Passim - (france) - t2g theatre de gennevilliers centre dramatique

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Passim - (france) - t2g theatre de gennevilliers centre dramatique
© Brigitte Enguerand
Théâtre du Radeau
Passim
[26 septembre – 18 octobre]
Représentations : mardi, jeudi 19h30, mercredi, vendredi, samedi 20h30, dimanche 15h, relâche lundi
Tarifs : de 7€ à 24€
Réservation : sur place ou par téléphone au 01 41 32 26 26 / du mardi au samedi de 13h à 19h
ou [email protected] et en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com
Service de presse :
Théâtre de Gennevilliers — Philippe Boulet — 01 41 32 26 10 — [email protected]
Festival dʼAutomne à Paris — Christine Delterme, Carole Willemot — 01 53 45 17 13
Théâtre du Radeau
Passim
[26 septembre – 18 octobre]
mise en scène et scénographie, François Tanguy
élaboration sonore, François Tanguy, Eric Goudard
lumière, François Tanguy, François Fauvel, Julienne Havlicek Rochereau
avec
Laurence Chable, Patrick Condé, Fosco Corliano, Muriel Hélary,
Vincent Joly, Carole Paimpol, Karine Pierre, Jean Rochereau
et la participation dʼAnne Baudoux
régie générale, François Fauvel
régie lumière, François Fauvel
régie son, Eric Goudard
construction, décor, François Fauvel, Vincent Joly, Julienne Havlicek Rochereau, François Tanguy,
Eric Goudard et lʼéquipe du Radeau
administration, intendance, Pascal Bence, Leila Djedid, Annick Lefranc, Franck Lejuste, Martine Minette,
Nathalie Quentin, Sonny Zouania et lʼaccompagnement de Claudie Douet
durée : 1h45
Coproduction Théâtre du Radeau (Le Mans) ; Théâtre National de Bretagne-Centre Européen Théâtral et Chorégraphique ; MC2,
Maison de la Culture de Grenoble ; Le Grand T, Théâtre de Loire-Atlantique (Nantes) ; LU-le lieu unique, Scène Nationale de Nantes ;
Centre Dramatique National de Besançon-Franche-Comté
Coréalisation T2G – Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national de création contemporaine ; Festival dʼAutomne à Paris
Le Théâtre du Radeau est subventionné par la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire, le Conseil Régional
des Pays de la Loire, le Conseil Général de la Sarthe et la Ville du Mans. Il reçoit le soutien de Le Mans Métropole.
En 2014, le Théâtre du Radeau bénéficie dʼun soutien dans le cadre des années thématiques du Conseil Régional des Pays de la Loire.
Avec le soutien de lʼAdami
Ce spectacle fait partie du projet dʼéducation artistique et culturelle Parcours dʼauteurs soutenu par la SACD.
Spectacle créé le 7 novembre 2013 au Théâtre National de Bretagne dans le cadre du Festival Mettre en Scène
L'Adami gère les droits des artistes-interprètes (comédiens, chanteurs, musiciens, chefs d'orchestre, danseurs...) et consacre une partie
des droits perçus à l'aide à la création, à la diffusion du spectacle vivant et à la formation professionnelle continue des artistes.
++
[samedi 18 octobre à 18h]
Rencontre philosophique 1/4 : « Voix extimes »
Emmanuel Alloa invite Gwenaëlle Aubry en regard du spectacle Passim
(entrée libre sur réservation)
Le Théâtre de Gennevilliers est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Gennevilliers et le
Conseil Général des Hauts-de-Seine.
Passim
Cʼest une méditation merveilleuse, une expérience quʼil nous est donné de
vivre dans lʼabandon et lʼeffroi que suscitent les songes peuplés de
revenants familiers, dʼéclats de paroles troublées, de musiques divines,
dʼimages impalpables et sensuelles.
