Partie 2 - Banyuls-sur-mer
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Partie 2 - Banyuls-sur-mer
PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement # Géologie La géologie précise de la commune de Banyuls-surMer et de ses alentours apparaît incomplète puisque les planches géologiques d’échelle 1 : 50.000 de la région n’ont pas encore été réalisées par le BRGM. Il est toutefois possible d’appréhender le contexte géologique global de la zone de Banyuls-sur-Mer La diversité et l’histoire géomorphologique des Pyrénées, induit une réelle richesse géologique et lithographique. C’est également le cas pour le chaînon des Albères, qui constitue une entité principalement schisto-cristalline. Sa partie orientale est formée par des schistes métamorphiques en date, pour partie, du Cambrien, tandis que sa partie occidentale est plutôt composée de roches cristallines et feuilletées (gneiss, micaschistes à biotite, et parfois des calcaires). A cela s’ajoutent d’importantes et anciennes quantités d’alluvions déposées par les cours d’eau du nord et de la Plaine du Roussillon. Les roches présentes à Banyuls-sur-Mer sont donc constituées de schistes, de micaschistes et surtout de phyllades (schistes métamorphisés) grises à patine rousse ferrugineuses. Ces roches sont disséquées en longues crêtes qui séparent des vallées encaissées. Le substratum est abondamment faillé et présente une micro-fracturation de surface. Son altération conduit à un sol peu épais, argileux et fortement sensible à l'érosion. On en distingue trois grandes catégories : les sols bruns occupés par le boisement en altitude, les xérorankers de maquis, occupés par la bruyère, le ciste, le genêt et la lavande, qui couvrent la plus grande superficie à l'altitude intermédiaire, les sols du vignoble du Banyuls caillouteux et peu épais (15 à 45 cm), en dessous de 300 m d'altitude. Les fonds de vallée sont occupés par des formations alluviales torrentielles généralement peu épaisses, constituées de débris de schistes mal roulés englobés dans une matrice sablo-limoneuse. Dans les parties basses des cours, ces remplissages peuvent prendre la forme de véritables terrasses alluviales parfaitement planes dominant de quelques mètres le lit mineur de la rivière. France, six SDAGE ont été élaborés, correspondant aux 6 grands bassins hydrographiques français. Ces documents ont pour objectif de définir les grandes orientations d'une gestion équilibrée de la ressource en eau. Depuis peu, la Corse bénéficie de son propre SDAGE, bien qu’elle dépende toujours de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée. La commune de Banyuls-sur-Mer relève du SDAGE Rhône-Méditerranée 2010-2015, approuvé le 17 décembre 2009. Le SCOT Littoral Sud assure la relation de compatibilité avec ce SDAGE pour les documents d’urbanisme de rang inférieur. Localement, la commune de Banyuls-sur-Mer fait partie du SAGE Tech-Albères. Ce SAGE est en cours d’élaboration, il couvre l’ensemble du bassin-versant du Tech ainsi que les bassins versants des fleuves côtiers situés entre l’embouchure du Tech, à Argelèssur-Mer, et la frontière Espagnole. + Eaux souterraines # Hydrographie + SDAGE et SAGE La loi sur l'eau (loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau) a pour objet en France de garantir la gestion équilibrée des ressources en eau. Dans cet objectif, elle a créé deux outils principaux : le SDAGE (Schémas Directeurs d'Aménagement et de Gestion des Eaux) et les SAGE (Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux). Ce modèle français de gestion de l'eau par grands bassins hydrographiques a été repris par la directive cadre européenne sur l'eau (DCE) du 23 octobre 2000 qui fait du "district" hydrographique l'échelle européenne de gestion de l'eau. La DCE a été transposée en droit français par la loi du 21 avril 2004 et appliquée en France à travers les SDAGE. En La commune de Banyuls-sur-Mer est entièrement concernée la masse d’eau souterraine « Domaine plissé Pyrénées axiales dans le bassin-versant du Tech, du Réart, et de la côte Vermeille » (FRDG617). Il s’agit d’une nappe à écoulement libre, intensément plissée, affleurante sur la totalité de sa superficie, soit 799 km². + Eaux superficielles Le réseau hydrographique des Pyrénées-Orientales est caractérisé par une structure composée de 3 fleuves parallèles, le Tech, la Têt et l’Agly, coulant selon un axe ouest-est. Sur la commune de Banyuls- Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 29 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement sur-Mer, le réseau hydrographique s’articule également autour d’un cours d’eau côtier d’axe ouestest, la Baillaury. A l’exception des quelques linéaires temporaires très courts, au nord et au sud de la façade littorale communale, le réseau hydrographique de la commune est uniquement composé de la Baillaury et de ses nombreux affluents (Ruisseau des Abeilles, Rec de la Rovida, Rec de Vall Pompo…), formant tout de même un chevelu relativement dense. La particularité de ce cours d’eau réside dans son fonctionnement de type oued sur sa partie aval : son écoulement dépend très largement des précipitations, il peut donc rester à sec pendant de longues périodes en l’absence de précipitations. Par ailleurs, son bassin versant est relativement vaste (environ 34 km²) et sa pente moyenne importante (environ 13%). Sur une période de calcul égale à 42 ans, et pour la station donnée à Banyuls-sur-Mer, le débit moyen mensuel de la Baillaury varie de 0,38 m³/s en Janvier à 0,007 m³/s en Juillet, avec un écoulement moyen annuel d’environ 0,20 m³/s. Les écoulements moyens mensuels sont présentés sur l’hydrogramme cidessous. B | Contexte climatique Graph 1 : Débit moyen mensuel sur 42 ans de la Baillaury à Banyuls-sur-Mer Source : Banque Hydro Le type de débit dit « d’oued » est ici bien visible, avec des écoulements quasi-nuls durant l’été, surtout sur l’amont du cours d’eau. Malgré des débits moyennés relativement faibles en hiver, et des épisodes de crues parfois très violents, ce cours d’eau présente une variabilité très importante de son débit. A propos des crues violentes de la Baillaury, notons qu’en octobre 1987, un débit maximal instantané de 169 m³/s a été mesuré à Banyuls-sur-Mer, une valeur incomparable avec les débits moyens mesurés sur ce cours d’eau. + Eaux littorales En sus, du réseau hydrographique et des eaux souterraines, il est nécessaire de considérer les masses d’eau côtières dans le cas d’une commune littorale comme Banyuls-sur-Mer. Conformément au découpage de la DCE, la commune de Banyuls-surMer est concernée par la masse d’eau côtière « Frontière espagnole - Racou Plage » (FRDC01). 