Les visons et le putois - Reseau

Transcription

Les visons et le putois - Reseau
4. Autres
mammifères
aquatiques
• Les visons et le putois
• La crossope et le rat d'eau
• Les exotiques introduits :
- le rat musqué,
- le ragondin,
- le raton laveur
extrait de :
Lafontaine, Lionel
Loutre & autres mammifères aquatiques de Bretagne [Texte imprimé] / Lionel Lafontaine,... ; avec la
collaboration de professeur Bryony Coles,... et Didier Montfort, Thierry Lodé... [et al.] ; dessins et
illustrations, P. Hamon, A. Jean, S. Montfort... [et al.] ; [publié par le Groupe mammologique breton]. Mèze : Biotope, 2005 (05-Gap : Louis-Jean impr.) - 1 vol. (160 p.-[8] p. de pl.) : ill. en noir et en coul., couv.
ill. en coul. ; 24 cm. - (Les cahiers naturalistes de Bretagne, ISSN 1624-1398).
Autre forme de titre : Loutre et autres mammifères aquatiques de Bretagne. -Bibliogr. p. 153-157. Webliogr.
p. 157. Glossaire. - DLE-20050609-28282. - 599.176 0944 (21) . - ISBN 2-914817-10-X (br.) : 20 EUR.
Loutre commune -- France -- Bretagne (France)
Mammifères aquatiques -- France -- Bretagne (France)
BN 39985779
05-42456
Numéro 18/2005
590. zoologie
4. Autres mammifères aquatiques
4.1.
Les visons et le putois
4.1.1.
Le genre Mustela
Le genre Mustela englobe actuellement en France cinq espèces différentes : la belette (M. nivalis),
l’hermine (M. erminea), le putois (M. putorius) et sa forme domestique le furet (M. putorius berberii =
M. furo), le vison d’Europe (M. lutreola) et enfin, seule espèce allochtone, le vison d’Amérique
(M. vison), échappé d’élevages. Les critères distinctifs permettant de différencier visons et putois sont
détaillés ci-après.
Les taxonomistes s’accordent pour distinguer quinze sous-espèces chez Mustela vison (Linscombe et al.
1982). Ce sont principalement trois sous-espèces originaires de l’Alaska, du Québec et du Labrador
(M.v. ssp vison, ssp melampeplus et ssp ingens) qui ont contribué à la sélection du vison standard d’élevage, Mustela vison Peale et Beauvois ; leur croisement en captivité implique que les visons américains
retournés à l’état sauvage présentent des caractères intermédiaires.
Le vison d’Amérique est génétiquement éloigné de ses “cousins” de l’Ancien Monde (ci-dessous), et
aucune possibilité de croisement n’a jamais été scientifiquement attestée avec. le vison d’Europe (ce
dernier peut en revanche s’hybrider occasionnellement avec le putois, comme cela a été observé notamment en Europe de l’Est). C’est au contraire le principe de l’exclusion compétitive, favorisant généralement l’espèce colonisatrice, qui semble prévaloir entre les deux visons lorsqu’ils sont confrontés dans le
même biotope (Maran et al., 1998).
vison d'Amérique
(2n=30)
belette
(2n=42)
putois
(2n=40)
vison d'Europe
(2n=38)
Evolution supposée des caryotypes au sein
du genre Mustela (entre parenthèses, nombre
dechromosomes, 2n = x).
hermine
(2n=44)
ancêtre commun
(Mustela paleoerminea)
Le vison d’Europe, Mustela lutreola, est, avec le phoque moine
(Méditerranée) et le lynx pardelle (péninsule ibérique), l’une des
espèces de mammifères d’Eurasie les plus menacées d’extinction.
La France possède, en commun avec l’Espagne, la seule population de visons d’Europe occidentale mais celle-ci connaît un déclin
rapide. Sa sauvegarde constitue un des principaux enjeux de
conservation du patrimoine naturel de notre pays. En 1999, le
Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a
mis en œuvre un Plan national de Restauration pour cette espèce.
L’essentiel des informations ici reprises sur cette espèce sont issues
des bulletins d’information de ce Plan, vison infos, diffusés par la
MISSION VISON D’EUROPE depuis 2002 ([email protected]).
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Comment différencier visons et putois ?
VISON D'EUROPE (Mustela lutreola)
femelle : 400 à 650 g., mâles : 600 à 1200 g.
poil de jarre (robe) uniformément brun chocolat
poil de bourre brun-gris
museau : présence de blanc à la lèvre supérieure
et sur le menton ; pas de masque facial
VISON D'AMÉRIQUE (Mustela vison)
d’après Groupe de Travail “Vison d’Europe”, 2003 - Photos E. Barbelette et V. Sidorovic
femelle : 550 à 1000 g., mâles : 800 à 2000 g (ou plus)
poil de jarre (robe) de couleur variable
poil de bourre brun-gris
museau : jamais (ou presque) de blanc à la lèvre
supérieure taches variables (voire absentes) sur le
menton et le poitrail ; pas de masque facial
PUTOIS D'EUROPE (Mustela putorius)
femelle : 500 à 900 g., mâles : 700 à 1600 g.
poil de jarre (robe) noir,
poil de bourre jaunâtre
masque facial jaunâtre entre yeux et oreilles
contour des oreilles blanchâtre
museau : présence de blanc à la lèvre supérieure
et sur le menton
Au siècle dernier, le vison d’Europe était signalé dans la majeure partie de l’Europe à l’exception de la
péninsule scandinave, des îles britanniques et des pays méditerranéens. Depuis, il n’a cessé de régresser.
Actuellement, il ne subsiste que des noyaux de population dispersés qui présentent pour la plupart des
effectifs réduits. Le plus important, estimé à environ 40 000 individus, est situé en Russie centrale et
orientale. Le noyau occidental, localisé dans le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne, est le plus
isolé, à plus de 2000 km des visons les plus proches de l’est de l’Europe.
En France, la régression a été très rapide. Au début du XXe siècle, il était signalé dans 38 départements
et semble avoir été relativement commun. Dans les années 50, il ne se rencontre plus que dans la
moitié occidentale du pays, de la Bretagne aux Pyrénées occidentales. Dans les années 80, il n’est plus
signalé que sur un peu plus du dixième du territoire national.
De 1991 à 1997, une étude fine de sa distribution a été menée par le groupe de travail sur la réparti-
100
4. Autres mammifères aquatiques
Présence du vison jusque :
début XX e siècle
(répartition maximale)
1950-1980
1980-1990
1990-1997
0
50 100 km
Régression historique de la présence du vison d’Europe en France
(synthèse diachronique, d’après “Groupe de Travail Vison d’Europe”, 2003)
tion du vison d’Europe. Les campagnes de capture réalisées dans 17 départements de la façade atlantique ont montré que la situation du vison d’Europe en France était particulièrement préoccupante
puisque de nos jours, sa présence effective n’est confirmée que dans sept départements du sud-ouest
de la France, soit une régression d’aire de plus de moitié en moins de 20 ans. Le nombre d’individus
restants se compte en centaines plutôt qu’en milliers.
Le vison d’Europe a-t-il définitivement disparu du nord-ouest de la France ?
Le nord-ouest de la France, et particulièrement la Bretagne, figure parmi les “bastions” historiques
du vison d’Europe : l’espèce n’a été décrite pour la première fois en France qu’en 1839 et la première
mention dans l’ouest par Lesson en 1842 (Chanudet et al., 1966). Souvent dénommé putois des marais,
le vison d’Europe était donné comme commun par Lapouge (1896) dans les Arrondissements de
Rennes, Redon et Vitré. Il fut également plusieurs fois signalé dans les années 1960 dans le Finistère,
ainsi qu’à Plussulien dans les Côtes d’Armor.
101
C’est pourquoi, de 1991 à 1997, nous avons contribué au Groupe de Travail “Vison d’Europe” mis en
place au plan national (17 départements) sous l’égide du Ministère de l’Environnement. En Bretagne,
plus d’une cinquantaine de sites ont été inventoriés au total (soit moins de 1% du linéaire hydrographique régional). Aucun vison d’Europe n’y a été capturé (de même qu’en Basse-Normandie et Pays de
la Loire). Après six ans, tous les visons d’Europe capturés l’ont été au sud de La Rochelle...
