L`Empreinte - Cégep de Lévis
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JOURNAL DES ÉTUDIANTS DU CÉGEP DE LÉVIS-LAUZON ANNÉE 2012-2013, NO 1 NOVEMBRE 2012 Sommaire PRÉSENTATION ÉDITORIAL Par intérim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 NOS CRÉATEURS L’empathie, cette amoureuse du prochain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 L’éveil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6 J’étais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 DES FILMS, DES LIVRES Critique du film À toute épreuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8 Un Spielberg comme on les aime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 L’éveil d’un champion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 L’enlèvement 2 : un film qui saura vous garder sur le qui-vive . . . . . . . . . . . . . . . .11 Critique du film Sortilège . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12 Merlin, la série télévisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 La métamorphose : le non-sens et l’altérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14 DES IDÉES ET DES HOMMES L’impact de la religion dans la politique américaine : mythe ou réalité? . . . . . . .15 Notre jour viendra : Doit-on fuir la différence? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17 En temps : Voler pour donner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18 Le néant et le spectacle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19 Sur la valeur du naturalisme social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 NOUVELLES DIVERSES L’union fait la force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22 APPEL DE TEXTES Bourse Thomas de Koninck . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 Faites connaître votre programme technique en publiant dans L’Empreinte! . . . .23 PRÉSENTATION N ous avons le plaisir de vous présenter la toute première édition du journal étudiant L’Empreinte! Vous découvrirez en ces pages des textes de toutes sortes écrits par des étudiants du collège qui ont ainsi pu obtenir des points bonis dans leur cours de littérature ou de philosophie. De plus, nous devons la mise en page et la révision de ce journal à une étudiante de deuxième année du programme de Techniques de bureautique, Meggy Bélanger. Tel un jouvenceau, L’Empreinte se cherche encore une identité. Il n’en tient qu’à vous de lui donner ses couleurs! Nous sommes toujours à la recherche de rédacteurs, tant de textes argumentatifs que d’articles critiques sur divers sujets (actualité, culture). Les artistes parmi vous sont également invités à y publier leurs créations! Une seule ligne de pensée nous guide : nous voulons faire de L’Empreinte un médium mobilisateur, rassembleur et formateur! Contactez-nous afin de participer à la prochaine édition de l’hiver 2013 à l’adresse suivante : [email protected] Bonne lecture! L’équipe de professeurs qui encadrent cette édition Charles Boissonneault, Philosophie Pascal Ouellet, Philosophie Marie-Pierre Gagné, Lettres Johanne Brochu, Bureautique 3 L’Empreinte 4 ÉDITORIAL Par intérim Par Nicolas Bourque Sciences humaines - Profil Sociétés-Monde Q uand je m’attarde un peu trop à la politique québécoise, je suis toujours frappé par la même idée. Que cet état des choses n’est que temporaire et éphémère. Comme si, dans le chaos des allégations, des manifestations et des démonstrations, les citoyens avaient nommé un gouvernement par intérim. Se faire une idée juste, aux dernières élections, relevait du rêve, voire de l’utopie. Si les souverainistes sont au pouvoir, avouons-le, c’est bien plus par nécessité que par volonté. C’est parce qu’entre deux maux il faut savoir choisir le moindre. Et que dire de leur gérance, sinon qu’elle apparaît improvisée? En fait, soit le Parti québécois a adopté le pile ou face comme mode de décision — ce qui expliquerait les nombreux reculs et le manque de cohérence —, soit nous sommes en présence d’une stratégie politique qui dépasse mon maigre entendement. Certains parlent de fin de cycle. Il demeure que, pour l’instant, le Québec est faible. Un Québec en peine d’amour, sans leader, sans vision, sans autre lien que celui de la langue et de l’habitude. Qui tranquillement se perd et ne voit plus les autres comme un tremplin, mais comme un boulet à sa cheville. Nous trébuchons sans cesse et c’est la raison de ce désormais si faible attachement à la nation. Il faut être forts, il faut être fiers si nous voulons être. Je ne cesserai de le dire : il faut cesser de cauchemarder dans l’historiographie de la nation meurtrie pour enfin se lancer dans le rêve de force et de fierté dont je nous crois dignes. Qu’y a-t-il de plus affirmatif que la force et l’autonomie? Rassurons-nous : dans quelques mois, nous serons fixés. J’ai même osé espérer un soir que, du néant politique actuel, s’extirpe un héros. Un chef, un projet. Mais soyons réalistes : nous n’avons eu qu’un tel représentant. Et le climat actuel ne favorise en aucun point la naissance d’un autre. À quoi se rallier sinon au chantier de notre succès? NOS CRÉATEURS L’empathie, cette amoureuse du prochain Par Jennifer Savoie Techniques de travail social ouvre les yeux. J’ouvre mon âme. Le monde tel que je le connais se met en marche. Voilà que je la vois, que je l’endure, que je la sens. Elle m’arrive avec la fureur de la brise et m’envahit. Comme un picotement dans le corps, comme un second souffle, comme une seconde humanité, plus solide, plus pure. Je la sens qui me parcourt et qui ne me quitte plus. Elle se glisse en moi, dans le silence du bruit, dans la quiétude des mots, dans le chaos de l’existence. Et voilà qu’elle ressort en écho les cris et la détresse, comme une amertume que je ne peux pas apaiser, une amertume qui ne m’appartient pas. De ma désillusion, je sais qu’elle ne peut être celle qui rapiécera en totalité le cœur et ses lambeaux. J’ Par un regard, mes perceptions s’animent. Et je sais. On se méfie de moi pour cette raison, pour cette clairvoyance qui peut faire mal, pour cette sincérité qui fait mal. Parce qu’une fois l’œil brillant s’impose et que les mots sont lancés, il devient laborieux d’abandonner. On se méfie de moi pour cette franchise, pour ce qu’on ne voudrait pas savoir de soi et qu’on voudrait taire. On se méfie de moi, de cette main qui touche et qui brûle, qui tourmente, comme l’empreinte d’une douleur et l’espoir d’avoir été compris. Et puis voilà, je m’arrête un instant. Mon égo est avare. Je ferme les yeux, le monde tel que je veux le connaître s’éveille et celui qui existe s’endort. Je me sens être sur le chemin de la démesure, là où il n’y a plus de barrières, là où il n’y a plus rien pour protéger cet autre moi, cette partie égoïste, là où je sens éclore la fragile limite entre mon être et les autres. Je ne veux rien y faire. Elle me bouleverse, elle me submerge, elle est à moi. Elle devient moi et je deviens elle… Et puis, le rideau tombe. Enfin. C’est à ce moment que je réalise qu’il me faut reculer, simplement pour préserver l’intégrité de tout ce que je suis, de tout ce que j’ai à offrir. Cette crainte me dicte chaque jour que tout est souvent à recommencer. 