendant l’avis du
médecin que vous aurez consulté. Vous pouvez dès le traumatisme appliquer sur le genou de
la glace (des glaçons dans un sac plastique enveloppé dans un linge humide suffisent…), elle
a un effet antalgique très efficace. Vous pouvez également par vous-même prendre un
antalgique simple avec un peu d’eau (un fond de verre pas plus) de type paracétamol
disponible en vente libre en pharmacie sans ordonnance. Votre pharmacien pourra alors vous
renseigner le cas échéant. Attention, tous les autres médicaments ne doivent pas être pris en
l’absence d’avis médical et il faut éviter l’aspirine qui n’est pas un antalgique.
Aux urgences, vous pourrez alors bénéficier d’un bilan par un médecin qui va faire ou
suspecter le diagnostic. Le plus souvent c’est le ligament latéral interne qui est étiré ou rompu.
Mais en cas de traumatisme plus violent, un des ligaments croisés à l’intérieur du genou peut
aussi se rompre. La douleur est très vive, le genou gonfle et il n’est pas possible de marcher.
En urgences, il est conseillé de toujours faire une radiographie du genou car il faut rechercher
avant tout une fracture qui pourrait être prise à tort pour une entorse du genou. En cas
d’entorse, les radios sont normales : il n’y a pas de fracture. Dès les urgences, les premiers
conseils vous seront donc délivrés et un rendez-vous de consultation vous sera proposé avec
un chirurgien orthopédiste dans les meilleurs délais afin de programmer notamment les soins
de rééducation. Il est important de noter qu’en urgences, seules des radiographies sont
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indispensables. Un scanner peut être réalisé si on suspecte une fracture mais une IRM n’est
pas obligatoire sauf cas particulier.
J’ai une entorse du genou. Que dois-je faire et pourquoi dois-je me faire opérer du genou ?
Dans quasiment tous les cas (en dehors des sportifs professionnels ou de haut niveau), la prise
en charge des ruptures du ligament croisé antérieur va débuter par une période courte de repos
suivie d’une phase de rééducation. La période initiale de repos doit être de courte durée. Elle a
est mise à profit pour traiter la douleur par un traitement antalgique bien mené. Très souvent
un traitement anti-inflammatoires est mise en place. Mais ce dernier doit être pris
systématiquement au moment des repas, seulement pendant quelques jours (5 à 7) et
éventuellement associé à un protecteur de l’estomac. Attention, un médecin doit auparavant
vérifier que vous ne présentez pas de contre-indications à ce type de traitement. Il ne faut
donc jamais en prendre sans avis médical. L’application de glace sur le genou est très
efficace contre la douleur. Il est souvent très utile d’y associer une immobilisation par une
attelle pendant quelques jours; c’est ce que l’on appelle fréquemment une attelle de Zimmer.
En fonction de la douleur, on peut vous conseiller d’éviter d’appuyer sur le pied en marchant ;
dans ce cas, votre médecin vous proposera de prendre des anti-coagulants car il existe un
risque non négligeable de phlébite. Il faut également profiter de cette période de repos pour
consulter un spécialiste (chirurgien orthopédiste ou médecin rééducateur) qui pourra vous
prescrire le bilan le plus adapté (IRM notamment). Cette consultation est capitale et c’est pour
cela qu’une consultation a été spécialement mise en place dans notre service afin de permettre
à toutes les personnes présentant ce type de traumatisme de bénéficier rapidement (dans les
jours suivants le traumatisme) d’un avis par un chirurgien orthopédiste assisté d’un médecin
rééducateur. Ces deux médecins examineront votre genou afin de réaliser un diagnostic
précis. Cela leur permettra de mettre en place le traitement le plus adéquat, et notamment la
rééducation, assez précocement, dès le 8ème -10ème jour après le traumatisme. Cette
rééducation précoce est indispensable. En effet, au début le genou est inflammatoire,
douloureux, gonflé. Rapidement le quadriceps va fondre et le genou va s’enraidir. Il faut
réaliser des soins avec des massages à visée antalgique et anti-inflammatoire. Le genou doit
être mobilisé pour récupérer ou entretenir les mobilités articulaires. Il faut également travailler
le quadriceps car autant le quadriceps « fond » très vite (déjà en quelques jours il peut avoir
très nettement fondu) autant il est très difficile de récupérer sa trophicité initiale. Cela qui
prendre parfois en effet plusieurs mois ce qui retarde d’autant la reprise des activités sportives
et parfois même professionnelles. La rééducation va donc chercher à rééquilibrer le
fonctionnement du genou, renforcer les muscles qui le stabilisent, diminuer la douleur et les
gonflements... Passée la phase initiale de rééducation, une autre consultation sera nécessaire
pour apprécier ses résultats et vous autoriser ou non la reprise des activités sportives. En effet,
une fois rompu, le LCA ne cicatrise pas, mais sa rupture n'empêche pas la reprise normale des
activités de la vie courante. Elle peut tout de même entraîner une instabilité du genou (c’est la
sensation de genou qui lâche, se dérobe ou une appréhension lors de la course ou d’autres
activités) dans la pratique des sports. Ce n’est donc qu’après quelques semaines et au terme de
plusieurs séances de rééducation bien menées que le choix de la réparation chirurgicale du
ligament (c’est la ligamentoplastie) ou le choix d’un traitement non chirurgical sera pris. Ce
choix va dépendre de nombreux éléments de décisions : l'âge, l’importance des lésions (lésion
isolée du LCA associée ou non à une lésion de ménisque), importance de l’instabilité et de la
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gêne ressentie et des activités pratiquées (sportives et professionnelles) ou désirées. Mais
globalement il faut retenir qu’il faut songer à une opération quand le mauvais fonctionnement
de votre articulation vous empêche de mener votre vie comme vous le souhaitez. Il faut aussi
savoir que si la gêne n’est pas très importante, on peut se passer de LCA pendant des années,
mais le mauvais fonctionnement du genou peut accélérer son vieillissement, avec un
affaiblissement des muscles et une usure du cartilage.
