Irons nous tous au Paradis ?
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Irons nous tous au Paradis ?
Paroisse Saint-Symphorien-en-Côte-Chalonnaise > LE CŒUR DE LA PAROISSE > La messe du dimanche > Les Homélies du Dimanche > Irons nous tous au Paradis ? Irons nous tous au Paradis ? Homélie du Dimanche 29 juin 2014 dimanche 29 juin 2014, par Père Alain Dumont • Livre des Actes des Apôtres 12,1-11 « Pierre dormait entre deux soldats, il était attaché avec deux chaînes et, devant sa porte, des sentinelles montaient la garde. » • Psaume 34(33),2-3.4-5.6-7.8-9 « Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. » • Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 4,6-8.17-18 « Le Seigneur me fera encore échapper à tout ce qu’on fait pour me nuire. » • Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 16,13-19 « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » lire l’intégralité des textes de ce dimanche Quelle mission exorbitante ! Recevoir de pouvoir lier et délier éternellement... Comme on attèle ou l’on détèle le fardeau d’un âne — c’est le sens des mots en grec —. Autant dire qu’il s’agit là d’un pouvoir de vie et de mort !!! Le rêve de tous les chefs du monde ; le rêve de notre société occidentale : pouvoir décider si un enfant à le droit de venir au monde ou non ; si une personne âgée a le droit de poursuivre sa vie ou non ; si une personne tétraplégique et dans le coma a le droit qu’on poursuive son hydratation et son alimentation ou non... Qui détient ce pouvoir est le maître du monde ! Il est Dieu ! Alors ? Est-ce là ce que Jésus donne à Pierre ? De devenir le Maître du monde ? Ce serait revenir au Faust de Goethe tenté par le diable ; ou plus simplement aux tentations de Jésus au désert, à cette différence que Jésus prendrait ici la place du démon : "Pierre, je te donne tous les règnes du monde si tu te prosternes devant moi !" (cf. Mt 4,9) Quelle angoisse ! Quelle folie ! Oui, quelle folie si ce pouvoir est remis entre les mains d’un homme déraisonnable. Et le monde le sent bien aujourd’hui : de quel droit l’Église s’arrogerait-elle ce droit ? Pour qui se prend-elle ? Car enfin, si DIEU est bon, on ira tous au Paradis, comme le chantait Michel Polnareff, n’estce pas ? Ah oui ? Mais où trouve-t-on ça dans l’Évangile ? Et si c’est réellement le cas, alors pourquoi Jésus est-Il allé se faire pendre sur la Croix ?!? Posons-nous la question ! Elle en vaut la peine. *** Qui ira au Paradis ? Qui ira au Paradis ? Les gentils ? Les pas-si-méchants-que-ça-dans-le-fond ? Ceux qui-ne-font-de-mal-à-personne ? Se rend-on compte à quel point ces critères sont dangereux ? D’autant qu’avec un tel objectif — ne faire de mal à personne —, le seul moyen est de rester enfermé chez soi sans voir quiconque ! Car que vous le vouliez ou non, ne serait-ce que par nos paroles, il y a toujours un moment où nous faisons mal à quelqu’un. Alors, qui ira au Paradis ? Quelle est la condition pour entrer au Paradis ? Qu’est-ce que la Bible ne cesse de nous dire et que nous ne voulons pas voir ? Est-ce « obéir aux commandements de DIEU » ? Certes, mais lesquels ? Et là encore, le risque de présomption est bien menaçant : qui peut, à part Jésus, affirmer qu’il accomplit tous les commandements requis pour entrer dans le Royaume ? Et qu’advient-il de ceux qui n’en ont pas la force ? Ou ceux qui sont dans des situations qui ne répondent pas à la règle ? Vous savez, ce genre de petit mot que certains chrétiens mettent anonymement dans les boîtes aux lettres de leurs frères et sœurs : "Toi, t’es divorcé, alors tu n’as pas droit à la parole !" Malheureusement, même chez nous, dans cette paroisse, la chose est avérée... Encore et encore : qui ira au Paradis ? Pierre parce qu’il a reconnu que Jésus est le Messie ? Paul parce qu’il obéissait aux commandements de DIEU en pourchassant les chrétiens ? Est-ce cela qui a valu à ces hommes de devenir les premiers grands apôtres de l’Église ? Non, bien sûr. Si vous lisez la suite du récit de Matthieu, vous allez voir comme Pierre se fait remettre en place par Jésus, juste dans les versets qui suivent. Quant à Paul, il sera jeté à terre par Jésus sur le chemin de Damas. Car tant que ces événements ne se sont pas produits, l’un et l’autre sont prisonniers d’eux-mêmes, ils sont prisonniers... de leur péché. Ah ! Voilà la clef ! Donc, qui ira au Paradis ? Ceux qui se reconnaissent pécheurs. Hors de cela, pas de Salut possible. Vous vous rappelez de cet adage : "Hors de l’Église, point de Salut" ? Cela ne signifie pas autre chose : n’est fils de l’Église