La première journaliste voilée au Canada Une Sophie Thibault en

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La première journaliste voilée au Canada Une Sophie Thibault en
Le 23 novembre 2016
La première journaliste voilée au Canada
Au Canada, une journaliste voilée a fait ses débuts en tant que présentatrice d’un journal télévisé,
une première dans le pays. Ginella Massa, Canadienne d’origine panaméenne portant le hijab (voile),
travaillait déjà en tant que reporter depuis 2015, rapporte Al Arabiya. Mais cette fois, elle a franchi
une étape de plus en se voyant confier la présentation du JT de la chaîne CityNews, basée à Toronto.
La journaliste s’est exprimée sur le sujet en expliquant qu’il ne s’agissait pas seulement «d’une
grande étape pour elle» mais aussi pour le Canada. «J’espère que le fait d’être une femme voilée à
l’écran pourra aider à changer les impressions sur ce que sont et peuvent faire les femmes
musulmanes. C’est important dans le climat actuel».
***
Le Journal de Montréal, le 23 novembre 2016
Une Sophie Thibault en hijab?
(Sophie Durocher, chroniqueuse)
Le 17 novembre dernier, Ginella Massa est devenue la première femme portant le hijab à présenter
un bulletin de nouvelles au Canada. C’était à la station de Toronto de CityNews.
Massa a écrit sur Facebook: «C’est un sentiment formidable d’être la première femme en hijab chef
d’antenne au Canada, mais j’espère sincèrement ne pas être la dernière.»
Je me pose la question: comment réagiraient les Québécois si Sophie Thibault ou Julie Marcoux
portaient le hijab?
PROCHAINE ÉTAPE : TCHADOR ?
Après avoir présenté son bulletin, Mme Massa (une catholique qui s’est convertie à l’islam) a écrit
sur les médias sociaux : «J’ai hâte au jour où ce ne sera pas une grosse affaire (a big deal) pour
quelqu’un qui me ressemble de présenter un bulletin de nouvelles.»
Comment réagirions-nous si une femme voilée nous présentait un reportage sur le projet de loi 62
sur la neutralité religieuse et la prestation de services à visage découvert? Ou un reportage sur le
procès qui oppose une école musulmane et une militante anti-islamiste?
Après le hijab, que dirions-nous d’une femme portant le tchador comme chef d’antenne? Et, puisque
nous sommes dans le Canada de Justin Trudeau, combien de temps avant qu’une femme portant le
niqab présente les nouvelles de 22h? Ou une burqa?
Quand on parle de diversité à l’écran, je suis 100 % pour : plus de Noirs, d’Asiatiques, de Latinos,
d’Arabes, etc.
Mais l’orientation religieuse du chef d’antenne n’est absolument pas un reflet de diversité.
Le site en ligne Yahoo Style a écrit que le bulletin de Ginella Massa représentait : «Un important pas
en avant pour elle et pour les femmes de foi musulmane de partout.»
Ce journaliste a bien entendu oublié que toutes les femmes de foi musulmane ne portent pas le
voile. Et il a oublié que partout dans le monde, des femmes musulmanes se battent contre le voile.
Et puis, associer une femme qui porte le voile à «toutes les femmes de foi musulmane», n’est-ce pas
faire un amalgame ?
NEUTRALITÉ JOURNALISTIQUE
L’objectivité est la première qualité qu’on demande, non, qu’on exige d’un/une chef d’antenne. On
ne veut pas savoir s’il est libéral ou péquiste, pour ou contre l’avortement tardif, pour Coderre ou
contre Labeaume.
Et selon moi, on n’a pas à savoir de quelle religion il est.
Patrice Roy est-il athée ou bouddhiste? On s’en fiche. Sophie Thibault est-elle évangéliste ou
scientologiste ou agnostique? Je m’en moque.
On n’accepterait pas qu’un chef d’antenne se promène avec un macaron de Québec solidaire épinglé
sur sa veste. Alors pourquoi voudrions-nous qu’une chef d’antenne nous affirme en gros plan quelle
religion elle pratique ?
La même exigence s’appliquerait à un lecteur de nouvelles portant la kippa, une croix autour du cou,
ou une chef d’antenne pastafariste qui porterait une passoire sur la tête, signe ostentatoire de
l’Église du Monstre en spaghetti volant .
Bref, quand je regarde les nouvelles, je ne veux rien savoir de l’orientation politique ou religieuse de
ceux qui me les présentent.

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