30 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 Malgré la proximité de la chaîne Pyrénéenne, la commune de Banyuls-sur-Mer se trouve plutôt sous l’influence d’un climat méditerranéen. Ce dernier est caractérisé par des hivers doux et des étés chauds, un ensoleillement important et des vents violents fréquents. On observe peu de jours de pluie, irrégulièrement répartis sur l'année. A des hivers et étés secs succèdent des printemps et automnes très arrosés, souvent sous forme d'orages (40 % du total annuel en 3 mois). Ces précipitations peuvent apporter en quelques heures 4 fois plus d'eau que la moyenne mensuelle en un lieu donné, notamment à proximité des reliefs. Cela peut être le cas à Banyulssur-Mer, aussi le contexte géographique particulier de la commune contraint à considérer le climat montagnard comme source d’influences non négligeables en certaines conditions climatiques. # Températures et ensoleillement Le graphique suivant indique les mesures de la température minimale et maximale, relevées mois par mois, pour la période 1981-2010. Les mois les plus chauds sont juillet et août, alors que janvier et février sont les mois les plus froids. L’amplitude thermique, différence entre la moyenne minimale (11.3°C) et la moyenne maximale (20.1°C), est modérée. La durée d’ensoleillement est de 2465 h. /an. PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement # 35 30 25 20 15 10 5 0 1 2 3 4 5 6 7 T° min mensuelle 8 9 10 11 12 T° max mensuelle Graph 2 : Normales minimales et maximales mensuelles sur la période 1981-2010 pour la commune de Banyuls-sur-Mer Source : Météo France Précipitations # L’histogramme suivant indique les normales mensuelles de précipitations calculées pour la période 1981-2010.On notera des hauteurs relativement modestes et une présence de la pluie très inégalement répartie tout au long de l’année, avec les périodes les plus sèches durant les mois estivaux. Un pic est tout de même lisible à la période automnale, propice aux orages. Notons que les normales mensuelles ne sont peu significatives tant les précipitations sont violentes et très localisées dans le temps et dans l’espace. Régime des vents La rose des vents indique la fréquence relative (%) des directions du vent par classe de vitesse. Les directions sont exprimées en rose de 360° (360° = Nord ; 90° = Est ; 180° = Sud ; 270° = Ouest). La rose de METEOFRANCE a été établie à partir de mesures trihoraires de vent (vitesse moyennée sur 10 minutes), relevées à Perpignan (station géographiquement la plus proche de Banyuls-sur-Mer pour les mesures de vents) entre 1991 et 2010. 80 350 70 300 60 250 50 200 40 150 30 20 100 10 50 0 0 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 12 Graph 3 : Cumul mensuel des heures d’ensoleillement à Banyuls-sur-Mer Source : Météo France Graph 4 : Normales mensuelles de précipitations pour la période 1981 – 2010 à Banyuls-sur-Mer Source : Météo France Figure 3 : Rose des vents normale à Perpignan entre 1991 et 2010 Source : Météo France Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 31 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement L’orientation nord-ouest domine clairement la répartition des vents sur la région de Perpignan, les vents associés y sont par ailleurs relativement violents (>8 m/s). La situation de vents à Perpignan est facilement extrapolable à la commune de Banyuls-surMer, compte tenu de sa localisation géographique. Le principal vent dominant est ici la Tramontane (nordouest), et le Marin (sud-est) Le socle environnemental de Banyuls-sur-Mer a étroitement conditionné l’organisation de la commune. Les secteurs situés sur de fortes pentes, exposés au ruissellement (roche) et les secteurs les plus inondables (talweg) ont également conditionnés les déplacements et l’implantation de l’urbanisation. C | Occupation du sol L’occupation du sol de la commune de Banyuls-surMer est très majoritairement naturelle. La commune peut être schématiquement découpée en 3 parties, d’ouest en est : naturelle, agricole (viticole), et urbaine. D’après le référentiel Corine Land Cover (2006), l’occupation naturelle du sol est faiblement forestière (localisée principalement sur les hauteurs) et majoritairement composée de végétation arbustive en mutation et de végétation sclérophylle de type maquis. L’activité agricole est essentiellement caractérisée par la viticulture, parfois interrompue par des espaces naturels de type formations arbustives en mutation. L’urbanisation est caractérisée par un tissu urbain continu et dense autour du centre, et par une zone urbaine discontinue le long du littoral vers le sud-ouest ainsi que dans l’intérieur des terres le long de la Baillaury. 32 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Carte 11 : Occupation du sol sur la commune de Banyuls-sur-Mer (Source : CLC 2006) Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 33 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement D | Le grand paysage L’Atlas des Paysages disponible auprès de la DREAL Languedoc Roussillon, situe la majeure partie du territoire communal de Banyuls-sur-Mer dans l’unité paysagère « la côte rocheuse des Albères et son vignoble ». La partie Sud-Ouest du territoire étant couverte par l’unité « Le massif des Albères ». # Une côte rocheuse découpée en caps et baies La côte rocheuse constitue l’ensemble des versants Est du massif des Albères qui plongent directement dans la mer. Le massif schisteux, érodé par les cours d’eau dévalant des pentes raides, est compartimenté par une succession de vallées perpendiculaires au littoral, en forme d’amphithéâtres et séparées par des lignes de crêtes dominant des pentes escarpées. # Des pentes schisteuses, arides et peu boisées Les pentes abruptes des Albères présentent aujourd’hui une végétation naturelle rase de type maquis (cistes, romarins, bruyères et ajoncs). Seuls quelques sites abrités des vents violents (Tramontane de secteur nord, Marinade ou vent de la mer, et le vent d'Espagne) et n'ayant pas subi d'incendies récents, accueillent quelques boisements de chênes-lièges, chênes verts, pins parasols ou pins maritimes, que l'on retrouve parfois jusqu'en bord de mer. La végétation