5 L’Empreinte 6 L’éveil Par Catherine Légaré Littérature, théâtre et technologies J’ arrive à perdre prise à m’essouffler davantage sans toutefois m’accrocher trop fort, sans me briser les doigts L’espoir d’une quiétude arrive à me faire sentir l’ivresse d’un sourire m’oblige à te prendre par la main. 7 J’étais Par Léa-Marie Métivier Cinéma et hypermédia J e vis, je trouve la joie et même la peine Je vois toute la douleur qui s’enchaîne Je cherche ma vie, je recherche l’envie Je perds le sourire, je repère mes souvenirs Je n’ai plus le goût, je n’ai rien du tout Je pense au bien, mais j’ai encore mal Je ne ressens plus, je ne vis plus Je me tue à trouver le courage Ma rage est revenue J’attends, je m’impatiente Je suis perdue, peut-être absente Je dors, je n’ai plus conscience Je suis inexistante, je ne suis plus J’ai peur comme avant, comme avant Je pleure sans larme Je crie, j’entends l’alarme J’attends le vide, le calme comme le vacarme Je meurs, je laisse mon cœur Je me laisse une heure Je me regarde tomber, je suis décrochée Je suis déjà morte Je ferme les yeux, un peu enterrée Je garde mes pieds serrés, la tête déconnectée Je mets mes mains sur mon ventre Je suis prête à m’envoler Je suis partie juste à temps, je suis partie Je suis libérée, enfin protégée Je fuis, un peu entêtée J’ai tout lâché Je suis installée à côté d’un ange Je suis bien entourée Je voyage de nuages en nuages Je rencontre des étrangers Je leur parle, je les dérange Je suis désolée Je leur dis que j’aimerais retourner Je leur propose de me renvoyer Il est trop tard, ils m’ont adoptée Je dois y rester Je crois tout abandonner Je ne peux plus rien changer Je me dois d’accepter J’ai passé tout mon temps À vouloir partir Toute ma vie À vouloir mourir Et maintenant je ne suis qu’une inconnue Que quelques poussières perdues Je me retrouve portée par l’océan Menée par le souffle du vent L’Empreinte 8 DES FILMS, DES LIVRES Critique du film À toute épreuve Par Noémie Bélanger Chimie analytique À toute épreuve est un film qui peut rejoindre plusieurs catégories de personnes. Ce n’est pas seulement un film d’action pour les gars. Les filles peuvent tout aussi bien l’aimer : j’en suis la preuve. J’ai bien aimé cette œuvre cinématographique en raison d’une excellente histoire, d’une intrigue qui tient en haleine et de l’interprétation des personnages par les acteurs Ryan Reynold, Kristin Booth et Joris Jarsky. les roues. Les spectateurs seront captivés et laissés sur la touche jusqu’à la toute dernière seconde de la scène finale. Les acteurs réussissent bien à interpréter les rôles qu’ils doivent jouer, ce qui permet d’obtenir un film de grande qualité, sinon ce serait lassant et endormant, ou tout simplement ordinaire. On peut donc conclure qu’il s’agit d’un long métrage très bien réussi. C’est un bon film à visionner seul, en famille ou entre amis, car peu importe où, avec qui et quand vous le regarderez, il sera toujours aussi captivant et excellent. Bon cinéma! C’ est l’histoire d’un trio de cambrioleurs qui se font voler un plan pour dévaliser une bijouterie. Cette histoire montre que, même si on côtoie le côté légal des choses, il peut quand même se passer des choses illégales. Ensuite, le suspense est bien présent lorsque l’on tente de découvrir si les trois protagonistes du film vont réussir leur cambriolage tout en étant menacés de se faire arrêter par la police. Ce suspense illustre très bien qu’il y a de nombreuses embûches à surmonter ou à déjouer, car plusieurs personnages tentent de leur mettre des bâtons dans 9 Un Spielberg comme on les aime Par Antoine Guay Sciences de la nature Rapport minoritaire est un film réalisé par Steven Spielberg en 2002. Il met en vedette Tom Cruise, Colin Farrell et Max Von Sydow. L’action se déroule en 2054. Une invention destinée à prédire les meurtres permet aux policiers d’arrêter les suspects avant que les crimes soient commis. Trois personnes appelées « précogs » rêvent aux futurs meurtres. Leurs visions sont captées par des policiers qui disposent d’un temps limité pour trouver le futur meurtrier avant qu’il commette son crime. John Anderton est le chef de l’escouade; il effectue son travail avec zèle, ayant lui-même vécu l’assassinat de son fils. Or, il se trouve à son tour accusé d’un futur meurtre. S’ensuit une course folle où il devra prouver qu’il est victime d’un complot. Ce faisant, il découvre l’existence de rapports minoritaires qui démontrent des variantes dans les rêves prémonitoires, prouvant ainsi l’imperfection du système. C e film est très captivant. Les images sont fantastiques, les effets spéciaux, époustouflants et la musique épouse parfaitement l’action. Le talent de Spielberg rend les scènes de poursuites policières dignes de pièces d’anthologie. Il joue aussi sur l’émotivité lorsqu’il est question du kidnapping du fils de John Anderton. Les seuls défauts qu’on peut reprocher au film sont la complexité du scénario et quelques incongruités dans le synopsis. À la fin, lorsqu’on découvre qui a piégé John Anderton, il faut réfléchir à rebours aux scènes pour bien saisir. À la première écoute, j’ai jugé que c’était un excellent film d’action. À la deuxième écoute, j’ai trouvé les acteurs exceptionnels et très bien dirigés. À la troisième écoute, j’ai pu bien saisir les subtilités du scénario et approfondir ma compréhension du dénouement. Il reste que, pour certains spectateurs, il peut être agaçant de ne pas tout comprendre du premier coup. On peut excuser quelques incongruités, car ce film mérite amplement sa cote de 4,5 étoiles sur 5. L’Empreinte 10 L’éveil d’un champion Par Catherine Vigneault Sciences de la nature L’éveil d’un champion présente Michael, un jeune de race noire, costaud et sans scolarité. Provenant d’un milieu défavorisé, élevé par une mère biologique droguée, il se retrouve à la rue. Grâce à son talent en sports, on lui permet d’entrer dans une école prestigieuse. C’est là qu’il se lie d’amitié avec S.J., enfant d’une famille aisée de race