SORTIES FEVRIER 2 CONTRE TOI - Lola Doillon - 1h 25`

Transcription

SORTIES FEVRIER 2 CONTRE TOI - Lola Doillon - 1h 25`
SORTIES FEVRIER
2
CONTRE TOI - Lola Doillon - 1h 25’ - France
Kristin Scott-Thomas,Pio Marmaï,Jean Philippe Ecoffey,Maria Sohna Condé
Une femme prise en otage se révolte, souffre, s’enfuit, se tait, recherche
et retrouve son ravisseur pour l’emprisonner à son tour. Le décès et le
deuil impossible de l’un s’opposent à la responsabilité et au syndrome de
Stockholm de l’autre jusqu’à la passion partagée ?
Dans un huis clos, lieu d’emprisonnement et de solitude, l’évolution des
sentiments nait de la place des personnages, du cadrage des plans avant
que la parole n’apaise la violence, que le dialogue ne réinstalle l’impossible
communication. Hors murs, dans la liberté recouvrée, le quotidien
redonne son sens aux émotions, à la compassion, au transfert et,
repoussant la mort, donne vie à l’amour. Séquestration ou libération, les
lieux mêmes régissent les relations et déterminent les alternances du
couple Pio Marmaï et Kristin Scott Thomas, nous gardant en haleine
jusqu’aux dernières images.
Pour son second film Lola Doillon parle d’amour avec un sujet original et
difficile, le maîtrise par une mise en scène et une direction d’acteurs
rigoureuses, confirmant la spécificité de son regard et de son écriture.
CARANCHO - Pablo Trapero - 1h 47’ - Argentine/Espagne/ France/Corée
Ricardo Darin, Martina Gusman, Carlos Weber, Jose Luis Arias
En Argentine, on les surnomme « carancho », rapaces, vautours ou
charognards, ces avocats marrons, infirmiers complices et policiers ripoux
qui ratissent la ville en chasse d’accidents de la circulation, pourvoyeurs
d’arnaques aux assurances. Ce type d’escroquerie organisée aide autant
les victimes que les truands à vivre ou survivre au quotidien et à la crise.
Tourné comme un documentaire dans les banlieues de Buenos Aires, ses
hôpitaux miteux avec des urgentistes débordés, cette fiction hyper réaliste
dépasse le film noir pour atteindre le drame d’amour. Les coups, les
pleurs, la souffrance, la drogue reflets ordinaires de la misère humaine
sont incarnés par deux êtres que rien n’aurait dû rapprocher hors l’espoir
improbable d’un monde meilleur.
Les plans séquences nous rendent voyeurs, engendrent les émotions, les
images nocturnes et les décors illustrent la réalité sociale, le rythme
accentue la violence et la tension des situations. Porté par le talent du
couple d’acteurs, le film entre action et passion dépasse sa spécificité pour
atteindre l’universalité de la tragédie.
MORGEN - Marian Crisan - 1h 40’ - Roumanie/France/Hongrie
Andras Hathazi, Yilmaz Yalcin, Elvira Rîmbu
Et si le point commun entre une carpe et un turc était l’émigration ?
Dans une bourgade frontalière entre la Roumanie et la Hongrie, le vigile
d’une supérette partage son quotidien mutique entre la vaisselle et sa
femme, la pêche, les parties de cartes ou de billard, les rencontres de
foot… Quand un clandestin naïf et bavard s’y incruste, il se fond dans la
banalité commune et la fraternité humaine au long de plans séquences qui
révèlent les sentiments dans les gestes et les regards de chacun.
C’est l’humanité simple contre la rigidité des lois, le partage et la
compassion contre le dogme, l’absurdité mise en images sans discours
pour être dénoncée frontalement et universellement.