La scène sera moyenâgeuse, antique également, mystique par instants, divine à
dʼautres, comique ou tragique. Elle glissera sous vos yeux portée par des musiques
sublimes, Schubert, Beethoven, Haendel, John Cage, Sibelius ou Verdi, tandis que
les acteurs, en queue de pie, robe longue, chapeau melon ou pauvres haillons,
paysans et sorcières, maîtres et serviteurs, reines dʼun jour, artisans, murmureront
des bribes de textes fondateurs, mêlant théâtre, littérature, faisant poème, formant
œuvre. Chaque spectacle de François Tanguy est un cérémonial majestueux et
énigmatique où dʼimmenses cadres de bois brut dansent un ballet magique,
ouvrant le regard à de fabuleux tableaux, livrant à lʼétonnement dʼéphémères
tranches de vie. Passim, du latin passim, « partout », « ça et là en différents
endroits » est une grotte tapissée dʼarrières pays qui nous sont familiers. On y
puise sensualité, plénitude et inquiétude. Là, les ombres dévorent les silhouettes,
ici, les comédiens prennent le soleil, les lumières fluctuent en douceur, au gré des
chuchotis et des pas esquissés au plateau. Le plateau lui même nʼest que
métamorphose. On sʼy retrouve chez soi, dans un curieux et double effet dʼhypnose
et de conscience accrue. François Tanguy, créateur de ce temps autre, à vivre
pleinement, comme une expérience partagée, est un artiste rare par les temps qui
courent. A lui le mot de la fin : Ce nʼest pas un spectacle. On ne peut même pas
décrire ce qui se passe. Il nʼy a rien à décrire.
En tournée
2014
5 au 15 novembre
25 au 29 novembre
Centre Dramatique National de Besançon - Franche-Comté
La Fonderie au Mans
2015
7 au 16 janvier
21 au 31 janvier
5 au 12 février
Théâtre Garonne, Toulouse
Théâtre National de Strasbourg
MC2, Maison de la Culture de Grenoble
Ruinant par avance toutes en une tentative ce qui serait dʼune sûre idée, à plonger dans la stupeur, seule idée dʼun
embarcadère de fait, ni de hasard ou fougue et fugue aux vagues puis tourbillons dont pirogue, chalands, longs, renforce à la
traverse et passe le courant, disons préférer la sente et la broussaille aux mâts dʼenvergure toutes voiles rétrécies aux
bruissements des vents, poreux dʼéventails, dit entre le vent et lʼentaille, la mince taille, à couper, découper des rêves dans la
même épaisseur quʼà y regarder de près, voit, rêve, réel, pelletées. Ramasser à coup à tâtons lʼentame, lʼassurance rassure
dʼair en vol ainsi le chardonneret piaulant par orage pointe de cercle jaillit à peine, la tourbe, et ressort - soit lʼécume puis
tempêtes, sillages, à la renverse.
François Tanguy,
à propos de la prochaine création Théâtre du Radeau 2013.
Il faut laisser surgir une mémoire involontaire, passive mais obsédante, qui devient lieu de jonction, pour le
spectateur, un lieu où il aurait déjà été, un rappel, un instant qui se répète, se repropose à la mémoire. Quelle est
cette mémoire qui fait des fragments passés un lieu du présent ? Comment se reconstruit-elle sur scène sous la
pression inconsciente dʼune attitude mentale qui suppose quelque chose de non formulé qui, justement-là, dans ce
théâtre, prend forme ? Comment lʼintellect qui rêve donne-t-il forme à ces pensées qui deviennent figures et
dessins obsédants, pris dans des devenirs dessinés ? Cʼest dans cette consistance quʼil faut repérer la mise en
forme et sa mise en scène : le texte de théâtre devient une digression sans fin et continue du penser la chose
théâtrale. Attribuer alors aux matières une plasticité qui leur est accordée après-coup, quand lʼimaginaire
potentiellement réalisable a pris corps, quʼil sʼest dit, quʼil sʼest répété. […] Laisser ainsi apparaître quelque chose
de têtu : lʼacteur ouvrier de sa scène — geste constant, inlassablement répété, souligné par les bruitages des
panneaux déplacés, transformés en de purs encadreurs-décadreurs dont lʼintérieur vide ne surgit que pour
organiser les limites optiques des divers moments de scène. Bruitage ouvrier dʼun labeur insistant et redit, appuyé,