blanche. Constatant qu’il est sans abri, la famille de S.J. l’adopte et la femme de la maison le prend sous son aile. Les professeurs, d’abord réticents à l’accueillir, en viennent à adapter leur enseignement. Le jeune homme se révèle brillant et extrêmement doué au football. Son talent de protecteur en fait un très bon joueur et il finit par être désiré dans plusieurs universités renommées, à condition qu’il améliore ses résultats scolaires. À force de travail et avec l’aide d’une tutrice à domicile, Michael finit par y arriver et entre à l’université. C e film présente de belles valeurs. En effet, Leigh Anne, la mère adoptive, montre beaucoup d’entraide et de solidarité en faisant tout ce qu’elle peut pour aider Michael à réaliser pleinement son potentiel, autant sur le plan sportif que scolaire. S.J., de son côté, montre énormément de persévérance en travaillant très fort pour réussir. L’éveil d’un champion, basé sur des faits vécus, présente aussi un très beau message d’espoir. Michael, d’abord issu d’un milieu défavorisé, réussit tout de même à accéder à une université très importante grâce à ses talents en sports et à son acharnement à l’école. De plus, les personnages sont très attachants. Par exemple, Michael, ce jeune homme au passé difficile, est une très bonne personne qui n’hésite pas à protéger les siens. Par ailleurs, que ce soit Leigh Anne et son désir d’aider ou le petit S.J. et son envie d’être célèbre, les personnages de ce film ont tous un petit quelque chose qui les rend adorables. Le point négatif de ce film réside dans l’histoire très romancée. Les relations entre les différents personnages sont donc moins crédibles. Par exemple, S.J. prend très à cœur le football de Michael et lui fait donc un programme d’entraînement intense et inhabituel pour un garçon de cet âge. Selon moi, L’éveil d’un champion est un excellent film puisqu’il véhicule de magnifiques valeurs tout en présentant un message d’espoir et en mettant en scène des personnages qui savent se faire apprécier. 11 L’enlèvement 2 : un film qui saura vous garder sur le qui-vive Par Isabelle Vigneault Sciences de la nature Depuis le début des années quatre-vingt-dix, Olivier Megaton en fascine plus d’un par ses multiples réalisations cinématographiques. Le long métrage L’enlèvement 21 est l’une de ses dernières créations. Dotée du côté doux et féminin de sa mère et de la facette courageuse, déterminée et entêtée de son père, Kim est une jeune femme hors de l’ordinaire. Dès les toutes premières minutes du film, les spectateurs peuvent s’apercevoir que ce trio est sérieusement en danger. Malheureusement pour eux, des membres de la mafia albanaise cherchent à venger la mort d’êtres qui leur étaient chers. Bryan les a tués pour sauver sa fille de ses agresseurs. C’est d’ailleurs lors d’un voyage qui se voulait paisible et amusant que Bryan et sa femme se font enlever par ces truands remplis de mauvaises intentions. Aussitôt que Bryan et Lenore tombent aux mains de ces criminels, leur fille se donne corps et âme pour les retrouver sains et saufs. Par divers moyens hautement risqués et ardus, elle réussira à sauver les siens d’une fin qui aurait pu s’avérer douloureuse et pénible. C e film d’action et de suspense met de l’avant trois personnages principaux, soit Bryan, Lenore et Kim. Bryan, ex-agent endurci de la CIA, est un père à la fois courageux, dévoué et protecteur, qui fait tout son possible pour prendre soin des gens qu’il aime. Son ancienne femme, Lenore, se distingue par sa beauté physique et son côté maternel largement développé. Enfin, Kim, est la fille de Bryan et de Lenore. 1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Megaton Tout au long du film, les spectateurs peuvent constater le lien solide qui unit les membres de cette famille ainsi que tous les sacrifices auxquels Kim est prête pour sauver ses parents. Cela rend les personnages principaux grandement attachants. En plus, L’enlèvement 2 regorge de combats, d’explosions, de cascades et de courses de voitures. Les effets spéciaux sont d’ailleurs impressionnants et réussissent à surprendre les spectateurs, qui en ont plein la vue. Le seul élément négatif est que la fin est peu surprenante et même légèrement prévisible. À mon avis, les personnages, à la fois touchants et attachants, de même que l’excellente construction de l’intrigue font de ce film un réel chef-d’œuvre recommandé à toute personne désirant s’aventurer pour quelque temps dans la vie mouvementée de Bryan et de ses proches. L’Empreinte 12 Critique du film Sortilège Par Marjorie Pelletier Accueil et intégration Le film Sortilège, présenté au cinéma en 2011, a connu tout un succès. Daniel Barnz est le réalisateur de ce film à la fois dramatique et fantastique puisque la sorcellerie en fait partie. D’une durée d’environ 85 minutes, ce film ni trop long ni trop court fait réfléchir. Souvent, son histoire est comparée à celle de La Belle et la Bête, car Kyle, le personnage principal, a subi un sort qui transforme sa beauté en laideur. Il ne pourra pas revenir comme avant tant qu’il n’aura pas séduit le cœur d’une charmante demoiselle. C e film s’inscrit dans une évidente morale. Le réalisateur a choisi des sujets réalistes, qu’on voit au quotidien. La beauté extérieure est importante pour la plupart d’entre nous et c’est un problème pour notre société, car plusieurs ne sont pas acceptés tels qu’ils sont. Cette forme d’intimidation est en hausse et c’est déplorable. M. Barnz a basé son film sur ces sujets afin de donner un signal d’alarme. C’est d’ailleurs le point positif de son film. Quant à moi, j’ai adoré le film Sortilège. Premièrement, la morale fait réfléchir énormément. En effet, beaucoup de cas d’intimidation au quotidien me touchent. Le scénario de M. Barnz vient nous chercher par les émotions puisque c’est la triste réalité. Ce film m’a sincèrement touchée. Deuxièmement, le choix des acteurs est adéquat. Ils jouent très bien leur rôle. Par contre, un seul point m’a déplu : il y avait beaucoup de musique durant le film et elle n’était pas toujours à sa place. C’est la seule chose que j’aurais changée! Bref, je conseille Sortilège à tous les gens qui aiment les films touchants et fantastiques! 