François Cloarec, d’Irvillac (cf. § 3)
montre ici un “tour de cou”
confectionné à partir de deux visons
d’Europe qu’il avait piégés près de
sa ferme dans les années 60.
Deux visons taxidermisés, exposés
dans une crêperie du centre
Bretagne, dont l’un d’eux
ressemble fort à un vison d’Europe.
(photos L. Lafontaine)
Photo J.C. Zuliani
La tentation a donc été grande de
conclure, peut-être un peu hâtivement,
à la disparition de l’espèce dans le nordouest, et notamment en Bretagne. Mais
déjà Th. Lodé (1992) a identifié formellement en 1992 un cadavre de vison d’Europe sur un affluent de
la Vilaine, à la limite Morbihan / Loire atlantique.
C’est pourquoi, compte tenu d’un très faible échantillonnage qui repose sur un nombre limité de visons
d’Europe capturés, et des enjeux patrimoniaux en cause, il semble encore aujourd’hui prématuré, au
plan scientifique, de conclure à une disparition définitive de l’espèce dans le nord-ouest de la France.
Ainsi, à l’occasion de l’annonce du démarrage du Plan de Restauration du Vison d’Europe, sous l’égide
du Ministère de l’Environnement, un nouvel appel à témoins dans la presse régionale, en janvier 2003,
a permis de recueillir plusieurs témoignages encourageants, notamment en provenance de l’ouest du
Morbihan. Ainsi le Président de l’Association des Piégeurs Agréés du Morbihan a écrit avoir capturé
deux jeunes visons d’Europe sur le bas-Scorff en 1996 !
Malheureusement, ces spécimens ne semblent pas avoir été conservés, ou
auraient disparu. Quelques photos (ci-contre) sembleraient plutôt accréditer le fait qu’il s’agirait de jeunes putois... En l’absence des cadavres, il est
difficile de trancher, mais cela confirme en tous cas le bien-fondé de
continuer encore à rechercher l’espèce et multiplier les contacts, aussi en
Bretagne !
102
4. Autres mammifères aquatiques
Les visons sont des mustélidés de taille moyenne, semblable à celle d’un furet, au corps long et serpentiforme, aux pattes et aux oreilles courtes. Ce sont les seuls du genre Mustela à posséder des pieds
postérieurs sub-palmés, soulignant une adaptation à la nage. La forme sauvage est dotée d’une
fourrure uniformément brun foncé, y compris le poil de bourre, à la différence de celui du putois,
généralement jaunâtre. La sélection des visons d’élevage fait apparaître des colorations très variables du
pelage, du blanc pur aux divers tons de gris et de brun (White, Pearl, Silverblue, Pastel, Platine, Saphir...
etc.). Ces variétés survivent rarement longtemps à l’état sauvage. Si en captivité certains mâles peuvent
peser plus de trois kilos, la corpulence des visons américains est dans la nature sensiblement plus faible.
Les mâles sont nettement plus gros que les femelles, et la queue mesure en moyenne 30% de la
longueur totale de l’animal. Il y a peu de différence entre la morphologie externe du vison d’Amérique
et celle du vison d’Europe : ce dernier est plus petit et moins corpulent, son poids n’excède pas 1,2 kg.
La seconde différence tient à la présence d’une tache blanche localisée sous le menton chez le vison
américain alors qu’elle fait le tour des lèvres chez le vison européen. Ce critère ne s’avère pas toutefois
totalement fiable puisque certains visons américains peuvent avoir également des taches blanches à la
lèvre supérieure (Birks, 1988).
Ajoutons également que celui-ci peut être parfois pourvu de taches pectorales ou abdominales de
configuration très variable ; rares ou absentes chez Mustela lutreola en France. Enfin, certains putois,
dont la livrée peut être très sombre et le masque facial très estompé, ont parfois été pris pour des visons
d’Europe : dans le cas du putois, le rebord des oreilles est (presque) toujours blanc.
Le vison d’Europe présente une morphologie typique de mustélidé : corps élancé, pattes courtes, cou
peu différencié, tête légèrement aplatie, museau assez court, oreilles peu saillantes. Les mâles adultes
pèsent de 600 à 1200 g. et les femelles de 400 à 650 g. On le reconnaît essentiellement à son pelage
brun-chocolat, uniforme, avec un poil de bourre gris. L’extrémité de la queue et les pattes sont plus
sombres, presque noires. Seuls le menton et la lèvre supérieure présentent une tache blanche. Il peut
facilement être confondu avec des putois sombres ou noirs (dits mélaniques) chez qui le masque facial
a totalement disparu. Le critère de distinction le plus constant est alors la couleur jaune du poil de
bourre chez le Putois.
On peut également le confondre avec le vison d’Amérique, élevé en France pour sa fourrure depuis
l’entre-deux-guerres et qui s’est implanté dans de nombreuses régions à partir d’individus échappés des
élevages. Les deux espèces ont la même couleur et la même allure générale, mais le vison d’Amérique
est nettement plus gros. Le critère de distinction le plus utilisé est la forme de la tache blanche du
museau qui n’est presque jamais présente sur la lèvre supérieure chez le vison d’Amérique.
Ces différences morphologiques externes, très subtiles, justifient la plus grande prudence pour une
identification de terrain : un examen détaillé des os crâniens permet de se forger une certitude pour
distinguer plus particulièrement le vison d’Europe du vison d’Amérique.
Trois éléments principaux permettent une diagnose :
• Les bulles tympaniques sont plus longues et plus aplaties chez le vison d’Europe ; de profil, leur
extrémité antérieure forme un angle aigu avec la base du crâne (dessin page suivante).
• Le rapport entre la longueur totale du crâne (condylobasale) et celle de la bulle tympanique est
inférieur à 3,6 chez le vison d’Europe et supérieur à ce chiffre chez le vison d’Amérique.
• Le foramen infra-orbital est ovoïde chez le vison d’Europe, celui du vison d’Amérique est pourvu
d’une crénelure sur son bord interne.
103
Dessins d'après Mazak, 1963.
Vison d’Europe
Vison d’Europe
4.1.2.
Vison d’Amérique
Vison d’Amérique
Habitats - indices de présence
Les visons colonisent un large spectre de milieux aquatiques : marais, rivières, étangs, estuaires, côtes
marines. Ils semblent avoir une prédilection particulière pour les rives pourvues d’une végétation dense
à saules et à aulnes, où les potentialités de gîte sont plus nombreuses (Mason et Macdonald, 1983).
L’espèce peut toutefois aussi être trouvée assez loin de l’eau, particulièrement pendant le rut (févriermars), époque durant laquelle les mâles se déplacent beaucoup, ou à la fin de l’été, quand les jeunes
visons sont en quête d’un domaine vacant (Birks, 1986).
Les gîtes sont d’une part des terriers généralement creusés par d’autres espèces (lapin, rat musqué,
ragondin, castor...). Mais le vison peut utiliser toutes sortes de cavités au voisinage de l’eau, excavations
naturelles dues au courant dans le système racinaire d’arbres riverains, anfractuosités dans des tas de
bois ou des amas rocheux. Ce type de gîtes est particulièrement prisé en bord de mer, ainsi que les
terriers de lapin dans les falaises maritimes. Une ou plusieurs galeries aboutissent en général à une
chambre unique d’une vingtaine de centimètres de diamètre en moyenne.
A l’entrée de ces gîtes, on peut trouver fréquemment de nombreux restes de proies capturées par les
visons, particulièrement en été durant l’élevage des jeunes. Ceci constitue un premier indice de
présence, relativement spécifique. Les traces de pieds sont constituées de cinq pelotes inscrites dans un
ovale, celles des mâles adultes sont plus grandes que celles
des femelles adultes (plus de 2,75 cm de long). Les risques
de confusion sont toutefois importants car il est très difficile de distinguer les empreintes d’un vison d’Amérique de
celles d’un vison d’Europe ou d’un putois (cf. ci-dessus). Les
traces de loutre sont sensiblement différentes et ne sont
semblables en taille avec celles d’un vison adulte que pour
de très jeunes loutres qui ne quittent sauf accident jamais
leur mère. Cette particularité est également valable pour les
observations directes (dites “par corps”).
104
4. Autres mammifères aquatiques
1
1
2
2
3
3
Différences d'aspect des traces (à gauche) et des "voies" (à droite) de vison d'Europe (1),
de vison d'Amérique (2) et de putois (3). (d'après V. Sidororovic, 1994).
