Agents infectieux - Faculté de médecine vétérinaire
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Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau (Michigan), remplie d'orignaux. Depuis lors, cette population a été précieuse pour l'étude de l'équilibre prédateur-proie. C'est là notamment qu'on a découvert que les loups choisissent principalement les jeunes et les vieux orignaux comme proies et non les adultes en santé. Cet écosystème préservé a permis récemment de découvrir que c'est la densité des loups qui détermine la croissance des plantes (top-down model) en contrôlant la densité des orignaux (voir Isle Royale, p. 14). La population de loups a diminué fortement depuis les années 1980. On croit que c'est à cause du virus du distemper qui a été apporté par les bottes d'un visiteur. Encore ici, l'analyse de l'ADN des loups a révélé que les animaux avaient la moitié de la variabilité génétique de loups normaux (ils descendraient tous de la même femelle). Baleine à bosse Les baleines à bosse migrent plus que 10,000 km chaque année de leur habitat d'été, où elles se nourrissent, à leur habitat d'hiver, où elles s'accouplent. La chasse a fait passer leur nombre de 125,000 à moins de 5,000, avant que la protection internationale ne leur soit accordée en 1966. On a déterminé par analyse de l'ADN mitochondrial que les baleines à bosse habitant les trois océans séparés par des continents ont divergé génétiquement de 3 à 5 millions d'années auparavant. Puisqu’on peut encore discerner ces différences, on peut dire que la diminution des stocks due à la chasse n'a pas entraîné de bottleneck comme cela a été le cas pour le guépard (il peut y avoir eu bottleneck avant 5 millions d'années!). Agents infectieux Virus Rage Nom de la maladie. Rage, hydrophobie. La rage est une maladie infectieuse qui se traduit par l'inflammation du cerveau (encéphalite) causée par un virus transmis le plus souvent par la morsure d'un animal infecté ou par la contamination d'une plaie cutanée par de la salive infectieuse. Bien que ces modes de transmission soient moins fréquents, la rage se transmet aussi par la voie orale, oculaire ou par les membranes muqueuses. Agent causal : le virus de la rage appartient au genre Lyssavirus, et à la famille des Rhabdoviridae. Les particules ont la forme d'une balle de fusil, ont environ 180 nm de long et 75 nm de diamètre avec un génome constitué d'une molécule ARN à simple brin, de polarité négative, entouré par une enveloppe de phospholipides. La protéine G est répartie sur la surface de l'enveloppe. C'est elle qui permet le développement de la réaction immune. La rage classique est liée au Lyssavirus Sérotype 1 : elle est responsable de la rage des mammifères terrestres et des chauves-souris insectivores et hématophages du Nouveau-Monde. Les Sérotypes 2, 3 et 4 ont été isolés chez des chauves-souris de l'Ancien-Monde, des musaraignes et occasionnellement dans des maladies ressemblant à la rage chez les animaux de compagnie et chez l'homme en Europe et en Afrique. On croyait qu'il s'agissait d'une seule entité. On s'aperçoit maintenant que le "virus de la rage" est en fait un ensemble de variants très différents les uns des autres, et chaque variant persiste dans un hôte spécifique. Distribution. Au Québec, il y a eu 2774 cas confirmés de rage animale de 1986 à 1996. Il y a eu 10 cas en 1999 et 21 en 2000. En octobre 2000, un enfant mourait à Montréal de rage suite à l'exposition au virus de chauve-souris. C'était le premier cas humain depuis 1964. Voir la carte du Québec réalisée par le Dr François Lagacé montrant les cas québécois en 2000 à www.amvspq.org Au Canada, les problèmes de rage proviennent de la faune. Au Québec et en Ontario, les cas surviennent chez le renard roux et la rage du raton-laveur a fait une entrée récente (47 ratons-laveurs 86 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau en Ontario en 2000). Au Canada, il y a eu moins de 25 cas chez l'homme depuis que l'on tient des registres à cet effet. Dans les Territoires du Nord-Ouest, il y a des cas sporadiques chez les renards Arctiques et les chiens de traîneau. On n'a pas rapporté de cas en Colombie-Britannique (Mars 1999). En Alberta, on rapporte de rares cas. En Saskatchewan et au Manitoba, les cas sont surtout chez la moufette. Le virus de la rage est détecté chez tous les mammifères et peut aussi affecter les oiseaux bien que ces derniers ne jouent pas un rôle important dans l'épidémiologie de la maladie. La rage est observée sur tous les continents sauf l'Australie et l'Océanie. Certains pays tels que le Royaume-Uni et l'Irlande en sont totalement exempts. D'autres pays sont indemnes de la rage des animaux terrestres bien que des chauves-souris enragées soient exemptes. Bien que la rage puisse affecter toutes les espèces de mammifère, pour une région géographique donnée elle apparaît le plus souvent associée à une unique espèce. Cette espèce joue le rôle de réservoir de la maladie et la transmet aux autres espèces. Le réservoir des régions arctiques est le renard arctique (Alopex lagopus), le raton-laveur (Procyon lotor) l'est dans l'Est des États-Unis et en Ontario, les vampires (et plus spécialement Desmodus rotundus) le sont en Amérique Centrale et du Sud et le Chien (Canis familiaris) constitue le réservoir de l'Afrique et de certaines régions d'Asie. La souche présente au Québec est celle liée au renard arctique. Écologie / Épidémiologie : On croyait que la stratégie du virus de la rage - tuer l'hôte - n'est pas très bonne. En fait, dans le cas de la rage, la mort de l'hôte n'est pas importante pour le virus. La stratégie du virus est très efficace puisque la maladie resurgit constamment dans le monde entier et gagne même du terrain (voir rage du raton-laveur). Après l'inoculation, le virus est presque indétectable. Il se rend jusqu'au système nerveux central, où il altère le comportement de l'animal pour assurer sa transmission. Le virus s'assure aussi que l'hôte infecté excrète une grande quantité de virus bien avant qu'il ne meure. Les variants persistant au sein des différentes espèces ne s'adaptent pas facilement à d'autres espèces. Attention ! Ceci ne signifie pas qu'ils ne peuvent pas infecter - et tuer - des animaux appartenant à d'autres espèces ou l'humain; ceci signifie simplement qu'ils ne persistent pas au sein de populations animales d'autres espèces. Par exemple, les variants des renards arctiques ne s'établissent pas au sein des populations de ratons-laveurs, et vice-versa. Ou encore, les variants des chauvessouris ne s'établissent pas dans les populations de ratons-laveurs ou de renards (mais peuvent occasionnellement infecter et tuer des ratons-laveurs ou des renards). La relation qui existe entre le virus rabique et les espèces réservoir est liée à la variabilité génétique du virus. Ainsi, un raton-laveur qui a la rage mordra surtout d'autres ratons-laveurs. Ceux-ci mordront d'autres ratons-laveurs qui en mordront d'autres. Ainsi, la période d'incubation du nouveau variant sera idéale pour permettre au raton-laveur infecté de mordre d'autres ratons-laveurs avant que ce ratonlaveur infecté ne meure. Cette adaptation permet sans doute au virus de persister au sein d'une population animale donnée explique ainsi la plus grande "efficacité" de l'infection virale chez l'espèce à laquelle elle est adaptée. Par exemple, pour induire la maladie il faut administrer moins de virus de la souche du renard arctique à cette espèce qu'à une autre espèce. De plus, l'infection qui en résulte se développe plus rapidement et la concentration de virus au niveau de la salive est plus importante chez le renard arctique que chez les autres espèces. Ces variations dans le virus peuvent expliquer les différences de sensibilité à l'infection que l'on observe chez certaines espèces de mammifères. Les variants de virus rabique sont identifiés par l'analyse moléculaire de leur homogénéité génétique ou par la comparaison des variations mineures de l'antigène G que l'on peut détecter par des anticorps monoclonaux. Six génotypes sont maintenant identifiés en Amérique du Nord (Emerging infectious diseases 4:429435, 1998). Le génotype du renard arctique affecte le renard arctique et le renard roux (Vulpes vulpes) des régions arctiques et sub-arctiques. Au milieu des années 1950, l'aire de distribution de ce variant s'est étendue et il est devenu endémique chez les renards roux de l'Ontario. A partir de ce nouveau foyer d'endémie, le virus se propage régulièrement dans les régions adjacentes (Québec, Nouvelle 87 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Angleterre, New York). Périodiquement, ce variant atteint Terre-Neuve à partir du Labrador lorsque l'océan est pris par la glace. À part la rage des chauves-souris, le Québec connaît pour l'instant un seul variant rabique : c'est celui du renard arctique qui, dans la vallée du Saint-Laurent, affecte le renard roux. Le génotype du raton-laveur Historique: apparu dans les années 1950 en Floride. Le raton-laveur s'est révélé très sensible à une variante. Cette variante s'est étendue dans les régions voisines de la Géorgie, de l'Alabama et en Caroline du Sud. La progression s'est longtemps heurtée à la barrière naturelle de la chaîne des Appalaches. Mais à la fin des années 1970, des associations de trappeurs ont capturé des ratonslaveurs (probablement en phase d'incubation) pour les transporter en Virginie (Voir Translocation). À cause de ces trappeurs, ce variant s'est largement répandu et représente maintenant un danger majeur pour la santé publique en milieu urbain comme en milieu rural. Il est observé presque partout en Virginie, Pennsylvanie, Delaware, Maryland, New York (1990), Connecticut, Massachusetts. Le front rabique s'est déplacé vers le Nord et vers l'Ouest à travers l’État de New York à la vitesse de 50 km par an depuis 1990 et se trouve à présent au Vermont, à 25 km de la frontière du Québec (septembre 1999). Les deux premiers cas de rage du raton-laveur au Canada étaient signalés dans l'Est de l'Ontario en juillet 1999. Ontario: Le 14 juillet 1999, le premier cas de rage causé par une variante du virus associée aux ratons laveurs a été diagnostiqué chez un raton laveur de l'autre coté du fleuve Saint-Laurent, en face d'Ogdensburg dans l'État de New York, dans un village au nord-ouest de Prescott en Ontario. Un deuxième cas a été identifié le 26 juillet, 9 miles à l'ouest du premier cas. Un troisième cas a été diagnostiqué le 17 septembre à environ 9 miles au nord des 2 autres cas. Le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario dirige des programmes de capture-vaccination-relâche depuis un certain nombre d'années aux principaux passages de la frontière dans les régions du fleuve Saint-Laurent et de Niagara afin de créer des zones défensives de ratons laveurs vaccinés en vue de minimiser la propagation de l'épizootie de la rage. Ces premiers cas ont été décelés hors de la zone de vaccination. Un total de 880 ratons laveurs, 220 mouffettes rayées et un renard roux capturés dans un rayon de 3 miles des deux premiers cas ont eu un résultat négatif à la réaction d'immunofluorescence visant à déceler la rage (ministère des Richesses naturelles de l'Ontario, données non publiées, 2000). Dans un rayon d'environ 3 miles autour du point de contrôle, les ratons laveurs et les mouffettes ont été capturés dans des pièges permettant de capturer l'animal vivant, le vacciner avec un vaccin inactivé puis le relâcher. Les ratons laveurs atteints de la rage ont probablement traversé le Saint-Laurent par le pont international entre OgdensburgJohnstown dans l'État de New York et Prescott en Ontario ou près de ce pont. Source: Morbidity and Mortality Weekly Report, 49(02): 2508, 21 janvier 2000 Importance: Le danger avec le raton-laveur est que son habitat, contrairement à celui du renard, chevauche celui de l'homme (villes, aires de picnic et campings). De plus, le raton-laveur est un animal curieux qui n'a pas très peur de l'humain naturellement. Le Québec a décidé de se doter d'un Comité interministériel auquel participent : - Ministère de la Santé, - Ministère de l'environnement et de la Faune, - Agriculture Canada, - Agriculture Québec, - FMV (Dr. Bélanger). Différents scénarios ont été évalués par le Comité interministériel sur la rage en fonction de leur coût et de leurs résultats attendus : 1 - Laisser l'épidémie arriver (et donc s'installer) en informant largement le public des risques de la rage. Au Maryland, bien que la rage du raton-laveur soit présente depuis 13 ans et bien que de nombreux traitements humains suite à des expositions aient été nécessaires, on ne note encore aucun décès du cette maladie. 2 - Vacciner (cette intervention a été retenue en 1999). Vaccination par appâts (vaccin recombinant) sous la forme d'une bande en avant du front de rage. Dans le Nord-Est des Etats-Unis, le coût lié à la rage était de 4 $ par an et par personne avant qu'elle n'apparaisse et de près de 10 $ à compter du moment où elle est devenue endémique. Le coût d'une prophylaxie post-exposition est de 400 $ par enfant et de 500 $ par adulte. En Europe, la rage du renard est bien maîtrisée par la dispersion de vaccins recombinants dans l'environnement. En Ontario, la dispersion de vaccins modifiés a permis de contrôler l'épidémie. La biologie du raton-laveur rend la vaccination par appâts plus aléatoire : ne serait-ce que par son comportement alimentaire, le raton risque de détruire la capsule contenant le vaccin au lieu de l'avaler. Il faut donc déterminer le pourcentage de ratons protégés après la dispersion de tels appâts. Il faut aussi savoir si ce pourcentage est suffisant pour enrayer la progression du front. (Les renards et les ratons-laveurs n'ont pas les mêmes goûts. Pour un vaccin oral placé dans des appâts, il faut donc mettre au point un appât utilisable à la fois sur le renard et sur le raton-laveur. C'est ce qu'on est en train 88 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau de mettre au point en Ontario avec des appâts contenant des émetteurs radio (une combinaison sucrevanille fonctionne bien). (En Ontario, on largue des appâts contenant du vaccin pour le renard roux à partir d'avion). (JWD 34:647-652 (1998). Une étude en laboratoire a montré que le vaccin recombinant administré par voie orale protège 78 % des raton-laveurs mais que seulement 43 % des animaux développent des anticorps neutralisants. De plus, la méthode de marquage des animaux vaccinés (tétracycline) est peu fiable. Il est donc assez difficile, dans une zone de vaccination orale, de connaître le réel statut d'un animal quant à sa protection contre la rage. La vaccination par les appâts recombinés nécessite : - des études pour déterminer le statut sérologique avant la vaccination, - un plan de vaccination (dans l'espace et dans le temps), - un plan de communication détaillé. Un vaccin a été largué en Estrie en septembre 1999 par voie aérienne pour arrêter la progression de la rage du raton-laveur à partir de l'État du Vermont et de l'Ontario. Le génotype de la mouffette Deux génotypes infectent les moufettes, le premier au centre méridional des États-Unis à l'Ouest du Mississippi et le second dans les zones situées au Nord du Midwest et dans la région des grandes plaines (variant nord de la mouflette). Ce dernier variant s'est répandu au Manitoba et au Saskatchewan au cours des décades passées et il est contenu aux frontières Sud et Est de l'Alberta par un programme de surveillance. La variant nordique de la Mouffette est aussi observé en Californie, sans doute suite au transport d'animaux en incubation et la rage du renard gris (Urocyon cinereoargentus) au Texas est aussi causée par ce génotype. La rage du chien et du coyote (Canis latrans) observées au Texas est issue d'une invasion à partir du Mexique et elle est aussi due à un virus proche de celui du variant nord de la mouffette. Le cinquième génotype est uniquement observé chez le renard gris dans le Sud-Est de l'Arizona. Génotype de la chauve-souris: En général, l'infection provoque de faibles mortalités chez les populations de chauves-souris sauvages, et on note de forts taux de séropositivité au sein de ces populations. Il est donc probable que les chauves-souris développent une réaction immunitaire qui les protège de la maladie. Il existe au moins 6 variants distincts de virus des chauves-souris insectivores, chacun de ces variants étant associé à une espèce particulière. Bien que quelques cas de rage associés à ces variants soient occasionnellement rapportés chez des espèces autres que les chauves-souris, les variants des chauves-souris ne s'établissent pas de façon endémique dans les populations d'animaux terrestres. Ainsi, bien que la rage des chauves-souris existe en Colombie Britannique et qu'un cas de rage lié à un variant chauve-souris ait été reporté chez un cheval de cette province, la rage terrestre n'y sévit pas de façon endémique. En Amérique du Nord, la rage se maintient de façon endémique chez la grande chauve-souris brune (Eptesicus fuscus), la chauve-souris cendrée (Lasiurus cinereus), la chauve-souris rousse (Lasiurus borealis), la chauve-souris mexicaine à queue libre (Choeronycteris mexicana) et peut-être chez la chauve-souris argentée (Lasionycteris noctivagans) et la chauve-souris jaune de Floride (Lasionycteris intermedius). Chez les autres espèces de chauves-souris et plus spécialement chez Myotis spp., la rage résulte d'une transmission incidentelle à partir des espèces chez lesquelles elle est endémique. La grande chauve-souris brune est l'espèce chez laquelle l'infection est la plus souvent retrouvée dans l'Ouest du Canada et en Ontario. La chauve-souris cendrée et la chauve-souris argentée sont respectivement les seconde et troisième espèces les plus fréquemment infectées. Dans toutes les régions, les autres espèces de chauves-souris y compris la petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus) sont rarement rabiques. Les chauves-souris rabiques sont rares dans les Provinces Maritimes. Des 5 derniers cas de rage humaine diagnostiqués au Canada, 3 étaient liés aux chauvessouris (Saskatchewan 1970, Nouvelle Écosse 1978, Alberta 1985). Au Colorado, en 1999, on a déterminé que 30 % des chauves-souris qui mordent les humains ont la rage. Cependant, aucune des personnes mordues n'a contracté la rage (elles ont presque toutes eu le traitement prophylaxique post-exposition). La plupart du temps, les circonstances d'une morsure sont une chauve-souris qui se dépose sur quelqu'un. Les chauves-souris qui ont des interactions avec les humains ont en général de plus fortes chances d'être enragées. Québec: le 20 octobre 2000. Cas de rage humaine : Québec. Le 27 septembre 2000, un enfant de 9 ans a été admis dans un centre hospitalier de Montréal avec un syndrome rapidement évolutif 89 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau compatible avec la rage. Le diagnostic a été confirmé par un test d'immunofluorescence directe sur une biopsie cutanée et par un test d'amplification génique (RT/PCR) du virus de la rage sur des spécimens biologiques. Le décès est survenu le 6 octobre 2000 après une détérioration de l'état neurologique. La caractérisation moléculaire de l'acide nucléique a permis d'associer le virus avec une variante de la chauve-souris argentée. Trois semaines et demie avant le début des symptômes, l'enfant et sa famille avaient séjourné dans un chalet d'une réserve faunique de la région des Laurentides située à l'ouest de la province. Une chauve-souris trouvée par terre dans la salle de bain et qui semblait montrer une certaine difficulté à voler fut retirée du chalet. Il n'y a pas eu de contact noté avec l'enfant atteint. L'exposition la plus probable, survenue sans doute durant le sommeil de l'enfant, semble avoir été une éraflure ou morsure au bras qui est passée inaperçue à ce moment. La prophylaxie postexposition contre la rage a été offerte aux autres membres de la famille qui avaient aussi séjourné au chalet, à un nombre limité de travailleurs de la santé qui avaient eu un contact significatif avec la salive du patient et aux compagnons de jeux ou de classe de l'enfant atteint chez qui on n'a pu exclure un contact de la salive avec une muqueuse ou une plaie. Sources : Hôpital Sainte-Justine, Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Unité Maladies infectieuses de la Direction de la santé publique de Montréal-Centre, ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Les derniers cas de rage animale au Québec (mai et juillet 1995) concernaient un bovin (Sainte-Hélène, souche renard) et une chauve-souris d'espèce non précisée (Drummondville). Amérique du Sud (Chili), les chauves-souris sont le principal réservoir de rage en milieu urbain (c'était le chien, il n'y a pas bien longtemps). Dans le nord-est du Brésil, les marmousets gardés comme "pets" sont responsables de quelques "incidents" mortels. Pathogénie: le virus inoculé dans les tissus pénètre dans les nerfs périphériques et il est transporté de façon centripète à la moelle épinière et au cerveau. Dans le cerveau, le virus se réplique et passe d'un neurone à l'autre, infectant de nombreuses zones du cerveau et déclenchant une encéphalite. Le comportement anormal est dû à l'effet de l'infection des neurones. Après avoir infecté les neurones, les virus sortent du cerveau (migration centrifuge) par les axones des neurones infectés. Ils se disséminent par voie nerveuse (et non pas par voie vasculaire) dans l'ensemble de l'organisme. Bien que disséminés dans de nombreux organes, c'est dans les glandes salivaires que le virus se concentre le plus, se réplique et est excrété par la salive. Le virus est généralement présent dans la salive au moment où les signes cliniques apparaissent. Signes cliniques : La rage doit être suspectée chez tout animal sauvage présentant un comportement anormal. Il faut particulièrement surveiller : perte de l'instinct de fuite, animal s'approchant des humains, excitation, agression, observation diurne d'espèces nocturnes, dépression, incoordination, ataxie, paralysie, convulsions, crampes, vocalisation anormale, incapacité ou difficulté à avaler, ptyalisme. Tout carnivore ayant attaqué des porcs-épics est suspect de rage. Chez l'homme, les signes comportent une phase prodromique d'anxiété avec parfois une sensation anormale au site de pénétration du virus rabique. Par la suite, des signes non spécifiques tels que de la dépression, du vertige, des maux de tête, peuvent survenir dans les premiers temps de la phase clinique. Ils sont suivis par de l'excitabilité, de la raideur du cou, de l'hyper-réflexivité, de l'hydrophobie, des spasmes, de la paralysie et, finalement, la mort survient suite à l’œdème cérébral ou suite aux complications de pneumonie par aspiration. La rage clinique est toujours fatale. Diagnostic : chez les animaux, la rage est diagnostiquée par la mise en évidence du virus dans les cellules nerveuses par immunofluorescence (IF). Le laboratoire a besoin de l'encéphale pour établir le diagnostic : il est donc important que l'animal suspect de rage ne soit pas sacrifié par une balle dans la tête. Si l'IF est négative et s'il y a eu contact humain, des broyats d'encéphale de l'animal suspect sont inoculés à des cultures de neuroblastome de souris et on recherche de nouveau la présence de virus rabique par la technique d'IF sur la culture cellulaire. Ce test est plus sensible que l'IF seule. Tous les diagnostics de rage au Canada sont effectués par les laboratoires d'Agriculture Canada. Les encéphales d'animaux infectés par la rage peuvent aussi être examinés à l'histologie. Cependant, les corps de Negri, des corps d'inclusion que l'on retrouve dans les neurones infectés par le virus rabique, ne sont pas toujours présents chez les animaux rabiques. 