arborée valorise alors tout particulièrement le paysage littoral. # Des vues remarquables depuis les pentes Les Albères constituent un balcon naturel ouvert sur la mer qui offre des panoramas remarquables sur toute la côte rocheuse, mais aussi sur les pentes du massif, ainsi que sur la plaine du Roussillon et la côte sableuse. Les voies de communication sont de véritables « routes-paysage ». La route du littoral (RD914) serpente entre les baies et les caps et offre des vues sur les falaises schisteuses, les ports, les criques. La petite route qui grimpe sur les versants (RD86), aussi appelé route de crête, surplombe tous les sites en amphithéâtre des différents ports. # Des pentes sculptées par les terrasses viticoles L'essentiel des pentes littorales des Albères apparaît couvert d'un vignoble en terrasses qui compose l'étonnant terroir du Cru Banyuls. Dominé par le schiste, les sols de la Côte Vermeille produisent l’identité du paysage de vigne. Les nuances de rouge marron et gris teintent le vignoble. Les sols sont très minces, pierreux et acides. Le vignoble façonne ainsi les paysages des différentes baies de la côte et constituent l'écrin des ports qui s'y sont abrités. Les versants sont véritablement sculptés pour accueillir les ceps de vignes, avec une maîtrise exceptionnelle des techniques agricoles traditionnelles adaptées au difficile milieu naturel : pente raide, pluie violente. L’ensemble des processus/structures mises 34 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 au point par l’homme afin d’exploiter les versants des Albères dessinent un paysage géométrique remarquable, caractéristique du terroir viticole de la Côte Vermeille. # Des villages-ports composant des sites bâtis remarquables dans les baies Banyuls-sur-Mer est une petite ville construite dans une baie en forme de fer à cheval entre le cap d'Ona et le cap du Troc. Le village vivait de la pêche et de la viticulture, cette dernière ayant peu à peu pris le dessus, avec la renommée des vins de Banyuls. Aujourd'hui, elle constitue la principale activité de la ville avec le tourisme. L'urbanisation récente s'est développée autour de la vieille ville construite au fond de la baie : elle s'étend largement de part et d'autre sur les pentes avec quelques émergences de bâti qui marquent le paysage de la baie. PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Le paysage de la Côte Vermeille est avant tout connu pour son paysage viticole singulier, site remarquable dont les pentes ont été sculptées par les vignerons durant des siècles. Ce paysage exprime aujourd’hui des signes de changements (friches, murets non entretenus, écoulements d’eau bétonnés…) témoignant entre autre d’un maintien difficile de l’activité viticole de plus en plus concurrencée par l’attractivité touristique dont elle est paradoxalement l’un des moteurs. La charte paysagère environnementale du vignoble de la Côte Vermeille, menée par le Syndicat des AOC de Banyuls et de l’AOC Collioure en partenariat avec la DREAL Languedoc Roussillon, a pour finalité de contribuer à la gestion, préservation et valorisation de paysages vivants et économiquement rentables. Chaque signataire s’est engagé à participer à la mise en œuvre d’actions opérationnelles dont il a validé les objectifs et le calendrier de réalisation. Ci-contre les actions de gestion, préservation et valorisation du paysage définit dans le cadre de la charte : Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 35 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement At Figure 4 : Le système du peu de gall (réseau pluvial en patte de coq) : terrasses horizontales retenant le sol, rigoles obliques et collecteur central évacuant l’eau) Figure 5 : Un amphithéâtre tourné vers la mer Extrait Google Earth – Banyuls-sur-Mer Source : Atlas des paysages DREAL Languedoc Roussillon 36 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Tendance d’évolution des paysages viticoles # Le paysage de Banyuls-sur-Mer est depuis bien longtemps marqué par les activités agricoles. C’est surtout à partir du XIIième siècle après JC, avec le développement de la viticulture, que le paysage s’est transformé. Les templiers, qui ont déployé cette activité, ont su dompter la terre pour y assurer cette culture. Ont ainsi été façonnés à cette époque plus de 6.000 km de murettes en schiste qui soutiennent les terrasses qui descendent jusqu’à la Méditerranée. « Pendant des siècles, la question de la conservation et de la gestion du paysage viticole ne s’est pas réellement posée. Chaque famille avait au moins une vigne qu’elle cultivait en dehors de son activité professionnelle, ce qui permettait aux dites familles non seulement de recevoir et de transmettre un patrimoine, mais aussi d’apporter un complément financier au foyer. Le maintien du vignoble était donc fondé sur des pratiques sociales et familiales héritées, et les pratiques culturales étaient calquées sur celles des aînés. »1 Depuis le XXIème siècle, les évolutions sociétales et le contexte économique pressentent un tout autre avenir en ce qui concerne le vignoble. Afin de s’aligner sur la concurrence, les pratiques et des modes de production ont dû s’adapter. Certains terrains, vierges de toute activité, ont été modelés afin de correspondre aux nouvelles méthodes de culture. 1 Les habitants ont pris conscience de la dangerosité de la situation. Une volonté de conserver le patrimoine existant et les pratiques traditionnelles s’est affirmée afin de valoriser le vignoble de Banyuls. Cette préservation est d’autant plus importante que le vignoble participe pleinement au caractère identitaire du territoire, à sa qualité environnementale (protection contre les risques, intérêt écologique…), et économique (renommée du cru, tourisme…). De multiples mesures ont vu le jour dans le but de valoriser le cru, et ses paysages : AOC « Banyuls » (décret obtenu en 1936) et AOC « Banyuls Grand Cru » (obtenu en 1962). Le terroir a reçu le label "Paysage de reconquête" en 1993, accordé aux sites remarquables soutenus par des activités économiques. Des mesures agro-environnementales ont été initiées en 1996, notamment celles visant la sauvegarde et le développement des murets, à la sauvegarde et valorisation du foncier (les OGAF : opération groupée d'aménagement foncier). La qualité patrimoniale du paysage de Banyuls-surMer est étroitement liée à la qualité de se son vignoble. Pour assurer le