Tours, un réseau branché

Transcription

Tours, un réseau branché
RETROUVEZ TOUTE L’ACTU DU SALON SUR WWW.MIT.EPJT.FR
JOURNAL
DES ÉTUDIANTS
27 ET 28 MARS 2015
La Feuille
SPECIAL
Tours,
un réseau
branché
PHOTO : BRICE BOSSAVIE
C
Un quotidien ultra-connecté
HORIZON
E
À l’avenir, la technologie sera omniprésente.
Difficile d’y couper, même chez soi.
t si demain les nouvelles technologies envahissaient encore plus
notre vie quotidienne, de notre
intérieur à nos autoroutes ? En
Touraine, des initiatives existent déjà autour des objets connectés. À
commencer par l’habitat, avec la société
Avidsen, basée à Chambray-lès-Tours.
Sa box domotique, sous licence Thomson, contrôle la maison à distance, sur
n’importe quel appareil connecté. Depuis
l’application mobile, on reçoit des noti-
en cas d’incendie ou d’intrusion par
exemple. Plus besoin de compter sur ses
voisins pendant les vacances !
Autre expérience connectée : la PME
tourangelle SES-Signalisation a développé
les panneaux de signalisation routière
photovoltaïques. « Optima » est le premier
panneau à messages variables alimenté
par énergie solaire. Grâce à un système
d’autorégulation, il utilise et stocke
l’énergie en s’adaptant à l’ensoleillement.
Les panneaux peuvent donc fonctionner
en toutes conditions, même de nuit.
De la maison au supermarché
Bientôt, les objets connectés occuperont
aussi nos magasins. La société fondettoise
Articque l’a bien compris, en développant
l’iMeuble. Un présentoir intelligent, muni
d’une caméra et d’un logiciel d’analyse
d’images, qui gère les stocks et compte
le nombre de personnes qui achètent un
article ou le reposent.
L’objectif : mieux comprendre et s’adapter
aux attentes des consommateurs. Un
prototype a déjà été testé dans une stationservice en 2014, ce qui a permis de réaliser
15 % de ventes supplémentaires. La
construction de l’iMeuble et la gestion
des données seront confiées à des sociétés
de la région. Une aubaine pour le tissu
industriel local.
Lola BONDU et Jessica LOMBARDI
onnected Touraine
—pardon pour l’anglicisme— c’est le mot
d’ordre de ce terreau d’innovation que nous avons
exploré pour vous. La
connexion Made in Touraine, c’est d’abord l’enjeu
du pôle French Tech. Tours
rêve du label, qui récompense l’innovation numérique (p. 2). C’est aussi
resserrer les liens entre les
entreprises, comme le
souhaitait Bernard Estivin
en créant ce salon (p. 4). Et
leur offrir une vitrine auprès des visiteurs, qui iront
d’inventions en anecdotes.
Les plus curieux découvriront qu’un produit fabriqué
près de Saumur était sous
le sapin de Noël de la reine
d’Angleterre (p. 3). Ce sont
les acteurs locaux qui
travaillent à nous connecter. Grands industriels ou
jeunes entrepreneurs, ils
nous plongent dans le
monde de demain, peuplé
d’objets qui se parlent.
Jessica LOMBARDI
2
La Feuille
Cocon pour patrons
REPORTAGE
D
Créée par Tour(s) Plus pour galvaniser l’esprit d’entreprise de l’agglo,
la pépinière Start’ère accueille des patrons débutants à Joué-lès-Tours.
e grandes feuilles de paperboard remplies de langage
codé. La décoration de son
bureau ne trompe pas : Cyril
Puiseux déborde d’idées.
« Je les note toutes, ça m’évite de les
perdre
E-Stoires, un site de lecture de contes
-
entrepreneurs débutants de précieux
Contrast. Les patrons, Antoine Machon et
Antoine Lagarde, sont deux ingénieurs de
Ils ont lancé une société spécialisée dans
l’assemblage et l’usage de drones.
« La pépinière nous a fait gagner
beaucoup de temps au démarrage »,
Tous les trimestres, les entrepreneurs
il y a trois ans, a intégré la pépinière
du quartier de la Rabière, à Joué-lès-
Guy-Bichot. « Cela nous force à être
sérieux », apprécie Antoine Largade.
Un loyer à 1 500 euros l’année
« Au début, je travaillais seul à la
maison. Je devenais dingue. Ici, j’ai
pu réunir une équipe dans un milieu
créatif », lâche celui dont l’entreprise
Huit bureaux sont encore disponibles.