13 Merlin, la série télévisée Par Steven Gagnon Sciences de la nature Diffusée pour la première fois le 20 septembre 2008 sur BBC One, la série télévisée britannique Merlin est fort captivante. BBC One présente actuellement la cinquième saison de la série qui connaît une popularité grandissante. L’intrigue prend place dès le premier épisode dans lequel Merlin, un jeune magicien, est envoyé par sa mère à Camelot, un royaume gouverné par le roi Uther Pendragon, qui interdit l’usage de la magie sous peine de mort. À la demande de sa mère, Merlin sera accueilli par Gaius, le médecin du roi, qui l’invitera à habiter chez lui. Très vite, les chemins de Merlin et d’Arthur se croiseront et, lorsque Merlin rencontrera le Grand Dragon retenu prisonnier sous le château de Camelot, il réalisera que son destin est solidement lié à celui d’Arthur. L’avenir du royaume repose sur ses épaules. L a série télévisée Merlin est une ingénieuse série, dont l’histoire est prometteuse. Développée autour d’une légende très riche en épopées, l’histoire offre beaucoup de possibilités au scénariste Julian Jones. D’ailleurs, la série a bien démarré. On y trouve des décors réalistes d’une grande beauté. On nous donne l’impression d’évoluer dans un grand royaume au moment fort de l’époque médiévale. De plus, les costumes sont très bien adaptés à l’époque et ne sont pas exagérés, contrairement à certaines séries dans lesquelles on mise tout sur les costumes. Néanmoins, sur le plan des effets spéciaux, on peut remarquer un petit manque dans certaines animations, même si le Grand Dragon est au contraire très bien modélisé. Ensuite, force est de constater que le jeu des acteurs est bon et qu’il est agréable à regarder. Dans le rôle de Merlin, Collin Morgan est confiant et surtout très charismatique. Les spectateurs l’apprécieront rapidement. Pour ce qui est d’Arthur, joué par Bradley James, le personnage est attachant lui aussi, mais l’acteur n’a pas autant de charisme que Collin Morgan. Personnellement, la série britannique Merlin est de loin l’une des meilleures séries que j’ai eu l’occasion de suivre. Dès le premier épisode, j’ai été charmé par le charisme espiègle du personnage de Merlin et par l’histoire digne des plus grandes légendes! L’histoire est développée ingénieusement, l’intrigue est captivante et les émissions sont loin d’être monotones. De plus, j’adore les paysages que nous présente cette série : on se croirait littéralement au Moyen Âge dans un monde de chevaliers et de magiciens. Sans aucun doute, il s’agit d’une série à connaître pour les mordus d’action et de chevaliers. L’Empreinte 14 La métamorphose : le non-sens et l’altérité Par Emanuel Guay Sciences humaines - Profil Sociétés-Monde T out l’art de Kafka s’exprime dans le paradoxe. L’auteur, discernant une inconciliable antinomie entre le questionnement humain et le vide du monde, transpose ce conflit dans la trame de ses œuvres. La métamorphose, la plus célèbre de ses nouvelles, est un réquisitoire contre le silence existentiel, un cri adressé au néant par un cœur offensé. Grégoire Samsa, simple représentant de commerce, se réveille un matin et se découvre transformé en « une véritable vermine1 .» Le récit suit alors les répercussions de cette transformation sur la vie de Grégoire, soit le rejet familial et l’isolement qui en résulte. Sa famille, qui comptait initialement sur lui pour lui assurer un revenu, se restructure en ignorant délibérément son existence, ignorance qui sera scellée par la mort de Grégoire vers la fin du récit. Son père, sa mère et sa sœur décident alors de quitter la maison et de laisser derrière eux cet étrange épisode, laissant Grégoire sombrer dans l’oubli. Cette œuvre suppose deux dimensions distinctes. D’une part, dans un style réaliste et épuré, Kafka présente d’une manière très linéaire, presque journalistique, le sort à la fois triste et absurde réservé à Grégoire, de sa métamorphose à son décès. D’autre part, le destin de Grégoire symbolise pleinement la condition humaine dans sa grandeur tragique : projetés dans un monde et affligés par des circonstances que nous n’avons pas choisies, nous avançons, seuls et sans explication, dans une vie qui peut nous être retirée sans préavis. Tel semble être le message qui traverse l’œuvre de Kafka : l’homme est contraint à une quête désespérée de sens dans un univers qui n’en présente guère. La force de Kafka, dans cette nouvelle, aura été de présenter l’horreur du non-sens métaphysique à travers le contexte le plus banal, de dépeindre l’absurde qui peut s’exprimer dans le quotidien de nos vies. Cette nouvelle, accessible et relativement brève, représente la plus belle voie d’entrée dans l’œuvre de Kafka, personnage singulier et complexe. La métamorphose est à la fois une superbe introduction à l’écriture kafkaïenne et une synthèse de ses grandes idées: l’aliénation, le sentiment d’étrangeté dans le plus familier des décors, l’irréductible distance entre « l’interrogation humaine et le silence du monde2 » sont toutes des notions qui y sont présentes et qui ont assuré à Kafka une grande postérité. 1 KAFKA, Franz. La métamorphose, Paris, Éditions Gallimard, 1955, p. 5. 2 CAMUS, Albert. L’homme révolté, Paris, Éditions Gallimard, 1951, p. 18. DES IDÉES ET DES HOMMES L’impact de la religion dans la politique américaine : mythe ou réalité? Par Antoine Guay Sciences de la nature Le 6 novembre 2012, les Américains éliront le nouveau président des États-Unis. L’article « Les athées déplorent le poids de la religion en politique1 » dénonce l’ingérence de la religion dans l’arène politique. Y a-t-il une réelle influence des groupes religieux sur la politique américaine ? Est-ce normal que, dans le cadre d’une démocratie, une minorité réussisse à manipuler l’ensemble du système ? L’analyse du processus politique américain montre une dérive majeure vers la droite sous l’influence des groupes religieux. D’abord, ces derniers influencent l’élection elle-même et les thèmes qui y sont abordés. Ensuite, ils influencent les politiques sur le plan législatif. E n premier lieu, il est intéressant de savoir que le coût estimé pour la course à la présidence 2012 s’élève à 5,8 milliards2. De telles sommes impliquent que de généreux donateurs financent la campagne des deux candidats. Évidemment, ces dons ne sont pas octroyés de manière désintéressée : il s’agit d’encourager le candidat qui servira le mieux leurs intérêts. En l’occurrence, Mitt Romney, représentant du Parti Républicain, a reçu l’appui de l’évangéliste Billy Graham. Ce dernier a acheté des pages entières du Wall Street Journal, du USA Today et d’autres grands journaux afin d’y inviter les électeurs à voter pour le républicain, qui représente, selon Graham, les valeurs bibliques comme le mariage possible seulement entre un homme et une femme, en opposition avec le mariage gai3. De plus, la position pro-vie de Romney correspond à la vision de Graham. Lors du débat télévisé entre le