90 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Prévention et contrôle. Quatre principes de base régissent la prévention de la rage : 1Vacciner les espèces domestiques qui pourraient être en contact avec des populations de virus rabique. 2Éviter tout contact avec des animaux potentiellement affectés. 3Si l'activité professionnelle conduit à exposition possible, la vaccination doit être entreprise. 4En cas d'exposition présumée, laver immédiatement la plaie ou la zone contaminée à l'aide d'eau et de savon, désinfecter à l'aide d'un ammonium quaternaire ou d'alcool à 40 - 70 % et soigner la plaie comme il convient. Consulter le plus tôt possible un médecin. Dans la mesure du possible, sacrifier l'animal suspect et soumettre le cas pour diagnostic. Si le risque le justifie, le traitement comporte l'infusion de la plaie avec de l'anti-globuline et une vaccination doit être entreprise. Il ne faut jamais ramasser une chauve-souris morte, essayer d'enlever une chauve-souris de la gueule d'un animal domestique. Le contrôle de la rage dans les populations animales sauvages est basé sur la vaccination d'une proportion suffisante des populations réservoirs afin de bloquer les épidémies et de prévenir le développement de foyers d'endémie. On procède par la dépose (manuelle ou par voie aérienne) d'appâts. Pour les petites populations ceci peut être réalisé par la capture, la vaccination et le relâché des animaux. C'est le cas, par exemple, des populations de ratons-laveurs dans la région de Niagara. Pour les plus grandes contenant un vaccin vivant modifié (renard roux en Europe, Ontario) ou recombinant pour la protéine G (ratons-laveurs dans le Nord-Est des USA et au Canada). Références : Baer GM (Ed.). The natural history of rabies, 2nd Edition. CRC Press, Boca raton, Florida, 1991, 620 pp. Beran GW. Rabies and nfecions by rabies-related viruses. In : Beran GW (ed.) Handbook of zoonoses, 2nd Edition. Section B : Viral. CRC Press, Boca Raton, Florida, 1994, pp 307-357. Brass DA. Rabies in bats : natural history and health implications. Livia Press, Ridgefield, Connecticut, 1994, 335 pp. Krebs JW, TW Strine, JS Smith et al. Rabies surveillance in the United States during 1993. Journal of the American Veterinary Medical Association 1994, 205, 1695-1709. Pybus MJ. Rabies in insectivorous bats in western Canada. Journal of Wildlife Diseases 1986, 22, 307-313. Rosatte RC. Bat rabies in Canada : history, epidemiology and clinical signs. Canadian Veterinary Journal 1987, 28, 754-756. Table H, AH Corner, WA Webster et CA Casey. History and epizootiology of rabies in Canada. Canadian Veterinary Journal 1974, 15, 271-281. Bluetongue: Agent: Virus à génome ARN segmenté (génome réparti en chromosomes comme le virus de l'influenza, ce qui permet beaucoup de variation génétique). Genre Orbivirus. Distribution: Cette maladie est considérée exotique au Canada. Il y a eu quelques épisodes dans une petite région de Colombie-Britannique. La dernière épidémie remonte à 1987, en Colombie-Britannique (voir Maladie hémorragique du cerf) alors qu'il y avait beaucoup de moucherons à cause de l'été particulièrement chaud. La maladie n'est pas restée. Sources: les bovins domestiques constituent le réservoir principal. Ils ne sont pas malades mais des morts fœtales et des malformations peuvent survenir. Les bovins assurent la survie du virus en hiver parce que celui-ci ne survit pas dans le moustique pendant la saison froide. Les wapitis sont comme les bovins: ils sont peu affectés et peuvent donc jouer le rôle de réservoir. Par contraste, les moutons, les chèvres, et les ongulés sauvages (chevreuils) sont très affectés. Les moutons développent des érosions / ulcères et de l'œdème des muqueuses orales, et la cyanose de la langue (d'où le nom de la maladie), des hémorragies diffuses. Signes cliniques: Cette maladie offre plusieurs ressemblances avec la maladie hémorragique épizootique du cerf. (Attention, les deux maladies ressemblent à la maladie hémorragique à adénovirus, qui, pour le moment, est localisée en Californie). Chez les ruminants sauvages, comme chez le mouton, on note des hémorragies diffuses, de l’œdème et l'érosion de l'épithélium oral. 91 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Le bluetongue peut causer des mortalités chez toutes les espèces d'ongulés sauvages en Amérique du h Nord à l'exception du wapiti. (La maladie prend beaucoup de temps à se développer chez le wapiti. Chez les autres ongulés sauvages, il y a de la mortalité, des avortements et des anomalies congénitales, comme chez le mouton. Diagnostic: Tous les ruminants (sauvages et domestiques) doivent être séronégatifs pour le Bluetongue losrqu'importés au Canada. À une occasion, le test n'avait pas détecté des wapitis avant leur introduction. Les anticorps furent détectés lors de tests subséquents et le troupeau fut détruit. (Les tests sérologiques donnent une réaction croisée avec la maladie hémorragique épizootique parce que les deux orbivirus en cause se ressemblent). Pathogénie: La réplication virale prend place dans les cellules endothéliales. Le mécanisme principal de la pathogénie est la coagulation intra-vasculaire disséminée induite par des changements dégénératifs et la nécrose de l'endothélium. Le cerf de Virginie, un hôte très susceptible, montre des hémorragies dans tous les organes et tissus. L’œdème est proéminent dans les poumons, les cavités abdominales et thoraciques et les tissus conjonctifs. Des érosion de la muqueuse orale et digestive sont quelquefois présentes. La mortalité survient surtout chez le cerf de Virginie mais survient aussi chez le cerf mulet et l'antilope d'Amérique (antilope pronghorn). Le caribou et le wapiti ne sont pas susceptibles. Maladie hémorragique épizootique du cerf (Hemorrhagic disease) Agent: Virus à génome ARN segmenté. Genre Orbivirus. Cette maladie du cerf de Virginie est causée par un orbivirus dont l'apparence au microscope électronique est semblable à celle du virus du Bluetongue. Les deux virus diffèrent antigéniquement. (noter: une nouvelle maladie hémorragique du chevreuil a été décrite en Californie en 1993. Elle est due à un adénovirus. Ne pas confondre avec la maladie hémorragique épizootique du chevreuil). Situation au Canada La maladie est actuellement considérée exotique au Canada. Il y a eu trois épisodes au Canada: en 1962 en Alberta, en 1987 dans la vallée de l'Okanagan et en Saskatchewan en 1988. Situation aux États-Unis: La maladie est très répandue dans le Sud-Est et le Centre Est des ÉtatsUnis où il y a des épidémies chaque année, à la fin de l'été et au début de l'automne. Transmission: La maladie ne se transmet pas directement entre chevreuils infectés. Les insectes du genre Culicoides sont nécessaires à la transmission. Les épisodes qui se produisent dans l'Ouest canadien et en Colombie-Britannique sont dus à des moustiques apportés par le vent qui souffle de l'État de Washington, quand les conditions météorologiques sont favorables. Le virus se réplique dans l'insecte pendant 2 à 3 jours. Ce type de transmission explique la prévalence saisonnière (fin de l'été, début automne). D'abord à cause du grand nombre d'insectes puis, à cause de la densité élevée de chevreuils. En effet, le cerf se concentre le long des sources d'eau à la fin de l'été. Des épidémies sont susceptibles de survenir quand les populations d'insectes et de chevreuils sont denses en même temps. Pathogénie : La maladie est semblable à celle du Bluetongue. La réplication virale prend place dans les cellules endothéliales. Le mécanisme principal de la pathogénie est la coagulation intra-vasculaire disséminée induite par des changements dégénératifs et la nécrose de l'endothélium. Le cerf de Virginie, un hôte très susceptible, montre des hémorragies dans tous les organes et tissus. L’œdème est proéminent dans les poumons, les cavités abdominales et thoraciques et les tissus conjonctifs. Des érosions de la muqueuse orale et digestive sont quelquefois présentes. Espèces susceptibles: La mortalité survient surtout chez le cerf de Virginie mais survient aussi chez le cerf mulet et l'antilope d'Amérique (antilope pronghorn). Le caribou et le wapiti ne sont pas susceptibles. h Une épizootie a tué 3,200 antilocapres nord-américaines au Wyoming en Septembre Octobre 1976. Une autre épizootie éclata en 1984 dans le même état tuant au moins 300 antilopes. 92 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Les espèces domestiques ne sont pas affectées, bien que la vache puisse développer des signes cliniques légers semblables à ceux du Bluetongue. Chez le cerf affecté, la maladie est aiguë à suraiguë. et la mort survient en quelques jours. Les populations de cerfs de Virginie où les moustiques sont constamment présents (sud des États-Unis) acquièrent l'immunité. Dans nos régions, où les moustiques apparaissent de façon saisonnière, les populations de cerfs de Virginie perdent leur immunité entre les épidémies et celles-ci sont plus graves. Par exemple, dans le Dakota du Nord, au Michigan et dans le New Jersey, des épizooties éclatent à intervalles très irréguliers. Les populations de ces régions n'ont pas d'anticorps. Au Nebraska et dans le Dakota du Sud, la maladie apparaît chaque année sous forme de petites épizooties. Une grande proportion des cerfs de ces régions a des anticorps. Le Texas n'a jamais connu d'épizooties et tous les cerfs ont des anticorps. Distemper (voir Distemper des mammifères marins). Espèces susceptibles Tous les canidés, tous les mustélidés (visons, moufettes, etc.), les ratons laveurs et certaines espèces de phoques sont susceptibles au distemper canin. Transmission: La transmission est habituellement par inhalation, c'est-à-dire par les gouttelettes aérosols des yeux infectés, des cavités nasales, de la salive. Les animaux infectés peuvent produire des virus pendant plusieurs semaines. Le virus ne survit pas longtemps dans l'environnement. Le mécanisme par lequel le virus persiste dans la faune n'est pas connu.. Cependant, dans la plupart des situations, il semble que la maladie persiste sous forme enzootique (peu d'animaux malades à la fois Distribution: Québec: Une grave épidémie de distemper, rapportée par le Dr. A. Laperle du laboratoire MAPAQ de l'Assomption a tué beaucoup de ratons-laveurs de l’Île de Montréal ces dernières années. Des épizooties ont été rapportées chez le renard (gris et roux) et chez le raton-laveur dans certaines régions des États-Unis et de l'Ontario. Des épizooties sévères ont frappé les chiens de traîneaux dans l'Arctique. Les chiens mouraient en 24 heures. Les plus récents épisodes auraient été causés par une augmentation du nombre des chiens de traîneau (augmentation de la fréquence de contact) et possiblement par l'augmentation coïncidente de la population de renards arctiques. Prévention: En 1999, Merial a produit un vaccin recombinant (dans un vecteur Pox de canari) et donc probablement inoffensif pour toutes les espèces de la faune. Arbovirus (voir West Nile Virus) West Nile Virus Encéphalite équine de l'Ouest Encéphalite équine de l'Est Encéphalite de St Louis Virus de Powassan Snowshoe Hare Virus Jamestown Canyon virus Colorado Tick fever virus Encéphalite équine de l'Ouest - 93 Cycle: entre les passereaux et les moustiques Pathologie de la faune 2001 - - Daniel Martineau Distribution: du lac Supérieur à la Colombie Britannique. Virulence: Une épidémie a frappé les provinces des Prairies en 1941 lors de laquelle 1094 personnes furent malades. En 1937-38, 52,500 chevaux furent malades et 15,000 sont morts. La plupart des humains infectés développent une maladie bénigne ou pas du maladie du tout. Les enfants sont les plus touchés. Encéphalite équine de l'Est - - Cycle: entre les moustiques et les oiseaux. Distribution: Est et sud-est américain. Détecté en ON et QU. Virulence: élevée. Le plus pathogène des arbovirus nord-américains. 33 % des personnes développant une encéphalite meurent. Mais seulement 153 cas diagnostiqués aux Etats-Unis dans les 35 dernières années. Mortalité épidémique chez les chevaux. Cause de maladie grave chez les oiseaux, surtout les grues. Encéphalite de Saint Louis Nommée d'après Saint Louis, Missouri - Cycle: entre les moustiques et les oiseaux. - Distribution: a causé maladie au MB (un cas en 1975), ON (66 cas en 1975) et QU (un cas dans les années 70). Largement distrbuée aux Etats-Unis, Mexique, et l'Amérique centrale et du Sud. Est et sud-est américain. Détecté en ON et QU. - Virulence: Modérée. Moins de 1 % des personnes infectées développent une maladie et quand la maladie se développe, 5 à 30 % des patients meurent. Les gens âgés courent le plus de risque de développer une maladie grave. Virus de Powassan Reconnu pour la première fois à Powassan en Ontario en 1958 comme cause d' encéphalite fatale chez un enfant. - Cycle: entre les tiques et les mammifères sauvages (rongeurs). - Distribution: presque partout au Canada. - Virulence: modérée. La maladie est rare mais 10 % des personnes malades meurent. Snowshoe Hare Virus Cycle: entre les moustiques et les mammifères sauvages. Distribution: partout au Canada. Virulence: faible. La maladie est bénigne et a été rapportée en ON, Qu, NB et NÉ. Cas de maladie non fatale chez le cheval en SK et ON. Jamestown Canyon virus - Agent: Virus très semblable au Snowshoe hare virusSubject: Membre du groupe des virus de l'encéphalite de Californie ((Bunyavirus, Bunyaviridae). Transmis par les moustiques du genre Aedes.Augmentation du nombre de cas chez les humains à cause des populations de cerfs dans le Nord Ouest américain. (JVD 12:80-83 (2000)) - Cycle: Cycle entre les moustiques et les cerfs de Virginie). - Distribution: partout au Canada. Un cas humain en ON et dans les TNO. - Virulence: modérée. De 12 cas humains signalés en 1981 au Canada, un patient est mort. Colorado Tick fever virus Virus très semblable au Snowshoe hare virus - Cycle: entre les tiques, rongeurs et lagomorphes. 94 Pathologie de la faune 2001 - Daniel Martineau Distribution: montagnes de l'Ouest et à des altitudes de 1,200 à 3,000 m. AB et CB. Rapporté chez 8 espèces de tiques, le plus important: Dermacentor andersoni. Virulence: faible. Aucune épidémie rapportée mais apparaît régulièrment chez les gens en contact avec les tiques. Seulement 0.2 % des gens malades meurent. - Parvovirus Les ratons laveurs sont très susceptibles au parvovirus du vison et au parvovirus félin. Pseudorage Agent. Herpèsvirus porcin Le porc est le seul hôte important pour le maintien du virus de la pseudorage. Le virus Herpès affecte le système nerveux. Le virus n'a pas été rapporté au Canada. À peu près tous les animaux sont susceptibles à l'infection. Le virus de la pseudorage est très infectieux pour le porc mais l'infection ne se manifeste pas cliniquement habituellement, sauf chez les porcelets chez qui elle est fatale. Les porcs excrètent le virus en grandes quantités dans leurs sécrétions nasopharyngiennes et rarement dans l'urine et les fèces pendant les 2 semaines qui suivent l'exposition. Du point de vue du virus, tous les autres hôtes sont des culs-de sac, vu qu'ils meurent de l'infection. Dans les régions où la maladie est endémique, elle cause de la mortalité chez les animaux sauvages, tels que les ratons-laveurs qui voisinent avec des élevages de porc. Les ratons-laveurs et les bovins sont modérément résistants à l'infection et les moutons ont une faible résistance. Quand la maladie survient, elle est habituellement rapidement fatale chez la plupart des hôtes et le virus est excrété en petite quantité dans les écoulements oraux peu avant la mort. La plupart des cas survenant chez les animaux sauvages sont observés lors d'épidémies porcines. Les animaux sauvages peuvent alors servir de source d'infection à court terme. Les animaux affectés montrent une méningoencéphalomyélite non suppurée et une ganglionévrite. Les amygdales peuvent être nécrotiques et le foie et la rate peuvent montrer de la nécrose multifocale. Fièvre catarrhale maligne Maladie des bovins, chevreuils et bisons due à un virus Herpès (gamma). Très importante dans les élevages de chevreuils partout dans le monde: Nouvelle-Zélande, Australie, Royaume-Uni et à un degré moindre au Canada. Ces épisodes sont toujours attribués au mouton. Le stress rend les cerfs encore plus susceptibles. Agents: Il y a deux formes de maladie: la forme qui survient en Amérique du Nord est causée par un virus herpès de mouton (Herpès virus ovin 2 ou OHV-2). Cette forme peut devenir un problème majeur dans certains élevages de cerfs au Canada (et au Québec). Les deux formes de la maladie sont caractérisées par une vasculite généralisée, d'origine immunitaire affectant les bovins et les cervidés et due à des virus Herpès. Elle affecte les artérioles et veinules ainsi que les vaisseaux de calibre intermédiaire. On ignore le mode de transmission. Le virus est associé avec les lymphocytes. Forme Africaine: forme enzootique : infection asymptomatique chez le gnou (porteur) en Afrique et dans nos zoos. Agent: virus herpès associé avec des gnous (appelé virus herpès alcéphalin (genre Rhadinovirus genus, sous-famille Gammaherpesvirinae, anciennement virus Herpès bovin de type. Il survient chez les bovins qui voisinent avec des gnous (wildebeest ou Connochaetes taurins). Le virus est probablement présent chez les antilopes dans les zoos (canadiens et autres). Épidémiologie : Le virus peut être isolé des sécrétions nasales des jeunes gnous étant donné que la réplication virale a lieu dans les cornets nasaux et dans la cornée. La transmission des gnous aux 95 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau bovins survient lors de la saison de reproduction des gnous. À ce moment, la mère et son veau montrent de la virémie mais le virus n'est pas pathogénique pour cette espèce. L'infection du bovin représente un cul de sac étant donné que le bovin (infecté et malade) n'excrète pas le virus. Forme des moutons: c'est la forme existant en Amérique du Nord (Canada) et dans plusieurs autres pays. Agent: un virus Herpès (Herpès virus ovin 2 ou OHV-2) différent de celui qui cause la forme africaine bien que l'agent n'ait pas été isolé. Les moutons (asymptomatiques) seraient les porteurs de la maladie et au point de vue épidémiologie, seraient le pendant du gnou. Le bovin serait ici aussi un cul de sac mais pas les cervidés qui excrètent le virus. En Amérique du Nord, la maladie a été rapportée chez les cerfs de Virginie captifs et les bisons captifs. Les manifestations cliniques sont variées mais on observe dans la plupart des cas de l'anorexie et de l'hyperthermie sévères: 1) La forme suraiguë est la plus fréquente chez le cerf du Père David, le cerf de Virginie et le cerf Sika. Elle se caractérise par une gastro-entérite hémorragique avec hyperthermie marquée. 2) La forme céphalique montre un jetage oculaire et nasal séreux à purulent, des ulcérations cutanées et buccales et de l'opacité cornéenne bilatérale, une hypertrophie des nœuds lymphatiques. Cette forme évolue pendant deux semaines. Elle est la plus fréquente chez les cerfs rouges et les bovins. C'est aussi la manifestation la plus commune de la forme africaine. 3) La forme digestive est caractérisée par de la diarrhée de la fièvre, des lésions cutanées et une lymphadénopathie. 4) La forme atténuée est surtout expérimentale. Elle se résout par la guérison. Récemment des cas étaient rapportés au Québec (voir Bienvenu et al.). Les cerfs atteints étaient gardés avec des mouflons. Chez le bison, on rapporte une cystite hémorragiqueet des ulcères du tractus digestif (JVDI 12:497 (2000)). Lésions microscopiques: vasculite généralisée lympho-histiocytaire (accumulation de lymphocytes autour des vaisseaux avec destruction de ceux-ci). La pathogénie de la maladie implique l'hypersensibilité de type IV. Plus récemment on a émis l'hypothèse qu'une dysfonction des lymphocytes NK serait en cause. Les deux mécanismes mènent de toute façon à une prolifération anarchique de cellules T et à la stimulation d'une cytotoxicité anormale centrée sur les vaisseaux sanguins et les tissus épithéliaux. Diagnostic: 1) test immunosorbent lié à un enzyme, basé sur la compétition et l'inhibition (CI-ELISA). 