Ludovic Janvier, « Du nouveau sous les ponts

Transcription

Ludovic Janvier, « Du nouveau sous les ponts
Ludovic Janvier, « Du nouveau sous les ponts », La mer à boire, Éditions Gallimard, 1987.
L'auteur : Ludovic Janvier
Ludovic Janvier, d’ascendance haïtienne et française, est né à Paris en 1934. Il y vit depuis le plus
clair de son temps. Il est enseignant en littérature française à l'université de Paris 8, spécialiste de
Samuel Beckett, romancier, nouvelliste, essayiste et poète.
Le poème « Du nouveau sous les ponts » dénonce un massacre, conséquence de la répression
de la manifestation algérienne du 17 octobre 1961 à Paris.
Contexte de l'événement :
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La France est engagée dans la guerre d’Algérie depuis 7 ans.
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Depuis 1958, le conflit s’est exporté en métropole. Le FLN et l’OAS (Organisation de
l'Armée Secrète = Français qui refusent l'indépendance) multiplient les attaques sur le territoire et,
particulièrement à Paris.
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Le 5 octobre, le préfet de police de Paris Maurice Papon instaure un couvre feu à l’intention
des seuls travailleurs algériens (impossibilité de circuler le soir, fermeture des cafés algériens à
19h).
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En réponse, la fédération de France du FLN organise le 17 octobre 1961 une grande
manifestation pacifique nocturne.
Récit de l'événement :
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25 000 Africains du nord se retrouvent dans les rues parisiennes et manifestent
pacifiquement. La police reçoit du préfet de la Seine Maurice Papon l’ordre de ne pas laisser les
Algériens défiler.
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Les Algériens dénoncent le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression
organisée par Maurice Papon. Ils réclament l'indépendance algérienne alors que les négociations
d'Evian entre des représentants français et ceux du FLN sont ouvertes depuis mai 1961.
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La répression d'Etat est violente au point que Paris a été le lieu d'un des plus grands
massacres de gens du peuple de l'histoire contemporaine de l'Europe occidentale. La
réponse policière est terrible : arrestations massives (11 500), coups, ratonnades (= violences
exercées contre une minorité ethnique ou un groupe social.), assassinats. Des dizaines
d'Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la
Seine.
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Le massacre a lieu parce que la politique algérienne de De Gaulle n'est pas suivie par tous
l'appareil d'Etat.
Un massacre occulté de la mémoire collective.
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La version officielle parle de 3 morts (2 Algériens et 1 européen de Rouen), 64 blessés
musulmans.
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Jusqu'à la fin des années 1970, la répression de cette manifestation de rue est occultée (=
cachée) par les autorités françaises : censure de la presse, procès débouchant sur des non-lieux,
décrets d'amnistie qui couvrent des faits de maintien de l'ordre en France.
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L'ampleur du massacre est dévoilée progressivement, à partir de 1984, et pendant les
années 1990 (notamment lors du procès de Maurice Papon en 1997-1998 pour complicité de
crimes contre l'humanité pendant l'Occupation, procès qui contribue à ouvrir le dossier du 17
octobre 1961).
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Si la ville de Paris a reconnu le massacre en 2001 (par l'apposition d'une plaque
commémorative sur le pont St-Michel), l'Etat français lui, ne donne aucun signe de
reconnaissance, même à l'occasion du 50e anniversaire de la tragédie.
L'engagement du poème de Ludovic Janvier réside dans la dénonciation du massacre dans la
mesure où il écrit à un moment où la réalité du massacre n'est pas encore admise par l'Etat
français.
Sources :
17 octobre 1961 : "Ce massacre a été occulté de la mémoire collective", Interview de Gilles Manceron, propos recueillis
par Soren Seelow, LEMONDE.FR | 17.10.11 | 09h37
INA : http://www.ina.fr/histoire-et-conflits/guerre-d-algerie/dossier/2290/17-octobre-1961.20090331.fr.html