Pour le naturaliste, les crottes sont donc sans nul doute l’indice de terrain le plus fiable, bien qu’il ne
soit pas là encore possible de distinguer vison d’Amérique et vison d’Europe. Leurs crottes sont cylindriques, bien compactes, longues de quelques centimètres et d’un diamètre inférieur à un centimètre.
Elles peuvent, aux abords des gîtes, former des crottiers importants et sont en général déposées sur des
supports - pierre émergeante, tronc d’arbre - placés bien en évidence, comme le fait aussi la loutre. Mais
ses épreintes sont de forme plus irrégulière et nettement moins consistantes, leur odeur caractéristique
est également plus doucereuse. Les laissées de putois ont enfin un aspect nettement plus torsadé.
Il faut toutefois préciser
que ces critères distinctifs
dépendent de l’état de
fraîcheur du matériel, de ce
que les animaux ont
mangé, ou des conditions
mété orologique s (l e s
intempéries altérant leur
forme ou leur odeur).
Différences d’aspect des crottes de vison (à gauche)
Comme beaucoup de musde celles de putois (à droite). Photos L. Lafontaine.
télidés, les visons sont des
animaux territoriaux dont
les sexes vivent séparés la plus grande partie de l’année. Chaque adulte, mâle ou femelle, défend son
territoire contre les individus de même sexe. Comme pour la loutre, les dépôts de laissées semblent
jouer un rôle prépondérant dans la délimitation des territoires. Le vison est doté de glandes anales
qui renferment des composés protéiniques de poids moléculaire élevé, dont principalement le
2,2-diméthylthiétane, un composé sulfuré (Brinck et al., 1983). Ces sécrétions ont un rôle informatif qui
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renseigne chaque animal sur l’identité et le statut de ses partenaires. La territorialité ne semble se
manifester qu’à certaines périodes de l’année.
Les mâles et les femelles ne se rapprochent qu’au moment de l’accouplement qui se déroule essentiellement en janvier-février. La reproduction du vison a fait l’objet de nombreuses recherches en captivité
et, dépendant du photopériodisme, elle est probablement très similaire pour les populations sauvages.
Elle est caractérisée par le phénomène d’ovulation provoquée et celui d’ovo-implantation différée. Il n’y
a qu’une seule portée par an, dont la taille varie en moyenne de quatre à six jeunes. La période des
accouplements, déclenchée par un photopériodisme de “jours courts qui s’allongent”, s’étend de fin
février à la fin mars . Durant cette période, la femelle présente plusieurs cycles œstriens et peut ainsi
être couverte à plusieurs reprises, par plusieurs mâles différents. L’ovulation est provoquée par la copulation et la gestation dure de 38 à 76 jours. A une première phase où l’œuf fécondé reste à l’état libre
dans l’utérus, succède le développement embryonnaire proprement dit (27 à 33 jours). La durée de la
gestation dépend de la date et du nombre d’accouplements successifs : plus ceux-ci sont tardifs, plus
la gestation est courte et plus le nombre de jeunes vivants à deux jours est important (Martinet et Allain,
in Guégan et Rougeot, 1987).
En avril, la femelle s’installe dans un site de mise-bas, qui aura lieu fin avril / début mai. Les nouveaunés, qui pèsent environ cinq grammes, sont nus, sourds et aveugles. Agés d’un mois, leurs yeux
s’ouvrent, et ils commencent à ingurgiter des aliments solides. La croissance est rapide et en juillet la
différence de taille entre jeunes mâles et jeunes femelles, atteignant environ la moitié du poids des
adultes, est déjà bien accentuée. Ils sont totalement sevrés à l’âge de huit semaines et commencent à
apprendre à chasser. Fin août, ayant presque atteint une taille adulte, ils s’émancipent pour conquérir
chacun leur propre territoire. Cette dispersion, qui peut se prolonger jusqu’en décembre, ne s’étend pas
au-delà de cinq kilomètres du site natal pour les femelles mais peut dépasser dix kilomètres chez les
mâles (Birks, 1986). Les jeunes sont allaités pendant une dizaine de semaines et se séparent de la mère
à la fin de l’été. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge d’un an.
4.1.3.
Utilisation de l’espace et du temps
Chaque vison résident exploite, en rivière oligotrophe, un domaine individuel de plusieurs kilomètres de
cours d’eau. Ceux des mâles sont plus étendus que ceux des femelles. Mais leur taille respective et leur
degré de chevauchement dépend aussi d’autres paramètres qui sont la richesse du milieu en proies, les
potentialités en gîtes, la densité d’individus et l’intensité des opérations de régulation par l’homme. C’est
ainsi qu’en étang eutrophe et sur les côtes marines, où la disponibilité en proies est plus importante, les
domaines sont plus restreints et se chevauchent davantage (Dunstone et Birks, l985)
Le vison d’Europe exploite tous les types de zones humides, y compris dans des espaces très artificialisés.
Les milieux utilisés peuvent être regroupés en cinq grandes catégories : les cours d’eau forestiers, les
boisements inondables, les marais, les prairies humides et les ruisseaux traversant les zones agricoles. Afin
de mieux connaître le mode d’utilisation de l’espace et les exigences écologiques du vison d’Europe, un
programme de suivi par radiopistage a été conduit de 1996 à 1999 dans les Landes de Gascogne.
L’ensemble des résultats a montré que :
• le vison d’Europe apparaît exigeant en espace : les domaines vitaux peuvent s’étendre de 2 à plus
de 13 km de cours d’eau,
106
4. Autres mammifères aquatiques
• les animaux utilisent presque exclusivement les milieux inondables de fond de vallée (boisements
hygrophiles principalement),
• le degré d’inondation semble un critère dominant dans le choix des habitats, quatre d’entre eux
sont préférentiellement fréquentés par les visons au cours de leurs périodes de repos (gîte), comme
au cours de leurs phases d’activité :
- les aulnaies-saulaies à sous-étage clair
- les aulnaies-saulaies à grands carex
- les marais ouverts
- les étangs et cours d’eau
La majorité des gîtes sont situés à même le sol, à l’abri d’une végétation dense, constituée le plus
souvent par des grosses touffes de carex paniculé ou de molinie, mais également de ronciers. Les autres
gîtes sont situés dans une cavité entre les racines d’un arbre, dans un terrier, sur une souche d’arbre
recépé (généralement d’aulne), sous un tas de bois, dans un tronc creux ou sous le plancher d’une
cabane. 90% des gîtes se trouvent à moins de cinq mètres d’une zone d’eau libre (ruisseau, étang,
marais). Près d’un tiers des gîtes est totalement entouré d’eau et seulement 30% des gîtes se trouvent
en zone totalement sèche.
Les exigences du vison d’Europe en matière d’habitats sont donc essentiellement de disposer de milieux
aquatiques fortement productifs (marais, plans d’eau peu profonds, cours d’eau lents) et d’une
superficie au moins équivalente à celle des domaines vitaux (bassins hydrographiques). La présence
d’une mosaïque de différents types de milieux humides constitue par ailleurs un atout important puisqu’elle permet la diversification des types de proies accessibles et qu’elle augmente ainsi la probabilité
de trouver des ressources suffisantes à chacune des périodes de l’année.
4.1.4.
Régime alimentaire
Les études menées dans le sud-ouest ont montré que le régime alimentaire du vison d’Europe est
dominé par quatre types de proies fortement liées au milieu aquatique :
• les amphibiens, essentiellement des grenouilles,
• les mammifères essentiellement rats ou campagnols amphibies,
• les oiseaux et les œufs,
• les poissons parmi lesquels dominent les cyprinidés.
En revanche, le vison d’Amérique est un prédateur typiquement opportuniste et sa plasticité alimentaire,
qui n’exclut pas des possibilités de spécialisation locales et/ou temporaires, explique en partie son aptitude à s’implanter dans les milieux naturels. L’espèce apparaît comme un compromis évolutif entre les
mustélidés terrestres d’une part et la loutre d’autre part. Doté de palmures interdigitales et de vibrisses,
le vison nage et capture des proies aquatiques comme la loutre, mais son acuité visuelle et sa rapidité
sont nettement plus faibles, de même que son aptitude à la plongée.
