Voiliers de travail

Transcription

Voiliers de travail
INTRODUCTION
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Les bateaux à voile et à rames ont été pendant des centaines d’années
l’expression même de notre civilisation. Source de connaissances par
les voyages, source de richesse par les échanges commerciaux, source de
progrès technologique par toutes les inventions qu’ils ont provoqué. Il aura
suffi de quelques décades au xixe et xxe siècle pour les faire disparaître. Cet
inventaire de tous les types ayant existé dans le monde au cours des siècles
a pour seul but de conserver leur mémoire.
Ce livre recense quelques 2 500 types de bateaux différents, classés par
ordre alphabétique. La méthode adoptée pour cet inventaire s’est voulue
exhaustive. Elle ne le sera pas vraiment du fait pour des raisons aussi diverses que certains types sont tombés dans l’oubli, d’autres se sont divisés en
sous-familles au cours des ans, etc.
Les sources des recherches sont variées : les inventaires antérieurs réalisés (de Kerchove, Paris, Lescallier, Buisson, Jal, Duron, etc.), les articles
spécialisés publiés dans des revues spécialisées comme le Chasse-Marée et
le Mariner’s Mirror, et enfin mes propres observations, ayant eu la chance
de parcourir une grande partie de l’océan Indien et de l’Afrique.
Les bateaux sont présentés par type, mais aussi par fonction ainsi que
les noms génériques.
Pour l’orthographe, toutes les formes utilisées sont présentées. Chaque
orthographe varie en fonction du lieu, de la langue de celui qui l’a étudié.
Souvent il n’y a pas d’orthographe à proprement parler, car la langue des
marins est avant tout orale. Nous avons représenté toutes celles rencontrées,
afin que le lecteur puisse toujours retrouver le mot qu’il cherche.
Pour les entrées, du fait de la multiplicité, parfois des noms d’un bateau,
nous mettons la définition sous le nom français ou sous le nom d’origine
le plus connu. Les variantes figurent seulement sous forme d’entrée avec
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renvoi de définition, de même que les principales traductions (les autres
en anglais figurent avec l’entrée principale). Il existe en outre une annexe,
dite « index des noms de bateaux et leurs variantes » qui reprend toutes les
variantes et traductions.
Pour les descriptions elles-mêmes, nous avons choisi de présenter un
consensus. Quand une des sources diffère notamment du consensus, nous
mettons la définition en note de bas de page. Les types n’ayant pas de nom
particulier sont identifiés et classés par leur origine géographique (ex :
Manihiki, pirogue de l’île : Lebou, pirogue de la tribu Lebou).
Pour les formes, nos amis anglais ont eu beaucoup plus d’imagination
que nous, aussi ai-je parfois utilisé la traduction de leurs appellations pour
être plus précis (par exemple le père Neyret appelle « voile au tiers » les
voiles « en pince de crabe » (crab-claw sail), alors que le terme anglais
est beaucoup plus réaliste et évite la confusion avec nos voiles au tiers
européennes).
Enfin certains types de navire sont mal identifiés, même officiellement.
Ainsi le brigantin Illeri1, construit en Norvège en 1878, est-il qualifié de
brigantin par le Lloyds’ Register, de skonner brig (brick goélette) par le
Norske Veritas, et de half-brick par l’ASA (American Shipmaster’s Association), trois sociétés de classification connues pour leur sérieux.
La présentation de principe adoptée dans le corpus est la suivante :
Nom : suivi du genre et de la forme plurielle.
Orth. : variantes orthographiques.
Syn. :
les synonymes et les traductions étrangères (en général en
anglais).
Etym… : l’étymologie du mot.
Puis la définition du nom, sous forme de liste si ce nom correspond à
des bateaux ou des fonctions différentes. Les dimensions moyennes sont
souvent présentées sous forme normalisées : LHT pour longueur hors tout,
L pour la longueur sans précision, B pour le bau, c’est-à-dire la largeur
maximum, et C pour le creux, c’est-à-dire la hauteur de la coque. Enfin
T représente le tirant d’eau qui peut être Tm (moyen), Tav (avant) ou Tar
(arrière).
1. John Lyman – The last main topsail brigantine – in MM59 – 1p. 33.
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Nous avons ajouté quelques annexes pour faciliter les recherches :
• Index des noms de bateaux et leurs variantes – Liste alphabétique
de tous les noms, variantes et synonymes avec renvoi à l’entrée principale
(entre parenthèses) si nécessaire.
• Index par régions – Ce classement des bateaux est réalisé pour chaque
région du globe.
• Les principaux gréements – Cette annexe présente sous forme de
croquis les gréements existants.
• Glossaire – Ce petit glossaire fournit les définitions des mots
techniques que vous rencontrerez dans ce livre.
• Bibliographie.
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Aak (pl. aken) – syn. acque, aque. – Bateau hollandais de Lemmer (xviiies), à
bouchain arrondi, ou de Wieringen, à étrave courbe, à fond plat et bouchain vif.
Il a des dérives latérales. Il porte un grand mât et un tapecul. Leur gréement était
en sloop pour les plus petits, en ketch pou les plus grands. Il était utilisé pour
transporter les vins du Rhin en Hollande.
Aalboot – Voilier hollandais du même type que le botter, construit de nos jours
en acier (dimensions moyennes : LHT : 15 m, B : 5 m, C : 3,30 m.). L’étrave est
assez basse, l’arrière est relevé et il possède un vivier. Le mât à pible est rabattable
avec voile aurique et deux focs.
Abari – Plus qu’un type bien précis de bateau, l’abari 2 désigne une fonction, celle
de bateau de servitude dans les ports arabes. C’est la plate de nos ports français.
Abartyah – Ce boutre omani est un type de sambouk de grande taille propre à la
tribu omani de Sour et aux habitants de Mahrar.
Abubuz – Sorte de petit sambouk arabe.
Acatium – Bateau à rames et à voile de la Grèce Antique.
Acatus – Très petite embarcation de charge romaine du Ier siècle, similaire au
scapha d’après Suétone.
Accon – orth. acon – n.m.
1. syn. lacon ; flat, punt (ang.). – Bateau plat, rectangulaire, dont le fond et les
côtés sont des faces planes jointes ensemble, commun au xixe siècle. On s’en servait pour amener les marchandises à bord, quand le bateau ne pouvait accoster
le long d’un quai, au moyen d’une remorque ou halé à l’aide d’une amarre.
2. syn. pousse-pied – Bateau à fond plat des ostréiculteurs et des pêcheurs des
lagunes. A l’origine, petite embarcation faite probablement d’une seule pièce,
utilisée dans le marais poitevin pour la pêche des plies et des anguilles3. Elle ne
portait qu’un seul homme qui se propulsait soit par une perche, soit gardait une
jambe dans l’accon, et se propulsait avec l’autre jambe nue dans le fond vaseux,
d’où son nom de pousse-pied. L’accon évoluera sous forme d’une construction
faite d’un bordage longitudinal sans aucune liaison transversale avec une
planche verticale unique sur les côtés (dimensions moyennes indiquées par
Bonnefoux et Pâris : L : 1,50 à 2 m, B : 33 cm, C : 33 cm). Les extrémités sont
en plan incliné avec arrière à tableau. A vrai dire, l’accon est plus un moyen de
2. Haw p. 81.
3. Mémoire, non daté, de la fin du xviie s. (Marine C560, folios 449-450).
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