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⌫ Retour Université du Maine - Faculté des Sciences CHIM301A - Semaine 1 La chimie des éléments d et f – 3/3 La chimie des éléments d et f (suite) II.2. La théorie du champ cristallin (théorie du champ des ligands) On utilise un modèle simple de charges ponctuelles. Dans cette théorie, on considère le complexe comme un cation métallique central entouré par des ligands ioniques ou dipolaires qui sont attirés électrostatiquement par le cation. 3dx E 3dx 2 2 -y 2 3dz eg t2 3/5 ∆0 ∆0 3dxy 3dxz 3dyz 3dxy 2/5 -2/5 ∆0 ion libre 2 2 -y ∆T -3/5 e t2g ∆P 3dz 2 3dyz - 3dxz octaédrique tétraédrique plan carré Sous l’effet du champ électrostatique crée par les ligands, les orbitales d du métal, toutes dégénérées à l’état de l’atome isolé, vont se séparer en plusieurs groupes. Cette levée de dégénérescence résulte du fait que les 5 orbitales ont des orientations différentes. Elles ne sont donc pas équivalentes vis à vis des ligands. L’énergie de stabilisation du champ cristallin ESCC est fonction de la répartition des électrons sur les niveaux d’énergie. Pour une géométrie octaédrique de configuration électronique t2gx egy, elle est donnée par : ESCC = (-0.4x + 0.6y) × ∆o. Pour une géométrie tétraédrique de configuration ex t2y, elle est donnée par : ESCC = (-0.6x + 0.4y) × ∆T. Pour les ions d4 à d7 en géométrie octaédrique et pour les ions d3 à d6 en géométrie tétraédrique, il existe 2 manières différentes de remplir les niveaux t2g et eg : On aura une configuration spin élevé (spin maximum) si la règle de Hund est respectée . On parlera de champ faible. On aura une configuration spin faible (spin minimum) si la règle de Hund n’est pas respectée ; cette situation se rencontre si le champ cristallin est fort. La configuration adoptée par le complexe est celle qui possède l’énergie ESCC la plus basse. Il en résulte que la configuration spin faible (champ fort) sera adoptée si ∆o > P (P = énergie d’appariement de deux électrons). Inversement, si ∆o < P, le complexe a une configuration spin élevé (champ faible). Distribution des électrons d dans les complexes octaédriques et énergie de stabilisation du champ cristallin ESCC (unité ∆o) dn d xy d xz d yz ion t 2g 1 3+ Ti , V 4+ ↑ 2 2+ 3+ ↑ ↑ 2+ 3+ ↑ ↑ Ti , V d z2 3 V , Cr 4 Cr2+, Mn3+ d x2 −x2 eg ↑ ESCC ecélibataires -0.4 1 -0.8 2 -1.2 3 Champ fort Champ faible ↑ ↑ ↑ ↑ -0.6 4 ↑↓ ↑ ↑ -1.6 2 5 Mn , Fe ↑ ↑ ↑ ↑ ↑ 0.0 5 ↑↓ ↑↓ ↑ -2.0 1 6 Co3+, Fe2+ ↑↓ ↑ ↑ ↑ ↑ -0.4 4 ↑↓ ↑↓ ↑↓ -2.4 0 ↑↓ ↑↓ ↑ ↑ ↑ -0.8 3 ↑↓ ↑↓ ↑↓ -1.8 1 ↑↓ ↑↓ ↑↓ ↑ ↑ -1.2 2 ↑↓ ↑↓ ↑↓ ↑↓ ↑ -0.6 1 ↑↓ ↑↓ ↑↓ ↑↓ 0.0 0 7 2+ 3+ 2+ 3+ Co , Ni 2+ 2+ 8 Ni , Pt 9 2+ 10 Cu , Ag + Cu , Zn 2+ 2+ ↑↓ ↑ ⌫ Retour Université du Maine - Faculté des Sciences CHIM301A - Semaine 1 La chimie des éléments d et f – 3/3 Distribution des électrons d dans les complexes tétraédriques et énergie de stabilisation du champ cristallin ESCC (unité ∆t) dn 1 2 d z2 ion d xy d xz d yz t 2g eg ↑ Ti3+, V4+ ↑ 2+ 3+ 2+ 3+ Ti , V d x2 −x2 ↑ ESCC ecélibataires -0.6 1 -1.2 2 Champ faible ↑ ↑ ↑ Cr , Mn 3+ ↑ ↑ ↑ ↑ 2+ 3+ ↑ ↑ ↑ ↑ ↑ ↑↓ ↑ ↑ ↑ ↑ 3 V , Cr 4 2+ 5 Mn , Fe 6 3+ 2+ Co , Fe 7 2+ 3+ Co , Ni 2+ 2+ 8 Ni , Pt 9 2+ Cu , Ag 2+ Champ fort ↑↓ ↑ -0.8 3 -0.4 4 ↑↓ ↑↓ 0.0 5 ↑↓ ↑↓ ↑ -0.6 4 ↑↓ ↑↓ ↑ ↑ ↑↓ ↑↓ ↑ ↑ ↑ -1.2 3 ↑↓ ↑↓ ↑↓ ↑ ↑ -0.8 2 ↑↓ ↑↓ ↑↓ ↑↓ ↑ -0.4 1 -1.8 1 -2.4 0 -2.0 1 -1.6 2 D’après ces tableaux donnant les valeurs de ESCC, on constate que la configuration spin élevée est favorisée pour les ions d3 (Cr3+) et d8 en géométrie octaédrique et pour les ions d2 (V3+) et d7 (Co2+) en géométrie tétraédrique. Quant à la configuration spin faible, elle est fréquemment observée pour les ions d6 (Co3+) et d5 pour les complexes octaédriques mais pratiquement jamais observée dans une géométrie tétraédrique (ion d4) car ∆T est faible (∆T < ∆o) et on rencontre presque toujours ∆T < P). En ce qui concerne la géométrie plan carré, favorisée pour les ions d8 (Ni2+, Pt2+, …), on observe presque exclusivement une configuration spin faible entraînant un comportement diamagnétique. II.2.1. Interprétation des valeurs de ∆ (∆ο , ∆t) Pour un complexe octaédrique, ∆o correspond au champ cristallin exercé par 6 ligands. On peut donc en déduire la valeur de ∆o associée à un ligand X : ∆ o (X) = ∆o . 6 De même, pour un complexe tétraédrique, ∆ t (X) = ∆t . 4 Pour un même cation, on peut établir un classement des ligands par force croissante. Ceci constitue la série spectrochimique des ligands : Ι- < Br- < Cl- < F- < OH- < C2O42- ≈ H2O < EDTA < NH3 < En < NO2- << CN- < CO. donneurs π accepteurs π Pour un même ligand, on constate que la force du champ cristallin dépend aussi du cation : elle augmente avec la charge du cation Pour un degré d’oxydation donné, la force du champ cristallin augmente avec la période (5d > 4d > 3d) On peut donc construire également une série spectrochimique des cations : MnII < NiII < CoII< FeIII < CrIII < VIII < CoIII < RhIII < RuIII < PdIV < ReIV < PtIV. Ainsi, le passage d’une configuration spin élevé à spin faible sera facilité dans un complexe engageant un cation situé à droite de la série des cations et un anion (ou molécule) situé à droite de la série des ligands. Université du Maine - Faculté des Sciences ⌫ Retour CHIM301A - Semaine 1 La chimie des éléments d et f – 3/3 II.2.2. Effet Jahn-Teller L’effet Jahn-Teller correspond à une déformation spontanée de la géométrie du complexe liée à un accroissement de l’énergie de stabilisation. Il est surtout observé dans un environnement octaédrique pour les ions d4 (Cr2+, Mn3+) et d9 (Cu2+). Deux déformations quadratiques de l’octaèdre peuvent être observées : la compression et l’élongation selon l’axe z, chacune correspondant à deux états d’énergie . Compression de l’octaèdre selon z Élongation de l’octaèdre selon z 3dx 2 3dz δ’1 δ’2 3dx 3dx 2 2 -y 2 3dz 3dxy δ1 2 2 2 -y 3dyz 2 2 -y 3dz 3dxy 3dxz 3dxy 3dxz 3dyz 3dyz 3dxz δ2 octaèdre Si ces deux états d’énergie sont proches, le 1 2 E SCC =-0.6∆o - δ’1/2 E SCC =-0.6∆o - δ1/2 complexe passe alternativement d’une distorsion à l’autre. Cette alternance étant très rapide, on n’observera aucune déformation. On parle alors d’effet Jahn-Teller dynamique. Pour voir la distorsion, il faut réaliser des expériences à basse température. Si les deux distorsions correspondent à deux états d’énergie différents, on observera celle associée à l’état de plus basse énergie. Cela correspond à l’effet Jahn–Teller statique. En pratique, l’allongement suivant z est le plus fréquent notamment avec le cuivre (d9). Exemple : CuF2 type rutile (quadratique), On observe quatre distances Cu-F courtes (dCu-F = 1.93 Å) et deux distances plus longues (dCu-F = 2.27 Å).