A l’inverse de la loutre qui imprime à son corps un mouvement d’ondulation générale, le vison nage à
la manière d’un chien par un simple battement alternatif des membres. Ça n’est véritablement qu’en
plongée que la propulsion est assurée simultanément par les quatre membres (Dunstone, 1981).
L’espèce déploie en fait dans l’eau deux tactiques de chasse : la première consiste à rechercher les proies
sous l’eau mais, ses capacités pulmonaires étant limitées, la plongée ne peut, d’après une étude expérimentale en bassin, se prolonger au-delà de dix secondes. Le vison ne cherchera alors, alternativement,
107
à plonger qu’une fois une proie détectée depuis la surface de l’eau (Dunstone et O’Connor, 1979). Dans
ce cas, 70% des plongées ne durent pas plus de cinq secondes (contre 22% dans le premier cas).
Morphophysiologiquement plus performante, la loutre est connue pour se focaliser, en nombre de
proies capturées, sur le poisson. Le vison, dont les capacités de poursuite sont limitées, est un prédateur éclectique qui prélève alternativement dans le milieu des proies aquatiques et terrestres. Son
régime est donc tributaire des disponibilités alimentaires locales et saisonnières, il est également sujet à
une variabilité intraspécifique.
D’une manière plus générale, l’étude des relations prédateur-proies montre que le vison agit comme un
régulateur apte à se reconvertir rapidement dès que les densités d’une espèce-proie tendent à diminuer
sensiblement. Le cas du rat musqué semble, à ce titre, significatif : cette espèce constitue une proie
préférentielle du vison, tant en Amérique du Nord qu’en Europe de l’Est (elle n’apparaît pas dans les
études anglaises puisqu’absente des Iles britanniques). Errington (1954) observe que la prédation du
vison sur le rat musqué s’exerce les années ou l’espèce tend à pulluler et seulement à 28% sur des
animaux vivants les plus vulnérables (jeunes, adultes surnuméraires repoussés vers les secteurs les moins
humides ou soumis à des conditions de sécheresse prolongée). Le reste est constitué de rats musqués
déjà morts (épizooties, chasse, collisions routières, etc.).
Une modélisation mathématique, s’inspirant des statistiques annuelles données par le marché des peaux
de visons et de rats musqués en Amérique du Nord, suggère une alternance mutuelle dans la dynamique des deux espèces (Chan et Wallis, 1978).
En bord de mer, les mammifères représentent paradoxalement une part importante du régime, dont
principalement les lagomorphes. Viennent ensuite, par ordre décroissant d’apparition, divers poissons
littoraux dont la blennie, aisément capturée dans les trous d’eau à basse mer, et le crabe vert. Les visons
mâles capturent davantage de grosses proies, d’origine terrestre (les lagomorphes), tandis que les
femelles, de moindre taille, exercent leur prédation sur les poissons, les crustacés et les oiseaux (essentiellement passeriformes et petits limicoles). Leur régime respectif ne se recouvre en fait, tout au long
de l’année, qu’a 40%, sauf en été lorsque les femelles capturent également de jeunes lapereaux. Les
mâles ont un spectre alimentaire globalement moins large que les femelles, le dimorphisme sexuel
contribuant à amoindrir la compétition alimentaire.
4.1.5.
Quelles menaces sur le vison d’Europe ?
La régression générale du vison d’Europe a fait l’objet de plusieurs analyses qui sont interprétées
différemment selon les spécialistes. A ce jour, il n’a pas pu être mis en évidence une cause unique qui
pourrait expliquer à elle seule le déclin de l’espèce. Il est probable que celui-ci soit dû à la conjonction
de plusieurs facteurs agissant en synergie. Quatre causes principales sont généralement évoquées :
• La destruction des habitats
La destruction des zones humides, qui s’est considérablement accélérée dans la seconde moitié du XXe
siècle, a sans aucun doute été très défavorable au vison d’Europe. La dégradation récente de nombreux
milieux naturels (pollutions, artificialisation de la végétation,…) s’est par ailleurs traduite par une baisse
globale de leur capacité d’accueil pour l’espèce.
• Les destructions directes
Au cours du XXe siècle, le piégeage pour la fourrure a joué un rôle majeur dans la régression du vison
d’Europe. L’espèce est protégée depuis 1976, mais dans certaines régions, des animaux ont continué à
108
4. Autres mammifères aquatiques
être détruits accidentellement, par confusion. En Bretagne par exemple, les campagnes massives de
destruction de visons d’Amérique ont probablement joué un rôle important dans la disparition du vison
d’Europe. Dans les départements où le putois est classé juridiquement « nuisible », il existe également
un risque d’erreur d’identification de la part des piégeurs. Certaines infrastructures routières peuvent
également être meurtrières. Même si le nombre total de visons victimes de collisions est difficile à
estimer, tout facteur supplémentaire de mortalité s’exerçant sur des populations fragiles peut conduire
rapidement à une situation irrémédiable. Enfin les campagnes d’empoisonnement des rongeurs
déprédateurs par anticoagulants constituent également une menace bien réelle. En effet, ces rongeurs
constituent des proies potentielles du vison d’Europe et des intoxications secondaires par consommation
d’individus empoisonnés ont largement été mises en évidence chez les carnivores.
• La compétition avec le vison d’Amérique
Le vison d’Amérique tend à s’étendre de plus en plus en France et il est probable que, si rien n’est fait,
il colonisera à terme la totalité des réseaux hydrographiques encore occupés par le vison d’Europe. Sa
présence n’est pas souhaitable car il occupe la même niche écologique que le vison d’Europe et il a un
effet indirect très défavorable sur celui-ci, du fait de son impact dans les piscicultures et les élevages
agricoles. Dès qu’il est présent, des campagnes de destruction sont organisées et il y a alors un risque
important de confusion entre les deux espèces.
• L’action d’agents pathogènes
Depuis quelques années, émerge l’idée que la chute des effectifs de visons d’Europe pourrait résulter
au moins en partie de problèmes pathologiques. Une des hypothèses serait que le vison d’Amérique
aurait introduit un agent infectieux auquel il résisterait lui-même relativement bien, mais qui décimerait
les populations de visons d’Europe déjà fragilisées. La maladie aléoutienne est en particulier bien connue
pour affecter les élevages de visons d’Amérique mais de nombreuses autres pathologies peuvent
également être incriminées.
Le plan national de restauration du vison d’Europe
Face à l’urgence de la situation, le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement
a mis en place un Plan national de Restauration. Son ambition est non seulement de stopper le déclin
actuel, mais également de permettre la recolonisation d’au moins une partie des territoires perdus
ces dernières années, par quatre grandes catégories de mesures :
• Assurer la protection et la restauration de ses habitats
• Poursuivre et développer les recherches en cours afin d’approfondir les connaissances relatives à
ses exigences écologiques et aux causes de sa régression
• Combattre les causes directes de mortalité et les facteurs de déclin pressentis
• Sensibiliser le public, informer les usagers des zones humides et former les gestionnaires des milieux
4.1.6.
Le vison d’Amérique en France
Mustela vison occupe la totalité de son continent d’origine, l’Amérique du Nord, à l’exclusion du
Mexique, du sud-ouest des États-Unis et des terres situées au nord du cercle polaire arctique. Les
premières tentatives d’élevage y apparurent dès 1867, puis en Europe à partir de 1925, du fait de la
109
raréfaction du vison européen et que son homologue américain était plus prolifique et pourvu d’une
fourrure de meilleure qualité.
Mammifères :
Son implantation dans les milieux naturels en Europe tient à trois raisons principales
(rat musqué & campagnols) 33%
• une série d’introductions volontaires dans les pays de l’Europe de l’Est, où plus de 3000 visons,
des années 1930 aux années 1950, furent libérés dans la nature afin de renforcer le potentiel de
fourrures sauvages,
Mollusques
Arthropodes
• des évasions volontaires en provenance d’élevages en faillite, du fait de l’instabilité du cours
des 6%
Amphibiens
peaux, en particulier durant la seconde guerre mondiale,
• des évasions accidentelles en provenance d’élevages insuffisamment hermétiques.