2) PCR . Prévention: pas de vaccination (en 1999). Garder les moutons (ou chèvres ou mouflons) éloignés des cerfs (ou des bovins). (difficile pour les petits zoos et/ou les '"pet zoos". Herpèsvirus bovin 1 (IBR) Agent: Plusieurs virus parents du virus de l'IBR affectent les herbivores sauvages: le virus herpès cervin (CHV-1) décrit chez le cerf rouge européen et le virus herpès rangiférin (RHV-1) décrit chez le renne européen. Le virus herpès de l'IBR, BHV-1, est répandu chez les bovins. Les anticorps aux virus herpès ont été détectés chez quelques espèces de ruminants sauvages canadiens. Dans le passé, on a cru que ces anticorps résultaient de l'infection par le BHV-1. On sait maintenant qu'il s'agit probablement de réactions croisées. Par exemple, les cerfs de Virginie de l'Île d'Anticosti ont une forte prévalence d'anticorps contre le virus Herpès bovin 1 (BHV-1, (IBR)). Ce virus cause expérimentalement une forme légère de IBR chez le cerf mulet. Chez le renne, le daim et le cerf rouge, l'infection est silencieuse mais les animaux infectés excrètent le virus quand ils sont immunodéficients. Les caribous ont aussi des anticorps (Québec). Une forte mortalité survenue chez les cerfs de Virginie de l'Île d'Anticosti en 1985 aurait été due à une infection par ce virus40. Les femelles gestantes étaient souvent atteintes, ce qui a fait suggérer à certains chercheurs que l’œstrus facilite la transmission du virus en favorisant le contact entre les individus. On connaît l'Herpèsvirus cervin (CHV-1),décrit chez le cerf rouge européen et le herpesvirus 1 96 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau rangiférin (RHV-1) qui infecte les rennes européens. Distribution: le BHV-1 est omniprésent chez le bovin dans le monde. Transmission: la transmission survient directement ou par aérosol entre animaux infectés et susceptibles. Le BHV-1 se transmet aussi par transmission vénérienne. Avec les Herpèsvirus, un thème fréquent est la présence d'animaux porteurs (infectés, non symptomatiques). Susceptibilité: Les wapitis et les cerfs-mulets sont susceptibles au CHV-1, le caribou au RHV-1. BVD-MD Agent: genre pestivirus. Famille Flaviviridae. Hôtes susceptibles: Le virus du BVD a été isolé chez les plusieurs cervidés. Une souche cytopathique a été isolée à partir d'une girafe et de cervidés (roe deer) (Capreolus capreolus) (JWD 34:47-55 (1998). La maladie a été diagnostiquée occasionnellement en Amérique du Nord chez des ruminants sauvages et des anticorps ont été détectés (29). Le virus infecte expérimentalement le wapiti, il excrète le virus mais il ne devient pas malade. On pense présentement que les cervidés qui ont des anticorps ont acquis l'infection à partir de troupeaux de bovins (JWD 36(3): 584-587 (2000)). Parainfluenza-3 Aucune pneumonie n'a été rapportée suite à l'infection par ce virus. Par contre, parainfluenza-3 a été isolé d'écouvillons nasaux de cerfs de Virginie traités aux corticostéroïdes. Des anticorps ont été détectés chez les cerfs de Virginie de l'Île d'Anticosti. On a suggéré que les hivers longs et la neige abondante qui caractérisent le climat de l’Île représentent des facteurs stressants qui favoriseraient l'excrétion du virus chez les cerfs de Virginie infectés de façon persistante. De plus la surpopulation de cerfs de Virginie a raréfié les buissons à feuilles caduques, une nourriture importante pour le cerf. Le virus a été aussi isolé chez le mouflon et le bison. Maladie hémorragique du lapin Agent: calicivirus originaire de Chine, premiers cas rapportés en 1984 en Chine (mais probablement importé en Chine bien avant, par l'arrivée de lapins importés d'Europe). Hôtes: seulement le lapin européen (Oryctlagus cuniculus), l'espèce à laquelle appartiennent tous les lapins commerciaux et les lapins de compagnie en Amérique du Nord. Le lièvre n'est pas susceptible. Lésions: nécrose et hémorragie au foie, intestin, tissu lymphoïde. Les lapins meurent 6 à 24 heures après le développement de la fièvre. Distribution : Depuis 1984, la maladie a fortement affecté les populations de lapins sauvages en Asie, Amérique et Europe. (Ex.: en Espagne, les populations de lapins sauvages ont diminué de 55 à 75 %). Signalée en Amérique du Nord pour la première fois au Mexique en 1988, puis aux États-Unis en mars 2000 (virus semblable au virus européen, différent du virus néo-zélandais). On avait introduit le virus volontairement en Australie et en Nouvelle-Zélande (voir Contrôle des pestes par les virus). Transmission: la transmission est fécale-orale à peu près partout sauf en Australie et NouvelleZélande où elle se fait par les insectes. Europe: les renards et les chiens jouent probablement un rôle important. Les fèces de chiens non affectés par le virus (mais rendus porteurs parce qu'ils ont ingéré du lapin infecté) peuvent infecter des lapins. Les renards développent des anticorps après s'être infectés en ingérant du lapin infecté (ce qui signifie que le virus se réplique dans le renard au moins pendant une courte période). 97 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Lésions prolifératives à Pox Ecthyma contagieux. Cette maladie est causée par un virus Pox appartenant au même genre que la stomatite papulaire bovine et au pseudocowpox. C'est une zoonose. C'est typiquement une maladie du mouton domestique, de la chèvre et du mouflon mais elle a été aussi rapportée chez les chèvres de montagne et le cerf de Virginie. L'ecthyma du cerf de Virginie est survenu seulement en Nouvelle-Zélande. Les lésions sont surtout sur les gencives, la langue, les pieds et le pis. Fibromatose du lapin Agent: virus du fibrome de Shope qui appartient au même genre (Leporipox virus) que la myxomatose. Transmission. Comme cette dernière, le virus est probablement transmis par des arthropodes (maringouins, puces) bien que les vecteurs naturels soient inconnus. Hôtes. Le lapin à queue blanche (cotton tail rabbit, Sylvilagus floridanus) est l'hôte naturel du virus. Le lièvre (Lepus americanus) et le lapin domestique européen (Oryctolagus cuniculus) sont susceptibles à l'infection expérimentale alors que le lapin de Nuttall (Sylvilagus nuttallii) et le lièvre européen (Lepus europaeus) sont réfractaires. Lésions. Les lésions causées par le fibrome de Shope peuvent persister pendant des mois mais régressent éventuellement. Les lésions sont d'abord inflammatoires mais deviennent prolifératives plus tard. Fibromatose de l'écureuil. Elle est causée par un virus appartenant au même genre que la myxomatose et la fibromatose du lapin (Leporipox virus). Les tumeurs ont été rapportées chez les écureuils gris et les marmottes. Septembre 1999: Dr André Dallaire : un cas sévère à la FMV Promed: In August 1999 we diagnosed a fatal pox-like disease in 2 European red squirrels (_Sciurus vulgaris_) at the Smithsonian National Zoo in Washington, DC (USA). One of the squirrels originated from Europe but had been in the collection for several years. The red squirrels had access to an outside exhibit with potential exposure to wild gray squirrels (_S. carolinensis_). The red squirrels were treated for fleas earlier before the onset of the disease. Diagnosis of the disease was based on multiple cutaneous and lymphopoietic organ lesions containing intracytoplasmic inclusion bodies characteristic of a poxvirus. Negative stained particles derived from the lesions and viral cultures performed at the Southeastern Wildlife Cooperative in Georgia were suggestive of a leporipoxvirus, which in gray squirrels causes fibromas. The lesions in our 2 red squirrels, however, appeared more like the disease of wild red squirrels described in the UK that is caused by a parapox virus with periocular and mucocutaneous involvement without discrete fibroma formation. Apparently, introduced gray squirrels have been implicated as a carrier of parapox in the UK, but to our knowledge squirrel parapox has not been described in North America. We are looking for anyone interested in animal pox-like agents that might be working with these viruses and could help us further characterize our isolate serologically or by molecular techniques. --Richard J. Montali, DVM Dept. of Pathology Smithsonian National Zoological Park Washington DC, 20008 Tumeurs induites par les papovavirus Fibromes et fibropapillomes des ongulés. Les fibromes sont décrits chez les cerfs de Virginie, les cerfs mulets, les orignaux, wapitis, caribous et antilopes d'Amérique (anciennement antilocapre nord-américaine). Ce sont les néoplasmes cutanés les plus fréquents chez les cervidés. La prévalence chez le cerf de Virginie est d'environ 1%. Les fibromes chez les cerfs surviennent le plus souvent chez les animaux âgés de moins de deux ans. Les papovavirus ont été identifiés par microscopie électronique chez quelques-unes de ces espèces. Chaque espèce semble avoir son papovavirus spécifique. Les tumeurs ne semblent pas affecter les animaux et elles semblent disparaître après quelques mois. Les animaux qui guérissent ont des anticorps contre le virus et sont résistants à la réinfection. 98 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Papillomatose orale des carnivores Décrite chez les coyotes et les loups. Causée par un papovavirus observé à la microscopie électronique. L'effet dépend de la sévérité des lésions. Celles-ci peuvent interférer avec la préhension de la nourriture. Les papillomes de la peau n'ont pas été rapportés chez les carnivores sauvages terrestres. Chez le chien, les papillomes oraux affectent les jeunes chiens (1 an). Les chiens adultes développent des papillomes oraux mais sont généralement résistants à la papillomatose orale. Le papillomavirus causant la papillomatose orale chez le chien ne réplique que dans la muqueuse orale et la muqueuse du pharynx. Ce virus est donc probablement distinct du virus causant la papillomatose cutanée. Lentivirus Agent: famille retroviridae Récemment, plus de 90 % de lions africains et asiatiques sauvages ont été trouvés séropositifs au virus 15 félin de l'immunodéficience, un rétrovirus proche du VIH . L'infection se transmet horizontalement (surtout). Les souches virales des différentes populations de lions sont très diverses génétiquement. Il ne semble pas y avoir de maladie associée à ces infections et, par conséquent, ces nouveaux virus représenteraient un autre exemple d'une relation lentivirus-hôte où l'hôte s'est accommodé au virus, contrairement à la relation entre le VIH et son hôte, l'homme, mais comme la relation entre les virus VIS (Simian immunodeficiency virus) et leur hôte, les primates non humains. BACTÉRIES Anthrax (Maladie à déclaration obligatoire) Agent: Bacillus anthracis, bactérie Gram positive produisant des spores (très résistants) lorsqu'elle est exposée à l'air (lorsque la carcasse d'un animal affecté est ouverte). Historique : Cette maladie provient probablement d'Afrique et du Moyen-Orient. Elle aurait été apportée en Amérique du Nord par les Européens. Distribution: Etats-Unis: la maladie est plus fréquente dans le sud de la vallée du Mississippi mais elle a été rapportée dans tous les États. Canada: le premier cas diagnostiqué dans la faune au Canada est survenu chez les bisons dans les Territoires du Nord Ouest en 1962. Environ 1100 bisons sont morts d'anthrax dans le Parc National de Buffalo entre 1962 et 1968 et 34 autres pendant l'été de 1991. Pour réduire l'impact de l'anthrax sur la population de bisons, un programme de vaccination impliquant la capture des animaux a débuté en 1965 et a été appliqué de façon intermittente depuis. Ce programme a pris fin en 1977 à cause des effets adverses de la capture sur la population et à cause de l'impossibilité de vacciner au moins 80% de la population chaque année. Afrique: sur ce continent, la maladie cause chaque année des mortalités chez les bovins et les humains. http://news.bbc.co.uk/hi/english/world/africa/newsid_1073000/1073566.stm Espèces susceptibles : La maladie affecte surtout les ongulés (bovins, ovins, caprins bisons et chevreuils) mais aussi le porc et le chien (plus résistants). Épidémiologie : L'épidémiologie de la condition n'est pas encore comprise. La survie des spores est le facteur le plus important et elle est déterminée par des conditions climatiques et écologiques. Bacillus anthracis se retrouve dans les sols ayant un pH neutre ou étant alcalins (pH 6.0 à 8.5) et généralement 99 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau dans les régions connaissant des inondations et des sécheresses en alternance. La forme végétative de la bactérie est fragile alors que le spore est très résistant. La sporulation survient après l'exposition à l'air. Les spores sont très difficiles à détruire et c'est leur formation qu'il faut empêcher en enterrant les carcasses et en évitant d'ouvrir les carcasses soupçonnées de contenir la bactérie. En général, dans les sols secs, il y a moins de bactéries "normales". Il y a donc moins de compétition pour B. anthracis et les spores persistent alors des années alors qu'au contraire, elles disparaissent en quelques mois dans des conditions où les bactéries habitant normalement le sol sont plus nombreuses. Les herbivores s'infecteraient en ingérant du sol ou de l'eau contaminés. Des arguments s'élèvent contre cette hypothèse cependant: des doses élevées de spores doivent être administrées per os pour produire la maladie et il est très difficile de cultiver l'organisme de sites présumément très contaminés. Une autre hypothèse est que la maladie se comporterait comme certaines maladies à Clostridium, c'est à-dire que les herbivores seraient porteurs des spores pour quelque temps dans les nœuds lymphatiques rétro-pharyngiens. Ils développeraient la maladie plus tard, lorsqu'ils sont soumis à un stress. Les taons pourraient transmettre la maladie aux animaux ou à l'homme à partir d'une carcasse infectée. Les animaux qui se nourrissent en nature de charogne (goélands et vautours africains) sont résistants à l'anthrax. Les spores passent à travers le tube digestif de ces animaux qui contribuent ainsi à les répandre. Méthodes de diagnostic : Les animaux qui meurent de la forme aiguë présentent un exsudat hémorragique aux orifices et le sang n'est pas coagulé. Si jamais la carcasse est ouverte (ce qu'il faut impérativement éviter), on observe de l’œdème sous-cutané (particulièrement au niveau du cou) et la rate est fortement augmentée de volume, de couleur sombre et de consistance semi-fluide. Si l'on suspecte une mort par anthrax, l'autopsie ne doit pas être pratiquée. On doit avertir Agriculture Canada (au Canada). Il faut effectuer une prise de sang à partir d'un vaisseau sanguin de la carcasse sans l'ouvrir et soumettre cet échantillon au laboratoire. Prévention, traitement et contrôle : Chez les bovins exposés, la vaccination arrête les mortalités en 8 jours, généralement. Si la carcasse est laissée telle quelle et donc sans formation de spores, la décomposition se chargera de détruire les formes végétatives de B. anthracis (le plus souvent en moins de 48 heures). Par contre, si la carcasse est ouverte, les formes végétatives sporuleront et contamineront l'environnement pendant des années. La carcasse non ouverte doit être entièrement brûlée sur place ou profondément enterrée et recouverte par de la chaux vive. Si la carcasse est ouverte par inadvertance, un prélèvement de sang doit être effectué pour confirmation du diagnostic et la carcasse doit être immédiatement brûlée. Il est indispensable de protéger les personnes travaillant à la destruction des carcasses par l'emploi de gants et de masques respiratoires. Les habits contaminés doivent être brûlés car il est presque impossible de détruire la spore par les désinfectants. Les personnes travaillant sur des cas d'anthrax confirmés peuvent être vaccinées. Tout signe clinique et toute fatigue suivant une exposition potentielle à B. anthracis doivent être immédiatement portés à la connaissance du médecin traitant. L'infection répond bien à l'antibiothérapie si elle est instituée en début de maladie. L'anthrax est une maladie à déclaration obligatoire. Agriculture Canada doit être informé de chaque cas de sorte à s'assurer de la destruction des carcasses et à pouvoir instaurer une prophylaxie. Références : Broughton, E. Anthrax in Wood Buffalo National Park. Can Vet J, 1992, 33, 134-135. MacDonald, DW, SR Rawluk and VPJ Gannon. Anthrax in cattle. Can Vet J, 1992, 33, 135. Helicobacter Des bactéries dont l'aspect ultrastructural est compatible avec celui de Helicobacter ont été visualisées dans l'estomac de quelques lions avec gastrite. (JWD 34: 317-324 (1998)) 100 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Maladie de Lyme (Borreliose) 11,12,18,34 Agent causal Borrelia burgdorferi est une bactérie, un spirochète infectant les animaux et les humains. Les spirochètes ont une forme ondulée et un flagelle situé entre la paroi interne et la paroi externe de la bactérie. Borrelia ne reste pas à l'état libre. Elle transite rapidement des tiques (arthropodes hématophages) (Ixodes scapularis) à un vertébré. Elle ne se retrouve donc pas dans l'eau, sur le sol, sur les plantes et n'est pas transmise par aérosol ou par contamination fécale. Elle se transmet lorsque la tique infectée se nourrit de sang. (Noter que la leptospirose, la syphilis et la fièvre ondulante sont aussi causées par des spirochètes). Historique En Amérique du Nord, cette maladie fut d'abord rapportée à Old Lyme, une petite ville du Connecticut en 1975 quand plusieurs enfants développèrent de l'arthrite. On fit le rapprochement avec le syndrome déjà décrit en Europe et dans les États américains de la côte Ouest. La maladie était déjà connue dans les États américains de la côte Ouest bien avant que les premiers cas soient décrits sur la côte Est mais on en ignorait la cause; on savait tout au plus qu'elle était associée à la morsure d'une tique, I. ricinus, puis la bactérie fut isolée d'abord des tiques, et finalement de patients. La maladie a été décrite en Europe il y a plus de 80 ans. On sait maintenant que la maladie existait probablement en Amérique du Nord avant l'arrivée des Européens et les premiers colons en furent probablement atteints. La précarité des conditions de vie et la nature relativement bénigne de la maladie expliquent probablement que celle-ci passa inaperçue pendant des siècles. Des changements écologiques récents ont sans doute causé l'explosion récente de la maladie. La Nouvelle-Angleterre fut déboisée massivement au cours des 18ème et 19ème siècles. Le cerf de Virginie (et ses tiques) disparurent alors presque complètement. Comme la bactérie causant la maladie dépend de la tique pour sa propagation à l'homme, la maladie disparut aussi presque totalement. Cependant il resta des forêts comme sur Long Island (presqu'île de New York) où les cerfs de Virginie persistèrent. Les fermes furent abandonnées pendant la crise économique de 1928 et les champs furent remplacés par des forêts caduques. Les cerfs de Virginie revinrent.. et avec eux, leurs tiques. En même temps, les citadins déménageaient à la campagne, où il est courant que les chevreuils passent l'après-midi dans les cours des "bungalows" pendant que les propriétaires sont au travail. Écologie/Épidémiologie. Parce que la maladie se transmet par la morsure d'une tique, le risque de contracter la maladie dépend de la densité de tiques dans une région donnée et de l'exposition à ces tiques. Les animaux et humains confinés aux zones urbaines (habitées), même dans une région infestée, ont très peu de chances de s'infecter. Par contre, les chiens qui prennent de l'exercice ou qui travaillent dans les zones de banlieue ou rurales où les tiques sont endémiques courent plus de risque. < A date, on ne rapporte pas de transmission directe d'animal à l'homme. La bactérie est maintenue en nature à l'intérieur d'un cycle impliquant les petits mammifères (souris) et les oiseaux. Les chevreuils sont les hôtes favoris (mais pas obligatoires) des tiques adultes. L'infection "déborde" chez les humains et les animaux domestiques quand ceux-ci sont mordus par la tique infectée. < Les larves et les nymphes de la tique s'infectent avec la bactérie en se nourrissant de sang sur un mammifère infecté. Noter que la tique est inactive quand la température o descend à moins de 5 C. Les risques de se faire mordre sont donc minimes de novembre à avril. Printemps: la femelle adulte (sur le chevreuil) pond des œufs qui tombent au sol. < < Été: les larves éclosent au début de l'été (on en trouve de mars à août sur les chevreuils). Elles parasitent un animal ou occasionnellement l'homme. Elles ingurgitent du sang pendant 4 jours et peuvent alors se contaminer si l'hôte réservoir, une souris ou un oiseau, est contaminé. Les larves deviennent des nymphes (Avril à Août) , ces nymphes hivernent, et elles deviennent des adultes sexués l'automne qui suit (on trouve les adultes sur les chevreuils de Octobre à Avril). < Automne: les nymphes infectées transmettent le spirochète à des hôtes réservoirs, en régurgitant une partie du contenu de leur intestin. Les hôtes réservoirs sont les petits mammifères, surtout la souris à pattes blanches, les oiseaux, rarement le chevreuil. Les nymphes infectées infectent donc l'hôte réservoir juste avant l'arrivée des larves écloses au printemps, qui recherchent un nouvel hôte. (Les larves peuvent se voir sur les chevreuils de Mars à Août). C'est donc la souris, l'hôte réservoir, qui assure la transmission de la bactérie 101 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau entre insectes, la bactérie étant très peu transmise par les ovaires de l'insecte. Seules les tiques adultes infestent le chevreuil (Octobre à Avril) , et sur le chevreuil, seules les femelles adultes s'alimentent du sang. Apparemment le chevreuil est un cul de sac pour la bactérie parce que le chevreuil résiste à l'infection, (il n'est pas infecté ou malade) mais il est important pour la reproduction, le maintien et le transport des tiques dans de nouvelles régions.. La souris à pattes blanches (white footed mouse) Peromyscus leucopus est très importante comme réservoir de la bactérie partout dans l'habitat de I. scapularis mais les autres petits mammifères autant que les oiseaux peuvent être importants localement. Plus de 25 % des nymphes et jusqu'à 50 % des adultes sont infectés dans les régions où l'infection sévit (l'adulte s'est nourri deux fois, et a ainsi deux fois plus de chances de s'être infecté, comme larve et comme nymphe). Les nymphes, étant très petites, peuvent transmettre la maladie sans que les gens atteints ne se rendent compte qu'ils ont été mordus. Plusieurs mammifères et oiseaux sont des réservoirs efficaces et sont capables d'infecter les larves avec B. burgdorferi pendant leur repas de quatre jours. En plus d'infecter l'homme, le spirochète infecte les chiens, les coyotes, les loups gris, les lapins, les oiseaux, et expérimentalement le tamias roux (3% des loups testés au Minnesota et au Wisconsin avaient des anticorps). En juin 1994 la bactérie a été retrouvée dans les tiques de lapins Haemaphysalis leporispalustris en Alberta. Ces tiques mordent rarement l'homme mais elles et leur hôte contribuent de façon importante à la propagation de la maladie dans cette province. Les oiseaux transportent les tiques sur des centaines de kilomètres le long de leurs voies migratoires. Ils portent des tiques infectées et ils sont aussi infectés par B. burgdorferi. Le rougegorge et le troglodyte familier sont des hôtes connus de la bactérie. En 1993, on rapportait qu'une tique commune des oiseaux marins peut être infectée. Les oiseaux marins seraient donc une source possible de la maladie. Les tiques servant de vecteurs à B. burgdorferi sont généralement du genre Ixodes. I. scapularis est responsable de plus de 80% des cas de maladie de Lyme en Amérique du Nord. Situation aux États-Unis: En 1994, 13,000 personnes étaient atteintes par la maladie de Lyme aux États-Unis, 11,603 en 1995 et 16,461 en 1996. L'état du Connecticut est le plus touché. (16 cas en Ontario en 1999). Cette maladie est devenue la plus fréquente de toutes les maladies transmises par des arthropodes aux États-Unis alors qu'elle était inconnue en Amérique du Nord il y a à peine 20 ans. En France, le nombre de cas annuels est supérieur à 1,000. La place de cette maladie dans les média est seconde contrairement au SIDA. Cependant, son importance a été très exagérée. En fait, de nombreuses personnes faussement diagnostiquées reçoivent inutilement des antibiotiques tous les ans. Situation au Canada : Au Canada, la seule région où I. scapularis est endémique est en Ontario, autour et dans le parc provincial de Long Point, sur la rive nord du Lac Érié, où jusqu'à 70% des tiques adultes sont infectées par B. burgdorferi. Des 90 cas où I. scapularis a été rapportée ailleurs en Ontario sur des humains ou des chiens, la moitié des cas ont été apportés de régions américaines endémiques ou de Long Point. Environ un quart des cas n'ont pas d'histoire de voyage dans des régions 102 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau endémiques. On croit par conséquent que les I. scapularis ayant été trouvées sur des humains ou chiens n'ayant pas été dans des régions endémiques ont été apportés par hasard par des oiseaux migrateurs. En 1993, 20 cas ont été rapportés en Ontario, desquels 8 ont été probablement acquis en dehors de la province. Sur une période de 10 ans, le nombre de cas par 100,000 habitants est 16.6 dans la région de Long Point et 9.2 dans le nord ouest ontarien. Au Québec, on rapporte une dizaine de cas chaque année, tous chez des personnes ayant été aux É-U ou en Europe (aucun cas chez des personnes n'ayant pas voyagé). Cependant, ces statistiques sont plus ou moins fiables étant donné que la maladie n'est pas à déclaration obligatoire. Des cas rapportés à l'été 1995 en Estrie étaient de fausses alarmes. La bactérie a été cultivée d'une tique ayant mordu un chien en 1995 (Ville Mercier, Montérégie). Le chien a été traité immédiatement et est resté séronégatif (Dre. Louise Trudel, parasitologiste, 514-457-2070). Sur environ 250 tiques reçues au laboratoire de santé publique (LSP) chaque année, 14 % sont I. scapularis. Les autres sont le plus souvent I. cookei, qui infeste la marmotte, et qui n'est pas un bon vecteur de Borrelia. Toutes les I. scapularis étaient adultes. Ceci est très important. En effet, pour considérer une région endémique, on doit y observer des nymphes et des larves pendant deux à trois ans, c'est-à-dire que la tique doit se reproduire dans cette région. En 1999, ce n'est toujours pas le cas au Québec, c'est-à-dire la tique ne se reproduit pas. Toutes les tiques trouvées ici auraient été "aéroportées" (tombées d'oiseaux migrateurs tel que la sauvagine). Par contre, Borrelia est isolée de 13 à 14 % des ces tiques. A l’Île du Prince Édouard, on a récemment isolé la bactérie d'un Ixodes collecté sur un chat. Un autre Ixodes, I. pacificus, transmet la maladie sur la côte Ouest (Californie, Oregon et Washington). Alors que I. scapularis se nourrit du sang d'oiseaux et de mammifères, I. pacificus préfère se nourrir sur les lézards, qui ne sont pas de bons hôtes pour Borrelia. En Asie et en Europe, la tique impliquée dans la transmission de la maladie est Ixodes ricinus. Pathogénie : Les spirochètes sont des parasites extra-cellulaires. Elles franchissent avec aisance l'endothélium des vaisseaux sanguins pour pénétrer dans les tissus, le cerveau par exemple. Plusieurs semaines et même des mois après l'infection, jusqu'à 70 % des personnes infectées subissent une bactériémie (bactéries dans la circulation). La bactérie colonise alors le cerveau, les nerfs, yeux, articulations et le cœur. L'atteinte du système nerveux et du cœur sont rarement létaux mais handicapent la personne malade. La pathogénie implique probablement une réaction immune de l'hôte. En d'autres mots, les lésions seraient causées par la réaction de l'organisme à la bactérie et non par la bactérie elle-même. En Europe de l'Est et en Scandinavie, la bactérie ne produit pas d'arthrite alors qu'aux États-Unis et en Europe occidentale, l'arthrite est la manifestation courante de la maladie. On s'est aperçu que cette différence correspond à des différences dans les séquences nucléotidiques au niveau de l'ADN génomique et de l'ARN ribosomal. Signes cliniques Faune. Chez les animaux réservoirs de la maladie, des signes cliniques sont rarement observés même si au début de l'infection, la bactérie est dans le sang, ensuite dans les organes, dont la vessie et les oreilles. Chez les cerfs fortement parasités par les tiques, on notera des dermatites (inflammation de la peau). Humains. Chez l'humain, la maladie n'est généralement pas fatale. Elle est facilement traitée avec des antibiotiques (encore faut-il qu'elle soit diagnostiquée). Au début, la maladie imite une grippe et il y a une tache rose sur la peau de 3 à 20 cm de diamètre centrée sur la morsure de la tique (érythème chronique migrant), là où la tique s'est enfouie. Chez certaines personnes, des douleurs récurrentes se développent dans les articulations (de l'arthrite se développe), au cœur (il y a inflammation du muscle cardiaque, myocardite), et même au système nerveux si la maladie n'est pas traitée. Chien. Étant donné que les chiens s'infectent de tiques plus facilement que l'humain, la prévalence de l’infection canine reflète la prévalence de l'infection chez l'humain. La borreliose canine se manifeste généralement par un épisode aigu de fièvre, lymphadénopathie (enflure des nœuds lymphatiques), boiterie récurrente, des articulations enflées, de la dépression (l'arthrite est le signe clinique le plus fréquent). L'infection asymptomatique est aussi fréquente. La forme nerveuse, fréquente chez l'homme, a été rapportée chez un seul chien. Ce chien montrait un 103 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau changement de caractère et des crises d'épilepsie. La forme nerveuse serait due à l'augmentation de la perméabilité de la barrière sang-cerveau par le spirochète, puis au passage de celuici dans le liquide céphalo-rachidien. Le dommage tissulaire qui s'ensuit serait la conséquence de l'infection par le spirochète mais aussi d'une réaction immunitaire de type III: une déposition de complexes antigènes-anticorps. Le diagnostic de la forme nerveuse est basé sur la présence de concentrations d'anticorps anti- B. burgdorferi dans le liquide céphalo-rachidien plus grandes que dans le sérum. Ceci implique que les anticorps ont été produits dans la thèque et que leur présence n'est pas due une à une simple diffusion d'anticorps à partir du sérum. Diagnostic En clinique, on évalue les cas suspects en fonction des signes cliniques et de la probabilité d'avoir été exposé aux morsures de tiques. On titre aussi les anticorps spécifiques par ELISA, que l'on confirme par Western blot, moins sensible mais plus spécifique (un à 2 % des gens habitant des régions exemptes de la maladie ont des réactions faussement positives au test ELISA). La confirmation d'un diagnostic de la maladie de Lyme reste problématique chez les humains comme chez les animaux. Les tests actuels ne détectent pas toutes les infections et l'on note aussi de faux positifs par réaction croisée avec d'autres organismes. Chez les humains, le diagnostic est facile dans une région où la maladie est endémique et si la maladie débute par des éruptions cutanées. Il est difficile dans une région où la maladie est rare et où on la croit inexistante. Le diagnostic se complique grandement s'il n'y a pas d'éruptions cutanées (10% des cas). Les tests de laboratoire sont alors très importants (ELISA sur le sérum pour mesurer les niveaux d'IgG anti-Borrelia, c'est-à-dire les anticorps dirigés contre la bactérie). Plusieurs faux positifs sont dus à des infections par d'autres spirochètes et aussi à des maladies auto-immunitaires, à la mononucléose (virus Herpès), à la fièvre des Montagnes Rocheuses (Rocky Mountain spotted fever) due à une autre bactérie et à d'autres maladies. Chez le chien, le test ELISA n'est pas toujours fiable. Le test est négatif s'il est pratiqué au début de la maladie parce que les niveaux d'anticorps n'augmentent que lentement pendant les 5 à 10 semaines qui suivent les débuts des symptômes. De plus, les chiens séropositifs sont souvent asymptomatiques. Prévention La prévention idéale consiste à éviter les régions endémiques. Si on doit absolument aller dans ces régions, on s'inspectera (et on inspectera son chien) régulièrement pour la présence de tiques. La tique est petite, de la taille d'un gros grain de poivre (la femelle est de 5-10 mm de long, les nymphes peuvent être beaucoup plus petites et peuvent passer inaperçues). On utilise une pince à épiler, on saisit la tique le plus près possible de la peau et on tire perpendiculairement en extrayant méticuleusement les parties buccales. Il ne faut surtout pas écraser ou perforer l'insecte. Si les symptômes de la maladie apparaissent dans les 3-4 semaines suivantes, il faut consulter un médecin et lui mentionner toute exposition possible aux tiques. On peut soumettre les tiques pour identification, ce qui aide la surveillance épidémiologique. On met la tique dans un tube ou petite bouteille avec une ouate mouillée et on l'expédie par courrier à: Laboratoire de Santé Publique du Québec. 20045 chemin Sainte-Marie, Sainte-Anne de Bellevue PQ, H9X 3R5 a/s Louise Trudel. L'application sur la peau d'insecticides à base de DEET, le port de vêtements avec des couleurs pâles, attacher le haut des bas sur le bas des pantalons avec du ruban gommé pour empêcher la tique de pénétrer dans les bas, et l'usage d'insecticides sur la peau et les vêtements. Chez le chien de compagnie, il existe des colliers et des bains contre les tiques. Vaccin: la vaccination devrait être appliquée seulement où le risque est significatif, c'est-à-dire là où la tique est présente en grand nombre. Chez le chien, la vaccination avec une bactérine (bactérie tuée) semble efficace: la vaccination réduirait la prévalence de maladie cliniquement compatible avec la borreliose (1% chez les vaccinés versus 4.7% chez les non-vaccinés) dans des régions endémiques où 40% des chiens étaient séropositifs avant la vaccination. (Pour plus de détails sur le vaccin (Ayerst), Dre. Johanne Elsemer, 418-655-4181; 418-651-3575). Chez l'humain, le vaccin est à la base d'une protéine recombinante de la bactérie (outer surface protein (rOspA)). Élimination de la tique: La survie de la tique dépend de la disponibilité du cerf de Virginie. On a donc tenté d'éliminer le cerf de Virginie dans les régions à risque. Par exemple, sur une île du Massachusetts, le nombre de tiques a commencé à diminuer seulement quand presque tous les cerfs de Virginie ont été tués. En Sibérie, on a employé avec succès le DDT appliqué sur de grandes régions pour contrôler une encéphalite due à des tiques. Au Connecticut, cette approche a porté fruit, en visant les comtés à risque, mais les habitants n'aiment évidemment pas l'épandage massif d'insecticides dans 104 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau leur environnement immédiat. Le traitement saisonnier des cerfs de Virginie serait très efficace mais on peut imaginer les problèmes. Il reste la recherche afin de déterminer si les tiques ont des prédateurs (oiseaux, autres insectes) ou des pathogènes (virus ou très petites bactéries) quelconques que l'on pourrait élever en laboratoire. On fait des recherches aussi sur les phéromones synthétiques qui pourraient leurrer les tiques. Notons pour finir que la vaccination des rongeurs sauvages n'est pas pratique étant donné la courte vie et la fécondité élevée de ces animaux. Conclusion L'apparition d'une nouvelle maladie aux États-Unis est la conséquence de ce que de grandes étendues agricoles de la Nouvelle Angleterre ont été rendues à la forêt. Les cerfs de Virginie sont maintenant aussi communs que des écureuils autour (et dans) un très grand nombre de petites villes de cette région. Les habitants de ces régions se réjouissent de cette situation. Alors? Note : Ixodes scapularis est aussi le vecteur de la babésiose et de l'ehrlichiose granulocytaire (rickettsie Ehrlichia equi) chez l'humain (observée dans l'Est américain) (PNAS 93:6209-6214 (1996)). Le chevreuil ou la souris des champs seraient le réservoir de la bactérie. (L'ehrlichiose monocytaire est causée par Ehrlichia chaffeensis, qui infecte les macrophages et les monocytes. La tique est Amblyomma americanum. Il n'y a pas eu encore de cas au Canada). Brucellose La brucellose est une zoonose importante et affecte les organes reproducteurs et les articulations d'une grande variété de mammifères domestiques et sauvages, entraînant surtout l'avortement, des mort-nés et la mortinatalité. Agent : Les espèces de Brucella se groupent en deux catégories de base selon la séquence du gène omp2. Espèces classiques: B. abortus biovars 1 et 5., B melitensis and B. suis. Espèces non -classiques: B. ovis, B. canis et B. neotomae. Deux espèces de Brucella affectent la faune d'Amérique du Nord, Brucella suis type 4 et Brucella abortus. Brucella suis biovar 1,2, et 3 ne sont pas présents au Canada. Le gène omp2 existe en deux copies. Omp2a , la seconde copie n'est jamais exprimée. Les mutations y sont donc fréquentes et c'est pour cela qu'on l'utilise pour différencier les isolats). La bactérie croît lentement et donc le diagnostic définitif par la culture prend du temps. Distribution : La brucellose des animaux de ferme est officiellement éradiquée du Canada. Elle persiste (officiellement) seulement chez les bisons du Parc de Wood Buffalo, en Alberta et les wapitis de l'Arctique canadiens. L'infection des ongulés sauvages par Brucella abortus est préoccupante pour le Canada et les États-Unis puisque les deux pays visent l'éradication de cette maladie (le Canada a été déclaré exempt de cette maladie en 1985) 44,45. Le bison (Bison bison) du Parc National de Wood Buffalo, Alberta. La contamination de la population de bisons résulte d'une erreur (humaine) faite en 1920 alors qu'on importa 6,673 bisons des plaines (B bison bison) infectés du Sud de la Saskatchewan dans ce Parc (au Nord de la province). Ces bisons s'accouplèrent avec les 1,500 bisons des bois (B bison athabascae) indigènes au Parc. Cette population pose maintenant de graves problèmes parce que : 1) on élève maintenant des bovins tout près du Parc 2) trois populations saines de bisons des bois récemment introduites dans le Parc s'y développent maintenant et elles sont menacées de contamination. Les coyotes et les loups pourraient bien amplifier la transmission de la maladie en mangeant les carcasses infectées, en avortant et en libérant de grands nombres de bactéries dans l'environnement. Un Comité a été mis sur pied en 1989 pour déterminer la conduite à suivre face à ce problème. Parmi les options envisagées étaient les suivantes: construire une double clôture autour du Parc (1,160 km de longueur), l'élimination complète du troupeau du Parc suivie par le remplacement complet des bisons du Parc par les bisons des bois exempts de ces maladies. Le rapport final (1990) recommanda cette dernière option. Cependant, quelques groupes environnementaux et aborigènes s'y opposèrent. Le Gouvernement canadien considère maintenant une autre approche, tester les animaux et abattre les positifs. (chez le cerf de Virginie, un seul cas a été documenté). Brucella suis type 4 est distribuée autour de l'Arctique chez le caribou et l'orignal au Canada, en Alaska et en Russie. La maladie est maintenant très répandue parmi les troupeaux de caribous canadiens, chez le bœuf musqué et les orignaux, dans les mêmes régions partagées avec les troupeaux de caribous. En Russie, la brucellose existe depuis longtemps chez le renne domestique et le renne sauvage. Elle peut avoir été introduite en 105 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau A. du N. quand des rennes ont été transportés de Sibérie en Alaska en 1891. En 1970, la séroprévalence parmi les caribous nordaméricains était de 4 % à 9% chez les rennes dans le delta du Mackenzie. Une étude plus récente (1982-1984) basée sur un nombre plus petit de caribous de la terre de Baffin révélait une séroprévalence de 35 %. La séroprévalence est aussi élevée chez les prédateurs habitant les mêmes régions que les troupeaux infectés (loups, chiens, renards, ours). Des cas sporadiques ont été rapportés chez des Inuits dans les Territoires du Nord-Ouest et en Alaska. ! Mammifères marins : Brucella est fréquente chez les mammifères marins de l'héhisphère nord, y compris au Canada, dans l'Arctique (JWD 36(3):595-598 (2000)). Les mammifères marins ont leurs procpres souches de Brucella. Les morses, bélugas, pour en nommer quelques-uns ont été trouvés séro-positifs mais ceci signifie seulement que les animaux ont été exposés à l'agent avant le test, pas nécessairement qu'ils sont infectés au moment du test. Plusieurs espèces de pinnipèdes et cétacés canadiens avaient des titres sérologiques positifs (1.9 % des phoques à annelés, 4.8 % des morses, 6.5 % des narvals, 4.2 % des bélugas échantillonnés dans l'Arctique canadien entre 1984 et 1997 (Olie Nielsen, DFO, Winnipeg). En 1995, la Brucella responsable pour ces réactions positives était isolée des ganglions lymphatiques de phoques annelés (et seulement de cette espèce). Chez le phoque commun, 13 % des échantillons sont positifs. Les tests sérologiques existant pour la vache et le porc n'ont pas été validés chez les mammifères marins. En 1999, on rapportait des avortements à Brucella chez deux dauphins (Tursiops truncatus) de la marine américaine (Miller et al JZWM, 30:100-110, 1999). L'étiologie était confirmée par la culture des bactéries, l'analyse génétique des bactéries (gène omp2) par PCR et la présence de la bactérie dans des lésions de placentite. La sérologie était négative. Le profil biochimique de la bactérie ne concordait pas avec celui des biotypes connus de Brucella. On a appelé le nouvel isolat Brucella delphini. Parce que la bactérie est présente en grande quantité dans le placenta, comme chez la vache, parce qu'il arrive que les dauphins ingèrent le placenta (comme chez les bovins), que les femelles allaitent souvent les jeunes d'autres femelles, pour toutes ces raisons, on pense que la maladie se transmet fréquemment chez les dauphins en nature. Récemment, deux bélugas du Saint-Laurent étaient séropositifs. On ignore la signification de ce résultat pour le moment. L'ours polaire a des anticorps et cet animal s'infecterait en ingérant des phoques infectés (Sous presse Tryland M, JWD 2001) Signes cliniques: Les lésions sont centrées sur le tractus génital et les articulations. Les manifestations les plus fréquentes de brucellose chez le caribou sont l'avortement (avec rétention placentaire), la bursite/arthrite (souvent des articulations carpiennes) et l'orchite. Lésions: La lésion la plus fréquente de brucellose chez les ongulés sauvages est l'arthrite et elle aussi affaiblit gravement les animaux qui ne peuvent se nourrir convenablement. Dans les cas d'avortement chez le dauphin, il y a une placentite suppurative et le placenta affecté contient une grande quantité de bactéries. Transmission: Aux États-Unis, les ongulés semblent ne pas être importants dans l'épidémiologie de la