maintien de ce patrimoine, le vignoble Banyulenc est perpétuellement en mutation. Il s’adapte en continu de manière à assurer la durabilité de ses pratiques. A ce titre, l’importance de la transmission du savoirfaire est primordiale pour assurer la conservation de ce paysage patrimoniale. A cette fin, la profession s’organise pour valoriser le savoir-faire au travers de charte et formations se mettant en place : Charte paysagère, école de sommeliers…Egalement, une demande d'inscription au titre du patrimoine mondial de l'Unesco est en préparation. Figure 6 : Les pentes viticoles scarifiées par les peus de gall, ici dans le périmètre classé du bassin de la Baillaury Atlas des paysages DREAL Languedoc Roussillon En plus des mesures de protection, la profession s’est structurée pour mieux résister à la concurrence. Des regroupements d’exploitants ont vu le jour à partir de 1950, tels que le GICB ou bien encore l’Etoile. D’autres, plus récents, sont également apparus : GIEE et le GIE. Ces regroupements d’exploitants assurent une force d’action plus efficace, en ce qui concerne la reconnaissance de leur vignoble, notamment dans le but d’accéder à des subventions leur permettant, entre autre, d’entretenir les parcelles. Site internet Banyuls-sur-Mer Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 37 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement # Approche sensible et visuelle Carte 12 : Carte sensible des espaces de Banyuls-sur-Mer Source : SCE Le vignoble de la côte Vermeille Carte 13 : Carte des principaux champs visuels de la commune Source : SCE Lieu de rencontre entre la mer et la montagne, le paysage résulte de l’activité viticole et du travail des vignerons qui façonnent depuis des siècles un paysage ouvert et singulier, d’une lisibilité remarquable. Le massif des Albères Animé par un relief accidenté, l’ensemble du relief s’organisa en amphithéâtre orienté vers la mer et constitue un point d’observation panoramique sur l’ensemble du territoire. La côte rocheuse Une alternance : - De caps rocheux aux falaises abruptes et au caractère sauvage et naturel préservé de baies où se sont implantés les villes et villages comme Banyuls-sur-Mer, dont le développement urbain a été rapidement contraint par le socle géographique. 38 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Au regard des lignes de force paysagères du littoral Banyulenc, peuvent être mis en avant les enjeux suivants : + La préservation le caractère sauvage et naturel du trait de côte en : o préservant une gestion naturelle, o conservant une végétation indigène, o protégeant les relations de co-visibilité. + La préservation du paysage de vignoble de la Côte Vermeille en : o Evitant la spéculation foncière des terrasses viticoles, o Maintenant le patrimoine hydraulique (peu de gall), + L’encadrement des extensions urbaines en harmonie avec l’identité paysagère de la commune : o Par traitement des franges et des limites paysagères par exemple entre limites urbaines et vignobles, o En préservant les lignes de crêtes de toutes constructions. + La préservation des relations visuelles remarquables par : o La mise en scène des pics, éléments de repère dans le paysage, o La gestion des vues depuis les « routes paysage ». Figure 7 : Un tissu urbain structuré autour des baies et formant d’importantes relations de covisibilité de part et d’autre du tissu urbain- Baie de Banyuls - Photographie SCE Figure 8 : Relation de co-visibilité rapprochée autour de la Plage des Elmes : un paysage sensible aux transformations liées à l’urbanisationPhotographie SCE Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 39 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Figure 9 : Panorama depuis une ligne de crête – à proximité de la rue de la Soulane : une urbanisation visible de part et d’autre des versants des collines- Photographie SCE Figure 10 : Panorama depuis la route des crêtes sur la baie de Banyuls, Notre Dame de la Salette sur la droite Photographie SCE 40 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Figure 11 : Un paysage structuré par une succession de plans (du trait de côte, aux versants naturels du Massif des Albères) dont l’équilibre entre paysage urbain / paysage naturel est précieux et dessine l’identité paysagère communale - Photographie SCE Figure 12 13 : L’identité paysagère communale est caractérisée par la prépondérance et la qualité des paysages naturels et sauvages des Albères au sein du tissu urbain. Cette délicate juxtaposition est à préserver : enjeux paysagers au niveau des lignes de crêtes et lignes d’horizon - Photographie SCE Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 41 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement # Analyse du Front de Mer Figure 14 : Analyse du front de Mer - production SCE sur la plage des Elmes 42 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement 2| Etat Initial de l’Environnement A | Patrimoine naturel # Eléments contextuels de la biodiversité Nous assistons aujourd’hui à un déclin de la biodiversité non seulement patrimoniale mais aussi ordinaire. Ainsi, selon l’UICN (2010), 1 espèce d’oiseaux sur 4, 1 espèce d’amphibiens et de reptiles sur 5 et 1 espèce de mammifères sur 10 sont menacées de disparaître en France. S’alarmer et agir afin d’enrayer la perte de cette biodiversité est donc nécessaire pour léguer aux générations futures le patrimoine naturel dont nous avons hérité. Au-delà de cet aspect patrimonial de la nature, la biodiversité revêt une importance capitale car elle procure à l’homme de nombreux biens et services qui nous sont indispensables : eau, nourriture, médicaments, vêtements, etc. Elle incarne même la première « entreprise » du monde en étant à la base du développement économique de secteurs comme l’agriculture, la santé, le tourisme et les loisirs. L'Union européenne chiffre ainsi la valeur financière des biens et services fournis par les écosystèmes à plus de 26 000 milliards €/an, soit près de deux fois la valeur de ce que produisent les humains chaque année. Le rapport d'étape de Pavan Sukhdev en 2008 estime quant à lui que la perte de biodiversité coûterait entre 1 350 et 3 100 milliards €/an au monde en 2050. Ces services qu’ils soient directs ou indirects peuvent se décliner selon les 3 piliers du développement durable (cf. tableau suivant). L’existence de ces nombreux services pour les populations implique une responsabilité