La ligamentoplastie du genou
Objectif et principe de l’intervention
L’objectif de l’intervention est de stabiliser le genou en empêchant le tibia de partir vers
l’avant. Les possibilités techniques sont nombreuses mais le principe général est de
reconstruire le ligament rompu par un tendon pris au niveau du genou sur l’opéré lui-même
(autogreffe). Ce tendon va être fixé à la place du ligament d’origine au niveau de son
emplacement anatomique exact et va faire office de nouveau ligament. Ce nouveau ligament
est mis en place dans l’articulation par l’intermédiaire de petits tunnels osseux, au niveau du
tibia et du fémur. Cette intervention est réalisée sous arthroscopie.
Avant l’opération
La rééducation, ainsi que la pratique raisonnable de sports adaptés (vélo, piscine, marche),
préparent le genou en renforçant les muscles et en l’assouplissant, et permettent une meilleure
récupération. En cas de surpoids, il est toujours utile de maigrir car cela va soulager le genou.
L’intervention
Comme pour la chirurgie des ménisques, il s’agit d’une intervention chirurgicale. Elle
nécessite donc une hospitalisation de quelques jours. Cette opération est pratiquée par un
chirurgien orthopédiste dans un bloc opératoire. La zone du genou est anesthésiée soit en
ayant recours à une anesthésie générale, soit à une anesthésie rachidienne, qui va endormir le
bas du corps, soit à une anesthésie loco-régionale pour n’endormir que la cuisse, le genou et la
jambe. Cette intervention étant réalisée sous arthroscopie, le chirurgien va réaliser deux
petittes ouvertures de part et d’autre de tendon rotulien pour mettre en place la caméra
(l’arthroscope) et les instruments. Cependant, il faudra également prélever le tendon qui va
remplacer le LCA. Cela nécessite une petite ouverture sur le côté du genou si on réalise une
technique de type DIDT ou devant le genou si on réalise une technique de type Kenneth-Jones
(KJ), mais l’articulation en elle-même n’est pas ouverte. Pour le DIDT, on utilise alors une
sorte de grand crochet (appelé stripper) pour détacher une bout de tendon d’un centimètre de
large sur une vingtaine de centimètres de long sur le muscle droit interne (appelé aussi
gracilis) et sur le tendon demi-tendineux. Ces tendons constituent avec le couturier, ce qu’on
appelle « la patte d’oie ». Ils sont également appelés muscles ischio-jambiers. Ils sont situés à
la partie interne de la cuisse. Dans les suites du prélèvement, on observe rarement des
douleurs de cuisse, évoquant un claquage musculaire. Elles disparaissent en quelques mois.
Ce morceau de tendon sert à fabriquer un nouveau ligament pour remplacer celui qui est
déchiré. Il faut ensuite creuser un tunnel dans le tibia et un autre dans le fémur afin de faire
passer le nouveau ligament dans l’os . L’orientation des tunnels est calculée pour que les trous
dans l’articulation correspondent le plus exactement possible aux points d’attache du ligament
d’origine. On fixe ensuite le nouveau ligament au tibia et au fémur. Il est normal que la zone
opérée produise des liquides (sang…) car il y a des trous dans l’os. Cela rend souvent
nécessaire la mise en place un système de drainage afin que le sang s’évacue après
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l’intervention. En général, l’opération dure entre 45 minutes et deux heures. Il faut compter en
plus le temps de la préparation, du réveil…
Après l’intervention
Le genou est souvent gonflé après l’opération. C’est normal. Le système de drainage est
habituellement retiré au bout de deux à trois jours. Des antalgiques et des anti-inflammatoires
sont souvent utiles après l’intervention pour limiter la douleur et le gonflement. Un traitement
anti-coagulant est également administré pour prévenir une phlébite. Ce traitement est arrêté
dès la reprise d’une marche normale. Le genou est habituellement immobilisé pendant les
premières semaines, mais ce n’est pas systématique. On utilise une attelle soit fixe en position
genou tendu soit articulée qui permet des mouvements dans certaines limites. Ces attelles
peuvent être retirées sous la douche, pour les pansements et bien sûr pour les séances de
rééducation. Le plus souvent, dès les premiers jours, on autorise à marcher en appuyant sur
votre jambe, avec ou sans cannes-béquilles. Mais cela est variable en fonction des gestes
chirurgicaux qui ont pu être associés à la reconstruction du ligament croisé. Votre chirurgien
vous donnera les consignes.
