Fès-El-Bali, La Cité-Maison
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Fès-El-Bali, La Cité-Maison
Une des nombreuses ruelles de Fès-El-Bali, littéralement «le Fès obsolète». Paradoxalement, la Médina héberge aujourd’hui la majorité des habitants de Fès. FÈS-EL-BALI La Cité-Maison S1_Portrait de Ville Medkouri Ismail 20/01/10 Deux bâtiments de 4 niveaux, séparés d’un mètre à peine, on est loin des normes internationales de construction. Si à Manhattan, on recule en montant, ici on s’avance, de plus en plus, et les ruelles se transforment souvent en couloirs étroitement couverts. Pas de voiture, encore moins de bus ou de ligne de tramway, on se permet à peine de croiser son voisin. Une ville de près d’un million d’habitants, à l’échelle humaine. Au sommet de cette concentration urbaine, les toits de ces bâtisses médiévales dessinent un lieu urbain inédit, ponctué des patios plongeants qui orchestrent harmonieusement l’architecture de la cité. Là haut, la vue sur les montagnes de l’Atlas est imprenable, et les dalles argileuses, reflets d’un soleil flamboyant, semblent s’enchainer à l’infini. A Fès, on s’oriente par la nuance, la texture des murs, les traces de mains qu’ils conservent, l’histoire qu’elles racontent - plutôt que par une trame planifiée, orthonormée et imposée, comme serait le cas à Brasilia par exemple. Dans le dédale de ses rues, les portes ne ferment pas, et les patios qu’elles desservent sont de véritables «squares à la marocaine» - des espaces de vie où les rires des enfants se mêlent volontiers aux ragots de couloirs. Les rues de la cité millénaire s’apparentent moins aux avenues de la ville moderne qu’aux couloirs d’un seul et même foyer. L’architecture à su s'adapter aux moeurs locales pour faire de Fès-ElBali, plus qu’un ensemble urbain, une gigantesque demeure familiale, où l’on balaie les notions de propriété privée et d’indépendance pour prôner le partage, la convivialité et la vie en communauté. Un mode de vie qui ne saurait s’établir dans la ville occidentale, qui nourrit et se nourrit de l’architecture moderne.