SLOVENIAN GIRL - Dajman Kozole - 1h 27’ - Slovénie/Allemagne/
Serbie/Croatie
Nina Ivanisin, Peter Musevski, Primoz Pirnat, Marusa Kink
Une jeune étudiante provinciale rêvant d’argent facile l’obtient en se
prostituant jusqu’à ce que les réseaux de proxénètes et les clients euxmêmes ne remettent ses activités en cause. Plus politique qu’il ne le
paraît, le film dénonce les conditions sociales du plus petit Etat européen,
les conséquences économiques de la partition des Balkans, le sentiment
de deshumanisation ressenti après la chute du régime communiste
protecteur. Cette fille slovène en satisfaisant la sexualité des uns répond à
ses propres désirs de réussite et comble ceux du rêve américain de son
père offrant une fin musicale émouvante à ce premier film, juste reflet
d’une Europe en mutation.
RIEN A DECLARER - Dany Boon - 1h 30 - France
Benoît Poëlvoorde, Dany Boon, Karin Viard, Bouli Lanners, Christel
Pedrinelli, Zinedine Soualem, Olivier Gourmet
Le cri lancé par Benoît Poëlvoorde résonnant jusque dans les plus
lointaines galaxies donne, dès les premières images, le ton de cette
comédie burlesque qui cache bien son jeu en traitant par le rire le sujet de
l’identité nationale. La francophobie revendiquée d’un douanier wallon
face à ses collègues français dans un bourg frontalier, révèle l’absurdité
du propos par une cascade de gags de langage et de situations. Le rire
passe par cette accumulation de tous les poncifs du genre, depuis les
trafiquants ahuris aux petits commerçants avides, la mutation d’une 4L en
bolide et ses courses poursuites jusqu’aux blagues éculées, en passant
par des Roméo et Juliette locaux, le tout dans des décors de carton pâte.
Par son discours décalé alternant bonhommie et énormités, le film gagne
son pari d’anti-racisme pour mieux le condamner, à l’aide d’une brochette
d’acteurs complices de ces pseudo « douaniers flingueurs » moins
franchouillards que les « Ch’tis, grâce à une valeur ajoutée d’humour
belge.
UN CHIC TYPE - Hans Petter Moland - 1 47’ - Norvège
Stellan Skarsgàrd, Bjorn Floberg, Gaed B. Eidsvold, Jorunn Kjellsby
Après douze ans de prison un truand recouvre la liberté. Ses anciens
complices lui trouvent une chambre, un emploi de mécanicien, il retrouve
son fils et en quête de réinsertion s’applique à rendre service à chacun.
Inéluctablement sa bonne volonté se heurte à la banalité du quotidien, à
la simplicité de gens sans âge ni prétention (dont ses amis gangsters au
chômage), au fil de situations irrationnelles qui mêlent l’humour à la
tendresse, la dignité à l’espoir pour une comédie aussi absurde que notre
humanité. Un sens du rythme dans la lenteur et des comédiens
extraordinaires donnent à cette comédie scandinave un charme rare.
NOTRE ETRANGERE - Sarah Bouyain - 1h 22’ - Burkina-Faso/ France
Dorylia Calmel, Annita Ouedraogo, Nathalie Richard, Dominique Reymond
Les racines familiales déchirées entre les cultures font naître les douleurs
des mères et les quêtes des enfants. De Paris au Burkina-Faso, des
femmes se croisent, se cherchent et les rêves d’adoption ne sont peut être
que des leurres de bonheur sauf qu’à force d’ellipses pour échapper aux
préjugés, les questions restent sans réponses et qu’à notre tour nous
perdons tous repères malgré la justesse de l’enchaînement des
situations, de l’évolution des sentiments et des actrices.
9
VERTIGES - Bùi Thac Chuyên - 1h 50’ - France/Vietnam
Hai Yen, Linh Dan Pham, Du Khoa, Jonny Tri Nguyen
Dans les rues sombres d’Hanoï les vertiges des amours s’enchevêtrent
dans les mutismes, la pudeur et la torpeur des moussons entre innocence
et perversité. Une jeune fille épouse un mari dormeur et puceau, son amie
confidente lui fait découvrir la sexualité dans les bras d’un dragueur pour
mieux profiter de cette libération.
