glaxosmithkline : l`interview
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glaxosmithkline : l`interview
6_gsk.qxp 31/10/06 12:19 Page 2 6 JEAN-PIERRE GARNIER GSK PARIE GAGNANT SUR LA RECHERCHE Le président de GlaxoSmithKline, Jean-Pierre Garnier, a annoncé, en octobre dernier, un investissement de 500 millions d’euros pour la construction d’une nouvelle unité de production dans le Nord de la France. A la clé, la fabrication de Cervarix®, vaccin préventif contre le cancer du col de l’utérus, « blockbuster » attendu du laboratoire, avec Tykerb®, médicament contre le cancer du sein. Le choix du groupe d’investir de manière « colossale » dans la recherche et le développement a permis une progression rapide aux États-Unis. —————— DOSSIER RÉALISÉ PAR CHRISTINE COLMONT ET XAVIER DIAZ P H A R M AC E U T I Q U ES _ N OV E M B R E 20 0 6 31/10/06 12:19 Page 3 7 Pourquoi avoir choisi la France pour la construction d’une nouvelle unité de production à Saint-Amandles-Eaux et la fabrication de votre nouveau vaccin Cervarix®, contre les papillomavirus ? > Nous comptons en effet investir 500 millions d’euros sur cinq ans. Cette nouvelle usine devrait être opérationnelle fin 2010. Les risques que ce projet tombe en disgrâce sont faibles car cette unité pourra accueillir d’autres vaccins, contre la grippe notamment, et produira des produits lyophilisés, pour lesquels la demande mondiale est pour l’instant insatisfaite. Outre l’attrait de l’environnement industriel, nous pourrons trouver sur place du personnel bien formé. Enfin, cet investissement nous permettra de diversifier nos implantations internationales. Dans la pharmacie, il est essentiel de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. La motivation de la localisation d’un investissement n’est pas seulement pécuniaire. Mais la France a encore des progrès à faire pour attirer les investissements étrangers. Et ce, même si le gouvernement français nous a donné des preuves tangibles de sa volonté de donner les moyens d’agir aux industriels. Une attitude qui nous rend optimistes. La fusion Glaxo Wellcome avec SmithKline Beecham en 2001 vous a permis de restructurer votre recherche. Pouvez-vous en dresser le bilan ? > La restructuration de la recherche avait commencé bien avant la fusion. Dans la pharmacie, à l’aube des années 2000, les portefeuilles de molécules se sont réduits comme peau de chagrin. La productivité de la recherche s’est nettement érodée. Trouver de nouveaux produits dans les maladies chroniques est devenu plus difficile. Alors que toute la pharmacie consacrait en 1980 seulement 2 milliards de dollars à sa R&D pour lancer 30 produits sur le marché, elle devait dépenser 26 milliards, vingt ans plus tard, pour le même nombre de produits mis sur le marché. Aujourd’hui, consacrer un budget de 2 milliards de dollars pour un seul produit n’a plus aucun sens économique. Dans ce contexte, GlaxoSmithKline a voulu transformer en profondeur sa recherche en créant des instituts de recherche séparés. Nous avons monté des centres d’excellence, avec à leur tête des patrons qui ont tous les droits mais aussi tous les devoirs, des espaces de liberté et de transparence en rupture avec les structures bureaucratiques. Nous avons cassé la pyramide de recherche et nous sommes dotés de nouveaux outils, comme la génomique ou la robotique ; nous avons industrialisé le processus de recherche pour mettre toutes les chances de notre côté. Nous sommes ainsi devenus plus sélectifs. Les résultats sont là : en nous appuyant sur ces unités stratégiques, notre recherche est devenue deux fois plus productive. Le nombre de produits entrés en essais cliniques a été multiplié par deux en quatre ans. Aucun autre laboratoire pharmaceutique n’est allé aussi loin que nous. La R&D coûte plus cher mais elle trouve davantage de produits. DR 6_gsk.qxp Allez-vous augmenter encore son budget ? > Nous consacrons déjà près de 17 % de notre chiffre d’affaires à la recherche et développement et nous souhaiterions porter cette part à 25 % des ventes avant 10 ans. Ce sont des sommes colossales puisque nous investissons déjà 4 milliards d’euros chaque année. Au final, GSK de44 vrait être le laboratoire qui consacre le plus à la R&D. 4 N OV E M B R E 20 0 6 _ P H A R M AC E U T I Q U ES 6_gsk.qxp 31/10/06 12:19 Page 4 GSK DR 8 « Une recherche deux fois plus productive » 444 Quels sont les médicaments majeurs que vous fantastique pour améliorer la santé des femmes. Nous prévoyez de lancer ? avons constaté une demande considérable de la part des > Huit produits en développement viennent d’entrer en médecins. Pour le moment, nous n’avons pas déposé de phase III et nous comptons en enregistrer six cette andemande de mise sur le marché. Nous le ferons dans née (cancer du sein, système nerveux central, système un futur proche en Europe et aux Etats-Unis. Nous infectieux, diabète et vaccin). Le produit le plus avancé sommes donc clairement derrière Merck & Co du point est Tykerb®. Nous venons de déposer les demandes de de vue du timing. En