Seule contrainte : le bail ne peut pas
excéder quarante-huit mois. Passé
cette période, ces oisillons du monde
Tours, label numérique ?
FOCUS
T
L’agglomération souhaite obtenir le label
national d’excellence « French Tech ».
ours et son agglomération, bientôt à la pointe dans le secteur de
l’économie numérique ? La Ville
et Tour(s) Plus sont candidates à l’obtention du label « French Tech ». Lancée
tale rassemble les territoires français
les plus dynamiques en matière d’inà l’international. En plus de Paris, neuf
Innover en Touraine
Baptisée « Tours Tech », la candidature
tourangelle a été lancée en septembre
dernier. Plus de cent acteurs locaux,
des start-up aux grands groupes comme
STMicroelectronics, en passant par
les pépinières d’entreprises et les
François-Rabelais. « C’est une démarche
collaborative. Venez innover en Touraine,
répète Thibault Coulon, chargé du
Nous voulons
faire de notre territoire un lieu d’adoption
pour le numérique, un secteur qui pèse
déjà 6 500 emplois et 505 entreprises dans
le département. »
Au cœur de cet « écosystème », l’ancienne
« quartier de la création et du numérique »
en accueillant notamment un accélérateur
d’entreprises.
Bientôt bouclé, le dossier Tours Tech
comité de pilotage réfléchit à la mise en
le Loiret et l’Eure-et-Loir est également
en discussion.
Tony FABRI
propres ailes.
Tony FABRI
Il existe d’autres pépinières en Touraine :
Start’in Box accueille treize entreprises
à Tours. Pep’it affiche complet avec onze
entreprises présentes au parc d’activités Le
Prieuré, à Possé-sur-Cisse.
La maison du futur
Avec son site objetdomotique.com
Guillaume Tessier mise sur
l’avenir. Il fait le pari que bientôt,
tous nos foyers seront connectés :
réglage du chauffage via les
smartphones, tondeuse à gazon
automatique, caméras intérieures
contre les intrusions... Pour le
Tourangeau, toutes ces technologies sont l’avenir de notre société.
Son site de vente en ligne propose
des objets domotiques pour
maison intelligente. « C’est le
moment de s’y mettre ! », s’enthousiasme-t-il. Le futur serait-il
déjà à notre porte ?
PHOTOS : BRICE BOSSAVIE
encore de salarié. Jérôme Tuscano a
imaginé un logiciel pour améliorer la
sécurité incendie des entreprises. A Start’ère, huit bureaux sont encore disponibles.
« Nous sommes chouchoutés ici, se
Nous sommes accompagnés, on à la fibre et salle de réunion.
nous aide à trouver des financements. » Au deuxième étage, c’est canapé et
Les trois étages de la pépinière sont
La Feuille
Xavier Desforges, apôtre
du luxe tourangeau
PORTRAIT
X
Le jeune entrepreneur s’est appuyé sur l’image des châteaux de la Loire
pour valoriser sa marque de produits de beauté haut de gamme.
PHOTO : SHANEL PETIT
avier Desforges voulait devenir prêtre, il est chef d’entreprise. Ses cosmétiques s’exportent à Zurich, Londres, New
York ou encore Hong Kong,
Une consécration pour ce trentenaire,
enfant de la Touraine. Ses produits de soin
pour le corps sont fabriqués près de Saumur, à partir d’huile végétale produite à
Dolus-le-Sec (Indre-et-Loire), sur le domaine céréalier de ses parents.
« L’huile était d’abord destinée à
l’alimentation mais mon père s’est rendu
compte des bienfaits qu’elle avait sur sa
peau. Ses mains étaient plus douces »,
confesse l’aîné d’une fratrie de six enfants.
En décembre 2012, il lance sa marque
Maison Caulières, avec une aide financière Le fondateur de la marque Maison Caulières ouvrira sa première boutique à Paris.
de la Région et un emprunt souscrit auprès
de les faire cuire au feu de cheminée. » de chiffre d’affaires, essentiellement
de Bpifrance.