vice-président Joe Biden (démocrate) et Paul Ryan (républicain), la question de l’avortement a été discutée. Ryan a 1 AGENCE FRANCE-PRESSE. Les athées déplorent le poids de la religion en politique, Washington, 1er octobre 2012 2 CAMIA, C. « 2012 election costs could reach record; 5,8 billions », USA Today on politics, 2 août 2012, http://content. usatoday.com/communities/onpolitics/post/2012/08/2012election-total-spending-costliest-obama-romney-/1 3 MARRAPODI, Eric. Billy Graham buys election ads after Romney meeting, [En ligne]. http://religion.blogs.cnn.com/ author/emarrapodi/ (Page consultée le 20 octobre 2012). mentionné qu’il cautionnait l’avortement seulement dans les cas de viol ou dans les situations présentant un danger pour la vie de la mère. Vu l’influence de plusieurs groupes de pression, certains seront tentés de croire que le point de vue des orthodoxes catholiques n’en est qu’un parmi tant d’autres. Ce n’est pas le cas, car le choix du représentant républicain a été effectué avec l’appui de groupes ultraconservateurs comme le Tea Party4. Leur impact est significatif. Il y a donc une nette influence des groupes religieux sur les politiciens américains puisqu’ils déterminent le choix des représentants et les thèmes abordés lors des débats5. Force est de constater que le modèle démocratique dont l’Amérique tire beaucoup de fierté est truffé d’inégalités, qui constituent autant de preuves que les électeurs n’ont pas tous le même poids. En second lieu, qu’en est-il de l’influence de ces groupes religieux sur les politiques votées, une fois le gouvernement élu? On peut penser qu’en raison des sommes impressionnantes données pour la campagne d’un candidat, les groupes religieux s’attendent à un retour d’ascenseur. Un exemple éloquent est celui du président Bush (républicain), qui a restreint la recherche scientifique à partir de cellules souches, car celles-ci provenaient d’embryons humains. Alors que ces recherches auraient permis de trouver des traitements à de graves maladies, Bush a bloqué les subventions de l’État, condamnant ainsi la recherche médicale à l’immobilisme pendant deux mandats. 4 Rapoza K., Romney closer to Tea Party’s heart with Ryan V.P. pick, 11 août 2012, Forbes, http://www.forbes.com/sites/ kenrapoza/2012/08/11/romney-closer-to-tea-partys-heartwith-ryan-v-p-pick/ 5 LE MONDE. Lobby : Qui possède le congrès américain ?, [En ligne]. http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2010/10/15/ lobby-qui-possede-le-congres-americain-mother-jones/ (Page consultée le 20 octobre 2012). 15 L’Empreinte 16 Il a donc pris cette décision sous l’effet de pressions religieuses plutôt qu’en fonction du bien-être de plusieurs malades6. Dans de nombreux États américains, des chrétiens ultraorthodoxes ont exigé que, dans les cours de biologie, le créationnisme (selon lequel Dieu a créé l’univers et l’homme) soit présenté en parallèle avec la théorie de l’évolution de Darwin. On met ainsi sur un pied d’égalité une croyance religieuse et une théorie scientifique7. On peut objecter que les ÉtatsUnis sont un pays démocratique, bien loin d’une théocratie comme en Iran ou d’un État totalitaire comme la Russie. Là-bas, de jeunes femmes du groupe « Pussy Riot » sont condamnées à deux ans de travaux forcés pour avoir chanté « Vierge Marie, délivre-nous de Poutine » pendant quatre minutes dans une église. Ce faisant, elles voulaient dénoncer le fait que l’Église orthodoxe russe avait fortement appuyé la réélection de Poutine8. Il est donc important que les athées dénoncent le rapprochement entre les groupes religieux et les politiciens. Les citoyens d’une démocratie doivent être des acteurs du changement et s’impliquer pour critiquer et améliorer le système. À l’inverse, en étant des témoins influencent nettement le choix des candidats, l’issue des élections et conséquemment les lois, de telle sorte qu’une minorité fortunée réussit à influencer le gouvernement, donc la vie de la majorité de la population. Peut-on se penser à l’abri, au Québec et au Canada ? Certains députés conservateurs, comme Stephen Woodworth, ont tenté la mise sur pied d’un comité parlementaire chargé d’étudier à quel moment un fœtus devient un « être humain .» Heureusement, la motion a été défaite, sinon il y avait un risque évident d’ouvrir le dossier de l’avortement9. * Au moment de mettre sous presse, les résultats des élections n’étaient pas encore connus. En conclusion, il y a dérive vers la droite aux États-Unis par l’influence évidente des groupes religieux qui imposent leurs valeurs en instrumentant le système politique en leur faveur. En effet, les groupes religieux 6 LE MONDE. Cellules souches : Barack Obama revient sur la politique de Bush, [En ligne] http://www.lemonde. fr/ameriques/article/2009/03/07/cellules-souches-barackobama-revient-sur-la-politique-de-bush_1164790_3222. html (Page consultée le 20 octobre 2012). 7 BANKEXAM. (Page consultée le 20 octobre 2012). L’école, Darwin, les États-Unis et le créationnisme, [En ligne]. Adresse URL : http://www.bankexam.fr/actualite/ article/157-l%E2%80%99ecole-darwin-les-etats-unis-et-lecreationnisme 8 AGENCE FRANCE-PRESSE. (Page consultée le 20 octobre 2012). Dépôt d’un recours auprès de la Cour européenne, [En ligne]. Adresse URL : http://fr.canoe.ca/ infos/international/archives/2012/10/20121019-074344.html 9 RCI. Pas de débat en vue concernant le droit des fœtus, [En ligne]. http://www.rcinet.ca/francais/ blog/09_14_07_2012-09-27-pas-de-debat-en-vueconcernant-le-droit-des-foetus/ (Page consultée le 20 octobre 2012). 17 Notre jour viendra : Doit-on fuir la différence? Par Geneviève Pelletier Sciences de la nature Texte produit dans le cadre de Ciné-Philo L’ homosexualité, les cheveux roux, la vieillesse, les handicaps physiques, les handicaps intellectuels, l’ethnie, la couleur de la peau, la grandeur, la grosseur : ces termes ne vont pas de pair avec le concept de normalité chez les êtres humains. Dans le long métrage français Notre jour viendra, on expose cette thématique de la disparité sous plusieurs formes. La question qui se pose après son visionnement est : doit-on fuir cette différence? Ici, le verbe fuir se rapporte au fait de camoufler ou d’essayer d’oublier une situation en particulier. Pour ce qui est du mot différence, il signifie tout ce qui n’est pas considéré comme normal dans la société, en fait tout ce qui est en minorité, de l’apparence physique aux traits psychologiques. Ainsi, il est possible de réécrire cette question : devons-nous cacher à tous et à nous-mêmes les traits qui confirment que nous ne sommes