Ces « Liaisons dangereuses » exotiques et raffinées, nous font errer des
milieux artistiques aux bas-fonds de la ville et ses entraineurs de combats
de coq, entre les chauffeurs de taxis et les guides touristiques, les mères
protectrices jusqu’à une fillette sourde. Les nuits, les pluies, les intérieurs
sombres s’accordent au silence de l’interdit sexuel à transgresser pour
atteindre l’harmonie entre libération et traditions, quotidien et poésie.
L’élégance des images mêle la banalité de la vie à la subtilité des
sentiments et à leur mystérieux parcours mis en lumière par la beauté des
trois actrices et la sophistication de ce film rare, justement récompensé à
Venise et ailleurs.
QUI A ENVIE D’ETRE AIME ? - Anne Giafferi - 1h 29’ - France Eric Caravaca, Valérie Bonneton, Jean Luc Bideau, Benjamin Biolay
Les prémices d’une crise d’adolescence et les irresponsabilités d’un frère
cadet troublent la vie de famille tranquille et facile d’un quadragénaire.
Entre son fils et son père, c’est sa propre paternité qu’il doit trouver. Une
improbable rencontre lui fait retrouver Dieu et lutter pour l’intégrer à son
quotidien. Un parcours, entre passé et présent, jalonné par la quête
d’équilibre et d’amour parental et la reconnaissance de sa faiblesse pour
en faire une force, toutes valeurs morales qu’à son tour le catholicisme est
en droit de revendiquer dans une société animée par un regain de
religion.
Une adaptation classique du roman de Thierry Bizot « Catholique
anonyme » qui réunit des acteurs convaincants.
LE CHOIX DE LUNA - Jasmila Zbanic - 1h 40’ - Bosnie/Croatie/
Autriche/Allemagne
Zrinka Cvitesic, Léon Lucev, Ermin Bravo
En Bosnie, la chute du communisme et la guerre ont ébranlé les équilibres
religieux libérant leurs extrémismes que la majorité musulmane réprouve.
Le couple d’une hôtesse de l’air pragmatique tournée vers l’avenir et d’un
employé frustré réconforté par l’alcool illustre cette problématique
nouvelle. Le choix de la modernité ou des valeurs passéistes du
fondamentalisme salafiste met en cause un amour partagé, chacun
s’engageant avec souffrance sur sa propre voie.
Après Sarajevo, mon amour la jeune réalisatrice nous parle d’un amour à
Sarajevo.
VERY COLD TRIP - Dome Karukoski - 1h 35’ - Finlande - Jussi Vatanen,
Jasper Pääkkönen, Timo Lavikainen, Pamela Tola
Des pieds nickelés finnois, sous le prétexte de devoir offrir un lecteur DVD
au petit matin, nous entrainent dans un parcours d’embuches semées par
leur irresponsabilité de trentenaires attardés. De retard en panne sèche,
bars, karaokés, saunas, dérapages incontrôlés, bagarres, mauvaises
rencontres, tempête de neige et jusqu’à la mafia russe, la nuit polaire
s’éternise pour lutter contre le mauvais sort et faire triompher l’amour
sauveur d’une inepte fatalité.
L’humour absurde, produit d’exportation référent du cinéma scandinave,
se fait glacial pour réchauffer les cœurs.
16
LES FEMMES DU 6ème ETAGE - Philippe Le Guay - 1h 46’ - France
Fabrice Luchini, Sandrine Kiberlain, Natalia Verbeke, Carmen Maura
Années 60, la France s’émancipe, la bourgeoisie se délite, de part et
d’autre des Pyrénées deux généraux règnent et les femmes dominent.
Celles du 6ème étage, les bonnes espagnoles compensent leurs conditions
de vie difficiles par une solidarité d’immigrées qui va ouvrir les yeux d’un
de leurs patrons. Une bande de joyeuses commères, à la générosité
débordante, côtoie l’austérité coincée de nantis inconscients, différenciant
les classes sociales par le rire et la tendresse au rythme d’une comédie
enjouée. Tableau d’une époque à la fois proche et dépassée, ce film offre
une galerie de portraits tout en nuances que Fabrice Luchini et Sandrine
Kiberlain éclairent avec justesse et retenue et que Carmen Maura et ses
comparses animent avec énergie, donnant vie à cette utopie égalitaire
réjouissante.
