Voleurs de l`Ombre - La Couronne du Nord
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Voleurs de l`Ombre - La Couronne du Nord
La Couronne du Nord La Montagne des Assassins I ls vivent dans l’intimité de la mort. » Qui ose défier le Grand Père, devant lequel même les puissants démons s’inclinent. La Main Sanglante, maître des assassins de la guilde des Voleurs de l’Ombre. Nul à Eauprofonde n’est à l’abri de leurs coups. « Sur toi la fatalité aux canines de fer. » On raconte que jadis La Main Sanglante envoya un émissaire au chef de la famille Gildeggh pour lui délivrer un message en privé. Ce dernier congédia sa cour à l’exception de deux gardes du corps. « Je dois te parler seul à seul objecta l’envoyé. Pourquoi ces deux là restent-ils ? - Ils ne quittent jamais mes côtés, et je les considère comme mes fils. Délivre maintenant ton message ou va-t-en. » Alors le messager se tourna vers les gardes du corps pour leur dire : « Si je vous demandais, au nom de mon maître, de tuer ce prince boursouflé, le feriez-vous ? » Dégainant leurs cimeterres, les deux répondirent : « Commande et nous obéirons ! » L’envoyé quitta la salle d’audience, suivi des gardes du corps, laissant le noble abasourdi. Cette démonstration suffit à le persuader de faire la paix avec la Main Sanglante. FRAPPER LA TÊTE La Main Sanglante dirige d’une main de fer une guilde d’assassin, les VOLEURS DE L’OMBRE. La guilde dispose d’un pouvoir bien plus grand que ses effectifs ne le laisseraient supposer. C’est par le meurtre et par l’intimidation qu’elle impose ses arrêts, et à l’exemple du prince Gildeggh, nombre de princes de moindre rang ont jugé opportun de céder à ses pressions. Le seigneur Baybar du Royaume de Téthyr assiégeait une ville protégée par la guilde. La forteresse allait tomber lorsqu’un matin, dans sa tente située au milieu de son camp et gardée par d’innombrables soldats, le seigneur se réveilla pour découvrir un poignard planté dans son oreiller. Il comprit l’avertissement et leva le siège aussitôt. Le but des assassins des Voleurs de l’Ombre est d’assurer le pouvoir de la famille de la Main Noire. C’est l’honneur de leur clan qui guide leurs actes. En quelque sorte, tout comme les familles nobles d’Eauprofonde, mais les moyens sont différents. Parce qu’ils sont peu nombreux, les Voleurs de l’Ombre ont choisi de frapper à la tête les nations ou les armées qui s’opposent à leurs desseins. Ils les considèrent comme de monstrueux animaux que l’on peut détruire, ou au moins affaiblir, en les décapitant. DÉVOUÉS JUSQU’À LA MORT La guilde a son quartier général dans la Citadelle de la Main Sanglante, située à l’intérieur des flancs escarpés du MONT Eauprofonde, garnie de pièges, de gardiens, de passages secrets, et de son sommet on domine la Mer des Epées. La Main Noire vit retiré à la Citadelle de la Main Sanglante. Il ne connaît ni pitié, ni faiblesse et soumet tous ses hommes à une discipline de fer. On dit qu’il a fait tuer ses trois frères : un pour désobéissance, un pour trahison, et le dernier parce qu’il lui jalousait le pouvoir. Enrôlés, enlevés, ou même donnés par leurs parents, les membres de la guilde entrent le plus souvent chez les Voleurs de l’Ombre dès leur plus jeune âge. Un entraînement rigoureux en fait des espions et des tueurs accomplis. On dit qu’ils prêtent un serment par lequel ils s’engagent à ne rien révéler des secrets de la guilde. On dit que la Main Noire retrouve immanquablement les parjures et leur inflige une mort qui n’est ni rapide ni clémente. Il faut pourtant croire, puisque ces informations nous sont parvenues, que certains assassins ont trahi malgré cette menace. LA MONTAGNE DES ASSASSINS UN AVANT GOÛT DE L’ENFER Ni le premier Grand Père ni ses successeurs n’avaient les moyens de mener de véritables guerres. Ils surent pourtant se faire respecter des puissants par les méthodes décrites. C’est d’autant plus remarquable que l’emplacement de leur Citadelle n’était pas secret et que leur forteresse dut soutenir plusieurs sièges. Il advint qu’un Seigneur d’Eauprofonde envoya des émissaires à la Citadelle de la Main Noire. Leurs envoyés montrèrent au Grand Père sa faiblesse devant la Garde de Eauprofonde. La Main Noire inclina alors la tête vers un jeune assassin qui, sans une hésitation, sortit sa dague et se trancha la gorge. Un nouveau geste, et un second assassin se jetait du sommet du Mont Eauprofonde pour aller s’écraser sans un cri au pied de la falaise. « Je dispose encore de 60.000 hommes (ce chiffre sent la propagande ; en le divisant par 10, on serait sans doute plus prés de vérité, soit 6.000), qui à mon commandement, iraient à la mort avec le même enthousiasme », conclut le Grand Père. Les Voleurs de l’Ombre occupèrent le Mont Eauprofonde pendant prés de 200 ans. Il fallut une grande volonté des Seigneurs de Eauprofonde pour les en déloger, s’emparer de la Citadelle et briser leur puissance. Le principal rival des Voleurs de l’Ombre était alors la Guilde de l’Orage Destructeur : Ses assassins vénèrent BAAHL, le Seigneur du Meurtre, une des divinités les plus cruelles du panthéon des Royaumes Oubliés. C’est en son honneur que ces assassins