pas comme la majorité des gens? Il est bien sûr évident, en ce qui me concerne, qu’il ne faut pas s’éloigner de notre vraie nature, même si elle fait de nous des êtres différents. En effet, cet éloignement de notre vraie nature n’apporte pas un rapport authentique avec la vie et ne permet pas à l’individu d’évoluer. D’abord, fuir la différence ne permet pas à l’homme d’avoir un rapport authentique avec la vie. En effet, tenter d’oublier la différence ne lui permet pas de se sentir vrai et bien dans sa peau. Dans le film, Remy, roux et possiblement homosexuel, n’accepte pas vraiment sa situation, ce qui se traduit par bon nombre d’actes violents envers ceux et celles qui représentent à ses yeux son opposé. Ainsi, Remy et Patrick arrivent en voiture devant une église où se déroule un mariage, battent des gens et forcent des hommes à s’embrasser. Ce désir reflète sans aucun doute son malaise et sa honte envers l’homosexualité, enfouis très profondément en lui. Il oblige des personnes à agir de la sorte parce qu’en quelque sorte il n’est pas en paix avec lui-même. Son seul moyen de se sentir normal est de faire subir aux autres ses désirs, afin de se convaincre que c’est bien. Or, quelqu’un qui affronte sa dissemblance n’a pas besoin d’agir de la sorte pour se convaincre qu’il est correct, car il vit bien avec sa différence. C’est pourquoi fuir la différence, dans ce cas-ci et dans plusieurs autres cas, ne permet pas à l’être humain de se sentir bien, en paix avec la vie, et le pousse à agir afin de se sentir mieux pour un instant. Pour vivre plus véritablement, il ne faut pas tenter de s’éloigner de sa vraie nature, même si elle est différente de celle de la majorité. Ensuite, fuir sa différence empêche l’homme de grandir, d’évoluer et de devenir meilleur. En effet, lorsqu’il fuit les traits de caractère qui le rendent différent des autres, l’homme ne peut pas évoluer parce qu’il est constamment ramené, dans tous ses gestes, à sa bête noire. Par exemple, si on reprend la thématique de l’homosexualité, dans le film, à un moment, on voit que Remy tente d’amorcer une histoire d’amour avec Vanessa. Au final, il la fuit alors qu’elle tente de l’embrasser. Par contre, un peu plus tard, il décide d’appeler Gaël, un jeune homme au style gothique, avec qui il a longtemps écrit en jouant à des jeux vidéo. On voit à ce moment la joie sur le visage de Remy, qui a enfin su s’accepter et se permettre d’être en amour. En affrontant son homosexualité, il a enfin pu trouver le bonheur et se donner la chance d’évoluer dans cette relation, tandis que la fuite ne lui a pas vraiment permis de passer à une étape supérieure dans sa vie amoureuse. Ainsi, s’éloigner de sa vraie nature, même si elle ne va pas dans le même sens que la majorité des gens, ne permet pas à l’homme de devenir plus fort, d’évoluer. En conclusion, personne ne devrait fuir la différence parce qu’elle ne permet pas un rapport authentique avec la vie et ne permet pas d’évoluer en tant que personne. Suite au visionnement du film Notre jour viendra, il serait pertinent de se questionner sur son but. Qu’est-ce que l’auteur cherchait à nous faire comprendre lorsqu’il a écrit le scénario? Que voulait-il exprimer? Car il est bien évident que le concept de la différence n’était qu’une roue de l’engrenage dans ce long métrage… L’Empreinte 18 En temps : Voler pour donner Par Maxime Labonté Sciences de la nature Texte produit dans le cadre de Ciné-Philo Qui n’a jamais vu un individu voler un briquet ou un paquet de gomme à mâcher dans un dépanneur? Cette question peut sembler banale. Pourtant, le geste commis ne l’est pas puisqu’il reflète un tas de valeurs. Un vol représente l’acquisition d’un bien contre la volonté de son propriétaire. Il est donc évident que voler n’est pas toléré par la loi et la religion. Pourtant, est-ce possible qu’une telle action soit considérée comme juste? Ce qui est juste est légitime et conforme au droit ainsi qu’à la raison. Quelqu’un qui vole en utilisant sa raison poserait donc un geste juste, comme Will Salas dans le film En temps. L’utilitarisme permet donc de légitimer certains vols. Aussi, voler peut remettre en place les idées de quelques riches profitant d’un système capitaliste. L’ utilitarisme est une doctrine qui prescrit toute action ou toute passivité de façon à maximiser de façon globale le bien-être des individus d’une société. Adopter cette doctrine, c’est avant tout évaluer les conséquences d’un acte sans se soucier de l’acte en particulier. Donc, même si un acte cause du tort à une personne ou à un petit groupe de personnes, ce n’est pas grave si cet acte permet d’aider une multitude de personnes et de leur apporter du bonheur ou de l’espoir. En ce sens, selon l’utilitarisme, il est légitime de voler un millionnaire pour répandre ses richesses à des milliers de familles défavorisées. Dans le film En temps, cette doctrine est mise en valeur de façon importante. La société est hyper capitaliste. Des zones sont même délimitées pour la répartition des richesses. « Vivre, c’est pour les riches. » Cette phrase tirée du film montre les grandes inégalités qu’il dénonce. Will Salas décide que c’en est trop et il vole des banques afin de redistribuer le temps à la population vivant dans le ghetto. Il juge son acte juste puisqu’il réduit la richesse de la bourgeoisie, sans pour autant détruire la vie de ses membres, pour ainsi permettre à la classe moyenne d’accéder à une vie meilleure. Voilà un exemple parfait d’utilitarisme qui rend le vol juste. De plus, certaines personnes sont tellement aveuglées par leur richesse personnelle et l’aisance de leur vie qu’elles ne prennent pas conscience de la souffrance des autres. Ce n’est pas un manque de sensibilité, mais plutôt un manque de conscience. Parfois, elles doivent vivre ce que les autres endurent pour développer cette conscience. Vers la fin du film, Will vole une voiture et du temps à un couple, bien sûr pour s’échapper, mais il leur laisse aussi assez de temps pour comprendre à quel point la vie de certains est difficile. En outre, beaucoup d’individus s’enrichissent en appauvrissant les autres. Cette situation n’est pas vraiment défendable puisque le bien personnel l’emporte sur le bien collectif. Ces immortels vivent de la mort des mortels. Voler à leur tour ces personnes peut compenser, en partie, ce qu’elles ont infligé aux autres. Il s’agit en quelque sorte de faire sa loi. De plus, les voler peut leur faire comprendre à quel point leur attitude est dégoûtante. « C’est du vol si c’est déjà volé? » Voilà qui illustre la mentalité de