enquete - ExFi Partners
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Gouvernance : entre artisanat et industrialisation - Private Equity Magazinehttp://www.pemagazine.fr/NDI5NQ/gouvernance-entre-artisanat-et-ind... 1 sur 4 ACCUEIL (/) ENQUETES (/ENQUETES/MJG) ENQUETE Gouvernance : entre artisanat et industrialisation 04.05.16 Si les GPs ont pris à bras-le-corps les problématiques ESG en communicant volontiers sur l’environnemental et le social, la gouvernance reste considérée par beaucoup comme un acquis, car au cœur du métier d’investisseur en capital. Like 0 (https://plus.google.com (https://twitter.com /share?url=http: /share) //www.pemagazine.fr sommes largement « e me parlez pas de gouvernance des grands groupes, nous /NDI5NQ au niveau, nous pouvons changer de patron dans la journée, quand il faut plusieurs semaines aux /gouvernanceentresociétés cotées ! » Cette citation prononcée par un dirigeant d’un fonds de buyout français résume artisanatla vision limitée de la gouvernance qu’ont encore certains acteurs de la Place. En effet, les et-industrialisation) N problématiques liées à celle-ci ne se cantonnent pas à la relation société de gestion-participations, mais doivent être considérées dans un ensemble, en les élargissant à toutes ses parties prenantes (LPs, collaborateurs…). Au niveau des participations, il y a une certaine schizophrénie des fonds en fonction des interlocuteurs. Parfois, ils assurent contrôler leurs participations, avec une gestion proactive, etc., notamment pour justifier leurs management fees. Mais selon la situation ou l’interlocuteur, le discours peut évoluer vers l’affirmation que les managers sont les responsables, évitant le reclassement en gestion de fait, par exemple, comme l’ont initialement craint Sagard et Cognetas avec SGD, avant que la cour de cassation n’annule le premier verdict en 2010. « Certaines bonnes pratiques permettent d’éviter cette dichotomie et plus généralement d’améliorer la gouvernance, comme la mise en place d’administrateurs indépendants [voir encadré page 33], la présence dans l’opération de mezzaneurs qui siègent ensuite au conseil de surveillance, ou encore le reporting auprès des LPs, assure Emmanuel Parmentier, managing partner d’ExFi Partners. Les LPs s’y intéressent : Swen Capital Partners consacre ainsi une dizaine de questions à la gouvernance des participations dans les questionnaires qu’il envoie aux fonds dans lesquels il investit. » Le poids des institutionnels L’influence des souscripteurs ne se limite pas à plus de transparence dans la gouvernance des participations. En effet, ces derniers mettent aussi en place des mécanismes de régulation des GPs eux-mêmes. Les clauses d’« homme clé » existent depuis longtemps dans le private equity, mais le droit de regard des LPs sur les fonds tend à progresser et à influencer de plus en plus fortement la gouvernance des sociétés de gestion. « Dans les règlements des véhicules, il peut désormais y avoir des clauses de “key-persons” et “super key-person”, constate Jean-Christel Trabarel, associé fondateur de Jasmin Capital. Cette double couche définit des personnes clés, dont le départ mène à un blocage du fonds et, désormais, des groupes de personnes dont un mouvement n’entraînera pas de renégociation, mais plusieurs oui. » Ainsi, certains GPs ont été confrontés à ce genre de situation, comme Orkos avec le départ de deux gérants de Robolution Capital, ou XAnge lors du rachat par Siparex et le remplacement nécessaire de Xavier Girre à la tête de l’ex-branche de La Banque Postale. La question de la gouvernance des sociétés de gestion pour les LPs est prépondérante et dépasse 12/05/2016 13:20 Gouvernance : entre artisanat et industrialisation - Private Equity Magazinehttp://www.pemagazine.fr/NDI5NQ/gouvernance-entre-artisanat-et-ind... 2 sur 4 cette clause d’homme clé. En effet, avant d’investir dans Cabestan, le véhicule small cap d’EdRIP, le FEI a demandé une réorganisation de la direction du fonds, ce qui a entraîné l’arrivée de David Robin, ex-TCR, en tant que directeur associé. La bonne gouvernance est donc un élément essentiel dans la réussite de la levée d’un nouveau