Oiseaux de visons, alimentées périodiquement
En dépit d’un piégeage parfois intensif, des populations
férales
(passeriformes)
Poissons
29%
par de nouvelles évasions de sujets captifs, ont réussi à se maintenir
et à accroître leur extension
dans
(anguilles
le milieu naturel. Le vison d’Amérique est actuellement présent à l’état sauvage en Europe
de l’Est,
& cyprinidés)
31%
en Scandinavie, en Islande, au Danemark, au nord de l’Allemagne, dans la quasi-totalité des îles
britanniques et en Irlande, en France et enfin en Italie et en Espagne.
Lancé en France en 1926 dans les Alpes et dans les Vosges, l’élevage du vison américain a pris son
véritable essor vers la fin des années 1950, à partir d’élevages industriels implantés en Bretagne. C’est
à ce jour la seule région, produisant chaque année plus de la moitié du cheptel national, où le vison
d’Amérique ait réussi à coloniser la quasi-totalité des réseaux hydrographiques.
Mammifères
(rat musqué & campagnols) 33%
Oiseaux (laridés) 4%
Mammifères
(lapin de garenne)
12%
Mollusques (moules) 3%
Mollusques
Arthropodes 6%
Crustacés
(crabe vert)
25%
Amphibiens
Oiseaux
(passeriformes)
29%
Poissons
(anguilles
& cyprinidés) 31%
Poissons (gobies)
56%
Régime alimentaire du vison d’Amérique en Bretagne :
eaux douces (à gauche, d’après Gachet, 1990) et bord de mer (à droite, d’après Lafontaine, 1987).
Pour chaque catégorie alimentaire, l’espèce majoritairement consommée est entre parenthèses.
Une récente enquête réalisée auprès de différents
Mammifères
de dresser une carte de l’état de la
partenaires a permis
(lapin de garenne)
colonisation du vison12%
d’Amérique. Actuellement, trois popuMollusques (moules) 3%
Oiseaux
(laridés)
4% sont identifiées en France :
lations
férales
• la première a fait souche, à partir de la Bretagne, sur le
Massif Armoricain,
Crustacés
• la seconde est localisée dans le nord
du département de
(crabe vert)
la Charente,
25%
• la troisième occupe plusieurs secteurs du sud de
l’Aquitaine, en contact avec un noyau de visons d’Europe.
Poissons (gobies)
56%
Populations férales de visons d’Amérique dans le nord-ouest de la France :
situation en 1999 (par communes) d’après ONCFS-DER/UTI 09/02
110
4. Autres mammifères aquatiques
4.1.7.
L’élevage du vison
© L. Lafontaine
Le marché actuel du vison représente plus de 70%
du chiffre d’affaire mondial de la fourrure et, comme
environ une cinquantaine de peaux sont nécessaires
pour confectionner un manteau de vison, la production mondiale s’est fortement accrue en l’espace de
trente ans : un million de peaux en 1955, 21 millions
en 1967, 40 millions en 1987. A l’heure actuelle, les
principaux pays producteurs sont les pays d’Europe
de l’Est (15 millions de peaux par an) et le Danemark
(10 millions). En France, en 1959, on comptait 600
Bâtiments d'élevage de visons dans
élevages artisanaux produisant annuellement
le Morbihan
40.000 peaux de visons ; la majorité d’entre eux ont
ensuite cessé leur activité du fait de la baisse du cours des peaux et c’est à partir de cette période
que l’espèce a colonisé le milieu naturel. La production s’est ensuite restructurée à partir d’élevages plus
performants, particulièrement en Bretagne du fait de l’abondance de sous-produits d’abattoirs et de
ports de pêche. Les quatre plus gros élevages, dont trois sont implantés dans le Morbihan, détiennent
de 10.000 à 50.000 femelles reproductrices et assurent les deux tiers de la production française actuelle
(un élevage de visons se compte en nombre de femelles reproductrices et chaque femelle équivaut à
5,25 visons : 4 jeunes pour une femelle, un mâle pour 4 femelles).
A la fin du XXe siècle, le cours moyen d’une peau brute de vison s’élevait à environ une trentaine
d’euros sur le marché français et une cinquantaine d’euros sur le marché scandinave.
En France, toute création ou extension d’un élevage de plus de 2000 visons (soit 380 femelles
reproductrices) est soumise à une procédure d’autorisation comportant la réalisation d’une étude d’impact et l’ouverture d’une enquête publique, ainsi qu’un avis favorable de l’inspection des installations
classées et du conseil départemental d’hygiène. Ces élevages doivent être situés à plus de 35 mètres
des cours d’eau et dotés, si les bâtiments ne sont pas clos, d’une clôture externe d’au moins 1,50 m de
hauteur et équipée de portes à fermeture automatique. Toute fuite de visons doit être signalée à
l’Inspection des installations classées. Les textes en vigueur prévoient également un plan d’épandage
des lisiers (avec tenue d’un cahier), excluant tout rejet direct dans les eaux superficielles ou sur des terres
situées à moins de 35m d’un cours d’eau. Espèce carnivore, le vison a des besoins importants en
protéines animales, et ses déjections sont riches en éléments organiques et minéraux : leur teneur en
phosphore est ainsi de quatre à cinq fois plus élevée que celle du lisier de porc et un élevage de 1500
femelles libère chaque année dans l’environnement 120 tonnes de lisier, dont plus d’une tonne de
phosphore (d’après Nasi, 1977, in Guégan et Rougeot, 1987).
4.1.8.
Gestion des populations férales
Le vison d’Amérique ne semble pas faire l’objet, de manière directe, d’une pression significative de prédation, bien que la loutre soit signalée en Europe de l’Est pour consommer occasionnellement des
visons. Concernant la loutre, c’est davantage en terme de compétition que le problème se pose : en
Suède, Erlinge (1972) observe qu’en hiver, quand seuls les cours d’eau rapides ne sont pas gelés et que
le poisson constitue la principale source de nourriture, la compétition alimentaire entre vison et loutre
111
est la plus vive. Cette compétition tourne à l’avantage de la loutre, morphologiquement plus adaptée
que le vison pour capturer le poisson. Erlinge souligne ainsi, que, d’après l’observation du nombre respectif de marquages déposés par les deux espèces, la loutre, lorsqu’elle est bien cantonnée et en densité suffisante, constitue un frein à l’implantation du vison d’Amérique. Cela signifie également que la
raréfaction historique de la loutre, tant en Europe qu’en France, ainsi que celle du vison d’Europe, qui
a laissé une niche écologique vacante, ont probablement facilité l’installation du vison d’Amérique dans
le milieu naturel.
Antérieurement considéré comme espèce domestique (c’est-à-dire d’élevage), le vison d’Amérique ne
fait partie, selon la loi, de la faune sauvage française que depuis le 26 juin 1987, date à laquelle un arrêté ministériel l’a inclus dans la liste des espèces chassables. Cette décision est intervenue à un moment
où l’espèce avait suscité de vives polémiques en Bretagne, suite à plusieurs attaques spectaculaires dans
des volières ou des parcs zoologiques.
L’arrêté ministériel spécifique du 23 décembre 1987 précisait que, sur proposition des préfets, l’espèce
peut être classée nuisible mais restreint sa destruction à l’utilisation exclusive de boîtes-pièges et autres
engins similaires permettant la capture des animaux vivants (Article 21 de l’arrêté du 23 mai 1994 sur
le piégeage). Il précise en outre que l’article 15 (destruction au fusil) ne concerne pas le vison
d’Amérique. Cette disposition restrictive s’articulait sur le risque de destruction non sélective d’espèces
protégées telles que le vison d’Europe ou la loutre, et l’article 14 de la loi du 23 mai 1984 stipule qu’en
cas de capture accidentelle, ces animaux doivent être aussitôt relâchés. Ces dispositions ont été rendues
obsolètes l’année suivante, avec l’arrêté ministériel fixant la liste des espèces susceptibles d’être classées
nuisibles par les préfets dans chaque département.