L’entrepreneur doit beaucoup à son grâce à la vente en ligne : « On a triplé
enfance passée à la campagne, à vingt nos objectifs. » Ses produits sont aussi
Sous le sapin de la reine
Diplômé de l’école supérieure de kilomètres du château de Chenonceau. disponibles dans des commerces et hôtels
commerce de Paris, Xavier Desforges « Je capitalise sur la renommée des de luxe et Xavier Desforges entend bien
s’entoure d’une équipe de chimistes châteaux de la Loire pour séduire une
continuer son ascension. Prochainement,
d’un laboratoire reconnu, avec qui il clientèle prestigieuse. La duchesse de
élabore une collection de douze produits. Kent a offert une de mes huiles à la reine i l o u v r i r a s a p r e m i è r e b o u t i q u e ,
à Montmartre. Au pied de la basilique
Son credo : la nature. Il crée notamment un d’Angleterre pour Noël ! », raconte-t-il.
gommage aux éclats de châtaignes, conçu En janvier dernier, trois mois après la du Sacré-Cœur; au cœur de la capitale
en souvenir de son arrière-grand-mère : commercialisation de la marque, la Maison mondiale du luxe.
Solène PERMANNE
« Nous en ramassions ensemble avant Caulières avait déjà réalisé 100 000 euros
Des vêtements high-tech
Eredova fait passer la pilule
Mincir la nuit et raffermir
son corps e n p o r t a n t
simplement un vêtement ?
A priori impossible. C’est
pourtant ce que propose
la marque Lytess, basée
à Fondettes.
Depuis sa création en
2003, l’entreprise s’est
spécialisée dans le
c o s m é t o t e x t i l e . Gr â c e
à des m i c r o - c a p s u l e s ,
l e t e x t i l e se dote
d’a c t i f s a m i n c i s s a n t s
ou raffermissants.
Le pantacourt minceur
de la marque a m ê m e
é t é é l u « Pr o d u i t d e
l ’a n n é e » e n 2 0 1 5 .
Pour répondre à ce succès
et à la forte demande, une
usine a même été ouverte
Mettre un cachet dans la
compote ou la confiture, se
boucher le nez, avaler un
grand verre de jus de fruits :
les subterfuges pour
avaler une pilule sont
nombreux mais d’une
efficacité relative.
Eva Bachelard-Chalmont
en a fait les frais avec son
jeune fils, incapable de
prendre ses traitements.
En 2011, elle quitte alors
son emploi pour lancer
seule son entreprise :
Eredova. Deux ans plus
tard, elle commercialise
son spray Slyzane qui
facilite la prise de
médicaments. Parfum
menthe ou citron, il a
tout pour plaire aux
en Tunisie. À ce jour,
près de 6,8 millions de
produits ont été vendus.
Pour ne pas perdre de
vue cette innovation qui
fait désormais partie de
l’ADN de Lytess, près de
15 % de ses revenus sont
r é i nvestis e n r e c h e r c h e
et développement. Un
profil qui a permis à
l’entreprise d’obtenir un
partenariat prestigieux
avec L’Oréal en 2010.
Avec un chiffre d’affaire
q u i a v o i s i n e l e s sept
m i l l i o n s d ’e u r o s e n
2014 et 70 salariés,
d o n t 2 0 basés à T o u r s ,
l’entreprise est en pleine
expansion.
Shanel PETIT
enfants. Mais si le
produit a reçu un bon
accueil, les ventes ne
décollent pas pour autant.
« J e vais devoir m i e u x
communiquer auprès
des médecins et des
maisons de retraite »,
insiste la dirigeante, qui
vend principalement ses
produits sur internet et
dans les pharmacies.
La société a de l’ambition
et n é g o c i e actuellement
avec de grands
laboratoires de la région.
Elle sortira un nouveau
produit courant avril :
le Facitass, un gobelet
pour absorber sans peine
comprimés et gélules.
Sh. P.
4
La Feuille
“Jouer en équipe”,
la clé de la réussite
PHOTO : FABIEN BURGAUD
INTERVIEW
Pour le fondateur du salon, Bernard Estivin,
les patrons locaux doivent travailler en réseau.
Quel était votre objectif lorsque vous avez Ils doivent convaincre nos jeunes que, sans être
casaniers, ils peuvent exprimer leurs envies et
lancé Made in Touraine en 2009 ?
Bernard Estivin. Nous avions déjà créé développer leur propre activité en Touraine.