brucellose bovine. Des études sérologiques ont révélé que le cerf de Virginie, le cerf mulet et l'antilope d'Amérique ne réagissent que rarement, même dans les régions endémiques, suggérant ainsi que ces espèces ne sont pas importantes dans l'épidémiologie de l'infection. Des résultats semblables ont été obtenus avec l'orignal. Cette espèce représenterait un cul-de-sac dans l'infection puisque les animaux malades meurent de la maladie à cause de la sévérité des lésions. Des études sérologiques du wapiti ont montré une prévalence élevée seulement chez les populations avoisinant des troupeaux de bison ou de bovins suggérant que les bovins transmettent la maladie au bison ou au wapiti et non l'inverse. Cependant, la brucellose semble être un problème dans les troupeaux de wapitis dans le nord-ouest du Wyoming. La brucellose est présente dans les troupeaux de bisons sauvages du parc de Yellowstone et elle est un problème dans les troupeaux appartenant à des particuliers. Contrôle: historiquement, le contrôle s'effectue par l'abattage des animaux infectés. On a vu avec les bisons que cette approche est difficile dans certains cas. On a réussi récemment à produire des veaux non infectés à partir de sperme de bison infecté, par fertilisation in vitro avec des ovules de femelles 106 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau superovulées non-infectées (JWD 34:582-289 (1998)). Tuberculose La tuberculose est une zoonose bactérienne due à des bactéries du genre Mycobacterium. Mycobacterium bovis est le bacille des ruminants. On croyait que quand M. bovis était retrouvée chez des ongulés sauvages, elle était toujours due à une infection transmise par le bétail. On sait depuis 1994 que la bactérie infecte le chevreuil en nature (Michigan). Agent étiologique: M. tuberculosis est le bacille de l'homme, M. avium est le bacille des oiseaux (les deux dernières espèces peuvent aussi infecter les ruminants). M. avium cause une maladie beaucoup moins grave et qui peut guérir spontanément, sauf chez les patients sidatiques ou les patients immunodéprimés. Le tiers de l'humanité est infecté par M. tuberculosis, que ce soit dans les pays développés ou dans le tiers monde, mais seulement une personne sur 10 qui sont infectées va développer la maladie durant sa vie. Dans les pays développés, ce sont les personnes âgées qui sont le plus affectées. M. bovis est l'agent causal de la tuberculose bovine et infecte plusieurs espèces domestiques et sauvages. Cette bactérie qui croît lentement (2-6 semaines) et uniquement sur des milieux de culture spécifiques. Ce sont des bacilles alcoolo-acido-résistants mis en évidence sur les coupes histologiques par la coloration de Ziehl-Neelsen. On croit que l'homme a acquis le bacille (M. bovis) à partir des bovins sauvages quand il a commencé à les domestiquer, il y a des dizaines de milliers d'années. Puis M. bovis a subi plusieurs changements génétiques pour devenir M. tuberculosis. Distribution Animaux domestiques : il s'agit d'une maladie distribuée mondialement mais en diminution ou en voie d'éradication du moins chez les animaux domestiques dans certains pays (comme le Canada). Animaux sauvages: La plupart des cas de tuberculose de la faune sont dus à des animaux domestiques infectés qui transmettent le bacille aux animaux sauvages. Il y a des exceptions: en Nouvelle-Zélande, Angleterre et Irlande, la faune peut servir de réservoir d'infection pour les ruminants domestiques. Les carnivores seraient relativement résistants à la tuberculose: on peut isoler assez souvent le tubercule à partir de loups et de coyotes qui n'ont aucune lésion (Voir "Production animale industrielle" dans "Maladies émergentes"). En 1993, on trouvait un chevreuil infecté de tuberculose en nature au Montana. Un élevage de wapitis de la région était probablement la source. On pensait donc toujours que la maladie n'existait pas seule chez le chevreuil sauvage. En 1994, on trouvait M. bovis chez un chevreuil sauvage au Michigan, puis chez un autre. (Il n'y avait eu qu'un cas semblable aux É-U…en 1934). Le deuxième cas de 1994 a entraîné une enquête au Michigan. En 1995, la tuberculose était découverte, endémique, chez les chevreuils sauvages dans le nord-est du Michigan. On trouve le bacille (M. bovis) chez 1.7 % des chevreuils abattus en nature (n= 8,800). (JWD 35: 450-457, 1999). Récemment, on a cultivé la bactérie à partir de ganglions de coyotes de cette région (ils n'avaient pas de lésion). Les coyotes s'infecteraient en ingérant du chevreuil infecté (JWD: 34 632-636 (1998). La présence de M. bovis chez des chevreuils sauvages au Michigan est probablement exceptionnelle. Elle est probablement due au fait que les chevreuils sauvages y sont souvent nourris par des particuliers, ce qui entraîne des contacts fréquents entre ces animaux pendant l'hiver. Ces porteurs, avec ou sans lésions, constituent une source d'infection pour les animaux domestiques. En Angleterre et en Irlande, les blaireaux jouent ce rôle avec les bovins. Réciproquement, les animaux domestiques peuvent servir de source de contamination pour les animaux sauvages (bovins domestiques pour les ongulés des Alpes, les cerfs de Virginie en Amérique du Nord). Au Canada, chez les animaux sauvages en liberté, la tuberculose se limite (officiellement) exclusivement à la population hybride de Bisons du Parc National Wood Buffalo, à la frontière entre l'Alberta et les Territoires du Nord-Ouest. Le bison est la seule espèce affectée dans ce parc. Des loups ont été trouvés infectés par M. bovis dans le Riding mountain National Park, au Manitoba en 1982. Ils 107 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau avaient des granulomes intestinaux qui ont probablement causé leur mort. Remarquer qu'il n'y a pas eu d'étude au Canada sur le nombre d'ongulés sauvages porteurs (mais si on se fie aux résultats du Michigan…). Les ruminants sauvages (wapitis, cerfs de Virginie, cerfs rouges) gardés en captivité (en élevage ou dans les zoos) sont à risque et peuvent servir de source d'infection pour les humains, animaux domestiques et sauvages. Ainsi, au Québec, en 1996, un troupeau de wapitis en captivité a été détruit par Agriculture Canada (l'éleveur songe à poursuivre le gouvernement). Avant cet épisode, des cerfs élaphes (wapitis) avaient été positifs en Alberta et en Saskatchewan, 1990; Fanning et Edwards, 1991). Ces wapitis provenaient des États-Unis. Il semble donc que la prévalence pourrait être beaucoup plus élevée chez les ongulés sauvages que ce que l'on croyait. Ceci est très important car chez la faune, la maladie représente une source possible de contamination des animaux domestiques dans des pays dits "exempts" de tuberculose, comme le Canada et les É-U. (Noter que le mot "exempt", qui revient souvent dans les règlements gouvernementaux, implique toujours "chez les animaux domestiques"). En Nouvelle-Zélande, l'élevage du wapiti est extensif et ces élevages, souvent infectés, constituent une source potentielle d'infection pour les bovins. Les animaux en captivité qui sont positifs acquièrent la tuberculose des humains ou étaient déjà infectés lors de la capture. On ne peut pas exclure que ces animaux s'infectent à partir de chevreuils ou à l'état sauvage. Les personnes ayant le SIDA sont atteintes fréquemment par M. tuberculosis dans les stages précoces de la maladie, moins fréquemment par M. bovis. Dans les stades avancés de la maladie, les sidatiques (50%) sont affectés couramment par M. avium. Ces personnes peuvent alors communiquer la maladie, surtout M. bovis, au bétail et aux animaux sauvages captifs (dans les zoos ou dans les élevages). Transmission: Un animal malade peut excréter des bacilles par voie respiratoire, digestive, oculaire, mammaire ou génito-urinaire sans présenter de signes cliniques. La maladie est transmise par voie respiratoire (aérosols) ou par voie digestive (salive infectée dans les aliments, l'eau). Le bacille est résistant plus de 6 mois dans le milieu extérieur s'il est protégé des rayons du soleil. Dans le sol ou dans la litière, il pourrait survivre plus de 4 ans. Donner des suppléments aux chevreuils en hiver peut avoir causé la forte prévalence au Michigan en augmentant artificiellement la densité de la population de chevreuils et en favorisant la transmission (nez à nez). Pathogénie chez les ruminants : Le bacille tuberculeux est phagocyté par un macrophage (pulmonaire ou d'un ganglion mésentérique). Si le macrophage ne parvient pas à détruire le bacille, le bacille se multiplie et détruit le macrophage. Le macrophage infecté "sensibilise" des lymphocytes qui produisent à leur tour des substances (des lymphokines) qui attirent d'autres macrophages. Les macrophages fusionnent, formant ainsi des cellules géantes (cellules de Langhans). De la fibrose se développe en périphérie de la lésion. La lésion augmente progressivement de taille et la nécrose des macrophages apparaît macroscopiquement comme du caséum, un matériel à l'aspect de fromage. Le caséum peut se minéraliser. Il a alors une consistance crayeuse. La résistance à l'infection dépend de l'immunité cellulaire (T-dépendante) et elle est obtenue chez l'homme par vaccination au BCG (Bacille de Calmette et Guérin). Chez le chevreuil, des lésions peuvent se développer dans tous les organes moins de 90 jours après l'infection primaire. Signes cliniques : Les signes cliniques de la tuberculose dépendent de l'animal atteint, de la souche de bacille, de l'organe atteint, du stade de la maladie, et des maladies concomitantes. Dans toutes les formes, l'animal atteint maigrit de façon marquée. Les formes respiratoire et digestive sont les plus courantes. Atteinte respiratoire : toux et gène respiratoire. C'est la forme la plus souvent rencontrée chez les bisons. Dans les cas avancés, on note une détresse respiratoire. Chez les cervidés, l'infection se caractérise par une atteinte ganglionnaire, les poumons étant plus rarement atteints. Toujours chez les cervidés, les ganglions ont l'aspect d'abcès contenant du pus crémeux (voir Dr. Yves Robinson, Agriculture Canada, qui a beaucoup d'expérience dans le domaine). 108 Pathologie de la faune 2001 - Daniel Martineau Atteinte digestive : on observe de la diarrhée persistante ou intermittente qui ne présente aucun caractère spécifique. Tous les organes peuvent être atteints : mamelle, reins, utérus, ovaires, testicules, encéphale, muscles, os, yeux. Diagnostic chez les animaux de la faune : Il n’y a pas de bons tests!!. Il faut tester à la tuberculine chaque année pendant des années avant de détecter quelques animaux (pas tous) qui montrent une réaction positive. Le test à la tuberculine est applicable seulement chez les cervidés et les bovidés, pas chez les autres ongulés sauvages (le lama est déclaré "non testable" par Agriculture Canada). Le diagnostic clinique est illusoire car beaucoup d'animaux affectés sont cliniquement normaux. Du vivant de l'animal : la tuberculination intra-dermique cervicale (injection de tuberculine dans le derme du cou) est utilisée chez les mammifères domestiques. Un vétérinaire accrédité par le gouvernement fédéral injecte la tuberculine purifiée et on mesure l'épaisseur du pli cutané avant l'injection et 72 heures après. Cependant chez les cervidés, il existe de faux positifs (thélite nodulaire, douve, mycobactéries atypiques et aussi infections à plusieurs autres Mycobacterium saprophytes ou non pathogènes: M avium, M. paratuberculosis, M. nonchromogenicum, M. diernhoferi, M. gastri, M. chelonei, M. smegmatis, M. vaccae) JWD 35: 450-457, 1999) Il survient aussi et surtout un grand nombre de faux négatifs chez les ongulés sauvages même si le test est considéré "applicable" par le gouvernement fédéral chez les cervidés sauvages et chez le bison. Les tests d'immunostimulation des lymphocytes sont parfois utilisés et évitent d'avoir à capturer les animaux deux fois. Par exemple, des 33 bisons adultes testés au Parc Safari en 1995, 23 avaient des lésions et tous étaient négatifs à la tuberculine avant d'être euthanasiés. Lésions: Chez les chevreuils sauvages du Michigan, les lésions se trouvaient le plus souvent dans le ganglion rétropharyngien médial. La tuberculose doit toujours être suspectée lorsqu’un ou des organes présentent des lésions nodulaires dont la coupe révèle un matériel caséeux (= consistance de fromage caillé). Ces organes sont principalement le poumon, le foie et la rate. Les ganglions satellites des organes atteints portent presque toujours des lésions elles aussi nodulaires et caséeuses. Le caséum peut être remanié par une réaction inflammatoire (il apparaît alors plus liquide), partiellement minéralisé (consistance crayeuse à la coupe), surinfecté par un autre agent bactérien ou fibrosé. Le caséum est généralement jaune et il est entouré par du tissu fibreux dont la couleur va du blanc au gris. Parfois, la cavité thoracique ou la cavité abdominale peuvent être atteintes : on parle alors de pleurésie ou de péritonite tuberculeuse. Dans certains cas, la tuberculose peut être osseuse ou méningée. Chez les bisons de Wood Buffalo National Park, les lésions, dues à M. bovis, atteignaient surtout les ganglions. Chez les cervidés sauvages, les lésions ont l'aspect d'abcès contenant du pus crémeux. Les vétérinaires anglais responsables de l'importation de chevreuils de Nouvelle-Zélande se sont fait prendre par cet aspect trompeur et ont admis des chevreuils néo-zélandais atteints de tuberculose en Angleterre. De laboratoire : Grattage de la paroi d'un tubercule : il suffit de gratter la paroi d'un tubercule avec la lame d'un scalpel afin de détacher des cellules géantes. Le matériel détaché est coloré par la technique de Ziehl-Neelsen qui permet de mettre en évidence les bacilles alcoolo-acido-résistants. C'est une technique rapide qui permet d'obtenir une réponse en quelques heures. Bactériologique: Le bacille croît lentement (8-10 semaines) mais la culture est indispensable pour identifier et pour typer la bactérie. Histopathologique: Le tubercule est typiquement une réaction granulomateuse formée d'un centre nécrotique entouré par un anneau de cellules épithélioïdes, de lymphocytes, de polynucléaires et d'une capsule fibreuse d'épaisseur variable. Des cellules géantes sont toujours observées chez les ruminants mais pas chez les carnivores. A la coloration de Ziehl-Neelsen, les bacilles sont localisés dans les cellules géantes (chez les espèces qui en possèdent) ou en périphérie de la zone de nécrose. 109 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Conclusion : en face d'une suspicion : Appeler Agriculture Canada ! - quelques lésions (poumon, ganglions, rate ...) au congélateur, - quelques lésions (poumon, ganglions, rate ...) dans le formol 10 %. - déclarer votre suspicion au vétérinaire d'Agriculture Canada. Prophylaxie chez l'animal : Les animaux achetés pour l'élevage ou des zoos devraient provenir d'endroits indemnes, devraient subir un test cervical de tuberculination (et être négatifs), et devraient être gardés en quarantaine pendant au moins 4 mois. Pendant la quarantaine, ils devraient subir un autre test cervical. Les préposés aux soins des animaux devraient être aussi négatifs à la tuberculine. En pratique, Agriculture Canada recommande le test des élevages de ruminants "sauvages" gardés en captivité aux trois ans. En ces temps de coupure budgétaire, il n'est pas sûr du tout qu'Agriculture Canada appelle l'éleveur pour lui rappeler de faire le test. Ceci peut être dangereux pour l'éleveur. Si le test est positif lors de la vente d'un individu, tout le troupeau du vendeur (et des acheteurs) sera presque certainement abattu, avec une compensation symbolique. L'acheteur pourrait aussi poursuivre le vendeur... La vaccination n'est pas applicable: en effet, la vaccination induit le développement d'une immunité qui interfère avec le diagnostic par réaction intradermique. La seule prophylaxie possible est la prophylaxie sanitaire avec élimination des animaux positifs à la tuberculine. Le traitement n'est pas réaliste chez les animaux: en effet, le bacille est très résistant et le traitement requiert une poly-antibiothérapie prolongée. Traiter les animaux pourrait produire des souches antibiorésistantes dont le passage à l'homme serait très dangereux. De plus, la bactérie survit plusieurs années dans le sol et donc l'animal contaminé représente une source durable de contamination. Transmission à l'homme: ce sont surtout les agriculteurs (contamination respiratoire avec un animal atteint de tuberculose pulmonaire ), les vétérinaires, les biologistes, taxidermistes naturalistes (manipulation et nécropsie d'animaux malades), les consommateurs de lait non pasteurisé (source majeure de contamination avant l'éradication de la maladie chez les bovins domestiques). Les humains s'infectent par inhalation (tuberculose respiratoire) ou par ingestion (naturalistes, buveurs de lait) de bactéries. La maladie demeurant longtemps asymptomatique, le délai d'incubation est très variable. Les signes chez l'homme sont identiques à ceux de l'animal : ils dépendent du (des) organe(s) atteints et se traduisent toujours par un affaiblissement général important et de l'hyperthermie. L'immunité est Tdépendante : les sujets immunodéprimés sont susceptibles de contracter la maladie. Paratuberculose Agent: Mycobacterium paratuberculosis. C'est une maladie importante surtout chez les bovins domestiques mais elle survient occasionnellement chez les ongulés sauvages. Transmission. La bactérie est libérée dans les fèces et se transmet par ingestion. Distribution. Elle est présente partout au Canada, sans que l'infection ne se soit jamais établie chez les ruminants sauvages. La maladie est cependant sérieuse chez les élevages d'herbivores sauvages en Nouvelle-Zélande et en Grande-Bretagne. Leptospirose Agent causal: il existe environ 200 sérovars de Leptospira interrogans, un spirochète de 20 mm de long et 0.1 mm de diamètre qui affecte les hommes et les animaux. Chez l'homme, la leptospirose a longtemps été appelée fièvre des marais, fièvre des inondations ou maladie des égoutiers. Distribution: la maladie a une répartition mondiale. Au Québec, des études de séroprévalence sont disponibles pour l'homme et pour les ratons-laveurs (Tableau 1). Au Canada, de nombreux sérovars sont présents chez les animaux domestiques (chevaux, porcs, bovins, ovins). Écologie/Épidémiologie: chaque sérovar est adapté à un ou des hôtes de maintenance chez lesquels il peut causer la maladie bien qu'il puisse aussi causer la maladie chez d'autres espèces, les hôtes accidentels. Chez tous les hôtes, les leptospires sont localisées au niveau du tube contourné proximal 110 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau (rein) et, selon la relation bactérie-hôte, parfois au niveau de l'appareil reproducteur. L'environnement est contaminé par l'urine ou par les écoulements utérins faisant suite à un avortement. Dans le milieu extérieur, la bactérie survit le mieux dans les milieux humides, chauds (température optimale de 28°C), et à un pH neutre ou légèrement alcalin. Dans de telles conditions, les leptospires peuvent survivre des mois. On comprend donc aisément que la leptospirose est particulièrement prévalente en automne pour les climats tempérés. De nombreuses espèces de mammifères de la faune peuvent constituer une source de leptospires (Tableau 1). Pathogénie : les leptospires du milieu extérieur pénètrent les muqueuses (intactes) ou la peau (ramollie par l'eau ou égratignée ou abrasée). Quatre à 10 jours après l'entrée dans l'hôte, une bactériémie s'établit et dure quelques heures à quelques jours. Les bactéries sont disséminées et se localisent dans les organes cibles, incluant les reins. Dans les reins, les bactéries migrent hors des vaisseaux dans le tissu interstitiel (entre les tubules et les glomérules), puis pénètrent dans la lumière des tubules. Là elles se multiplient et sont rejetées dans l'urine (elles causent de l'inflammation lymphoplasmocytaire - néphrite interstitielle). Elles contaminent le milieu environnant, à partir duquel elles contaminent de nouveaux hôtes. Des anticorps opsonisants apparaissent dès 6 jours après l'infection, ce qui a pour conséquence d'éliminer les leptospires de l'organisme sauf au niveau des compartiments où les anticorps n'ont pas accès : tube contourné proximal (rein), humeur vitrée (œil), liquide céphalo-rachidien (système nerveux). Pour certaines espèces et pour les sérovars qui leur sont adaptés, les leptospires persistent au niveau de l'appareil reproducteur (oviducte, utérus, vagin, testicule, épididyme, prostate, vésicule séminale). Signes cliniques : chez les animaux, la plupart des infections sont sub-cliniques et se manifestent par une néphrite interstitielle minime (inflammation du rein). Cependant, dépendant de la relation hôtesérovar, l'infection peut être clinique, surtout durant la phase leptospirémique. Elle se manifeste alors par une jaunisse (hémolysine, lésions hépatiques d'origine toxique et ischémique), de la fièvre, de l'anémie hémolytique (hémolysine, anticorps contre les antigènes leptospiraux recouvrant les érythrocytes, de l'hémoglobinurie, de la congestion pulmonaire et parfois une méningite. Certains sérovars se localisent au niveau des reins et causent une néphrite interstitielle suffisamment sévère pour provoquer une insuffisance rénale. On a rapporté le premier cas contracté en nature chez un phocidé, une jeune femelle - phoque commun en 1999. (Stevens et al, JWD 35:150. 1999). Auparavant, des cas avaient été rapportés chez des phocidés dans les centres de réhabilitation de Californie (Stamper et al JWD 34: 407-410. 