jusquʼà lʼépuisement de sa matière en elle-même, par elle-même. Ferraillements du quotidien de lʼacteur,
ferraillements cinglants de la scène agie qui encrasse la ligne musicale et la ligne de lʼoralité en des endroits
dispersés mais réguliers. Ce serait un théâtre des recoins dans lesquels furtivement il se passe quelque chose qui
est simplement la préparation au mettre en scène de la mise en scène […]
Jean-Paul Manganaro
Texte élaboré à partir de « Ça qui nʼest pas là »
© Brigitte Enguerand
Paroles
Élaboration sonore
Fragments choisis dans les œuvres suivantes
Ludwig Von Beethoven
Penthésilée Heinrich Von Kleist
Traduction Julien Gracq / Édition José Corti
Anton Bruckner
John Cage
Le massacre à Paris Christopher Marlowe
Traduction Jean Vauthier / NRF Gallimard
Orlando Furioso Arioste
Version originale / Seuil
Bernard Cavanna
Friedrich Cerha
Marc-André Dalbavie
Le roi Lear William Shakespeare
Traduction Jean Michel Déprat / Folio
La tentation de Saint Antoine Gustave Flaubert
La Pléiade
Hanns Eisler
Christoph Willlibald Gluck
Olivier Greif
Sonnets William Shakespeare
Traduction Pierre Jean Jouve / Poésie Gallimard
Rimes et Plaintes Le Tasse
Traduction Michel Orsel / Fayard
Georg Friedrich Haendel
Jonathan Harvey
Mauricio Kagel
Jerusalem libérée (Armide vaincue) Le Tasse
Traduction Jacques Audiberti / Imprimerie Nationale
Le Misanthrope Molière
Éditions de Crémille
György Kurtág
Helmut Lachenmann
Francisco Lopez
Dialogue avec Leuco Cesare Pavese
Traduction Mario Fusco / Quarto Gallimard
La vie est un songe Pedro Calderón de la Barca
Version originale / G. Flammarion
Viatcheslav Ovtchinnikov
Krzysztof Penderecki
Werner Pirchner
Les métamorphoses Ovide
Traduction Olivier Sers / Les Belles Lettres
Le conte dʼhiver William Shakespeare
Traduction Yves Bonnefoy / Folio
Alberto Posadas
Jean-Philippe Rameau
Franz Schubert
Hamlet William Shakespeare
Traduction André Markowicz / Babel Actes Sud
Les Trois sœurs / La Mouette / Ivanov
Anton Pavlovitch Tchekhov
Traduction André Markowicz / Babel Actes Sud
Eugène Onéguine Alexandre Pouchkine
Traduction André Markowicz / Babel Actes Sud
Jean Sibelius
Iannis Xenakis
Hans Zender
Entretien avec François Tanguy
Passim nous plonge dans un océan de textes
appartenant à des styles, des époques, des genres
hétérogènes : comment cette tapisserie a-t-elle été
composée ?
François Tanguy : Personnellement, je nʼappellerais pas
cela des textes. Plutôt des fuseaux... des fuseaux qui
traversent des corps. Enfin, je dis “fuseaux” parce que le
mot mʼest venu. Ce nʼest peut-être pas la qualification
exacte. Ce sont aussi des sites : sites des corps qui les
traversent et qui en sont traversés... ce corps qui profère
ou qui est agi par les mots. Tout est affaire de contraste... il
sʼagit de produire un parcours... tenter de creuser
lʼintervalle entre lʼobjet du dire et ce qui tente de se
déplacer entre... ce qui veut se frayer un chemin, qui
sʼaffirme dans lʼacte de proférer... faire en sorte quʼil ne soit
pas lʼobjet dʼune signification... Mais bon, tout ça, cela
reste du verbiage. Pour moi, seul lʼacte compte, pas le
commentaire qui nous fait tomber dans des pièges
dialectiques : est-ce que cʼest désincarné ou pas... est-ce
que cʼest abstrait ou concret... Dès quʼon commence à
commenter, on crée des ellipses partout...
Vous essayez de déprendre la théâtralité dʼune
signification, dʼun sens surplombant – qui serait celui
de lʼauteur, du contexte, des personnages ou de la
dramaturgie ?
Lʼacte même, la théâtralité bute précisément là-dessus : il
faudrait faire sens de quelque chose qui ne pourrait avoir
lieu si on ne le mettait pas en scène... Bien sûr, on peut
rapporter tout cela à des correspondances, des
analogies... mais cʼest du domaine de la perception... ce
sont des flux qui se relient... Il reste à creuser lʼintervalle,
de telle sorte que cet événement qui procède de ce quʼon
appelle la “scène” nʼoccupe pas la place, nʼenvahisse,
nʼemplisse pas... mais désoccupe, désengage, pour
dégager la possibilité à ce que le renversement soit luimême dʼune certaine manière le protagoniste...
