L`ÉVOLUTION DU JEU « CHAT PERCHÉ » : UNE VIE ACTIVE ET

L’É VO L U T I O N D U J E U « CHAT PERCHÉ » : UNE VIE ACTIVE ET
SA I N E P O U R L E M I L L É N AIRE?
June LeDrew | Faculté de kinésiologie et d’études en santé, University of Regina
La présente étude de cas est une adaptation d’une histoire vécue. Les
noms des personnages ont été changés. La mention de Laser Quest, une
entreprise privée, dans cette étude de cas ne constitue nullement une
recommandation de notre part.
L
ouise est une femme à la mi-quarantaine qui se spécialise
dans la santé des enfants et les questions de genre. Elle
a deux enfants, Christine, 9 ans, et Carl, 8 ans. Les deux
enfants ayant leur anniversaire de naissance presque en même
temps, les parents décident donc de les fêter ensemble cette année.
Une sœur et un frère ( Jasmine et Philippe) dans le voisinage
ont aussi leur anniversaire environ à la même période. Les deux
familles décident donc de célébrer les quatre anniversaires par une
fête. Eh! plus on est de fous, plus on rit.
Une semaine avant la fête, la mère de Jasmine et de Philippe,
Susanne, qui est au début de la trentaine appelle Louise et lui
suggère que le « clou » de la fête soit une visite à Laser Quest.
Susanne explique que Laser Quest combine les jeux classiques du
cache-cache et du chat perché avec la haute technologie. Étant une
défenseure d’un mode de vie actif et sain chez les enfants, Louise
appuie l’idée que les enfants participent à une activité physique
pendant la fête et accepte donc la suggestion. En abordant le sujet
avec ses enfants, Louise découvre qu’ils connaissent Laser Quest
et sont très emballés à la perspective que l’activité principale de
leur fête d’anniversaire ait lieu à cet endroit.
Chaque enfant célébré a la permission d’inviter deux amis ou
amies à la fête. La liste d’enfants invités comprend maintenant
six garçons, tous âgés de huit ans, et six filles d’environ neuf ans.
Susanne envoie les invitations de la fête d’anniversaire et informe
les parents que les enfants iront à Laser Quest. Les enfants arrivent
ponctuellement à la maison de Louise à 18 h 30. Tous les jeunes
yeux sont brillants d’enthousiasme, ou peut-être en raison de trop
de nourriture artificielle ou de sucre absorbé ce jour-là. La sœur et
le frère végétariens semblent les plus posés.
Selon l’entente des deux mères, Susanne arrivera plus tôt à Laser
Quest et s’occupera des détails administratifs pendant que Louise
fera la navette avec les enfants de chez elle au lieu de la fête.
Robert, le mari de Louise, reste à la maison pour surveiller les
autres enfants. Il semble logique que les six filles fassent partie de
la première navette. Tout en reculant dans l’entrée, Louise écoute
la conversation des six filles derrière elle dans la fourgonnette.
Pendant la conversation, elle se rend compte que trois des six filles
sont déjà allées à Laser Quest. L’excitation dans la fourgonnette
est palpable, mais deux filles qui sont déjà allées à Laser Quest se
lamentent parce qu’elles ont été incapables de « tirer » sur beaucoup
de personnes et ne s’attendent donc pas à gagner le jeu. Une autre
joueuse chevronnée admet qu’elle a trouvé « le fusil et le gilet »
lourds et que, pour cette raison, elle a eu du mal à courir. Louise
a les oreilles toutes grandes ouvertes, mais n’interrompt pas la
conversation. Àprès avoir confessé leur manque d’habileté de bien
« viser », les six filles s’entendent pour se tirer mutuellement dans
le but d’être en mesure de compter des points.
Louise a la tête qui tourne – mais elle demeure une conductrice
consciencieuse et attentive. Comment un jeu de chat perché et de
cache-cache peut-il devenir un jeu avec des fusils et des gilets de
protection?
Lorsqu’elles arrivent dans le stationnement de Laser Quest, les
filles descendent de la fourgonnette pendant que Louise sourit,
fait un signe de la main et, comme une bonne agente de bord, dit
« aurevoir ». Susanne se penche vers la fenêtre de la conductrice
et l’informe que tout est payé et prêt pour le jeu. Louise n’a que
le temps de retourner chercher les garçons pour les emmener à
Laser Quest.