En Grande-Bretagne, où le vison d’Europe est absent, des dépenses importantes ont été engagées par
le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation pour tenter d’éradiquer le vison
d’Amérique ; plusieurs dizaines de milliers de visons ont ainsi été piégés en l’espace de 20 ans, sans
compter les 700 à 800 prises annuelles d’anciens équipages à loutres reconvertis à la chasse à courre du
vison. Non seulement, ces efforts sont restés vains et l’extension de l’espèce n’a cessé de s’accroître, mais
encore ont-ils contribué à porter davantage atteinte à la loutre, dont la présence oblitère l’expansion du
vison (Birks, 1988). Si le vison est certes facile à piéger, ses populations se reconstituent rapidement et il
faut une pression de piégeage aussi intensive que prolongée pour éliminer temporairement l’espèce d’un
secteur donné, ainsi que Gerell (1971) l’a montré : sur le nombre de visons capturés durant 16 jours dans
un secteur de 30 km de long, 80% sont capturés en 8 jours et il faut un effort supplémentaire de 4 jours
de piégeage pour en capturer 10 de plus ; et à partir du 12ème jour, le nombre de juvéniles capturés
recommence à croître... Doit-on se résigner à ce que le vison d’Amérique fasse désormais partie intégrante de la faune française, tout en déplorant les perturbations écologiques qu’elle peut causer ?
Un programme expérimental dans le sud des Landes
Le vison d’Amérique constitue une réelle menace pour le vison d’Europe. Dans le département des
Landes, sa progression est très rapide et il menace maintenant directement le cœur de l’aire de
répartition du vison d’Europe. Un programme mis en place en 2001 a eu pour objectif
d’expérimenter la mise en œuvre du contrôle de l’espèce américaine sur un territoire géographique
limité. La zone de contrôle a été établie sur le bassin de l’Adour afin de stopper la progression du
vison d’Amérique vers le nord. Des campagnes de piégeage spécifiques ont été réalisées par un
112
4. Autres mammifères aquatiques
réseau de piégeurs sur environ 10 km de cours d’eau. Le contrôle de la population est assuré par la
stérilisation chirurgicale des individus capturés. Les animaux font l’objet d’un dépistage de la
maladie aléoutienne et ceux qui sont positifs sont euthanasiés. Les autres sont stérilisés, marqués
individuellement et relâchés sur leur lieu de capture. Les comportements territorial et sexuel des
animaux étant conservés, leur maintien sur le site limite l’installation de nouveaux individus. Au
cours de l’hiver 2001-2002, les campagnes de piégeage ont permis de stériliser et de relâcher 22
individus (11 femelles et 11 mâles), les autres ayant été détruits. Le bilan de cette expérimentation
confirme l’intérêt des piégeurs ainsi que leur efficacité sur le terrain.
(d'après Vison infos n°2, novembre 2002).
4.1.9.
La maladie aléoutienne du vison d’Amérique
Les conséquences d’une pathologie font partie des hypothèses pouvant expliquer la régression du vison
d’Europe. En réduisant les effectifs des populations, elles pourraient être un facteur de déclin
supplémentaire, susceptible d’expliquer l’accélération brutale de la régression de l’espèce. L’hypothèse
la plus souvent émise est qu’avec le vison d’Amérique aurait été introduit un agent infectieux, et plus
particulièrement le virus de la maladie aléoutienne, dont les caractéristiques et les symptômes
pourraient avoir une influence sur les populations de visons d’Europe déjà fragilisées.
Cette pathologie virale contagieuse est connue pour sévir dans les élevages de visons d’Amérique. En
France, les premiers cas sont reconnus en 1967. L’attention de l’éleveur est généralement attirée par
une baisse de productivité de son élevage. Dans les élevages où la maladie sévit sous forme peu grave,
le nombre de nouveau-nés paraît normal mais la mortalité avant l’âge de six semaines est très légèrement augmentée. Lors des épisodes plus aigus, la mortalité néonatale et juvénile peut approcher 100%
de l’effectif des jeunes.
Un bilan sanitaire de la population française de visons d’Europe a donc été réalisé à partir de deux
sources de données :
• sur les animaux vivants : un prélèvement sanguin permet un dépistage systématique des pathologies les plus sévères des carnivores. Ces manipulations sont étendues à l’ensemble des petits
carnivores sauvages (vison d’Amérique, putois, martre, fouine, genette) de manière à faire des études
comparatives et à mieux cerner le volet épidémiologique des pathologies.
• sur les animaux retrouvés morts, est réalisée une autopsie détaillée afin d’établir les causes directes
de la mort des animaux et de faire un bilan sanitaire le plus exhaustif possible.
Les analyses ont donc porté en priorité sur le dépistage de cette maladie. Le diagnostic comprend deux
étapes : une recherche des anticorps pour mettre en évidence le contact avec le virus, puis, sur les
sérums positifs, un dosage de gammaglobulines, un taux supérieur à 20 % caractérisant une évolution
pathologique de la maladie.
Les premiers résultats montrent que le virus est présent chez toutes les espèces testées. La prévalence
est assez élevée : 25% chez les visons d’Amérique, 12 % chez les visons d’Europe et 11 % chez les
putois. Des individus positifs sont observés dans les sept départements de l’aire de présence du vison
d’Europe, témoignant de la diffusion géographique du virus, ce qui laisse supposer que la transmission
par le vison d’Amérique est déjà ancienne. Des analyses complémentaires et la consultation de
scientifiques étrangers experts de la maladie devraient permettre d’évaluer plus précisément le niveau
d’implication du virus dans la régression du vison d’Europe.
113
• Recommandations pour l’aménagement et la gestion des habitats du vison d’Europe :
Il paraissait indispensable que les gestionnaires des milieux naturels puissent disposer de recommandations techniques qui leur permette de mettre en œuvre les actions de conservation essentielles pour le
maintien du vison d’Europe. Une brochure technique, basée sur les acquis des études récentes, a été
rédigée par le Groupe de travail “Vison d’Europe”.
Quatre thèmes sont abordés :
• la protection et la restauration des zones humides,
• l’aménagement et l’entretien des cours d’eau,
• l’aménagement des infrastructures de transport,
• la régulation des animaux classés nuisibles.
• Dans le sud-ouest, des trous pour sauver les visons !
En période estivale, des femelles de vison d’Europe allaitantes sont régulièrement capturées dans des
pièges-cages destinés à la lutte contre le ragondin et le rat musqué, compromettant alors la survie de
la portée. Le percement d’un trou de 5x5 cm dans la paroi des pièges, permettant aux visons de s’échapper, a été expérimenté grâce à des groupements de piégeurs. Le suivi a montré que ce type d’aménagement ne réduisait pas l’efficacité du piégeage, que les ragondins et rats musqués ne s’échappaient
pas par l’orifice et qu’aucune détérioration n’était constatée. Des modèles de pièges-cages à trous
« spécial vison d’Europe » sont donc désormais disponibles chez les principaux fabricants.
Enfin, les bilans annuels fournis par les piégeurs dans chaque département devraient permettre :
• un suivi régulier des effectifs captures, des fluctuations et des mouvements éventuels,
• un contrôle scientifique attentif des captures accidentelles, notamment “douteuses” (visons d’Europe,
putois mélaniques, loutres...) afin de mieux réajuster, localement, les modalités de régulation.
• une utilisation scientifique du matériel biologique régulièrement prélevé : diagnoses spécifiques,
écotoxicologie génétique et analyse du régime alimentaire des espèces.
4.1.10.
Le putois d’Europe
Avec une fourrure brune à brun sombre, le putois d’Europe Mustela putorius L. 1758 présente généralement une zone de couleur claire très caractéristique sur la gueule donnant l’impression d’un masque.
Les putois se caractérisent par un important dimorphisme sexuel de la taille : les mâles sont en moyenne 1,75 fois plus corpulents que les femelles.
Il existe trois espèces de putois, en Eurasie le putois d’Europe Mustela putorius et le putois des steppes
Mustela eversmanii (Europe centrale), et en Amérique du Nord le putois à pieds noirs Mustela nigripes.
Les putois d’Europe s’hybrident avec le putois des steppes (M. eversmanii) ou avec le vison d’Europe.
Le furet M. putorius furo, souvent complètement albinos, est une forme domestique dérivant du Putois
de Berbérie (M. putorius berberii = furo), qui, échappé en nature, donne des croisements (“métis”) avec
le putois, et de multiples formes intermédiaires.
Les populations naturelles de putois
montrent une importante variabilité
de la couleur du pelage, des formes
claires aux formes sombres, voire
noires (mélaniques), ce qui leur vaut
d’être éventuellement confondues
avec le vison d’Europe.