commettaient leurs meurtres sacrés. Leurs victimes étaient toujours des voyageurs qu’ils mettaient en confiance : « Marchons ensemble, leur disaient-ils, ainsi la route sera plus sûre et semblera moins longue. » Au signal, les assassins passaient à l’action et assassinaient les malheureux. Ils n’entreprenaient rien si leur groupe n’était au moins trois fois plus nombreux que celui des voyageurs. Cela s’explique par leur méthode d’assassinat. Elle exigeait l’action coordonnée de trois assassins : un distrayait l’attention, un la saisissait par le pied tandis que le dernier l’étranglait par-derrière. Ce dernier utilisait un foulard blanc ou jaune, noué et lesté aux extrémités. Tenu de la main droite ce foulard était prestement balancé autour du cou de la victime, rattrapé par la main gauche, et violemment tiré en arrière. Quelques minutes suffisaient aux assassins pour exterminer un groupe de marchands ou de pèlerins, enterrer les corps et disparaître sans laisser de trace. L’instrument utilisé pour creuser les tombes était une pioche de forme curieuse, la « Dent de Baahl ». Voici l’origine de cette appellation : jadis, Baahl venait en personne se repaître des victimes que les assassins immolaient sur son autel. Ce répugnant spectacle devait se dérouler sans témoins, mais un jour, un assassin se retourna et viola l’interdit. Baahl s’abstint désormais d’honorer ses temples de sa présence physique. En compensation il offrit une de ses dents à ses fidèles. Ils en copièrent la forme pour en faire l’usage que l’on sait. De plus il y avait les assassins dont les bateaux sillonnaient la Côte des Epées, prenant à leur bord des voyageurs dont les corps étaient jetés à l’eau par des trappes spécialement conçues. Les deux branches de la Guilde observaient un secret absolu. On était assassin de père en fils et, entre deux voyages, on menait une vie de famille honorable et tranquille. « Si le trésor d’un banquier était confié à ma garde, déclara l’un d’eux, je n’y toucherais pas, même si je mourais de faim. Mais que ce banquier parte en voyage, et je le tuerais certainement ». Le secret était si bien gardé que nombre de seigneurs ne soupçonnaient pas leur existence. Les jeunes assassins qui ont prouvé leur adresse et leur détermination subissent des tortures des plus subtiles. Puis quand la Main Sanglante a choisi une cible, qu’elle ait offensé la famille ou présente un danger pour la guilde, il en averti un assassin : « Va et tue le. Si tu échoues tu subiras de nouveau la torture. » L’homme exécute sa mission sans aucune crainte de la mort, car celle-ci sera de toute façon plus douce que la torture dont il connaît déjà les horreurs, et il sait que le maître de la guilde ne manquera pas à sa parole. EXÉCUTIONS PUBLIQUES La guilde des Voleurs de l’Ombre possède un réseau d’agents, d’informateurs et de sympathisants qui s’étend à toutes les villes de quelques importances de la Côte des Epées. On sait que les assassins parviennent à s’introduire dans l’entourage des dignitaires du plus haut rang. Experts dans l’art du déguisement, ils sont capables par exemple d’imiter des tatouages faciaux. Et ils sont capables de s’infiltrer dans des corps d’élite dont le mode de recrutement et la stricte organisation rendent leur infiltration particulièrement difficile. Secrets dans la préparation de leurs crimes, ils choisissent au contraire de les commettre en public. Ils tuent lors de la prière, pendant les processions ou lors des audiences des seigneurs, souvent habillés de blanc pour que le sang de leur victime apparaisse sur leurs vêtements en taches d’un rouge éclatant. En agissant de cette manière, ils veulent frapper les esprits de terreur et prouver que personne, nulle part, n’est à l’abri de leur bras vengeur. Une lettre à la main, un assassin déguisé en mendiant entra un jour dans la demeure de la famille noble Zoar. Le frère du prince était entouré de ses gardes du corps. Confiant, il laissa l’homme approcher, mais au lieu du message attendu, il reçut un coup de dague en plein cœur. L’assassin prit la fuite. Une chaise malencontreusement placée le fit trébucher et on l’arrêta. Soumis à la torture, il donna les noms de douze prétendus complices qui furent aussitôt exécutés. Ainsi mourut-il avec la satisfaction d’avoir tué treize ennemis de la guilde des Voleurs de l’Ombre en un seul coup de dague. RETOUR AUX SOURCES Le repaire de la guilde des Voleurs de l’Ombre dans le Mont Eauprofonde est nommé « la Citadelle de la Main Sanglante » ou « la Citadelle de la Main Noire » ou « la Montagne de Assassins ». A l’époque, la guilde des Voleurs de l’Ombre avait des guildes rivales, moins puissantes mais également féroces : l’Orage Destructeur, le Vent du Destin (qui n’accepte que les hommes) et le Doux Murmure (exclusivement féminin ; assassins et courtisanes). On dit que le premier Grand Père s’empara de la Citadelle par infiltration : il introduisit tant d’hommes à sa dévotion dans la place que son propriétaire légitime (un magicien ?) dut la lui abandonner sans combattre. L’affaire se régla à l’amiable, le seigneur dépossédé recevant 3.000 po. pour quitter les lieux sans faire d’esclandre. 2