Will. D’ailleurs, il n’hésitera pas à voler Philippe Weis sans éprouver de remords. Ainsi, Philippe semble complètement chamboulé à la fin. Peut-être réalise-t-il qu’il n’a pas agi de façon convenable avec le peuple. Le voler aura peut-être changé ses valeurs. En somme, au premier regard, le vol peut être perçu comme une mauvaise action, mais on peut apporter une nuance importante et considérer cet acte comme légitime dans certaines situations. Voler peut être juste si c’est pour le bien d’autrui et si le nombre d’individus qui en bénéficient est relativement grand. Aussi, le vol peut servir de leçon à ceux qui vivent dans le luxe ou qui détruisent volontairement la vie des autres. Si voler peut être juste dans de telles situations, ce doit être parce que notre société n’est pas juste envers tous. Donc, une société plus juste serait peut-être exempte de vol. 19 Le néant et le spectacle Par Emanuel Guay Sciences humaines - Profil Sociétés-Monde D ans sa Critique de la philosophie du droit de Hegel, œuvre rédigée en 1843 durant son exil à Paris, Marx affirmait que « la misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple1. » Cette assertion, qui aura été l’objet d’une vive polémique, exprime une vérité constitutive quant à la formation des paradigmes sociaux, plus précisément sur leur rapport à tout ce qui est jugé négativement. Les sociétés humaines ont effectivement toujours refoulé certaines réalités hors du champ social, en les présentant comme taboues ou en évitant de les aborder directement. Le spectacle moderne, qui peut se définir comme « le discours ininterrompu que l’ordre présent tient sur lui-même, son monologue élogieux […] l’auto-portait du pouvoir à l’époque de sa gestion totalitaire des conditions d’existence2 », présente la même propension à exclure des éléments « inacceptables » de sa weltanschauung que l’institution idéologique qui le précède historiquement, soit le discours socialthéologique de la tradition judéo-chrétienne. Le registre des réalités refoulées, tant dans ces deux modèles de représentation que dans l’ensemble des schèmes explicatifs sociaux, peut se décliner en deux catégories générales, soit la sexualité et la mortalité. Nous nous intéresserons ici plus particulièrement à la mortalité, en exposant comment le discours spectaculaire contemporain en est venu à l’exclure de son paradigme et en explicitant, sur la base de l’analytique existentiale heideggérienne, en quoi cette exclusion a de graves conséquences sur le rapport de l’être humain à l’existence et au monde. 1 MARX, Karl. Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel, Paris, Éditions Gallimard, 1982, p. 383. 2 DEBORD, Guy. La Société du Spectacle, Paris, Éditions Gallimard, 1992, p. 26. On doit d’abord souligner que la conscience du néant qui accompagne toute vie est essentielle à notre compréhension du monde : « La mort, en effet, fonde la culture, puisque c’est la reconnaissance par l’espèce humaine du fait thanatique qui permet la distinction entre le sacré et le profane et que toute culture n’est qu’une variation sur cette distinction-là. Ce que le groupe humain fait de la mort se trouve au cœur de sa culture et conditionne ses mythes, ses rites, ses cultes, sa façon “d’être au monde” et de se représenter son avenir3. » Ce qui distingue la société du spectacle, « où la marchandise se contemple elle-même dans un monde qu’elle a créé4 », c’est que son rejet de la mort s’exprime dans cette logique de la totalisation marchande qui la caractérise. L’archétype idéal moderne, omniprésent dans les médias, du corps éternellement jeune et en bonne santé, le refus du vieillissement et de la déliquescence corporelle qu’il suppose, ne sont en fait que la symbolisation actuelle de l’angoisse provoquée par notre finitude et son instrumentalisation à des fins commerciales. Les individus se conforment à ces représentations hypostasiées en affichant des masques sociaux, qui « n’ont rien perdu de leur efficacité. Voyez combien la sincérité est “interdite” face à la mort : on se doit de cacher la vérité au mourant, on se doit de ne pas afficher sa douleur lors du décès d’un proche et feindre “l’indifférence” […] c’est le repli sur soi, la “réserve” ou l’intériorisation qui caractérise [la société moderne] 5. » Les constats énoncés ci-dessus nous permettent d’affirmer, en adéquation avec la théorie heideggérienne, que le refus de la mort est une négation d’un aspect fondamental de la vie et une entrave à 3 JAVEAU, Claude. Mourir, Bruxelles, Les Épéronniers, 1988, p. 32-33. 4 DEBORD, Guy. La Société du Spectacle, Paris, Éditions Gallimard, 1992, p. 47. 5 LIPOVETSKY, Gilles. L’ère du vide, Saint-Amand, Éditions Gallimard, 1983, p. 95. L’Empreinte 20 sa pleine appréciation. En effet, la « dictature du On », qui désigne chez Heidegger l’espace impersonnel et inauthentique dans lequel évoluent les individus en tant « qu’être-avec », exerce son emprise sur eux en réglementant le comportement convenable envers la mort. Ainsi, « l’être-pour-lamort prend comme mode d’être celui d’une échappatoire devant cette mort1 », une attitude qui nous amène à refuser l’angoisse fondamentale qui nous caractérise. En admettant le néant au fondement de notre réalité, nous restituons à l’existence son authenticité, nous nous révélons à nous-mêmes en tant qu’existants toujours-déjà pro-jetés dans le monde et sans cesse promis à la finitude. Il faut donc éviter de sombrer dans un sommeil dogmatique qui nous conduirait à ne pas considérer pleinement la primauté de la mort dans nos vies. En conclusion, le déni de la mort, tel que structuré par l’ensemble des systèmes représentatifs sociétaux, est une entrave à la prise de conscience permettant une pleine présence au monde et à ses possibilités. Une réflexion authentique exige donc de renoncer à l’oubli de notre finitude et de considérer l’existence dans toute sa grandeur tragique. Comme l’aura exprimé Camus, « il faut imaginer Sisyphe heureux2. » 1 HEIDEGGER, Martin. Being and Time, New York, Harper & Row, 1962 p. 304 (Traduction libre). 2 CAMUS, Albert. Le mythe de Sisyphe, Saint-Amand, Éditions Gallimard, 1973, p. 166. 