« Savourons la Touraine » en 2006 afin de mettre On a eu du mal à mobiliser les jeunes au début
en avant les productions agroalimentaires de la mais on s’est adapté pour mieux les attirer.
région, à l’occasion de la semaine du goût. On C’est notamment passé par un changement de
s’est ensuite dit qu’il ne fallait pas laisser de côté date : le premier salon était en mai, le deuxième
en octobre, le
la filière industrielle.
troisième en
Personne ne sait
novembre. Cette
vraiment ce qu’il se
année, on l’organise
passe sur le territoire,
au mois de mars
ni quelles sont les
car la période est
entreprises qui s’y
propice : il n’y
développent. L’idée
a ni examens ni
de ce salon était
vacances.
de faire connaître
Cette année, le
ces savoir-faire
salon a pour thème
industriels locaux.
l’innovation.
Pour la première
Pourquoi ce
édition, nous voulions
choix ?
que les patrons soient
B. E. Je dis souvent
fiers de présenter leur
que l’entreprise est
entreprise. Et, surtout,
comme un être
qu’ils apprennent à
vivant : elle naît,
se connaître encore
elle vit, elle se
mieux entre eux car
développe, elle
ils ont besoin de
s’adapte. Mais à
travailler en réseau.
la différence de
On va souvent
l’être vivant qui,
chercher un produit
de toute façon,
ou une sous-traitance
à 1 000 km alors qu’il « L’entreprise est un être vivant : elle naît, a une fin, il est
elle vit, elle se développe. »
important d’éviter
existe une entreprise
qu’elle meure. Cela
locale qui le fait.
La cible principale de votre salon reste les passe par un mouvement permanent au sein de
jeunes. Comment faites-vous pour vous l’entreprise.
Comment se positionne la Touraine par
adresser à eux ?
B. E. Il faut que les patrons aient envie de montrer rapport à la région parisienne et aux pôles
aux étudiants ce que leur entreprise produit. industriels voisins ?
B. E. De toute façon, on ne peut pas concurrencer
Paris. Je pense que l’on a besoin de coopérer
avec d’autres pôles régionaux. Ce n’est pas un
Un grossiste qui garde la pêche
handicap d’être à côté du Mans, d’Angers ou
À la tête d’Estivin Groupe, Bernard
d’Orléans. Il faut plutôt jouer en équipe que les
Estivin a gardé le créneau emprunté
uns contres les autres.
par son grand-père dans les années
Si vous aviez à convaincre un jeune
entrepreneur de s’installer en Touraine, que
1920 : la vente de fruits et de légumes
lui diriez-vous ?
frais. Partie des Halles de Tours, l’activité
B. E. Il faut aimer le territoire dans lequel
familiale s’est depuis développée dans
vous souhaitez travailler. On a maintenant un
tout le grand centre de la France :
excellent réseau autoroutier. De plus, on peut
à Limoges, Le Mans, Sarlat, Nevers
se rendre facilement depuis Tours à Strasbourg,
ou encore Troyes. Estivin, qui livre aux
à Marseille, à Lille, à Bordeaux et même à
détaillants et aux restaurateurs, compte
Londres. Et puis, si l’endroit n’avait pas été
plaisant, les rois de France ne s’y seraient pas
désormais plus de 400 salariés (dont
installés (rires).
240 à Tours) et a réalisé un chiffre
d’affaires de 65 millions d’euros en 2014.
Propos recueillis par F. BURGAUD et K. VERGER
Trains aspirateurs
La Touraine n’est jamais
loin, même dans les
métros de Santiago du
Chili, Milan ou New
York, où les trains
aspirateurs de Socofer,
conçus à Saint-Pierredes-Corps, assurent
le nettoyage des
voies. Le constructeur
ferroviaire exporte vers
de nombreux pays, de
la Syrie au Bangladesh.
Il emploie une centaine
de personnes en Indreet-Loire pour un chiffre
d’affaires de 20 millions
d’euros, dont 40 %
réalisés à l’international.
95
c’est, en pourcentage,
la part du chiffre
d’affaires de CBE Group
consacrée à l’export en
2014 (soit 25 millions
d’euros). Cette société
fabrique des moules
pour tunnels.
Son carnet de
commandes prend des
airs de mappemonde
avec des chantiers
de Washington à
Istanbul. CBE, basé à
Saint-Avertin et à L’ÎleBouchard, exporte son
savoir-faire jusqu’en
Chine, avec un atelier à
Yangling.
La Feuille
Journal des étudiants
de l’école publique de
journalisme de Tours
(IUT).
29, rue du PontVolant, 37000 Tours.
Distribué
gratuitement.
Directeur de
publication :
Nicolas Sourisce.
Imprimerie
ISSN - 0299-3406

Documents pareils