© X. Grémillet
© L. Lafontaine
114
4. Autres mammifères aquatiques
Répandus à travers toute l’Eurasie, les putois exploitent principalement les habitats boisés, les bocages
et les marais. Les putois possèdent des mœurs essentiellement nocturnes et individualistes, fréquentant
un domaine vital de près d’une centaine d’hectares. Ils gîtent dans des cavités, sur les rives des cours
d’eau ou entre les racines des arbres. Inféodés aussi aux espaces forestiers, c’est en Bretagne un bon
indicateur du bocage. L’espèce peut se reproduire une fois par an entre la mi-mai et la mi-juin, et après
une gestation de 42 jours, 3 à 4 jeunes sont élevés par la femelle.
Un important programme de recherches sur le putois dans l’Ouest de la France a été mené depuis 1984
par le Laboratoire d’Ecologie Animale de l’Université d’Angers (Pr Th. Lodé, http://sciences.univangers.fr/ecologie/Polecat_fr.html). L’objectif de ces recherches a consisté à caractériser l’influence des
contraintes environnementales sur les populations naturelles de putois.
• Génétique des populations
Les populations naturelles de putois d’Europe montrent une importante variabilité de la couleur du
pelage et de la taille, traits souvent associés dans le patrimoine génétique des Mustélidés. Outre des animaux présentant le phénotype typique avec un masque caractéristique, il existe des formes plus petites
et sombres. Bien que ces deux formes se côtoient dans le milieu naturel, les putois sombres exploitent
principalement les ruisseaux forestiers. Les femelles semblent prédisposées à préférer les mâles de leur
propre phénotype. En dépit de la faible variabilité attribuée antérieurement aux Carnivores, les populations de Putois de l’ouest de la France présentent une assez forte variabilité génétique. Des menaces
liées au croisement entre putois et furet domestique retourné à l’état sauvage (féral) ont été mentionnées. Le furet, probablement originaire du putois d’Afrique du Nord, présente des caractéristiques
génétiques différentes des populations françaises de putois, amplifiées par la domestication. Le sujet est
cependant mal documenté en France et mériterait d’être plus sérieusement évalué (Lodé, in litt.)
• Tactiques alimentaires
Le régime alimentaire des putois reste flexible et le prédateur peut intégrer une grande variété de
ressources dans son alimentation, comme les oiseaux ou la charogne. C’est un prédateur généraliste dont
le régime reste principalement fondé sur l’alternance de proies de Rongeurs en automne et hiver, et d’une
exploitation assidue des grenouilles et crapauds au printemps. Ce sont principalement des espèces
comme la grenouille agile ou le crapaud commun, et leur prédation intensive coïncide avec les rassemblements reproducteurs des batraciens sur les sites de pontes. Selon les régions d’Europe, la consommation des grenouilles et crapauds peut varier de manière très importante atteignant plus de 50% du régime alimentaire notamment lorsque le putois exploite les grenouilles rousses. Ce sont principalement des
mâles de grenouilles ou de crapauds qui sont consommés et l’impact du putois peut même rééquilibrer
les sexes (Lodé 1998, Lodé et al. 2004). En fait, le putois élabore une stratégie de prédation particulière
sur les rongeurs et les grenouilles avec changement de proies. Les putois emmagasinent grenouilles ou
crapauds dans des réserves alimentaires et montrent une prédation sélective sur les mâles probablement
plus facilement détectables à cause de leur chants. Germain Courtay, ancien chasseur de loutres finistérien (cf. § 3.3.2), avait observé que « le terrier permanent du putois se compose d’une salle à manger,
chambre et “toilettes”. Dans la salle à manger (parfois assez loin des autres parties de la demeure) on
trouve des grenouilles, crapauds ou salamandres, tous les reins cassés, aucun n’est mort de telle sorte
qu’ils se conservent et qu’ils ne soient tués qu’avant d’être consommés. ».
Le régime d’automne et d’hiver est plus diversifié, bien qu’il se fonde essentiellement sur les petits
rongeurs aquatiques (fruits et oiseaux sont peu consommés). Prédominent en général les campagnols,
les souris et les rats surmulots (jusqu’à 65% du régime sur des putois vivant près d’exploitations agricoles ;
Birks et Kitchener, 1999) et parfois les rats musqués, voire aussi le campagnol amphibie (cf. § 4.2). Une
115
relation saisonnière de prédation du putois sur le lapin de garenne a été avancée (Roger, 1987), mais
cette corrélation apparaît partielle et dépend principalement d’une très forte abondance du lapin comme
en Camargue par exemple. En fait, le lapin de garenne ne représente qu’une proportion de l’alimentation (au maximum 10 à 30%) et on observe toujours une corrélation entre la consommation du lapin et
le pic de myxomatose en été. En soustrayant les animaux malades, le putois agit ainsi en réduisant la
prolifération du virus et comme de nombreux prédateurs, participe à l’équilibre des peuplements.
• Conservation du putois
Le piégeage, la mortalité routière et l’altération des habitats
ont entraîné un déclin du putois partout en Europe. En
Grande Bretagne et en Italie, les populations sont cantonnées
à certaines régions seulement. Personne ne peut prédire comment l’extinction d’une espèce peut affecter l’organisation
des écosystèmes naturels, le déclin met en évidence l’altéra- Putois victime d'une collision routière
tion des habitats naturels.
En fait, le putois est l’un des carnivores les plus victimes des collisions routières et les populations sont
souvent morcelées en petites unités isolées. Petit prédateur terrestre, le putois explore particulièrement
toutes les cavités et couloirs, et peu farouche, il est souvent le carnivore le plus facile à capturer. Des
auteurs ont souligné la sensibilité de ce carnivore au piégeage, mais pour le moment aucune étude
n’établit réellement cet impact. La conservation du putois nécessite une volonté pour une meilleure
connaissance de l’espèce. Les futurs projets impliquent un développement des connaissances à une
échelle locale/régionale, pour les mettre en perspective avec le statut juridique de l’espèce. Des
questions telles que l’impact réel du putois sur certaines espèces-gibier comme le lapin, l’impact effectif
du piégeage, de même que les causes de sa possible régression, restent posées, et impliquent la mise
en œuvre d’études finalisées.
Le putois reste une espèce chassable (arrêté ministériel du 26 juin 1987), figurant sur la liste des espèces
susceptibles d’être classées nuisibles (arrêté du 30 septembre 1988) ; il a été retiré de cette liste
nationale en mars 2002 (avec la martre et la belette), pour y être réinscrit en novembre suivant (en 2001,
ces trois espèces étaient classées nuisibles dans 46% des départements français ; Ruette et al., 2002).
Ces auteurs remarquent que si la cause première du déclin d’espèces-gibier est à rattacher à l’évolution
de l’agriculture et aux modifications du paysage qu’elle a engendrées, celle-ci pourrait avoir favorisé les
petits prédateurs opportunistes capables de s’adapter aux modifications du milieu et augmenté la
prédation sur les espèces-gibier. Pour autant, il n’existe pas de règle générale pour prédire à coup sûr
l’impact particulier de tel prédateur sur une espèce-gibier.
116
Photo L. Lafontaine
• Domaine vital
L’utilisation d’habitats différents correspond directement à la disponibilité des proies. La présence des
campagnols roussâtres dans le régime est associée avec la fréquentation des milieux boisés tandis que
celle des grenouilles et crapauds dépend de l’exploitation assidue des marais ou des étangs. L’utilisation
successive d’habitats différents révèle l’importance de l’hétérogénéité des paysages pour ce mustélidé.
L’aire d’activité atteint en moyenne une surface mensuelle de 38 hectares pour les mâles et de 19 ha
pour les femelles mais dans l’Ouest de la France, le territoire total représente environ une centaine
d’hectares. L’organisation sociale est caractérisée par une exploitation particulièrement individualiste
de l’espace. Les animaux développent une stratégie d’évitement même entre mâles et femelles et
concentrent leur prédation sur des zones à fortes potentialités alimentaires. L’activité est principalement
nocturne et le taux d’activité reste modéré et stable toute l’année.