Du coup, au-delà de la question du sens des textes où
des associations quʼils convoquent, comment
travaillez-vous – de manière presque “artisanale” ?
Lʼimportant, cʼest quʼil nʼy a pas de préalable. Nous ne
nous disons pas : “on va commencer par là, puis passer
par là... on va prendre tel fragment, et le coller avec tel
autre”... On va à la rencontre... on fait se rencontrer, par
incidence, par nappes... des événements... Cela ne
procède pas nécessairement de la matière de tel
fragment... dʼautant plus quʼil est détaché de son contexte
relatif... Il sʼagit dʼy infliger une directionnalité qui à chaque
fois essaie de sʼen déprendre.
Je ne veux pas dire que ça arrive par hasard... et que tout
ça flotte... comme des blocs qui naviguent à la dérive... Ce
nʼest pas un espèce dʼaléatoire ouvert à tout. Il y a une
conduction qui se fait, entraînée par le processus. Après,
encore une fois cʼest la perception qui les superpose, les
met en rapport... encore que... mettre en rapport oui – mais
par rapport à quoi ? Parfois, on va saisir un mot au vol et il
va construire une agrégation... essayer de retenir,
dʼaffermir... un éclat, à tel instant... Mais on ne peut pas
dire que parce quʼon a entendu ça – là, quand on y est – il
va falloir le mettre en écho avec un autre rebondissement...
Dès quʼune chose rentre, se fait entendre – dans lʼinstant,
on ne sʼen aperçoit pas forcément... mais il y a la durée. Et
cʼest parfois dʼailleurs un piège. Quelque chose comme
une signification, un signifiant, peut venir sʼinsérer et
organiser la durée... donner lieu à des scènes qui se
succèdent... Cʼest très difficile de casser cette logique des
scènes... Il faut réussir à rester dans lʼintervalle.
Au fond, cʼest le tout organique des corps, du décor,
des mots, de la musique qui permet de tenir à distance
cette découpe du sens, des scènes ?
Oui, tout au moins de lʼébranler. Il faut rester en alerte... Là
encore, cela ne peut être décrit comme une visée
préalable : « il faudrait faire ceci ou cela afin de casser le
mécanisme ». Ça arrive par « voie de fait » on va dire.
“Ce qui reste”, ce sont les textes qui sʼimposent, à
force de durée, de répétition ?
Il faut quʼil y ait de la résistance, afin que cette ouverture,
cet écart se maintienne – ce qui nʼest pas le cas de toute
matière... même si elle peut être très attractive en tant que
telle. On peut opérer une réappopriation des propriétés
inductives des signifiants par exemple... de la situation
dans laquelle ils sont pris, du référent, etc. Cʼest une
manière de recoaguler... dans lʼéventualité où cela puisse
se dilater, ailleurs... Enfin... ailleurs, pas un ailleurs lointain,
mais un ailleurs là.
En navigant entre ces textes, on ressent leur intensité
propre, mais on a beau en connaître certains, on se
retrouve malgré tout en face dʼéléments tout à fait
nouveaux... inouïs...
Oui, ou des situations prises à la renverse... On peut
reconnaître une scène du Roi Lear... mais dans la
reproduction synthétique de la scène du Roi Lear en tant
que cʼest cette scène là, et que cʼest le Roi Lear, et que
cʼest cette forme de théâtralité – on peut rencontrer, et
traverser une question... une tripartition fictive de lʼespace
de la représentation... Cela ne peut arriver que si ce nʼest
pas le résultat dʼune décision. Ça rentre par effraction...
comme la plupart des choses adviennent les unes par
rapport aux autres par effraction... Et tout en étant en
même temps, comme à la limite – il faudrait dire à lʼheure
indue – brodées, rebordées par des lignes qui semblent
sʼassocier à des mouvements...
On peut repérer malgré tout des nœuds, autour
desquels ces textes se rencontrent : la mort, le choix,
la solitude, la mort, lʼamour... Est-ce que ces “thèmes”
correspondent à des obsessions ?