d’intérêt général des territoires envers leur source : la biodiversité. Les espèces emblématiques ne sont donc pas les seules à devoir faire l’objet d’une attention particulière puisque les espèces dites « ordinaires » ont une importance majeure dans le bon fonctionnement des écosystèmes et des services qu’ils produisent. Services environnementaux • Fertilité et protection des sols : Les organismes du sol permettent de maintenir et d’améliorer la fertilité du sol en renouvelant sa structure, en décomposant la matière organique et en facilitant l'assimilation des nutriments minéraux disponibles pour les plantes. • Lutte contre l’érosion : La végétation constitue un véritable piège pour les sédiments et limitent ainsi l’érosion des sols ou des berges des cours d’eau. • Amélioration de la qualité des cours d’eau : La végétation rivulaire ainsi que les zones humides permettent la filtration des intrants agricoles, des hydrocarbures et des métaux lourds transportés par les eaux pluviales. • Lutte contre les inondations : Les milieux humides asscoiés aux cours d'eau permettent leur expansion et stockent l’eau. Ils permettent alors de retarder et de diminuer les pics de crue mais aussi les pics de sécheresse. La végétation favorise aussi l’infiltration de l’eau et diminue alors les risques d’inondations. • Amélioration de la qualité de l’air • Régulation du climat et réduction des îlots de chaleur urbains Services économiques • Filière bois énergie : La gestion du bocage et des boisements participe au développement de la filière bois énergie (chaufferie bois). • Attractivité territoriale et développement de l'économie du tourisme et des loisirs • Création d’emplois en lien avec le patrimoine naturel Services sociaux • Qualité du cadre de vie et identité territoriale : La biodiversté améliore la qualité paysagère des territoires et met en valeur son patrimoine bâti et naturel. Elle présente parfois une dimension historique, qui en fait une composante indéniable de l'identité des territoires (vignes, landes littorales, garrigue). • Bien être des habitants : Les miliuex naturels sont des supports de nombreuses activités récréatives, de loisirs ou de déplacement doux (promenade, pistes cyclables, cavalières, etc.). En effet, ces milieux sont associés à des espaces de calmes où les nuisances sonores sont faibles et où le cadre est agréable. • Education à l'environnement et sensibilisation • Inspiration culturelle et artistique • Image valorisante du territoire Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 43 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Face au constat d’artificialisation du territoire français et de perte de biodiversité, le Grenelle de l’environnement demande aujourd’hui aux collectivités territoriales d’agir pour freiner la dégradation et la disparition des milieux naturels et de les relier entre eux pour maintenir la connectivité entre les espèces et les milieux. Afin de favoriser la cohérence des politiques publiques, le Grenelle a eu des répercussions à la fois dans le code de l’environnement et le code de l’urbanisme. La loi n°2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement (Grenelle 1) apporte : Une modification du code de l’urbanisme en introduisant dans l’article L. 110 la préservation de la biodiversité ; notamment par la conservation, la restauration et la création de continuités écologiques. Dans le code de l’environnement, l’objectif de création d’une TVB d’ici fin 2012, la TVB constitue un des outils en faveur de la biodiversité. La loi n°2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement (Grenelle 2) apporte : Une inscription des continuités écologiques dans le code de l’urbanisme (articles L. 121-1 et suivants, L 122-1-1, L 123-1 et suivants) avec des objectifs « de protection et de mise en valeur des espaces naturels, agricoles et forestiers et des paysages, de préservation de ressources naturelles, de lutte contre l’étalement urbain, de préservation et de remise en bon état des continuités écologiques ». Une inscription de la TVB dans le code de l’environnement (article L. 371-1 et suivants), avec définition, objectifs, dispositif la TVB. « La Trame verte et la Trame bleue ont pour objectifs d’enrayer la perte de biodiversité en participant à la préservation, à la gestion et à la remise en bon état des milieux nécessaires aux continuités écologiques tout en prenant en compte les activités humaines, et notamment agricoles en milieu rural ». # Entités naturelles La commune de Banyuls-sur-Mer présente plusieurs grandes entités naturelles, plus ou moins bien définies selon leur proximité avec les zones agricoles et urbaines. Plusieurs massifs forestiers feuillus sont présents sur la commune, surtout sur les hauteurs, dont les limites ne sont pas très précises du fait de milieux arbustifs en mutation à proximité. Des zones de végétations plus basses et sèches sont ensuite présentes à l’approche du littoral, il s’agit d’un étage thermoméditerranéen de type maquis. Les zones viticoles s’intercalent ici entre les zones de végétation sclérophylle, et les formations arbustives en mutation. Enfin, sur la frange littorale, sont parfois présentes des pelouses sèches. Notons également le complexe hydrographique représenté par le bassin de la Baillaury, qui présente des traits physiques et écologiques particuliers, notamment du fait d’un fonctionnement hydraulique de type oued. # Zonages d’intérêt environnemental La biodiversité reconnue comme patrimoniale sur un territoire fait l’objet d’inventaires ou de mesures de protection et de gestion. Ce paragraphe vise donc à recenser l’ensemble de ces dispositifs sur la commune de Banyuls-sur-Mer afin d’identifier les enjeux qui y sont associés. Plusieurs cartes 44 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 permettant de localiser des zonages sont disponibles à la fin du paragraphe. + Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) Le dispositif ZNIEFF est un inventaire scientifique qui identifie, localise et décrit les territoires d’intérêt régional abritant des espèces végétales et animales ou des habitats patrimoniaux. Les ZNIEFF sont donc avant tout des outils de connaissance du patrimoine naturel et ne constituent pas une mesure de protection réglementaire. On distingue deux types de ZNIEFF : les ZNIEFF de type I, d’une superficie généralement limitée, sont définies par la présence d’espèces, d’associations