Louise remarque qu’à l’entrée des garçons dans la fourgonnette,
le niveau de bruit est semblable à celui des filles, mais que la voix
des garçons, d’une octave plus haut, l’irrite au plus haut point. En
outre, Louise a de la difficulté à voir par son rétroviseur en raison
de tous ces membres qui s’agitent dans la fourgonnette. Elle se dit
qu’elle devra inspecter la tension de toutes les ceintures au cours
du prochain contrôle de sécurité circulaire de la fourgonnette.
La conversation entre quatre des six garçons est différente de celle
que Louise a entendue des filles. Des expressions comme « Je vais
tirer sur toi » et « Je vais te tuer » envahissent la fourgonnette.
Uniquement Carl, qui n’est jamais allé à Laser Quest, et le garçon
végétarien sont silencieux, mais écoutent activement et approuvent
de la tête. Toutefois, comme la fourgonnette se rapproche du lieu
de la fête, les garçons songent à se répartir en équipes dans le but
de mieux abattre les filles et de gagner plus de points.
Très inquiète, Louise entre dans l’édifice de Laser Quest, sachant
que le tir et les fusils sont monnaie courante dans ce lieu. Susanne
attend et dit à Louise qu’elle doit décider du choix de son « nom
de code ». « Pourquoi? », demande Louise.
« Parce que j’ai payé pour que nous jouions », répond Susanne.
Louise ne sait pas quoi penser. Tout en étant une défenseure
d’un mode de vie actif et sain pour les enfants et une partisane
de l’égalité d’accès et de participation des filles et des femmes
à l’activité physique, elle a un pincement à l’estomac. Chose
curieuse, les jeux de son enfance du cache-cache et du chat perché
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se sont transformés à Laser Quest en une utilisation hautement
technologique, patriarcale, hiérarchique et militariste de fusils et
de tirs sur les personnes. Cependant, Louise est une personne
pragmatique, à mi-chemin dans sa vie, et croit qu’elle doit
expérimenter Laser Quest avant de résister. Après tout, Louise
vient d’une élite sportive où elle a excellé ou, plus exactement, a
survécu. Et un milieu sportif n’est-il pas un milieu qui, en général,
perpétue principalement les hommes et leurs intérêts (pour
obtenir une définition de « hégémonie », voir Wikipédia).
Susanne amène Louise au registre pour qu’elle puisse entrer un
nom de code. Les noms des codes des 12 enfants sont :
.
2.
3.
.
.
6.
7.
8.
9.
0.
.
2.
Serpent
Avril
Princesse Boo
Espion
Chérubin
Dragon
007
Obélisk
Reine
Ange
Venom
Princesse Mimi
Susanne confie à Louise que son nom de code est « Cinglée », un
surnom qu’elle avait à l’école secondaire. Louise a un mouvement
de recul lorsqu’elle entend le sobriquet. Le préposé à Laser Quest
demande à Louise « votre nom de code? ». Elle veut un nom qui
a une signification, un nom qui représente la force des femmes
et des mères. Elle réfléchit, ce qui semble une éternité, mais
en réalité, ce n’était qu’une ou deux secondes et laisse échapper
« Padmé ».
De prime abord, elle pense que « Padmé » semble un bon choix.
Padmé, dans la première trilogie de la Guerre des étoiles, était une
femme intelligente, forte et courageuse. Toutefois, après mûre
réflexion, Padmé a marié le jeune Anikan, qui est devenu Darth
Vador, et malgré les prémonitions d’Anikan, il lui est arrivé ce qu’il
craignait le plus : elle est morte peu de temps après la naissance de
Luke et de Laia. Hélas! Notre étude de cas migre vers la deuxième
trilogie; le nom de code de Louise est maintenant dans le système
informatique.
Après avoir reçu des directives sur le jeu – sur l’apprentissage par
mémorisation – d’un expert qui ne montre aucune émotion, appelé
le préposé, Padmé comprend que le « tir de fusil » est en réalité
« le chat perché au laser » et que ses peurs de voir les enfants jouer
un jeu violent sont dénuées de fondement.
[L’histoire sombre dans le noir pendant les 20 minutes où toutes
les personnes participantes jouent à Laser Quest.]
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...LASER QUEST COMBINE LES JEUX
CLASSIQUES DU CACHE-CACHE ET
DU CHAT PERCHÉ AVEC LA HAUTE
TECHNOLOGIE...LE « TIR DE FUSIL »
EST EN RÉALITÉ « LE CHAT
PERCHÉ AU LASER »...
Une fois le jeu terminé, les enfants ont le visage rose en raison de
leur effort physique. Tout le monde bavarde bruyamment lorsque
le préposé annonce les résultats. Le gagnant, avec un total de 632
points, est Chérubin. Louise remarque que ce garçon porte un
petit pistolet à capsules accroché à un cordon autour de son cou.