La rééducation est très importante après l’opération. Il faut faire travailler les muscles,
préserver la mobilité du genou, le faire dégonfler et diminuer la douleur. La rééducation après
l’intervention peut être douloureuse ; il faut donc prendre un traitement antalgique adéquat.
Notre équipe médicale et infirmière est là pour cela. Après l’intervention, vous pouvez soit
rentrer chez vous soit aller dans un centre de rééducation fonctionnelle (CRF). A domicile, il
faudra suivre des séances de rééducation auprès d’un kinésithérapeute. Les séances peuvent
être effectuées tous les jours ou quelques fois par semaine, en fonction de votre état. En CRF,
en fonction de votre autonomie, de votre lieu de vie habituel (appartement, maison à étage,
entourage…) et votre éloignement, vous pouvez soit rester jour et nuit comme à l’hôpital soit
effectuer vos séances en hôpital de jour (on dit aussi en externe) en dormant chez vous à la
maison. Si vous allez dans un centre de convalescence, le retour à domicile ne se fait en
général que deux à trois semaines plus tard mais les séances sont le plus souvent quotidienne
ou bi-quotidienne.
Quels résultats puis-je en attendre ?
Habituellement les douleurs disparaissent rapidement mais il peut persister quelques douleurs
notramment au niveau des cicatrices ou des ligaments autour du genou (souvent il s’agit de
tendinites), mais en général cela passe avec le temps. Au niveau de la fonction du genou, le
délai au bout duquel l’articulation se remet à fonctionner normalement dépend de très
nombreux facteurs notamment si on a beaucoup attendu avant l’opération ou que l’on pas fait
de rééducation et que le quadriceps s’est affaibli. Généralement, le genou est stable après
l’opération et fonctionne parfaitement pour la vie courante (marche, montée et descente
d’escaliers…) voire des loisirs peu violents. On peut ainsi en principe reprendre une vie
normale en quelques semaines mais il ne faut pas conduire tant que l’on porte une attelle (pas
avant quatre à six semaines en général). La reprise d’une activité professionnelle dépend de
l’exigence physique du métier exercé. Il est possible de recommencer un travail de bureau
dans les jours qui suivent l’intervention, alors qu’il faut attendre deux à quatre mois pour des
travaux de force. Pour le sport, le délai à respecter est également très variable. On peut
reprendre la marche immédiatement, puis au bout de 2 à 3 mois les sports dits « en ligne » au
cours desquelles le genou travaille dans l’axe telles que le vélo, la natation, le footing (sans
forcer) sur un terrain adapté (type piste d’athlétisme). Par contre il faut attendre 4 à 5 mois
avant les sports de pivot ou avec des sauts et au moins 6 mois avant les sports de pivot-contact
(rugby, football, hand-ball, basket-ball…). Ces sports relativement « violents » comportent
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beaucoup de risques pour le ligament et doivent être associés à une activité physique « de
fond » (course, natation, vélo) pour maintenir les genoux dans le meilleur état possible en
terme de musculature et de mobilité. Dans tous les cas, il ne faut pas pousser trop son genou à
la limite au risque d’une nouvelle blessure. Enfin, il faut bien suivre les consignes du
chirurgien et du rééducateur au cours des différentes visites de contrôle qui permettent de
surveiller l’évolution du genou (retrait de l’attelle, reprise d’une activité, reprise du sport…) et
d’adapter la rééducation.
Quels sont risques de ce type d’opération ? Ce que je dois savoir.
Ce sont globalement les mêmes que celles de toutes arthroscopies du genou . On peut
cependant y associer la raideur et la rupture du transplant.
La raideur : Le genou est parfois un peu plus raide dans les mouvements, notamment en pliant
ou en étendant la jambe, mais cela reste le plus souvent acceptable. Si cela est trop gênant
malgré la rééducation, on peut envisager d’opérer pour détacher les zones qui se sont collées
au mauvais endroit en cicatrisant (ce sont les adhérences) et qui sont responsables de cette
raideur.
La rupture des moyens de fixation du tendon : Les fixations du nouveau ligament peuvent
casser ou se déplacer. Cela reste exceptionnel mais peut imposer parfois une nouvelle
intervention.
La rupture du transplant : Le nouveau ligament peut se détendre ou se déchirer au cours d’un
accident semblable à celui qui a entraîné la blessure d’origine. Après l’opération, le genou
n’est pas plu solide qu’avant, il ne faut donc pas être trop confiant.
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