millésime, avec de nombreux exemples récents d’évolution ou de passation de pouvoir : Astorg Partners, Activa Capital, MBO Partners, Pragma Capital… Mais pour Michel Paris, CEO de PAI Partners, cette régulation des LPs n’est pas contraignante : « Nous n’appliquons pas les critères ESG ou de bonne gouvernance simplement parce que nos investisseurs nous le demandent. Nous suivons les bonnes pratiques parce que c’est bénéfique pour la société de gestion et efficient pour nos participations. » Des conseils élargis Cette relation avec des LPs – de plus en plus sophistiqués – a aussi changé la typologie des comités exécutifs, outre le fait de pousser certains à un renouvellement générationnel. En effet, Emmanuel Parmentier note que « les associés directeurs des fonds ne sont plus exclusivement membres de l’équipe d’investissement, comme il y a encore quelques années. Certains ont compris l’intérêt d’élargir leur gouvernance à des fonctions support ou de middle office. Omnes a associé Martine Sessin-Caracci, en charge des relations investisseurs, à son comité de direction, tout comme LBO France l’a fait avec Jacques Franchi, responsable du suivi des participations. » Les sociétés de gestion font évoluer leur gouvernance pour faire face à l’industrialisation de la profession sous l’influence des LPs, de l’AIFM, des PRI… Ainsi, les fonds mettent en place des mécanismes de transparence, de contrôle et de reporting. Chez PAI Partners, qui a récemment réorganisé sa gouvernance dans le cadre du départ de Lionel Zinsou, plusieurs éléments ont été mis en place pour assurer la bonne gouvernance. « Nous avons par exemple un conseil de surveillance qui détermine la rémunération du comité exécutif et du président du comité d’investissement, décrit Michel Paris. De plus, le comité exécutif se réunit tous les lundis pour arbitrer les décisions importantes, et est composé pour moitié de Français et pour moitié d’étrangers, ce qui constitue un équilibre important puisque nous comptons six bureaux européens, en plus de notre siège parisien. » Mais il existe de très nombreux modèles de gouvernance de fonds d’investissement. Par exemple, Siparex a choisi de faire entrer certains de ses souscripteurs au capital afin de les fidéliser et d’assurer un meilleur alignement. Pour Jean-Marc Buchet, directeur général de NCI, « ce qui est important, c’est de s’appliquer à soi-même ce que nous demandons à nos participations. Notre comité stratégique trimestriel, facteur clé de notre progrès, regroupe à la fois le directeur général et les deux présidents, mais aussi des membres extérieurs : deux anciens banquiers, deux industriels et un représentant de l’Abbaye de SaintWandrille. » Sociétés de gestion : des PME comme les autres Les centaines de millions, voire les milliards d’euros, gérés par les GPs font souvent oublier qu’ils restent des petites et moyennes entreprises. Si les montants sous gestion et les enjeux liés à leur métier les poussent à de la transparence et à une rigoureuse gouvernance, certaines sociétés de gestion fonctionnent encore de manière artisanale. Un conseil, qui travaille régulièrement pour des investisseurs de la Place, confiait que « les fonds sont sur des modèles de traitement de l’information d’il y a dix ans. Ils utilisent quasiment tous eFront, mais n’emploient pourtant pas des infrastructures qui communiquent entre elles, ils échangent par PDF avec des analystes qui retraitent les données derrière, etc. ». Cependant, des avancées ont été faites et de moins en moins de fonds restent dirigés par un investisseur gérant historique qui garde la mainmise sur la structure. Un constat partagépar Agnès Touraine, présidente de l’Institut français des administrateurs (IFA) 12/05/2016 13:20 Gouvernance : entre artisanat et industrialisation - Private Equity Magazinehttp://www.pemagazine.fr/NDI5NQ/gouvernance-entre-artisanat-et-ind... 3 sur 4 – qui travaille avec l’Afic à l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques pour l’automne prochain : « Le private equity français a fait des progrès considérables au cours des dernières années, relève la dirigeante, et la plupart des fonds ont mis en place