21 Sur la valeur du naturalisme social Par Emanuel Guay Sciences humaines - Profil Sociétés-Monde L’ un des systèmes de références idéologiques les plus couramment employés comme mode d’interprétation des réalités sociales est celui du « naturel ». Utilisé dans toutes les sphères de l’activité humaine, tant dans la réflexion courante (vous avez certainement déjà entendu quelqu’un s’exclamer : « C’est normal que les gars fassent [insérer un comportement vulgaire et/ou violent ici], c’est dans leur nature! ») que dans un certain nombre de discours scientifiques, le « naturel » est souvent présenté comme une vérité à la fois indéfinissable et indiscutable, supposée expliquer les évènements et, par conséquent, les justifier. Nous nous proposons de faire ici une brève critique de ce postulat, qui « sert depuis longtemps à légitimer de nombreuses formes institutionnalisées de déséquilibre des pouvoirs, y compris l’oppression raciale et sexuelle1 » et qui nous apparaît comme une réponse mécanique et facile, donc une entrave au véritable questionnement sur les divers enjeux contemporains. Afin de bien saisir l’ampleur de la problématique, certains constats doivent être explicités. En premier lieu, les individus configurent encore aujourd’hui leur manière d’être par rapport à des cadres identitaires, n’en déplaise à certaines mouvances idéologiques prétendant que le sujet moderne a « pris conscience de lui-même » et qu’il incarne le résultat de sa volonté personnelle. Ces cadres identitaires, qu’ils soient sexuels, ethniques, religieux, etc., se définissent par rapport à leurs contraires, structurant ainsi un système de différenciation qui comprend un certain nombre d’oppositions binaires telles que naturel/nonnaturel, normal/anormal, sain/pathologique… En second lieu, ces cadres identitaires, en tant que constructions symboliques, trouvent leur expression matérielle en servant de base à une distribution sociale particulière du pouvoir. Cette « continuité entre les conditions matérielles et les 1 FRANKLIN, Sarah et Jackie STACEY. Le point de vue lesbien dans les études féministes, Paris, 1991, p. 128. formes de la conscience2 » renforce la division effectuée par ces dispositifs de catégorisation des individus en groupes homogènes et opposés l’un à l’autre. Cet antagonisme est mis en évidence par le mépris de certains à l’égard de ceux qui « s’écartent » des standards : mentionnons, à titre d’exemple, l’homophobie, qui peut se définir comme « la discrimination envers les personnes qui montrent, ou à qui l’on prête, certaines qualités ou défauts attribués à l’autre genre3 ». L’homophobe suppose que les caractéristiques traditionnellement accordées aux hommes et aux femmes ne peuvent « s’intervertir » et refuse conséquemment tout ce qui pourrait contredire ses représentations statiques (et supposément « naturelles ») des identités masculine et féminine. Une telle intolérance doit être comprise comme le résultat d’une réduction des réalités humaines à quelques catégories auxquelles les individus devraient impérativement se conformer. Il est alors évident que les cadres identitaires rigides sont contraires à toute démarche intellectuelle sérieuse, dont le mandat est d’expliquer et de comprendre son objet d’étude. Les constats énoncés ci-dessus dévoilent l’un des défauts majeurs de notre paradigme culturel, qui « nous apprend à penser la différence de manière très négative […], c’est-à-dire en termes de conflit, d’opposition, de hiérarchie et de domination4 .» Une telle étude nous invite à poser un nouveau regard sur notre rapport à autrui, un regard qui nous amènerait « à considérer la différence comme une potentialité plutôt que comme un danger5 » et qui favoriserait conséquemment le vivre-ensemble. 2 GUILLAUMIN, Colette. Le corps construit, Paris, 1992, p. 119. 3 WELZER-LANG, Daniel. Pour une approche proféministe non homophobe des hommes et du masculin, Toulouse, 2000, p. 121. 4 FRANKLIN, Sarah et Jackie STACEY. Op. cit., p. 134. 5 Ibidem. L’Empreinte 22 NOUVELLES DIVERSES L’union fait la force Par Sabrina A.-Latulippe Littérature, théâtre et technologies L e 27 octobre dernier avait lieu l’enregistrement de l’émission L’union fait la force, dans les studios de Radio-Canada. Effectivement, Claudia Raby, Marie-Pierre Gagné et Christian Jacques, trois professeurs de notre école, ont participé à ce jeu télévisé afin d’amasser des sous pour le SAFRAN, le Service d’aide en français disponible au Cégep de Lévis-Lauzon. C’est en compagnie de la comédienne Catherine Trudeau qu’ils ont affronté l’équipe adverse, soit celle du MBA de l’Université Laval, qui était accompagnée de l’humoriste Réal Béland. En jouant à plus d’une dizaine de jeux faisant appel à leurs capacités intellectuelles, visuelles et auditives, ils ont réussi à amasser 3000 $ afin d’offrir de meilleures conditions aux tuteurs et aux usagers du SAFRAN. En plus des trois professeurs participants, plus de 50 autres personnes étaient présentes afin de soutenir la cause du SAFRAN. En effet, Claudia Raby, Marie-Pierre Gagné et Christian Jacques étaient accompagnés de leurs parents, familles, amis, collègues et étudiants qui les appuyaient dans cette belle aventure. C’est donc dans le plaisir et la bonne humeur que cette journée s’est déroulée... et terminée avec 3000 $! Bravo à nos trois professeurs qui nous ont prouvé que l’union fait vraiment la force! Vous pouvez être fiers de vous. * L’émission sera diffusée du 17 décembre au 21 décembre, sur les ondes de Radio-Canada à 17 h 30. APPEL DE TEXTES Bourse Thomas de Koninck Encore une fois cette année, le Département de philosophie et ses enseignants vous invitent à participer à un concours vous permettant de faire surgir le philosophe caché en vous! En effet, vous avez l’occasion de rédiger un texte portant sur une question fondamentale intimement liée à de multiples facettes de votre vie quotidienne. Les questions de cette année 1. Le nationalisme est-il dépassé? 2. Peut-on fonder son identité en écartant le jugement des autres? Pourquoi y participer? Courez la chance de gagner une bourse de 200 $! En plus d’être présentée dans la prochaine édition du journal L’Empreinte, votre rédaction vous amènera à développer vos habiletés en philosophie tout en améliorant votre compréhension d’une réalité humaine incontournable. Pour plus d’informations, demandez à votre professeur de philosophie! Faites connaître votre programme technique en publiant dans L’Empreinte! Vous aimeriez présenter votre programme d’études techniques? Faire part de vos bons coups? Souligner le travail des gens qui s’illustrent chez vous? Publier à l’échelle du cégep le fil des événements qui s’organisent dans votre département? L’Empreinte attend vos textes pour l’édition de l’hiver 2013, permettant ainsi à tous ses lecteurs d’être bien informés des actualités de votre programme. Faites parvenir vos nouvelles et vos textes d’information à l’adresse suivante : [email protected] 23 J?GQQCÙR?ÙK?POSC· uAPGQÙB?LQ !MLR?ARCÙ+?PGC.GCPPCÙ%?ELÙJCRRPCQÙN?PÙ+GM