1999). En 1970, on avait déjà rapporté des avortements chez des otaries de Californie (Otaridés) à Leptospira interrogans serovar pomona. Les signes cliniques sont très variables chez l'homme. La maladie prend l'allure d'une grippe. Les symptômes peuvent être plus graves selon l'état immunitaire du sujet affecté et du sérovar en cause. Méthodes de diagnostic : l'identification du sérovar repose sur l'immunofluorescence (prélèvements congelés) ou sur la culture (prélèvement très frais ou acheminés au laboratoire sur milieu de transport spécifique). Lors d'infection rénale, l'examen histologique montre un grand nombre de bactéries (coloration à l'argent) dans la lumière tubulaire en plus de la néphrite. L'immunoperoxydase permet de confirmer la présence de leptospires au niveau des tubes contournés proximaux ou du placenta. Les études sérologiques font appel à la technique de micro-agglutination (MAT). C'est cette méthode qui est utilisée dans la plupart des études visant à évaluer l'importance de la leptospirose chez les animaux de la faune. Prévention, traitement et contrôle : des mesures d'hygiène simples (port de gants lors de la manipulation des animaux ou lors de travail dans un milieu potentiellement contaminé) permettent de prévenir la contamination de l'homme. La prévention consiste à assécher les flaques d'eau et les mares à proximité des habitations humaines et à contrôler les populations d'animaux sauvages (rongeurs, ratons-laveurs, mouffettes) susceptibles de contaminer ces points d'eau. 11 novembre 1999: Mice have invaded thousands of homes and businesses and may have a bacterial disease causing flu-like symptoms in humans, Florida state health officials said Tuesday. Tests show mice in northwest Orange County may have > leptospirosis, a bacterial disease commonly associated with animals in tropical areas. Further testing is needed to determine what type of leptospirosis the mice are carrying and whether the bacteria could make humans ill. Références : Bourque M, Higgins R. Serologic studies on brucellosis, leptospirosis and tularemia in moose (Alces 111 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau alces) in Quebec. J Wildl Dis 1994, 20, 95-99. Crowell WA, Stuart BP, Adams WV. Renal lesions in stripped skunks (Mephitis mephitis) from Louisiana. J Wildl Dis 1977, 13, 300-303. Fairley RA, Schollum LM, Blackmore DK. Leptospirosis associated with serovars hardjo and pomona in red deer calves (Cervus elaphus). N Z Vet J 1984, 32, 76-78. Ferguson DV, Heidt GA. Survey for rabies, leptospirosis, toxoplasmosis and tularemia in stripped skunks (Mephitis mephitis) from three public use areas in Northwestern Arkansas. J Wildl Dis 1981, 17, 515-519. Goyal SM, Mech LD, Nelson ME. Prevalence of antibody titeres to Leptospira spp. in Minnesota whitetailed deer. J. Wildl Dis 1992, 28, 445-448. 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A serological survey of leptospirosis in Prince Edward Island swine herds and its association with infertility. Can J Vet Res 1991, 55, 352-355. 112 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Tableau 1 : Séroprévalence de la leptospirose chez quelques animaux de la faune. Espèce Sérovars Orignal Alces alces grippotyphosa Cerf élaphe Cervus elaphus pomona > hardjo Cerf de Virginie Odocoileus virginianus Prévalence Lieu Référence 0.5 % (1/208) Québec Bourque & Higgins 1984 75 % (9/12) NouvelleZélande Fairley et al. 1984 pomona > bratislava 88/204 (43 %) Minnesota Goyal et al. 1992 Loup Canis lupus grippotyphosa > bratislava > autumnalis > canicola > pomona > ballum > pyrogenes > hardjo > copenhagi 11 % (52/457) Minnesota Khan et al. 1991 Renard roux Vulpes vulpes autumnalis > pomona 12 % (12/100) Ontario Kingscote 1986 Raton laveur Procyon lotor bratislava > pomona > hardjo et grippotyphosa 28 % (7/25) Québec CCCSF 1995 Mouffettes Mephitis mephitis canicola, grippotyphosa, hardjo, icterohaemorrhagiae, pomona pomona > hyos > canicola > ballum > icterohaemorrhagiae 47 % (21/45) Arkansas Ferguson & Heidt 1981 Crowell et al. 1977 55 % (55/100) Louisiane Lapins Sylvilagus floridanus Sylvilagus aquaticus ballum > australis > icterohaemorrhagiae > canicola > grippotyphosa 77 % (37/48) Mississipi Shotts et al. 1971 Trappeurs bratislava > hardjo > icterohaemorrhagiae 9.1 (15/165) 4.8 (8/165) Québec Lévesque et al. 1995 Contrôles De 95 moufettes échantillonnées près d'une ferme laitière infectée avec le sérovar pomona en Alberta du sud, 40 % réagissaient. De 438 moufettes testées en d'autres endroits en Alberta du sud et dans la Saskatchewan voisine, seulement 5.7% réagissaient. Le troupeau laitier infecté peut donc avoir joué un rôle dans la prévalence élevée trouvée chez les moufettes de cette région. Une étude faite sur les rats, à Détroit (1977), montre que plus de 50% des rats adultes sont infectés par ce sérovar. La chute dans les eaux d'un égout a causé la leptospirose chez un homme qui en est mort 8 jours plus tard. Le médecin traitant n'avait pas considéré la leptospirose dans le diagnostic et l'homme ne reçut des antibiotiques que deux jours avant sa mort. Septicémies des rongeurs et des lagomorphes. Tularémie Historique: En 1910, dans le comté de Tulare en Californie, des écureuils furent trouvés morts et on en isola une bactérie Gram (-) que l'on prit d'abord pour un Pasteurella (tularensis). La bactérie devint plus tard Francisella, d'après un monsieur Francis qui démontra en 1925 les organismes dans le foie de lapins. Agent: Francisella tularensis. Deux formes de tularémie peuvent être distinguées par leur patron épidémiologique et la virulence des 113 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau isolats. Ce sont la forme terrestre, affectant les lapins, et la forme aquatique, affectant le rat musqué. Les deux formes se transmettent par des mécanismes complètement différents. Les deux se transmettent à l'homme, d'où l'importance de prendre des précautions lorsqu'on manipule des animaux infectés. En fait, la bactérie a été isolé de 100 espèces de mammifères et de très nombreux arthropodes. 1) 2) La forme terrestre (ou néoarctique (type A)): Animaux: Lièvres, Lapins Distribution: elle est limitée au Nouveau Monde. Agent: Francisella tularensis biovar tularensis (synonyme neoarctica). Transmission: piqûres de tiques ou autres arthropodes (mouches à chevreuil, puces, maringouins). Signes cliniques: Chez l'humain, c'est la forme la plus virulente (5-7% de mortalité si traitée) et c'est aussi la plus fréquente. Le lapin à queue blanche ("cotton tail rabbit", Sylvilagus floridanus) est le réservoir principal de cette forme de tularémie. Les lièvres (genre Lepus) sont aussi infectés (et malades) La forme aquatique (holoarctique (type B)) Animaux: rat musqué, castors. Transmission: très différente de celle de la tularémie terrestre. Elle se transmet par l'eau contaminée ou par contact direct avec des animaux infectés ou leurs sécrétions, le contact direct incluant même le carnivorisme et le cannibalisme. Agent: F. tularensis biovar palearctica (synonyme holoarctica). Elle affecte surtout les rongeurs aquatiques (castors, rats musqués, campagnol nageur). La bactérie peut survivre 3-4 mois dans la boue, l'eau et les carcasses en train de se décomposer. Chez les humains, elle est beaucoup moins virulente que la souche A (moins de 1% de mortalité si non traitée) et est la source d'environ 10% des cas de tularémie aux États-Unis. La bactérie est probablement présente la plupart du temps dans les populations de rongeurs aquatiques mais les épizooties semblent survenir quand les animaux sont stressés par une alimentation inadéquate, une densité de population élevée ou par d'autres facteurs. En Suède, la tularémie animale (type B) est observée principalement chez une espèce de lièvre (Lepus timidus). Cependant, cette espèce semble très susceptible à la maladie et est probablement seulement un hôte accidentel. On soupçonne que le castor est le réservoir principal. Toujours en Suède, on pense que la tularémie est transmise à l'homme et aux lièvres par les moustiques. Prévalence: Au Québec, dans la région de Rimouski, 5 % des lièvres (n=100) avaient des anticorps (automne 1994). Des carnivores comme les ratons-laveurs, la mouffette et le renard ont des séroprévalences encore plus élevées mais ils ne sont pas malades. Entre 1989 et 1994, 48 cas de tularémie humaine ont été rapportés au Québec. De 1979 à 1994, seulement pour la Gaspésie, il y a eu 18 cas de rapportés, une enquête épidémiologique a impliqué le Lièvre d’Amérique à 12 reprises. En juin 2000, un mort et neuf personnes infectées et malades ont été rapportées assez près d'ici, sur l'Ile de Martha's Vineyard, au large de Cape Cod. Lésions Chez les lagomorphes et les rongeurs, les lésions sont des lésions focales crayeuses dans le foie, rate et ganglions consistant au début de neutrophiles (microabcès) puis évoluant vers une zone centrale de nécrose caséeuse entourée de lymphocytes et macrophages (granulomes). Les bactéries sont nombreuses mais difficiles à apercevoir dans les phagocytes entourant la lésion. Diagnostic différentiel des "point jaunes au foie" chez les rongeurs et les lagomorphes Peste. Yersinia pestis. Gram (-). Maladie de Tyzzer: Clostridium piliforme (anciennement Bacillus piliformis), Gram (-); surtout chez les souris; nécrose multifocale au foie; nombreux organismes. 114 Pathologie de la faune 2001 Salmonellose: Listériose: Toxoplasmose: Mouse pox: Daniel Martineau Salmonella typhimurium; Gram (-); rongeurs; accompagnée d'entérocolite. Listeria monocytogenes; Gram (+); nécrose multifocale; neutrophiles plus nombreux. protozoaire; les zones de nécrose sont très petites. Nécrose de coagulation, pas de réaction inflammatoire; tachyzoïtes visibles. Corps d'inclusion éosinophiles intracellulaires. Lésions cutanées très sévères mais pas tout le temps. Lésions aux glandes salivaires, poumons, pancréas, et surtout aux nœuds lymphatiques. Signes cliniques : Les premiers signes sont ceux d’une maladie fébrile généralisée (fièvre, frissons, sueurs abondantes, maux de tête, vomissements, perte d'appétit). Ils débutent généralement de 3 à 5 jours après le contact initial (mais peuvent survenir de 1 à 14 jours après le premier contact). Les signes cliniques dépendent de la voie d'entrée de la bactérie. S’il s’agit d’une infection par voie cutanée ( micro-coupure (souvent aux mains), ou morsure de tique, il peut y avoir un ulcère au site de la coupure/ morsure puis enflure du ou des ganglions lymphatiques drainant la région affectée. S'il s'agit d'une infection orale, il y aura inflammation du larynx et de l’intestin. Par contre, s'il s'agit d'une infection par inhalation de matériel infecté, une pneumonie peut se développer (une pneumonie secondaire est fréquente quelle que soit la voie d'entrée). Prévention (R. Claveau) La prévention de la maladie chez les humains repose sur le bon sens. Il faut manipuler avec soin les lagomorphes, les rongeurs et les autres animaux sauvages, particulièrement ceux trouvés morts. En dépouillant ces animaux, il est bon de porter des gants de caoutchouc et de mouiller la fourrure pour éviter l'émission de particules infectieuses aérosols. Ne pas boire d'eau non traitée. L'usage de chasse-moustiques (DEET) et de vêtements protecteurs est recommandé pour éviter les piqûres d'arthropodes. Maladie de Tyzzer Agent: Clostridium piliforme forme des spores. Non transmissible à l'homme. La maladie a été rapportée chez les rats musqués. Transmission: C. piliforme est présent dans l'intestin des rats musqués sans causer de maladie. Les porteurs émettent des spores dans l'environnement par les fèces. Les spores restent infectieuses longtemps dans la boue ou dans les abris de rats musqués. Ceux-ci s'infectent en ingérant les spores. La maladie survient quand les animaux sont stressés (malnutrition, surpeuplement, sécheresse, gel) ou quand les animaux fréquentent des régions fortement contaminées et ingèrent un grand nombre de spores. Historique: Décrite dans les années 1940, parce qu'elle avait causé des épizooties dans les populations de rats musqués des marécages de l'Iowa et du Wisconsin dans les années '40. La maladie était connue alors sous le nom de maladie de Errington. Errington (1954) a décrit l'importance de la maladie dans la relation écologique entre le vison et les rats musqués dans certains marécages. La maladie favoriserait la prédation des rats musqués malades par les visons (voir Régulation des populations, p. 15). Distribution: à Montréal, le long de la Rivière des Prairies. (1993-1994), rats musqués trouvés morts avec lésions hépatiques). Pseudotuberculose Agent: Yersinia pseudotuberculosis et Y. enterocolitica. La Yersiniose affecte une grande variété d'espèces mammaliennes et aviaires et elle est zoonotique. Transmission:Y. pseudotuberculosis est présente dans les fèces de très nombreux oiseaux et mammifères, particulièrement des rongeurs, cliniquement normaux. Les réservoirs principaux de l'infection par Y. pseudotuberculosis sont les rongeurs. La bactérie n'infecte pas les oiseaux. La transmission de l'infection semble limitée à la voie orale-fécale. Les animaux susceptibles servent de réservoir en abritant la bactérie dans leur intestin. Les infections latentes chez ces animaux se manifestent sous des conditions de stress. La maladie est beaucoup plus chronique que la maladie de Tyzzer et que la tularémie. Les animaux sont émaciés et les lésions consistent en des pyogranulomes de grandeur variée dans le foie, la rate, 115 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau les nœuds lymphatiques et à peu près tous les organes. Les castors et les rats musqués peuvent connaître une évolution aiguë: les castors ont une entérite hémorragique et nécrosante. Les rats musqués affectés peuvent ne montrer rien d'autre que des hémorragies pulmonaires. La maladie est importante dans les élevages d'herbivores "sauvages" de Nouvelle-Zélande. Une étude de la pseudotuberculose au Zoo de Londres a démontré une augmentation de l'incidence entre les mois d'octobre et de mars. Les auteurs de l'étude pensent que la contamination des rongeurs est la cause de l'augmentation de l'incidence. L'été 1986, la Yersiniose aiguë a été diagnostiquée chez 20 bœufs musqués et soupçonnée chez plusieurs autres bœufs musqués trouvés morts dans les Territoires du Nord-Ouest. C'était le premier cas documenté d'une mortalité importante causée par cette maladie dans une population sauvage d'ongulés. Yersinia enterocolitica: l'infection a été rapportée chez un nombre plus petit d'hôtes que Y. pseudotuberculosis. C'est un problème important chez les primates où les lésions sont surtout intestinales et affectent les ganglions mésentériques. Peste Agent: Yersinia pestis (renommée Y. pseudotuberculosis). Elle affecte principalement les rongeurs sauvages, incluant les rats et elle est transmise par les morsures de puces ou lors de la manipulation d'hôtes infectés. Elle existe sur tous les continents à l'exception de l'Australie. Endémique dans les tropiques et pays sous-tropicaux. Au Canada, on a rapporté des cas chez des rongeurs en 1940 et en Colombie-Britannique en 1988 et 1989. Les humains infectés qui ne sont pas traités (avec des antibiotiques) peuvent mourir, généralement par la forme pneumonique. Deux niveaux écologiques différents: 1) Peste urbaine: rats et puces. Puces mordent humains et leur transmettent la maladie. La bactérie tue le rat, les puces et l'homme. Les épidémies ne persistent donc pas. 2) Peste sylvatique: Enzootique chez rongeurs sauvages (chiens de prairie, écureuils, souris, ) et leurs puces (Ouest des États-Unis: N.M., Ari, Cal., Co). La peste sylvatique persiste en foyers enzootiques. La persistance de ces foyers et les épizooties intermittentes qui leur sont associées résultent d'un ensemble de facteurs: certaines espèces de puces contribuent plus à la transmission de l'infection que d'autres. La plupart des puces de rongeurs survivent longtemps après l'infection. Certaines abritent Y. pestis pour plus d'un an. Les puces serviraient donc non seulement de vecteurs mais aussi de réservoirs, expliquant ainsi la persistance des foyers enzootiques. Le sol peut aussi servir de réservoir dépendant des conditions climatiques. L'organisme peut rester infectieux pendant plusieurs mois. L'hibernation de certains rongeurs peut expliquer aussi sa persistance. Certaines espèces de rongeurs sont plus résistantes que d'autres à l'infection et donc peuvent être de meilleurs réservoirs de l'infection. La peste urbaine résulterait de l'infection de rats urbains et de leurs puces par la peste sylvatique. La susceptibilité à l'infection peut varier au sein de différentes populations de la même espèce de rongeurs. Les individus de certaines populations qui ont été exposés auparavant sont très résistants à la maladie. Ils subissent cependant une bactériémie transitoire et peuvent donc infecter les puces. La grande résistance de ces individus ne serait pas due à l'immunité mais plutôt à des changements évolutifs secondaires à la sélection naturelle. Le stress, comme dans les autres maladies infectieuses, peut vaincre la résistance. Lésions: Les lésions ressemblent à celles de la tularémie: nécrose multifocale dans le foie, la rate, les nœuds lymphatiques et une rate et des nœuds lymphatiques volumineux. Prognostic: Quand elle est rapidement diagnostiquée et traitée rapidement (avec des anitbiotiques tels que la streptomycine et la tétracycline), la mortalité est réduite de 60% à moins de 15 %. On a signalé en 1999 l'apparition de souches de Y pestis résistantes aux anitibiotiques à Madagascar. Nécrobacillose Agent. Fusobacterium necrophorum Maladie décrite chez le bison (région du périnée), cerf, le wapiti, le caribou et l'antilope d'Amérique 116 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau (cavité orale, pieds). Quelques épizooties, chacune causant la mort de 10-40 animaux pendant une période de quelques semaines, ont été rapportées dans le sud de la Saskatchewan à la fin de l'hiver parmi les cerfs, les cerfs mulets et l'antilope d'Amérique. Lésions. Ces animaux étaient en mauvais état et se nourrissaient de foin dans des cours à bestiaux. La plupart des animaux affectés étaient trouvés morts. Le bétail par contre était en bon état de chair et ne montrait aucune évidence de la maladie. Les lésions étaient plus fréquentes et sévères dans la cavité orale. Des lésions étaient observées moins fréquemment dans le rumen et le réseau, le foie et les poumons. Les lésions aux onglons étaient rares. Quelques cas impliquant les pieds ont été rapportés chez l'orignal. Kérato-conjonctivite à Chlamydia La kératoconjonctivite infectieuse est définie comme étant une inflammation confinée à aux structures superficielles de l’œil et produite par un agent infectieux. La condition survient épisodiquement chez la mule, le cerf de Virginie, l'orignal, et l'antilope d'Amérique au Wyoming. Moraxella sp. est l'organisme le plus souvent retrouvé dans les lésions. Chlamydia a été récemment rapportée comme étant la cause de kératoconjonctivite chez le mouflon: les mouflons du Nord du Parc de Yellowstone ont souffert d'une épizootie de kératoconjonctivite durant l'hiver de 1981-1982. Cette épizootie aurait fait baisser les effectifs de 500 à 300 (mortalité de 60 %). Les adultes mâles auraient souffert de la mortalité de façon disproportionnée à cause du rut qui mobilise une grande quantité d'énergie, en plus de l'incapacité de trouver des abris et de la nourriture pendant l'hiver. La transmission de l'infection serait favorisée par les mœurs sociales des mouflons; lors du rut les animaux se rassemblent; les mâles se frottent les glandes préorbitales. Chlamydia cause aussi de l'arthrite et des pneumonies chez cette population. Complexe de la pneumonie chez le mouflon Quelques populations de mouflons d' A. du N. ont été décimées par des épizooties de pneumonie dans les derniers 20 ans. Dans plusieurs de ces épizooties, les problèmes de pneumonie semblaient être dus à plusieurs facteurs comme l'interaction entre les bactéries, les virus, les vers du poumon, et les facteurs stressants. Mannheimia (Pasteurella) hemolytica a été le facteur étiologique primaire dans plusieurs cas et le seul identifié dans certains cas. Dans un cas, des auteurs ont émis l'hypothèse qu'un facteur prédisposant ayant précipité l'épidémie était le stress chronique environnemental causé par la construction d'un barrage. Deux épidémies furent associées avec la proximité de moutons domestiques. Les amygdales des mouflons abritent leurs propres souches de Pasteurella haemolytica. Peut-être le stress ne fait-il que précipiter l'infection. Des expériences ont montré cependant que même en l'absence de stress, ces animaux sont très susceptibles aux souches de P. haemolytica des animaux domestiques, dont les moutons et les bovins. L'inverse n'est pas vrai: les moutons domestiques sont très résistants aux souches de P. haemolytica isolées des mouflons. Pasteurella multocida Cause une septicémie hémorragique aiguë chez les animaux domestiques et sauvages (bovins, buffles d'eau) en Asie du sud-est (sérotype de capsule B, sérotype somatique 2 (B:2)) en Afrique (capsule type de capsule E, type somatique 2 (E:2)) et au Moyen-Orient. On a rapporté des cas en Amérique du Nord au Parc de Yellowstone, chez le wapiti au Wyoming, et récemment dans des parcs au Danemark (JZWM 30: 285-292). Lésions: pétéchies sur les séreuses (vasculites nécritiques avec bactéries intravasculaires), œdème sous-cutané dans la région de la tète (cellulite avec bactéries), muqueuse du pharynx nécrotique (ulcères avec vasculite), poumons très congestionnés et œdémateux avec ou sans pneumonie fibrinonécrotique. 