LA PETITE CHAMBRE - Stéphanie Chuat & Véronique Reymond - 1h 27’
- Suisse/Luxembourg
Michel Bouquet, Florence Loiret Caille, Eric Caravaca
Une existence touche à sa fin, une autre n’a pas vu le jour, ensemble elles
vont se rejoindre pour donner un sens à la vie. Un vieillard en survie
depuis la disparition de sa femme lutte pour garder sa liberté et ses
plantes, une jeune infirmière endeuillée par un enfant mort-né défie en
vain l’amour et le quotidien dans une chambre inviolable, leur rencontre
les libèrera chacun à leur façon vers un improbable bonheur. Illustrant la
fatalité de la mort face au triomphe de la vie, ensemble inéluctables dans
une société qui ne sait plus l’accepter, ce premier film de deux femmes
nous propose et nous impose l’éternité de la condition humaine.
Eblouis par Michel Bouquet, attendris par Eric Caravaca et troublés par
Florence Loiret Caille nous ne pouvons qu’être émus par ce premier film
tout en nuances.
LARGO WINCH II - Jérôme Salle - 1h 59’ – France
Tomer Sisley, Sharon Stone, Laurent Terzieff, Ulrich Tulkur
Quand la BD rejoint le cinéma c’est l’imaginaire de l’aventure qui change
de dimension. Sans faire exception au genre, Largo Winch II, super-héros
salvateur cavalcade d’Europe en Asie, de poursuites en bagarres,
explosions, duels aériens et vols planés, affrontant l’injustice et frôlant
l’amour. Engagé dans des conflits économiques, il a vieilli, gagné en
maturité, ses buts sont devenus humanitaires, sa rébellion prend sens, les
sentiments et l’émotion affleurent, l’humour s’en mêle et surtout il n’est
plus seul. Alors à chacun de trouver son héroïne blonde ou brune,
exotique ou classique, son référent entre les bons et les méchants et
parmi eux de profiter du dernier rôle de Laurent Terzieff revenu au cinéma
pour y disparaître.
Dommage la ou les suites se feront sans lui.
SANTIAGO 73 post mortem - Pablo Larrain - 1h 38’ - Chili/Mexique /
Allemagne
Alfredo Castro, Antonia Zegers, Jaime Vadell, Amparo Noguera
Santiago du Chili, 11 septembre 1973, la première conséquence du coup
d’Etat de Pinochet est l’arrivée du corps de Salvador Allende à la morgue
où son autopsie sera pratiquée. Ce lieu clos nous donnera conscience de la
guerre civile à la fois par l’accumulation sans fin de cadavres déversés
dans les couloirs par les militaires et le regard des médecins sur ces
pyramides de dépouilles humaines anonymes. Un médecin collabo, une
infirmière révoltée et un assistant neutre, avant tout amoureux de sa
voisine, symbolisent l’idéal et le devenir d’un pays ravagé par les
exactions et disparitions. Cliniquement, sous une lumière froide et
blanchâtre, dans des lieux désertés, des personnages cadavériques
décadrés à l’image se désirent, se trahissent, se dissolvent altérés par la
cruauté de l’environnement et son déni. La mise en scène, accentuant
l’absence de réalité, génère un univers fantastique, les plans fixes
intensifient l’invisibilité des événements, leur ralenti crée une atmosphère
morbide redonnant leur place décalée au passé et à l’histoire.
Le style et le discours sophistiqués de ce troisième film d’un jeune
réalisateur prouvent la transmission inéluctable de la conscience politique
en dépit des années de dictature et de déni.
LA BELLA GENTE - Ivano de Matteo - 1h 38’ - Italie
Monica Guerritore, Antonio Catania, Victoria Larchenko, Elio Germano
L’été, les vacances et pourquoi pas une parenthèse de pure générosité ?
la bonne action gratuite qui va pimenter le quotidien d’un couple de
bourgeois pour qui tout est facile ? la jeune prostituée de l’Est est à
disposition juste au bout du chemin. Démaquillée, elle est charmante,
timide et reconnaissante, on peut même l’afficher chez les voisins. Mais
notre monde n’est ni beau, ni gentil, ni égalitaire et les idéaux, les
convictions magnanimes se heurtent insidieusement à l’ordre établi, aux
références traditionnelles, la bienséance, la jalousie, le sexe, l’argent.