Fiche-espèce n°6
Ordre des Carnivores fissipèdes,
Famille des Mustélidés
Le vison d'Europe
Mustela lutreola (Linné, 1761 ; Finlande)
anglais : European mink • espagnol : visõn europeo • breton : vizon Europa
allemand : Europäischer Nerz • italien : visone europeo • gallois : minc Ewropeaidd
Etymologie
• Mustela = belette, en latin
• lutreola : petite loutre, du latin lutra = loutre, avec un diminutif ol
• vison : mots bas-latins visio = pet, et vissio = puanteur
Description
Corps allongé, pattes courtes, doigts en partie palmés, queue touffue
assez longue. Pelage uniformément brun foncé, sauf tache blanche du
menton jusqu'à la lèvre supérieure. Le vison d'Amérique, légèrement plus grand, n'a généralement pas
de blanc à la lèvre supérieure, le vison d'Europe toujours. Longueur : 45-59 cm, dont 12-18 cm pour la
queue. Poids moyen : femelle : 400 à 650 g, mâles : 600 à 1200 g.
© SEM 1999
Distribution et habitat
Tardivement décrit (XIXe siècle), le vison d'Europe était
autrefois présent dans toute l'Europe moyenne et septentrionale. Actuellement, il ne subsiste que des noyaux de
population dispersés qui présentent pour la plupart des
effectifs réduits. Le plus important, estimé à environ 40 000
individus, est situé en Russie centrale et orientale. Le noyau
occidental, localisé dans le sud-ouest de la France et le nord
de l’Espagne, est le plus isolé, à plus de 2000 km des visons
les plus proches de l’est de l’Europe. Sa présence historique
en Bretagne est attestée, mais n'a pas été confirmée récemment. La dernière donnée certaine date de 1992, à la limite
Morbihan-Loire Atlantique. Dans le sud-ouest de la France,
le vison d’Europe exploite tous les types de zones humides,
y compris dans des espaces très artificialisés. Les milieux
utilisés peuvent être regroupés en cinq grandes catégories : les cours d’eau forestiers, les boisements
inondables, les marais, les prairies humides et les ruisseaux traversant les zones agricoles.
Statut biologique
Espèce classée EN (en danger) au plan mondial (IUCN,
2001 ; http://redlist.org) et national, et espèce déterminante en Bretagne.
Statut juridique
Espèce protégée sur l'ensemble du territoire français
(A.M. du 17/04/1981), figurant à l'annexe 2 (protection
stricte) de la Convention de Berne (1979), figurant aux
annexes 2 et 4 de la Directive Européenne Faune-FloreHabitats (CEE 92-43 1992)
145
A. Jean
Fiche-espèce n°7
Ordre des Carnivores fissipèdes,
Famille des Mustélidés
Le vison d'Amérique
Mustela vison (Schreber, 1777 ; Canada et Pennsylvanie)
anglais : American mink • espagnol : visõn americano • breton : vizon Amerika
allemand : Mink (Am. Nerz) • italien : visone americano • gallois : minc Americanaidd
Etymologie
cf. vison d'Europe.
Description
Corps allongé, pattes courtes, doigts en partie palmés, queue touffue
assez longue. Pelage uniformément brun foncé, sauf tâche blanche du
menton jusqu'à la lèvre supérieure. Le vison d'Europe, légèrement plus
petit, a toujours du blanc à la lèvre supérieure, le vison d'Amérique
presque jamais. Longueur : 45-59 cm, dont 12-18 cm pour la queue. Poids
moyen : femelle : 550 à 1000 g, mâles : 800 à 2000 g (ou plus).
Distribution et habitat
© SEM 1999
Le vison d’Amérique, élevé en France pour sa fourrure
depuis l’entre-deux-guerres, s’est implanté dans de nombreuses régions à partir d’individus échappés des élevages.
Il se reproduit à l'état sauvage, et a colonisé la plupart des
cours d'eau et zones humides de Bretagne, ainsi que
plusieurs secteurs du littoral et des îles (cf. carte chapitre 4).
Statut biologique
(espèce non autochtone)
Statut juridique
Espèce chassable (arrêté ministériel du 26 juin 1987),
figurant sur la liste des espèces susceptibles d’être classées
nuisibles par arrêté préfectoral, après avis du Conseil
Départemental Chasse et Faune Sauvage (arrêté du
30 septembre 1988).
A. Jean
146
Fiche-espèce n°8
Ordre des Carnivores fissipèdes,
Famille des Mustélidés
Le putois
Mustela putorius (Linné, 1758 ; Europe)
anglais : polecat • espagnol : turón • breton : pudask, piteoz • basque : prototxa
allemand : Waldiltis • italien : puzzola • gallois : ffwlbart • occitan : cat puais
Etymologie
• mustela : cf. vison d'Europe
• putorius : du latin putor = puanteur (odeur nauséabonde émise par
l'animal en cas d'agression)
• putois : du latin putidus = puant, à rapprocher de l'italien puzzola
= puanteur
• furet : du latin furo, qui dérive de fur = voleur
• en anglais, polecat, du vieux français pol = coq, donc "chat des poules".
Description
corps allongé, queue touffue assez longue, pattes courtes. Pelage brun-noirâtre, plus ou moins jaune
sur les flancs, presque noir sur le ventre, tâche blanchâtre ou roussâtre sur les joues et le front, bout du
museau blanc. Longueur : 52-67 cm (mâle), 44-53 cm (femelle) dont respectivement 13-20 cm et
10-15 cm pour la queue. Poids moyen : 610-950 g (femelle), 720-1720 g (mâle). Le "furet" est une
forme albinos, domestiquée, du putois.
Distribution et habitat
© SEM 1999
Espèce fréquente partout en Europe, mais en régression
probable. Cas de figure semblable pour la France (absent en
Corse). Inféodé aux zones humides et aux cours d'eau, mais
aussi forestier, c'est en Bretagne un bon indicateur du
bocage.
Statut biologique
statut "indéterminé" au plan national (Maurin (Dir.) et al.,
1994), espèce déterminante en Bretagne.
Statut juridique
Espèce chassable (arrêté ministériel du 26 juin 1987),
figurant sur la liste des espèces susceptibles d’être classées
nuisibles par arrêté préfectoral, après avis du Conseil
Départemental Chasse et Faune Sauvage (arrêté du 30 septembre 1988), et figurant à l'annexe 3 de la
Convention de Berne (1979), figurant à l'annexe 5 de la Directive Européenne Faune-Flore-Habitats (CEE
92-43 1992)
A. Jean
147
Bibliographie
• QUELQUES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ASSOCIÉES AUX CHAPITRES :
Ces références sont listées par ordre de citation ; une référence déjà citée n’est pas reprise une deuxième fois. Les synthèses rédactionnelles ont été effectuées à partir de la compilation de plusieurs centaines de références, qu’il n’était pas possible, faute de place adéquate, de retranscrire ici telles quelles
dans cet ouvrage. Nous prions les auteurs concernés et les lecteurs de bien vouloir nous en excuser. La
liste complète de ces références peut être obtenue auprès du GMB ou des auteurs.
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la Protection des Mammifères
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données opérationnelles sur cette espèce.
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• http://perso.wanadoo.fr/erb/art103.htm :
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Bretagne de l’article rédigé par Lionel
Lafontaine dans le n°103 de la revue (pp.
2-4) : La loutre, sirène d’alarme pour la
qualité de l’eau et des milieux aquatiques.
• http://sciences.univ-angers.fr/ ecologie/Lutralutra.html : pages hébergées par
le site du laboratoire d’écologie et de biologie animale de l’Université d’Angers.
Elles détaillent la biologie et les problématiques de conservation de la loutre,
notamment en Pays de Loire. Une bibliographie complète le texte (liens URL vers
résumés).
• www.otternet.com : site anglophone,
néanmoins particulièrement intéressant
puisqu’il traite de toutes les espèces de
loutres dans le monde, à travers des
rubriques très fouillées (recherche,
conservation…, page “enfants”), et surtout, pour respecter l’esprit web, le renvoi
via de nombreux liens vers un nombre
très important de sites portant sur le
sujet.
• www.iucn.org/themes/ssc/ site de
l’IUCN (notamment Groupe d’Experts de
la Loutre : /osg)
• www.nhbs.com : site (anglophone) du
natural history book service, plus de
65.000 titres de sciences naturelles en
vente par internet
• QUELQUES PAGES SUR LE CASTOR :
http://www.procastor.ch/
Association pour l’intérêt du castor en Suisse
http://alsace.nature.free.fr/ANi38/Castor.
htm
http://www.nature.ca/notebooks/
francais/castor.htm

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