117 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau PROTOZOAIRES Toxoplasmose Toxoplasma gondii 20,21 infecte plusieurs espèces d'animaux à sang chaud, y compris l'homme. Les Félidés sont les seuls hôtes définitifs connus. Eux seuls libèrent les oocystes. Le lynx est souvent infecté. Les rats maintiennent l'infection en nature (leurs tissus renferment les bradyzoites). Les chatons sont très susceptibles et leur mère les infecte en leur donnant des rongeurs qu'elle a tués. Les cerfs de Virginie peuvent s'infecter et être à l'origine d'infections humaines lorsque la viande est consommée crue par les chasseurs. Parce qu'il est omnivore, le raton-laveur est considéré comme un bon indicateur de la contamination environnementale. Aux États-Unis, une étude a démontré une séroprévalence de 50 %. Ce protozoaire fait aussi partie du différentiel des maladies du système nerveux chez cet animal (comme chez le chien et la moufette, l'infection peut alors coïncider avec le distemper étant donné que le distemper est immunodépresseur). Giardiase 35 Agent: Giardia lamblia (duodenalis) est un protozoaire flagellé, responsable de diarrhée chez plusieurs espèces animales, dont l'homme. C'est le parasite intestinal le plus fréquent chez l'homme (3 à 4% des gens seraient infectés (Meyer et al 1985).) Les enfants dans les garderies, les sidéens et les patients d'instituts psychiatriques sont particulièrement à risque. Transmission: L'infection survient souvent suite à l'ingestion d'eau contaminée. Le kyste a été trouvé dans les eaux traitées. En 1992, 140 des 339 municipalités sur les rives du Saint-Laurent (1.35 millions d'habitants) libéraient les eaux municipales non traitées dans le Saint-Laurent (Centre Saint-Laurent, 1996). Le parasite est fréquent dans les fèces des animaux domestiques. Hôtes: Le parasite est plus fréquent chez les jeunes animaux et dans les élevages. 33.9% des chiots en santé sont infectés (Californie), 1.4 à 5% des chats ont été trouvés infectés aux ÉtatsUnis, et 8 % des castors dans le Parc des Laurentides (Faubert 1988). Récemment, Giardia était détecté dans les fèces de trois espèces de phoques de l'Estuaire du Saint-Laurent, pas chez les cétacés (dont les bélugas) (JWD 35:779-782). Giardia et Cryptosporidium sont très fréquents dans les rivières du Québec. Or, des 2300 réseaux d'eau du Québec, plus que la moitié (au moins 1,400) qui desservent 650,000 personnes distribuent une eau non traitée. Ce n'est pas pour rien qu'au Québec la Direction de la santé publique a relevé de 1989 à 1995 68 épidémies liées à la consommation d'eau, la plupart dues à Giardia et Cryptosporidium (aucune due à E. coli). On estime que pour chaque cas signalé, il y a plus de 1000 infections qui ne le sont pas. (Commission sur la gestion de l'eau au Québec, rapport Mai 2000) Cycle. Il n'y a pas d'hôtes intermédiaires. L'ingestion du kyste libère les trophozoïtes dans le duodénum. Ceux-ci adhèrent à la bordure en brosse grâce à une ventouse à l'extérieur de la cellule et se nourrissent là. L'ingestion de 10 à 100 kystes est suffisante pour une infection productive chez l'homme. Cryptosposridium. Agent: Protozoaire. Source: Matières fécales des animaux (rats, souris, bovins), des humains contaminant l'eau. Les isolats trouvés chez les humains sont génétiquement distincts des isolats trouvés chez les veaux. Ceci suggère que les infections humaines seraient dues à la contamination de l'eau potable par des matières fécales humaines et non animales (Awas-El-Kariem et al. Parasitology research 84: 297-301 (1998)) 118 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Sarcocystis sp: Protozoaires. 78.6 % des orignaux du Parc de La Vérendrye sont infectés. Le plus souvent non détectable à l’œil nu. Le loup est probablement l'hôte définitif. Anaplasmose Agent: Anaplasma marginale (le plus pathogène chez les bovins), centrale (anémie). Protozoaire ressemblant aux Rickettsies. Ne se transmet pas aux humains. Parasite obligatoire des globules rouges. Transmission: tiques et mouches qui ne survivent pas à l'hiver canadien (du moins, on le pense). Aiguilles utilisées pour la vaccination. Outils utilisés pour le décornage. Distribution: jusqu'à récemment en Californie, dans les États de l'Ouest américain, dans les pays chauds, tropicaux ou sub tropicaux. A été trouvé en 2000 chez 5 bisons du Parc Prince Albert ! dans le parc des bisons du Montana, 15.7 % des bisons ont la maladie. Agriculture Canada détruira les bisons infectés dans le Parc. Nous espérons que l'agence essaiera aussi de déterminer l'origine de la maladie. Réchauffement global ? FONGI Trichophyton verrucosum Décrits chez le cerf mulet en Saskatchewan et en Alberta mais pas dans les régions plus au sud. Les lésions sont généralement discrètes, situées à la face ou sur les pattes et les animaux affectés sont en bonne condition. Des animaux débilités avec des lésions sévères ont été aussi décrits. Trichophyton verrucosum est le seul agent qui a été isolé. La source d'infection serait les bovins domestique. La maladie n'a pas été observée chez le cerf de Virginie bien que cette espèce partage plusieurs territoires avec le cerf mulet en Saskatchewan et en Alberta. Adiaspiromycose C'est une mycose fréquente, répandue et habituellement peu sévère des mammifères causée par un fongus dimorphique du genre Emmonsia. Il a été rapporté sur cinq continents chez au moins 124 espèces ou sous-espèces de mammifères, particulièrement les rongeurs et les mustélidés. E. crescens est le plus fréquent et est la seule espèce connue chez les mammifères canadiens. Quelques cas ont été diagnostiqués par biopsie chez des patients souffrant de symptômes pulmonaires. Les organismes Emmonsia produisent les plus grosses levures parmi tous les fongi pathogènes connus. L'aleuriospore inhalé peut avoir un diamètre de 20-40 microns pour E. parva et 400-700 microns pour E. crescens. Les organismes ne se multiplient pas dans les tissus; la sévérité de la maladie semble être déterminée uniquement par le nombre de spores inhalées. Une réaction inflammatoire granulomateuse se développe graduellement contre chaque sphérule. Dans le sol, les mycelia de Emmonsia feraient partie de la mycoflore associée avec les racines de certaines plantes ligneuses. Jusqu'à 79.5% des écureuils de Franklin (Sask.), qui fréquentent les régions occupées par ces plantes, sont infectés. L'écureuil de Richardson qui ne fréquente pas ces régions connaît une très faible prévalence (2.5 %). PARASITES Rappels Cestodes. Ver plat hermaphrodite. L'adulte peut être très long et est constitué d'une chaîne d'unités reproductives indépendantes, progressivement matures à mesure que l'on progresse postérieurement. L'extrémité antérieure est fixée à la paroi de l'intestin de l'hôte définitif par le scolex, toujours très petit comparé au reste du corps. La plupart des cestodes requièrent un hôte intermédiaire. L'hôte définitif est 119 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau un carnivore. Donc, ne pas donner de viande crue d'herbivore à un chien ou à un chat. Nématodes. La plupart n'ont pas d'hôte intermédiaire (cycle direct). Trématodes. Vers plats. Plusieurs hôtes intermédiaires, souvent en milieu aquatique. Définitions Période prépatente: temps entre l'ingestion de la forme infectante et l'apparition d'oeufs ou de larves dans les selles ou le sang. Cysticercoides: stade de développement d'un ver plat qui utilise un insecte utilisé comme hôte intermédiaire. Ex.: puce et Dipylidium caninum Cysticerque: stade vésiculaire du développement d'un ver plat utilisant un mammifère comme hôte intermédiaire. Une vésicule contenant un scolex. Ex.: bovin et Taenia saginata Coenure: stade kystique du développement d'un ver plat à la membrane duquel sont attachés plusieurs scolices : Chacun des scolices peut se développer en un ver adulte. Ex.: Lièvre, Coenurus serialis Kyste hydatique: stade kystique de développement d'un ver plat à la membrane duquel sont attachés plusieurs scolices. Plusieurs scolices flottent, libres, dans le liquide du kyste et ont une apparence de sable ("sable hydatique"). Fréquent chez l'orignal. C'est en manipulant l'hôte définitif que l'homme peut s'infecter. Un kyste hydatique aux dimensions importantes peut alors se développer chez l'humain infecté. Ex.: Echinococcus granulosus Strobilocerque: cysticerque dont le développement est déjà avancé dans l'hôte intermédiaire: il a commencé à se segmenter et à s'allonger. Ex.: Rongeur et Cysticercus fasciolaris . HD: hôte définitif. HI: hôte intermédiaire. AMHD: apparence macroscopique chez l'hôte définitif. AMHI: apparence macroscopique chez l'hôte intermédiaire. Herbivores Généralités: Fascioloides magna Parasite très important. Trématodes. Présent dans toutes les provinces excepté la Nouvelle Écosse, l'île du Prince Édouard, le Yukon et les territoires du Nord-Ouest. Cycle: à deux hôtes: Les parasites adultes, très gros (9 cm de long, 3 cm de large), vivent dans les canaux biliaires, dans le foie des ongulés, où ils pondent leurs oeufs. Les oeufs sont libérés dans l'environnement par les fèces. Dans l'eau, les oeufs éclosent. Les larves mobiles (miracidies) en sortent. Elles pénètrent dans l'hôte intermédiaire (limace du genre Lymnaea). Elles s'y reproduisent (multiplient) de façon asexuée pour donner naissance à un autre type de larve mobile, les cercaires, qui sont relâchés par les escargots dans l'environnement. (métacercaires). Les métacercaires résistent à la chaleur, à la déshydratation et à la congélation. Le cycle se complète lorsqu'un ongulé ingère le métacercaire enkysté dans la végétation. La douve géante a été introduite en Europe lorsqu'un wapiti a été importé en 1865 en Italie d'Amérique du Nord. Hôtes: Cerf de Virginie, caribou, wapiti. Les cerfs de Virginie et caribous infectés sont rarement malades. Quand ils le sont, l'infestation se manifeste par de l'anémie. Par contre, les lésions sont graves chez les orignaux, wapitis et cerfs à queue noire, et peuvent causer leur mort soit directement ou indirectement (en les rendant susceptibles aux prédateurs, ou même aux collisions avec des véhicules). Les orignaux et les bisons succombent rapidement (fibrose hépatique) (c'est peut-être à cause de cette douve qu'il y a beaucoup de wapitis dans la région de Banff et peu d'orignaux). L'infection est souvent mortelle pour le cerf d'Europe et donc on ne retrouve pas de cerf d'Europe dans les régions où la douve géante sévit. 120 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Noter que l'infection est mortelle chez le mouton domestique, parce que le parasite migre constamment dans le foie. La vache infectée ne meurt pas mais le foie est condamné à l'abattoir à cause de la fibrose. Translocations: le parasite a été transporté (translocation) au moins deux fois par le wapiti. De l'Alberta à l'Ontario, et des États-Unis à l'Italie, en 1865. Gale sarcoptique, Cuterebra, Psoroptes, Oestres Il s’agit de parasites rencontrés chez plusieurs espèces. Psoroptes : les infections de l'oreille sont fréquentes chez le mouflon dans l'Ouest des ÉtatsUnis. Oestres Huit espèces d'oestres (dont Oestrus ovis) affectent la faune nord-américaine. Les mouches adultes sont grosses. À l'exception d'une espèce, Oestrus ovis, les mouches sont couvertes avec des poils denses de couleur noire, rouge, et semblent ainsi mimer les guêpes. Les larves se développent dans les cavités nasopharyngiennes des cerfs de Virginie, caribous, mouflon, et wapiti ou dans des nodules sous-cutanés chez le caribou et le bison. Voici brièvement quelques unes de ces espèces dont Cephenemyia jellisoni et Oestrus ovis. Cephenemyia jellisoni En vol, la mouche éjecte les larves (écloses dans l'utérus) dans les narines du cerf de Virginiehôte. Le cerf de Virginie devient excitable et essaie de déloger les œufs en soufflant violemment. Les larves ont été observées dans les conduits nasaux, la gorge, trachée, bronches, œsophage, estomac et poumons. Le site normal d'attachement est dans les poches gutturales (rétropharyngiennes). C'est là qu'elles croissent sont relâchées et éjectées par les narines à l'extérieur pour la pupe. Les signes cliniques incluent le port bas de la tête et une décharge nasale. Les poches gutturales peuvent être enflammées et dilatées. L'épithélium peut être ulcéré et la muqueuse œdémateuse. Oestrus ovis. Cet oestre infeste les moutons et les chèvres partout dans le monde. Il infeste aussi le cerf de Virginie et le mouflon. La mouche éjecte en vol les larves qui migrent dans les sinus frontaux. Après maturation, les larves migrent hors des narines et tombent sur le sol où elles pupent. On ignore s'il y a des signes cliniques chez les animaux sauvages. Chez le mouton, par contre, ils sont très bien caractérisés. Les moutons sont terrifiés par le bruit des mouches. Une fois infecté le mouton se frotte le nez sur le sol et montre bientôt de l'écoulement nasal. Les crochets de la larve causent des hémorragies de la muqueuse du sinus. La migration des larves à travers l'os ethmoïde cause une méningo-encéphalite et peut causer la mort. La mort des larves dans le sinus entraîne une inflammation sévère et peut aussi entraîner la mort. Oedemagena tarandi: (Oestrus tarandi, Hypoderma tarandi): larve de mouche. La mouche adulte dépose ses larves sur le poil que le caribou ingère. Très fréquent au Québec. Même cycle que les hypodermes des bovins. Cephenemya trompe : (Oestrus trompe): larve de mouche retrouvée dans les sinus. Cycle semblable à celui de Oestrus ovis. Les mouches déposent les œufs dans les narines durant l'été. Orignal Très parasité. Surtout à cause du loup qui est l'hôte définitif de la plupart des parasites de l'orignal. La plupart des orignaux des réserves de La Vérendrye et des Laurentides sont parasités (C. tenuicollis, C. tarandi, kyste hydatique) à cause des loups nombreux dans ces réserves Les orignaux de la réserve de Matane sont rarement parasités parce que le loup n'est pas présent dans cette région. 121 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Parelaphostrongylus tenuis Parelaphostrongylus andersoni Elaphostrongylus rangiferi Groupe important de nématodes ! ! ! ! pathogènes chez les cervidés sauvages Famille: Protostrongylidae. La larve a une épine sur le dos, à son extrémité caudale. Sous-famille Elaphostrongylinae. Tous les trois se servent du poumon du cervidé hôte pour l'expulsion des larves à l'extérieur. Le diagnostic des trois nématodes se fait par le test Baermann. Parelaphostrongylus tenuis: Important. Agent. Nématode. Femelle 50-90 mm; mâle: 38-53 mm. Ce nématode, le ver des méninges du cerf de Virginie, est présent chez le cerf de Virginie seulement dans l'Est du continent nordaméricain (à l'Est de la frontière entre le Manitoba et la Saskatchewan). On pense que c'est à cause de l'aridité des plaines et de l'absence subséquente de limaces et escargots que cette barrière géographique existe. (Elle empêcherait la survie des larves L1). L'intégrité de cette barrière est mise en danger avec l'élevage des cervidés qui prend de l'essor partout. (translocation du parasite). Espèces susceptibles: wapiti, cerf de Virginie. Signes cliniques: Le cerf de Virginie ne montre pas de signe clinique. Les autres ongulés sauvages comme l'orignal, par contre, peuvent mourir des suites de l'infection. Ce pourrait être à cause de ce ver qu'on ne retrouve pas les orignaux et les cerfs de Virginie sur les mêmes territoires. (En général, le nombre de cerfs de Virginie présent dans une région donnée est inversement proportionnel au nombre d'orignaux). Chez les cervidés (à l'exception du cerf de Virginie), on observe la claudication, l'absence de peur, la dérpession, la perte de poids, la paralysie partielle, l'ataxie, les trébuvhement, le tournis et la cécité. (Tous ces signes peuvent être confondus avec ceux de la rage). Le parasite est aussi pathogène chez la chèvre, le lama et les moutons. Ceux-ci représentent donc des culs de sac pour le ver (car celui-ci ne peut pas se transmettre). Donc, le cerf de Virginie doit être présent dans une région donnée pour que l'infection s'y maintienne. Cycle: La femelle adulte est logée dans le système nerveux ou dans les muscles. Là elle produit des œufs qui sont acheminés aux poumons par les veines. Les œufs éclosent dans les poumons, les larves L1 migrent vers le pharynx, sont avalées et passent dans les fèces. Les larves ont un épine dorsale qui leur permet de percer le pied des gastéropodes et de pénètrer activement dans le tissu de leur pied (limaces et escargots) où elles se développent en L3. Les cerfs s'infectent en ingérant (accidentellement) ces hôtes intermédiaires. Distribution: Dans l'est du Québec, 46.5 % des têtes de cerf de Virginie étaient positifs avec une moyenne de 1 à 6 vers dans les méninges. Diagnostic: Il n'y a pas de test sérologique. Le test de Baerman à partir des fèces n'est pas fiable. C'est seulement à la nécropsie que l'on peut diagnostiquer la présence du nématode. (JWD 34: 334-341 (1998)). Parelaphostrongylus andersoni: Agent: Nématode ayant beaucoup de parenté avec P. tenuis, Famille: Protostrongylidae. Sousfamille Elaphostrongylinae La larve a une épine sur le dos à son extrémité caudale. Cycle: L'adulte vit, comme celui de P. tenuis, dans les artères de fort calibre. Les larves sont ingérées par des insectes piqueurs de la famille des Tabanidae puis se développent dans la mouche et sont transmises à un autre ongulé lorsque la mouche se nourrit. Lésions: Produit un grand nombre d'œufs qui éclosent dans les poumons, induisant une pneumonie grave. Les effets sont les plus graves chez les jeunes animaux. 122 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Nématode trouvé dans la musculature entourant les vertèbres lombaires et le haut des pattes postérieures chez le cerf de Virginie et le caribou. Le nématode est présent autour ou dans les vaisseaux sanguins. Le parasite ne cause pas de problème au cerf mulet. Il peut causer des lésions aux muscles de la mastication chez le cerf de Virginie, entraînant ainsi une impaction orale. Chez l'orignal et le wapiti, il peut causer des lésions sévères aux vaisseaux de la tête et du cou, causant de la cécité, des dommages cérébraux, de la gangrène tissulaire à la tête et des déformations du panache. Distribution: chez le cerf, presque uniquement dans le sud est des Etats-Unis. (où P. tenuis est absent). Beaucoup plus répandu chez le caribou et le cerf mulet (de Terre-Neuve à l'Alaska). Elaphostrongylus rangiferi Agent: Nématode ayant beaucoup de parenté avec P. tenuis. Ver fin comme un cheveu, de 4-5 cm de long. Famille: Protostrongylidae. La larve a une épine sur le dos, à son extrémité caudale. Sous-famille: Elaphostrongylinae. Très important car c'était un nématode exotique (seulement en Europe). Historique: E. rangiferi a été introduit au Canada en 1908 par Sir Wilfred Grenfell qui avait acheté des rennes infectés en Norvège pour développer l'élevage à Terre-Neuve. La plupart des troupeaux de caribous (qui sont des rennes) de Terre-Neuve sont maintenant infectés et Terre-Neuve est la seule région en Amérique du Nord où la maladie est endémique (on attend de voir comment la situation va évoluer dans le Maine). Plus tard, des caribous furent importés dans le Maine à partir de Terre-Neuve. Le Maine était déjà infesté par P. tenuis, le ver des méninges du chevreuil. Or les caribous sont très susceptibles à P. tenuis. On espère que les caribous sont morts du ver des méninges avant qu'ils n'aient pu établir le "ver du muscle" en Amérique du Nord. Il a été introduit en Ontario par des cerfs rouges importés de Nouvelle Zélande. Signes cliniques: Signes nerveux, comme P. tenuis. Caribous sont trouvés morts ou sont faibles, tremblements, marchent tête basse, et trébuchent. Ne montrent pas de peur à l'égard des humains. Émaciation. Les jeunes sont les plus affectés. Cycle: Gastéropode comme hôte intermédiaire. Maladie à la fin de l'automne ou à l'hiver, suite à un été chaud et humide qui favorise la prolifération des gastéropodes et la reproduction des larves infectieuses chez les gastéropodes. Traitement: en Norvège, les caribous sont maintenant rarement infectés grâce à l'emploi de l'Ivermectin. Ce médicament ne tue pas tous les adultes mais réduit la production de larves. Fascioloides magna. Taenia krabbei (Cysticercus tarandi). AMHD: ver plat de 20 cm à 2 m de longueur dans l`intestin dl'HD, un carnivore. HD: loup coyote lynx, ours, chien et autres carnivores. AMHI: vésicule blanchâtre 4-6 mm dans cœur et muscles de l'orignal. Taenia hydatigena (Cysticercus tenuicollis) : AMHD:Comme T. krabbei. HD: loup, coyote, renard, lynx, chien. AMHI: vésicule jusqu'à 25 mm dans le foie ou la cavité abdominale contenant un parasite allongé (15-20 mm de longueur). La vésicule a une partie plus étroite imitant un cou d'où le nom "tenuicollis" . Echinococcus granulosus (kyste hydatique): IMPORTANT. AMHD: ver plat de 6-8 mm de longueur. AMHI: vésicule blanche, peut être de la grosseur d'une orange, dans les poumons, foie, rein, cavité abdominale. HD loup, coyote, 123 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau chien. L'homme peut se contaminer avec l'adulte et/ou les œufs, donc seulement en manipulant les carcasses de carnivores infestés (et non d'herbivores). Wehrdikmansia cervipedis: Nématode dont les microfilaires sont présents dans les tissus sous-cutanés de l'orignal et causent une dermatite. Les microfilaires sont transmis entre orignaux par les insectes suceurs ou piqueurs. Dictyocaulus viviparus: Nématode, 10 cm de longueur, dans les bronches. Environ 3 % des orignaux infectés dans les Réserves des Laurentides et de Matane. Peut causer une pneumonie sévère. Elaeophora schneideri. Au Canada, seulement en Colombie Britannique. Dermacentor albipictus Tique "d'hiver" (arthropode). Importante parce que cause de lourdes mortalités chez l'orignal suite à l'automutilation et l'alopécie. Distribution: Très fréquente partout au Canada. Elle parasite surtout les orignaux, qu'elle infeste en grand nombre. Plusieurs cas rapportés au Québec. Plus souvent rencontrée à la fin de l'hiver. On voit alors les tiques adultes