d’espèces ou de milieux rares, remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel national ou régional ; les ZNIEFF de type II sont des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, ou qui offrent des potentialités biologiques importantes. Au total, 7 ZNIEFF de type I, 1 ZNIEFF de type II, 1 ZNIEFF marine de type II sont présentes sur le territoire communal de Banyuls-sur-Mer. Ces zones concernent principalement les falaises littorales, les coteaux rocheux des terres, et le réseau hydrographique de la Baillaury. PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Tableau 2 : ZNIEFF de type I à Banyuls-sur-Mer Source : INPN Type de milieux Libellé Cap d'Oullestrell Falaises de Banyuls à Cerbère Coteau de Can Rède Crête de Madeloc Vallon, bois et grotte de la Pouade Oueds de la Baillaury et de ses affluents Crêtes des Albères au col de Gran Bau Falaises littorales Falaises littorales Maquis méditerranéen Milieux ouverts, maquis Vallons rocheux, maquis Cours d’eau Milieux ouverts, maquis Surface (ha) 46 140 16 286 335 57 79 Tableau 3 : ZNIEFF de type II à Banyuls-sur-Mer Source : INPN Type de milieux Libellé Versants littoraux et côte rocheuse des Albères Falaises littorales Surface (ha) 46 Tableau 4 : ZNIEFF marine de type II à Banyuls-sur-Mer Source : INPN Type de milieux Surface (ha) Milieu marin et littoral 5.299 Libellé Côte des Albères + Réseau Natura 2000 Le réseau Natura 2000 a pour objectif la préservation de la biodiversité par la constitution d’un réseau écologique des sites naturels les plus importants au niveau européen. La préservation des espèces protégées et la conservation des milieux passent essentiellement par le soutien des activités humaines et des pratiques qui ont permis de les sauvegarder jusqu'à ce jour. Le réseau Natura 2000 relève de deux directives européennes : la directive "Oiseaux" (1979) qui prévoit la création de Zones de Protection Spéciales (ZPS) afin d’assurer la conservation d’espèces d’oiseaux jugées d’intérêt communautaire la directive "Habitats - Faune - Flore" (1992) qui prévoit la création les Zones Spéciales de Conservation (ZSC) destinées à permettre la conservation d’habitats et d’espèces. Avant d’être désignées définitivement en ZSC, ces zones sont classées en Site d’intérêt Communautaire (SIC). Chaque site Natura 2000 est associé à un document d’objectif (DOCOB), à la fois document de diagnostic et d’orientation. Le territoire communal (terrestre et littoral) de Banyulssur-Mer compte 1 site ZPS relevant de la directive oiseaux, 2 sites ZSC relevant de la directive habitats et 2 sites SIC relevant également de la directive Habitats. Ces sites sont parfois rassemblés dans une seule description lorsqu’il s’agit d’un territoire concerné par les deux directives (habitats et oiseaux) ZPS FR9112023 et ZSC FR9101483 « Massif des Albères » Ces deux zones Natura 2000 concernent le Massif des Albères sur un périmètre quasi-similaire, avec un comme opérateur unique la Communauté de Communes des Albères, la Côte Vermeille et Illibéris. Le site Natura 2000 « Massif des Albères » est le seul site proposé pour la forêt de chêne liège en Languedoc-Roussillon. Il s’étale partiellement sur les communes d’Argelès-sur-mer, Sorède, Banyuls-surMer et Cerbère. Il culmine à 1174 m au Pic de Pradets et s’imbrique à l’est avec d’autres sites Natura 2000 : « Côte rocheuse des Albères » qu’il chevauche en partie, « Posidonies de la Côte rocheuse » et « Cap Béar-CapCerbère ». Au Sud, on trouve le site espagnol « L’Albera ». Aux basses altitudes, les rochers siliceux les plus chauds accueillent des formations de fougères du Phagnalo-Cheilanthion très riches en espèces rares parmi lesquelles des invertébrés endémiques. La hêtraie de la Massane est la dernière expression de l’Ilici Fagion vers l’est des Pyrénées. Les pelouses à Nards des crêtes ventées sont les plus orientales connues des Pyrénées. Le site abrite également l’un des seuls habitats méditerranéens français de l’Emyde lépreuse (Mauremys leprosa) à l’état sans doute naturel et du seul site régional à avoir possédé, jusqu’à une époque récente (1960 environ) des populations de tortue d’Hermann (Testudo hermannii). Figure 15 : Emyde lépreuse (Meuremys leprosa) Photo : C. VANDERBERGH Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 45 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Les grottes recèlent par ailleurs une faune de collemboles cavernicoles remarquables. D’autres invertébrés et plusieurs chiroptères d’intérêt communautaire sont également présents sur le massif, justifiant la désignation du site Natura 2000 « Massif des Albères » au titre de la « directive Habitat Faune Flore » sur 6994 ha. La diversité des milieux explique d’autre part la diversité des espèces d’oiseaux rencontrés, justifiant la désignation du site en Zone de Protection Spéciale (ZPS) au titre de la « directive Oiseau » sur 7113 ha. Le site se trouve sur l’axe migratoire majeur de la partie orientale des Pyrénées et inclut les principaux cols fréquentés lors des passages migratoires. Sur l’ensemble du site Natura 2000 « Massif des Albères », plusieurs habitats naturels d’intérêt communautaire ont été recensés, dont 4 prioritaires (identifiés par un astérisque « * ») Tableau 5 : Habitats communautaires et prioritaires Source : DOCOB ZPS FR9112023 et ZSC FR9101483 ZPS FR9112034 « Cap Bear – Cap Cerbère » La ZPS Cap Béar – Cap Cerbère désigne un site exclusivement marin. Cela explique qu’aucun opérateur n’est chargé de gestion, bien que le parc naturel marin du Golfe du Lion représente un interlocuteur pertinent puisque son périmètre recouvre celui de la ZPS en question. De même, aucun DOCOB n’a été élaboré pour ce site. Le patrimoine naturel visé par ce site est connu d'un nombre restreint de spécialistes ornithologues. C'est la raison pour laquelle il n'a pas, à ce jour, fait l'objet de démarches particulières de protection. Les données d'observation proviennent essentiellement du Muséum National d'Histoire Naturelle et justifient à elles seules cette proposition de site. De nombreuses observations d'ornithologues amateurs et de plaisanciers confirment la richesse particulière du site. Sur ce secteur, il existe déjà un site Natura 2000 désigné au titre de la Directive Habitat, dédié aux posidonies et biocénoses des substrats rocheux. Il existe par ailleurs une réserve naturelle nationale, également dédiée aux patrimoines sous-marins