revanche, notre produit offre un mise sur le marché en Europe et aux Etats-Unis. C’est un avantage primordial. Nous n’avons en effet pas effectué produit très prometteur dans le traitement du cancer du les mêmes choix que notre concurrent américain. sein. Il a en outre un gros avantage. ContraiCervarix® a été conçu pour le cancer du col rement aux traitements actuels, qui sont inde l’utérus et seulement pour le traitement jectables et nécessitent donc de se rendre à de cette thérapeutique. Cela nous a permis Un passage l’hôpital, la prise de Tykerb® se fait par voie d’ajouter des adjuvants pour jouer le rôle orale. De plus, la tolérance des patientes est de catalyseur afin d’améliorer son efficaefficace très bonne, ce qui leur permet de prendre cité. A l’inverse, quand vous essayez de en OTC leur traitement quasiment comme s’il fabriquer un produit qui est aussi efficace s’agissait d’une maladie chronique. Il dedans d’autres indications vous diluez un vrait devenir l’un des pivots du traitement peu son efficacité. Du moins c’est un du cancer du sein. La réaction positive des autorités risque. Cervarix® a montré son efficacité dans la pronous conforte dans notre optimisme. Le dossier protection croisée au-delà des papillomavirus les plus gresse très vite. Nous espérons obtenir les autorisations fréquents HPV 16 et HPV 18. Mais nous ne sommes pas de mise sur le marché et le commercialiser au cours de inquiets de la concurrence de Gardasil® car deux fabril’année prochaine. Le cancer du sein est une maladie cants ne seront pas de trop pour répondre à la future malheureusement très répandue. Nous pensons donc demande. que ce produit sera incontournable dans quelques anPour un groupe comme le vôtre, quel est l’intérêt de nées. conserver une division produits grand public, bien Quels sont les avantages du vaccin Cervarix® par moins rentable que la pharmacie ? rapport à son concurrent Gardasil®, de Merck & Co, > Elle a sa place dans le groupe car les produits sans déjà lancé aux Etats-Unis ? prescription sont un très bon relais pour les produits > Nous pensons que Cervarix® deviendra une solution sous prescription. Je m’explique : une fois que les mé- P H A R M AC E U T I Q U ES _ N OV E M B R E 20 0 6 6_gsk.qxp 31/10/06 12:19 Page 5 Enfin ! dicaments ont terminé leur cycle de vie dans le domaine des produits de prescription, on peut en faire des produits OTC. Cette deuxième vie, si je puis dire, est certes plus modeste, compte tenu d’un marché moins important et de prix plus bas, mais elle permet de poursuivre la commercialisation des produits et donc d’allonger leur pérennité. Mais il y a tout de même des conditions pour que cette stratégie fonctionne. Sans division commerciale OTC, il serait difficile de faire soi-même la transition entre le produit de prescription et les médicaments vendus sans ordonnance. Certes, le passage au domaine OTC n’est pas possible pour tous les produits. Mais pour ceux qui le peuvent, c’est assez efficace. Et puis nous n’avons aucune raison de nous séparer de cette division. Elle nous permet d’afficher l’une des plus importantes rentabilités parmi les laboratoires OTC, avec une marge de profit supérieure à 20 %. le 1er livre de référence sur le Medical Education Votre croissance est notamment tirée par les bonnes performances des Etats-Unis. Medicare peut-il changer la donne et donner un coup de frein à votre expansion outre-Atlantique ? > Pour l’instant, nous avons un système mixte avec 30 % du marché entre les mains de l’Etat fédéral avec les avantages et les inconvénients que cela implique. Une grande partie du marché reste donc privée. Medicare est en train de créer un marché public plus important. On peut bien sûr jouer les cassandres en affirmant que, vu les contraintes budgétaires qui sont les siennes, le payeur public étranglera l’industrie pharmaceutique. Je pense que ce ne sera pas le cas et que ce filet de sécurité est nécessaire pour les personnes en difficulté. Medicare leur permet d’accéder aux meilleurs traitements au moindre coût. Avant ce programme, beaucoup de personnes âgées ne pouvaient accéder aux produits innovants. Au mieux elles pouvaient acheter les produits génériques très développés aux Etats-Unis. Il va donc falloir s’adapter et jouer le rôle de fournisseur d’un client exigeant qui aura la maîtrise d’une grande partie du marché. Mais je vois l’avenir de façon positive en ce qui concerne le marché américain. Plusieurs laboratoires européens viennent d’annoncer des acquisitions. Souhaitez-vous participer à la consolidation en cours ? > Nous réalisons plutôt de petites acquisitions nous permettant de nous renforcer dans certains domaines stratégiques. La priorité chez GSK est à la consolidation de notre pipeline actuel qui est de très bonne qualité et dont nous allons délivrer les fruits au cours des années à venir. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTINE COLMONT, XAVIER DIAZ ET DANIEL VIAL POUR LE RECEVOIR www.hoponthetrain.com Dr Philippe Girault Président RE-IMAGINE Health Agency