Chacun chez soi et une pute restera une pute.
Ce paisible portrait au vitriol d’une bourgeoisie intellectuelle ou parvenue
à travers les générations et dans une campagne tranquille, nous prouve
que Claude Chabrol s’est trouvé un héritier italien de talent.
JEWISH CONNECTION - Kevin Asch - 1h 29’ - USA
Jesse Eisenberg, Justin Bartha, Danny Abeckaser, Ari Graynor, Q-Tip
A la fin des années 90, pour tromper les douaniers, un trafiquant de
drogues a eu l’idée d’utiliser de jeunes juifs hassidiques innocents comme
passeurs de valises et d’ecstasy. S’inspirant de ces faits réels, le
réalisateur mêle action et analyse, traçant en parallèle le portrait d’un
jeune dealer et d’une communauté orthodoxe. Les contradictions
engendrées par la foi, la transmission de pratiques ancestrales se heurtent
à la sanction de culpabilité et de rejet engendrées par l’argent facile, la
drogue, le sexe.
Les images reflètent l’opposition qui déchire l’apprenti rabbin entre la
vivacité des scènes extérieures nocturnes dans Brooklyn ou Amsterdam et
la sérénité des intérieurs d’appartements ou lieux de cultes, au rythme de
dialogues et de situations où humour et émotion s’entremêlent.
Evidemment le jeu des acteurs, leurs costumes, accents et particularités
contribuent à la réussite de ce premier film dans le respect d’une judéité
partagée.
SEXFRIENDS - Ivan Reitman - 1h 45’ - USA
Nathalie Portman, Ashton Kutcher, Jake Johnson, Chris Bridges
Peut-on refuser de s’aimer à tout prix en baisant à tout va mais ensemble,
rester amants sans jamais y mêler de sentiments ? Ce pari du sexe pour
le seul plaisir, une jeune et jolie trentenaire et son charmant partenaire
l’engagent, inversant le sens de la comédie romantique et comique pour le
meilleur sans le pire. La mécanique des corps justifie celle du rire au
travers de tentatives de relations nouvelles face aux faux-semblants,
personnages et situations défilant dans les milieux festifs de Los Angeles,
sur un rythme enjoué qui n’engage qu’au divertissement.
LAST NIGHT - Massy Tadjedin - 1h 32’-USA
Keira Knightley, Sam Worthington, Eva Mendes, Guillaume Canet
Un couple de trentenaires new yorkais affronte la tentation de l’adultère.
Qui du mari gentil ou de sa charmante épouse résistera à la femme fatale
et au french lover ? Un voyage d’affaires et une rencontre inattendue
mettent en parallèle ce dilemme éternel pour une comédie de
masturbation « senti »-mentale où moralité, regrets, remords mènent une
danse acidulée par Keira Knighley, vampirisée par Eva Mendès au rythme
générationnel du politiquement sexuellement correct.
23
TRUE GRIT - Joel et Ethan Coen - 1h 50’ - USA
Jeff Bridges, Matt Damon, Josh Brolin, Barry Pepper, Hailee Steinfeld
Les Frères Coen attaquent, sans diligence le western par un remake luimême adapté d’un roman-feuilleton fondateur des valeurs américaines de
courage, justice et vengeance incarnés par une gamine obstinée, un vieil
alcoolique au grand cœur et un texan buté chassant le méchant.
Aux codes de l’épopée pionnière, au défilé des archétypes de redresseurs
de torts, sages indiens ou cruels hors la loi, aux étendues âpres et
désertiques, à la ville frontière typique s’ajoute le voyage initiatique d’une
jeune fille véritable « Alice au pays des cow boys ». La mise en scène ne
se prive pas des clins d’œil aux grands classiques, chevauchées, feux de
bois et pistolets alternent avec les caractères de personnages hâbleurs,
héros vite rattrapés par les situations, l’humour et la dérision naissant de
leur affrontement et du rapport entre une même violence de la nature et
des hommes. Le réalisme d’époque, reconstitution et costumes achève de
donner aux acteurs le ton pour chevaucher au rythme de l’épopée et
aucun des trois ne nous prive de ce pur plaisir.