attachées à la peau des oreilles, du cou, de l'encolure, entre les pattes et autour de l'anus. Cycle: Après avoir pris un dernier long repas de sang en mars et avril, les tiques adultes se reproduisent et tombent sur le sol. Elles déposent leurs œufs et meurent au début de juin. Les œufs éclosent en juillet mais les petites larves restent au repos sur les feuilles jusqu'au début de l'automne. En septembre et octobre, les tiques montent sur la végétation et forment des masses de plusieurs centaines de larves de 1 à 2 mètres au-dessus du sol, juste à la hauteur des ongulés hôtes. Ces amas sont stimulés par les animaux qui passent à proximité et s'attachent à leur pelage. Une fois que les larves sont sur l'hôte, en septembre et octobre, elles se déplacent sur la peau et se dispersent rapidement. Pendant les dix jours qui suivent, elles se nourrissent et muent en nymphes. Au cours de l'hiver, les nymphes se nourrissent périodiquement et croissent lentement. En février, elles commencent à muer en adultes. Signes cliniques: Les hivers sans neige suivis de printemps précoce et les étés chauds favorisent la survie des larves sur le sol. Pendant l'automne qui suit, les orignaux sont densément infestés. Puis, en février, mars et avril, quand la tique devient adulte, l'irritation causée par l'attachement et les repas peuvent emmener la destruction du pelage hivernal (le poil est perdu). Typiquement, l'alopécie débute sur les épaules, puis s'étend crânialement vers le cou et caudalement le long du corps. Fréquemment, le poil est complètement détruit, jusqu'à sa tige (le centre), qui est blanche. L'orignal est alors blanc. L'animal très infesté se gratte et se frotte jusqu'à se causer de graves blessures, habituellement aux flancs. L'infestation peut donc causer des mortalités, surtout à la fin de l'hiver. Caribou Taenia krabbei: voir orignal Taenia hydatigena: voir orignal Echinococcus granulosus: voir orignal Dictyocaulus viviparus: Parelaphostrongylus tenuis Fascioloides magna: 48.9 % des foies positifs dans une étude par le Dr. JL Fréchette. Grosse vésicule au foie contenant de grosses douves (4-6 cm de longueur). Cerf de Virginie Taenia hydatigena 124 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Dictyocaulus viviparus Parelaphostrongylus tenuis Echinococcus granulosus Dicrocoelium dendriticum (douve lancéolée du foie): 5-15 mm par 1.5-2.5 mm) dans les canaux biliaires. Cephenemya phobifer: Oestre. Larve de mouche retrouvée dans les sinus (à partir de janvier-février). Larves déposées durant l'été. Wapiti: Fascioloides magna: cause de lésons graves chez wapiti (et orignaux). Parc National de Banff: 93 % des wapitis adultes étaient infectés en 1989. Lièvre d'Amérique Taenia pisiformis Taenia multiceps Dirofilaria scapiceps Passalurus ambiguus Obeliscoides cuniculi Haemaphysalis leporispalustris Omnivores Moufette, raton-laveur Baylisascaris procyonis. Ascaris du raton laveur, dans duodénum {2468}. Très important car zoonose. Morphologie: mâle: 12 cm longueur, femelle: 23 cm. Distribution: dans la région de Saint-Hyacinthe, 57 % des ratons-laveurs étaient infectés. (Travail de Dr. Anna MacKay, Agriculture Canada, 1995). Dans les états américains du MidWest et du nord-est, 68 à 82 % des ratons-laveurs sont infectés. Cycle: L'adulte vit dans le petit intestin du raton-laveur. Pas d'hôte intermédiaire. Quand les oeufs sont expulsés à l'extérieur, la larve se développe dans l'oeuf et devient infectieuse en 3-4 semaines. L'oeuf est très résistant dans l'environnement. Il reste infectieux pendant des années. Plusieurs petits vertébrés (mammifères et oiseaux) s'infectent et deviennent porteurs en ingérant ces œufs. Les larves migrent souvent dans le SNC de ces animaux (dont l'homme, surtout les enfants) et les rendent malades (larva migrans). Le raton-laveur s'infecte en ingérant l'oeuf ou la larve, à partir de fèces d'un autre raton-laveur infecté ou par l'ingestion d'un hôte paraténique infecté (oiseaux, souris, chien, lapin, écureuil, poule et plusieurs autres). La larve ingérée par un raton raton ne migre pas chez ce ratonlaveur. Elle pénètre la paroi intestinale, s'y développe puis retourne dans la lumière intestinale pour compléter son développement. Il semble que seule la présence d'un très grand nombre de vers adultes dans la lumière intestinale peut (rarement) tuer les jeunes raton-laveurs. Période prépatente: 50 à 76 jours. Transmission: les ratons-laveurs ont l'habitude de déféquer dans des endroits spécifiques (latrines) fréquentés (et utilisés) par plusieurs ratons. Ces endroits, (base d'arbres, souches, base de roches) deviennent très contaminés par les œufs. Les souris, tamias, écureuils, opossums (mammifères granivores) visitent les latrines pour se nourrir des graines contenues dans les fèces de ratons et se contaminent (JWD 35:4474-480, 1999). Pathogénicité: la larve ingérée par l'humain traverse la paroi intestinale, emprunte la veine porte pour aller au foie. Puis, elle atteint les poumons et les veines pulmonaires. De là elle migre dans les tous les tissus. Il semble que la larve croît constamment lors de la migration, 125 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée par un granulome éosinophilique. Symptômes et lésions : hyperthermie, leucocytose éosinophilique, hépatomégalie, pneumonie. Si les larves atteignent le SNC: signes d'encéphalite. Si elles atteignent l'oeil: perte de vision, photophobie. Inflammation rétinienne, de l'humeur vitrée et de la choroïde. Prévention: interdire (...physiquement) l'accès des raton-laveurs aux carrés de sable, jardins, aux poubelles, etc. Crenosoma sp: bronchioles des ratons-laveurs Capilaria plica: vessie du raton-laveur. Ours noir Trichinella spiralis: IMPORTANT. Nématode infectant capable d'infecter à peu près tous les animaux à sang chaud. Les animaux et l'homme s'infectent en ingérant des muscles infectés. Les animaux strictement carnivores sont donc plus souvent infectés que les animaux omnivores. L'impact sur les animaux sauvages est probablement faible. Les larves sont présentes dans les muscles de carnivores et même dans les muscles de mammifères marins dont des cétacés. Très dangereux pour l'homme. La congélation n'est pas efficace pour détruire les larves. Forte prévalence chez l'ours (omnivore) et aussi chez le loup (s'infecte en mangeant le lynx, le renard roux, l'ours et même d'autres loups). Dirofilaria ursi: Nématode dont les adultes produisent des microfilaires transmis d'ours en ours par des insectes. Femelle: 11 à 22 cm. Mâle: 5-9 cm. Retrouvé dans le tissu conjonctif péri-rénal ou le tissu sous-cutané du cou. 57 % des carcasses positives au Québec. Diphyllobothrium ursi: 36 % des ours porteurs au Québec. L'homme et l'ours s'infestent à partir des plérocercoides contenus dans le poisson. L'homme ne peut donc pas s'infecter en mangeant de l'ours. Carnivores Loups, coyotes,renards Dirofilaria immitis (ver du cœur) Ankylostomiase Crenosoma vulpis: Nématode dans les bronchioles, bronches, trachée surtout chez le renard et chez le loup, coyote, et le chien. Occasionnellement chez d'autres carnivores: ours brun, ours noir, martre, carcajou, blaireau. Les renards plus âgés ont moins de vers, probablement parce qu'ils développent une immunité. Cycle: hôte intermédiaire ingéré (escargots terrestres, limaces). Dans l'intestin, les larves migrent de l'intestin vers le foie puis elles sont transportées par le sang jusqu'aux poumons. Elles s'installent dans les bronches où elles atteignent leur maturité. 19 à 21 jours plus tard, les femelles adultes pondent leurs œufs qui donnent naissance à des larves expectorées par la toux, puis avalées et évacuées par les selles. Les escargots terrestres et les limaces s'infectent en se nourrissant des matières fécales des animaux infectés. Les vers adultes peuvent vivre environ 10 mois dans les poumons de l'hôte. 126 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Capillaria aerophila: Hôte: renard (jeune). Site: poumons Cycle: femelles adultes pondent œufs dans les voies respiratoires de leur hôte. Œufs libérés par expectoration, lors de la toux. Sont avalés et sortent dans les fèces. Deviennent infectieux après 5-7 semaines de séjour à l'extérieur. Le futur hôte ingère les larves, la larve éclôt dans les intestins puis migre aux poumons où elle devient adulte environ 40 jours plus tard. Les renards de moins de 18 mois ont des infections sévères. Lésions: bronchite catarrhale (production de grande quantité de mucus). Les œufs s'accumulent probablement quand les renards emploient les mêmes terriers année après année. Pour la même raison, l'infection se développe chez les renards d'élevage quand on laisse les selles (et donc les œufs du parasite) s'accumuler dans les cages. Mites Sarcoptes scabiei: Maladie fréquente au Canada chez les renards et plus fréquente dans le Sud-Est américain (Georgie). Le renard roux est très susceptible à l'infection et en l'absence de traitement l'animal infecté meurt en 2-3 mois. Les animaux infectés montrent de la dégénérescence testiculaire, probablement à cause de l'hyperkératose qui cause l'hyperthermie. Conditions variées Malnutrition. C'est probablement le facteur qui joue le rôle le plus important dans le contrôle de la densité de population des ongulés sauvages dans les prairies et les Rocheuses. L'hiver, c'est une cause fréquente de mortalité chez ces animaux, et chez les ongulés sauvages en général. o Pathogénie: Normalement, les cervidés perdent du poids pendant l'hiver. A des températures de -20 C, ils sont dans un état d'énergie négative, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas consommer assez de nourriture pour compenser la perte d'énergie requise pour maintenir leur température corporelle. La capacité des cerfs à survivre à l'hiver est influencée par plusieurs facteurs, dont le climat durant l'automne précédent (alors que les réserves sont accumulées), ainsi que la sévérité et la durée de l'hiver, le sexe et l'âge des animaux. Elle affecte surtout les faons et les animaux les plus âgés. Susceptibilité: Les faons sont les plus vulnérables parce que leurs réserves de gras sont petites quand l'hiver débute. Les mâles adultes sont les plus vulnérables après les faons à cause du rut qui interfère avec l'alimentation et qui nécessite beaucoup d'énergie. Les femelles adultes sont les plus résistantes. Les hivers rigoureux cependant peuvent entraîner la résorption fœtale ce qui a pour effet de diminuer les demandes en énergie. La plupart des morts dues à la famine surviennent à la fin de l'hiver et tôt au printemps, quand la neige a plus ou moins disparu mais alors que la végétation n'a pas encore poussé. Le recours aux suppléments alimentaires donnés par l'homme aux herbivores sauvages en hiver est problématique. D'une part, le fourrage peut entraîner l'impaction du rumen, et ne pas remplir les besoins énergétiques de l'animal, d'autre part le grain riche en énergie peut provoquer des problèmes d'acidose parce que les animaux sont habitués au fourrage naturel. Par contre, les suppléments alimentaires soigneusement équilibrés peuvent diminuer la mortalité. Certains cerfs atteignent cependant un point de non-retour dans la malnutrition même s'ils ont accès à l'alimentation supplémentaire. Ces animaux ont de hauts niveaux de cortisol qui entraînent le catabolisme des protéines et finalement l'insuffisance de plusieurs organes (même mécanismes que le 127 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau syndrome de Cushing). Les humains avec de l'anorexie nerveuse sont aussi hypercortisolémiques, bien qu'il ne soit pas clair si l'obsession pour la diète vient avant la production excessive de cortisol ou si c'est l'inverse. La perte de poids précipite l'hyperactivité de neurones hypothalamiques qui synthétisent l'hormone relâchant la corticotrophine (ACTH). Les patients anorexiques et les cerfs affamés peuvent devenir prisonniers d'un cercle vicieux dans lequel la perte de poids cause l'augmentation du cortisol qui entraîne à son tour la perte de poids. Lésions: Atrophie musculaire, perte de gras (sous-cutané, autour du cœur, dans la moelle osseuse,) dégénérescence mucoïde des gras, rumen vide ou presque, ingesta sec et dur dans l'intestin, absence d'autres lésions. Attrition dentaire Il s'agit d'un phénomène normal dû au vieillissement. Chez les herbivores, il cause la mort en gênant la mastication de la nourriture. Chez les ruminants, l'orifice réticulo-omasal agit comme un filtre à travers lequel les particules au-dessous d'une certaine taille peuvent passer. La nourriture est mâchée, fermentée et remâchée jusqu'à ce que la taille des particules alimentaires soit suffisamment petite. Un ruminant qui ne peut mastiquer suffisamment la nourriture atteint un point où il ne peut transformer la nourriture assez rapidement pour remplir ses besoins énergétiques. Un taux accéléré d'attrition dentaire avec un désalignement dentaire secondaire a été rapporté chez certaines population d'herbivores. Dans certains cas, cette attrition a été due à la déposition de sable sur les fourrages. Dans d'autres cas, la surutilisation de pâturages par des populations animales trop denses a causé l'ingestion de particules du sol. Surcharge gastrique (acidose) Cette maladie a été diagnostiquée chez le cerf de Virginie et moins fréquemment chez l'antilope d'Amérique. Cette maladie survient en hiver quand les animaux s'aventurent dans les fermes au cours d'hivers longs et rigoureux (froid intense neige profonde). Polioencéphalomalacie des ruminants Étiologie Chez les animaux domestiques (bovin, mouton), cette maladie, un rammollissement et nécrose de la substance grise du cerveau, est due à un dérangement dans le métabolisme de la vitamine B1 (thiamine). Cette vitamine est très importante pour générer l'énergie (ATP) nécessaire au fonctionnement du cerveau. En son absence, le cerveau enfle, la pression intracrânienne augmente, l'apport sanguin diminue et les neurones meurent. La thiamine est produite normalement dans le rumen mais la production peut être gênée par un changement subit de diète (beaucoup de grains), par l'ingestion d'eau contenant beaucoup de sulfates (étangs salins, fréquents dans les Prairies canadiennes) et par l'ingestion de plantes sauvages contenant de la thiaminase (fougères, queue de cheval (horse tail). La maladie survient chez les ongulés sauvages à l'automne et pendant l'hiver, probablement parce que les ongulés sauvages vont se nourrir de grains dans les champs à ces périodes de l'année. Espèces susceptibles Cette maladie a été diagnostiquée chez le cerf de Virginie, le cerf mulet et l'antilope d'Amérique. Le rumen des animaux affectés contient habituellement de petites quantités de grain. Lésions. Les lésions sont identiques à celles qui sont rencontrées chez les bovins domestiques (nécrose laminaire du cortex cérébral, œdème cérébral). D'autres animaux ont des foyers hémorragiques dans le thalamus et dans le bulbe rachidien. 128 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau Complexe abcès intracrânial-méningoencéphalite suppurée chez le chevreuil 4% des cerfs de Virginie soumis pour nécropsie souffraient de cette condition dans une étude américaine. Arcanobacterium pyogenes ("anciennement"Actinomyces pyogenes) était la bactérie le plus souvent isolée et les cas survenaient d'octobre à avril et s'observaient surtout chez des mâles. On croit que les mâles se causent ces lésions pendant le rut en se frottant les bois contre les arbres, en affrontant d'autres mâles et finalement peut-être à cause du stress nutritionnel propre à cette période 19. Ostéoarthropathie dégénérative Fréquence et distribution: Cette condition est fréquente chez plusieurs mammifères sauvages. Elle semble être causée par le vieillissement. Chez les animaux servant de proie, elle contribue sûrement à éliminer les animaux vieillissant. Chez le cerf de Virginie en Saskatchewan, l'ostéoarthropathie affectait le grasset (articulation fémoro-rotulienne) chez 60 % des mâles de plus de 4 ans et chez 17 % des femelles de cette catégorie d'âge. Des ostéophytes vertébraux (quelque fois accompagnés de spondylose ankylosante) affectaient 50 % des mâles de plus de six ans mais pas les femelles. Chez les orignaux de l'Isle Royale, lac Supérieur, Michigan, la maladie affecte les mâles plus que les femelles. Au-dessus de sept ans les animaux sont affectés avec une prévalence significative et c'est précisément l'âge à partir duquel les animaux sont le plus fréquemment victimes des loups. L'articulation coxo-fémorale est la plus fréquemment atteinte suivie des vertèbres postérieures. Étiologie: On croit présentement que la malnutrition chez le jeune produirait des anomalies subtiles du cartilage qui évolueraient plus tard en ostéoarthropathie dégénérative. Myopathie de capture Aussi appelée rhabdomyolyse d'exercice. Elle affecte une grande variété de mammifères sauvages et d'oiseaux mais a été observée le plus souvent chez les ongulés. Elle survient chez les animaux qui ont subi un exercice violent, lors de la chasse ou de la capture, de la contention. Pathogénie: provient de la contraction musculaire intense avec l'utilisation rapide du glycogène musculaire. L'acide lactique s'accumule dans le muscle. L'acide lactique endommage le muscle et cause une acidose métabolique sévère. Les lésions cardiaques peuvent être causées par la stimulation excessive du système nerveux sympathique due au stress intense et aussi à l'hyperkaliémie due à la libération du potassium intracellulaire contenu dans les fibres musculaires endommagées. L'hyperkaliémie est exacerbée par l'acidose lactique. La surstimulation du système nerveux sympathique peut être suivie d'épuisement et de choc. Un zèbre recevant une nutrition adéquate peut courir dans son habitat naturel pendant 20 à 30 minutes sans épuisement. Le même animal emprisonné pendant longtemps dans un enclos ne peut courir que 2 à 3 minutes avant de subir un stress sévère causant une myopathie sévère. Signes cliniques: reflètent le dommage aux muscles squelettiques et au cœur. Ils peuvent survenir des heures, des jours, des semaines après la contention. Certains animaux peuvent même mourir subitement des séquelles de dommage cardiaque jusqu'à un mois après la capture sans montrer de signes cliniques avant la mort. Lésions : Les lésions macroscopiques sont plus fréquentes dans les gros muscles des membres postérieurs (glutéaux, biceps femoris, semitendinosus, semimembranosus). Dépendant de la durée de la condition, les muscles affectés peuvent être œdémateux ou pâles et secs. Dans les cas sévères, le muscle affecté peut se rupturer. La rupture est accompagnée d'hémorragies sévères. La nécrose du myocarde peut être aussi présente. Prévention: Pour prévenir la condition, la contention des animaux doit durer un temps minimum et le stress doit être minimisé. Les animaux ne devraient pas être confinés dans des espaces restreints. Dans ces conditions, ils peuvent lutter continuellement et être incapables de mouvoir leurs membres et donc d'assurer une circulation sanguine adéquate. 129 Pathologie de la faune 2001 Daniel Martineau La capture d'ongulés sauvages pratiquée sur une grande échelle entraîne souvent des prévalences de myopathie de capture de 2-3 %. Certaines interventions ont atteint des prévalences de 23 %. Lors de capture de cerfs de Virginie avec des filets, la prévalence de la condition a diminué de 16 % à 6 % en aveuglant les animaux, en augmentant la dose de tranquillisant, (xylazine) et en éliminant les bruits au site de capture. Une déficience en vitamine E et en Selenium peut augmenter la susceptibilité d'un animal à la myopathie de capture. Il n’y y a pas de rapport démontrant la déficience en sélénium chez les herbivores sauvages vivant dans des régions pauvres en sélénium. Traumas Chevreuils Les traumas, incluant ceux dus à la prédation, aux collisions avec les véhicules automobiles, aux projectiles des chasseurs et aux blessures infligées par d'autres chevreuils sont la cause la plus fréquente de mort chez les chevreuils (JWD 35:753-762 (1999). Loups et coyotes Les loups et les coyotes sont les prédateurs principaux en Saskatchewan du Nord et du sud, respectivement. La plupart des lésions trouvées sur les carcasses sont dues à des combats entre les deux espèces. Dans une étude en Saskatchewan, les lésions les plus fréquentes chez les loups sont les fractures (20 à 38% de toutes les carcasses), et les côtes sont le plus souvent affectées. Les fractures des membres et du crâne sont moins fréquentes. Chez le coyote, les fractures sont rares. Les blessures les plus fréquentes sont dues aux armes à feu. A cet égard, la situation doit être semblable au Québec. Les épines de porc-épic peuvent occasionnellement contribuer à la mort de coyotes et de loups. Chez les deux espèces, les pièges causent la perte de quelques orteils. Ces blessures ne semblent pas porter à conséquence. Donc, les loups se battent avec les coyotes. L'arrivée de loups sur une île par exemple mène rapidement à la disparition des coyotes. Là où les deux espèces cohabitent, les loups sont responsables d'un pourcentage élevé des morts de coyotes. C'est d'ailleurs pour cette raison que plusieurs éleveurs de moutons des Appalaches sont favorables à l'introduction du loup dans cette région afin de faire diminuer la population de coyotes. Les coyotes, partis des Prairies, sont arrivés en Estrie dans les années 50 puis au Nouveau Brunswick (1966), en Nouvelle-Écosse (1977) et en traversant la surface gelée du Détroit de Northumberland, à l’île du Prince Édouard (1983). La disparition du loup, le seul prédateur naturel du coyote, a contribué à l'augmentation du nombre de coyotes. Dès 1900, le loup avait complètement disparu du Sud du SaintLaurent, victime des cultivateurs qui pratiquèrent l'empoisonnement sur une grande échelle. 130