que celui qui se reconnaît pécheur. Raison pour laquelle, au début de chaque eucharistie, nous redisons : « Seigneur, prends pitié de moi, pécheur ! » Le cœur de l’évangélisation n’est pas ailleurs. Tu peux être le pire pécheur de l’univers, si tu demandes pardon, tu entreras au Paradis, dès aujourd’hui ! Voilà ce que signifie "délier" : l’Église est le seul lieu où de telles paroles résonnent : « Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, je te pardonne tous tes péchés ». *** Obéir pour comprendre, et non comprendre avant d’obéir... C’est parce que Paul a reconnu son péché sur le chemin de Damas, et dans tous ses écrits, et dans toute sa vie, qu’il est l’Apôtre par excellence. C’est parce que Pierre, du cœur même de sa trahison a été capable de revenir à Jésus pour lui dire : Je t’aime d’amitié qu’il est celui qui peut mener paître les brebis (cf. Jn 21). La chose est difficile. Cela n’est pas nouveau. Pourquoi ? Parce que le péché inverse tout dans un domaine très précis, depuis le commencement : qui, de la raison ou de la volonté, est premier ? On parle souvent du dialogue entre la raison et la foi, mais l’on devrait bien plutôt parler du dialogue entre la raison et la volonté. Pour dire les choses simplement, il faut revenir à un vieil adage qui résume bien l’enjeu : « Il ne faut pas comprendre pour agir, mais agir pour comprendre ». La chose est illustrée par l’habit du Grand-Prêtre dans le Temple : sont front est couronné par un diadème sur lequel est inscrit : "Tu es consacré à DIEU". C’est-à-dire : DIEU précède ton agir afin que tu comprennes qui tu es. Cela, le monde a toutes les peines à le comprendre. Surtout depuis le siècle des Lumières qui revendique le droit de diviniser la raison : on fait alors des théories, et on tente de les mettre en œuvre. Résultat ? Des ravages humanitaires, que la raison va justifier en disant que la République vaut bien ces sacrifices... Ou que l’idéologie demande que des générations soient sacrifiées pour permettre l’avènement d’un idéal. C’est ce que l’on appelle l’utopie, toujours tellement dangereuse... Très concrètement, tous les combats d’aujourd’hui autour du "mariage pour tous" tiennent dans ce rapport. Nous disons : "la nature est première", c’est-à-dire que notre volonté doit se soumettre à la nature, de sorte que notre raison puisse travailler dans le bon sens. Mais nos adversaires rétorquent : "Non ! La raison est première, et si elle peut se révolter contre la nature grâce à la technique, elle doit le faire"... Tout est inversé. La raison ne reconnaît pas le péché. Elle affirme son droit, au nom d’elle-même. Ni Dieu, ni Maître. Ce n’est ni plus ni moins que de l’anti-sagesse. Tout ce que tente de dire la Parole de DIEU est que la vie est dans l’exercice de la volonté pour pouvoir franchir les épreuves de la vie victorieusement. DIEU n’a qu’un objectif : affermir notre volonté pour qu’elle puisse éclairer la conscience et nous faire prendre le chemin de la Vie. Pour que nous nous sentions exister pleinement, et que cette plénitude conduise à la joie la multitude des hommes. Cette joie qui constitue l’essence même du Paradis. Que cette volonté soit maladroite importe peu. Il faut qu’elle s’exerce, qu’elle mesure ses limites quand elle pense y arriver toute seule — le fameux "péché" —, qu’elle demande pardon et surtout, qu’elle ne se décourage jamais ! Et peu à peu, s’affinant, elle devient un vrai support de sagesse pour la Vie. *** DIEU nous apprend à ne jamais nous décourager Un passage biblique est ici essentiel : quand Élie, le prophète, est tellement découragé face à la hargne meurtrière de Jézabel. Il s’effondre dans le désert et dit à DIEU : "Prends ma vie ! Je ne vaut pas mieux que mes pères !" Alors DIEU lui envoie un messager qui lui donne du pain et lui dit : "Allez ! Debout ! La route est encore longue !". Alors Élie se lève et va jusqu’à la montagne de DIEU pour découvrir qui Il est en vérité. DIEU a stimulé sa volonté pour éclairer sa conscience. C’est alors que tout change. Et nous, dans l’Église ; nous qui nous reconnaissons pécheurs ; nous qui acceptons de soumettre notre volonté à DIEU, l’Église nous donne à manger le Pain de Vie pour nous dire de la part de DIEU : "Debout ! Marche ! La route est encore longue !" Tout est là. Les clefs que Jésus remet à Pierre et l’Évangile que proclame Paul n’est pas autre chose : à ceux qui le demandent, les péchés sont déliés pour recevoir de DIEU le Pain de la Vie et garder une espérance de tous les instants. Nous pouvons rendre grâce à DIEU pour un tel trésor !