La mort, lʼamour... ce nʼest sans doute pas plus
obsessionnel que ce qui traverse nos corps... Cʼest une
forme de déflagration... Il faudrait plutôt jouer – sans sʼen
rendre compte très bien – de lʼhybridité de toute
représentation... Et lʼhybridité ce nʼest pas vraiment
lʼhybris... cʼest plutôt une forme de décalage qui se
fissure... Il faut amener à chercher les failles... pour sortir...
sʼen sortir...
Comment travaillez-vous à maintenir cette faille
ouverte, afin de ne pas laisser les mécanismes
classiques de la représentation reprendre le dessus ?
Ce que je dis, ce nʼest pas pour faire les malins ou les
originaux. Il faut que cela corresponde au minimum à un
élan... Pour remettre tout ça en ordre et faire une scène
correctement... encore faut-il pouvoir et savoir le faire – et
vouloir... ce qui est tout à fait légitime je ne le nie pas. Mais
pour moi, il est impossible dʼy trouver une quelconque
nécessité. Je ne pourrais pas vraiment décrire comment il
pourrait en être autrement... seulement cʼest comme ça...
Pour moi lʼanomalie cʼest de faire théâtre...
Et je ne dis pas cela pour régler des comptes non plus...
Ce nʼest pas une bagarre ostentatoire. Ce serait encore
pire, si il y avait une prétention à faire croire quʼon se
positionnerait contre... quʼil y aurait quelque chose à
repousser. Que cette manière de faire correspondrait à un
autre tremplin, un autre essor. Ça ne se pense pas comme
ça du tout... je ne sais même pas si ça se pense. Sauf que
dans le mouvement, il faut bien buter... rebuter... et toucher
ces zones... dʼun “se faisant” et pas dʼun “déjà fait”.
Dans ce rassemblement de fragments, on retrouve
plusieurs textes dʼauteurs italiens, notamment Arioste
et Le Tasse, quʼon a rarement lʼoccasion dʼentendre
sur scène. Est-ce quʼils ont une place particulière dans
la composition générale ?
Dans leur étrangeté oui. Dʼautant quʼon les entend en
langue originale, qui nʼest pas lʼitalien moderne. Cʼest une
langue qui dans son baroquisme a fait sauter des tas de
choses. Alors bon il y a là quelque chose dʼune acuité qui a
du mal à se confondre avec une récitation. Elle porte
quelque chose de déclamatif, peut-être... lʼappareillage
dʼune théâtralité mais... dans son étrangeté... dans son
étrangèreté... cʼest de la matérialité... Je crois dʼailleurs
quʼon pourrait se contenter de ça... de cette matérialité.
Avec lʼidéalité en embuscade... planquée... diffusant par
émanations suggestives des restes quʼon ne pourrait pas
dire et exprimer autrement...
A la fin apparaissent également les voix de Ezra Pound
et de Paul Celan. Quʼest-ce qui se joue pour vous dans
le fait de laisser résonner la voix fantomatiques de ces
auteurs ?
Lʼimportant nʼest pas que le poème soit Todesfugue... cʼest
la voix elle-même, celle de Paul Celan... Cʼest ce
déchirement... qui passe dans la voix de Paul Celan... Il y a
là un espèce de leg... Un hommage aussi : à un champ
poétique, à la description dʼun état de poétique qui
correspond à une opération interne. La langue sʼénonce
© Brigitte Enguerand
dans cet écart... lʼaction étant dans la voix même... Cʼest à
la fois un hors-champ et un champ quʼon plante dans le
temps, dans la temporalité immédiate. Pas un lointain ou
un haut-lieu – mais un glissement, là, à la crête...
Les extraits musicaux utilisés semblent intervenir
selon la même logique de décentrement et de refus du
commentaire que les textes. Sʼagit-il pour vous dʼun
autre forme de “site” ?
Effectivement, les musiques ne commentent pas... elles
écartent le sens... A certains moments on pourrait dire que
des similitudes peuvent sʼétablir, une ambiance sʼinstaller...
mais cʼest avant tout pour décoller... continuer à décoller
les matières les unes des autres, même si elles cohabitent
à la surface... Ça ne constitue pas non plus une langue –
même parallèle... Cʼest plutôt un frottement... Et en même
temps curieusement la langue est comme chargée par le
fait musical dʼun pathos qui forme un trait... Ce quʼon
pourrait appeler le pathos des corps... une part exclue en
apparence du mouvement... qui nʼest pas la simulation
dʼun état... mais plutôt des biseaux... qui taillent...