des gouvernances remarquables. » Enjeu stratégique pour la performance des participations, la réussite des levées de fonds, la motivation des collaborateurs… La gouvernance tend à devenir un élément à acquérir, une vision opposée à l’aspect « inné » qu’on lui attribuait il y a quelques années. Thomas Loeillet La valeur ajoutée de l’administrateur indépendant Fermer © D.R. Les sociétés de gestion ont de plus en plus recours à l’administrateur indépendant. C’est ce que remarque Agnès Touraine, présidente de l’Institut français des administrateurs (IFA) : « Il y a une hausse ressentie de l’emploi d’administrateurs indépendants dans les conseils des fonds et de leurs participations. Leur rôle en matière de stratégie et de connaissance du secteur est essentiel, au-delà du contrôle. » Souvent ancien dirigeant ou concurrent, spécialiste d’un secteur géographique ou d’un marché, l’administrateur aura pour objectif d’apporter un regard extérieur, des idées nouvelles mais aussi, parfois, d’alerter sur des dysfonctionnements pour permettre une meilleure gestion. Électron libre, il est généralement choisi et payé par le GP, qui le soumet ensuite au dirigeant de la société en portefeuille. Un rôle pluriel La mission de l’administrateur indépendant n’est pas toujours clairement définie. Certains fonds perçoivent dans cette fonction le moyen de garder un œil sur le management de leur participation, et réduisent quelque peu la notion d’« indépendant », en s’orientant vers des personnes proches de l’équipe d’investissement. Pour Hubert de Germay, directeur associé Transmission Majoritaire au sein de NCI, 12/05/2016 13:20 Gouvernance : entre artisanat et industrialisation - Private Equity Magazinehttp://www.pemagazine.fr/NDI5NQ/gouvernance-entre-artisanat-et-ind... 4 sur 4 « l’administrateur indépendant, dans une bonne gouvernance, doit participer à la défense de l’intérêt social de l’entreprise. Selon cette logique, et contrairement à d’autres pratiques, nous n’imposons pas un profil, et choisissons, conjointement avec le dirigeant, l’administrateur de notre participation. Ce dernier est rémunéré par la société et non par nous, afin de garantir sa liberté de parole. Nous sommes convaincus de l’importance de son rôle, et avons déjà pu constater son impact vertueux. À titre d’illustration, il est déjà arrivé que l’administrateur indépendant soit amené à jouer un rôle de médiateur entre nous et le dirigeant, permettant ainsi de trouver une issue positive à une situation de tension. Cependant, son principal apport vient de sa position particulière au sein du conseil qui lui permet d’enrichir la réflexion stratégique et l’appréciation des risques de l’entreprise. » Fonction clé : RCCI Fermer © D.R. Le responsable de la conformité et du contrôle interne (RCCI) occupe une place importante dans la gouvernance des fonds d’investissement. L’AMF et l’Afic* présentent cette fonction comme étant celle de la personne dont « la mission est d’assurer le contrôle et le respect des règles et procédures [susvisées] en matière de conformité, contrôle interne (permanent et périodique), et de conseiller les membres de la société de gestion ». Ainsi, le RCCI est souvent incarné par un partner ou associé du fonds d’investissement. Par exemple, pour NCI, Jean-Marc Buchet, directeur général, revêt aussi cette casquette : « C’est moi qui suis responsable du contrôle interne, explique-t-il. Mais nous avons aussi un collaborateur qui s’occupe du contrôle permanent, et quand il note des non-conformités, que ce soit sur les documents juridiques, par rapport au règlement du fonds ou au processus d’investissement, il me fait un rapport. Nous avons un contrôleur externe qui intervient annuellement sur la conformité. Pour nous, ce contrôle à double, voire triple niveau avec celui du CAC, est un choix qui sert à sécuriser les actionnaires, les souscripteurs, mais aussi les collaborateurs. Je pense qu’il ne faut pas voir le contrôle comme une sanction, mais comme un facteur de progrès. » * ”Règlement de déontologie des sociétés de gestion de portefeuille intervenant dans le capital investissement”, corédigé par l’AMF et l’Afic. 12/05/2016 13:20