des substrats rocheux. Enfin, plusieurs sites classés au titre de la loi de 1930 définissent des périmètres en mer, essentiellement pour la protection des paysages côtiers de la côte des Albères. Aucune protection n'est à ce jour dédiée à l'avifaune de ce secteur. Le secteur constitue une zone privilégiée pour l'observation d'oiseaux marins (Plongeons, Macreuses noires, Mouettes tridactyles, alcidés et en particulier Pingouin torda…...) tous peu communs en Languedoc- 46 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 Roussillon. Le secteur de la ZPS consiste grossièrement en un rectangle dont un des côtés s'appuie sur la côte Vermeille (de Collioure au Cap Cerbère), et dont les deux côtés latéraux s'étendent vers la haute mer jusqu'à 12 miles nautiques. Ce zonage est susceptible de couvrir l'essentiel de l'aire fréquentée par les oiseaux. Figure 16 : Pingouin torda (Alca torda) Photo : M. BALANCHE SIC FR9101482 « Posidonies de la Côte des Albères » Le Site d’Intérêt Communautaire Posidonies de la Côte des Albères s’étend d’Argelès-sur-Mer à Cerbère sur une superficie exclusivement marine de 4.229 hectares. Il a été retenu pour la présence de quatre habitats d’intérêt communautaire : les bancs de sable à faible couverture permanente d’eau marine, c’est-à-dire les substrats de sables fins, grossiers et de galets (code Natura 2000 : 1110) les herbiers de posidonies* (code Natura 2000 : 1120*, habitat prioritaire) PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement les récifs incluant tous les substrats durs des éboulis au coralligène (code Natura 2000 : 1170) les grottes marines submergées ou semisubmergées (failles, cavités, surplombs, arches, tunnels) (code Natura 2000 : 8330) Entre Banyuls et Cerbère, le milieu marin est déjà protégé par une réserve naturelle dont la gestion en est assurée par le Conseil Général des PyrénéesOrientales depuis 1977. Son expérience en la matière et son identité auprès des usagers, ont amené le Préfet des Pyrénées-Orientales à désigner celui-ci comme opérateur local pour élaborer le Document d’Objectifs. Les herbiers de Posidonie ne bénéficient pas de conditions favorables à leur développement : la présence d’un déficit sédimentaire et les particularités hydrologiques (fort hydrodynamisme, température peu élevée) constitue un frein à leur extension. Ces herbiers ne peuvent donc édifier de mattes de façon durable, ce qui explique leur faible épaisseur et le fait qu’ils apparaissent plutôt sous forme d’un placage sur roche. Pour autant, dès qu’il retrouve des conditions favorables, cet habitat apparaît encore sous forme d’herbier dense à vitalité importante (Anse du Fourat, Peyrefite, Port de Banyuls, Le Racou). Ce constat et l’apparition de fleurs l’été dernier dans tous les herbiers (phénomène particulièrement exceptionnel sur la côte rocheuse) démontre que l’état de conservation actuel offre des capacités de revitalisation au cours des fluctuations pluridécennales. L’habitat des grottes est essentiellement représenté par la biocénose des grottes semi-obscures (8330-3), elle-même présente sous forme de surplombs, fissures, parois rocheuses et arches. Cette biocénose bénéficie de conditions idéales à son développement dans certaines zones où le coralligène forme des failles profondes (cap l’Abeille, Rédéris). La biocénose des grottes obscures (8330-4) se limite à des petites cavités dans les amas de pierres. Les vraies grottes ou tunnels sont absents du site (sauf peut-être au cap Béar). Les bancs de sable constituent l’habitat le mieux conservé sur le site et leur état de conservation semble en évolution positive comme en témoigne l’augmentation de la diversité, de la densité ou de la biomasse des invertébrés benthiques, observée ces dernières années. La surexploitation des stocks de poissons, qui a pour effet de limiter la prédation des invertébrés, et l’amélioration de la qualité des rejets des stations d’épuration, pourraient expliquer cette évolution. En ce qui concerne les récifs, l’information manque pour évaluer l’état de conservation de tous les habitats regroupés sous cet intitulé. Seule la tendance évolutive de certains faciès des biocénoses de la roche médiolittorale inférieure (encorbellement à Lithophyllum), des algues photophiles (peuplements de Cystoseires) et du coralligène peut être appréciée : si la pollution serait essentiellement à l’origine de la nette régression des deux premiers, les apports telluriques expliqueraient l’envasement du coralligène et donc la réduction de sa diversité biologique. Hormis dans la partie nord du site (au-dessus d’Argelès-surMer), ces 4 habitats se concentrent sur une frange côtière d’environ 300 m, atteignant 500 m au droit des caps les plus avancés. C’est également sur cette même bande côtière que s’exerce la plupart des activités professionnelles et de loisir liées à la mer et recensées dans l’inventaire et la description des activités humaines. Figure 17 : Herbiers de posidonies (Posidonia oceanica) Photo : A.PIBOT (AAMP) SIC FR9101481 « Côte Rocheuse des Albères » Situé à l’extrémité est de la chaîne des Pyrénées, le site Natura 2000 « Côte rocheuse des Albères » couvre 733 hectares et s’étend sur environ 30 kilomètres de frange littorale, d’Argelès-sur-Mer jusqu’à la frontière espagnole. Sa position entre la mer Méditerranée et les Pyrénées, associée à un climat d’une extrême clémence, explique l’originalité et la richesse des milieux naturels. On y trouve ainsi des falaises maritimes schisteuses Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 47 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement remarquables abritant des associations végétales endémiques de Catalogne et du Roussillon. Ces associations très spécifiques se répartissent en bandes altitudinales (de l’ordre du mètre à quelques dizaines de mètres) allant jusqu’à la limite des eaux marines et résultant de l’influence de facteurs tels le vent, l’exposition aux embruns, l’humidité... Le littoral rocheux présente également quelques plages de sable ou de galets renfermant peu de végétation mais où s’écoulent des ruisseaux temporaires permettant le développement de certaines espèces protégées. Le site est en continuité géographique et écologique avec le site Natura 2000 « Posidonie de la côtes des Albères » à l’est, qui comprend les étages littoraux et infralittoraux. Il s’imbrique également avec le site « Cap Béar-Cap Cerbère » à l’est et chevauche la zone de protection spéciale (ZPS) « Massif des Albères » à l’ouest. Les habitats d’intérêt communautaire sont les suivants : 1240 : Falaises avec végétation des côtes méditerranéennes avec Limonium spp endémiques. 