RIO, SEX, COMEDY - Jonathan Nossiter - 1h 52 - France/Brésil
Charlotte Rampling, Bill Pullman, Irène Jacob, Jérôme Kircher, Fisher
Stevens
De la statue géante d’un Christ protecteur aux plages, des favelas à la
forêt luxuriante, une mégapole aux accents tropicaux rassemble une
société en mutation, internationale et métissée. Et Rio nous fait croiser
des domestiques brésiliennes, une chirurgienne anglaise, une
anthropologue et son cameraman français, un ambassadeur et un guide
touristique américains, une indigène carioca, tous en quête de vérité, de
liberté entre sexe et humanité. Comment changer le monde, rester à sa
place quand les places n’existent plus, se transformer contre la mode et
les ans, , faire la révolution ou s’adapter aux évolutions, écouter son corps
tout en gardant sa tête, suivre son rythme quand tout s’accélère jusqu’à
l’absurde?
Le regard du documentariste Jonathan Nossiter se détourne du vin et de
sa mondialisation (Mondovino) au profit d’autres incohérences de notre vie
et, confondant cinéma du réel et fiction, il se fait une joie de nous
entrainer dans tout et son contraire, des situations aux sentiments, de la
réalité à la comédie pour nous faire rire et réfléchir.
Charlotte Rampling est rayonnante aux côtés du Dr Pitanguy, avec Irène
Jacob et ses partenaires, acteurs et non professionnels s’entremêlent aux
interviews, aux scènes de rues, aux épisodes de pure fantaisie en un
tourbillon incessant, où seules les apparences entretiennent des
fantasmes que l’humour fait éclater.
C’est le temps du Carnaval, allons à Rio même sans Dario Moreno!
AMOURS SALEES & PLAISIRS SUCRES - Joaquin Oristrell - 1h 42’ Espagne
Olivia Molina, Paco Léon, Alfonso Bassave
Elle est piquante, tolérante et utilise ses sens : la vue et le toucher pour
les hommes, l’ouïe et l’odorat pour les fourneaux, et le goût pour les
réunir. Un mari, un amant et une même passion en partage pour une
comédie romantique et gastronomique qui donne l’eau à la bouche en
souvenir des grands trios cinématographiques de Truffaut ou Lubitsch.
Mais là, nous sommes en Espagne et ce sont les parfums méditerranéens
qui jaillissent, la joie de vivre sensualité et sexualité mêlées pour en jouir
et en rire en rythme avec le plaisir.
WINTER VACATION - Li Honqgi - 1h 31’ - Chine
Bai Junjie, Zhang Naqi, Bai Jinfeng, Xie Ming, Wang Hui, Bai Xiaohong
Dans une banlieue du nord de la Chine une bande de jeunes attend la fin
des congés scolaires, un grand père retraité et sadique menace son petit
fils qui lui, rêve de devenir orphelin.
Des scènes, en longs plans fixes minutieusement cadrés, se succèdent
d’un salon à une chambre, d’arrières cours d’immeubles à un marché,
d’un bureau administratif jusqu’à une salle de classe, sur fond de bruits de
guerre. Des séquences toutes séparées par une même chanson aux
onomatopées musicales font alterner les silences des adultes aux
déclarations des ados sur la vie, l’amour, la société. Des décors banalisés,
des échanges irrationnels, des faits et gestes incongrus forgent une
comédie sans intrigue, expression artistique de l’incommunicabilité, de la
vacuité, du non-sens autant affectif que sentimental, social ou politique.
Li Hongqi poète et peintre réalise une chronique subversive mêlant sons et
images en une écriture cinématographique expérimentale, décalée et
pleine d’humour.