Là encore, il nʼy a aucun préalable. Tout est à lʼintérieur
des segments, formant lʼactivité du cycle sonore, comme
une multitude de superpositions... Ce nʼest jamais, ou très
rarement des continuités... et quand ça lʼest, cʼest comme
si cʼétait un écart... enfin un écart : des paradoxes plutôt.
Lʼinsistance sur le fait quʼil nʼy ait “pas de préalable”
me fait penser à lʼimage dʼun feu dans lequel vous
jetteriez au fuir et à mesure des matériaux... Comme
une sorte de combustion permanente.
Dans ce mouvement, quelque chose est emporté oui...
Quand on enlève le “s” de signification, il reste
“ignification”...
Propos recueillis par Gilles Amalvi
pour le Festival dʼAutomne à Paris
Le Théâtre du Radeau
Le Théâtre du Radeau a été créé au Mans en 1978. François Tanguy en devient le metteur en scène en 1982. En
1985, la compagnie sʼinstalle de manière apparemment provisoire, dans un petit espace dʼune ancienne
succursale automobile, rue de la Fonderie. Aménagée pas à pas dans son ensemble architectural, en une dizaine
dʼannées, La Fonderie ainsi nommée, prend forme et devient lieu dʼhospitalité, de fabrique, de rencontres aussi.
Parallèlement, depuis 1997, les créations de François Tanguy sont mises en œuvre dans un espace situé en
dehors de la ville, la Tente; et si elles ne sʼacheminent pas dʼune année sur lʼautre, (15 depuis Dom Juan en
1982), cʼest parce que le temps dʼélaboration peut aller de 4 à 6 mois, dans un agencement qui met jour après
jour, la recherche de tous les matériaux en contemporanéité les uns avec les autres : espace, lumière, son,
fragments de textes, acteurs, sans préalable textuel ou thématique.
www.lafonderie.fr
Le Théâtre du Radeau et François Tanguy au Théâtre de Gennevilliers :
1996
Bataille de Tagliamento (dans le cadre du Festival dʼAutomne à Paris)
2011
Onzième (dans le cadre du Festival dʼAutomne à Paris)
© Brigitte Enguerand
Infos pratiques
Théâtre de Gennevilliers
Fondateur Bernard Sobel
Direction Pascal Rambert
41 avenue des Grésillons
92230 Gennevilliers
Standard + 33 [0]1 41 32 26 10
www.theatre2gennevilliers.com
Réservation
sur place ou par téléphone au +33 [0]1 41 32 26 26
du mardi au samedi de 13h à 19h
télépaiement par carte bancaire
Vente en ligne sur :
www.theatre2gennevilliers.com
Revendeurs habituels :
Fnac — Carrefour 0 892 683 622 (0,34 euros/min), fnac.com,
Theatreonline.com, 0 820 811 111 (prix dʼune communication locale),
Starter Plus, Billetreduc, Kiosque jeune, Crous et billetteries des Universités Paris III, VII, VIII, X,
Maison du Tourisme de Gennevilliers, Maison du Tourisme dʼAsnières-sur-Seine
Accessibilité
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Navettes retour vers Paris
Certains soirs, après la représentation, une navette gratuite vous raccompagne vers Paris. Arrêts desservis : Place de
Clichy, Saint-Lazare, Opéra, Châtelet et République.
Accès Métro
Ligne [13 ] direction Asnières-Gennevilliers, Station Gabriel Péri [à 15 mn de Place de Clichy] Sortie [1] puis suivre les
flèches rayées rouges et blanches de Daniel Buren
Accès Bus
Ligne [54] direction Gabriel Péri ; arrêt Place Voltaire
Accès voiture
- Depuis Paris - Porte de Clichy : Direction Clichy-centre. Tourner immédiatement à gauche après le Pont de Clichy,
direction Asnières-centre, puis la première à droite, direction Place Voltaire puis encore la première à droite, avenue
des Grésillons.
- Depuis lʼA 86, sortie n° 5 direction Asnières / Gennevilliers-centre / Gennevilliers le Luth.
Parking payant gardé à proximité.
Le FoodʼArt
Restaurant au sein du T2G, ouvert avant et après le spectacle
Tel. + 33 [0]1 47 93 77 18

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