1410 : Prés-salés méditerranéens (Juncetalia maritimi) 3290 : Rivières intermittentes méditerranéennes du Paspalo-Agrostidion. 6220 * : Parcours substeppiques de graminées et annuelles des Thero-Brachypodietea. 6420 : Prairies humides méditerranéennes à grandes herbes du Molinio-Holoschoenion. 92D0 : Galeries et fourrés riverains méridionaux. 9330 : Forêts à Quercus suber Ce site bénéficie d’un DOCOB depuis 2010, la Communauté de Communes des Albères, la Côte Vermeille et Illibéris en également le porteur (et opérateur du SIC). + Réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls Le territoire de la réserve naturelle est dans le département des Pyrénées-Orientales, sur les communes de Banyuls-sur-Mer et Cerbère. Il est situé en bordure de la côte Vermeille, au pied du massif des Albères, entre l'île Grosse et le Cap Peyrefite à proximité de Cerbère. Il couvre 650 ha sur le domaine public maritime avec un linéaire de côte d'environ 6,5 km et une largeur d'environ 2 km. Le plateau continental est étroit et de forte pente et l'on trouve des fonds de 60 m à moins de 2 km du rivage, alors qu'on ne les rencontre qu'à 10 km de la côte sur les fonds sableux au nord du Racou, à Argelès-sur-Mer. Dans les années 1970, la création (par arrêté ministériel) de la réserve naturelle s'est imposée pour enrayer la destruction de la côte par le tourisme, la pêche et la pollution. La réserve avait donc comme mission urgente de défendre les espèces menacées, d'aider la recherche, de sensibiliser tous les publics à l'environnement et de favoriser intelligemment l'économie locale. La réserve naturelle nationale marine de Cerbère-Banyuls est ainsi officiellement créée par décret ministériel du 6 septembre 1990. La roche du niveau de la mer est constamment mouillée 48 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 par les embruns et offre une hospitalité de choix pour les mollusques et les crustacés.Dans la zone de déferlement des vagues, un trottoir formé de Lithothamniées, algues calcaires, surplombe un faciès rocheux caractérisé par une zone d’éboulis. Entre 15 et 30 m de fond, les herbiers de posidonie, une des principales richesses méditerranéennes, ondulent au gré des courants. Ces prairies aquatiques, véritables nurseries, abritent diverses espèces de poissons, poulpes et éponges. Ainsi, saupe, daurade et sar pour les uns, hippocampe moucheté, petite étoile de shérif, grande cigale de mer et grande nacre pour les autres, cohabitent en toute quiétude. Spirographe et ascidie détiennent le rôle de filtreur. Le prolongement sous-marin s’effectue avec la strate du coralligène, milieu apprécié des plongeurs qui recense plus de 500 invertébrés. Ainsi, l’oursin violet, le doris dalmatien et l’éponge pierre colonisent les champs de gorgones et de corail rouges. Royaume des couleurs et des formes, c’est également le domaine du mérou, de la murène, de la rascasse… qui affectionnent les fonds rocheux tandis que la raie blanche, la torpille, la baudroie… vivent plaquées dans les fonds meubles et vaseux et cohabitent avec les roussettes et les uranoscopes. Plus rarement, le requin-pélerin, le grand dauphin et la tortue caouanne fréquentent la zone au large de la côte. PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Un APPB (en date de 1991) est présent sur la commune de Banyuls-sur-Mer, le long d’une route bordant la Baillaury, et concerne la Doradille laineuse (Cosentinia vellea). Cette petite fougère n’est présente en France que dans quelques localités de Corse et des Pyrénées-Orientales. Elle forme souvent des touffes dans les rocailles siliceuses proches du littoral. Les feuilles, divisées en folioles crénelées, sont entièrement recouvertes de poils laineux-cotonneux. Sur la commune de Banyuls-sur-Mer, 4 sites ont été classés : - Par ailleurs, 4 sites sont inscrits : - Figure 18 : Grand Dauphin (Tursiops truncatus) Photo: N. DI-MEGLIO Le bassin de la Baillaury, qui concerne une majorité du territoire communal. Le cap de l’Abeille. Le cap Oullestrel Le domaine public maritime du cap Oullestrel. les différents hameaux de la route des Mas l’Ille Grosse (avec son monument aux morts) l’Eglise de la Rectorie la Maison Douzans. + Propriétés du Conservatoire du littoral Sur la commune de Banyuls-sur-Mer, deux sites font l’objet d’une protection par le conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres : Le Cap de l’Abeille (depuis 1995) et Armen (depuis 2002). Les terrains qui y sont préemptés pour le compte du Conservatoire ne seront pas urbanisés. + Arrêté préfectoral de protection de biotope L’arrêté préfectoral de protection de biotope (APPB) désigne un arrêté, pris par un préfet, pour protéger un habitat naturel ou biotope abritant une ou plusieurs espèces animales et/ou végétales sauvages et protégées. L’APPB promulgue l’interdiction de certaines activités susceptibles de porter atteinte à l’équilibre biologique des milieux et/ou à la survie des espèces protégées y vivant. Figure 19 : Doradille laineuse (Cosentinia vellea) Photo : H. GOMILA + Sites inscrits et sites classés Un site classé ou inscrit est un site de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, dont la préservation ou la conservation présentent un intérêt général. L’objectif de cet outil réglementaire est de préserver les paysages reconnus comme étant exceptionnels au niveau national. Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 49 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Carte 14 : Zonages naturels d’inventaire sur la commune de Banyuls-sur-Mer 50 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Carte 15 : Zonages naturels du réseau Natura 2000 sur la commune de Banyuls-sur-Mer Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 51 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Carte 16 : Zonages naturels règlementaires (hors Natura 2000) sur la commune de Banyuls-sur-Mer Carte 17 : Sites inscrits et classés sur la commune de Banyuls-sur-Mer 52 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | Décembre 2015 PLU de Banyuls-sur-Mer | Diagnostic & Etat Initial de l’Environnement Décembre 2015 | 150439_PLU-Banyuls _Diagnostic | Les ateliers UP+ de SCE | Sinergia Sud | eQuiNeo | 53