TOI, MOI, LES AUTRES - Audrey Estrougo - 1h 30’ - France
Leïla Bekhti, Benjamin Siksou, Cécile Cassel, Maria Sohna Condé
Un petit bourgeois irresponsable du XVI ème arrondissement croise une
beurette de Barbès étudiante, leurs amis jouent au poker ou tiennent un
salon de coiffure afro, leurs parents sont une mère alcoolique et un Préfet
de police face à une absente trop tôt disparue et un simple ouvrier.
L’argumentaire de Roméo et Juliette retrouve son énergie dans une
comédie musicale colorée et enjouée qui s’offre en toute simplicité une
conscience politique traitant sans façon des sans-papiers et de
l’émigration.
Et joyeusement, les gentils triomphent en dansant des empêcheurs de
tourner en rond et l’amour en chantant des méchants, le tout rimant avec
bon enfant.
127 HEURES - Danny Boyle - 1h 34’ - Grande Bretagne/USA
James Franco, Amber Tamblyn, Kate Mara, Clémence Poésy
Un jeune écervelé adepte d’alpinisme qu’il pratique dans les canyons du
Colorado se retrouve seul et coincé, l’avant bras écrasé par un rocher.
127 heures durant il luttera pour parvenir à se dégager, nous condamnant
à partager ses souffrances, ses hallucinations, son sauvetage et sa
rédemption d’handicapé méritant.
Adaptation du livre « Plus fort qu’un roc » qui relate l’aventure d’Aron
Ralston, le film cherche également tous les moyens pour fuir
l’enfermement de la grotte, par des images tantôt divisées sur multiécrans et accélérées ou par une caméra subjective.
Exclusivement réservé aux amateurs de sports de l’extrême en mal
d’émotions, de délires extracorporels et de terreur soft.
REQUIEM POUR UNE TUEUSE - Jérôme Le Gris - 1h 31’ - France
Mélanie Laurent, Clovis Cornillac, Tchéky Karyo, Xavier Gallais
Le blues des tueurs, transformé en Messie et orchestré dans un château
baroque au plus profond des Alpes Suisses, fait chanter Mélanie Laurent
en héroïne per-oxygénée accompagnée à la guitare classique par Clovis
Cornillac.
Pas sûr que le nombre de caméras, la lenteur des plans séquences, l’abus
de décors, pures déclinaisons des codes du genre ne permettent à
Hitchcock ou Haendel de trouver leur compte dans ce thriller où ambition
rime avec prétention au détriment de distraction.
JUSTIN BIEBER : never say never - Jon M. Chu - 1h 45’ - USA
Justin Bieber, Jaden Smith, Miley Cyrus
Règles de fabrication actuelles d’une marchandise humaine :
- Etre béat devant son bambin blondinet
- L’encourager à taper sur les instruments de ses voisins musiciens
- Le filmer en DV ou sur un téléphone
- Diffuser les images sur Internet…
- Le faire chanter dans les bars, rues, crochets radios ou TV …
- Le livrer à un manager astucieux
- Le laisser placer chez un producteur qui assurera l’après vente, des
cours de chant et danse jusqu’à l’organisation de l’hystérie collective
- Croiser les doigts pour qu’il reste photogénique et ne perde pas sa
voix
Ces conditions remplies, la société de production Paramount Music &
Pictures, en l’occurrence, rentabilisera sa marchandise dans des conditions
maximales pour ne pas perdre son investissement et récolter ses
bénéfices jusqu’à un concert au Madison Square Garden partagé avec un
autre gamin, plus jeune et black pour assurer la diversification et l’avenir
du stock.
Conséquences :
- le « biopic » d’un gamin de 16 ans, sous forme de clip d’1h 45’.
- à suivre en France (après un « regretté » Jordy)
MAIS Y VA OU LE MONDE ? - Serge Papagalli - 1h 24’ - France
Serge Papagalli, Véronique Kapoïan, Valère Bertrand, Gilles Arbona
Réponse : nulle part ailleurs que dans le Dauphiné, lieu de cette fable
rurale et théâtrale qui illustre la crise paysanne par un sketch de
patronage à la fois, lucide, sensible et cocasse mais non exportable audelà des montagnes ou campagnes.