C’est la troisième visite de Chérubin à Laser Quest. La deuxième
place revient à Cinglée qui a récolté 583 points. Cinglée admet que
même si elle n’est pas très « sportive », elle est membre de Laser
Quest. Et, en troisième place, Padmé qui a obtenu 497 points. Les
11 autres enfants suivent de façon aléatoire, indépendamment du
genre. Les points des 11 enfants vont de 28 à 392.
Les cartes de pointage sont remises aux personnes participantes
et ensuite les quatre enfants célébrés se font lancer du papier
hygiénique à l’aide d’une sorte de coupe-herbe modifié. Tout
le monde a eu du plaisir et cette activité n’a entraîné aucune
conséquence désastreuse à long terme sur le développement
psychologique, social, affectif, moteur ou sur la croissance
physique.
Ou y a-t-il des conséquences désastreuses?
Questions sur l’étude de cas pour les enseignantes
et enseignants du palier élémentaire
Il n’existe pas « de bonnes ou de mauvaises » réponses à ces
questions. La réflexion que celles-ci susciteront chez les enseignantes, enseignants, membres du personnel ou parents peut
amorcer une discussion sur le mode de vie sain et actif que vous
jugerez acceptable pour les enfants.
.
2.
3.
.
Que savez-vous des récentes tendances sur « l’obésité
infantile »? Quelles sont les causes suggérées de l’obésité
infantile?
Comment définissez-vous « mode de vie sain et actif »?
Donnez dix exemples de modes de vie sains et actifs
(non structurés et spontanés, p. ex. le jeu, et structurés
et organisés, p. ex. le sport) qui, d’après vous, sont
appropriés pour les enfants des années primaires et
intermédiaires.
À quels jeux jouiez-vous lorsque vous aviez moins
de dix ans? Voyez-vous des élèves de votre classe
participant à ces jeux?
.
6.
7.
8.
Existe-t-il des différences entre les types de jeux des
garçons et des filles? Les filles et les garçons jouent-ils
différemment?
Avez-vous déjà joué à Laser Quest? Dans la négative,
pourquoi? Dans l’affirmative, pourquoi? Décrivez votre
expérience à Laser Quest?
Au début, Louise était mal à l’aise au sujet de la
participation de ses enfants à un « jeu de chat perché »
à Laser Quest. Croyez-vous que Louise est un parent
« hélicoptère »? « Parent hélicoptère » est un terme pour
désigner une personne qui suit de très près son enfant
ou ses enfants, en particulier dans les établissements
d’enseignement. Elle vole à la rescousse de ses enfants
pour leur éviter tout mal ou échec ou ne les laisse pas
apprendre à partir de leurs propres erreurs, quelquefois
même à l’encontre de la volonté des enfants. On utilise
cette expression parce que, comme un hélicoptère, le parent
vole de près au-dessus de la tête de ses enfants et maintient
un contact quasi permanent, que ces derniers aient besoin
de lui ou non (traduction libre) (définition en ligne de
Wikipédia, consultée le 15 avril 2008).
Quels sont les pour et les contre d’une sortie scolaire
des élèves du palier élémentaire à Laser Quest? Quel
genre d’apprentissage pourrait être fait au cours de cette
excursion et qui s’intègrerait au tronc commun?
9.
Que pensez-vous de la participation des parents
(Louise et Susanne) au jeu à Laser Quest? Si une
classe allait à Laser Quest, l’enseignante ou l’enseignant
devrait-il participer?
0. Faites une recherche dans Google et trouvez « Dance,
Dance Revolution ». Connaissez-vous d’autres jeux
de haute technologie ou vidéo qui demandent les
mouvements des gros muscles? Ces jeux sont-ils
appropriés ou pratiques pour votre classe ou école?
11. Pour la première fois dans l’histoire, on estime que nos enfants
vivront moins longtemps que leurs parents (Fondation des
maladies du cœur du Canada, 2006). Quelles stratégies
voulez-vous prendre pour votre classe ou école qui
ralentiront ou renverseront cette tendance?
Au sujet de l’auteure
June LeDrew, Ph.D., est professeure à la Faculté de kinésiologie
et d’études en santé de la University of Regina. Elle travaille
beaucoup en collaboration avec des groupes communautaires
qui cherchent à agir sur les questions relatives à la santé et aux
activités physiques des enfants. Elle est l’auteure d’une série de
livres qui a pour titre On the Move (en action), une série qui
encourage un mode de vie sain et actif pour les jeunes enfants
grâce à l’utilisation de phrases descriptives et d’images colorées
d’enfants dans des situations actives.
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